À propos du texte de Horst Mahler : “La fin de l`errance

January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Philosophie
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À propos du texte de Horst Mahler : “La fin de l’errance - Réflexions sur Gilas Atzmon et les juifs” Le travail de Horst Mahler est tout d’abord un recueil de grande valeur de documents littéraires et historiques : ils sont tirés de la Torah, du Talmud, du Choulhan Aroukh, et aussi de divers témoignages d’hommes politiques qui ont eu affaire avec Israël, le sionisme et les juifs, ainsi qu’un recueil de citations de grande valeur d’auteurs juifs et sionistes connus, etc. Il est impossible de passer négligemment à côté de cela, et en menaçant avec la massue de l’antisémitisme. Mais ensuite, cet écrit de plus de 300 pages est avant tout aussi une théorie de l’histoire qui place la question juive au centre de toute réflexion possible. À juste titre ? Cela va dépendre du fait de savoir si l’on accepte ou non la philosophie de l’histoire de Hegel : à savoir que l’énergie infinie de la négation a acquis une réelle existence dans le judaïsme, dans la religion mosaïqué de Yahvé. Dans la religion mosaïque, un dieu, Yahvé, est postulé en tant qu’esprit absolu qui, ayant triomphé des “idoles” des goyim, est invisible, inconcevable et surnaturel, transcendant - et par conséquent complètement séparé du monde sensible, c'est-àdire terrestre-fini. Ce Yahvé (c'est-à-dire ses juifs qui le reflètent) n’a pas encore conscience que le monde sensible et les hommes font partie du pouvoir absolu - ou bien son pouvoir serait limité ! La religion de Yahvé est la négation de la vie, avant tout de celle des peuples qui se trouvent encore dans la pensée magique. Pour Hegel, il s’agit du sauvetage de la religion chrétienne ; il veut la dépouiller de sa forme mythique et la justifier devant le tribunal de la raison à l’encontre des Lumières qui ne peuvent accepter au maximum qu’un Dieu de l’entendement (le dieu caché du déisme). Horst Mahler fait de Hegel celui qui parachève et surmonte le mosaïsme (cela rappelle les paroles de Jésus) ; Hegel mène le rationalisme jusqu’au point où il s’abolit. Cela se produit par l’abstraction de tout ce qui est sensible dans ce qui est pensée pure et l’on en arrive à la conclusion nécessaire (concept) que le monde et Dieu ne peuvent pas être deux : le monde est la manifestation de Dieu ; Dieu n’est pas un objet extérieur à l’homme, mais Dieu est l’idée de l’homme qui se perçoit lui-même comme un être spirituel avec une raison finie et qui s’est fait chair. C'est ce qui se passe en principe avec le Christ. Le peuple allemand est chargé - au plus tard depuis Jakob Böhme - de parachever l’histoire du salut et de se libérer du mosaïsme. Horst Mahler soutient que c'est là une mission spirituelle, et non pas une mission raciste ou bien discriminante du point de vue ethniqueculturel. En effet la pensée de l’entendement (une pensée de la séparation), qui a accédé au pouvoir avec le judaïsme et sa spiritualité inachevée, n’est pas limitée à la communauté juive (le peuple juif), mais elle a conquis le monde au plus tard depuis les Lumières. En outre, il faut aussi définir le judaïsme encore aujourd'hui de manière spirituelle, et non pas raciste, et donc non pas biologiquement scientifique. Mahler considère le discours du peuple juif en tant que peuple sémite pour une manœuvre de camouflage de la part des juifs car elle doit détourner de l’aspect spirituel et intéressant l’histoire du monde de la question juive1. Pour Comme cela sera mentionné plus loin, Mahler rejette l’idée d’une volonté concertée “des juifs” ; pourtant, dans de nombreux propos de Mahler, cette idée transparaît sans cesse à nouveau. Il refuse expressément toute définition ethnique-raciste du judaïsme, mais il considère de manière presque paranoïaque tout ce qui est “juif” ou émis par des juifs avec défiance. Exemple : Marx ! 1

Horst Mahler, le mot-clé d’“antisémitisme”, qui est apparu au XIX° siècle avec le discours du “peuple juif”, est une manœuvre habile dirigée contre l’idéalisme allemand (avant tout contre Hegel) lequel fait ressortir le rôle des juifs au cours de l’histoire mondiale en tant que rationalistes et hommes de l’entendement, en tant que force du négatif qui doit pousser à la positivité absolue du mouvement vers la venue en général de l’Esprit du monde. En fait, la diaspora juive s’est éloignée de sa religion depuis le commencement de l’époque moderne. Elle a été déclarée morte par des juifs eux-mêmes depuis 200 ans. Le Yahvé transcendant, fulminant et autoritaire, la terreur du peuple qui est sa propriété, passa dans l’oubli, comme pure négativité. Ce qui resta, c'est le message de condamnation des divinités de la nature, de la magie et du miracle, de même qu’il annonça l’apparition des sciences positives. Dans la vision scientifique du monde, il n’y a plus de présence de Dieu. C'est ainsi que le monothéisme transcendant de la religion mosaïque prépare en fin de compte le terrain pour l’athéisme (la cape magique d’invisibilité de l’esprit juif, pense Mahler). Hegel fait ressortir comment, dans la pensée pure (dans l’intériorité), le monde sensible (l’extériorité) retrouve sa place : comme redoublement du pur esprit indépendant du temps. C'est dans ce redoublement - dans la nature et dans son expression suprême : l’homme - que Dieu s’aime lui-même. Hegel est la vue intérieure qui s’extériorise de Dieu. À l’origine, Dieu sait seulement qui il est, mais pas encore ce qu’il est. Sa vie est l’évolution (Jakob Böhme) du savoir qu’il a de lui-même. Ce n’est que dans le savoir complet que Dieu a de lui-même que l’homme est face à face avec un Dieu aimant - avec le Christ. Nous les hommes - ou les fils de l’homme -, nous sommes la conscience de Dieu. Par conséquent, les juifs, en tant que communauté religieuse, représentent une forme de Dieu qui est dépassée. Mais elle veut se maintenir. Et pour cela aucune ruse de la négation ne la rebute ! À cette occasion-là, les juifs rejouent sans cesse le rôle héroïque du petit peuple d’il y a 2800 ans (et des années suivantes) lorsqu’il devait protéger sa pensée révolutionnaire du Dieu non-sensible, purement spirituel (et en même temps de la nature de l’homme comme être spirituel), contre les peuples du voisinage qui s’adonnaient encore à la magie et à la superstition. Son étendard est l’interdiction du portrait : le rejet du christianisme est le rejet de l’incarnation de Dieu, de la réconciliation de Dieu et du monde au nom du rejet du culte des idoles - comme si les croix aux murs des habitations chrétiennes étaient des “sculptures en bois”, des fétiches ! En fait, le christianisme a “dépassé” spirituellement le judaïsme. Atzmon (et avant lui Wilhelm Stein, un psychiatre juif) indiquent la paranoïa anticipative de l’extinction qui sévissait dans la communauté juive depuis des siècles sur la base de sa croyance en un Yahvé non-sensible, mais aussi par peur de son Yahvé qui abuse à la manière d’un despote oriental de “son peuple” avec ses exigences. Cette paranoïa de l’holocauste légitime toutes les machinations contre les peuples voisins non-juifs. Horst Mahler considère que la pensée de Hegel est dans la lignée du “cogito ergo sum” de Descartes. Jusqu’à quel point dans ce qui suit la conception de Dieu de Hegel se situe dans la ligne cartésienne de tradition, je ne peux pas en juger par manque de connaissances en matière d’histoire de philosophie : « D’après la proposition de Descartes du “cogito (ergo) sum” … il est indubitable que, pendant que je pense, je suis directement sûr d’exister. (…) Tout repose sur cette certitude directe. Hegel a repris cette idée à Descartes, et il a développé le véritable concept de la preuve : selon lui, prouver c’est montrer ce qui se trouve dans la certitude directe qui est MOI. Rien ne vient s’ajouter en provenance de l’extérieur. (…) (Cette) pensée est l’actuosité absolue. (…) Lorsque la pensée (…) entrelace la conscience, mais qu’elle ne peut pas être arrêtée par moi volontairement, je dois alors en conclure que cette actuosité qu’est la pensée me dépasse (…) comme sujet (…). QUELQUE CHOSE me pense (…) quelque chose de transcendant. On l’appellera DIEU. » (pages…).

N’est-ce pas là la preuve ontologique de Dieu selon Anselme de Canterbury ? Je pense Dieu - et il est impossible de penser à quelque chose de plus grand : donc ceci contient ma pensée, et donc Dieu est, de même que ma pensée est. Hegel va plus loin : dans le JE, Dieu devient conscient de lui-même, ergo le déploiement de l’idée de Dieu vers la connaissance de lui-même peut être prouvé dans la représentation du divin qui se développe chez les peuples historiques. Et dans cette connaissance de soi de Dieu se déroulant par stades, la croyance mosaïque serait d’une importance éminente, même si elle est surpassée par les stades suivants qui sont aussi importants : le “christianisme” et la “pensée allemande” (autrement dit Hegel). Mahler postule ainsi, dans cette interprétation de la philosophie hégélienne de l’histoire, que la question juive, c'est-à-dire la question du conflit entre le judaïsme et la pensée allemande, est à juste titre centrale. À mon avis, la thèse de Mahler relative au combat qui fait date de l’esprit, de la part des conceptions de l’esprit en question, repose sur la reconnaissance du “logicisme” de Hegel, ou de Descartes. Que la vie, que l’existence « ait conscience de soi » quand elle pense, c'est tout autre chose qu’une hypothèse inconditionnelle (je renvoie en plus aux réflexions de Hermann Schmitz sur le “présent primitif et épanoui”). Hegel voudrait transformer le christianisme en certitude conceptuelle de la philosophie. Or il me semble que la philosophie de l’histoire de Hegel est elle aussi une question de croyance. Mais qui peut encore y croire ? La pensée de Hegel est encore métaphysique-eschatologique, et par conséquent elle se fixe un but. Elle est chrétienne-révolutionnaire et elle accepte la rédemption ainsi qu’un audelà du cours aliénant, au-delà qu’elle fait descendre toutefois sur terre. La gauche révolutionnaire a débarrassé définitivement cette eschatologie des scories religieuses et elle a essayé à différentes reprises de rendre le paradis réel - comme utopie ou algorithme. Les conséquences en furent si dévastatrices que, aujourd'hui, l’on doit essayer péniblement de repenser au temps présent de sa propre situation dans le monde. Horst Mahler n’est plus marxiste depuis longtemps, et pourtant il n’a pas renoncé à l’eschatologie. Les eschatologues n’ont exposé que différentes utopies ; or il faut abandonner toute eschatologie. Nous ne pouvons donc pas suivre Horst Mahler : la question juive n’est pas la question centrale du monde. Pourtant, son texte interpelle : les documents justifient de façon saisissante avec quelle ampleur quelque chose comme un noyautage juif de la vie économique-politique, mais aussi intellectuelle, du moins en Amérique et en Europe, s’est produit dans les 200 dernières années. Non, ce n’est pas une théorie du complot ! Atzmon (et aussi Mahler) rejettent comme ridicule l’hypothèse d’un plan explicite de domination mondiale juive, mais non pas un fait statistiquement vérifiable. C'est avec plaisir que l’on voudrait que ces querelles qui sont devenues depuis longtemps sans objet : luttes idéologiques et de religion, affrontements éthiques et nationaux, etc., soient déclarées complètement insignifiantes et que l’attention soit dirigée vers le thème : la destruction de la terre et la dégénérescence de l’homo en homo zombiens hybride. Le livre d’Atzmon est une percée dans une affaire désespérément mystifiée, mais il n’est pas radical. Gilas Atzmon est citoyen du monde, un représentant d’une génération qui révèle un désir singulier de vivre et qui se sent chez elle dans la société mondiale qui abolit les frontières. Peut-être est-ce là un premier écrit nécessaire ? J’ai des doutes sur le fait de savoir si, au-delà de cette condamnation des vieux mythes, des “luttes tribales” et des fronts bornés, on continuera à avancer vers la connaissance, c'est-à-dire que l’on ne mange pas des fruits, mais des pommes, des prunes, des abricots, etc., que la communauté humaine a par conséquent pour intermédiaires des peuples, des nations, des “tribus”. Le fait d’avoir souligné cela est un mérite de Mahler, il a appris cela de Hegel.

Gilad Atzmon démontre l’affinité particulière qui existe entre les juifs et les courants révolutionnaires de gauche ; en effet, la présence disproportionnée de personnes d’ascendance juive dans les mouvements révolutionnaires et d’émancipation est frappante ; et Horst Mahler approfondit cette connexité. Tandis qu’Atzmon souligne que le sionisme séculier se situe en continuité avec une prétention à la domination “tribaliste” religieusement fondée, que l’on peut faire remonter à des millénaires dans la longue histoire du judaïsme et qui est en relation avec les expériences historiques (ou mythiques) d’exil des Judéens et des Hébreux, Mahler quant à lui creuse plus profondément. Les prétentions impérialistes seraient bien davantage que les rêves impériaux d’une nation, puisque cette dernière put préserver extraordinairement longtemps son identité dans la diaspora de par le monde entier, tandis que des prétentions comparables d’autres nations2 furent éventuellement réalisées territorialement à une époque donnée, mais ensuite elles s’éteignirent, souvent à cause du déclin de cette même nation. Non, selon Mahler, elles sont, comme cela a été dit, d’origine religieuse-métaphysique : Yahvé, ce Dieu négatif, est la perte ou l’asservissement de tous les peuples non-juifs. Sauf que la nature de cet événement n’est pas, en premier lieu et de manière plus directe, politique-militaire, mais au contraire sublime, et ayant trait notamment à la manipulation et au chantage. Mahler cite le Deutéronome, 28, 12 : « L'Éternel t'ouvrira son bon trésor, le ciel, pour envoyer à ton pays la pluie en son temps et pour bénir tout le travail de tes mains; tu prêteras à beaucoup de nations, et tu n'emprunteras point. ». Le rôle éminent des juifs dans la finance, dans les opérations de prêt, et en fin de compte dans le capital financier capitaliste, serait-il déjà tout tracé ? Marx, dans sa “Question juive”, a assimilé la religion des Hébreux à une religion matérialiste de l’argent sans au-delà moral. Mahler complète cette analyse qu’il considère comme insuffisante : Yahvé est absolument séparé du monde, et celui-ci est à la disposition sans réserve, moralement sans entraves, de son peuple. Assujettissez la terre et les peuples fétichistes et qui idolâtrent la nature. Pour Mahler - et il s’appuie à ce sujet sur Hegel - la religion mosaïque est un mouvement d’émancipation, un découplage d’avec toute origine culturelle pré-rationnelle, d’avec toutes les conditions humaines naturelles. Et un soin intensif de la tradition de la part des juifs serait le retour à l’exode hors de la nature et à la culture tribale. Le tribalisme qu’Atzmon reproche aux juifs actuels serait un réflexe anti-tribal. Le Christ, le fils de Dieu devenu chair aurait aboli en principe cette séparation entre Dieu et les hommes (et la nature ?), et Hegel - la pensée libératrice du peuple allemand - annoncerait alors la réalisation de ce principe. L’on pourrait poser l’équation : Hegel est dans le même rapport avec les Lumières que Jésus Christ avec le judaïsme. Le mouvement de séparation de l’émancipation doit être aboli. L’affinité entre les juifs et les différents mouvements d’émancipation : ceux des prolétaires, des femmes, des enfants, des peuples de couleur, des homosexuels, des handicapés, des déments, des animaux, etc., ferait système d’après cette théorie. Libération ! Évasion hors de la prison des particularités de ce qui est terrestre, exode vers le royaume des cieux de ce qui est général ! Telle serait la formule de l’esprit individualiste. Il veut ce qui est général : le fruit, le nectar divin, et non pas son individuation : pommes, prunes, abricots ! L’émancipation crie : nous voulons tout, nous voulons être tout, et non pas les prisonniers de telle ou telle identité/identification. Et si l’on peut trouver les juifs aussi bien dans la finance, à la pointe en matière politique et culturelle, qu’également parmi leurs ennemis mortels, les révolutionnaires anticapitalistes, antiétatistes, comment cette contradiction s’explique-t-elle ? Et comment le fait que des révolutions socialistes aient été soutenues, comme cela peut être prouvé, par des banquiers juifs ? Mahler, comme Adolf Hitler, considère que cette contradiction n’est qu’apparente. Les socialistes veulent l’État mondial, le capital mondial, l’humanité mondiale, la suppression des États, des capitaux, des nations, des races. Et les juifs sautent dans ce train L’on renvoie ici au lamaïsme tibétain. Voir “Der Schatten des Dalai Lama” [L’ombre du Dalaï-lama] de Victoria et Victor Trimondi. 2

afin de hisser le drapeau de Juda au sommet du mouvement, et donc pour en acquérir le pouvoir ! Vertigineuse, cette argumentation … l’énigme mondiale : se trouve-telle dans la question juive ? L’histoire de l’humanité serait-elle l’histoire du judaïsme ? La théorie du prolétariat/capital, celle de la civilisation, de la technologie, de la politique, n’auraient-elles été rien d’autre que des mystifications de la question juive. Non, c’est inacceptable ! Et l’on reconnaît aussi que l’on est finalement sans voix, sans théorie, devant le grand fiasco mondial tel qu’il se présente à nous aujourd'hui, et pourtant l’on ne voudrait pas paniquer, se rallier à une explication du monde paranoïaque et si limitée qui circonscrit certes son champ de bataille dans l’idéologique, mais qui peut très vite conduire à la chasse à l’homme et à la guerre de religion. A. Loepfe

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