Chapitre 1 Psychologie différentielle de la personnalité : introduction

February 1, 2018 | Author: Anonymous | Category: Sciences sociales, Psychologie
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Psychologie différentielle de la personnalité [email protected]

Partie 1

Introduction

1. Rappels psychologie différentielle Approche idiographique vs. approche nomothétique • Deux approches épistémologiques en psychologie :  approche idiographique (idios : « particulier ») : étude qualitative de cas individuels sans méthode particulière. L’individu est envisagé dans sa singularité. ex: psychologie clinique  approche nomothétique (nomos : « loi ») : formuler des lois générales suivant la méthode scientifique. Les individus sont davantage similaires que singuliers. ex: psychologie cognitive, psychologie différentielle

1. Rappels psychologie différentielle Psychologie différentielle vs. psychologie expérimentale • Les deux approches de la psychologie scientifique (cf. Cronbach) • Approche expérimentale : créer des variations (VI) et voir comment elles influencent le comportement (VD)  logique explicative (causalité)  approche processuelle  psychologie cognitive, psychologie sociale • Approche différentielle : étudier les relations entre des variations déjà existantes (différences individuelles)  logique descriptive  approche structurale

1. Rappels psychologie différentielle • En psychologie expérimentale, on montre que les comportements des individus varient en fonction de la situation • En psychologie différentielle, on part du constat que des individus dans une même situation ont des comportements différents • La psychologie différentielle est la sous-discipline de la psychologie dont l’objet étude est les différences :  entre groupes : différences intergroupes  entre individus : différences interindividuelles  chez un même individu : différences intra-individuelles

1. Rappels psychologie différentielle Différences individuelles quantitatives et qualitatives • Deux types de différences individuelles :  différences quantitatives : les sujets se différencient quant à leur position sur une certaine dimension (continuum) ex: différences individuelles d’estime de soi  différences qualitatives : les sujets se différencient au niveau des processus qu’ils utilisent pour réaliser une certaine fonction ex: stratégies cognitives utilisées dans la résolution d’un problème

1. Rappels psychologie différentielle Exemple : cubes de Kohs (mesure des aptitudes visuo-spatiales)  le sujet doit reproduire le modèle à partir de carrés isolés  il y a 3 stratégies de résolution possibles

1. Rappels psychologie différentielle La stratégie holistique :  le sujet traite le modèle comme un tout  le modèle est reproduit par essais/erreurs, par ajustements successifs

1. Rappels psychologie différentielle La stratégie analytique :  le sujet décompose le modèle en différentes unités correspondant aux carrés élémentaires (segmentation)  le modèle est reproduit suivant un mode structuré

1. Rappels psychologie différentielle La stratégie synthétique :  le sujet décompose le modèle en différentes unités correspondant à des gestalts (groupements de carrés formant une figure géométrique simple)

1. Rappels psychologie différentielle La notion de construit • Objectif de l’approche différentielle : Résumer et expliquer les nombreux comportements observés à l’aide d’un petit nombre de dimensions psychologiques • Une dimension psychologique est un construit : une entité non observable, causale, et dont l’existence est inférée à partir d’un ensemble d’observations Un construit :  détermine des comportements observés  rend compte des différences de comportement entre les sujets  est stable

1. Rappels psychologie différentielle • Notation : INTELLIGENCE

C

construit

observations

1

2

QI

mention au BAC

3 nombre d’années d’études supérieures

1. Rappels psychologie différentielle • La prise en compte de plusieurs observations est cruciale pour qu’un construit soit scientifiquement pertinent • Exemple : rat dans une boîte de Skinner. Le rat appuie beaucoup sur le levier parce qu’il a faim. Cette explication repose sur un raisonnement circulaire : on explique une observation par cette observation elle-même. Faim 1. définit

2. explique

Appui sur le levier

Pour qu’un construit soit pertinent, il doit rendre compte de plusieurs observations corrélées entre elles

1. Rappels psychologie différentielle • Toutes les variables psychologiques sont des construits : personnalité, intelligence, émotions, croyances, motivation, empathie, … • Nous invoquons en permanence des construits psychologiques pour expliquer et comprendre nos comportements et ceux d’autrui.

« Notre esprit explique le comportement des gens par leurs croyances et leurs désirs parce que de fait, leur comportement est déterminé par leurs croyances et leurs désirs. » (Pinker, 2000)

1. Rappels psychologie différentielle La notion de loi normale • Concrètement, les différences individuelles apparaissent lorsqu’on mesure un construit. Le plus souvent, les scores des sujets se distribuent suivant une loi normale (courbe en cloche) :  la majorité des sujets se situent autour de la moyenne  le nombre de sujets diminue lorsqu’on s’éloigne de la moyenne

moyenne

1. Rappels psychologie différentielle La notion de corrélation et l’analyse factorielle • Dans un domaine donné, comment fait-on concrètement pour extraire des construits ?

Exemple : un psychologue va dans un lycée et relève les moyennes de 100 élèves dans 6 matières : maths, physique, biologie, histoiregéo, philosophie, et langue 1) les données prennent la forme d’une matrice sujets-variables

Marie

David Céline

maths

physique

biologie

histoire

philosophie

langue

14

13

16

12

11

15

1. Rappels psychologie différentielle 2) La moyenne en maths est-elle liée à la moyenne en philo ? Notion de corrélation : degré de relation linéaire entre deux variables  une corrélation varie entre -1 et +1 : plus la valeur est proche de 1 (en valeur absolue), plus les deux variables sont liées  corrélation positive : plus une variable augmente, plus l’autre augmente aussi (ex: maths et physique)  corrélation négative : plus une variable augmente, plus l’autre diminue (ex: estime de soi et anxiété)

corrélation positive

corrélation négative

corrélation nulle

1. Rappels psychologie différentielle 3) Peut-on résumer les 6 matières par des capacités plus larges ? capacités scientifiques  maths, physiques, biologie capacités littéraires  histoire-géo, philosophie, langue  pour cela, on analyse toutes les corrélations  analyse factorielle : méthode pour extraire les construits qui résument les variables Remarque : le facteur général d’intelligence a été trouvé par Spearman suivant cette méthode

2. Les grandes théories de la personnalité • La personnalité est un domaine à part en psychologie de par son importance, elle est souvent considérée comme la clé de voûte de la nature humaine • Dans le langage usuel, les termes « tempérament » et « caractère » sont souvent utilisés comme synonymes de « personnalité », mais seul ce dernier terme est considéré dans le champ scientifique • La personnalité est « une caractéristique relativement stable et générale de la manière d’être d’une personne dans sa façon de réagir aux situations dans lesquelles elle se trouve. » Reuchlin (1991)

2. Les grandes théories de la personnalité • Les théories de la personnalité peuvent être classées en deux catégories :  les théories dynamiques : décrire le fonctionnement de la personnalité (processus) ex: la théorie psychanalytique, la théorie humaniste  les théories structurales : décrire la structure de la personnalité (inventorier ses caractéristiques) ex: la théorie des types, la théorie des traits La théorie psychanalytique • Selon Sigmund Freud, la personnalité est déterminée durant les stades psychosexuels précoces (5-6 ans). On lui attribue la citation : « L'enfant est le père de l'homme » (auteur : William Wordsworth)

2. Les grandes théories de la personnalité La théorie humaniste • L’essor de la psychologie humaniste dans les années 1950 est dû au rejet du béhaviorisme (trop réducteur) et de la psychanalyse (trop centrée sur la pathologie). En psychothérapie, il vaut mieux promouvoir ​les qualités individuelles du patient plutôt que le considérer comme un « sac de symptômes » • Abraham Maslow et Carl Rogers ont étudié le développement de la personne. Celui-ci serait dirigé par l’actualisation de soi : tendance à exploiter toutes ses potentialités et à faire de son mieux pour se réaliser La personnalité des individus qui parviennent à se réaliser présenterait 4 caractéristiques : une conscience profonde de soi et du monde, le réalisme, l’acceptation du monde, et l’agréabilité

2. Les grandes théories de la personnalité La théorie des types • Un type est une catégorie de personnes :  qui se ressemblent sur un grand nombre de caractéristiques  qui se différencient d’une autre catégorie de personnes Une typologie est donc un ensemble de catégories • Type s’oppose à Dimension  type : variable discrète (ex: homme-femme, droitier-gaucher)  dimension : variable continue (ex: la taille, l’intelligence) • L’approche typologique a toujours été très répandue car elle est très simplificatrice (on range les personnes dans des boîtes) • Le modèle typologique le plus célèbre est celui de Jung (1921), il donne lieu à un questionnaire de personnalité, le MBTI

2. Les grandes théories de la personnalité Exemple : La typologie des tempéraments d’Hippocrate-Galien  le mélancolique : rumineur, replié, émotif, peu sociable  le flegmatique : calme, lent, modéré, sensible à la douleur  le colérique : agressif, irritable, volontaire, logique  le sanguin : bon vivant, optimiste, sociable, excessif

2. Les grandes théories de la personnalité Exemple : La typologie de Sheldon : une typologie morpho-psychologique  l’ectomorphe : maigre, sensible, introverti  l’endomorphe : rond, décontracté, tolérant  le mésomorphe : athlétique, actif, prend des risques

Ectomorphe

Endomorphe

Mésomorphe

2. Les grandes théories de la personnalité • Les types astrologiques sont les plus connus du grand public Les horoscopes tirent profit d’un biais psychologique, l’effet Barnum (ou effet Forer) : tendance à croire qu’une description vague de la personnalité s’applique spécifiquement à soi

• En 1948, Bertram Forer avait rédigé une description de personnalité à partir de divers horoscopes. Il avait distribué le – même – texte à ses étudiants en le présentant comme une description personnalisée. Les étudiants devaient évaluer dans quelle mesure cette description s’appliquait à eux, sur une échelle de 0 (médiocre) à 5 (excellent). La moyenne des évaluations était de 4.26

2. Les grandes théories de la personnalité Vous avez besoin d'être aimé et admiré, et pourtant vous êtes critique avec vous-même. Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser. Vous avez un potentiel considérable que vous n'avez pas encore utilisé à votre avantage. À l'extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à l'intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même. Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou fait ce qu'il fallait. Vous préférez une certaine dose de changement et de variété, et devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations. Vous vous flattez d'être un esprit indépendant ; et vous n'acceptez l'opinion d'autrui que dûment démontrée. Vous avez trouvé qu'il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres. Par moment vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu'à d'autres moments vous êtes introverti, circonspect, et réservé. Certaines de vos aspirations tendent à être assez irréalistes.

2. Les grandes théories de la personnalité La théorie des traits • C’est la théorie correspondant à l’approche différentielle de la personnalité. Elle décrit la structure de la personnalité au moyen de dimensions (plutôt que de catégories)

Partie 2

La théorie des traits

1. La notion de trait de personnalité • La personnalité renvoie à un vaste ensemble de comportements observables (être ponctuel, anxieux, aimer prendre des risques, …) • L’approche différentielle cherche à identifier les construits qui soustendent ces comportements. Chaque construit est appelé un trait de personnalité : « une disposition interne, relativement générale et permanente, plus ou moins marquée selon les individus et ayant une valeur explicative. » (Huteau, 1985) • Un trait de personnalité :  détermine des pensées, des sentiments, des comportements  est une dimension suivant laquelle les individus se différencient  est stable : dans le temps (stabilité temporelle) et entre les situations (stabilité situationnelle)

1. La notion de trait de personnalité • On distingue quatre niveaux d’analyse dans l’approche différentielle de la personnalité :  niveau 1 : comportements spécifiques  niveau 2 : comportements habituels, traits de surface  niveau 3 : facteurs de premier ordre, facteurs primaires, traits  niveau 4 : facteurs de second ordre, facteurs globaux, domaines • C’est l’analyse factorielle qui a mis en évidence ces niveaux

2. L’approche psycho-lexicale • La première étape pour identifier les construits de personnalité est de répertorier l’ensemble des comportements (par observation) • Selon l’approche psycho-lexicale, il n’est pas nécessaire de faire cela car les aspects les plus importants du comportement sont retranscrits dans le langage, et le plus souvent par un seul mot. « Ces différences individuelles qui sont les plus saillantes et les plus pertinentes socialement dans la vie des gens finissent par être codées dans leur langue ; plus une telle différence est importante, plus il est probable qu’elle soit exprimée par un seul mot. » (Allport et Odbert, 1936) • Ainsi, pour dégager les dimensions fondamentales de la personnalité, on peut partir d’une analyse du lexique (le dictionnaire étant un inventaire du lexique)

2. L’approche psycho-lexicale • Le premier inventaire psycho-lexical a été réalisé par Baumgarten en 1933, dans la langue allemande. Il a recensé 1093 termes relatifs à la personnalité et aux états mentaux • L’inventaire psycho-lexical le plus célèbre et le plus exhaustif provient de Allport et Odbert en 1936, dans la langue anglaise. Ils ont extrait d’un dictionnaire (le Webster's Dictionary, 500 000 mots) tout terme ayant « la capacité ... de distinguer le comportement d'un être humain de celui d'un autre » • Extraction de 17 953 termes classés dans 4 catégories :  traits (4504) : tendances consistantes et stables (introverti)  états (4541) : état mental temporaire, humeur (abattu)  évaluations normatives (5226) : jugement social (digne)  catégorie résiduelle (3682) : qualités physiques, capacités (doué)

2. L’approche psycho-lexicale • Allport et Odbert ont signalé la difficulté de ce travail de classification sémantique. La liste des 17 953 termes correspond selon eux à un « cauchemar sémantique ». Leur classification contient donc une part d’arbitraire. En effet, les 4 catégories ne sont pas indépendantes (le degré d’accord entre les classifications de 3 juges indépendants n’atteint que 47%) • En 1967, Norman publie un autre inventaire psycho-lexical à partir du même dictionnaire utilisé par Allport et Odbert (édition plus récente). Il relève 18 125 mots liés à la personnalité parmi lesquels il identifie 2797 traits. Norman élabore une taxonomie plus fine comportant 75 catégories sémantiques

2. L’approche psycho-lexicale • Critiques de l’approche psycho-lexicale :  des traits de personnalité renvoient à une réalité psychologique trop complexe pour être captée par un seul mot  souvent, les individus utilisent les termes de personnalité de façon ambiguë et équivoque  la signification des termes de personnalité varie en fonction des périodes, des régions, des langues, et des cultures

2. L’approche psycho-lexicale • L’inventaire psycho-lexical de Allport et Odbert a été la première étape dans la construction d’une théorie différentielle de la personnalité, en répertoriant l’ensemble des comportements pertinents • La deuxième étape a consisté à extraire les construits (facteurs) qui résument et organisent ces comportements, en réalisant des analyses factorielles • Trois modèles principaux ont été issus de cette démarche : le modèle de Cattell, le modèle de Eysenck, et le modèle du Big Five

3. Le modèle de Cattell • Il y a deux Cattell en psychologie différentielle : James McKeen Cattell

Raymond Cattell

• James McKeen Cattell (1860-1944) : américain, auteur des premiers tests mentaux (le premier à avoir utilisé ce terme). Collaborateur de Francis Galton

3. Le modèle de Cattell • Raymond Cattell (1905-1998) : anglais et américain  plus de 500 articles, 50 ouvrages, et 30 tests psychologiques  figure à la 16ème place du classement des 100 psychologues les plus éminents du 20ème siècle (Haggbloom, 2002)  contributions essentielles dans deux domaines notamment : intelligence (cf. intelligence fluide-cristallisée) et personnalité • Cattell défendait une approche scientifique en psychologie et dénonçait les approches trop intuitives « La psychologie apparaît comme une jungle de concepts confus, contradictoires, et arbitraires. […] Qui sait, parmi les brillantes idées proposées, lesquelles sont vraies ? Certains diront que les affirmations de tel théoricien sont correctes, alors que d’autres privilégieront le point de vue d’un autre. Il n’existe aucun autre moyen objectif de faire sortir la vérité que la recherche scientifique. » (1965)

3. Le modèle de Cattell • Cattell avait une conception large de la personnalité : elle englobe « tout ce qui permet de faire une prédiction de ce que fera une personne dans une certaine situation » (prédiction comportementale). La personnalité englobe ainsi la cognition (« traits d’aptitude »), le tempérament (« traits de tempérament »), et la motivation (« traits dynamiques »)

3. Le modèle de Cattell • Pour Cattell, la meilleure méthode pour élaborer une vraie théorie de la personnalité est l’analyse factorielle. Cette méthode permet de prendre en compte simultanément un grand nombre de variables (méthode multivariée) recueillies dans un contexte naturel  la méthode expérimentale ne permet de considérer qu’un petit nombre de variables dans des situations artificielles (laboratoire)  la méthode clinique considère l’individu dans son environnement naturel mais sans rigueur scientifique (intuition) « Ainsi la méthode multivariée présente les avantages de la méthode expérimentale classique et de la méthode clinique sans cependant en avoir les inconvénients : elle est objective, précise et rigoureuse, tout en permettant d’aborder ce qui échappe à l’expérimentation classique, à savoir l’étude non fragmentée des phénomènes psychiques complexes dans leur contexte naturel. » (1966)

3. Le modèle de Cattell • Cattell a élaboré son modèle de la personnalité en 1946 en réalisant des séries d’analyses factorielles sur la base de l’inventaire psycholexical de Allport et Odbert (1936) • Dans la terminologie de Cattell :  comportement observé = trait de surface  construit (facteur) = trait de source • La donnée de départ est l’observation d’un sujet sur une variable (matrice sujets-variables) persévérance

Marie David

extraversion

sociabilité



3. Le modèle de Cattell • Pour Cattell, il existe 3 types de données (recueil des observations) :  les données biographiques (données L) : données issues de l’observation du comportement d’un sujet dans son environnement naturel (ex: habitudes alimentaires), et données issues d’une évaluation du sujet par des observateurs (hétéro-évaluation) ex: demander aux parents de Marie si elle est persévérante  les données de questionnaires (données Q) : réponses fournies par un sujet lui-même (auto-évaluation) ex: demander à Marie si elle est persévérante  les données de tests objectifs (données T) : données objectives issues de l’observation du comportement d’un sujet dans une situation standardisée ex: faire réaliser à Marie une tâche fastidieuse et observer si elle persévère ou non

3. Le modèle de Cattell Les étapes de la démarche de Cattell : • Etape n°1 : il part de la liste de 4504 traits de personnalité de Allport et Odbert et la réduit à une liste de 171 traits élémentaires par une analyse sémantique (niveau 1)

• Etape n°2 : il demande à des sujets d’évaluer des personnes de leur entourage sur ces 171 traits (hétéro-évaluation : données L) L’analyse factorielle des données fait ressortir 35 traits de surface (niveau 2). Cattell ne retient donc que 0.78% des 4504 traits de Allport et Odbert. Autrement dit, l’ensemble de comportements liés à la personnalité peut se résumer par quelques comportements plus généraux

3. Le modèle de Cattell Les étapes de la démarche de Cattell : • Etape n°3 : il demande à nouveau à des sujets d’évaluer certaines de leurs connaissances sur ces 35 traits (données L). L’analyse factorielle montre que 12 facteurs (traits-source) résument les 35 traits de surface • Etape n°4 : il demande à des sujets de s’évaluer eux-mêmes sur les 35 traits de surface (données Q). L’analyse factorielle dégage les mêmes 12 facteurs que ceux obtenus avec les données L plus 4 nouveaux facteurs, soit 16 facteurs au total que Cattell appelle facteurs primaires de la personnalité (niveau 3). Par la suite, Cattell a montré que ces 16 facteurs primaires sont euxmêmes sous-tendus par 5 facteurs généraux : facteurs secondaires ou globaux (niveau 4)

3. Le modèle de Cattell Relation entre les 16 facteurs primaires et les 5 facteurs secondaires : Extraversion

Anxiété

DuretéIntransigeance

Indépendance

Contrôle de soi

Cordialité Chaleur (A)

Stabilité émotionnelle (C)

Cordialité Chaleur (A)

Dominance (E)

Vivacité (F)

Vivacité (F)

Vigilance (L)

Sensibilité (I)

Assurance en société (H)

Respect des conventions (G)

Assurance en société (H)

Inquiétude Appréhension (O)

Imagination Distraction (M)

Vigilance (L)

Imagination Distraction (M)

Intériorisation (N)

Tension (Q4)

Ouverture au changement (Q1)

Ouverture au changement (Q1)

Perfectionnisme (Q3)

Autonomie à l’égard du groupe (Q2)

Note : le facteur primaire B (raisonnement) est à part

3. Le modèle de Cattell • Un questionnaire est basé sur le modèle de Cattell : le 16PF. La première édition date de 1949 et il a depuis été réédité quatre fois (1956, 1962, 1968, et 1993). Cette 5ème version de 1993 a été traduite et adaptée en français en 1995.

• Le 16PF comporte 185 items pour lesquels le sujet doit choisir entre 3 réponses a, b, et c Exemple : un item du facteur A (cordialité-chaleur) Pour certaines fêtes et anniversaires importants : a. j’aime faire des cadeaux personnels b. je ne sais pas c. je trouve un peu ennuyeux d’acheter des cadeaux

3. Le modèle de Cattell • Chaque facteur est mesuré avec 10-15 items. Les scores (étalonnés) à chaque échelle vont de 1 à 10 • Le 16PF comporte également 3 échelles permettant d’évaluer des biais de réponse :  Désirabilité sociale : tendance à choisir les réponses les plus socialement désirables  Tendance à l’acquiescement : tendance à choisir davantage les réponses qui reflètent un accord (« Vrai », « Oui », « Fortement en accord », …)  Tendance à la neutralité • La passation de l’instrument par un sujet permet d’obtenir son profil de personnalité sur les 16 facteurs

4. Le modèle de Eysenck • Hans Eysenck (1916-1997) : psychologue allemand  plus de 1600 articles et 80 ouvrages  travaux sur la personnalité, l'héritabilité des caractères psychologiques

• Eysenck a réalisé la première étude (1952) sur l’efficacité des psychothérapies. Sa méta-analyse de 19 études montre que sur une période de 5 ans après le début de la thérapie :  groupe « psychanalyse » : 44% des patients s’améliorent  groupe « éclectique » : 64% des patients s’améliorent  groupe « médecine » (hôpital) : 72% des patients s’améliorent

4. Le modèle de Eysenck • La spécificité de l’approche d’Eysenck de la personnalité est son ancrage dans la biologie : son modèle est psychobiologique. Il cherchait à élaborer « une théorie biologique des différences individuelles »

Génétique

Biologie/Physiologie

Personnalité

Les gènes n’influencent pas directement la personnalité : ils déterminent la physiologie de l’individu, qui à son tour influence la personnalité • Dans sa conception, les dimensions psychologiques qui sont extraites par l’analyse factorielle :  doivent être mises en relation avec le fonctionnement biologique  ont une origine génétique

4. Le modèle de Eysenck Les étapes de la démarche d’Eysenck : • Etape n°1 : En 1944, Eysenck travaille dans un hôpital psychiatrique à Londres. Le dossier de chaque patient comporte beaucoup de données médicales, biographiques, et psychologiques. Il extrait de chaque dossier 39 variables et code ces variables pour 700 patients. Une analyse factorielle montre que deux facteurs indépendants (orthogonaux) résument largement les 39 variables : « l’un dénote un manque général d’intégration de la personnalité, d’adaptabilité et d’effort général qu’on pourrait qualifier du terme de névrosisme. Le second facteur oppose des symptômes qualifiés de “dysthymiques” : anxiété, apathie, dépression, à des symptômes qualifiés d’hystériques. » (1947)

4. Le modèle de Eysenck En se référant aux travaux de Jung, Eysenck croit reconnaître dans ce deuxième facteur l’expression pathologique de deux types de personnalité : l’introverti (dysthymique) et l’extraverti (hystérique)  Premier facteur : névrosisme (noté N) névrosés : anxiété, dépression, culpabilité, faible estime de soi, irrationalité, sur-émotivité  Deuxième facteur : extraversion-introversion (noté E) extravertis : sociabilité, expressivité, enthousiasme, activité, recherche de sensation, dominance

4. Le modèle de Eysenck Eysenck note une correspondance entre les deux facteurs N-E et les quatre tempéraments d’Hippocrate-Galien : Névrosisme Mélancolique

Colérique

Extraversion

Introversion

Flegmatique

Sanguin

Stabilité émotionnelle

4. Le modèle de Eysenck • Etape n°2 : Eysenck retrouve les deux facteurs à partir d’un échantillon de sujets normaux (1500 soldats). Il montre notamment que le facteur N différencie ces soldats normaux de soldats névrotiques. La différence entre le normal et le pathologique est donc une différence de degré. Selon Eysenck, la personnalité pathologique est un prolongement de la personnalité normale

4. Le modèle de Eysenck • Etape n°3 : Eysenck ajoute un troisième facteur à son modèle, le psychotisme (ou psychoticisme) noté P : c’est le modèle PEN. Le psychotisme représente un continuum entre la conduite empathique et la conduite schizoïde (détachement des relations sociales et froideur émotionnelle), et il serait un trait commun à toutes les psychoses. Psychotiques : impersonnalité, égocentrisme, froideur, dureté

4. Le modèle de Eysenck • Eysenck a proposé une interprétation biologique des 3 facteurs de personnalité qu’il a identifiés :  Facteur E : excitabilité du cortex (formation réticulaire activatrice) introvertis : grande excitabilité corticale, donc retrait de l’environnement extravertis : faible excitabilité corticale, donc approche de l’environnement, recherche de stimulation  Facteur N : activation du système limbique (support cérébral des émotions) névrosés : forte et longue activation du système limbique  Facteur P : asymétrie fonctionnelle des hémisphères cérébraux et niveau de testostérone psychotiques : prévalence de l’hémisphère gauche et niveau élevé de testostérone

4. Le modèle de Eysenck • Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la pertinence biologique de son modèle en trois facteurs : 1. stabilité interculturelle du modèle : celui-ci a été validé dans 34 pays (Nigeria, Japon, Etats-Unis, etc.). Une telle validation du modèle dans des cultures aussi variées serait peu probable si des facteurs biologiques ne rentraient pas en compte dans la construction de la personnalité. La validité du modèle ne tient donc pas à la culture mais à la nature (biologie)

4. Le modèle de Eysenck • Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la pertinence biologique de son modèle en trois facteurs : 2. stabilité temporelle des facteurs : des études longitudinales montrent que les individus préservent leurs positions sur les trois facteurs au cours de leur vie. Bien que nos expériences et notre vécu varient énormément tout au long de notre vie, notre personnalité telle que décrite par ces trois dimensions change relativement peu. Selon Eysenck, la stabilité de la personnalité est due à sa base biologique

4. Le modèle de Eysenck • Eysenck (1990) a avancé trois arguments majeurs pour justifier la pertinence biologique de son modèle en trois facteurs : 3. héritabilité des facteurs : renvoie aux travaux en génétique comportementale. Exemple : des jumeaux monozygotes (MZ) ont exactement le même patrimoine génétique alors que des jumeaux dizygotes (DZ) ont 50% de leur patrimoine génétique en commun. Si la personnalité a une origine génétique, les personnalités de jumeaux MZ devraient être plus similaires que celles de jumeaux DZ. Les recherches dans ce domaine montrent que c’est le cas

4. Le modèle de Eysenck La méthode des jumeaux : Génétique Environnement

monozygotes (MZ)

dizygotes (DZ)

élevés ensemble

élevés ensemble

jumeau 1

jumeau 2

jumeau 1

jumeau 2

Paire 1 Paire 2

… Corrélation jumeaux

rMZ

rDZ

Plus rMZ est supérieure à rDZ , plus l’influence génétique est forte Exemples :  névrosisme : rMZ = 0.45 , rDZ = 0.18  extraversion : rMZ = 0.50 , rDZ = 0.17

4. Le modèle de Eysenck • On peut noter des différences importantes entre les travaux d’Eysenck et ceux de Cattell.  Eysenck : identifier les facteurs globaux de la personnalité (niveau 4) en lien avec la biologie, les facteurs sont indépendants  Cattell : identifier les facteurs qui permettent une description précise de la personnalité (niveau 3) ; les facteurs sont corrélés

4. Le modèle de Eysenck • Eysenck a construit deux questionnaires basés sur sa théorie :  l’EPI (1964; Eysenck Personality Inventory) : mesure E et N 57 items dichotomiques : 24 items pour chaque échelle, et une échelle de mensonge (9 items)  l’EPQ (1975; Eysenck Personality Questionnaire) : mesure E, N, P 100 items dichotomiques : 23 items pour l’échelle E, 24 items pour l’échelle N, 32 items pour l’échelle P, et une échelle de mensonge (21 items) Exemple : Votre humeur subit-elle souvent des hauts et des bas ? □ OUI □ NON

4. Le modèle de Eysenck Le modèle psychobiologique de Cloninger • Il existe un autre modèle psychobiologique de la personnalité majeur : le modèle de Robert Cloninger (né en 1944). Ce modèle identifie 4 tempéraments ayant une base génétique et 3 caractères qui sont façonnés par l’environnement et les événements de vie • Les 4 tempéraments :  Recherche de la Nouveauté (RN) : recherche permanente d’activités nouvelles et évitement des activités répétitives et monotones. La RN serait liée au taux de dopamine (neurotransmetteur associé au plaisir) : ce taux est faible chez les sujets avec une RN élevée qui chercheraient à l’augmenter via des activités nouvelles Scores élevés : excité, impulsif / Scores bas : calme, tempéré

4. Le modèle de Eysenck  Evitement du Danger (ED) : tendance à réagir intensivement aux stimuli aversifs et à éviter les situations négatives. L’ED est lié au taux de sérotonine (neurotransmetteur associé à l’humeur) : ce taux est élevé chez les sujets qui évitent le danger Scores élevés : craintif / Scores bas : optimiste  Dépendance à la Récompense (DR) : tendance à réagir intensivement aux renforçateurs (sociaux) La DR est liée au taux de noradrénaline (neurotransmetteur associé à l’anxiété) : ce taux est faible chez les sujets avec une DR élevée qui cherchent à l’augmenter via les relations sociales Scores élevés : sociabilité, dépendance / Scores bas : froideur  Persistance : capacité à maintenir ses buts quelles que soient les difficultés rencontrées (perfectionniste vs. instable)

4. Le modèle de Eysenck • Les 3 caractères :  autodétermination : maturité individuelle aptitude du sujet à contrôler, réguler, adapter ses comportements en accord avec buts et ses valeurs  coopération : maturité sociale acceptation, tolérance, amabilité, empathie  transcendance : maturité spirituelle conscience, transpersonnalité • Cloninger a développé 2 questionnaires basés sur sa théorie :  le TPQ (Tridimensional Personality Questionnaire) : mesure les tempéraments RN, ED, et DR (100 items dichotomiques)  le TCI (Temperament and Character Inventory) : mesure les 4 tempéraments et les 3 caractères (240 items dichotomiques)

5. Le modèle des cinq facteurs • Modèle dominant et relativement consensuel dans le domaine de la personnalité, issu de deux courants de recherches : l’approche lexicale et l’approche par les questionnaires Le courant basé sur l’approche lexicale (Goldberg) • On analyse le lexique de la personnalité • Fiske (1949) part des 35 traits de surface de Cattell et les transforme en 22 descriptions simplifiées. A partir d’auto et d’hétéro-évaluations sur ces 22 variables, il dégage par analyse factorielle 5 facteurs. Tupes et Christal (1961) retrouvent ces 5 facteurs à partir de 8 échantillons différents. Norman (1963) retrouve aussi cette structure à partir de listes dérivant des 35 variables de Cattell.

5. Le modèle des cinq facteurs • Goldberg (1990) part de l’inventaire psycho-lexical de Norman (1967), il en dérive une liste de 1710 adjectifs répartis dans les 75 catégories sémantiques, et il demande à des sujets de s’évaluer sur ces adjectifs. Un série d’analyses factorielles des données montre qu’on aboutit chaque fois à 5 facteurs. • En 1981, Goldberg avait qualifié ces 5 facteurs de Big Five (chaque facteur recouvrant un large domaine de la personnalité). Dans le courant psycho-lexical, les 5 facteurs sont désignés par des chiffres romains et sont souvent mesurés au moyen d’adjectifs I. Extraversion II. Agréabilité Les facteurs sont ordonnés suivant leur fréquence dans le lexique III. Conscience IV. Stabilité émotionnelle V. Culture

5. Le modèle des cinq facteurs • La reconnaissance de la validité du Big Five provient notamment d’études ayant montré la stabilité interculturelle du modèle. A ce propos, Goldberg est le créateur de l’IPIP (International Personality Item Pool) : site web proposant des traductions d’items mesurant les 5 facteurs dans de nombreuses langues.

5. Le modèle des cinq facteurs Le courant basé sur les questionnaires (Costa et McCrae) • On analyse les réponses à des phrases descriptives représentatives du domaine de la personnalité

• Dans les années 1970, Costa et McCrae sont partis des travaux de Cattell et ont retrouvé 2 des 3 dimensions du modèle d’Eysenck : Extraversion (E) et Névrosisme (N). Leurs analyses les ont amené à considérer un troisième facteur, Ouverture (O), qui regroupe notamment les facteurs primaires Imagination et Ouverture au changement de Cattell. Ces 3 facteurs forment le modèle NEO • En 1978, Costa et McCrae publient un inventaire mesurant ces facteurs, le NEO Inventory

5. Le modèle des cinq facteurs • Par la suite, Costa et McCrae ont réalisé que leurs 3 facteurs étaient identiques à 3 des 5 facteurs du Big Five. Ils ont alors étendu leur modèle en intégrant les 2 autres facteurs (Agréabilité et Conscience) • Le modèle de Costa et McCrae est appelé FFM (Five-Factor Model) Les 5 facteurs sont indépendants et chaque facteur comporte 6 facettes (sous-dimension, facteur plus restreint) Les 5 facteurs sont désignés par des lettres majuscules :

Ouverture

Conscience

Extraversion

Agréabilité

Névrosisme

• En 1985, ils publient le NEO PI (NEO Personality Inventory) qui mesure les 5 facteurs. Une version révisée est publiée en 1992, le NEO PI-R. Cet inventaire compte 240 items (chaque facette est mesurée par 8 items)

5. Le modèle des cinq facteurs • Névrosisme : stabilité émotionnelle Facettes : 1. anxiété 2. hostilité 3. dépression 4. timidité sociale 5. impulsivité 6. vulnérabilité Exemple item NEO PI-R : Je me sens souvent inférieur aux autres.

5. Le modèle des cinq facteurs • Extraversion : énergie dans l’approche du monde extérieur Facettes : 1. chaleur 2. grégarisme (vie en groupe) 3. assertivité (s'affirmer tout en respectant autrui) 4. activité 5. recherche de sensations 6. émotions positives Exemple item NEO PI-R : J’aime être entouré de beaucoup de gens.

5. Le modèle des cinq facteurs • Agréabilité : orientation pro-sociale Facettes : 1. confiance 2. droiture 3. altruisme 4. compliance (respect d'une prescription médicale) 5. modestie 6. sensibilité Exemple item NEO PI-R : Je préfère coopérer avec les gens plutôt que de rivaliser avec eux.

5. Le modèle des cinq facteurs • Conscience : caractère consciencieux, contrôlé, déterminé Facettes : 1. compétence 2. ordre 3. sens du devoir 4. recherche de réussite 5. autodiscipline 6. délibération (examen approfondi à propos d’une question) Exemple item NEO PI-R : Je vise la perfection dans tout ce que j’entreprends.

5. Le modèle des cinq facteurs • Ouverture : accepter de vivre de nouvelles expériences Facettes : 1. rêveries 2. esthétique 3. sentiments 4. actions 5. idées 6. valeurs Exemple item NEO PI-R : Je démontre une très grande curiosité intellectuelle.

5. Le modèle des cinq facteurs • Différence entre le Big Five et le FFM :  Big Five : description (taxonomie) de la personnalité les 5 facteurs ne font que résumer le lexique de la personnalité  FFM : explication de la personnalité les 5 facteurs sont réels (base biologique) • Dans les années 1990, Costa et McCrae ont développé un modèle intégratif de la personnalité articulant 5 éléments : 1. les dispositions de base : traits de personnalité (biologie) 2. les caractéristiques adaptatives : compétences acquises, attitudes, habitudes (interaction sujet-environnement) 3. le concept de soi : représentation qu’un sujet a de lui-même 4. la biographie objective : histoire et événements de vie 5. les influences externes : environnement au sens large

5. Le modèle des cinq facteurs • Critiques du modèle des cinq facteurs :  ce modèle est purement descriptif car il a été construit de façon strictement empirique et a-théorique (analyses factorielles de termes liés à la personnalité)  le nombre de facteurs n’est pas si consensuel : en appliquant l’approche lexicale dans 7 langues, Ashton et coll. (2004) trouvent un facteur supplémentaire : l’Honnêteté-Humilité  les 5 facteurs ne sont pas exhaustifs : ils ne couvrent pas toute l’étendue de la personnalité  l’interprétation théorique des facteurs n’est pas consensuelle  la structure réelle du modèle ne correspond pas exactement à la structure théorique : les facteurs ne sont pas totalement indépendants et certaines facettes sont peu liées au facteur correspondant

6. Critiques de la théorie des traits Les trois propriétés théoriques des traits sont-elles vérifiées? 1. Les traits différencient les individus OUI Les réponses à un questionnaire de personnalité sont très variables, elles reflètent des différences psychologiques réelles 2. Les traits sont stables dans le temps Application de la méthode test-retest : on fait passer le questionnaire à un échantillon de sujets une première fois (test), puis une seconde fois (retest). Le délai entre le test et le retest est très variable.  stabilité relative : OUI Entre le test et le retest, le classement des sujets reste le même  stabilité absolue : NON Entre 20% et 30% des sujets n’ont pas le mêmes scores entre le test et le retest.

6. Critiques de la théorie des traits 3. Les traits causent le comportement • Depuis les origines de la psychologie, deux grandes approches s’opposent quant aux déterminants du comportement :  l’approche individuelle : le comportement est déterminé par les caractéristiques de la personne ex: psychologie différentielle, psychologie clinique  l’approche situationniste : le comportement est déterminé par les caractéristiques de la situation ex: psychologie différentielle, psychologie clinique Exemple : un conducteur grille un stop. Est-ce parce qu’il est impulsif (personne) ou est-ce parce qu’il est pressé (situation) ?

6. Critiques de la théorie des traits • En 1968, Walter Mischel (né en 1930) a publié un ouvrage dans lequel il critique vigoureusement la notion de trait de personnalité. Sur la base d’une revue – partielle – des recherches, il montre notamment que :  la corrélation entre les traits et le comportement réel est faible : entre .30 et .40. On ne peut donc pas raisonnablement affirmer que les traits déterminent le comportement  le comportement n’a pas de stabilité situationnelle : si les traits existaient et causaient le comportement, alors celui devrait être stable d’une situation à une autre

6. Critiques de la théorie des traits • Les défenseurs de la théorie des traits ont répondu à ces critiques :  Mischel a pris en compte des études réalisées en laboratoire où le comportement est relativement artificiel. Mais si on considère le comportement en situation naturelle, la corrélation trait-comportement augmente  le comportement varie beaucoup entre des situations précises, spécifiques. Mais il varie beaucoup moins si l’on considère les situations à un niveau plus global. Les traits ne décrivent d’ailleurs que des tendances générales. Par ailleurs, des corrélations entre .30 et .40 ne sont pas si basses que cela. Plusieurs chercheurs ont montré qu’en fait, la corrélation situation-comportement n’est pas plus élevée

6. Critiques de la théorie des traits • La publication de Mischel est en partie à l’origine de l’opposition entre les psychologues différentialistes et les psychologues sociaux • Note : Walter Mischel est par ailleurs célèbre pour ses travaux sur le contrôle de soi et notamment la capacité à différer la gratification (attendre avant d’obtenir un plaisir, une récompense). En 1972, il a réalisé la célèbre « expérience du chamallow » : un enfant a le choix entre manger un chamallow immédiatement ou attendre 15 min pour en avoir deux.

6. Critiques de la théorie des traits

6. Critiques de la théorie des traits Résultats sur 653 enfants de 4 ans :  1/3 avaient attendu quelques secondes : les « impulsifs »  1/3 avaient attendu quelques minutes  1/3 avaient attendu les 15 min : les « contrôlés »

6. Critiques de la théorie des traits 14 ans plus tard, Mischel avait recontacté les enfants qui avaient participé à l’expérience en 1972, ils étaient alors âgés de 18 ans. Il avait alors comparé le groupe des impulsifs au groupe des contrôlés sur plusieurs critères, dont leurs scores au SAT. Le SAT est un test d’aptitudes scolaires américain composé de deux échelles : mathématiques et verbal. Résultats :  score moyen des impulsifs : 1052  score moyen des contrôlés : 1262 Cette différence de 210 points est plus importante que la différence au SAT entre les élèves dont les parents sont diplômés de l’université et les élèves dont les parents n’ont pas terminé le lycée

6. Critiques de la théorie des traits • La solution à l’opposition personne-situation est l’interactionnisme. Cette approche stipule que :  l’effet de la personnalité sur le comportement dépend de la situation et inversement  les personnes se retrouvent dans certaines situations en fonction de leur personnalité  les personnes changent les situations dans lesquelles elles se trouvent

• Avec les progrès de la génétique, la problématique personnesituation est devenue la problématique gène-environnement. La notion d’interaction est centrale dans les travaux modernes sur la personnalité

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