Des thèmes surgissant du Théâtre de l`Absurde

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Des thèmes surgissant du Théâtre de l’Absurde : La solitude humaine et la cruauté dans Fin de Partie et Les Bonnes

Eliza Preiswerk Français 456 Yvonne Hsieh Le mercredi 15 mars 2011

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Le théâtre qui date des années 50 se considère comme étant un “Nouveau” théâtre. C’est à dire un théâtre qui s’éloigne du théâtre classique et qui se rapproche d’un style “absurde” ou “avant-garde”. Des auteurs connu de cette époque tels que Samuel Beckett et Jean Genet, exemplifient un style de théâtre ainsi de l’absurde. Les pièces théâtrales de se genre traitent fréquemment de l’absurdité de l’homme et de la vie en général, celle-ci menant toujours à la mort. Etant donné la période de ce mouvement littéraire qui est reliée à la Seconde Guerre mondial, l’origine de cette manière de penser est donc liée aux traumatismes causés par cet évènement historique tragique. Cela fait donc ressortir des thèmes comme la solitude humaine et la cruauté, présentes dans les pièces suivantes : Fin de Partie de Beckett et Les Bonnes de Genet. Ces deux thèmes sont représentés de manières différentes dans ses deux pièces qui traitent de sujets bien uniques. Fin de Partie met en scène quatre personnages souffrants tous de handicapes physiques qui discutent de façon ‘absurde’ au sujet de la signification de la vie ; une pièce sans beaucoup d’action mais avec beaucoup de dialogues philosophiques. En contraste, la pièce de Genet, Les Bonnes, présente deux sœurs qui complotent le meurtre de leur patronne. Cette dissertation va donc dévoiler les usages de ses deux thèmes présents dans chaque pièce tout en considérant les similitudes et les différences.

Au sein de la pièce bien étrange et hors du commun de Beckett, Fin de Partie, les relations entres les personnages peuvent être soulignées par des dialogues remplis d’agression et de cruauté. Ce n’est pas une pièce très optimiste, bien qu’il y ait plusieurs ressorts du comique intégrés, mais la mort est à plusieurs reprises

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évoquée comme l’est dans Les Bonnes de Genet. Ses sujets de conversations morbides et dépressifs font ressortir le ‘sal caractère’ des personnages ; plus précisément entre Hamm et son serviteur Clos, et aussi Hamm et ses parents mourants, Nell et Nagg. Le décor de cette pièce met en évidence la cruauté que Hamm tient envers ses parents : ceux-ci étant disposé comme des ‘ordures’ dans des poubelles est d’une violence extrême : « HAMM. – Boucle-le ! Clove enfonce Nagg dans la poubelle, rabat le couvercle. » (Beckett 22). Hamm rabaisse ses parents à l’état de choses, comme des déchets dans un monde en liquidation, et ils sont projetés d’être même foutu à la mer. Pareillement, dans Les Bonnes, celles-ci dorment dans une « mansarde », un espace où elle n’imposent pas et sont à l’écart et sont sans importance. La relation entre Nagg et son fils unique Hamm est plutôt cruelle : « HAMM.- Salopard ! Pourquoi m’as-tu fait ? NAGG. – Je ne pouvais pas savoir. HAMM. – Quoi ? Qu’est-ce que tu ne pouvais pas savoir ? NAGG. – Que ce serait toi. » (Beckett 67). Ce passage montre le manque d’amour et de compassion qu’éprouvent ses deux personnages l’un envers l’autre et l’incroyable rancune, et intense amertume qu’éprouve Hamm envers son père, ce « maudit progéniture ». Aucun des deux personnages ne se retiennent de dévoiler leurs sentiments négatifs et le proclament à haute voix. Ce rapport exposé de la cruauté est présentée dans ce passage où Hamm parle ouvertement et négativement à propos de ses parents : « Oh je veux bien qu’ils souffrent autant que de tel êtres peuvent souffrirent » (Beckett 15). La cruauté est donc premièrement exemplifiée avec la tyrannie qu’un fils (Hamm)

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exerce sur deux vieillards séniles qui subissent passivement ses féroces colères. « De Hamm aux vieux il n’y a que méfiance irritée, quand ce n’est pas la cruauté ou la froide colère : « Mon royaume pour un boueux ! » hurle Hamm. (Beckett 36) » (Serreau 100-101). Par contre, lorsque l’on s’aventure plus profondément dans la pièce on peut remarquer que la haine de Hamm semble cacher un reste de tendresse lorsque plus tard dans la pièce Hamm demande à Clov de s’assurer si son père est encore en vie. Cette relation familiale d’amour/haine se retrouve aussi dans Les Bonnes entre les deux sœurs. Elles se disputent sans cesse au sujet du projet de meurtre. Leur relation est plutôt compétitive alors que la relation entre Hamm et son père n’est simplement pas amical. On voit l’aspect concurrentiel entre les deux sœurs dans ce passage, lorsque Claire dit à sa sœur : « Oh ! Quand je dis que je suis lasse, c’est une façon de parler. N’en profite pas pour me plaindre. Ne cherche pas à me dominer » (Genet 35). Bien qu’elles s’insultent à plusieurs reprises, il est évident qu’elles s’aiment quand même (d’une façon incestueuse aussi) puisqu’elles ont un lien de sang et veulent sortir de cette situation et compléter leur tâche ensemble. La cruauté sort donc plus facilement envers les gens avec qui ses personnages sont le plus proches.

Le rapport entre Hamm et son fidèle serviteur Clov est aussi teinté de cruauté. Hamm maltraite Clov en le traitant comme objet et le faisant venir au coup de sifflet qui est à la fois une torture physique et morale. Dans ce cas ci, la haine est répercutée par Clov lorsqu’il rend à Hamm ce sentiment de haine viscérale. Il lui ment perfidement et s’engage à lui refuser une sépulture en avouant son désir de le

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supprimer : « HAMM. – Pourquoi ne me tues-tu pas ? CLOV. – Je ne connais pas la combinaison du buffet. » (Beckett 20). Cette relation entre maître et serviteur contient des impulsions contradictoires de don et refus et d’appel et de rejet. « La tyrannie que Hamm exerce sur Clov, la sournoise méchanceté de Clov à l’égard de Hamm font songer aux férocités strindbergiennes » (Serreau 101). Le sentiment de cruauté surgit d’un manque de socialisation avec le monde extérieur, et le sentiment d’enclos et de prison où ses trouvent ses personnage. Cette expression est liée à la solitude humaine qu’ils éprouvent. Cette relation est aussi présente dans la pièce de Genet, Les Bonnes entre Madame et ses servantes. Lorsque les jeunes filles jouent le rôle de Madame, Claire qui interprète Madame, n’arrête pas de donner des ordres à ¨Claire¨(Solange) tout comme le fait Hamm envers Clov : « Disposez de mes toilettes. La robe blanche pailletée. L’éventail, les émeraudes » (Genet 17). Les ordres imposés sur les serviteurs fait ressortir des pensées et des répliques cruelles, et dans le cas des Bonnes résulte à la notion d’assassinat.

« Sacrées ou non, ces bonnes sont des monstres, comme nous-mêmes quand nous rêvons ceci ou cela » (Serreau 122). La haine que ressentent ses deux jeunes filles est si puissante que cela les démangent et qu’elles veulent absolument se prendre les règnes en essayant de tuer Madame qui les traitent comme des ordures comme l’est montré dans cet exemple : «Mais dépêchez-toi. Cours, voyons. (Elle pousse Solange hors de la chambre.) Mes Fourrures ! Mais plus vite ! Vous êtes 5

folles » (Genet 82). La manière dont les filles font ressortir leur rage est en jouant le jeux et en se faisant passer pour Madame, pour pouvoir vocaliser leurs sentiments réels envers celle-ci. Solange, qui joue le rôle de Claire vocalise très clairement sa cruauté envers ¨Madame¨, jouée par Claire quand elle dit : « Je vous hais ! Je vous méprise » (Genet 28). C’est donc leur façon de dégager leur colère, dans un monde imaginaire ou toute la vérité peut être exprimée. La jalousie envers Madame submerge les filles dans une tempête d’insultes : « Tu l’as vue ? Sa peine étincelante des feux de ses bijoux, du satin de ses robes, des lustres ! » (Genet 51). Ce manque d’interactions avec le monde extérieur tout comme dans Fin de Partie mène au thème de la solitude humaine.

Le thème de solitude dans Fin de partie qui est représenté semblablement dans Les Bonnes, surgit à de nombreuses reprises tout au long de la pièce. « Au contraire, dans le Théâtre de Dérision l’aliénation s’impose presque comme une maladie qui frappe Everyman au plus profond de son être » (Jacquart 78). Le fait que ses quatre personnages se retrouvent dans un environnement qui semble être l’après guerre, seuls face au vide, leurs donnent des pensées visées sur la mort et le manque de contact humain. Dès le début de la pièce, Hamm déclare sa solitude lorsqu’il dit dans son monologue « Clov ! Non, je suis seul » (Beckett 15). Hamm mentionne aussi à plusieurs reprises le fait qu’il n’y a personne d’autre en dehors de leur « enfer » solitaire :

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« CLOV. – Pourquoi me gardes-tu ? HAMM. – Il n’y a personne d’autre » (Beckett 18). Ce passage décrit à la fois la solitude éprouvée par les personnage et la cruauté exprimée par Hamm envers Clov. Beckett utilise un langage pessimiste pour représenter les émotions des personnages dans son œuvre. « Sans rejeter totalement le langage, mais en limitant et en spécialisant son usage, Beckett s’astreint à concrétiser la solitude, à la représenter dramatiquement, et à en faire une expérience psychique et émotionnelle » (Jacquart 79).

Pour Beckett, l’aliénation est inséparable de la condition humaine, ce qu’il démontre répétitivement dans cette pièce. Cela mène les personnages à se poser des questions et d’essayer de comprendre leur raison de vivre, ou dans ce cas précis le manque de raison valable de vivre. Cette notion peut être visualisée dans le passage où Hamm ressent le sentiment d’une absence radicale dans le monde : « Je n’ai jamais été là…Absent, toujours. Tout s’est fait sans moi » (Beckett 95). La solitude est aussi représentée dans l’environnement qui entoure les personnages. Clov et Hamm parlent de la nature et de l’extérieur qui paraît sans vie : « HAMM. – La nature nous a oubliés. CLOV. – Il n’y a plus de nature. HAMM. – Plus de nature ! Tu vas fort. » (Beckett 23). Pour continuer, Beckett fait une connexion de solitude en mettant en évidence la séparation de la scène avec l’audience présente. Il met en valeur le sentiment de solitude éprouvée et remarquée par Clov, qui sert de yeux pour Hamm qui est aveugle. Clov remarque donc le manque de communication avec le public :

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« CLOV. – (Il descend de l’escabeau, ramasse la lunette, l’examine, la braque sur la salle.) Je vois…une foule en délire. Alors ? On ne rit pas ? HAMM. – Moi non. CLOV. – Moi non plus. (Il monte sur l’escabeau, braque la lunette sur le dehors.) Voyons voir. Zéro…(Il regarde)…zéro. » (Beckett 43-44). Par ailleurs, le critique Matthew Davis décrit la relation entre le public et les personnages sur scène : « The audience feels as neglected, or rejected, as the onstage characters. Beckett creates of his fourth wall a two-way Mirror through which the Audience-Creature Relationship of his performers, desperate for « eyes on my eyes » (Happy Days 299), enact their solitude » (Davies). Bien que la solitude se manifeste aussi dans Les Bonnes, cet aspect spécifique de la solitude liée avec le public n’est pas du tout présent dans la pièce de Genet, Les Bonnes. A travers la pièce Les Bonnes, la solitude est représentée dans le rôle joué par les deux sœurs. Elles incarnent des bonnes qui veulent se venger sur leur maîtresse trop égoïste et trop dure envers elles. Puisqu’elles sont traitées comme des vaut rien, sans plus d’utilité que des simples servantes, elles se sentent seules face au monde de la noblesse, ignorées et invisibles. « L’intelligence des deux accusées, leur correction désespérée, leur fierté, leur solitude, leur passé irréprochable, la tendresse amoureuse qui les unissait, de même que l’incapacité presque totale ou elles se trouvèrent de justifier consciemment au tribunal leur soudaine rage meurtrière…autant d’éléments dont Genet se souviendra en créant Solange et Claire » (Serreau 123). Cette pièce rassemble aussi la solitude avec les actions cruelles des bonnes, puisque ses deux thèmes vont mains en mains. Solange et Claire se plaignent de leur vie sans signification ce qui est exemplifié lorsque Claire 8

déclare : « Assez d’être l’araignée, le fourreau de parapluie, la religieuse sordide et sans Dieu, sans famille ! J’en ai assez d’avoir un fourneau comme autel » (Genet 57). Solange et Claire éprouvent beaucoup de dégoût pour leurs travail mondain et voudraient être vues comme des femmes avec d’importance, comme le dit Claire : « Je hais les domestique » (Genet 100). Elles veulent se faire remarquer, et sortir de leur prison. Solange en particulier, rêve d’être connue même si cela veut dire avoir une réputation d’assassine : « Laissez-moi sortir. Nous allons parler au monde » (Genet 101). Les deux pièces en question se ressemblent avec leur relation maître/serviteur (Hamm et Clov) et (Madame et les Bonnes). Il existe un contraste immense entre la noblesse de Madame et la pauvreté des bonnes qui n’est pas un contraste que l’on retrouve dans la pièce de Beckett. Le critique Keith Botsford donne une citation qui représente le point de vue des bonnes ; « cruelty distinguishes strong from weak » (Botsford 88). Solange et Claire ont une envie de se trouver plus futées et puissantes face à Madame qui reste ignorante devant la rage des sœurs. Comme dans Fin de Partie, Madame et Hamm on plus de pouvoir et donc peuvent contrôler leur serviteur qui ne peuvent rien faire contre. Lorsque Madame dit : « Ma sensibilité m’a fait souffrir. Atrocement. Vous avez de la chance, Claire et toi, d’être seules au monde. L’humilité de votre condition vous épargne quels malheurs ! » (Genet 68), on retrouve le sentiment de cruauté mêlée à celui de la solitude. Madame est incapable de comprendre ce qu’est être bonne, et pense que les filles on une bien meilleures vie seules, sans complications de la vrai vie extérieur. 9

Les thèmes de la solitude humaine et de la cruauté sont ont une implication importante dans chacune des deux pièces, mais parfois de manières différentes. La solitude humaine et un thème qui surgit plus dans Fin de Partie entre les personnages, et aussi en relation avec leur environnement. Par ailleurs, le thème de la cruauté est bien plus frappant dans Les Bonnes puisque le but principal des filles est d’exécuter un meurtre cruel envers leur patronne. Ces deux pièces contiennent des manifestations exemplaires de la cruauté et de la solitude humaine, ce qui les catégorise dans le genre du théâtre de l’absurde.

Mots : 2’392

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Œuvres citées :

Articles : Botsford, Keith. « What’s Novel in The Novel ». 8. Vol : 82-92. Yale French Studies, 1951. Davies, Matthew. « In the Theater Plays of Samuel Beckett ». 51. Vol : 76-93. University of Texas Press, spring 2009. Plunka, Gene A. « Jean Genet’s Anti-Semitism : Fact or Fiction ? ». Vol.76, No. 3. The French Review, February 2003. Livres : Beckett, Samuel. Fin de Partie. Paris : Les Editions de Minuit, 1957. Print Genet, Jean. Les Bonnes. Marc Barbezat-l ‘Arbalète, 2010. Print Jacquart, Emmanuel. Le Théâtre De Dérision. Paris :Gallimard, 1974. Print Serreau, Geneviè ve. Histoire Du "Nouveau théâtre.". 104. Vol. Paris: Gallimard, 1966. Print.

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