26e DIMANCHE ORDINAIRE B P. Dat 2012 Marc 9 (21956)

January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Sciences des religions, Catholicisme
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26e DIMANCHE ORDINAIRE B

Marc 9, 38-48

La 1ière lecture et l’Evangile nous racontent deux petites histoires bien caractéristiques d’une certaine mentalité et pleines de leçons de la part de Moïse et de Jésus-Christ.

Le 1ier épisode se passe dans le désert. Le Seigneur Dieu organise une espèce de confirmation. Il envoie son Esprit. Mieux! Il prit ‘’ une part de l’Esprit qui reposait sur lui ‘’ et le mit sur soixante-dix personnes : pas une de plus, pas une de moins. Et voilà ces 70 hommes investis, qui se mettent à prophétiser… Mais, nous dit la Bible, cela ne dura pas… comme le dira, plus tard, Jésus à Nicomède : « ‘’L’Esprit souffle où il veut, quand il veut ‘’. » « ‘’Ce n’est pas l’homme qui fait venir l’Esprit, c’est l’Esprit qui s’empare de l’homme, quand et comme il veut’’. » Mais, figurez-vous, ô scandale ! Que 2 hommes, qui n’étaient pas des 70 confirmés : Eldad et Médad, se mettent, eux aussi, à prophétiser. L’Esprit reposait sur eux! Voyons, ce n’est pas possible ! C’est inadmissible! Ils n’ont pas été investis, confirmés! Et un jeune homme, bien zélé, va les dénoncer à Moïse : - « Moïse, Mon Maître, arrête-les ! » Et Moïse répondit : - « Serais-tu jaloux ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire descendre son Esprit sur tout mon peuple ! »

Et l’histoire racontée dans l’Evangile est bien du même style. Nous savons que les apôtres étaient parfois envoyés par Jésus en mission pour annoncer la Bonne Nouvelle et chasser les démons. -1-

Les voilà donc qui se mettent, avec vigueur et zèle, à essayer leur rôle d’exorcistes. Oui, mais voilà, cala ne marche pas, tandis qu’un étranger venu après eux, se réclamant, lui aussi de Jésus, chasse efficacement ces esprits mauvais. - « C’est intolérable ! Cet homme, bien sûr, n’est pas un apôtre. Mais il n’est même pas de ceux qui te suivent, Seigneur, aussi nous avons voulu l’en empêcher ! »

Comme nous faisons facilement des catégories entre, d’un côté, les bons, de l’autre, les mauvais ; les vrais et les faux, les pêcheurs et les justes: « Seigneur, ce n’est pas juste : je suis de ton bord, et tu as donné à d’autres, qui ne te connaissent pas, pire même, qui te méprisent, des dons et des qualités que, moi, je ne possède pas ! Mais, Seigneur, ces gens-là, ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas de notre groupe, de notre parti ! » Avant d’agir, montrez vos papiers, vos diplômes ! Vous n’êtes pas de notre paroisse, pas français, pas catholiques, pas pratiquants, alors de quoi vous mêlez-vous ? Et ainsi, nous nous enfermons dans des catégories, dans des clans aux pouvoirs bien définis que les autres n’ont pas le droit de partager: - vous n’appartenez pas à mon syndicat, à mon école, à la paroisse, - vous êtes de gauche, - vous êtes de droite, - vous êtes intégristes, - vous êtes progressistes… Que nous avons vite fait de mettre une étiquette sur le dos des autres ! C’est tellement plus commode ensuite pour les juger et les trier.

Décidément, le sectarisme n’est pas mort et il existe dans l’église aussi. Nous voulons garder une domination, une volonté de -2-

puissance, un souci de conserver un monopole, un peu comme ces médecins qui sont jaloux de ce que peuvent faire des chiropracteurs ou des herboristes. Ce n’est pas tant le bien qu’ils peuvent faire, à quoi ils sont sensibles, mais le pouvoir de guérir qu’on semble leur enlever en le partageant avec eux. Et nous, parfois, nous voudrions garder, pour nous seuls, la puissance du Christ.

Sans en avoir l’air, ce court passage de l’Evangile aborde une question brûlante, tout-à-fait d’actualité : la grâce du salut de Jésus n’agit-elle qu’à l’ ‘’intérieur’’ des ‘’ frontières visibles ‘’ de l’Eglise ? Le Seigneur a la même réaction que Moïse : « ‘’Ah ! Si tous les hommes pouvaient ainsi recevoir l’Esprit Saint!’’ » « ‘’ Ne l’empêchez pas ! Celui qui n’est pas contre nous est avec nous.’’ » L’Esprit souffle, imprévisible, libre comme le vent, se moquant pas mal de nos murs, même ceux du Cénacle, de nos frontières, de nos barrières et de tous nos panneaux de signalisations. On ne domestique pas l’Esprit de Dieu, on ne l’enferme pas ! A la Pentecôte, les apôtres, frileusement rassemblés au Cénacle, sont expulsés aux quatre vents de l’Esprit pour les 4 coins du monde : finies nos petites catégories, nos petites associations d’initiés, nos clans d’intronisés. On n’enchaîne pas l’Esprit : il est libre, il n’est lié par aucun rite. Il agit en dehors de nos structures. Il suscite des prophètes, même en dehors du groupe, même en dehors de l’Eglise. Et nous avons à nous réjouir de ce qu’a fait un Gandhi qui n’était pas chrétien et un Martin Luther King qui n’était pas catholique… Nous contemplons ici l’admirable largeur de vue de Jésus face à tous les sectarismes, face à toutes les intolérances. « Donne-nous, Seigneur, un esprit vaste, un esprit grand, large, aussi ouvert que le tien : cet Esprit qui souffle d’un bout à l’autre du monde -3-

et qui fait craquer notre esprit de chapelle que l’on appelle aussi notre ‘’ esprit de clocher ‘’. Rends-nous, Seigneur, authentiquement ‘’ catholiques ‘’ , c’est-à-dire ‘’ universels ‘’ , compréhensifs des diversités. »

Je me rappelle que dans la petite ville où j’ai été élevé, il y avait 2 paroisses : la ‘’ Madeleine ‘’ et la ‘’Trinité ‘’. Mais c’était 2 mondes, l’un à côté de l’autre, et qui regardait l’autre avec méfiance et prudence et on ne se parlait guère, entre les 2 paroisses. Peut-être qu’au niveau des rapports entre amis, il y avait communication ? Peut-être ? Mais sûrement pas au niveau des paroissiens. C’était la rivalité entre les processions, les reposoirs du Jeudi Saint, les crèches, les chorales, les clochers, le style de chaque paroisse. Il a fallu des années et des années pour que ces 2 paroisses, sous la nécessité du manque de prêtres, deviennent une seule et même paroisse et encore les pasteurs actuels font-ils bien attention à être aussi présents dans un secteur paroissial que dans l’autre. L’autre jour, une compatriote est venue me voir, ici, au presbytère, ici, à Saint-Denis. La 1ière question que je lui ai posée : - « Vous êtes de la ‘’Madeleine ‘’ ou de la Trinité ? » Et c’est là que j’ai vu que les choses avaient bien évoluées. Elle m’a répondu: - « Je suis de la ‘’ Trinité ‘’, mais je suis secrétaire paroissiale à la ‘’ Madeleine ‘’. » Quelle révolution ! C’est cette révolution qui doit se faire dans nos esprits, pas au seul niveau de la paroisse bien sûr, mais au niveau de toutes nos différences religieuses, raciales, politiques, sociales.

Vous souvenez-vous du premier message de Jean Paul II, le - 4-

jour de sa consécration papale : « N’ayez pas peur, ouvrez vos frontières. » Plus de douane dans nos cœurs, si, même au point de vue économique le marché devient européen, si, il n’y a plus de barrières économiques, plus de protectionnisme depuis Schengen. Alors, à plus forte raison, dans nos esprits, dans nos cœurs, dans nos mentalités quotidiennes ! Sommes-nous capables de nous réjouir de la part de vérité que détiennent nos voisins ? Du bien qu’ils peuvent faire, des réussites humanitaires et sociales qu’ils réalisent ? Le feu de l’Esprit peut prendre partout. Jésus nous a dit qu’il doit embraser le monde entier. Alors, ouvrons nos cœurs et sachons, tous, nous accueillir : pas de cloisons, pas de murs, pas de clôture. AMEN

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