303sq5séance8 - Mon année de lettres

January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Écriture, Grammaire
Share Embed Donate


Short Description

Download 303sq5séance8 - Mon année de lettres...

Description

9/05

SEANCE 8

Lecture

« Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud

Le dormeur du val.

C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons1 D’argent, où le soleil, de la montagne fière, 4- Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat, jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue2, 8- Pâle sur son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls3, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid.

12- Les parfums ne font pas frissonner sa narine Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud, Octobre 1870.

Des haillons : de vieux morceaux de tissus servant de vêtements La nue : les nuages Les glaïeuls : plante à haute tige allongée portant des fleurs. Le mot vient du latin gladius signifiant « glaive, épée ».

Introduction : 19e siècle. Poète précoce, il a commencé à écrire à l’âge de 15 ans et à 18 ans il avait écrit presque toute son œuvre. Il s’est arrêté d’écrire à cette époque. Il est connu aussi pour ses idées libertaires et anti-bourgeoises. Il a mené une vie aventureuse et a entretenu une liaison tumultueuse avec un autre poète, Paul Verlaine. Suite à une dispute, Verlaine tire sur Rimbaud et le blesse au poignet. Le poème est composé de 2 quatrains suivis de 2 tercets, en alexandrins et en rimes croisées : il s’agit d’un sonnet, poème à forme fixe traditionnellement utilisé pour la poésie lyrique et qui tire son origine de la poésie italienne du 16e siècle.

I-

Les effets de surprise :

Ce poème est construit sur un sens caché, implicite que le lecteur doit interpréter et retrouver lors de la relecture. Pour cela, le poète sème dans son texte des indices et des effets de surprise. Les rejets (vers 3-4, 6-7, 13-14…) créent un effet d’attente car le lecteur doit aller chercher la fin du sens au vers suivant et mettent en valeur les termes rejetés. Le même terme « trou » est répété au début et à la fin du poème mais son référent change : la couleur verte renvoie à la nature se transforme en rouge qui connote la mort.

II-

Deux personnages antithétiques :

Le portrait du soldat évolue de manière troublante. Le poème s’ouvre sur la découverte d’un personnage qui semble détendu. Mais l’image se dégrade peu à peu jusqu’à la révélation finale de la mort. -

Le verbe « dormir » est un euphémisme pour dire qu’il est mort

-

« pâle » fait référence à la pâleur de la mort « trou » fait référence à la tombe + « dans l’herbe » qui renvoie à l’enterrement « souriant comme sourirait un enfant malade » : antithèse

-

« il a froid » fait référence à la froideur du cadavre « sa poitrine tranquille » : son cœur ne bat plus

L’autre personnage évoqué est le val, la nature. A la différence du soldat, cette nature est vivante : il y a donc une opposition entre le vivant de la nature et la mort du soldat. La description de la nature est très positive (« argent, chante une rivière, rayons… ») ce qui accentue le contraste avec la mort.

Conclusion : Rimbaud a écrit ce poème à l’âge de 17 ans : il a fugué et dans sa fuite, il a découvert le corps d’un soldat mort, ce qui a provoqué chez lui un grand choc. Au-delà de l’aspect autobiographique, il s’agit d’un poème engagé qui dénonce de façon implicite les atrocités de la guerre. C’est la chute (le dernier vers) qui donne tout son sens au poème. Mise en relation : « Le déserteur » de Boris Vian : dans ce poème on a une dénonciation explicite de la guerre et de ses horreurs alors que chez Rimbaud la dénonciation est cachée.

View more...

Comments

Copyright � 2017 NANOPDF Inc.
SUPPORT NANOPDF