antigone éloise

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Antigone au rythme du rock Jeudi 17 novembre dans l’après-midi, les élèves de l’option théâtre ainsi que les 1ère L se sont rendus à Lyon pour assister à la représentation d’Antigone, dans une mise en scène de Wajdi Mouawad.

(http://www.lequartz.com/?q=fr/content/saison-1112/antigone )

En attendant l’entrée en scène des comédiens, on jette un œil autour de soi. Le théâtre des Célestins, à Lyon, est plutôt impressionnant. Malheureusement, s’agissant d’un théâtre à l’italienne, il est plus conçu pour être vu que pour voir. Placés dans les balcons, nous devrons regarder la pièce dans une posture plutôt inconfortable.

Une pièce symboliste et intemporelle Première scène, Antigone et Ismène sont seules sur les planches et introduisent l’histoire. Si cette entrée en matière se voulait accrocheuse, c’est plutôt raté : les comédiennes restent statiques tout du long et débitent leur texte presque sans se regarder. On a du mal à accrocher, d’autant plus que le texte de Sophocle n’est pas des plus accessibles. Fort heureusement pour nous, les scènes à suivre se révèleront plus intéressantes. La première chose que l’on remarque, c’est qu’il est quasiment impossible de dater cette pièce. Les comédiens portent des vêtements intemporels, des robes simples pour les femmes, des ensembles foncés pour les hommes. Mis à part peut-être le bandeau qu’Antigone porte sur le front, il n’y a

pas non plus de réels signes de hiérarchie : Créon, le roi, ne porte aucune couronne ni bijou qui laissent supposer de son statut. Seule sa prestance indique sa puissance. La mise en scène est pleine de symboles, plus ou moins clairs et compréhensibles. La fatalité de la mort pèse sur les personnages. Lors de la première scène, Antigone s’enduit de terre : elle sait qu’elle va mourir, que son destin est de finir sous terre. Elle sera plus tard emmurée, et une cage en métal sera descendue pour symboliser l’enfermement. Auparavant, cette cage est suspendue, bien visible depuis le début de la pièce, au-dessus de la scène. C’est la mort qui plane au-dessus de la tête d’Antigone, la mort à laquelle elle est promise depuis qu’elle a décidé d’enterrer Polynice, son frère. On note également une grande utilisation de l’eau dans la mise en scène, notamment lorsque les membres du chœur se font passer une carafe d’eau. Peut-être symbolise-t-elle la pureté, mais il faut avouer que le message porté par ses interventions est resté plutôt flou. De même pour le rideau blanc cassé du fond de scène, dans lequel s’enrouleront parfois Antigone, Ismène et Hémon. C’est beau, poétique, mais la raison de la présence de cet élément m’est resté inconnue.

Le metteur en scène a aussi joué sur l’éclairage : des couleurs chaudes comme le rouge ou l’orange viennent donner encore plus de vie aux interventions dynamiques du chœur, alors que des couleurs froides comme le bleu viennent accentuer les scènes tragiques où il est question de la mort. Lors de la dernière scène, c’est une douche dirigée sur Créon qui s’éteindra progressivement, symbolisant peut-être sa vie qui sombre dans les regrets et la douleur.

Créon centre de l’attention Le groupement de pièces mises en scène par Wajdi Mouawad a beau s’intituler Des Femmes, c’est sans conteste sur Créon qu’est orientée cette représentation d’Antigone. C’est dans ses yeux plutôt que dans ceux de sa nièce qu’on assiste au drame qui se joue à Thèbes. Son personnage est présent sur scène presque durant toute la pièce, c’est d’ailleurs sur lui qu’elle se termine. Son importance est renforcée par le très bon jeu du comédien, Patrick Le Hauff. Il est intimidant dans sa colère contre le traître qui a bravé ses ordres pour enterrer Polynice, et on a envie de le craindre quand il exerce son autorité sur le garde, perdu, qui vient lui annoncer ce qu’il aurait voulu ne jamais entendre. On doute avec lui quand il se demande, confronté aux membres de sa famille, s’il doit vraiment faire exécuter Antigone. C’est tout ce poids et cette responsabilité sur ses épaules, ainsi que tous ces morts qui le mèneront à la folie. La scène où il sombre dans la démence est brillamment interprétée, et on termine la pièce sur une très bonne impression, un bon point comparé à la douteuse entrée en matière.

auquel on identifie la voix du peuple ? Wajdi Mouawad a choisi d’utiliser la musique, et cherchait un artiste « proche d’une certaine conception de la poésie » et capable de nous faire parvenir une « douceur, une complainte ». Il a donc pensé à Bertrand Cantat, ancien membre du groupe Noir Désir avec qui il entretient une amitié de longue date, pour composer les morceaux. Les interventions du chœur sont donc exclusivement musicales : les membres du chœur sont musiciens et jouent en direct. Ils nous offrent un rock brut, puissant, empreint d’une certaine mélancolie, un rock talentueux valorisé par l’incroyable acoustique du lieu. Bertrand Cantat, initialement censé être présent au chant, était pour certaines raisons remplacé par un chanteur à la voix impressionnante, mais malheureusement pas vraiment à la hauteur dans son jeu de comédien puisqu’il se démarquait trop des membres du chœur, supposés ne faire qu’un. Mais malgré son absence physique, on sent assurément la signature de Cantat dans sa musique. Deux morceaux seront d’ailleurs joués en off, avec sa propre voix. Cette interprétation du chœur est certainement ce qui donne la puissance de cette représentation. On retient surtout la scène où, avant de mourir, Antigone danse sur un morceau de rock pur joué avec brio pas les membres du chœur. Elle danse comme chacun le fait lors d’un concert : comme s’il n’existait pas de lendemain. A la différence qu’il n’en existe plus pour elle. Elle danse, et on ressent les vibrations de la musique nous parcourir l’échine par ce frisson si particulier. Elle va mourir, et elle nous offre sa présence dans un frisson, comme pour ne pas mourir seule.

Un spectacle musical Lorsque l’on met en scène une tragédie grecque comme Antigone, l’une des grandes questions que l’on doit se poser est certainement : comment représenter le chœur, ce personnage multiple

Éloïse Liogier.

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