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January 16, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Architecture
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Patrimoine mondial Distribution limitée

34 COM WHC-10/34.COM/8E Paris, 18 juin 2010 Original: anglais/français

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

CONVENTION CONCERNANT LA PROTECTION DU PATRIMOINE MONDIAL, CULTUREL ET NATUREL COMITE DU PATRIMOINE MONDIAL Trente-quatrième session Brasilia, Brésil 25 juillet - 3 août 2010

Point 8 de l’ordre du jour provisoire: Établissement de la Liste du patrimoine mondial et de la Liste du patrimoine mondial en péril 8E: Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

RESUME Ce document présente le projet de décision concernant l’adoption de trente-huit déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle soumises par dix-neuf Etats parties pour les biens n’ayant aucune déclaration approuvée à l’époque de leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial. L’Annexe I contient le texte intégral des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle concernées. L’Annexe II inclut une déclaration rétrospective de valeur. Projet de décision : 34 COM 8E, voir point II

I. Historique A la suite du premier cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques en Europe, et dans le cadre du deuxième cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques dans les régions des Etats arabes et de l’Afrique, de nombreux Etats parties ont rédigé des projets de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle pour les biens du patrimoine mondial situés sur leurs territoires. Ces projets de déclaration sont présentés au Comité du patrimoine mondial pour adoption. A la suite de la décision adoptée par le Comité du patrimoine mondial en 2009 (Décision 33 COM 8E), l’Annexe II est inclus dans ce document.

II. Projet de décision Projet de décision 34 COM 8E Le Comité du patrimoine mondial, 1.

Ayant examiné le Document WHC-10/34.COM/8E,

2.

Adopte les déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle, telles que présentées dans l’Annexe I du Document WHC-10/34.COM/8E, pour les biens du patrimoine mondial suivants: - Algérie : La Kalâa des Béni Hammad ; Vallée du M’Zab ; Djémila ; Tipasa ; - Autriche : Centre historique de la ville de Salzbourg ; Palais et jardins de Schönbrunn ; Paysage culturel de Hallstatt-Dachstein / Salzkammergut ; - Côte d’Ivoire : Parc national de la Comoé ; - Danemark : Tumulus, pierres runiques et église de Jelling ; Cathédrale de Roskilde ; - Ethiopie : Parc national du Simien ; - Liban : Anjar ; Byblos ; - Malawi : Parc national du lac Malawi ; - Maroc : Ksar d’Aït-Ben-Haddou ; Ville historique de Meknès ; Site archéologique de Volubilis ; Médina d’Essaouira (ancienne Mogador) ; - Mauritanie : Parc national du Banc d’Arguin ; Anciens ksour de Ouadane, Chinguetti, Tichitt et Oualata ; - Niger : Réserves naturelles de l’Aïr et du Ténéré ; Parc national du W du Niger ; - Portugal : Forêt laurifère de Madère ; - République arabe syrienne : Ancienne ville de Damas ; Site de Palmyre ; - République démocratique du Congo: Réserve de faune à okapis ; - République-Unie de Tanzanie : Réserve de gibier de Selous ; Parc national du Kilimandjaro ; - Sénégal : Parc national du Niokolo-Koba ; - Seychelles : Atoll d’Aldabra ; Réserve naturelle de la vallée de Mai ; - Soudan : Gebel Barkal et les sites de la région napatéenne ; - Tunisie : Site archéologique de Carthage ; Amphithéâtre d’El Jem ; Parc national de l’Ichkeul ; Médina de Sousse ; Kairouan ; - Yémen : Ville historique de Zabid.

3.

Décide que les déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle des biens du patrimoine mondial en péril seront passées en revue en priorité;

4.

Décide également que, compte tenu du grand nombre de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle à examiner, l’ordre dans

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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lequel elles seront passées en revue suivra le deuxième cycle de soumission de Rapports périodiques, tel que : - biens du patrimoine mondial dans les Etats arabes; - biens du patrimoine mondial en Afrique; - biens du patrimoine mondial en Asie et Pacifique; - biens du patrimoine mondial en Amérique latine et aux Caraïbes; - biens du patrimoine mondial en Europe et Amérique du Nord.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 3

ANNEXE I: Déclarations exceptionnelle

rétrospectives

de

valeur

universelle

A. BIENS NATURELS A.1 ETATS ARABES Bien

Parc national du Banc d’Arguin

Etat partie

Mauritanie

Id. N°

506

Date d’inscription

1989

Brève synthèse Le Banc d’Arguin est une des zones les plus importantes au monde pour les oiseaux nicheurs et les échassiers migrateurs d’origine paléarctique. Situé le long de la côte atlantique, ce parc est formé de dunes de sable, de zones côtières marécageuses, de petites îles et d'eaux littorales peu profondes. L'austérité du désert et la richesse biologique de la zone marine créent un paysage terrestre et marin exceptionnellement contrasté. Critère (ix) : Le Parc National du Banc d’Arguin est un écosystème riche en biodiversité de nutriments et matières organiques, conséquence surtout de l’existence de vastes étendues de vasières couvertes d’herbiers marins, d’un important apport sédimentaire éolien d’origine continentale et de l’effet de l’upwelling permanent du Cap Blanc. Cette richesse assure le maintien d’un milieu marin et littoral suffisamment riche et diversifié pour entretenir d’importantes communautés de poissons, d’oiseaux et de mammifères marins. Critère (x) : Le Parc National du Banc d’Arguin constitue l’habitat le plus important de l’Atlantique occidental pour les oiseaux nicheurs de l’Afrique de l’Ouest et les échassiers migrateurs d’origine paléarctique. Les vastes étendues de vasières abritent plus de deux millions d’oiseaux limicoles migrateurs provenant du Nord de l’Europe, de la Sibérie et du Groenland. La population d’oiseaux nicheurs est aussi remarquable en termes de diversité et de nombre : entre 25 000 et 40 000 couples appartenant à 15 espèces d’oiseaux. La zone de hauts-fonds et ilots est aussi le siège d’une activité biologique intense : on y trouve 45 espèces de poissons, 11 espèces de crustacés et plusieurs espèces de mollusques. Le bien abrite aussi quelques espèces de tortues marines notamment la tortue verte (Chelonia mydas) sur la liste rouge de l'UICN des espèces menacées. Parmi les mammifères, il subsiste encore quelques populations reliques de gazelles dorcas (Gazella dorcas), Le grand dauphin et le dauphin à bosse de l'Atlantique sont fréquemment observés dans le bien. Intégrité La nature rectiligne des limites du bien suggère qu’elles n’ont pas été fixées sur des bases écologiques mais qu’elles correspondent plutôt à des besoins administratifs. La limite orientale s’étend à l’intérieur d’une zone de désert, par endroit jusqu’à 50 m, et constitue une large bande permettant de détourner des activités incompatibles avec la conservation du bien. Certaines modifications à la limite méridionale, afin d’exclure le village du cap Timiris et la base militaire, n’enlèveraient rien à la valeur du bien et pourraient éventuellement être envisagées. La limite marine forme, elle aussi, une ligne droite et traverse les hauts-fonds du bien par le milieu. Il serait particulièrement justifié que toute la zone de hauts-fonds soit englobée dans le bien. La réserve satellite de 200 ha, située au Cap Blanc constituant l’habitat de la colonie de phoques moines, pose des questions relatives à son intégrité. Premièrement, les limites de la réserve constituent l’habitat des 100 phoques moines répertoriés dans la région, les autres utilisant la zone nord connue sous le nom de Côte des Phoques. Cela implique que le critère d’intégrité exigeant un espace suffisant pour assurer la continuité de l’espèce n’est pas satisfait. Deuxièmement, il n’est pas possible d’étendre la réserve du Cap Blanc, au site de reproduction et à la nurserie de la Côte des Phoques, le statut de la frontière internationale de cette zone du Sahara occidental restant à déterminer. Pour cette raison, le Comité du patrimoine mondial a décidé d’inscrire le bien en excluant la réserve du Cap Blanc dont l’inscription ne pourrait être envisagée qu’après résolution de la question des limites et lorsque la partie de la Côte des Phoques pourrait être incluse. La principale menace pesant sur le bien est constituée par des projets susceptibles d’altérer les méthodes traditionnelles de pêche artisanale. L’introduction de nouvelles technologies et une augmentation des prises pourraient affecter et perturber gravement la vie avienne de la région.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Besoins en matière de protection et de gestion La protection du bien est régie par le statut de réserve protégée. Le bien dispose d’un plan de gestion. Les principales menaces pesant sur le bien sont liées principalement au développement non régulé des activités maritimes et des infrastructures littorales. Les activités de pêche ont augmenté considérablement, le matériel et les méthodes de pêche ont changé ainsi que les espèces ciblées. En conséquence, la protection des ressources marines, contre la surexploitation est essentielle. Pour minimiser le problème, il faudra mettre en œuvre un programme de surveillance des risques pour les ressources marines y compris la pêche commerciale illégale. Le risque de pollution par les hydrocarbures sur la route maritime internationale de l’Afrique de l’Ouest et les industries extractives pétrolières est aussi considérable. La planification d’urgence, pour faire face à la possibilité d’une marée noire, est nécessaire pour le bien et ses environs. Une autre dimension importante de la gestion du bien est la lutte contre le braconnage et l'exploitation du bois, à l'origine de la dégradation de la partie terrestre du bien. Comme pour la partie maritime du bien, il faudra mettre en place un programme de surveillance terrestre complet. Les impacts possibles du changement climatique devront aussi être étudiés.

Bien

Parc national de l’Ichkeul

Etat partie

Tunisie

Id. N°

8

Date d’inscription

1980

Brève synthèse Le lac Ichkeul est le dernier grand lac d’eau douce d’une chaîne qui s’étendait autrefois le long de l’Afrique du Nord. Caractérisé par un fonctionnement hydrologique très particulier basé sur une double alternance saisonnière de niveaux d’eau et de salinité, le lac et les marais qui l’entourent constituent un relais indispensable pour des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs qui viennent hiverner à l’Ichkeul. Critère (x) : Le Parc National de l’Ichkeul contient des habitats naturels importants en tant que site d’hivernage essentiel des oiseaux du paléarctique occidental. Chaque hiver, le bien accueille une densité exceptionnelle d’oiseaux d’eau avec des effectifs pouvant atteindre certaines années plus de 300.000 canards, oies et foulques présents au même moment. Parmi ces oiseaux, trois espèces dont la protection est d’intérêt mondial sont présentes : l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), le fuligule nyroca (Aythya nyroca) et la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris). De par la diversité de ses habitats, le bien abrite une faune et une flore très riches et diversifiées avec plus de 200 espèces animales et plus de 500 espèces végétales. Intégrité Les limites du bien englobent les trois types d’habitats caractéristiques du site, à savoir le jebel Ichkeul, le lac et les marais attenants et incluant également les processus du fonctionnement hydrologique naturel du système lac-marais et les processus biologiques et écologiques qui y sont associés. La construction proposée de trois barrages sur les cours d’eau qui alimentent la zone humide constitue une menace potentielle pour l’intégrité du bien. Si ces projets venaient à se réaliser, il serait fondamental que la salinité existante du lac soit maintenue. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien bénéficie d’une protection juridique stricte et d’un plan de gestion. Le fonctionnement écologique du système lac-marais est fortement contrôlé par les apports d’eau douce de l’amont et les échanges avec l’eau de mer en aval, eux-mêmes soumis à la forte variabilité naturelle intra- et interannuelle, caractéristique des climats méditerranéens. La gestion hydrique du système lac-marais est donc un élément primordial dans la gestion du bien. En 1996, le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril à cause des effets négatifs sur l’écosystème d’eau douce, suite à la construction des barrages. Le bien fut retiré de la Liste en péril en 2006, suite à l’amélioration de la situation, et la restauration de l’écosystème est en bonne voie. Les soucis essentiels consistent à gérer le bien de manière à contrôler l’impact sur l’écosystème des hivers moins pluvieux, à contrôler l’effet sur l’Ichkeul de l’accroissement de la demande d’eau en Tunisie en général, à restaurer complètement les marais et la ceinture de roseaux et, surtout, à reconstituer l’effectif d’oiseaux d’eau hivernants. La mise en œuvre d’un suivi scientifique régulier des principaux paramètres biotiques et abiotiques indicateurs de l’état de conservation des écosystèmes, et l’utilisation d’un modèle mathématique de prévision de leurs besoins en eau, sont essentiels pour compléter les dispositifs mis en place et aboutir à l’utilisation optimale de la ressource en eau en vue de la conservation des écosystèmes.

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WHC-10/34.COM/8E, p. 5

A.2 AFRIQUE Bien

Parc national de la Comoé

Etat partie

Côte d’Ivoire

Id. N°

227

Date d’inscription

1983

Brève synthèse Le Parc national de la Comoé, situé au nord-est de la Côte d’Ivoire avec une superficie de 1 149 450 ha, est une des zones protégées les plus vastes d'Afrique de l'Ouest. Il se distingue par la très grande diversité de sa végétation. Le fleuve Comoé, qui traverse le parc, explique en partie la présence de groupements végétaux usuellement rencontrés au sud, comme les savanes arbustives et des îlots de forêt dense humide. Le bien constitue ainsi un exemple exceptionnel d’habitat de transition entre la forêt et la savane. La variété d’habitats se traduit par une grande diversité des espèces animales. Critère (ix) : Le bien, du fait de sa situation géographique et de sa vaste superficie consacrée à la conservation des ressources naturelles, est une unité d’une importance particulière sur le plan écologique. Sa géomorphologie laisse entrevoir de grandes plaines avec de véritables gouttières creusées par le fleuve Comoé et ses affluents (Bavé, Iringou, Kongo), permettant la remontée vers le nord d’une végétation ombrophile, favorisant la présence d’espèces animales de la zone forestière. Le bien héberge également des intrusions de roches vertes alignées du nord au sud, surmontées de barres rocheuses qui forment dans le centre et le nord des massifs isolés et de petites chaines de cinq cents à six cents mètres d’altitude. Le Parc national de la Comoé renferme une variété remarquable d’habitats, notamment des savanes, des savanes boisées, des forêts-galeries, des forêts fluviales et des herbages littoraux qui constituent un exemple exceptionnel d’habitats de transition entre la forêt et la savane. Le bien est, à ce jour, l’un des rares sanctuaires de la variété d’espèces biologiques ouest-africaines. Critère (x) : Du fait de sa situation phytogéographique et du passage du fleuve Comoé sur une longueur de 230 kilomètres, le Parc national de la Comoé regorge d’une grande variété d’espèces animales et végétales. Cette situation fait, en effet, du bien une zone où s’interpénètrent les aires de répartition de nombreuses espèces végétales et animales ouest-africaines. Le bien abrite environ 620 espèces végétales, 135 espèces de mammifères (dont 11 pour les primates, 11 pour les carnivores et 21 pour les artiodactyles), 35 espèces d’amphibiens et 500 espèces d’oiseaux (dont un peu moins de 20% sont des migrateurs intra-africains et environs 5% des migrateurs paléarctiques). Parmi les oiseaux, plusieurs espèces dont la protection est d’intérêt mondial sont présentes. Il s’agit de l’Outarde de Denham (Neotis denhami), du Calao à casque jaune (Ceratogymna elata) et du Calao à joues brunes (Bycanistes cylindricus). Le bien abrite aussi 36 des 38 espèces du biome de la savane soudano-guinéenne recensées dans le pays ainsi que des populations résidentes d’espèces devenues rares en Afrique de l’Ouest, à l’image du Jabiru Ephippiorhynchus senegalensis. Les différentes eaux de fleuve Comoé et de ses affluents sont l’habitat de 60 espèces de poissons. Chez les reptiles, 3 espèces de crocodiles présentes à l'intérieur du bien-dont le crocodile nain (Osteolaemus tetraspis) - sont sur la Liste rouge de l'UICN. Le bien abrite également trois autres espèces menacées que sont le Chimpanzé, le lycaon Lycaon pictus, l’éléphant Loxodonta africana africana, le lion Panthera leo. Intégrité Le Parc national de la Comoé est l’une des rares zones en Afrique de l’Ouest qui ont conservé leur intégrité écologique. Le bien est suffisamment étendu pour garantir l’intégrité écologique des espèces qu’il contient, à condition toutefois de mettre un frein au braconnage. Les limites ont été clairement matérialisées et tracées de manière à inclure des bassins-versants entiers ou des écosystèmes dans leur totalité. Toutefois, si les limites étaient étendues aux monts Gorowi et Kongoli, l’intérêt écologique du bien s’en trouverait grandement accru, car celui-ci pourrait fournir aux éléphants un habitat tout particulièrement approprié et permettrait également de protéger d’autres espèces importantes. Pour cette raison, le Comité du patrimoine mondial a recommandé à l'État partie d’agrandir la partie du Parc située au sud-ouest de manière à inclure les monts Gorowi et Kongoli. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2003 à cause des impacts des troubles civils ; le déclin des populations de grands mammifères dû au braconnage croissant et incontrôlé et l’absence de mécanismes de gestion efficaces. La protection du bien est régie par plusieurs lois nationales. Les principaux défis de gestion sont la lutte contre le braconnage, l’occupation humaine, la pression de l’agriculture et l’insuffisance du contrôle de gestion et de l’accès. Pour minimiser ces problèmes, il faudra mettre en place un système efficace de surveillance du bien et des dispositions de gestion participative avec les communautés locales afin de réduire les pressions et les impacts associés à la gestion de zones périphériques. Ces mesures devront se traduire par la prise en main totale du bien par la structure de gestion. Une stratégie de financement durable est aussi indispensable pour garantir les ressources humaines et financières nécessaires à la gestion à long terme du bien. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Bien

Parc national du Simien

Etat partie

Ethiopie

Id. N°

9

Date d’inscription

1978

Brève synthèse Le parc national du Simien, situé dans le nord de l’Éthiopie, est un paysage spectaculaire, où l’érosion massive survenue au cours de millions d’années a formé des pics accidentés, de profondes vallées et des précipices atteignant jusqu’à 1500 m de profondeur. Le parc est d’une importance mondiale pour la conservation de la biodiversité car il est le refuge d’espèces menacées, notamment Walia ibex, une chèvre des montagnes que l’on ne trouve nulle part ailleurs, le babouin gelada et le loup d’Éthiopie. Critère (vii) : Le paysage spectaculaire du bien fait partie du massif montagneux du Simien qui se trouve à la frontière nord du grand plateau éthiopien et comprend le plus haut sommet d’Éthiopie, Ras Dejen. Le plateau vallonné des montagnes du Simien qui subit des phénomènes d’érosion depuis des millions d’années est sillonné de falaises à pic et de profondes gorges d’une beauté naturelle exceptionnelle. Certaines falaises atteignent 1500 m de haut et la falaise nord s’étend sur près de 35 km. Les montagnes sont séparées par des vallées profondes au nord, à l’est et au sud et offrent de vastes panoramas sur les vallées creusées de canyons accidentés. Le panorama spectaculaire qu’offrent les montagnes du Simien est considéré comme rival du Grand Canyon du Colorado. Critère (x) : Le bien est d’une importance exceptionnelle pour la conservation de la biodiversité. Il fait partie du Centre de diversité pour les plantes afro-alpines, il est un point névralgique de la biodiversité afro-montagnarde orientale et il abrite de nombreuses espèces menacées. La région des falaises du parc est le principal habitat de l’espèce menacée du Walia ibex (Capra walie), bouquetin d’Abyssinie qui est endémique des montagnes du Simien. Parmi les espèces endémiques des montagnes éthiopiennes et dépendant des landes et des herbages afro-alpins se trouvent le loup d’Éthiopie (Canis simensis), considéré comme l’espèce de canidé la plus rare au monde, et le babouin gelada (Theropithecus gelada). D’autres espèces de grands mammifères comprennent le babouin Anubis, le babouin Hamadryas, l’antilope oréotrague et le chacal doré (canis aureus). Le parc est aussi une importante réserve d’oiseaux endémiques des plateaux éthiopiens. Au total, le parc abrite plus de 20 espèces de grands mammifères et plus de 130 espèces d’oiseaux. Les montagnes recèlent 5 espèces de petits mammifères et 16 espèces endémiques de l’Érythrée et / ou de l’Éthiopie ainsi qu’une importante population du rare gypaète barbu (gypaetus barbatus), une espèce spectaculaire de vautour. La richesse du parc en espèces et habitats résulte de la grande diversité des conditions - altitude, topographie et climat - des écosystèmes afro-alpins et afro-montagnards. Intégrité Le bien était situé dans une zone habitée par les hommes et, au moment de l’inscription, 80% du parc était utilisé par l’homme d’une manière ou d’un autre. Les menaces pesant sur l’intégrité du parc sont l’installation humaine, les cultures et l’érosion des sols, en particulier autour du village de Gich ; les incendies fréquents dans les forêts de bruyères ; l’importance excessive du bétail et des animaux d’élevage. Les activités agricoles et pastorales, y compris les cultures sur des superficies importantes du bien et le pacage d’une population importantes d’animaux d’élevage ont sévèrement affecté les valeurs naturelles du bien, notamment l’habitat fragile du Walia ibex et du loup d’Éthiopie. Les limites du bien comprennent des zones clés essentielles pour conserver les valeurs scéniques du bien. Toutefois, elles n’englobent pas toutes les zones nécessaires pour préserver et améliorer les populations de Walia ibex et de loups d’Éthiopie. Une proposition de révision et d’extension des limites du parc a été formulée dans l’inscription d’origine. Tandis que la présence humaine menace l’intégrité du bien inscrit à l’origine, les deux extensions proposées du parc national (les réserves de Masarerya et de Limalimo ainsi que les secteurs de Ras Dejen et de Silki-Kidis Yared) et les corridors qui les relient ne sont ni habités ni cultivés et sont peuplés des principales espèces qui sont au cœur de la valeur universelle exceptionnelle du bien. Plusieurs évaluations ont considéré qu’une extension du bien jusqu’aux limites du parc national et qui inclurait des zones faiblement peuplées est une nécessité pour conserver la valeur universelle exceptionnelle. Besoins en matière de protection et de gestion Le parc national a été établi en 1969 et est reconnu et protégé dans le cadre de la législation nationale sur les zones protégées. Le bien requiert une gestion et un entretien efficaces ainsi qu’une augmentation des effectifs et du niveau de leur formation. Les tâches principales de gestion du parc sont la protection efficace des espèces les plus rares et une coopération étroite avec les communautés locales afin de réduire la pression qu’exercent sur les ressources du parc l’extension des cultures, le bétail trop nombreux et la surexploitation des ressources naturelles. Le niveau des pressions exercées

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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sur le bien est susceptible d’augmenter en raison du changement climatique. Un soutien financier important est nécessaire pour la gestion du parc et le développement de revenus alternatifs pour les communautés locales. Il est essentiel de développer et de mettre en œuvre un plan de gestion et d’en effectuer le suivi, ainsi que de réviser et d’étendre les limites du parc, avec la pleine participation des communautés locales. Le partenariat avec la communauté est particulièrement important afin de réduire la dépendance de cette dernière à l’égard d’une utilisation non durable des ressources du parc national ainsi que de développer des modes de vie durables. Un financement approprié pour aider au relogement des populations vivant dans l’emprise du bien, sur une base entièrement volontaire, mais aussi pour introduire une gestion efficace du pacage dans le bien, est essentiel pour réduire les pressions extrêmes exercées sur la faune et la flore du bien. Améliorer et développer les équipements pour l’écotourisme, sans affecter les valeurs naturelles et la beauté scénique du parc permettra de dégager des revenus supplémentaires pour le bien. Une éducation à l’environnement et des programmes de formation sont également nécessaires pour soutenir les communautés qui vivent dans le parc et dans ses environs ainsi que pour encourager leur soutien et leur participation à la gestion du bien afin de garantir le maintien de sa valeur universelle exceptionnelle. Bien

Parc national du lac Malawi

Etat partie

Malawi

Id. N°

289

Date d’inscription

1984

Brève synthèse Situé au sud de l'immense lac Malawi, le bien revêt une importance universelle pour la conservation de la biodiversité, en particulier en raison de la diversité de ses poissons. Enchâssé dans une crevasse profonde de l’ouest de la vallée du Rift, le lac Malawi est l’un des plus profonds du monde. Le bien est une aire de beauté naturelle exceptionnelle dont les paysages accidentés environnants contrastent avec les eaux remarquablement claires du lac. Le bien abrite des centaines d’espèces de cichlidés, dont la plupart sont endémiques au lac Malawi, qui sont appelés localement des “mbuna”. Ces poissons présentent un exemple important de l’évolution biologique. En raison de son isolement par rapport à d’autres étendues d’eau, les poissons du lac Malawi ont développé une radiation adaptive et une spéciation remarquables et sont un exemple exceptionnel de processus écologique. Critère (vii) : Le bien est une aire de beauté naturelle exceptionnelle avec ses îles et ses eaux claires et, en arrière-plan, l’escarpement de la vallée du Grand Rift. Les types d’habitats sont variés : côtes rocheuses, plages sablonneuses, collines boisées, marais et lagunes. Des collines granitiques élèvent leurs pentes abruptes sur les bords du lac qui présente des baies sablonneuses. Critère (ix) : Le bien est un exemple exceptionnel d’évolution biologique. La radiation adaptive et la spéciation sont particulièrement remarquables chez les tilapias cichlidés, petits poissons de roche aux couleurs vives appelés localement mbuna. A l’exception de 5 des 350 espèces, les mbuna sont endémiques au lac Malawi et représentés dans la réserve. Les cichlidés du lac Malawi présentent pour la science un intérêt comparable à celui des pinsons des îles Galapagos remarqués par Charles Darwin ou le drépanidinés d’Hawaii. Critère (x) : Le lac Malawi présente une importance universelle pour la préservation de la biodiversité en raison de la diversité remarquable de ses poissons d’eau douce. Le bien est considéré comme une province bio-géographique distincte, abritant jusqu’à environ 1000 espèces de poissons, dont la moitié n’existe que dans ce site. Le lac Malawi contient un nombre d’espèces de poissons supérieur à tous les lacs du monde. L’endémisme est très élevé : les 350 espèces de cichlidés, dont toutes sauf 5 sont endémiques, sont d’une importance remarquable. Le lac contient 30% de toutes les espèces de cichlidés connues dans le monde. Le bien abrite également une riche faune de mammifère, d’oiseaux et de reptiles. Intégrité 2 2 Les dimensions du bien sont suffisamment grandes (94,1 km , dont 7 km de zone aquatique) pour représenter adéquatement les caractéristiques et les processus aquatiques qui sont nécessaires pour la conservation à long terme de la riche biodiversité du lac et de sa beauté naturelle exceptionnelle. La zone aquatique du parc national protège les éléments les plus importants de la biodiversité du lac. Elle protège aussi tous les grands types de végétations aquatiques et des sites importants de reproduction des cichlidés. De nombreuses autres espèces de poissons du lac Malawi ne sont toutefois pas protégées en raison de la taille limitée du parc par rapport à la surface totale du lac. Par conséquent, au moment de l’inscription, le Comité du patrimoine mondial a recommandé que la zone du parc soit étendue. L’intégrité à long terme du bien dépend largement de la conservation globale et de la gestion

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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du lac qui sont placées sous la juridiction de trois États souverains, à savoir le Malawi, la Tanzanie et le Mozambique. Besoins en matière de protection et de gestion Le parc national du Malawi est protégé par la législation nationale et les ressources du parc sont gérées et contrôlées par le Département des parcs nationaux et de la faune et la flore. Le parc dispose d’un plan de gestion et également d’un plan de gestion stratégique du tourisme qui décrit le développement du tourisme pour le site. L’utilisation des ressources du parc est limitée afin de lutter contre le prélèvement illégal de ressources. Cinq villages sont inclus dans des enclaves à l’intérieur du bien. La population locale dépend de la pêche pour vivre, car le sol est pauvre et les récoltes maigres et irrégulières. Tandis que les habitats terrestres et aquatiques du bien sont encore en bon état, les besoins en planification de la gestion se font sentir pour traiter plus efficacement les menaces pesant sur le bien : croissance rapide de la population, impact de la collecte du bois de chauffage, pêche illégale et sites de débarquement surpeuplés. La priorité de la politique de gestion est l’entretien de l’écosystème du lac qui tienne compte des besoins de la population locale par des programmes de gestion collaborative. L’application de la politique de la faune et de la flore qui demande à l’autorité de gestion de parc de travailler en collaboration avec les communautés locales dans les limites du parc et aux alentours et de partager les responsabilités et les bénéfices dégagés par la gestion du parc est importante pour permettre la mise en œuvre d’une gestion efficace. Les menaces potentielles dues à des espèces de poissons introduites qui pourraient entraîner le déplacement des espèces endémiques, à la pollution causée par les bateaux et à l’envasement dû au limon provenant des collines dénudées doivent être réduites et requièrent un suivi étroit. La collaboration avec les gouvernements de Tanzanie et du Mozambique doit être maintenue et renforcée pour la protection et la gestion à long terme de l’écosystème du lac. Il convient d’envisager les possibilités d’extension du bien. Bien

Réserves naturelles de l’Aïr et du Ténéré

Etat partie

Niger

Id. N°

573

Date d’inscription

1991

Brève synthèse: La réserve de l’Aïr et du Ténéré est une des plus grandes aires protégées d'Afrique, avec 7,736,000 hectares. Elle est le dernier bastion de faune Saharo Sahélienne au Niger. Elle comprend deux zones principales : le massif montagneux de l’Aïr qui atteint 2000 mètres d’altitude et la vaste plaine du désert du Ténéré. L’Aïr présente, au sein d’un environnement désertique, un îlot de végétation sahélienne avec des composantes soudaniennes et des composantes saharo méditerranéennes. Critère (vii) : L’Aïr constitue un îlot de type sahélien isolé dans un environnement désertique saharien. Il constitue de ce fait un ensemble d’écosystèmes relictuels remarquable allié à des paysages de montagnes et de plaines d’un intérêt et d’une valeur esthétique exceptionnels. Les dunes vives du Ténéré modifient rapidement le paysage par déplacement et dépôt de sable. La région contient des montagnes de marbres bleus qui présentent un intérêt esthétique particulier. Critère (ix) : La réserve de l’Aïr et du Ténéré est le dernier bastion de faune Saharo Sahélienne au Niger. L’isolement dans lequel se trouve l’Aïr et la présence peu marquée de l’homme font que de nombreuses espèces sauvages éliminées dans d’autres régions du Sahara et du Sahel survivent ici. Le bien contient une grande diversité d’habitats (dunes vives, dunes fixées, regs sableux, vallées falaises, canyons, plateaux sommitaux, gueltas etc.) nécessaires pour la conservation de la diversité biologique Saharo sahélienne. Critère (x) : Le bien contient des habitats naturels importants pour la survie de trois antilopes du désert du Sahara sur la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées : la gazelle dorcas (Gazella dorcas dorcas) ; la gazelle leptocère (Gazella leptoceros) ; et l’addax (Addax nasomaculatus). Environ un sixième de la réserve bénéficie du statut de sanctuaire pour la protection de l’addax. Le bien contient d’importantes populations d’espèces d’ongulés du Sahara et d’espèces de carnivores tels que le fennec, le renard de rüppell et le guépard. Le massif de l'Aïr constitue également une zone de transit pour un grand nombre d'oiseaux migrateurs afrotropicaux et paléarctiques. En total, 40 espèces de mammifères, 165 espèces d’oiseaux, 18 espèces de reptiles et une espèce d’amphibien ont étés identifiées dans la Réserve. Au niveau de la flore, on trouve dans la steppe les espèces Acacia ehrenbergiana, Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca, Maerua crassifolia, et au sol les espèces Panicum turgidum et Stipagrostis vulnerans. Dans les vallées les plus importantes, où les stocks d'eau dans les réservoirs alluviaux sont conséquents, un habitat très spécifique se développe associant une strate ligneuse dense avec des palmiers doum, des palmiers dattiers, Acacia nilotica, Acacia raddiana, Boscia senegalensis, Salvadora persica, et un tapis herbacé avec entre autres Stipagrostis vulnerans.

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WHC-10/34.COM/8E, p. 9

Intégrité Le bien est une des plus grandes aires protégées d'Afrique avec une superficie de 7.736.000 ha. Sa partie centrale (1.280.500ha) est classée réserve intégrale (sanctuaire des Addax). Les espèces du désert étant présentes en très faible densité, ces dimensions sont essentielles à leur survie. Dans les limites des monts de l’Aïr et du désert du Ténéré, les limites sont marquées à tous les points d´accès principaux. Une extension au sud-ouest, pour inclure un site utile à la faune dans certaines conditions de pluviosité et pour tenir compte de la migration de l’addax au sud-est vers la région du mont Termit, serait envisagée. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1992 à cause d’instabilité politique et dissensions entre les populations. Le bien bénéficie d’une protection légale et d’une gestion satisfaisante, soutenues par les appuis techniques et financiers de l’Etat et des partenaires au développement. Il ne dispose pas d’un plan de gestion. La chasse et l’exploitation des produits ligneux sont interdites dans la réserve ; de même l’accès au sanctuaire des addax est strictement interdit. Le braconnage et le pâturage abusif sont les principales menaces auxquelles est confronté le bien. Ces menaces connaissent un début de solution avec les activités de surveillance et de sensibilisation, mais beaucoup reste encore à faire pour les combattre définitivement. Pour minimiser ces problèmes, il faudra renforcer la présence physique des autorités de gestion dans la réserve, clarifier les droits respectifs d’utilisation du sol et d’accès aux ressources des populations locales, améliorer le suivi et la surveillance du bien pour s’attaquer aux problèmes de braconnage et d’extraction illégale des ressources naturelles et mettre fin aux activités commerciales de ramassage du bois et de la chaume sur le bien. La gestion durable et la conservation de ce bien nécessitent le renforcement de l’appui financier et technique de la part de l’Etat et des partenaires au développement, en vue de l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion du site, La mise en œuvre effective du cadre de concertation inter-communal, et de l’accord de cogestion des ressources naturelles du bien entre l’Etat et les communes concernées. Bien

Parc national du W du Niger

Etat partie

Niger

Id. N°

749

Date d’inscription

1996

Brève synthèse Le parc National du W du Niger.se trouve dans un secteur de transition entre savanes et forêts claires et représente une partie de l'écosystème caractéristique et important de la région biogéographique de forêts claires/savanes d'Afrique de l'Ouest. Le bien reflète l’interaction entre les ressources naturelles et l’homme, entretenu depuis le néolithique, ce qui a contribué à produire des formations végétales et des paysages représentatifs pour l’évolution de la biodiversité dans le biome soudano- sahélien. Critère (ix) : Le parc W possède des ressources hydrologiques importantes qui ont favorisé la présence d’une avifaune intéressante qui continue à évoluer. Les paysages du parc sont très diversifiés. Ils comprennent des écosystèmes aquatiques (fleuves, rivières, mares) et terrestres où alternent des pelouses herbacées, brousses arbustives et forêts galeries. Critère (x) : Le bien présente une biodiversité assez riche composée essentiellement de 350 espèces d’oiseaux, 114 espèces de poissons (représentatifs de la faune du fleuve Niger), plusieurs espèces de reptiles et de mammifères et 500 espèces végétales. Parmi les espèces de mammifères, le bien abrite des espèces menacées comme le lycaon (Lycaon pictus), le guépard (Acinonyx jubatus), l’éléphant (Loxodonta africana), le lamantin (Trichechus senegalensis) et la gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons). Intégrité Avec une superficie assez importante (220.000 ha), le parc est assez étendu et contient la totalité des éléments d’habitat indispensables à la survie de populations viables d’espèces. Le milieu naturel du parc présente un accroissement de sa productivité primaire, une expansion démographique des populations de grands mammifères et une augmentation notable de sa diversité biologique (réapparition de plusieurs espèces disparues de la grande faune). Pour renforcer la conservation de sa riche diversité biologique, notamment son intéressante avifaune et les nouvelles espèces régulièrement signalées, le parc W a été doté de deux zones tampons: la réserve totale de faune de Tamou et la réserve partielle de faune de Dosso.

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WHC-10/34.COM/8E, p. 10

Besoins en matière de protection et de gestion Le bien jouit d’une protection légale à travers les lois nationales et bénéficie du soutien financier et technique de l’Etat et de quelques partenaires au développement. Il dispose aussi d’un plan d’aménagement et de gestion. Bien que les limites du bien soient clairement définies et limitées, il connaît cependant des menaces telles que le braconnage, le pâturage illégal et l’extension des terres agricoles. Des mesures adéquates doivent être prises pour lutter contre ces menaces. Pour assurer une gestion durable et la conservation de ce bien, une stratégie de financement durable est aussi indispensable, pour garantir les ressources humaines et financières nécessaires et surtout pour mettre en œuvre de manière effective le plan d’aménagement et de gestion et l’accord tripartite (Bénin, Burkina Faso, Niger) relatif au complexe W. Il est nécessaire de renforcer la coopération avec les pays voisins en vue d’une possible extension transfrontalière du bien. Bien

Réserve de faune à okapis

Etat partie

République démocratique du Congo

Id. N°

718

Date d’inscription

1996

Brève synthèse La Réserve de Faune à Okapis possède une flore d’une exceptionnelle diversité et abrite de nombreuses espèces endémiques et menacées, dont 1/6ème de la population existante d’okapis. La Réserve protège 1/5ème de la forêt d’Ituri, un refuge pléistocène dominé par une forêt dense sempervirente de « Mbau » et par une forêt humide semi-sempervirente qui s’entremêle avec des forêts marécageuses qui poussent le long des cours d’eau, avec des clairières localement appelées « edos » et des inselbergs. Critère (x) : Sa localisation biogéographique, ses biotopes exceptionnellement riches et la présence de nombreuses espèces rares ou absentes des forêts de basse altitude adjacentes, suggèrent que la forêt d’Ituri a vraisemblablement servi, au cours des périodes climatiques antérieures plus sèches, de refuge pour la forêt tropicale humide. Au nord de la Réserve, des inselbergs granitiques abritent une flore particulière spécialement adaptée à ce microclimat, caractérisée par de nombreuses espèces endémiques telles que le Cycade géant (Encepholarcus ituriensis). La Réserve compte 101 espèces de mammifères et 376 espèces d’oiseaux répertoriées. La population de l’espèce endémique Okapi (Okapia johnstoni), une girafe de forêt, est estimée à 5 000 individus. Parmi les autres mammifères endémiques à la forêt nord-est de la RDC identifiés dans la Réserve, se trouvent également la genette aquatique (Osbornictis piscivora) et la genette géante (Genetta victoriae). La Réserve abrite 17 espèces de primates (dont 13 diurnes et 4 nocturnes), le nombre le plus élevé pour une forêt africaine, dont 7 500 chimpanzés (Pan troglodytes). La Réserve compte également l’une des populations d’ongulés de forêts les plus variées avec 14 espèces dont 6 espèces de céphalophes. Elle abrite la plus importante population d’éléphants de forêt (Loxodonta africana cyclotis) encore présente à l’est de la RDC, estimée à 7 500 individus, et elle est importante pour la conservation d’autres espèces de forêt comme le bongo (Tragelaphus eurycerus), l’antilope naine (Neotragus batesi), le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus), le buffle de forêt (Syncerus caffer nanus) et l’hylochère (Hylochoerus meinertzhageni). Elle est également répertoriée comme l’une des aires protégées les plus importantes d’Afrique pour la conservation des oiseaux avec la présence de nombreuses espèces emblématiques comme le paon du Congo (Afropavo congensis), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’est de la RDC. Intégrité Les forêts de la Réserve comptent parmi les plus préservées de l’est du Bassin du Congo, et sa superficie est considérée comme suffisante pour maintenir sa faune. La Réserve fait partie d’un plus grand paysage forestier, celui de l’Ituri, qui reste peu touché par l’exploitation forestière et agricole. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien est protégé par un statut de Réserve de faune. La Réserve abrite une importante population autochtone, les pygmées Mbuti et Efe, pour laquelle l’écosystème forestier est essentielle économiquement et culturellement. Un plan de gestion comportant trois zones de gestion à l’intérieur de la Réserve a été proposé. Cela inclut une zone intégralement protégée de 282.000 ha, comprenant 20% de la Réserve où toute chasse est prohibée et une zone à usage traditionnel de 950.000 ha, dans laquelle une chasse autogérée faisant appel à des méthodes traditionnelles est autorisée pour couvrir les besoins élémentaires des populations humaines de la Réserve en produits forestiers. Les installations permanentes et les défrichages agricoles sont autorisés dans une zone d’implantation de 18.000 ha Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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qui comprend une étroite bande de chaque côté de la route nationale 4, qui traverse le secteur central de la Réserve, et le long d’une autre route secondaire qui relie Mambasa à Mungbere, à l’extrême est du bien. Il est prévu que la zone intégralement protégée soit déclarée parc national. Une zone-tampon de 50 km de large a été définie tout autour de la Réserve. Contrôler l’immigration dans la zone d’implantation, circonscrire les empiètements agricoles à l’intérieur de la zone de 10 km de large située le long de la route et s’assurer de l’implication des populations autochtones, pygmées Mbuti et Efe, dans la gestion de la Réserve seront les enjeux majeurs de la gestion de cette Réserve. Un autre enjeu clé de la gestion concerne le contrôle du braconnage commercial et de l’exploitation minière artisanale. Alors que la Réserve bénéficie de l’appui de diverses ONG et de financements supplémentaires, il devient impératif d’obtenir des ressources humaines et logistiques afin d’assurer la gestion efficace du bien et de sa zone-tampon. Bien

Réserve de gibier de Selous

Etat partie

République-Unie de Tanzanie

Id. N°

199

Date d’inscription

1982

Brève synthèse 2 La Réserve de gibier de Selous, d’une superficie de 50 000 km , est l’une des plus grandes zones protégées d’Afrique, relativement peu perturbée par le contact avec l’homme. Le bien possède l’une des plus importantes concentrations d’éléphants, rhinocéros noirs, guépards, girafes, hippopotames et crocodiles, parmi de nombreuses autres espèces. La réserve possède aussi une diversité d’habitats exceptionnellement importante composée de forêts claires (Miombo), de prairies ouvertes, de forêts riveraines et de marais, qui en font un riche laboratoire d’observation des processus écologiques et biologiques en cours. Critère (ix) : La Réserve de gibier de Selous est l’une des plus vastes zones sauvages restantes en Afrique, avec des processus biologiques et écologiques relativement peu perturbée, notamment une faune et une flore diversifiées et des relations entre proies et prédateurs significatives. Le bien recèle une grande diversité de types de végétation, notamment des collines rocheuses couvertes d’acacias, des forêts riveraines et de suintement, des marais et des forêts pluviales de plaine. La végétation prédominante de la réserve est la forêt claire d’arbres à feuilles caduques (Miombo) et le bien constitue un exemple important de ce type de végétation à l’échelle du globe. Du fait de sa végétation à climax pyrophytique, les sols sont sujets à l’érosion en cas de fortes pluies. Il en résulte un réseau de rivières sèches de sable qui se transforment en torrents violents pendant les pluies ; ces rivières de sables sont l’une des caractéristiques les plus originales du paysage de Selous. De grandes sections de prairies boisées du nord de Selous sont inondées, selon les saisons, par le débordement du fleuve Rufiji, créant un écosystème très dynamique. Critère (x) : La réserve possède une densité et une diversité d’espèces plus importante que les autres zones de forêts claires Miombo : plus de 2100 plantes ont été répertoriées et on estime qu’il y en a davantage dans les forêts reculées dans le sud. De même, le bien protège une impressionnante faune de mammifères ; il abrite des populations importantes d’éléphants de savane d’Afrique (Loxodontha africana) (106 300 individus), de rhinocéros noirs (Diceros bicornis) (2 135) et de chiens sauvages (Lycaon pictus). Il possède aussi la plus grande population au monde d’hippopotames (Hippopotamus amphibius) (18 200) et de buffles (Syncerus caffer) (204 015). Il y a aussi d’importantes populations d’ongulés, dont l’hippotrague noir (Hippotragus niger) (7000), le bubale de Lichtenstein (Alcelaphus lichtensteinii) (52 150), le grand koudou (Tragelaphus strepsiceros), l’éland (Taurotragus oryx) et le gnou (Connochaetes albojubatus) (80 815). De plus, il y a un grand nombre de crocodiles du Nil (Crocodilus niloticus) et 350 espèces d’oiseaux, notamment l’endémique xénoperdrix de Tanzanie (Xenoperdix udzungwensis) et le Souimanga à ailes rousses (Nectarinia rufipennis). En raison de cette forte densité et diversité des espèces, la Réserve de gibier de Selous est un habitat naturel d’une importance exceptionnelle pour la conservation in-situ de la diversité biologique. Intégrité Avec ses vastes dimensions (5 120 000 ha), la Réserve de gibier de Selous conserve des processus biologiques et écologiques relativement intacts qui permettent la vie d’une grande variété d’espèces et d’habitats. L’intégrité du bien est renforcée par le fait que la réserve est incluse dans le vaste 2 écosystème de Selous, d’une superficie de 90 000 km , qui comprend des parcs nationaux, des réserves forestières et des zones de vie sauvage gérées par les communautés. De plus, le fait que la 2 Réserve de gibier de Selous est liée fonctionnellement à la Réserve de gibier de Niassa (42 000 km ) au Mozambique constitue un autre facteur important pour le maintien de son intégrité. Sans habitations permanentes à l’intérieur de ses limites, l’impact de l’homme est faible.

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WHC-10/34.COM/8E, p. 12

Besoins en matière de protection et de gestion La Réserve de gibier de Selous dispose d’une protection juridique appropriée. Un plan de gestion a été élaboré. Le bien est géré en tant que réserve de gibier, avec une petite partie (8%) dans le nord consacrée au tourisme photographique, tandis que la plus grande partie du bien est gérée comme une réserve de chasse. Tant que des quotas sont établis et contrôlés d'une manière scientifique, le niveau de prélèvement ne devrait pas affecter les populations de la faune et, en fait, devrait générer des revenus substantiels qui doivent être mis à disposition pour la gestion de la réserve, afin que le système soit durable. Une stratégie touristique détaillée pour la réserve doit être élaborée, en accord avec les principes mis en avant par le plan de gestion. Le revenu généré par ces activités doit être retenu pour la gestion de la réserve afin de pérenniser le système. Les très grandes dimensions de la réserve présentent d’importants défis de gestion en termes de niveaux requis des ressources humaines et des budgets. Les principaux enjeux de gestion à traiter sont : lutte contre le braconnage, en particulier celui des éléphants et des rhinocéros noirs ; assurance que les communautés locales soient suffisamment bénéficiaires de la gestion des aires de la faune et de la flore, et par l’amélioration de la gestion de la chasse et du tourisme photographique. Des systèmes de surveillance et de suivi écologique sont nécessaires pour assurer une meilleure base scientifique et technique pour la gestion des ressources naturelles du bien, ainsi que pour améliorer la compréhension de l’impact et des avantages du tourisme de consommation et de non-consommation. Les menaces les plus importantes sont liées à l’exploration et à l’extraction des minerais, du pétrole et du gaz et aux programmes d’implantation de grandes infrastructures. Des évaluations d’impact environnemental doivent être réalisées pour toutes les activités de développement au voisinage du bien qui sont susceptibles d’avoir un impact sur sa valeur universelle exceptionnelle. L’intégrité du site à long terme bénéficierait du renforcement de la gestion entretenant la réserve dans le cadre d’un écosystème de Selous plus vaste, et de prises de mesures nécessaires pour le maintien de son lien fonctionnel à la Réserve de gibier de Niassa au Mozambique. Bien

Parc national du Kilimandjaro

Etat partie

République-Unie de Tanzanie

Id. N°

403

Date d’inscription

1987

Brève synthèse Le Parc national du Kilimandjaro, d’une superficie d’environ 75 575 ha, abrite le plus grand massif volcanique isolé du monde et la plus haute montagne d’Afrique, qui élève ses 4 8777 m au-dessus des plaines avoisinantes pour atteindre 5 895 m à son sommet. Avec sa cime enneigée, le Kilimandjaro constitue un phénomène naturel exceptionnel par sa situation isolée au-dessus des plaines voisines donnant sur la savane. Critère (vii) : Mont Kilimandjaro est l’un des plus grands volcans du monde. Il comporte trois principaux pics volcaniques – le Kibo, le Mawenzi et le Shira. Avec son sommet enneigé et ses glaciers, c’est la plus haute montagne d’Afrique. Ses pentes présentent cinq zones de végétation : basses plaines, forêt de montagne, lande d’altitude, désert alpin et sommet. Toute la montagne, y compris la ceinture de forêt de montagne, abrite de nombreuses espèces, en particulier des mammifères, dont beaucoup d’espèces menacées. C’est pour toutes ces caractéristiques, mais surtout pour son altitude, sa forme physique, sa cime enneigée et son isolement dominant les plaines des alentours que le Mont Kilimandjaro est considéré comme un exemple exceptionnel de phénomène naturel remarquable. Intégrité Le Parc national du Kilimandjaro, créé en 1973, comprenait initialement la totalité de la montagne audessus de la ligne de la forêt, et six couloirs forestiers descendant à travers la ceinture de forêt de montagne. Au moment de l’inscription en 1987, les pressions les plus fortes concernaient surtout la Réserve forestière qui servait de zone tampon au Parc. Le Comité du patrimoine mondial a recommandé d’étendre le Parc national pour inclure davantage de forêt de montagne. Depuis l’extension de 2005, le Parc national comprend l’ensemble de la forêt de montagne au-dessus de la ligne de la forêt, ainsi que la forêt naturelle (forêt de montagne) qui faisait partie de la Réserve forestière du Kilimandjaro, et qui répond donc aux critères d’intégrité. Il est important que les limites du bien tiennent compte de l’extension du Parc national. La faune sauvage du bien est un élément important de l’expérience du Kilimandjaro, quoique le bien n’ait pas été inscrit selon des critères de biodiversité. Lors de l’inscription, on a signalé des pressions sur les éléphants, les buffles et les antilopes, et l’abattage illégal de bois dans la Réserve forestière comme des problèmes menaçant l’intégrité du bien. Le Parc est relié au Parc national d’Amboseli, mais par contre les couloirs vers le Parc national d’Arusha et le Parc national de Tsavo ont fait l’objet d’incursions qui ont une incidence sur les migrations de faune sauvage.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 13

Besoins en matière de protection et de gestion Le Parc national du Kilimandjaro est protégé par la législation nationale en tant que Parc national, et doté d’un plan de gestion. Le bien exige une organisation efficace et d’encadrement, et notamment une présence suffisante de gardes-forestiers bien équipés pour pouvoir exercer une surveillance et mettre en œuvre le plan de gestion. Un aspect essentiel de cette gestion est de maintenir la qualité esthétique du bien, en tant que site naturel spectaculaire. La protection de son intégrité visuelle et le renforcement de son intégrité naturelle constituent deux volets essentiels de la gestion. Il convient aussi de protéger les principales perspectives visuelles sur le bien, y compris depuis Arusha et Amboseli d’où l’on a les plus beaux points de vue. Il faudra enfin mettre en place un programme efficace de recherche et de suivi pour ce bien. Parmi les menaces qui pèsent sur ce bien, on note une pression croissante et cumulative de diverses sources : utilisation de terres adjacentes, effets en aval de la pollution de l’air et de l’eau, espèces envahissantes, incendies et changement climatique. Les glaciers du bien sont vulnérables, reculent et sont cités comme une caractéristiques particulièrement sensible au changement climatique mondial. Il faut suivre de près et limiter les impacts de ces menaces. Le tourisme constitue aussi une importante menace exigeant une planification minutieuse des infrastructures associées et un aménagement des accès. Il faut aussi gérer la pression des activités humaines sur le bien pour éviter une récolte illégale des ressources, des incursions dans le Parc et le blocage d’itinéraires migratoires et de zones de dispersion. Il est essentiel de mettre en place des programmes éducatifs et d’intégrer la gestion du Parc avec la participation de tous les partenaires et parties prenantes concernés, y compris la population rurale des environs.

Bien

Parc national du Niokolo-Koba

Etat partie

Sénégal

Id. N°

153

Date d’inscription

1981

Brève synthèse Situé en zone soudano-guinéenne, le Parc National du Niokolo-Koba est caractérisé par l’ensemble des écosystèmes typiques de cette région, sur une superficie de 913 000ha. On y note des formations de forêts-galeries, des savanes herbacées inondables, des mares, des forêts sèches et denses ou claires à sous-bois, des pentes et collines rocheuses et des Bowés dénudés, arrosées par des grands cours d’eau (Gambie, Sereko, Niokolo, Koulountou). Cette diversité floristique remarquable justifie la présence d’une grande richesse faunique marquée par : l'élan de Derby (la plus grande des antilopes d’Afrique), le chimpanzé, le lion, le léopard, une importante population d’éléphants et de très nombreuses espèces d’oiseaux, reptiles et amphibiens. Critère (x) : Le Parc national du Niokolo-Koba regroupe l’ensemble des écosystèmes particuliers de la zone bioclimatique soudanienne tels que des grands cours d’eau (Gambie, Sereko, Niokolo, Koulountou), leurs forêts-galeries, des savanes herbacées inondables, des mares, des forêts sèches et denses ou claires à sous-bois, des pentes et collines rocheuses, et des Bowés dénudés. Le bien abrite une diversité faunique remarquable et unique dans la sous-région. On y dénombre plus de 70 espèces de mammifères, 329 espèces d’oiseaux, 36 espèces de reptiles, 20 espèces d’amphibiens et un nombre important d’invertébrés. Les lions, réputés les plus grands d’Afrique, constituent une attraction particulière, ainsi que les élans de Derby, les plus grandes antilopes qui soient. D’autres espèces importantes sont aussi présentes comme l’éléphant, le léopard, le chimpanzé et le lycaon. La richesse des habitats doit être notée, tout comme la diversité de la flore, importante avec plus de 1500 espèces de plantes. Intégrité D’une superficie approchant le million d’hectares, le Parc national du Niokolo-Koba a une taille suffisante pour qu’on y distingue les aspects majeurs du fonctionnement de l’écosystème de type savane guinéenne, et pour garantir la survie des espèces qui s’y trouvent. Toutefois, des rapports indiquent un braconnage considérable des éléphants. Les barrages envisagés sur la Gambie et le Niokolo-Koba sont également un sujet de préoccupation car ils auraient des conséquences désastreuses pour l’intégrité écologique du bien. Besoins en matière de protection et de gestion Le parc est géré par une administration de gestion placée sous la tutelle directe de l’Etat à travers le ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature et la Direction des Parcs Nationaux. En 2002, un plan d’aménagement et de gestion a été élaboré. Ce plan devrait être mis à jour selon des

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révisions régulières afin de renforcer la conservation du bien en le dotant des ressources adéquates pour sa mise en œuvre effective. Le bien, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2007, est sujet à de multiples pressions comme le braconnage, les feux de brousse, le tarissement prématuré des mares et l’envahissement de celles-ci par les végétaux. A cela il faut ajouter la croissance démographique et la pauvreté des sols alentours qui ont entraîné l’empiètement des terres agricoles et la divagation du bétail dans le parc. Les priorités pour la protection et la gestion du bien sont donc de mettre en œuvre des mesures urgentes pour faire cesser le braconnage, d´améliorer le programme de suivi écologique du parc, de mettre en place un plan de survie des espèces menacées, de remédier à l’assèchement prématuré des mares et leur envahissement par les végétaux ou de trouver des solutions alternatives, et de minimiser les mouvements illégaux de bétail. Il est aussi nécessaire d’améliorer la coopération transfrontalière et les mesures visant à protéger les zones tampons et les corridors écologiques à l'extérieur du parc. Pour la gestion à long terme, la protection du bien devra être une priorité de la politique, des projets et des budgets nationaux avec l’aide des partenaires au développement. Bien

Atoll d’Aldabra

Etat partie

Seychelles

Id. N°

185

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Situé dans l’Océan Indien, l’Atoll d’Aldabra est un exemple exceptionnel d’atoll corallien. En raison des difficultés d'accès et de l'isolement, Aldabra a été préservé de l'influence humaine dans sa plus grande partie. Aldabra est l’un des plus grands atolls du monde et renferme l’un des habitats naturels les plus importants pour l’étude des processus écologiques et de l’évolution. Il est le refuge de la plus grande population de tortues terrestres géantes. La richesse et la diversité de l’océan et des paysages résulte en une diversité de couleurs et de formations qui contribuent à l’attrait esthétique et panoramique de l’atoll. Critère (vii) : L'atoll d’Aldabra comprend quatre grandes îles de corail, séparées par des passes étroites, qui enferment une grande lagune peu profonde, offrant un spectacle superbe de phénomènes naturels. Le lagon renferme de nombreuses autres îles plus petites et l’atoll est lui-même entouré d’un récif corallien. Les processus géomorphologiques ont produit une topographie accidentée qui offre une diversité d’habitats avec un biote relativement riche pour une île océanique et un degré élevé d’endémisme. Les habitats marins vont des récifs coralliens aux vasières à mangrove avec un impact humain minimal. Critère (ix) : Le bien est un exemple exceptionnel d’écosystème ilien océanique dans lequel les processus d’évolution sont actifs dans un riche biote. La plus grande partie de la surface de terre est constituée d’un ancien récif corallien (vieux d’environ 125 000 ans) qui s’est élevé à plusieurs reprises au-dessus du niveau de la mer. La taille et la diversité morphologique de l’atoll a permis le développement d’une diversité de communautés insulaires discrètes avec une incidence élevée de l’endémicité parmi les espèces constitutives de l’écosystème. Le haut de la chaîne alimentaire terrestre est habituellement occupé par un herbivore : la tortue géante. Les tortues se nourrissent d’herbe et d’arbustes, et notamment des plantes qui ont évolué en réponse à ce mode de pacage. L’isolement de l’atoll a également permis l’évolution d’espèces et de sous-espèces endémiques d’oiseaux. En raison de l’interférence minimale de l’homme, ces processus écologiques sont clairement observables dans leur pleine complexité. Critère (x) : Aldabra constitue un laboratoire naturel exceptionnel pour la recherche scientifique et les découvertes. L’atoll est un refuge pour plus de 400 espèces et sous-espèces endémiques (vertébrés, invertébrés et plantes). Parmi celles-là, la plus grande population au monde de tortues géantes Geochelone gigantea (plus de 100 000 individus). Les tortues sont les derniers survivants d’une forme de vie autrefois répandue sur d’autres îles de l’Océan Indien. Aldabra en est aujourd’hui leur seul habitat restant. La population des tortues est entièrement auto-suffisante et tous les éléments de ses interrelations complexes avec l’environnement naturel sont évidents. L’écosystème permet aussi la reproduction de populations en péril tels que la tortue verte ou la tortue caret. Le bien est un habitat naturel important pour les oiseaux, avec deux espèces endémiques (la nésille d’Aldabra et le drongo d’Aldabra), et onze autres sous-espèces d’oiseaux, parmi lesquels le râle de Cuvier, le dernier oiseau ne pouvant voler de l’Océan Indien de l’ouest. Il y a de grandes colonies d’oiseau aquatiques, notamment la seconde colonie au monde par sa taille de frégatidés et l’une des deux seules populations de flamands océaniques. Le récif frangeant intact et l’habitat corallien sont en excellente santé et se distinguent par leur excellent état et l’incroyable abondance et taille des espèces qu’ils recèlent.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 15

Intégrité Le bien comprend les quatre îles principales qui forment l’atoll ainsi que de nombreux ilots et la zone marine environnante. Il est suffisamment vaste pour le bon déroulement de tous les processus biologiques et écologiques en cours pour assurer l’évolution continue dans l’atoll. L’éloignement et l’accès difficile de l’atoll limitent l’interférence humaine qui pourrait compromettre les processus en cours. Ainsi, Aldabra possède un écosystème pratiquement intact, abritant des populations viables naturellement de toutes les espèces principales. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien bénéficie d’une protection juridique dans le cadre de la législation nationale et il est géré par une fondation publique, la Fondation des îles des Seychelles, avec un programme quotidien orienté par un plan de gestion. Les limites sont écologiquement viables mais l’extension de la limite vers le large d’environ 20 km offrirait une protection supplémentaire à la faune marine. L’éloignement du bien a limité d’interférence humaine, contribuant ainsi à la protection des processus biologiques et écologiques, mais cela pose aussi des problèmes logistiques énormes. Le tourisme est limité et soigneusement contrôlé. Tandis que le bien offre un écosystème quasiment intact, la protection et la gestion doivent traiter des menaces constantes causées par les espèces étrangères invasives, le changement climatique et les marées noires, en particulier dans le cas où l’exploration pétrolière augmenterait dans la région. Bien

Réserve naturelle de la vallée de Mai

Etat partie

Seychelles

Id. N°

261

Date d’inscription

1983

Brève synthèse Située sur l’île granitique de Praslin, la Vallée de Mai est une zone de 19.5 ha de palmiers qui a pour ainsi dire conservé son état d'origine depuis les temps préhistoriques et qui contient la plus grande forêt de coco-de-mer du monde. Le coco-de-mer est une espèce endémique qui présente un intérêt universel car elle est porteuse de la plus grosse graine du règne végétal. La forêt abrite aussi cinq autres palmiers endémiques et de nombreuses espèces animales endémiques. Le bien est une zone d’un grand attrait pittoresque et possède une beauté naturelle caractéristique. Critère (vii) : Le bien abrite une forêt pittoresque de palmiers. Les formations naturelles de forêts de palmiers sont d’un grand attrait esthétique, filtrant la lumière du soleil au travers de ses frondaisons de palmes chamarrées de verts, de rouges et de bruns. La beauté naturelle et l’état de quasi-nature de la Vallée de Mai sont d’un grand intérêt, même pour les visiteurs qui ne sont pas pleinement conscients de l’importance écologique de cette forêt. Critère (viii) : Formé par des processus géologiques et biologiques qui se produisirent il y a des millions d’années, le bien est un exemple exceptionnel d’un stade antérieur de l’évolution de la flore mondiale. Son écologie est dominée par des palmiers endémiques, en particulier par le coco-de-mer, fameux pour son grand double fruit contenant la plus grande graine du règne végétal. La Vallée de Mai constitue un laboratoire vivant, illustrant ce que d’autres régions tropicales auraient été avant l’avènement de familles de plantes plus évoluées. Critère (ix) : Le bien représente un exemple exceptionnel d’évolution biologique dominé par des palmiers endémiques. La forêt de palmier de basse et moyenne altitude est caractéristique des Seychelles et est préservée en tant qu’exemple de ce qu’aurait pu être la forêt à l’état primitif. La forêt est remarquable par la présence du coco-de-mer Lodoicea maldivica mais cinq autres espèces de palmiers endémiques se trouvent également rassemblés dans le bien. Située sur l’île granitique de Praslin, la Vallée de Mai est le seul endroit des Seychelles où ces six espèces sont représentées et aucune autre île de l’Océan Indien ne possède cette combinaison de caractéristiques que présente le bien. Les anciens palmiers forment une forêt dense, avec le Pandanus à grandes feuilles en spirale, qui constituent un écosystème où se produisent des processus et des interactions écologiques de cycles nutritifs, de dissémination et de pollinisation. Criterion (x) : La Vallée de Mai est le dernier refuge de l’endémique coco-de-mer (Lodoicea maldivica) et des espèces endémiques de palmiers tels que le Deckenia (Deckenia nobilis), le Phoenicophorium borsigianum, le Verschaffeltia splendida, le latanier millepattes (Nephrosperma vanhoutteanum) et le Roscheria melanochaetes. La forêt de palmiers est relativement intacte et elle offre un refuge à des populations viables d’espèces endémiques, comme le perroquet noir (Coracopsis nigra barklyi), qui ne vit que sur l’île de Praslin et qui est totalement dépendant de la Vallée de Mai et de sa forêt de palmier. D’autres espèces dépendent aussi de l’habitat des palmiers, dont trois espèces endémiques de geckos bronze, des pigeons bleus, des bulbuls, sunbirds, des martinets, des scinques des Seychelles, des

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Pamelaescincus gardineri, des caméléons, des geckos diurnes, des cécilies, des grenouilles, des poissons d’eau douce et de nombreux invertébrés. Intégrité L’intégrité écologique de la Vallée de Mai est forte mais sa superficie n’étant que de 19.5 ha, le bien est relativement petit et c’est en replantant quelques cocos de mer dans le passé que l’on a obtenu l’état actuel. Le bien occupe une partie du parc national de Praslin (300 ha) qui offre une zone suffisamment grande pour assurer le fonctionnement naturel de l’écosystème de la forêt. Pour améliorer l’intégrité du bien, le Comité du patrimoine mondial a recommandé son extension afin d’inclure le reste du parc national de Praslin, fournissant ainsi une zone tampon appropriée. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien bénéficie d’une protection juridique dans le cadre de la loi nationale et est géré par une fondation publique, la Fondation des îles Seychelles (SIF). La gestion du bien a été améliorée par l’adoption d’un plan de gestion en 2002. L’incendie est considéré comme la menace la plus sérieuse, et les plans de réponse d’intervention d’urgence sont essentiels. Le tourisme, tel qu’il est géré par la fondation publique, apporte une contribution financière importante à la protection et à la gestion du bien. La surexploitation déjà ancienne du coco-de-mer a épuisé la capacité de régénération naturelle, et l’enlèvement illégal des graines est un sérieux problème qui compromet la régénération future. L’une des priorités de la gestion est donc de maintenir le palmier par manipulation humaine directe, à savoir la collecte et la plantation des graines avant qu’elles soient volées et vendues. Les mesures efficaces pour limiter les menaces causées à la faune et à la flore endémiques par des espèces invasives, des insectes nuisibles et des maladies sont également essentielles.

A.3 EUROPE ET AMERIQUE DU NORD Bien

Forêt laurifère de Madère

Etat partie

Portugal

Id. N°

934

Date d’inscription

1999

Brève synthèse La forêt laurifère de Madère, dans le Parque Natural da Madeira (Parc naturel de Madère) est la plus grande forêt de lauriers primaire survivante, un type de végétation aujourd’hui confiné aux Açores, à Madère et aux îles Canaries. Ces forêts, qui recèlent d’innombrables niches écologiques et des processus propres aux écosystèmes intacts, jouent un rôle prédominant dans le maintien de l’équilibre hydrologique de l’île de Madère. Le bien est d’une importance cruciale pour la conservation de la biodiversité, avec la présence d’au moins 76 espèces de plantes vasculaires endémiques de Madère, ainsi que d’un grand nombre d’invertébrés endémiques et deux oiseaux endémiques, dont le pigeon trocaz, emblématique de Madère. Critère (ix) : La forêt laurifère de Madère est un vestige exceptionnel d’un type de forêt laurifère autrefois très répandu, qui recouvrait une bonne partie du sud de l’Europe il y a 15 à 40 millions d’années. La forêt du bien couvre entièrement une série de vallées en V très profondes conduisant du plateau et de la crête est-ouest du centre de l’île jusqu’à la côte nord. La forêt et les processus biologiques et écologiques associés sont pour l’essentiel intacts et jouent un rôle prédominant dans l’équilibre hydrologique de l’île. La forêt est composée principalement d’arbres et d’arbustes à feuillage persistant, aux feuilles plates vert foncé. Le bien regorge de niches écologiques, de réseaux trophiques complexes et d’exemples de coévolution des espèces. Plusieurs groupements végétaux climaciques, tels que la laurisilve à Til, la laurisilve à Barbusano et la laurisilve à Vinhático, y ont été identifiés. Des arbres anciens dans le fond des vallées, des cascades et des falaises ajoutent aux valeurs du bien. Critère (x) : La forêt laurifère de Madère est un lieu d’une grande importance en raison de sa diversité biologique. Elle est plus vaste que les autres forêts laurifères, avec lesquelles elle présente des différences majeures, et une large proportion de sa flore et de sa faune est spécifique à la forêt laurifère. Des arbres endémiques de la famille des lauracées, tels que le Barbusano Apollonias barbujana ssp. Barbujana, le laurier Laurus novocanariensis, le Til Ocotea foetens et le Vinhático Persea indica, sont dominants. Les autres plantes endémiques sont notamment l’echium (vipérine arbustive) Echium candicans, l’euphorbe mellifère Euphorbia mellifera, la digitale de Madère Isoplexis spectrum et Musschia wollastonii. Les fougères abondent dans les vallées ombragées et les bryophytes couvrent de larges étendues sur le sol, les rives, les rochers et les troncs d’arbres. Environ 13 espèces hépatiques et 20 espèces de mousse menacées à l’échelle européenne sont répertoriées, tandis que les nombreux lichens sont le signe de la qualité exceptionnelle de l’environnement et de l’absence de Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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pollution. Parmi les vertébrés on note un nombre limité d’espèces à fort endémisme, dont deux espèces rares de chauves-souris, la pipistrelle de Madère Pipistrellus maderensis et la noctule de Leisler Nyctalus leisleri verrucosus, ainsi que plusieurs oiseaux tels que le pigeon trocaz Columba trocaz, le roitelet de Madère Regulus madeirensis et le pinson des arbres de Madère Fingilla coelebs madeirensis. La forêt laurifère abrite plus de 500 espèces endémiques d’invertébrés, notamment des insectes, des arachnides et des mollusques. Intégrité Le bien inclut les zones de forêt laurifère primaire survivante de Madère. Ses limites ont été définies à l’issue d’une étude de terrain exhaustive, destinée à identifier les principales zones de végétation survivante. La majeure partie du bien n’aurait jamais été coupée et comprend certains arbres anciens de très grande taille qui pourraient avoir plus de 800 ans, c’est-à-dire dater d’avant le peuplement humain. Les chèvres et les moutons, qui ont causé des dommages dans le passé, ont été maintenant éliminés de la région. Le bien recèle aussi un témoignage important d’utilisation par l’homme. Les habitants ont construit des aqueducs, appelés levadas, qui sillonnent la forêt en suivant les contours du paysage, s’accrochant aux falaises et aux pentes abruptes des vallées. Généralement de 80-150 cm de large et construites en pierre ou, plus récemment, en béton, ils transportent l’eau de la forêt vers les centrales hydroélectriques et alimentent les villes du sud en eau potable et en eau d’irrigation. Le long des levadas sont aménagés des sentiers généralement de 1-2 m de large qui permettent l’accès à une forêt autrement quasi impénétrable. Ces constructions ont un impact limité sur le bien et offrent quelques avantages pour la conservation, car elles permettent d’accéder à la forêt sur des sentiers relativement plats et ne couvrent qu’une partie infinitésimale de la superficie. Aucune n’a été construite depuis 70 ans et celles qui existent sont soigneusement entretenues. En dehors des levadas et des quelques petites huttes utilisées par ceux qui les entretiennent, le développement humain à l’intérieur du bien est très limité et il n’y a ni habitation, ni bâtiments, à l’exception des petites huttes utilisées par ceux qui entretiennent les levadas, et pas de terres cultivées. Les deux routes ont un impact limité et il est prévu d’en remplacer une par un tunnel. L’intégrité du bien est renforcée par des zones tampons qui ne font pas partie du bien inscrit mais le protègent des menaces en provenance de l’extérieur du bien. Les menaces susceptibles de provenir de ces zones sont notamment les espèces envahissantes et l’introduction d’espèces du fait de l’agriculture et de l’exploitation forestière. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien couvre approximativement 15 000 ha de terre sur les 27 000 ha du Parc naturel de Madère (Parque Natural da Madeira). Il bénéficie d’une protection juridique rigoureuse et efficace en vertu de plusieurs législations : régionale, nationale et européenne. Ces multiples niveaux de protection incluent le statut d’aire de conservation spéciale au titre de la Directive Habitats de l’Union européenne, qui oblige l’État partie à protéger la zone, de façon à ce que la « forêt laurifère de Madère » et les 39 espèces de plantes et d’animaux rares et menacés demeurent ou soient remis dans un « état de conservation favorable ». Le bien est également une Réserve biogénétique du Conseil de l’Europe et une aire de protection spéciale au titre de la Directive Oiseaux de l’Union Européenne. Le bien figure au journal officiel en vertu de la législation de Madère, avec environ la moitié de sa superficie classée Réserve intégrale (« Reserva Integral »), le reste étant classé Réserve partielle (« Reserva Parcial »). Un système efficace de gestion de la conservation est en place. Les fonctions de conservation sont confiées à l’administration régionale, Governo da Região Autónoma da Madeira (gouvernement régional autonome de Madère). Un plan de gestion (Plano de Ordenamento e Gestão da Floresta Laurisilva) approuvé par l’administration régionale est en place. Il s’agit d’un instrument juridique puissant qui définit les stratégies et les objectifs de la protection et de la mise en valeur du bien, énonçant les grands principes de sa gestion, de sa conservation et de sa protection. Le bien est doté d’un personnel et de ressources suffisants qu’il faut maintenir à long terme. Plusieurs questions exigent une gestion efficace à long terme. C’est le cas notamment de la surveillance de la menace potentielle que représentent les espèces envahissantes provenant des anciennes terres cultivées à la limite inférieure du bien. Un petit nombre de permis est délivré à la population locale pour prélever une quantité limitée de bruyère arbustive commune dans les hauteurs. Bien que cette pratique se perde, il convient de la surveiller et de la maintenir dans des limites qui ne portent pas atteinte à la forêt. La gestion des zones contiguës au bien doit tenir pleinement compte de sa valeur universelle exceptionnelle, en particulier s’agissant du risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Les aménagements pour les visiteurs qui veulent se rendre dans la forêt sont rares et il est probable qu’il faudra accorder une plus grande priorité à la gestion des visiteurs à mesure que la tendance change dans le domaine touristique. Avec les falaises vertigineuses qui côtoient les levadas étroites, il faut prendre grand soin à la fois de protéger la forêt et d’assurer la sécurité des visiteurs, en particulier en prévision d’une possible augmentation de la pression de ces derniers. Des politiques rigoureuses Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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sont nécessaires pour couper court à toute tentation de construire des infrastructures inappropriées d’accueil des visiteurs. Des programmes efficaces d’interprétation et d’information des visiteurs seraient également extrêmement bénéfiques pour faire connaître la valeur universelle exceptionnelle du bien.

B. BIENS CULTURELS B.1 ETATS ARABES Bien

La Kalâa des Béni Hammad

Etat partie

Algérie

Id. N°

102

Date d’inscription

1980

Brève synthèse La Kalâa des Béni Hammad est un site archéologique remarquable qui se situe à 36 km au nord-est de la ville de M’Sila. Cet ensemble, constitué de ruines préservées à 1 000 m d’altitude, est situé dans un site de montagnes d’une saisissante beauté sur le flanc sud du Djebel Maâdid. La Kalâa des Béni Hammad a été fondée au début du XIe siècle par Hammad, fils de Bouloughine (fondateur d’Alger), et abandonnée en 1090 sous la menace de l’invasion hilalienne. C’est un des complexes monumentaux les plus intéressants et les plus précisément datés de la civilisation islamique. Elle fut la première capitale des émirs hammadites et a connu une grande splendeur. La Kalâa comporte, à l’intérieur d’une enceinte fortifiée de 7 km partiellement démantelée, un grand nombre de vestiges monumentaux, parmi lesquels la grande mosquée et son minaret, et toute une série de palais. La mosquée, avec sa salle de prière de 13 nefs à 8 travées est la plus grande après celle de Mansourah et son minaret est le plus ancien d’Algérie après celui de Sidi Boumerouane. Les ruines de la Kalâa témoignent du grand raffinement de la civilisation hammadite, d’une architecture originale et de la culture palatiale de l’Afrique du nord. Critère (iii) : La Kalâa des Béni Hammad apporte un témoignage exceptionnel sur la civilisation hammadite maintenant disparue. Fondée en 1007 en tant que place forte militaire, elle fut par la suite rehaussée au rang de métropole. Elle a influencé le développement de l’architecture arabe ainsi que d’autres foyers civilisateurs dont le Maghreb, l’Andalousie et la Sicile. Les vestiges archéologiques et monumentaux de la Kalâa des Béni Hammad, parmi lesquels on compte la grande mosquée et son minaret ainsi qu’une série de palais, constituent les principales ressources qui témoignent de la richesse et de l’influence de cette civilisation hammadite. Intégrité (2009) Au moment de l’inscription, les attributs qui caractérisaient le bien étaient les vestiges des 7km de l’enceinte fortifiée et tous les vestiges monumentaux qu’elle renfermait. L’Etat partie a l’intention de proposer une révision des limites du bien et d’établir une zone tampon afin de protéger le cadre saisissant du site. L’intégrité du bien est assurée mais les vestiges restent vulnérables à la dégradation naturelle et aux intempéries. Authenticité (2009) Tous les attributs du bien tels que les vestiges archéologiques, les murs d’enceinte, les mosquées, palais et le minaret forment un ensemble cohérent et sont demeurés intacts. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La protection du site relève de la Loi nationale 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel. La gestion du site est confiée à l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) dont la mission de gestion courante est dévolue au gestionnaire du site. L’OGEBC est chargé, outre les missions de service public, de protection, d’entretien et de valorisation, de mettre en œuvre le plan de protection et de mise en valeur du site (PPMVSA), en coordination avec la Direction de la Culture de la Wilaya de Setif, dotée d’un service chargé de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine culturel. Les besoins en financement et en personnel professionnel spécialisé sont encore très importants pour la mise en œuvre du plan. La gestion doit s’attaquer au programme de restauration et de conservation des vestiges. Le site est fréquenté à peine par quelques milliers de visiteurs annuellement et le tourisme ne constitue pas une menace pour sa conservation.

Bien

Vallée du M’Zab

Etat partie

Algérie

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 19

Id. N°

188

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Situés à 600 km au sud de la ville d’Alger, au cœur du désert saharien, les cinq ksour (villages fortifiés) de la Vallée du M’Zab forment un ensemble homogène extraordinaire constituant la marque, dans le désert, d’une civilisation sédentaire et urbaine porteuse d’une culture originale qui a su, par son génie propre, préserver sa cohésion à travers les siècles. Constituée des ksour et des palmeraies d’El-Atteuf, de Bounoura, Melika, Ghardaïa et Béni-Isguen (fondés entre 1012 et 1350), la Vallée du M’Zab a conservé depuis le XIe siècle pratiquement le même mode d’habitat et les mêmes techniques de construction, commandées tant par un contexte social et culturel spécifique que par la nécessité d’une adaptation à un milieu hostile, dont le choix répondait à une nécessité historique de repli et un impératif de défense. Chacune de ces cités miniatures, enserrée de murailles, est dominée par une mosquée dont le minaret fait fonction de tour de guet. La mosquée est en effet conçue comme une forteresse, dernier bastion de la résistance en cas de siège, et comporte un arsenal et un silo à grains. Autour de ce bâtiment essentiel à la vie communautaire, s’organisent des maisons disposées en cercles concentriques jusqu’au rempart. Chaque maison constitue une cellule cubique de type fixe, illustrant une organisation sociale égalitaire fondée sur le respect de la structure familiale dont elle s’attache à préserver l’intimité et l’autonomie. Au début du premier millénaire, les Ibadites ont donc créé au M’Zab, avec les matériaux locaux, une architecture vernaculaire qui, par sa parfaite adaptation au milieu et par la simplicité de ses formes, garde une valeur d’exemple et d’enseignement pour l’architecture et l’urbanisme contemporains. Critère (ii) : Les ensembles anthropiques de la Vallée du M’Zab témoignent, par leur architecture puissamment originale datant du début du XIe siècle et par la rigueur de leur organisation, d’un modèle original exceptionnel d’implantation pour les établissements humains de l’aire culturelle du Sahara central. Ce modèle d’habitat a exercé une influence considérable pendant près d’un millénaire sur l’architecture et l’urbanisme arabes, y compris sur les architectes et urbanistes du XXe siècle, de Le Corbusier à Fernand Pouillon et André Raverau. Critère (iii) : Les trois éléments constitutifs des ensembles urbains et d’habitat de la Vallée du M’Zab : ksar, cimetière et palmeraie avec sa cité d’été, sont un témoignage exceptionnel de la culture ibadite à son apogée et du principe égalitaire qui était méticuleusement appliqué par la société mozabite. Critère (v) : Les éléments constitutifs de la Vallée du M’Zab sont un exemple éminent d’habitat humain traditionnel, représentatif de la culture ibadite qui, à travers d’ingénieux systèmes de captage et de répartition de l’eau et de création de palmeraie, a su réaliser une interaction extrêmement efficiente de l’homme avec un environnement semi-désertique. Intégrité (2009) Les limites du site sont bien définies et comprennent tous les attributs du bien. Les opérations de restauration de monuments historiques culturels et cultuels (mausolées et mosquées), du système défensif (abords, tours de guet, remparts et maisons remparts) et du système hydraulique, contribuent au maintien de l’intégrité. Malgré les effets de la pression du développement urbain et les dégâts mineurs causés par des inondations occasionnelles, les attributs du bien ne sont pas menacés et le bien de la Vallée du M’Zab conserve toujours intactes ses conditions d’intégrité. Authenticité (2009) L’authenticité du bien est attribuable à la forme du parcellaire, du système viaire et du bâti traditionnel des ksour, en particulier dans les zones intra muros. Le maintien des fonctions originelles dans ces dernières à permis de renforcer la viabilité du bien et contribue au maintien de son authenticité. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La gestion et la protection du bien de la Vallée du M’Zab sont confiées à l’Office de protection et de promotion de la vallée du M’Zab (OPPVM) dont les principales missions concernent l’application de la législation en vigueur, relative à la protection du patrimoine culturel, la constitution d’une banque de données des monuments et sites et la promotion, la recherche et la formation dans les domaines du bâti traditionnel et de l’artisanat. Conformément à ces missions et dans le cadre de la Loi 98/04 portant sur la protection du patrimoine culturel, le bien de la Vallée du M’Zab a été érigé en Secteur sauvegardé avec des limites conformes au maintien de son intégrité. La vallée du M’Zab a connu une croissance urbaine et démographique très accélérée depuis le début des années 1980, dû à son emplacement stratégique entre le nord et le sud du pays. L’élaboration du plan de sauvegarde permettra d’assurer la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de la Vallée, à travers notamment le contrôle de la croissance urbaine au niveau des palmeraies, des zones inondables ainsi que les éléments constitutifs du paysage naturel. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 20

Bien

Djémila

Etat partie

Algérie

Id. N°

191

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Le site de Djémila est situé à 50 km au nord-est de la ville de Sétif. Connu sous son nom antique Cuicul, le site de Djémila est un établissement d’une ancienne colonie romaine fondée sous le règne de Nerva (96–98 de notre ère). La ville romaine occupait un site défensif remarquable. Cuicul est l’un des fleurons de l’architecture romaine en Afrique du Nord. S’étant remarquablement pliée aux contraintes du site montagneux, un éperon rocheux qui s’étire, à 900 m d’altitude, entre l’oued Guergour et l’oued Betame, deux torrents montagnards, la ville possédait son propre sénat et son forum. Vers le début du IIIe siècle, elle débordait de ses remparts par la création du temple de Septimius Severus, l’arc de Caracalla, le marché et la basilique civile. Le site a été aussi marqué par une empreinte chrétienne matérialisée par plusieurs édifices de culte : une cathédrale, une église et son baptistère considéré parmi les plus grands de la période paléochrétienne. Le site de Djémila comprend une collection remarquable de pavements en mosaïques, illustrant des récits mythologiques et des scènes de la vie quotidienne. Critère (iii) : Djémila apporte un témoignage exceptionnel sur une civilisation disparue. C’est l’un des plus beaux ensembles de ruines romaines du monde. Les vestiges archéologiques, le plan d’urbanisme romain bien intégré et le cadre environnemental constituent les ressources qui représentent les valeurs attribuées au site. Critère (iv) : Djémila offre un exemple éminent d’un type d’ensemble architectural illustrant une période significative de l’histoire romaine de l’Afrique du Nord, du IIe au VIe siècle. Dans ce cas, le schéma classique de l’urbanisme romain s’est plié aux contraintes géomorphologiques du site. Le site comprend un répertoire typologique et architectural très diversifié, avec système défensif et arc de triomphe, édifices édilitaires et de spectacles, équipements d’artisanat et de commerce, dont le marché des frères Cosinus qui constitue un exemple remarquable de la prospérité économique de la cité. Intégrité (2009) Le site, clôturé suivant les limites présentées lors de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, renferme tous les éléments nécessaires pour exprimer sa Valeur universelle exceptionnelle. Ces attributs comprennent entre autres le schéma classique de l’urbanisme romain avec deux portes situées aux extrémités du Cardo Maximus ; au centre, le Forum entouré de bâtiments essentiels de la vie publique : le Capitole, la Curie, une basilique civile, la Basilica Julia. On retrouve également les vestiges du Temple de Venus Genitrix et des demeures aristocratiques ornées de riches mosaïques. Les vestiges des monuments qui ont marqué l’expansion de la ville en direction du sud sont également inclus. Ils comprennent des habitations privées et des édifices publics tels l’arc de Caracalla (216), le temple de la Gens Septimia (229), un théâtre de 3.000 places, des thermes, des basiliques et autres édifices cultuels. Les vestiges archéologiques sont demeurés remarquablement intacts au cours des siècles. Le tourisme ne constitue par un risque pour sa conservation. Il est par contre soumis aux menaces des séismes, de la sécheresse, des incendies, du vandalisme, du vol et pillage, du pâturage illégal, des constructions illicites et des infrastructures mal intégrées. Authenticité (2009) Les vestiges archéologiques mis au jour à partir de 1909 témoignent fidèlement et de façon crédible des éléments urbanistiques romains, tels le plan classique de la ville romaine et le tissu urbain, et architecturaux, tels les systèmes de construction (routes, portes, aqueduc, temple à colonnade, théâtre, etc.), l’ornementation (bas-reliefs, frise et frontons, chapiteaux de colonnes, mosaïques etc.) et les matériaux de construction (pierre, mosaïque, céramique etc.), qui expriment la Valeur universelle exceptionnelle du bien. Quelques opérations de restauration de mosaïques déposées dans le musée de site ont été réalisées au cours des dernières années. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La protection du site relève des lois nationales No. 90-30 (1990) et No. 98-04 (1998), relatives à la protection du patrimoine culturel algérien. La gestion du site est confiée à l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) dont la mission de gestion courante est dévolue au gestionnaire du site. L’OGEBC est chargé, outre les missions de service public, de protection, d’entretien et de valorisation, de mettre en œuvre le plan de protection et de mise en valeur du site (PPMVSA), en coordination avec la Direction de la culture de la Wilaya de Sétif, dotée d’un service chargé de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine culturel.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 21

Les mesures de protection prévues pour préserver les valeurs du bien concernent principalement la construction d’une clôture périphérique du site, la restauration des mosaïques endommagées et la rénovation du musée de site (achevée). On compte également sur l’application de la règlementation en place et sur une activité de suivi régulier sur le site. Bien que la vétusté cause de plus en plus de dégâts au niveau des structures archéologiques fragiles (murettes), les valeurs sont dans l’ensemble bien conservées. Les besoins de financement et d’assistance internationale sont encore très importants pour la mise en œuvre du plan de gestion et de mise en valeur qui est révisé annuellement. Chaque année, 30.000 visiteurs et quelques 15.000 étudiants fréquentent le site.

Bien

Tipasa

Etat partie

Algérie

Id. N°

193

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Tipasa est situé à 70 km à l’ouest d’Alger. C’est un bien en série composé de trois sites : deux parcs archéologiques localisés à proximité de l’agglomération urbaine actuelle et le Mausolée royal de Maurétanie, sis sur le plateau du Sahel occidental d’Alger à 11 km au sud-est de Tipasa. Le site archéologique de Tipasa regroupe l’un des plus extraordinaires complexes archéologiques du Maghreb, et peut être le plus significatif pour l’étude des contacts entre les civilisations indigènes et les différentes vagues de colonisation du VIe siècle avant J.-C. au VIe siècle de notre ère. Cette ville côtière a d’abord été un comptoir carthaginois, dont la nécropole est l’une des plus anciennes et des plus étendues du monde punique (VIe au IIe siècle avant notre ère). Durant cette période, Tipasa a joué le rôle d’une escale maritime, un lieu d’échanges commerciaux avec les populations autochtones. De nombreuses nécropoles traduisent des modes d’inhumations et de pratiques funéraires très variées qui témoignent d’échanges d’influences multiculturelles remontant aux temps protohistoriques. L’édifice funéraire monumental de forme circulaire, dit Mausolée royal de Maurétanie, associe une tradition architecturale locale du type basina, à un mode de couverture en chemise tronconique à gradins, fruit de différents apports notamment hellénistiques et pharaoniques. La période romaine est marquée par un ensemble prestigieux d’édifices, constitué de typologies architecturales très diversifiées. Du IIIe au IVe siècle de notre ère un essor religieux chrétien remarquable s’exprime par la multitude d’édifices religieux. Certains sont ornés de pavement en mosaïques de belle facture, illustrant des scènes quotidiennes, ou à motifs géométriques. L’invasion vandale des années 430 ne mit pas un terme définitif à la prospérité de Tipasa mais la ville, reconquise par les Byzantins en 531, n’allait cesser de décliner dès le VIe siècle. Critère (iii) : Tipasa apporte un témoignage exceptionnel sur les civilisations puniques et romaines maintenant disparues. Critère (iv) : Les vestiges architecturaux et archéologiques de Tipasa reflète de manière très significative les contacts entre les civilisations indigènes et les vagues de colonisation punique et romaine entre le VIe siècle avant J.-C.et le VIe siècle de notre ère. Intégrité (2009) La délimitation des trois sites a été clarifiée et approuvée par le Comité du patrimoine mondial (décision 33 COM 8D, 2009). Elle intègre l’ensemble des vestiges qui témoignent des valeurs urbanistiques, architecturales, historiques et archéologiques exceptionnelles du bien. Le bien est rendu vulnérable sous l’effet du développement urbain et touristique à réguler et de la croissance de la population. Authenticité (2009) Les attributs urbanistiques et architecturaux, l’ornementation et les matériaux de construction, gardent leur aspect original qui exprime les valeurs, telles que définies lors de l’inscription du bien. Toutefois, ils sont vulnérables au manque de conservation, à l’envahissement par la végétation, le pâturage illégal et l’accès non réglementé des visiteurs. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le cadre juridique et de gestion de ce bien comprend les lois 90-30 (loi domaniale), 98-04 (relative à la protection du patrimoine culturel), le Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du site (PPSMV), le Plan d’occupation du sol approuvé par délibération de l’assemblée communale de Tipasa

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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(POS) et le Plan de protection et de mise en valeur des sites archéologiques et de leur zone de protection (PPMVSA), en phase d’élaboration, codifié par le décret exécutif n° 324-2003. La gestion des sites archéologiques de Tipasa relève d’un nouvel établissement : l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels, en coordination avec la Direction de la culture de la Wilaya (province). Bien

Anjar

Etat partie

Liban

Id. N°

293

Date d’inscription

1984

Brève synthèse Fondée à l’époque omeyyade sous le califat de Walid Ibn Abd Al-Malak (705-715), la cité d’Anjar offre un témoignage unique sur la civilisation omeyyade. Anjar est l'exemple d'un centre de commerce situé à l'intérieur des terres, à l'intersection de deux routes importantes : celle menant de Beyrouth à Damas et la route traversant toute la Bekaa et menant d'Homs à Tibériade. Le site de cette ancienne cité n’a été découvert par les archéologues qu’à la fin des années 1940. Les fouilles ont révélé une ville forte enserrée dans une muraille flanquée de quarante tours, une enceinte rectangulaire de 385 x 350 m. Commandés par des portes, bordés de portiques, un grand axe Nord-sud et un petit axe est-ouest, superposés aux collecteurs principaux ou se déversent les égouts, divisent l’espace en quatre quadrants égaux. Bâtiments publics et privés sont répartis en fonction d’une planification rigoureuse : le grand palais du calife et la mosquée dans le quartier sud-est occupent la partie la plus élevée du site, tandis que les petits palais (harems) et les bains sont situés dans le quartier nord-est pour faciliter le fonctionnement et l’évacuation des eaux usées. Les fonctions secondaires et l’habitat sont repartis dans les secteurs nord-ouest et sud-ouest. Les ruines sont dominées par les vestiges spectaculaires d’un tétrapyle monumental, ainsi que par les murs et les colonnades du palais omeyyade, conservés sur trois niveaux. Ces structures intègrent des éléments décoratifs ou architectoniques de l’époque romaine, mais se signalent également par la qualité plastique exceptionnelle des éléments du décor contemporains de la construction. Anjar est restée inachevée et n’eut qu’une brève existence. En 744, le calife Ibrahim, fils de Walid, fut défait et dès lors la ville partiellement détruite fut abandonnée. Les vestiges de la cité d’Anjar constituent ainsi un exemple unique de l’urbanisme du VIIIe siècle. Construite au début de l’ère islamique, elle reflète cette transition d’une culture protobyzantine vers le développement d’un art islamique propre et ceci à travers l’évolution des techniques de construction et des éléments architectoniques et ornementaux visibles dans les différents monuments. Critère (iii) : Fondée à l’époque omeyyade sous le califat de Walid Ibn Abd Al-Malak au début du VIIIe siècle, les vestiges fouillés de la cité d’Anjar, qui fut très tôt abandonnée, offrent un témoignage éminent et parfaitement bien daté sur la civilisation omeyyade. Critère (iv) : Ensemble architectural possédant toutes les caractéristiques propres à la civilisation omeyyade, la cité d’Anjar constitue un exemple exceptionnel de l’urbanisme du califat omeyyade du VIIIe siècle. L’évolution de certains styles protobyzantins vers une architecture islamique proprement dite est apparente dans les techniques de construction ainsi que dans les éléments architectoniques et ornementaux utilisés. Intégrité (2009) La muraille d’enceinte d’Anjar enserre tous les attributs de l’urbanisme et les monuments qui caractérisent la cité omeyyade. Quelques attributs subsistent à l’extérieur de l’enceinte, comme un caravansérail, et ces derniers doivent être protégés par une zone tampon qui protège également l’intégrité visuelle du cadre de la vallée de la Bekaa et limite le développement de l’établissement moderne. Authenticité (2009) Malgré les interventions majeures de restaurations et de reconstructions, les monuments divers qui constituent la cité omeyyade d’Anjar montrent bien leurs fonctions et leurs relations, et le plan d’ensemble de la ville peut facilement être perçu. Il est nécessaire de faire connaître plus largement les résultats des fouilles afin de renforcer la compréhension des attributs. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La Direction Générale des Antiquités est en charge de la gestion du bien. La protection des vestiges archéologiques est assurée par un entretien régulier (désherbage et consolidation des structures). Un plan de gestion est à l’étude. Un projet d’expropriation de parcelles voisines du site archéologique est en cours pour contrer le développement urbain, ce qui permettra au site de bénéficier d’une zone de protection en double ceinture : la première “non aedificandi” suivie d’un espace où le pourcentage d’exploitation sera très minime afin de conserver la beauté du paysage environnant. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 23

Bien

Byblos

Etat partie

Liban

Id. N°

295

Date d’inscription

1984

Brève synthèse La ville côtière de Byblos se situe sur une falaise de grès, à 40 km au nord de Beyrouth. Continuellement habitée depuis l’époque néolithique, Byblos offre un témoignage exceptionnel sur les débuts de la civilisation phénicienne. L'évolution de la ville est évidente de par les structures datant de différentes périodes qui parsèment le site qui englobe, outre l’habitat antique, la ville médiévale intramuros. Byblos atteste d'une histoire ininterrompue de construction depuis les premières installations d'une communauté de pêcheurs datant de 8000 ans, en passant par les premiers édifices urbains, les temples monumentaux de l'Age de Bronze, les fortifications perses, la voie romaine, les églises byzantines, la citadelle croisée, la ville médiévale et ottomane. Byblos est aussi directement associée avec l’histoire et la diffusion de l’alphabet phénicien. C’est à Byblos qu’a été faite la découverte de la plus ancienne inscription phénicienne gravée sur le sarcophage d'Ahiram, origine de notre alphabet contemporain. Critère (iii) : Byblos offre un témoignage exceptionnel sur les débuts de la civilisation phénicienne. Critère (iv) : Dès l'âge de bronze, Byblos donne l’un des premiers exemples d'organisation urbaine dans le monde méditerranéen. Critère (vi) : Byblos est directement et matériellement associée à l'histoire de la diffusion de l'alphabet phénicien (dont l’humanité est toujours largement tributaire), avec les inscriptions d'Ahiram, de Yehimilk, d’Elibaal et de Shaphatbaal. Intégrité (2009) Le bien inscrit comprend les éléments phéniciens et romains alors que la large zone protégée, telle que demandée par le Comité du patrimoine mondial, couvre la ville médiévale à l’intérieur des murs et le secteur de la nécropole, et par conséquent de nombreux attributs se trouvent à l’extérieur des limites. L'ancienne ville de Byblos intra-muros possède tous les éléments caractérisant une ville médiévale (muraille, cathédrale, château fort et donjon) plus tard modifiée en une ville ottomane type (souks, khans, mosquée, demeures). Les fortes pressions d'urbanisation qui menacent cette ville ottomane ont été majoritairement contenues grâce au classement national et international de cette partie de la ville, mais de nouveaux développements restent une menace autour du port. Les sites archéologiques sont rendus très vulnérables en raison de l’absence de travaux de consolidation après les fouilles et de nombreux monuments sont en attente de réparations pour éviter des risques d’effondrement ce qui a été le cas pour un mur situé à proximité du rempart primitif. Authenticité (2009) L’authenticité des éléments archéologiques est très vulnérable car les conditions climatiques entraînent une érosion de certaines parties, ce qui réduit la compréhension de ce qu’elles représentent. Ce phénomène est une source de préoccupation plus particulièrement pour les mosaïques. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le site est protégé par la loi libanaise sur les antiquités 133/1937 et la loi n°166 de 1933. Le plan d’urbanisme de la ville et de la zone classée est appliqué. La ville intra-muros est inscrite sur la liste nationale des monuments historiques. La conservation et la gestion du site de Byblos sont assurées par la Direction Générale des Antiquités (DGA). Des projets ponctuels de conservation sont en cours à l’intérieur du bien du Patrimoine mondial. Tout permis de restauration ou autre, dans la zone intramuros, doit être soumis à l’approbation de la DGA. Quant aux permis de construction, les mêmes lois mentionnées ci-dessus sont appliquées non seulement à l’intérieur du site mais dans toute la région de Byblos. La DGA se réserve le droit de modifier tout projet de construction, en fonction des vestiges archéologiques enfouis mis au jour durant les sondages, avant d’émettre un permis. Une entente est requise avec la municipalité et les forces de l’ordre locales afin de mettre un terme à tout dérapage de la part du propriétaire, si cela est nécessaire. Un plan de protection et de mise en valeur du site est en cours de préparation. Le but de ce dernier consiste à assurer une meilleure mise en valeur de ces vestiges uniques et de développer un nouveau système de protection du site et ce, dans le respect des chartes internationales. Une coopération avec des bureaux spécialisés dans la restauration des monuments historiques est essentielle. Le plan devra coordonner tous les organismes impliqués dans le bien et devrait également aborder la question des vestiges subaquatiques.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 24

Bien

Anciens ksour de Ouadane, Chinguetti, Tichitt et Oualata

Etat partie

Mauritanie

Id. N°

750

Date d’inscription

1996

Brève synthèse Cités fondées aux XIe et XIIe siècles pour répondre aux besoins des caravanes traversant le Sahara, ces quatre cités anciennes constituent des exemples exceptionnels des établissements destinés à desservir les grandes routes marchandes du désert du Sahara, lesquelles ont été synonymes de contacts culturels, sociaux et économiques pendant de nombreux siècles. Ces centres marchands et religieux devinrent des foyers de la culture islamique. Les cités constituent une série d’étapes du commerce transsaharien et ont remarquablement préservé un tissu urbain élaboré entre le XIIe et le XVIe siècle, avec leurs maisons à patio se serrant en ruelles étroites autour d'une mosquée à minaret carré. Elles témoignent d'un mode de vie traditionnel, centré sur la culture nomade des populations du Sahara occidental. Ces cités médiévales conservées recèlent une morphologie urbaine spécifique sauvegardée avec des passages étroits et sinueux, des maisons organisées autour de cours centrales et une architecture originale de pierres décoratives. Elles constituent aussi des exemples éminents de l’adaptation de la vie urbaine aux conditions climatiques du désert, tant dans les systèmes de construction que dans l’aménagement de l’espace et des pratiques agricoles. Leurs racines se sont implantées depuis plus de sept siècles, donnant lieu à des ensembles urbains qui témoignent de l’intensité des échanges liés au grand commerce transsaharien ouest-est et nord-sud. Les quatre villes étaient des centres prospères d’où a rayonné une intense vie culturelle et religieuse. Ces ksour se trouvant dans les limites méridionales de la zone saharo-sahélienne ont constitué au fil des temps des étapes incontournables pour la circulation des caravanes reliant le nord de l’Afrique et la région des fleuves ouest africains, mais aussi toute la zone de la savane. Critère (iii) : Les ksour apportent un témoignage unique sur la culture nomade et du commerce en milieu désertique. Leurs racines remontent au Moyen Âge. Établis en milieu désertique aux confins du Maghreb et des grands ensembles du «bilad es-soudan», ils étaient des centres prospères d’où a rayonné une intense vie religieuse et culturelle. Critère (iv) : Cités médiévales, les anciens ksour offrent un exemple éminent de type d’ensembles architecturaux illustrant sept siècles de l’histoire humaine. Ils recèlent une architecture de pierre originale et décorative. Ils offrent un modèle d’habitat typique des ksour sahariens, particulièrement bien intégrés à l’environnement : leur tissu urbain est dense et serré, parcouru de passages étroits et sinueux, enserrés entre les murs d’enceinte aveugles des maisons organisées autour d’une cour centrale. Critère (v) : Villes historiques vivantes, elles sont un exemple éminent d’établissements humains traditionnels, qui offrent les derniers témoignages d’un mode d’occupation de l’espace original et traditionnel, très représentatif de la culture nomade et du commerce de longue distance en milieu désertique. C’est dans ce cadre particulier que les cités ont fourni des entrepôts sûrs pour mettre à l’abri des produits commerciaux et se sont développées jusqu’à devenir les brillants foyers de la culture et de la pensée islamique. Intégrité (2009) La zone inscrite comprend tous les attributs qui sont nécessaires à l’expression de la Valeur universelle exceptionnelle. Le cadre des villes et leur relation à l’environnement désertique, essentiels pour comprendre leur rôle, sont devenus vulnérables ces dernières années en partie à cause de la pression du développement. Authenticité (2009) Au moment de l’inscription, les quatre villes avaient remarquablement préservé leurs formes et leurs matériaux d’origine, essentiellement parce qu’elles s’étaient détériorées et dépeuplées progressivement sur une longue période et qu’aucune restauration n’avait été pratiquée. Quand les travaux de restauration ont commencé dans les années 1980, les techniques employées étaient en totale conformité avec les meilleures pratiques. Ces dernières années, l’authenticité du site est devenu vulnérable aux changements socio-économiques et climatiques, à la fois en raison des transformations apportées à l’habitat et au manque de compétences techniques.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La loi 46-2005, relative à la protection du patrimoine culturel tangible, constitue le cadre juridique pour la gestion et la mise en valeur des ksour anciens de Mauritanie. Le Ministère de la culture est l’autorité responsable de l’application des lois concernant la protection de ces biens culturels. La Direction du patrimoine culturel veille à l’application des normes et réalise l’inventaire des biens culturels se trouvant dans ces cités. Elle supervise le travail de la Fondation nationale des villes anciennes qui opère dans ces cités et assure la gestion du patrimoine, sa conservation, sa mise en valeur et le développement des activités socio-économiques. La Fondation nationale des villes anciennes a élaboré un cadre qui sera suivi d’un plan de gestion dès la mise en place du Fonds des villes anciennes pour le bien et ses zone-tampons. La gestion de ces cités est confrontée aux problèmes d’ensablement et de désertification et également aux changements socio-économiques qui restent les véritables défis de la conservation de ces perles du Sahara. Il est nécessaire de renforcer les dispositions en matière de protection, de planification et de gestion pour répondre aux défis qui se posent et, plus particulièrement, pour s’assurer que le bâti conserve ses structures distinctives, sa décoration, sa forme et sa disposition.

Bien

Ksar d’Aït-Ben-Haddou

Etat partie

Maroc

Id. N°

444

Date d’inscription

1987

Brève synthèse Situé sur les contreforts des pentes méridionales du Haut Atlas dans la province de Ouarzazate, le site d’Aït-Ben-Haddou est le plus célèbre des ksour de la vallée de l’Ounila. Le Ksar d’Aït-Ben-Haddou est un exemple frappant de l'architecture du sud marocain. Le Ksar est un groupement d’habitations essentiellement collectif. À l’intérieur de murailles défensives renforcées de tours d’angle et percées d’une porte en chicane, se pressent de nombreuses maisons d’habitation, les unes modestes, les autres faisant figure de petits châteaux urbains avec leurs hautes tours d’angle décorées à la partie supérieure de motifs décoratifs en brique crue, mais aussi des bâtiments et des espaces communautaires. C’est un extraordinaire ensemble de bâtiments offrant un panorama complet des techniques de construction en terre présahariennes. Les plus anciennes constructions ne paraissent pas antérieures au XVIIe siècle, bien que leur structure et leur technique se soient propagées dès une époque très reculée dans les vallées du sud marocain. Le site aurait été également un des nombreux comptoirs sur la route commerciale qui liait l’ancien Soudan à Marrakech par la vallée du Dra et le col de Tizi-n’Telouet. Sur le plan architectural, la structure de l’habitat se présente sous forme d’un groupement compact, fermé et suspendu. Les espaces publics du ksar se composent d’une mosquée, d’une place publique, des aires de battage des céréales à l’extérieur des remparts, d’une fortification et d’un grenier au sommet du village, d’un caravansérail, de deux cimetières (musulman et juif) et du sanctuaire du saint Sidi Ali ou Amer. Le Ksar d’Aït- Ben-Haddou est une parfaite synthèse de l’architecture en terre des régions présahariennes du Maroc. Critère (iv) : Le Ksar d’Aït–Ben-Haddou est un exemple éminent de ksar du sud marocain illustrant les principaux types de constructions en terre que l’on observe à partir du XVIIe siècle dans les vallées du Dra, du Todgha, du Dadès et du Souss. Critère (v) : Le Ksar d’Aït-Ben-Haddou illustre l’habitat traditionnel en terre, représentatif de la culture sud-marocaine, devenu vulnérable sous l’effet de mutations socio-économiques et culturelles irréversibles. Intégrité (2009) Toutes les structures qui composent le ksar se trouvent dans les limites du bien et la zone tampon protège son environnement. Les bâtiments en terre sont rendus très vulnérables au manque d’entretien et de réparation continu du fait de l’abandon du ksar par ses habitants. Le CERKAS (Centre de conservation et de réhabilitation du patrimoine architectural des zones atlasiques et sub-atlasiques) veille, non sans difficulté, au respect de l’intégrité visuelle du bien. Authenticité (2009) Comparé aux autres ksour de la région, le Ksar d’Aït-Ben-Haddou a préservé son authenticité architecturale au niveau, des formes et des matériaux. Le style architectural est bien préservé et les constructions en terre s’adaptent parfaitement aux conditions climatiques et s’harmonisent avec le milieu naturel et social.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 26

Les grandes demeures en bas du village, dont les motifs décoratifs sont conservés, sont bien entretenues. Les matériaux employés pour la construction restent la terre et le bois. Les velléités d’introduction du ciment ont jusqu’ici échoué, grâce au suivi continuel du Comité de contrôle des infractions (Commune rurale, Division de l’Urbanisme, Agence Urbaine, CERKAS). Seuls quelques linteaux et armatures en béton armé ont pu échapper à sa vigilance, mais ils ont été dissimulés sous des enduits en terre. Une attention particulière est également portée aux portes et fenêtres donnant sur les ruelles, pour garantir que le métal ne remplace pas le bois. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 relative au patrimoine marocain. Le ksar D’ait-BenHaddou est doté actuellement d’un plan de gestion qui s’étale sur 5 ans (2007-2012). Ce plan de gestion est le résultat de deux années de réflexion et d’ateliers de travail impliquant toutes les personnes et institutions concernées par l’avenir du site, notamment les populations locales. Les recommandations de ce plan sont en cours de réalisation. De plus, deux comités de gestion ont été créés (un comité local et un comité national) dans lesquels tous les intervenants sont représentés et collaborent dans les prises de décision. En même temps qu’il gère le bien, le CERKAS assure la coordination de la mise en œuvre de ce plan de gestion.

Bien

Ville historique de Meknès

Etat partie

Maroc

Id. N°

793

Date d’inscription

1996

Brève synthèse La ville historique de Meknès a exercé une influence considérable sur le développement de l’architecture civile et militaire (la casbah) et des ouvrages d’art. Fondée en 1061 de notre ère par les Almoravides en tant qu'établissement militaire, elle tire son nom de la grande tribu berbère Meknassa, qui dominait le Maroc oriental jusqu’au Tafilalet au VIIIe siècle. Elle jouit d’une situation géographique remarquable dans la plaine du Saïss, entre le Moyen-Atlas et le massif pré-rifain du Zerhoun. Elle renferme les vestiges de la médina qui témoignent du tissu socio-économique ancien et de la ville impériale créée par le sultan Moulay Ismail (1672-1727). C’est la présence de nos jours de cette ville historique renfermant des vestiges rares et des monuments importants au milieu d’un espace urbain en pleine mutation, qui donne à ce patrimoine urbain sa valeur universelle. Les deux ensembles sont entourés par une série de remparts qui les dissocient l’un de l’autre. Outre son intérêt architectural de style hispano-mauresque, Meknès revêt une importance particulière du fait qu’il s’agit de la première grande œuvre de la dynastie alaouite, reflétant la grandeur de son concepteur. Elle offre également une approche remarquable du tracé urbain intégrant des éléments tant de l’architecture que de l’urbanisme islamiques et européens. A l’abri des hautes murailles défensives, percées de neuf portes monumentales, se trouvent des monuments clés, dont vingt-cinq mosquées, dix hammams, des palais, de vastes greniers à grain, des vestiges de fondouks (hôtels pour marchands) et des habitations privées, témoignages des périodes almoravide, mérinide et alaouite. Critère (iv) : Meknès se distingue par l’aspect gigantesque et volumineux de ses remparts dont la hauteur atteint 15 m. Elle est considérée comme un témoin exemplaire des villes fortifiées du Maghreb. Il s’agit d’un bien représentant de façon remarquablement complète la structure urbaine et architecturale d'une capitale nord-africaine du XVIIe siècle, alliant de façon harmonieuse des éléments de conception et de planification islamiques et européennes. Dotée d’un urbanisme princier, la ville historique de Meknès illustre également les spécificités de l’architecture de terre (le pisé) des villes sub-sahariennes du Maghreb. Intégrité (2009) La médina et la Casbah sont deux ensembles fortifiés par des remparts imposants qui en garantissent la protection. Elles renferment tous les éléments qui témoignent de la Valeur universelle exceptionnelle du bien (fortifications, tissu urbain, architecture de terre, bâtiments civils, militaires et cultuels, jardins). La médina constitue un ensemble compact et surpeuplé alors que la Casbah renferme de vastes terrains dégagés. La ville impériale se distingue de la médina par ses longs couloirs entre de hautes murailles aveugles, le dédale sombre de Dar el-Kbira, la richesse de Qsar el-Mhansha, l’étendue des jardins et la robustesse des tours et des bastions. Bien que certains attributs-clés de la ville et ancienne capitale impériale, reflétant la Valeur universelle exceptionnelle soient bien préservés, d’autres ont besoin de mesures de conservation. De manière Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 27

générale, la structure urbaine et les caractéristiques du tissu urbain de Meknès sont devenus vulnérables sous l’effet de changements rapides et d’un développement en partie incontrôlé, tout comme la zone tampon environnante. Authenticité (2009) Les attributs de Meknès qui reflètent sa Valeur universelle exceptionnelle concernent pour partie des monuments et pour partie l’ensemble du tissu urbain de la ville qui illustrent sa forme du XVIIe siècle. Quelques bâtiments sont devenus très vulnérables sous l’effet de rénovations inappropriées ou de reconstructions et le tissu urbain est également fragilisé par l’érosion des détails. De manière générale, la capacité du bien à exprimer sa Valeur universelle exceptionnelle doit être renforcée car quelques attributs sont déjà menacés. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la Loi 22-80 (1981) relative à la conservation du patrimoine marocain. Un plan de gestion propre au bien n’est pas encore disponible. Les actions de réhabilitation menées jusqu’à présent, initiées par plusieurs intervenants, découlent d’une stratégie participative de sauvegarde et de valorisation de cet héritage culturel. Par ailleurs, le Conseil municipal de la ville, conscient de son rôle d’acteur incontournable dans la gestion du bien, a créé en 2003, au sein de la commune, un Service des monuments historiques chargé de la supervision et de la mise en œuvre des programmes de réhabilitation du patrimoine local, en étroite collaboration avec l’Inspection régionale des monuments historiques et des sites (Ministère de la culture). Dans le but de conserver l’identité culturelle de la ville et de promouvoir la Valeur universelle exceptionnelle du bien, des programmes réguliers de restructuration urbaine sont en cours. A ce propos, il y a lieu de citer les actions suivantes : l’élaboration de la charte architecturale et du plan d’aménagement de la médina, l’application d’une étude de mise à niveau (restructuration des axes et des artères, des voies et des ruelles, traitement et embellissement des façades extérieures, consolidation de la maçonnerie traditionnelle et revêtement du sol). C’est dans ce cadre que s’inscrivent la restauration des murailles et des portes monumentales, la réhabilitation d’édifices patrimoniaux (bastions, palais, greniers, silos et forteresses), remise en état des places historiques et réaménagement des espaces verts. Il est nécessaire de renforcer la capacité des institutions à s’assurer que la conservation et la réhabilitation des attributs de la Valeur universelle exceptionnelle de Meknès reçoivent la plus haute attention dans le domaine de la planification et de la prise de décision.

Bien

Site archéologique de Volubilis

Etat partie

Maroc

Id. N°

836 bis

Dates d’inscription

1997-2008

Brève synthèse Volubilis renferme les vestiges essentiellement romains d’un municipe fortifié bâti sur un site imposant au pied du Djebel Zerhoun. Sa superficie atteint 42 hectares. Elle est d’une importance exceptionnelle en ce qu’elle montre le développement urbain et la romanisation aux frontières de l’empire romain et l’illustration graphique de l’interface entre les cultures romaine et indigène. Du fait de son isolement et qu’elle n’ait pas été occupée pendant près de mille ans, elle présente un niveau important d’authenticité. C’est l’un des sites les plus riches de cette période en Afrique du Nord, non seulement pour ses vestiges mais aussi pour la grande richesse de ses données épigraphiques. Les vestiges archéologiques de ce site témoignent de plusieurs civilisations. Toutes les phases d’une occupation de dix siècles, de la préhistoire à la période islamique, sont représentées. Le site a livré une documentation artistique considérable qui inclut des mosaïques, des statues en marbre et en bronze et des centaines d’inscriptions. Ces documents et ceux qui restent à découvrir, représentent l’œuvre de l’esprit créateur des hommes qui ont occupé le site à travers les âges. Le périmètre du site est matérialisé par le rempart romain construit en 168-169 de notre ère. La physionomie du site révèle deux formes topographiques : une aire relativement plate et inclinée représentée par le quartier nord-est, le secteur monumental et une partie du secteur de l’arc de triomphe, où les Romains ont appliqué un urbanisme hypodamien orthogonal, et une aire accidentée représentée par les quartiers sud et ouest où ils ont suivi un schéma en terrasses. Les vestiges témoignent de diverses périodes à savoir la période maurétanienne où la ville faisait partie d’un royaume indépendant, la période romaine où elle était une métropole de la province romaine de la Maurétanie tingitane, une période surnommée « siècles

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 28

obscures » avec à sa fin une phase chrétienne, et enfin une période islamique caractérisée par la mise en place de la dynastie des Idrissides. Critère (ii) : Le site archéologique de Volubilis est un exemple exceptionnel d’une ville témoignant d’un échange d’influences depuis la Haute Antiquité jusqu’à l’arrivée de l’Islam. Ces échanges se sont croisés sur une aire citadine correspondant au périmètre du site, et sur une aire rurale étendue entre les rides prérifaines du Zerhoun et la plaine du Gharb. Ces influences témoignent de cultures méditerranéenne, libyque et maure, punique, romaine et arabo-islamique ainsi que des cultures africaine et chrétienne. Elles se traduisent par l’évolution urbaine de la ville, les modes de construction et de décoration architecturales, et la création de paysages. Critère (iii) : Ce site est un exemple exceptionnel d’ensemble archéologique et architectural et d’un paysage culturel apportant un témoignage sur plusieurs cultures (libyco-berbère et maurétanienne, romaine, chrétienne et arabo-islamique) dont plusieurs sont disparues. Critère (iv) : Le site archéologique de Volubilis est un exemple exceptionnel d’un foyer de différentes formes d’immigration, de traditions culturelles et de cultures disparues (libyco-berbère et maurétanienne, romaine, chrétienne et arabo-islamique) depuis la Haute Antiquité jusqu’à l’arrivée de l’Islam. Critère (vi) : Le site archéologique de Volubilis est chargé d’histoire, d’événements, d’idées, de croyances et d’œuvres artistiques d’une signification universelle, notamment en tant que lieu qui abrita pour une brève période la capitale de la dynastie musulmane des Idrissides. La ville de Moulay Idriss Zerhoun toute proche du site abrite le tombeau de ce fondateur qui fait l’objet d’un pèlerinage annuel. Intégrité (2009) La zone tampon (décision 32 COM 8B.55) et les limites du site (décision 32 COM 8D) ont été clarifiées et approuvées par le Comité du patrimoine mondial en 2008. Les limites du bien comprennent tous les éléments conservés qui appartenaient à la ville fortifiée et ses bâtiments extérieurs. L’abandon de la ville depuis des siècles a assuré à ses ruines d’excellentes conditions de conservation. Ces dernières devraient faire l’objet de programmes de conservation sur le long terme pour préserver leur authenticité. Authenticité (2009) Volubilis se distingue par sa conception urbaine (plan hypodamien et plan en terrasses), son exécution selon des normes architecturales et défensives bien définies, ses matériaux de construction présentant divers faciès géologiques, ses composantes relatant une richesse d’équipements citadins, autant d’attributs toujours visibles. Elle se caractérise aussi par son intégration dans un paysage naturel intact et dans un environnement culturel original. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 (1981) relative à la conservation du patrimoine marocain. La gestion du site se base sur un plan d’action s’appuyant lui-même sur un dispositif juridique national et international ainsi que sur la stratégie du Ministère de la Culture et les décisions du Comité du patrimoine mondial. Cette gestion porte sur la conservation, la conservation préventive, la fouille, l’entretien, la sécurité, la restauration, la mise en valeur du site et la préservation de sa zone de protection. Le plan de gestion est en cours d’élaboration par la Conservation du site de Volubilis, responsable de la gestion du site. L’adoption de la zone de protection, l’établissement du titre foncier de la propriété, la préparation du plan cadastral et le projet d’aménagement en cours d’élaboration par le Ministère de Culture, constituent les éléments de base de ce document. Le plan de gestion devra traiter toutes les nouvelles interventions sur le site.

Bien

Médina d’Essaouira (ancienne Mogador)

Etat partie

Maroc

Id. N°

753 rev

Date d’inscription

2001

Brève synthèse La médina d’Essaouira, anciennement connue sous le nom de Mogador (nom provenant du mot phénicien Migdol qui signifie « petite forteresse »), est un exemple exceptionnel de ville fortifiée du milieu du XVIIIe siècle, entourée d’une muraille de style Vauban. Construite en Afrique du Nord selon les principes de l'architecture militaire européenne de l'époque, en parfaite association avec les Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 29

préceptes de l’architecture et de l’urbanisme arabo-musulmans, elle a joué, des siècles durant, le rôle de port de commerce international de premier plan reliant le Maroc et l’Afrique sub-saharienne à l'Europe et au reste du monde. La ville offre également l’exemple d’un centre multiculturel comme en fait preuve la coexistence, dès sa conception, de diverses ethnies telles les Amazighes, Arabes, Africains, et Européens et multiconfessionnel (musulmans, chrétiens et juifs). Indissociable de la médina, l’archipel de Mogador comprend un grand nombre de biens culturels et de sites naturels d’une Valeur universelle exceptionnelle. Sa fondation relativement tardive par rapport aux autres médinas d’Afrique du Nord fut l’œuvre du Sultan alaouite Sidi Mohamed Ben Abdallah (1757-1790) qui voulait faire de cette petite cité de l’Atlantique un port royal et un chef-lieu du commerce marocain avec l’extérieur. Longtemps connue sous le nom de Port de Tombouctou, Essaouira devint l’une des pièces maîtresses du commerce atlantique entre l’Afrique et l’Europe à la fin du XVIIIe siècle et durant le XIXe siècle. Critère (ii) : Essaouira est un exemple remarquable et bien préservé de ville portuaire fortifiée du milieu du XVIIIe siècle à forte inspiration européenne, transposée dans un contexte nord-africain. Critère (iv) : Avec l’ouverture du Maroc sur le reste du monde à la fin du XVIIe siècle, la médina d’Essaouira a été conçue par un architecte français profondément influencé par le travail de l’ingénieur militaire Vauban à Saint-Malo. Elle a largement conservé l’aspect d’une ville européenne. Intégrité (2009) Achevée dès le XIXe siècle et nettement délimitée par son rempart, la médina d’Essaouira possède tous les éléments essentiels à son intégrité. Constituant un tout homogène associant des atouts naturels (archipel de Mogador) et des biens culturels de grande qualité, la cité garde encore aujourd’hui son intégrité et son cachet originel. Bien que son intégrité ait été un peu altérée, notamment en raison de la dégradation du bâti dans le quartier du Mellah, le degré de perte ne compromet pas la signification du bien dans son ensemble. L’état de conservation de la médina d’Essaouira ne cesse de s’améliorer grâce aux efforts des autorités locales et à la vigilance des services directement concernés par sa protection et sa mise en valeur. Authenticité (2009) Fondée au milieu du XVIIIe siècle, la médina d’Essaouira a conservé en grande partie son authenticité tant au niveau de la conception et des formes qu’au niveau des matériaux (utilisation de la pierre de taille locale dite manjour) et des modes de construction, et ce en dépit de quelques utilisations inadéquates de matériaux modernes pour des réparations et des reconstructions. Malgré l’action de la houle côté mer et de l’humidité partout ailleurs, les fortifications et le tissu urbain conservent, dans l’ensemble, leur configuration d’origine. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 relative au patrimoine marocain. La propriété des éléments constituant la ville historique d’Essaouira est répartie entre l’État, la municipalité, les Habous, l’Alliance israélite, des coopératives et des particuliers. Le plan d’urbanisme n° 4001 de 1988 prévoit autour de la ville historique une zone tampon où la construction est interdite. Deux mesures de protection et de gestion significatives sont entrées dans les dernières phases d’application. Il s’agit du schéma directeur d’aménagement urbain de la ville d’Essaouira et du plan de sauvegarde de la médina. La population locale, les pouvoirs publics et l’espace associatif sont de plus en plus sensibles à la Valeur universelle exceptionnelle de la médina. L’Agence Urbaine d’Essaouira fut créée pour assurer une meilleure maîtrise de l’urbanisation de la ville en général et de la médina en particulier. Celle-ci doit permettre, en parallèle avec les autres départements et services ministériels, de planifier et de coordonner les efforts et de suivre le déroulement et la réalisation des chantiers entamés ou projetés. En attendant la mise en place d’un plan de gestion de la médina qui devrait permettre de concilier la sauvegarde du patrimoine architectural et l’amélioration des conditions de vie de la population locale, les services concernés par la protection et la sauvegarde du bien doivent veiller à l’application du plan d’aménagement de la médina et de l’ensemble de la ville d’Essaouira.

Bien

Ancienne ville de Damas

Etat partie

République arabe syrienne

Id. N°

20

Date d’inscription

1979

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 30

Brève synthèse Fondée au IIIe millénaire avant J.-C., Damas était un centre culturel et commercial important grâce à sa position géographique au carrefour de l’Orient et de l’Occident, entre l’Afrique et l’Asie. La vieille ville de Damas est considérée comme l’une des plus anciennes villes du monde continuellement habitées. Des fouilles à Tell Ramad, dans les faubourgs de la ville, ont montré que Damas était habitée dès 8.000 à 10.000 ans avant J.-C. Toutefois, jusqu’à l’arrivée des Araméens elle n’est pas attestée comme étant une ville importante. Au Moyen Âge, c’était le centre d’une industrie artisanale florissante, avec différents quartiers spécialisés dans des métiers ou artisanats particuliers. La ville présente des témoignages exceptionnels des civilisations qui l’ont créée : hellénistique, romaine, byzantine et islamique. Le califat omeyyade, en particulier, a fait de Damas sa capitale, plantant le décor pour le développement continu de la ville en tant que cité arabe musulmane vivante, sur laquelle chaque dynastie ultérieure a laissé et continue de laisser sa marque. En dépit de l’influence prédominante de l’Islam, on trouve encore des traces de cultures plus anciennes, en particulier romaine et byzantine, dans la ville. La cité actuelle est basée sur un plan romain et conserve l’aspect et l’orientation de la cité grecque, avec toutes ses rues orientées nord-sud ou estouest ; c’est un exemple majeur d’urbanisme. Les preuves physiques visibles les plus anciennes remontent à la période romaine – les vestiges du Temple du Jupiter, ceux de diverses portes et une section impressionnante des remparts de la ville romaine. Damas a été la capitale du califat omeyyade. Cependant, en dehors de l’incomparable Grande mosquée, bâtie sur le site d’un temple romain et les vestiges d’une basilique chrétienne, il y a peu de restes visibles datant de cette époque importante de l’histoire de la ville. Les remparts actuels, la Citadelle, quelques mosquées et tombeaux du Moyen Âge sont conservés, mais la majeure partie du e patrimoine bâti de la ville date de la période qui suit la conquête ottomane du début du XVI siècle. Critère (i) : Damas témoigne des niveaux esthétiques exceptionnels atteints par les civilisations qui l’ont créée. La Grande mosquée est un chef-d’œuvre d’architecture omeyyade qui, avec d’autres monuments importants de différentes époques tels que la Citadelle, le palais Azem, les medersas, les caravansérails, les bains publics et les résidences privées, atteste ce niveau. Critère (ii) : Damas, en tant que capitale du califat omeyyade – premier califat islamique – a joué un rôle déterminant dans le développement ultérieur d’autres villes arabes. Avec sa Grande mosquée au cœur d’un plan urbain découlant du quadrillage greco-romain, la ville a servi de modèle au monde arabo-musulman. Critère (iii) : Des sources historiques et archéologiques témoignent d’origines remontant au IIIe millénaire avant J.-C. et Damas est connue comme étant l’une des villes continuellement habitées les plus anciennes du monde. L’incomparable Grande mosquée est un monument rare et extrêmement important des Omeyyades. Les remparts actuels, la Citadelle, quelques mosquées et tombeaux datant du Moyen Âge ont été conservés et une grande partie du patrimoine bâti de la ville, y compris des palais et des demeures privées, date de l’après-conquête ottomane du début du XVIe siècle. Critère (iv) : La Grande mosquée omeyyade, également appelée Grande mosquée de Damas, est l’une des plus grandes du monde et l’un des plus anciens sites de prière continue depuis l’apparition de l’Islam. En tant que telle, elle constitue une innovation culturelle, sociale et artistique importante. Critère (vi) : La ville est étroitement liée à des événements historiques, des idées et des traditions importants, en particulier de la période islamique. Ils ont contribué à façonner l’image de la ville ainsi que l’impact de l’histoire et de la culture islamiques. Intégrité (2009) La ligne des remparts de la vieille ville marque les limites du bien. Bien que des quartiers situés à l’extérieur des remparts et correspondant à l’extension de la ville à partir du XIIIe siècle soient considérés comme liés à la vieille ville en termes d’importance historique et lui fournissent son cadre et son contexte, les principaux attributs de Valeur universelle exceptionnelle sont observés à l’intérieur des remparts. Il s’agit notamment du plan de la ville et de son tissu urbain dense, des remparts et des portes, ainsi que des 125 monuments protégés, notamment la Mosquée omeyyade, les medersas, les caravansérails, la Citadelle et des demeures privées. Ces attributs sont sensibles à l’érosion à cause de l’absence d’approche traditionnelle de l’entretien et de la conservation et de l’utilisation de matériaux traditionnels, tandis que son cadre et son environnement sont menacés par l’absence de politique de conservation pour les quartiers historiques qui s’étendent au-delà des remparts et par des projets d’aménagement régionaux.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 31

Authenticité (2009) Depuis l’inscription du bien, la configuration morphologique du bien et l’organisation spatiale du tissu urbain sont restées pour l’essentiel inchangées et les principaux attributs distincts ont été conservés. Cependant, des activités commerciales et semi-industrielles commencent à envahir la zone résidentielle de la cité fortifiée et ses faubourgs, portant par endroit atteinte à la valeur des attributs relatifs au tissu urbain et à leurs liens réciproques. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La responsabilité du contrôle de l’urbanisme dans la vieille ville et de sa gestion repose sur deux administrations publiques (la Commission pour la sauvegarde de la vieille ville et la Direction générale des antiquités et des musées (DGAM). La coopération technique pour les projets et programmes destinés à mettre la ville en valeur est assurée par le ministère de l’Administration locale et de l’Environnement avec le soutien d’organisations internationales. L’efficacité de la politique de conservation dépend de la pleine participation des diverses parties intéressées de la ville, tels que les partenariats public-privé, tous les niveaux de gouvernement, la communauté financière et les citoyens. La protection juridique est assurée par la Loi n° 222 relative aux antiquités telle qu’amendée en 1999, qui vient s’ajouter à l’arrêté ministériel n° 192 de 1976, lequel classait la ville fortifiée patrimoine culturel et historique de la Syrie. La Loi n° 826 relative à la restauration/reconstruction de la ville à l’intérieur des remparts a été révisée à la lumière de l’évolution de la situation, des besoins et des possibilités offertes et vise à créer de nouvelles conditions pour la ville fortifiée. Un Comité pour la protection et le développement de la vieille ville de Damas, composé de représentants des différents organismes, a été mis en place ; outre la responsabilité de la planification stratégique de la Vieille ville, il est chargé de coordonner les activités d’urbanisme et de construction. Le projet de plan d’urbanisme intégré de la Vieille ville a été officiellement approuvé par décision ministérielle n° 37/A de 2010. Une zone tampon a également été délimitée, mais elle n’a pas encore été approuvée officiellement. Il est nécessaire que le plan, une fois approuvé et mis en œuvre, clarifie les différents niveaux de protection à appliquer aux différentes parties du tissu urbain, définisse les interventions nécessaires ou autorisées et intègre la protection de la zone tampon à la protection de la ville.

Bien

Site de Palmyre

Etat partie

République arabe syrienne

Id. N°

23

Date d’inscription

1980

Brève synthèse Oasis du désert de Syrie au nord-est de Damas, Palmyre abrite les ruines monumentales d'une grande ville qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique. Au carrefour de plusieurs civilisations, l'art et l'architecture de Palmyre allièrent aux Ier et IIe siècles les techniques grécoromaines aux traditions locales et aux influences de la Perse. Mentionnée pour la première fois dans les archives de Mari au IIe millénaire av. J.-C., Palmyre était une oasis caravanière établie lorsqu’elle entra sous contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie. Elle devint peu à peu une cité prospère sur la route commerçante reliant la Perse, l’Inde et la Chine à l’Empire romain, au carrefour de plusieurs civilisations du monde antique. Longue de 1100 m, la grande colonnade constitue l’axe monumental de la ville qui, avec d’autres rues secondaires perpendiculaires également bordées de colonnes, relie les principaux monuments publics dont le temple de Bel, le Camp de Dioclétien, l’Agora, le Théâtre, d’autres temples et des quartiers d’habitations. L’ornementation architecturale, qui présente notamment des exemples uniques de sculpture funéraire, associe les formes de l’art gréco-romain à des éléments autochtones et à des influences perses dans un style profondément original. En dehors de l’enceinte fortifiée, se dressent les vestiges d’un aqueduc romain et d’immenses nécropoles. La découverte des ruines de la cité par des voyageurs aux XVIIe et XVIIIe siècles a influencé par la suite les styles d’architecture. Critère (i) : La splendeur des ruines de Palmyre qui se dressent dans le désert syrien au nord-est de Damas témoigne de la réalisation esthétique unique d’une oasis caravanière prospère, tour à tour indépendante et soumise à Rome du Ier au IIIe siècle. La grande colonnade constitue un exemple caractéristique d’un type de structure qui représente une évolution artistique majeure. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 32

Critère (ii) : La reconnaissance de la splendeur des ruines de Palmyre par des voyageurs aux XVIIe et XVIIIe siècles a eu une influence décisive sur le renouveau ultérieur des styles d’architecture classiques et de l’urbanisme en Occident. Critère (iv) : La grande colonnade monumentale, ouverte au centre et flanquée de bas-côtés couverts, les rues secondaires perpendiculaires de conception identique et les principaux monuments publics illustrent de manière exceptionnelle l’architecture et la configuration des villes à l’apogée de l’expansion de Rome et de son engagement en Orient. Le grand temple de Bel est considéré comme l’un des plus importants monuments religieux du Ier siècle en Orient par sa conception unique. Le traitement de la sculpture et de la gravure de l’arc monumental par lequel on pénètre dans la cité depuis le grand temple est un exemple exceptionnel d’art palmyrénien. Les monuments funéraires de grande envergure situés en dehors de l’enceinte fortifiée, dans la « Vallée des Tombeaux » témoignent de remarquables méthodes de décoration et de construction. Intégrité (2009) Tous les éléments essentiels, dont la grande colonnade, les principaux bâtiments publics et les monuments funéraires, sont situés à l’intérieur des limites. Les tombeaux-tours et la citadelle sont vulnérables aux plus légers séismes et à l’absence de conservation. Depuis l’inscription, la population de la ville adjacente s’est développée et empiète sur la zone archéologique. Malgré l’accroissement de la circulation, la route principale qui traverse le site a été déviée. Le développement du tourisme exerce des pressions sur les installations situées dans le périmètre du bien. Authenticité (2009) La grandeur et la splendeur des éléments essentiels est bien mise en valeur. Le cadre est néanmoins vulnérable à l’empiétement de la ville adjacente, qui pourrait avoir un impact négatif sur la perception des vestiges en tant qu’oasis, étroitement liés à leur environnement désertique. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le site a été classé monument national et il est maintenant protégé par la Loi nationale sur les Antiquités n° 222, telle qu’amendée en 1999. Une zone tampon a été établie et proclamée en 2007 mais n’a pas encore été soumise au Comité du patrimoine mondial. Le plan d’action stratégique régional actuellement en préparation devrait fournir des orientations permettant d’étendre et de redéfinir le site en tant que paysage culturel, en tenant compte des zones de transition autour du site archéologique, de l’oasis et de la ville. Il importe maintenant d’établir un plan de conservation et de restauration qui traite totalement les problèmes complexes que pose ce vaste site aux multiples aspects. Cela permettrait une gestion coordonnée, l’établissement de priorités claires et d’une stratégie de tourisme culturel, et la résolution des problèmes liés à l’expansion de la ville voisine.

Bien

Gebel Barkal et les sites de la région napatéenne

Etat partie

Soudan

Id. N°

1073

Date d’inscription

2003

Brève synthèse L’ensemble de Gebel Barkal et des sites de la région napatéenne comprend cinq sites archéologiques situés sur les deux rives du Nil, implantés sur plus de 60 km de long dans une zone aride considérée comme appartenant à la Nubie. Les sites (Gebel Barkal, Kurru, Nuri, Sanam et Zuma) sont représentatifs de la culture napatéenne (900-270 av. J.-C.) et méroïtique (de 270 av. J.-C. à 350 de notre ère), de l’époque du second royaume de Koush. Les sites comprennent des tombeaux avec et sans pyramides, des temples, des tumuli et des chambres funéraires, des bâtiments d’habitation et des palais. Ils témoignent d’une tradition architecturale qui a marqué la scène politique, religieuse, sociale et artistique de la vallée du Nil moyen et de sa partie nord pendant plus de 2000 ans (de 1500 av. J.-C. au VIe s. de notre ère). Les pyramides, tombes, temples, palais, tumulus et chambres funéraires de ce paysage aux portes du désert longeant les rives du Nil sont uniques par leur typologie et leur technique. Les vestiges, avec leur art et leurs inscriptions, témoignent d’une culture ancienne remarquable qui n'a existé et ne s'est épanouie que dans cette région.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 33

Le Gebel Barkal est une montagne sacrée depuis l’époque du Nouveau Royaume (vers 1500 av. J.-C.). Les Égyptiens pensaient qu’Amon, dieu protecteur du pays, résidait dans cette « montagne sainte ». Aujourd’hui, la montagne est localement surnommée (Gebel Wad el-Karsani) en l’honneur d’un cheikh musulman (saint) enterré près de ce rocher de grès tabulaire de 100 m de haut. La colline est étroitement associée aux traditions religieuses et la population locale se rend encore sur la tombe du saint pour lui demander ses bénédictions. Critère (i) : Les pyramides, palais, temples, salles et chapelles funéraires de Gebel Barkal et des sites de la région napatéenne ainsi que les reliefs, inscriptions et scènes peintes sur les murs, représentent un chef-d’œuvre du génie créateur qui témoigne des valeurs artistiques, sociales, politiques et religieuses d’un groupe humain pendant plus de 2000 ans. Les voûtes en encorbellement des tombes de Kurru constituent une nouvelle technique de construction e qui a influencé l’architecture méditerranéenne à partir du VII siècle av. J.-C. Critère (ii) : Du point de vue architectural, les sites de la région napatéenne témoignent du réveil d’une religion qui fut quasi universelle et de la langue qui lui était associée – l’ancienne écriture égyptienne et le culte du dieu Amon. Critère (iii) : Gebel Barkal et les autres sites du bien apportent un témoignage exceptionnel sur la e civilisation napatéenne-méroïtique (koushite) qui prévalait dans la Vallée du Nil du IX siècle av. J.-C. e jusqu’à la christianisation du pays au VI siècle. Cette civilisation était étroitement liée aux cultures pharaoniques du Nord et à d’autres cultures africaines. Critère (iv) : La typologie des bâtiments, leurs détails et le plan d’ensemble des pyramides de Gebel Barkal, Nuri et Kurru, avec leurs angles effilés et leurs côtés décorés ainsi que les chambres funéraires peintes et taillées dans le roc, représentent un exemple exceptionnel d’architecture funéraire et d’art e e caractéristiques qui ont prévalu pendant une longue période (du IX siècle av. J.-C. au IV siècle de notre ère). Les monts de Zuma témoignent du maintien de certains aspects de cette tradition funéraire e jusqu’au VI siècle de notre ère. Critère (vi) : Depuis l'Antiquité, la colline de Gebel Barkal est fortement associée aux traditions religieuses et au folklore local. Pour cette raison, les plus grands temples (le temple d’Amon par exemple) ont été construits au pied de la colline et sont encore considérés par la population locale comme des sites sacrés. Intégrité (2009) Les matériaux de construction et la forme des pyramides, des palais, des temples et des chambres et chapelles funéraires n’ont été ni altérés ni modifiés. Les reliefs, inscriptions et scènes peintes ont également conservé leur conception, leur texture et leurs couleurs d’origine. Le caractère hautement préservé de toute dégradation des différents attributs exprimant la Valeur universelle exceptionnelle confère une grande intégrité à ces sites en série. Les bâtiments archéologiques ne sont que très légèrement affectés par des extensions urbaines modernes. Il convient néanmoins d’effectuer un suivi attentif des aménagements réalisés autour du bien, notamment de l’extension urbaine du côté du désert. Authenticité (2009) Les cinq sites sont situés dans un paysage fluvial et semi-désertique exceptionnel, quasiment non affecté par des aménagements modernes. La plupart des pyramides de Gebel Barkal ont conservé leur forme et leur taille initiales. Les reliefs et peintures qui ornent les murs des temples et des chambres funéraires sont également bien préservés. Même les monuments endommagés par l’action de la nature et de l’homme témoignent encore des caractéristiques originales d’occupation humaine de ce territoire. Les interventions de restauration peu nombreuses et malhabiles du siècle dernier sont faciles à éliminer et à remplacer par d’autres interventions conformes aux standards scientifiques modernes. Les vestiges matériels tels que les inscriptions (temple de Mout) et les peintures (Kurru) témoignent du réveil d’une religion qui fut quasi universelle et de la langue qui lui était associée – l’ancienne écriture égyptienne et le culte du dieu Amon. La scène préservée à l’intérieur du temple taillé dans le roc dédié à la déesse Mout et représentant le roi Taharqa adorant le dieu Amon assis à l’intérieur de la montagne au sommet plat témoigne du caractère sacré de cette montagne.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 34

Le site est associé aux plus grands rois de la région du Nil moyen, dont le pouvoir politique s’étendait jusqu’au delta égyptien et à la Palestine. L’un de ces dirigeants les plus célèbres, Taharqa, est le seul souverain soudanais dont le nom figure dans l’Ancien Testament. Tous ces éléments – conception, matériaux, art, inscriptions, emplacement et cadre – témoignent de la Valeur universelle exceptionnelle du bien. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est protégé par l’Ordonnance sur la Protection des Antiquités de 1905, amendée en 1952, et récemment, en 1999. Un Conseil de gestion a été créé et un gestionnaire de site résidant sur place a été nommé ; il est assisté par un groupe de techniciens. Un plan de gestion a été établi en 2007 et approuvé en 2009. Il reste à le mettre totalement en œuvre. Les sites sont gardés par une équipe de militaires de la Police du Tourisme et des Antiquités. Des cartes topographiques détaillées ont été établies et montrent clairement les limites du bien. Il reste à créer une zone tampon qui fournirait une meilleure protection aux cinq éléments du bien ; elle n’est actuellement que partiellement établie. Une entreprise de conseil travaille actuellement sur le projet et le coût d’une clôture et l’aménagement d’infrastructures de base sur les sites. Un musée d’histoire de la région a été créé dans l’enceinte d’un village touristique à Sanam, en coopération avec un investisseur local. Le Conseil de gestion compte attirer des partenaires étrangers pour renforcer les efforts actuels de préservation du patrimoine archéologique des sites. Il reste un potentiel considérable de recherche à effectuer sur les cinq éléments du bien.

Bien

Site archéologique de Carthage

Etat partie

Tunisie

Id. N°

37

Date d’inscription

1979

Brève synthèse De fondation phénicienne, Carthage est un site archéologique étendu qui se situe sur une colline dominant le golfe de Tunis et la plaine environnante. Métropole de la civilisation punique en Afrique et capitale de la province d’Afrique à l’époque romaine, Carthage a joué un rôle de premier plan dans l’antiquité, en tant que grand empire marchand. Au cours des longues guerres puniques, Carthage a occupé des territoires qui appartenaient à Rome qui détruisit sa rivale en 146 après J.C. La ville sera reconstruite par les Romains sur les ruines de l’ancienne cité. Lieu exceptionnel de brassage, de diffusion et d’éclosion de plusieurs cultures qui se sont succédé (phénico-punique, romaine, paléochrétienne et arabe), cette métropole et ses ports ont favorisé des échanges à grande échelle dans la Méditerranée. Fondée à la fin du IXe siècle av. J.-C. par ElyssaDidon et ayant abrité les amours mythiques de Didon et d’Enée, Carthage engendra un chef de guerre et stratège de génie comme Hannibal, un navigateur-explorateur comme Hannon, et un agronome de grande renommée comme Magon. Par sa résonance historique et littéraire, Carthage a toujours nourri l’imaginaire universel. Le bien comprend des vestiges de la présence punique, romaine, vandale, paléochrétienne et arabe. Les principales composantes connues du site de Carthage sont l’acropole de Byrsa, les ports puniques, le tophet punique, les nécropoles, le théâtre, l’amphithéâtre, le cirque, le quartier des villas, les basiliques, les thermes d’Antonin, les citernes de La Malaga et la réserve archéologique. Critère (ii) : Fondation phénicienne en lien avec Tyr et refondation romaine sur ordre de Jules César, Carthage a également été la capitale d’un royaume vandale et de la province byzantine d’Afrique. Ses ports antiques témoignent des échanges commerciaux et culturels durant plus de dix siècles. Le tophet, aire sacrée dédiée à Baal, contient de nombreuses stèles où se lisent de nombreuses influences culturelles. Lieu exceptionnel d’éclosion et de diffusion de plusieurs cultures qui se sont succédé (phénico-punique, romaine, paléochrétienne et arabe), Carthage a exercé une influence considérable sur le développement des arts, de l’architecture et de l’urbanisme dans la Méditerranée. Critère (iii) : Le site de Carthage offre un témoignage exceptionnel de la civilisation phénico-punique dont elle constituait le centre de rayonnement dans le bassin occidental de la Méditerranée. Il s’agit également de l’un des centres les plus brillants de la civilisation africo-romaine.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 35

Critère (vi) : La résonance historique et littéraire de Carthage a toujours nourri l’imaginaire universel. Le site de Carthage est associé notamment à la patrie de la légendaire princesse tyrienne Elyssa-Didon, fondatrice de la ville, qui a été chantée par Virgile dans l’Eneide; au grand navigateur-explorateur Hannon; à Hannibal, l’un des grands stratèges militaires de l’histoire ; à des écrivains comme Apulée, fondateur de la littérature latine africaine ; au martyr de Saint Cyprien et à Saint Augustin qui y fit sa formation et de fréquents séjours. Intégrité (2009) Bien que son intégrité ait été partiellement altérée par une urbanisation incontrôlée durant la première moitié du XXe siècle, le site de Carthage garde l’essentiel des composantes qui caractérisent une ville antique : trame urbaine, lieux de rencontre (forum), de récréation (théâtre), de détente (thermes), de culte (temples), lieu d’habitat, etc. La conservation du site garantit le maintien du caractère intact des structures. Il continue toutefois à être confronté à de fortes pressions d'urbanisation, qui ont été en grande partie contenues grâce au classement national du Parc de Carthage-Sidi Bou-Saïd. Authenticité (2009) Les travaux de restauration et d’entretien effectués au cours des ans ont été faits dans le respect des chartes internationales et n'ont pas porté atteinte à l’authenticité des monuments et des vestiges du site de Carthage. Le site bénéficie d'un protocole d'entretien. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le site de Carthage bénéficie du classement d’un grand nombre de ses vestiges comme monuments historiques (à partir de 1885). Sa protection est aussi assurée par le Décret 85-1246 du 7 octobre 1985 relatif au classement du site de Carthage-Sidi Bou Saïd, la loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels et par l’arrêté de création du site culturel de Carthage du 16 septembre 1996. Une structure de conservation relevant de l’Institut National du Patrimoine est chargée de la sauvegarde et de la gestion du site. La gestion du bien est actuellement intégrée dans le plan d'aménagement urbain de la ville. Un plan de Protection et de Mise en Valeur, en cours de préparation, assurera la gestion du site. Bien

Amphithéâtre d’El Jem

Etat partie

Tunisie

Id. N°

38

Date d’inscription

1979

Brève synthèse L’amphithéâtre d’El Jem est un témoignage exceptionnel de l’architecture romaine, notamment celle des monuments construits à des fins de spectacle, en Afrique. Situé dans une plaine au centre de la Tunisie, cet amphithéâtre, construit entièrement en pierre de taille, n’est ni creusé ni adossé à une colline. Il reprend en cela le modèle du Colisée de Rome sans toutefois être une simple copie conforme de l'édifice flavien. Ses dimensions (grand axe de 148 mètres et petit axe de 122 mètres) et sa contenance (évaluée à 35 000 spectateurs) le classent incontestablement parmi les plus grands amphithéâtres du monde. Sa façade comporte trois étages d’arcades de style corinthien ou composite. À l’intérieur, le monument a conservé la majeure partie de l’infrastructure de support des gradins. Le mur du podium, l’arène et les souterrains sont pratiquement intacts. Cette œuvre architecturale et artistique érigée vers 238 apr. J.-C. constitue un jalon important pour la compréhension de l’histoire de l’Afrique romaine. L’amphithéâtre d’El Jem témoigne également de la prospérité de la petite cité de Thysdrus (l’actuelle El Jem) à l’époque de l’empire romain. Critère (iv) : L’amphithéâtre d’El Jem est l’un des rares monuments du genre et l’unique en Afrique à être bâti, non pas à flanc de coteau, mais en terrain plat et appuyé sur un système complexe de voûtes. Le monument d’El Jem est un des exemples les plus accomplis du type architectural romain de l’amphithéâtre, presqu’au même titre que le Colisée de Rome. Critère (vi) : L’édification dans une lointaine province d’un bâtiment soigné et si complexe, destiné aux spectacles populaires, est symptomatique d’une certaine propagande romaine impériale. Intégrité (2009) Le monument a conservé, sans altérations, la plupart de ses composantes architecturales et architectoniques. Authenticité (2009) Les travaux de restauration menés à travers le temps n’ont pas affecté l’essentiel de l’authenticité fonctionnelle et structurelle du bien. L’authenticité du cadre est toutefois menacée par l’apparition de nouvelles constructions aux abords de l’amphithéâtre. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 36

Besoins en matière de protection et de gestion (2009) L’amphithéâtre d’El Jem est protégé par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et arts traditionnels et par un décret qui limite la hauteur des constructions à 5 mètres, sur un rayon de 300 mètres à partir du centre de l'amphithéâtre. Le Code du patrimoine accorde un droit de regard sur toute intervention autour du monument (zone sous contrôle), alors que le plan d'aménagement de la ville d'El Jem définit des zones de servitude autour du monument, des zones archéologiques, des zones sous contrôle et des cônes de vision afin de préserver les perspectives urbaines. La gestion de ce bien est assurée par une unité de projet mixte de conservation, de restauration et de mise en valeur de l'amphithéâtre d'El Jem ; celle-ci est constituée de l'Institut National du Patrimoine, en tant que responsable scientifique et technique, et de l'Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, responsable de l’exploitation commerciale du patrimoine culturel et de sa mise en valeur. La création d’une zone tampon, pour protéger le bien du développement urbain continu pouvant avoir un impact sur son cadre, et la mise en place d’une réglementation appropriée pour préserver l’authenticité de son environnement, sont à l’étude.

Bien

Médina de Sousse

Etat partie

Tunisie

Id. N°

498

Date d’inscription

1988

Brève synthèse Située dans le Sahel tunisien, la Médina de Sousse constitue un ensemble architectural homogène qui reflète l’urbanisme arabo-musulman appliqué à une ville côtière exposée à travers son histoire à la piraterie et aux dangers venant de la mer. Elle constitue, avec la médina de Monastir, l’unique prototype qui nous soit parvenu de l’architecture militaire côtière des premiers siècles de l’Islam. Plusieurs monuments de la médina témoignent de cette architecture robuste, ascétique et imposante, notamment le Ribat, la Grande Mosquée, la mosquée Bou Ftata, la Casbah et les remparts. Le Ribat, à la fois fort et édifice religieux, est un exemple éminent de ce type de construction. La Médina est aussi constituée d’habitations juxtaposées réparties en quartiers que séparent des ruelles sinueuses et des impasses étroites, une typologie en voie de disparition et menacée par la vie moderne et l’évolution des techniques architecturales. Elle renferme également un ensemble de monuments uniques qui datent de l’époque aghlabide et fatimide, qui permettent de suivre l’évolution de l’art islamique dans sa première période. Critère (iii) : Avec le Ribat, la Casbah, les remparts, la mosquée de Bou Ftata et la Grande Mosquée, la Médina de Sousse apporte un témoignage exceptionnel sur la civilisation des premiers siècles de l’Hégire. La médina est conçue selon un plan régulier avec son axe méridien, menant de Bab el Khabli au Ribat et à l’ancien port intérieur, et son axe est-ouest, allant de Bab el Djedid à Bab el Gharbi. Elle constitue un exemple précoce et interessant de la ville islamique. Critère (iv) : Le plus ancien et le mieux conservé de toute la série, le ribat de Sousse est un exemple éminent de ce type de construction, avec son enceinte rectangulaire flanquée de tours et de tourettes, percée d’une seule porte, au sud, avec sa cour intérieure à deux niveaux sur laquelle ouvrent trente cinq cellules, une mosquée occupant le côté méridional du premier étage, avec sa tour sud-est, adjonction de 821, à la fois minaret et vigie, d’où l’on pouvait transmettre des signaux au Ribat de Monastir. Critère (v) : La médina de Sousse constitue un exemple éminent de l’architecture arabo-musulmane et méditerranéenne qui reflète un mode de vie traditionnel particulier. Cette typologie, devenue vulnérable sous l’effet des mutations socio-économiques irréversibles et de la modernité, constitue un patrimoine précieux qui doit être sauvegardé et protégé. Intégrité (2009) Les limites du bien coïncident avec le mur d’enceinte de la ville et comportent tous les attributs importants. L’ensemble urbain historique de la ville de Sousse a conservé, sans altération majeure, son tissu urbain avec sa morphologie spatiale, et ses composantes monumentales, architecturales, et architectoniques. Toutefois, les nouveaux développements à l’extérieur des limites menacent l’intégrité visuelle de ce fort côtier.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 37

Authenticité (2009) L’adaptation aux nouveaux modes de vie et aux exigences socioculturelles et économiques ainsi que les travaux de restauration et de rénovation menés à travers les siècles n’ont ni affecté ni perturbé l’essentiel de l’authenticité fonctionnelle et structurelle du bien. Toutefois, de nouveaux défis se présentent lorsqu’il faut trouver un équilibre entre la fonction, les besoins des habitants, les questions relatives au patrimoine et la demande de nouveaux bâtiments. L’authenticité est en particulier rendue vulnérable sous l’effet d’une conservation inappropriée et de nouvelles constructions inadéquates. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La médina de Sousse bénéficie de trois nivaux de protection nationale y compris un système de protection au niveau local et municipal. En plus du grand nombre de monuments bénéficiant d’un classement spécifique à titre de monument historique (la Kasbah, la Grande Mosquée, le Ribat, la Soufra, la mosquée Bou Ftata, etc.), le bien est protégé par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et arts traditionnels, par la Loi relative au plan d’aménagement urbain et par l’Arrêté municipal relatif aux permis de bâtir à l’intérieur de la médina de Sousse. Une structure relevant de l’Institut national du patrimoine est chargée de la sauvegarde du bien et de sa gestion de manière permanente. Des mesures de contrôle visant à réduire l’impact des interventions sur les monuments historiques et des nouveaux développements sur l’ensemble du bien mériteraient d’être implantées strictement sur une base continue. Les interventions pour la conservation ont également besoin d’être contrôlées avec attention et de manière continue. La zone tampon proposée s’étendra sur 200 mètres au-delà des remparts et fera l’objet de contraintes en matière de planification adéquates pour préserver l’intégrité visuelle du bien.

Bien

Kairouan

Etat partie

Tunisie

Id. N°

499

Date d’inscription

1988

Brève synthèse Située au centre de la Tunisie dans une plaine à une distance presque égale de la mer et de la montagne, Kairouan est la plus ancienne base arabo-musulmane du Maghreb (670 apr. J.-C.) et l’une de ses principales villes saintes. Capitale de l’Ifriqiya pendant cinq siècles, elle a été un lieu de diffusion exceptionnel de la civilisation arabo-musulmane. Kairouan constitue un témoignage unique sur les premiers siècles de cette civilisation et sur son développement architectural et urbanistique. Le site inscrit est un bien en série qui comprend la médina et ses faubourgs, les Bassins des Aghlabides et la Zawiya de Sidi Sahib. La médina (54 ha) et ses faubourgs (20 ha) est un ensemble urbain qui présente toutes les composantes d’une ville arabo-musulmane. La médina est constituée d’habitations juxtaposées réparties en quartiers que séparent des rues étroites et sinueuses ; elle est entourée par des remparts qui s’étendent sur plus de trois kilomètres. Le tracé des faubourgs est plus rectiligne et les maisons y ont un caractère plus rural. La médina est dotée de quelques monuments remarquables dont la Grande Mosquée, un chef-d’œuvre architectural qui a servi de modèle à plusieurs mosquées du Maghreb, et la Mosquée des Trois Portes, qui présente la plus ancienne façade sculptée de l’art musulman qui nous soit parvenue. Les Bassins des Aghlabides, un réservoir à ciel ouvert formé de deux citernes communiquant entre elles et qui remonte au IXe siècle, constituent un des plus beaux ensembles hydrauliques conçus pour alimenter la ville en eau. La Zawiya de Sidi Sahib abrite les restes d’un compagnon de Mahomet, Abou Zama El-Balawi. Critère (i) : La Grande Mosquée, reconstruite au IXe siècle, est l’un des monuments majeurs de l’Islam mais aussi un chef d’œuvre de l’architecture universelle. Les remaniements, nombreux mais limités, n’ont pas affecté les dispositions de ce lieu de prière formant un quadrilatère de 135 mètres sur 80 mètres et comprenant, au sud, une salle de prière hypostyle de dix-sept nefs soutenue par une forêt de colonnes en marbre et en porphyre et, au nord, une vaste cour dallée bordée de portiques interrompus, dans l’axe du petit côté nord, par la forme massive d’un minaret de plan carré à trois étages. Critère (ii) : La Grande Mosquée a servi de modèle à plusieurs mosquées maghrébines, particulièrement en ce qui concerne les motifs décoratifs dont elle possède un répertoire unique. D’autre part, la Mosquée des Trois Portes, édifiée en 866 apr. J.-C., est la plus ancienne des mosquées à façade sculptée de l’Islam connues à ce jour. Critère (iii) : Avec la Grande Mosquée, la Mosquée des Trois Portes, le Bassin des Aghlabides, sans parler de nombreux vestiges archéologiques, Kairouan offre un témoignage exceptionnel sur la civilisation des premiers siècles de l’Hégire en Ifrîqiya.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 38

Critère (v) : A l'abri de ses murs et de ses portes (Bab et Tounes, Bab el Khoukha, Bab ech Chouhada), la médina de Kairouan, dominée par les minarets et les coupoles de ses mosquées et de ses zaouïas, conserve son réseau de rues tortueuses, ses maisons à terrasses aux murs extérieurs chichement percés de petites fenêtres et de portes à arcs outrepassés, aux murs intérieurs plus largement ouverts sur la cour centrale. Cette architecture traditionnelle, devenue vulnérable sous l’effet des mutations socio-économiques, constitue un patrimoine précieux, qui doit être intégralement protégé. Critère (vi) : Kairouan est l’une des villes saintes et des capitales spirituelles de l’Islam. A côté de la Grande Mosquée, le premier lieu de culte fondé au Maghreb, trente-huit ans seulement après la mort du Prophète, la Zaouïa de Sidi Sahâb abrite les restes d’Abou Djama, un des compagnons de Mahomet. On ne s’étonnera pas que, naguère encore, sept pèlerinages à Kairouan aient pu tenir lieu du pèlerinage à La Mecque prescrit à tous les Musulmans. Intégrité (2009) L’ensemble historique de Kairouan, avec sa partie centrale et ses faubourgs, a conservé, sans altération, son tissu urbain avec sa morphologie, et ses composantes architecturales et architectoniques. Tous ces éléments sont porteurs de la valeur universelle du bien et contribuent à son intégrité. Authenticité (2009) Quelques demeures ont été complètement rénovées mais l’essentiel du tissu urbain, surtout les monuments, sont préservés. L’adaptation aux nouveaux modes de vie et aux exigences socioéconomiques ainsi que les travaux de restauration menés à travers le temps n’ont pas affecté l’essentiel de son authenticité fonctionnelle et structurelle. Certaines demeures ont toutefois été reconstruites avec des matériaux modernes. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Outre les 36 monuments bénéficiant d’un classement spécifique au titre de monuments historiques, l’ensemble historique de Kairouan est protégé par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels, par le Décret du 18 octobre 1921 relatif à la protection des souks et des quartiers pittoresques de la ville de Kairouan et par le plan d’aménagement urbain de la ville. Pour assurer la sauvegarde et la bonne gestion de l’ensemble historique de Kairouan, l’Institut National du Patrimoine l’a doté d’une unité de gestion. Il a aussi été proposé de créer un secteur sauvegardé, mesure qui sera suivie par l’élaboration d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur. La délimitation d’une zone tampon adéquate pour assurer la protection des trois éléments du bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial est souhaitable, de même que le renforcement des mesures de contrôle pour maitriser et réduire les constructions illicites. Il est nécessaire de continuer à encourager l’utilisation de matériaux et de techniques traditionnels pour la restauration et la réparation des monuments et des maisons.

Bien

Ville historique de Zabid

Etat partie

Yémen

Id. N°

611

Date d’inscription

1993

Brève synthèse Zabid est l’une des villes côtières de la région de Tihama, dans l’ouest du Yémen, perchée sur un promontoire au-dessus de l’embranchement de la rivière et de la plaine inondable fertile. C’est une ville fortifiée de forme circulaire qui a conservé quatre portes et qui était alimentée en eau par un vaste réseau de canaux. Elle était déjà florissante quand l’islam s’est établi dans la région au VIIe siècle. Elle doit son développement à Ibn Ziyad (fondateur de la dynastie Zyadite), qui avait été envoyé dans la région par le calife al-Mamun en 820 pour étouffer une rébellion. Le cœur de la ville est sa première mosquée, Asa’ir. La Grande mosquée se trouve à l’ouest de la ville. Entre les deux s’étend le souk. Zabid a la plus forte concentration de mosquées du Yémen, 86 au total, pour la plupart de simples structures en briques, mais certaines avec une décoration plus élaborée en brique sculptée et en stuc. Quatorze datent de la période Rasulide – ce sont toutes des medersas – et représentent le groupe le plus important d’édifices de cette période au Yémen. Un réseau de passages étroits sillonne la ville et ses bâtiments en style vernaculaire, typiques du sud de la Péninsule arabique, lui confèrent des qualités visuelles exceptionnelles. Les habitations en brique cuite sont toutes sur le même plan, avec une grande pièce (murabba) ouvrant sur une cour intérieure.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 39

Les maisons plus grandes s’élèvent sur deux ou trois étages et ont de magnifiques intérieurs richement décorés, avec murs, niches et plafonds en brique finement sculptée. La ville avec son réseau de rues étroites, ses maisons traditionnelles et ses minarets est un exemple exceptionnel d’ensemble architectural homogène qui reflète les caractéristiques spatiales des premières années de l’islam. Autour de la ville se trouvent des cimetières, notamment celui du nord-ouest avec mosquée, puits et ombrages. Zabid a joué un rôle important dans l’expansion de l’islam avec son université islamique (les anciennes mosquées et medersas qui recevaient des étudiants du monde entier venus suivre l’enseignement islamique et étudier différentes sciences), qui connut un extraordinaire développement grâce à des savants musulmans, contribuant ainsi au progrès de la science. Critère (ii) : Zabid est d’un intérêt archéologique et historique exceptionnel en raison de son architecture domestique et militaire et de son tracé urbain (seule ville du Yémen construite en veillant à l’harmonie entre le tracé typique de la ville islamique, avec mosquée centrale et souk, et les maisons destinées à la vie privée). Son architecture a profondément influencé celle de la plaine côtière yéménite. Critère (iv) : L’architecture domestique et militaire de Zabid, l’organisation du tissu urbain et défensif telle qu’elle transparaît à travers les vestiges des remparts, les tours de gué et la citadelle, ainsi que son accès indirect en font un site archéologique et historique exceptionnel. L’architecture domestique de Zabid est l’exemple le plus caractéristique du style Tihama de maison avec cour intérieure que l’on trouve fréquemment dans une grande partie du sud de la péninsule Arabique. Critère (vi) : La Ville historique de Zabid est étroitement liée à l’histoire de l’expansion de l’islam aux premières années de l’Hégire, comme l’attestent les vestiges archéologiques à l’intérieur de la moquée Alash'ar, associée à Al-Alash'ari, l’un des compagnons du prophète Mahomet, qui fit construire ce qui devint la cinquième mosquée de l’islam. Capitale du Yémen du XIIIe au XVe siècle, la ville a également joué pendant des siècles un rôle important dans le monde arabo-musulman en étant l’un des grands centres de diffusion du savoir islamique. Intégrité (2010) La taille adéquate du bien permet à tous les éléments et composantes de l’architecture domestique et militaire et à l’organisation de son tissu urbain et défensif d’être représentés, faisant du bien un site archéologique et historique exceptionnel. Toutefois, la construction récente de bâtiments en béton, l’installation d’un réseau électrique avec câbles aériens disgracieux, l’usage croissant de matériaux modernes tels que le béton et la tôle ondulée et l’envahissement des espaces ouverts sont en train de sérieusement remettre en question cette intégrité. L’intégrité visuelle et physique du bien est tellement menacée par ces nouveaux aménagements et empiètements qu’au total 40 % des structures sont vulnérables. Il est urgent d’arrêter ce déclin et de revenir sur les modifications indésirables. Authenticité (2010) Les attributs qui confèrent au bien sa Valeur universelle exceptionnelle, tels que les mosquées, le tracé de la ville et les bâtiments traditionnels, sont extrêmement vulnérables au délabrement, à la modification des formes et des matériaux des bâtiments et à la multiplication des nouveaux ouvrages, sans souci de cohérence, dans les parties nord et est de la ville. Cependant, malgré ces menaces, il existe un certain degré d’authenticité qui pourrait être renforcé en restaurant le tracé urbain et les bâtiments traditionnels, afin de mieux traduire la Valeur universelle exceptionnelle du bien. Il est urgent d’inverser la tendance à la dégradation. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La Ville historique de Zabid est protégée par la Loi de 1973 relative aux antiquités. Un schéma directeur concernant toute la ville a été approuvé en 2004 et un plan de conservation urbaine est en cours de préparation. Un plan de gestion du bien sera élaboré à la suite du plan de conservation urbaine. La Loi relative à la préservation des villes historiques sera adoptée et appliquée dans un proche avenir. L’autorité responsable du bien est la GOPHCY (Organisation générale pour la préservation des villes historiques du Yémen), créée en 1990 pour gérer et sauvegarder toutes les villes historiques du Yémen. Depuis 2007, l’antenne locale de la GOPHCY à Zabid a été renforcée, avec l’aide d’un projet géré par l’agence allemande d’assistance technique au développement (GTZ), qui a pour objet de remédier à l’important déclin de la ville et d’améliorer la situation physique, sociale et économique générale, grâce à un programme de réhabilitation des logements et à un projet d’amélioration des infrastructures.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 40

Pour pouvoir répondre pleinement aux exigences de préservation durable et de viabilité du bien et, à moyen terme, pour inverser la tendance au déclin qui représente une menace pour sa Valeur universelle exceptionnelle, la GOPHCY aura besoin d’un soutien considérable, de ressources, d’un renforcement de ses capacités ainsi que d’une assistance technique et financière.

B.2 EUROPE ET AMERIQUE DU NORD Bien

Centre historique de la ville de Salzbourg

Etat partie

Autriche

Id. N°

784

Date d’inscription

1996

Brève synthèse Salzbourg est un exemple exceptionnel de ville-État ecclésiastique, phénomène particulier au Saint Empire romain qui s’étendait de la Prusse à l’Italie. La plupart ont disparu en tant qu’unités administratives et politiques au début du XIXe siècle et ont pris des trajectoires différentes de développement. Aucun autre exemple d’organisation politique de ce genre ne s’est maintenu aussi complètement qu’à Salzbourg en parvenant à préserver aussi remarquablement son tissu urbain et ses différents édifices. Salzbourg, point de rencontre des cultures italienne et allemande, a joué un rôle essentiel dans les échanges entre ces deux cultures. Le résultat est une ville baroque qui a émergé intacte de l’histoire et qui porte un témoignage matériel exceptionnel sur une culture et une période particulières. Le centre de Salzbourg doit beaucoup de son aspect baroque aux architectes italiens Vincenzo Scamozzi et Santino Solari. La ligne des toits de Salzbourg, qui se détache sur un horizon de montagnes, se caractérise par une profusion de flèches et de dômes eux-mêmes dominés par la forteresse de Hohensalzburg. La ville possède un grand nombre d’édifices laïcs et religieux de très grande qualité, construits de la fin du Moyen Âge au XXe siècle. On constate une distinction nette, visible sur le terrain et sur la carte, entre les terres du prince-archevêque et celles des bourgeois. Les premières sont riches de monuments – la cathédrale, la Résidence, l’abbaye des Franciscains, l’abbaye Saint-Pierre –, et d’espaces ouverts, notamment la Domplatz. Les maisons des bourgeois sont par contre construites sur de petites parcelles et donnent sur des rues étroites, les seuls espaces ouverts étant les trois marchés historiques. Salzbourg compte de nombreux monuments édifiés depuis la période gothique qui, ensemble, ont créé une image de la ville et un tissu urbain d’une extrême originalité et d’une très grande beauté. Enfin, Salzbourg est intimement liée à de nombreux et très illustres artistes et musiciens, dont le plus célèbre est Wolfgang Amadeus Mozart. Critère (ii) : Salzbourg a joué un rôle fondamental dans les échanges entre les cultures italienne et allemande, en concrétisant l’éclosion de ces deux cultures et la pérennité de ces échanges. Critère (iv) : Salzbourg est un exemple exceptionnellement important de ville-État ecclésiastique européenne –, comportant un très grand nombre d’édifices laïcs et religieux de très grande qualité, datant de la fin du Moyen Âge au XXe siècle. Critère (vi) : Salzbourg est remarquable pour ses liens avec les arts, la musique en particulier, en la personne de son célèbre fils, Wolfgang Amadeus Mozart. Intégrité (2010) Le centre historique de Salzbourg possède tous les éléments essentiels qui définissent la ville-État ecclésiastique. L’harmonie d’ensemble est vulnérable à l’impact négatif de nouveaux aménagements dans la zone tampon et aux abords de la ville. Authenticité (2010) Le centre de Salzbourg a conservé dans une large mesure son paysage urbain historique et son réseau de rues. Se détachant sur un horizon de collines, ses principaux monuments, tels la cathédrale et le couvent de Nonnberg, ont conservé leur place dominante dans la ligne des toits. La ville a dans l’ensemble réussi à préserver son caractère et son tissu historiques, bien qu’ils soient vulnérables aux nouvelles constructions qui ne respectent pas totalement l’harmonie de sa forme baroque.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 41

Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion s’effectue au niveau national, régional et local. Le bien est protégé au niveau fédéral et provincial. D’autres législations spécifiques s’appliquent également dans certains domaines particuliers (comme la gestion de l’eau). Par ailleurs, une gestion consensuelle est également pratiquée et permet à des propriétaires et à des organismes culturels concernés d’agir à titre individuel. Un plan de gestion a été établi en 2008, achevé fin janvier 2009 et adressé à toutes les autorités compétentes. Il montre comment on peut intégrer les nouvelles constructions au tissu urbain et à la planification, et contrôler et évaluer l’impact de nouveaux projets d’aménagements urbains pour faire en sorte de ne pas compromettre l’harmonie et l’intégrité de la ville. On assiste depuis 40 ans à une prise de conscience collective de la valeur patrimoniale du tissu urbain. La commune et les différents propriétaires sont responsables du fonctionnement de la gestion quotidienne. Ils suivent les avis et orientations du personnel spécialisé de la Ville de Salzbourg, ainsi que les conseils du Bureau fédéral de Protection des Monuments. Le financement est assuré par l’État fédéral d’Autriche et par le biais du Fonds d’Entretien du Centre historique (financé par la ville et la province).

Bien

Palais et jardins de Schönbrunn

Etat partie

Autriche

Id. N°

786

Date d’inscription

1996

Brève synthèse Le Palais de Schönbrunn et ses jardins est un site exceptionnel car il constitue l’un des ensembles baroques de son genre les plus imposants et les mieux conservés d’Europe. Il représente en outre un symbole matériel éloquent de la puissance et de l’influence de la maison de Habsbourg sur une longue période de l’histoire européenne, de la fin du XVIIe siècle au début du XXe siècle. Il est impossible de séparer les jardins du palais, dont ils constituent une extension organique : c’est un excellent exemple de Gesamtkunstwerk, fusion magistrale de nombreuses formes artistiques. Petit pavillon de chasse devenu résidence d’été des Habsbourg, Schönbrunn a été reconstruit après sa destruction totale au cours de la dernière attaque turque en 1683. Au cours de la reconstruction, le projet fut développé pour devenir une résidence d’été impériale de la cour. À ce titre, il représente l’ascension et la splendeur de l’empire des Habsbourg. À l’apogée du pouvoir des Habsbourg au début e du XVIII siècle, lorsque la Vienne impériale, à l’exemple des Turcs, témoigna de son ascendant retrouvé dans des exemples spectaculaires du nouvel art baroque, Schönbrunn devint l’un des plus importants projets de construction résidentielle de la capitale. Les vastes jardins baroques et leurs constructions (Gloriette, « ruines romaines » et autres) et la statuaire attestent la dimension et les fonctions impériales du palais. L’intention d’origine, lors de leur conception au XVIIIe siècle, fut à la fois de glorifier la maison de Habsbourg et de rendre hommage à la nature. L’Orangerie, à l’est du corps de bâtiment principal du palais, est la plus longue du monde avec ses 186 m de long. La grande serre à palmiers est une structure métallique impressionnante de 114 m de long, divisée en trois parties, édifiée en 1880 grâce à des techniques mises au point en Angleterre. Critère (i) : Le Palais et les jardins de Schönbrunn sont un exemple particulièrement bien préservé d’ensemble résidentiel princier baroque, qui constitue un exemple exceptionnel de Gesamtkunstwerk, fusion magistrale de nombreuses formes artistiques. Critère (iv) : Le Palais et les jardins de Schönbrunn sont exceptionnels car ils conservent la trace des modifications effectuées au cours de plusieurs siècles, qui illustrent de façon très vivante les goûts, les intérêts et les aspirations d’une succession de monarques de la maison de Habsbourg. Intégrité (2010) Hormis quelques modifications mineures effectuées au XIXe siècle, le bien comprend tous les éléments du Palais et des jardins de Schönbrunn. La taille de ce bien lui permet de présenter une représentation complète des caractéristiques d’un palais impérial. Aucun des attributs du bien n’est menacé. L’intégrité visuelle du bien est néanmoins vulnérable aux aménagements de grande hauteur réalisés à Vienne. Authenticité (2010) Le bâtiment d’origine a été considérablement étendu et modifié depuis sa construction, pour satisfaire les goûts et les exigences des empereurs successifs. Aucune modification importante n’a affecté les

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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er

structures depuis les travaux des façades commandés par François I au début du XIXe siècle. Le mobilier et la décoration des appartements impériaux, le théâtre, la chapelle et d’autres éléments importants sont entièrement authentiques. Le dessin du parc baroque est également quasiment inchangé et les techniques traditionnelles du XVIIIe siècle sont toujours utilisées pour l’émondage des arbres et la taille des buissons. Schönbrunn n’a pas changé, semble-t-il, depuis 1918, lorsqu’il est devenu propriété de la République d’Autriche. Il est depuis fidèlement conservé en l’état, que ce soit en matière de conception originale et de décoration, ou de restauration à l’identique après les dégâts causés pendant la guerre. L’ensemble du Palais et des jardins peut être considéré comme un exemple exceptionnel de Gesamtkunstwerk en raison de la parfaite conservation de l’originalité de son architecture, de la conception et de l’ameublement du palais, ainsi que du maintien de la relation spatiale et visuelle entre les bâtiments et le parc. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Les bâtiments et jardins sont la propriété de la République d’Autriche. Depuis le 1er octobre 1992, le bien est géré par le Schloss Schönbrunn Kultur- und Betriebsgesellschaft mbH (Ltd), entreprise d’État. L’entretien des jardins est confié au Service fédéral des Jardins (Bundesgärten). Le bien est protégé au niveau fédéral et provincial. Les zones qui entourent le bien ont été classées zones de protection et délimitent également la zone tampon. La Ville de Vienne contrôle ces abords par des réglementations de zonage et d’urbanisme. Il reste cependant à s’assurer en permanence que la ligne des toits et les perspectives visuelles depuis le bien ne sont pas compromises par des bâtiments de grande hauteur aux environs. La gestion professionnelle quotidienne du bien s’effectue à partir d’un budget, de personnel et de plans d’investissement ayant fait l’objet d’un accord. Conformément aux demandes du Bureau fédéral de Protection des Monuments et de la Ville de Vienne, ces plans sont établis et mis en œuvre par des spécialistes employés par l’État fédéral. La « Schönbrunn Akademie » propose également des programmes de formation sur la gestion du patrimoine et des sujets techniques précis. Les budgets de fonctionnement sont financés par des recettes perçues par l’entreprise chargée de la gestion, avec le soutien de l’État fédéral. Dans la zone tampon, des fonds sont mis à disposition par la Ville de Vienne.

Bien

Paysage culturel de Hallstatt-Dachstein / Salzkammergut

Etat partie

Autriche

Id. N°

806

Date d’inscription

1997

Brève synthèse Le paysage alpin du Hallstatt-Dachstein, qui fait partie du Salzkammergut et donc des Alpes orientales, se caractérise par un environnement visuellement théâtral, peuplé de gigantesques montagnes surgissant abruptement d’étroites vallées. Depuis l’époque médiévale, sa prospérité repose sur l’extraction du sel centrée sur la ville de Hallstatt dont le nom signifie « établissement salin », rappel de sa fonction initiale. La production systématique de sel a commencé dans la région dès l’Âge du bronze moyen (fin du 2e millénaire av. J.-C.). L’eau salée naturelle était alors récupérée dans des récipients et l’on procédait à son évaporation. L’exploitation minière du sel commence à la fin de l’Âge du bronze et reprend au VIIIe siècle av. J.-C. comme en attestent des preuves archéologiques montrant une société de l’Âge du fer florissante, hiérarchisée et très organisée entretenant d’intenses relations commerciales avec l’Europe et maintenant connue sous le nom de « culture de Hallstatt ». L’extraction du sel va se poursuivre jusqu’à l’époque romaine et reprendre ensuite au XIVe siècle. Les grandes quantités de bois nécessaires pour étayer les galeries des mines et faire évaporer le sel étaient extraites des vastes forêts des massifs montagneux qui, depuis le XVIe siècle, étaient contrôlées et gérées directement par la couronne d’Autriche. La ville de Hallstatt a été reconstruite en style baroque tardif après un incendie en 1750 qui a détruit ses bâtiments en bois. La beauté du paysage alpin – avec ses pâturages d’altitude utilisés pour l’estive des moutons et des bovins depuis les temps préhistoriques lors du processus de transhumance qui, encore aujourd’hui, donne aux communautés de la vallée le droit d’accès à des zones de pâturage spécifiques situées en altitude –, a été « découverte » au début du XIXe siècle par des écrivains comme le romancier Adalbert Stifler, le poète dramaturge Franz Grillparzer et la plupart des peintres de renom de l’école de Biedermeier. Avec l’augmentation du nombre de touristes, les hôtels et thermes d’eau salée se sont développés pour accueillir les visiteurs.

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Le paysage est exceptionnel, formant un ensemble de grand intérêt scientifique et d’immense pouvoir naturel qui a joué un rôle fondamental dans l’histoire de l’homme, comme en témoigne l’empreinte des mineurs-fermiers au fil des siècles, tandis que l’exploitation minière transformait l’intérieur de la montagne et que les artistes et écrivains en décrivaient l’harmonie et la beauté. Critère (iii) : L’homme peuple ces vallées dominées par de hautes montagnes depuis plus de trois millénaires. Ce sont l’extraction et le traitement du sel – ressource naturelle essentielle à la vie humaine et animale –, qui ont donné à cette région sa prospérité et sa spécificité en associant étroitement les différentes activités intensives de l’homme au cœur d’un paysage en grande partie indompté. Critère (iv) : La région alpine du Hallstatt-Dachstein/Salzkammergut est un exemple exceptionnel de paysage naturel d’une grande beauté et d’un grand intérêt scientifique qui renferme également les témoignages d’une activité économique humaine fondamentale. Le paysage culturel de la région s’enorgueillit d’une évolution permanente qui couvre 2 500 ans. Dès le début, son histoire s’est trouvée essentiellement liée à l’histoire économique de l’extraction du sel. L’exploitation des mines de sel a toujours déterminé chaque aspect de la vie, ainsi que les éléments architecturaux et artistiques qui en témoignent. Dès l’Âge du bronze moyen, on trouve des traces de la production de sel pratiquée à très grande échelle à Hallstatt. Intégrité (2010) Le bien conserve comme il convient tous les éléments liés à l’extraction et au traitement du sel, à la production associée de bois de construction, à la transhumance et à l’exploitation laitière, et maintient l’harmonie qui a attiré les artistes et écrivains du XIXe siècle. Il n’a pas subi, et ne subit pas, les effets négatifs du développement moderne. Authenticité (2010) Du fait de son évolution historique particulière, ce paysage culturel a conservé un degré d’authenticité naturelle et sociétale exceptionnelle pour la région alpine. Il a conservé sa structure spatiale et matérielle, résultat de l’interaction entre l’homme et l’environnement, à un degré exceptionnel. Cette qualité et ce contexte ont été encore renforcés par un grand nombre d’artistes venus séjourner dans la région ; leurs nombreuses toiles et représentations sont des témoignages complémentaires de sa valeur. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Pour répondre à des besoins différents, la protection s’effectue aux niveaux fédéral et provincial. Ces réglementations se complètent pour couvrir monuments et ensembles, nouveaux bâtiments, forêts, eaux et nappes phréatiques et aspects généraux de la nature, y compris caractéristiques spécifiques, grandes étendues, grottes et espaces cultivés. Il existe également des dispositions régissant la planification régionale. Depuis quelques années, on assiste à une prise de conscience collective de la valeur patrimoniale du tissu urbain. Ce sont les communes et les propriétaires qui assurent la gestion quotidienne, en suivant les orientations fournies par les experts des provinces et du Bureau fédéral pour la protection des monuments. L’État fédéral autrichien, les gouvernements provinciaux de Salzbourg et de Styrie et plus particulièrement de Haute-Autriche, fournissent un soutien financier. Bien

Tumulus, pierres runiques et église de Jelling

Etat partie

Danemark

Id. N°

697

Date d’inscription

1994

Brève synthèse Situé dans le centre de la péninsule du Jutland, Jelling était un monument royal sous le règne de Gorm et de son fils Harald à la dent bleue, au 10e siècle. Il est possible que ce site soit antérieur à cette époque. L'ensemble est constitué de deux tumulus à toit plat, de 70 mètres de diamètre et de 11 mètres de haut, qui sont presque identiques par leurs formes, leur taille et leur construction en tourbe, empilée en couches égales, la partie herbeuse vers le bas. Après l'introduction du christianisme au Danemark et l'intégration de la Norvège au pays, Harald à la dent bleue a célébré sa réussite en érigeant une pierre entre les deux tumulus et en construisant la première église en bois à Jelling. La grande pierre runique est située précisément à mi-chemin des deux tumulus. Sur son inscription gravée, sous un dragon nordique entrelacé, on peut lire: " le Roi Harald a souhaité la construction de ce monument en mémoire de Gorm, son père, et de Thyra, sa mère, parce qu'Harald a conquis tout le

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Danemark et la Norvège et a rendu les Danois chrétiens". Sur le coté sud-ouest de la pierre, on peut voir une représentation antérieure du Christ en Scandinavie, avec une inscription relative à la conversion des Danois au Christianisme entre 953 et 965. La position d'origine de l'autre pierre runique, voisine de la première et plus petite, n'est pas connue. Elle est, cependant, à cet emplacement depuis environ 1630. Sur une inscription, on peut y lire: "Le Roi Gorm a construit ce monument pour sa femme Thyra, ornement du Danemark". Une petite église très simple en pierres blanchies à la chaux est présente sur le même site que trois églises en bois antérieures, toutes trois détruites par des incendies. En 2006, des fouilles ont révélé l'existence d'une superbe enceinte autour du bâtiment et des parties d'un grand navire de pierres dont la taille est inconnue. Marquant le début de la conversion du peuple scandinave au christianisme, les tumulus, les pierres runiques et l'église de Jelling sont de remarquables manifestations d'un événement d'une importance exceptionnelle. Cette transition entre des croyances païennes et la foi chrétienne est illustrée de façon très vivante par les différents tumulus funéraires païens, une pierre runique païenne, une autre célébrant l'introduction du christianisme, enfin par la construction d'une église symbole de la prédominance chrétienne. L'ensemble est exceptionnel en Scandinavie et dans toute l'Europe. Critère (iii): L'ensemble de Jelling et plus particulièrement les tumulus funéraires païens et les deux pierres runiques sont des exemples exceptionnels de la culture païenne nordique. Intégrité (2010) En exprimant la valeur du bien, les tumulus, les pierres runiques et l'église de Jelling fournissent collectivement les trois éléments fondamentaux et d'importance. En 2006, des fouilles ont révélé des parties d'une enceinte et des traces d'un navire de pierres beaucoup plus grand. Ces découvertes font actuellement l'objet de recherches complémentaires par le Musée national et par le Musée de Vejle. Le cadre du bien contribue grandement à son intégrité visuelle. Une route au sud et à l'ouest du bien à un certain impact sur cette intégrité. Authenticité (2010) Les deux grands tumulus de Jelling ont conservé leur forme d'origine. Le tumulus nord a été construit sur une impressionnante chambre funéraire en chêne qui a été taillée dans un tumulus antérieur datant de l'âge de bronze et de taille bien inférieure. Le tumulus sud ne contient pas de chambre funéraire. Le Musée national a entrepris plusieurs fouilles scientifiques et a conservé les découvertes et la documentation dans ses archives. L'usage ininterrompu du cimetière et de l'église actuelle, suite à celles qui l'ont précédée, s'étend sur une période de plus de 1000 ans. Les changements intervenus sont limités mais inévitables au cours des mille années de désagrégation et d'érosion. Ils ont cependant eu des conséquences sur les inscriptions des deux pierres runiques et les ont rendues très vulnérables à toute érosion future. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) L'église est protégée dans le cadre de la Loi consolidée sur les églises et les cimetières de 1992. Cette loi stipule que tous les travaux sur l'église doivent être approuvés par les autorités diocésaines après consultation du Musée national et de l'Inspecteur royal des bâtiments nationaux inscrits. Selon ce même statut, l'église est entourée d'une zone tampon de 300 mètres. Cette mesure empêche la construction de tout bâtiment de plus de 8,50 mètres. Un arrêté sur la conservation est en vigueur sur une distance de 1000 mètres au nord de Jelling afin d'empêcher toute construction ou plantation d'arbres, ainsi une vue panoramique ininterrompue sur l'église dans cet axe est préservée. Les tumulus et les deux pierres runiques sont protégés dans le cadre de la Loi sur les musées. Celle-ci interdit toute activité susceptible d'abimer les monuments ou de déranger leur activité et accorde une zone tampon de 2 mètres au tour du monument. La Loi sur la protection de la nature accorde une zone tampon supplémentaire de 100 mètres autour de la zone tampon de 2 m. Le plan d'urbanisation de la ville règlemente également l'aménagement de Jelling, et, en 2009, le Conseil municipal de Vejle a adopté un plan pour les zones environnantes du monument. Ce plan insiste sur la nécessité de déplacer le tracé de l'actuelle route hors de la zone du monument et de démolir un certain nombre de maisons avoisinantes afin de créer une véritable zone tampon qui accueillera le secteur entouré par l'enceinte. Afin de compléter la protection des valeurs et la conservation du site, le Conseil municipal de Vejle coopère avec l'Agence danoise du patrimoine et le Musée national afin que soit mis en place le plan pour les zones environnantes du monument. Les travaux débuteront en 2010 et devraient s'achever en 2013. Le plan de gestion du bien sera révisé en 2010.

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Afin de protéger les pierres runiques de toute érosion future et de les conserver dans leur position d'origine, il est urgent de les protéger des aléas de la météo. Un concours d'architecture a été lancé à l'automne 2009 pour trouver une réponse à ce problème. Le vainqueur a été désigné début 2010 et le résultat du concours pourrait impliquer des travaux qui seront soumis à consultation. Une extension de la zone tampon destinée à renforcer le lien entre le bien et son cadre est actuellement prévue et contribuera de façon décisive à la valeur d'intégration de tout le monument et de son environnement. Le tracé d’une route située près du tumulus sud sera modifié conformément au projet d'extension de la zone tampon. Bien

Cathédrale de Roskilde

Etat partie

Danemark

Id. N°

695 rev

Date d’inscription

1995

Brève synthèse La cathédrale de Roskilde, sur l’île de Sjælland, est une vaste basilique en brique à vaisseaux, de style gothique, dotée de deux flèches et d’une galerie intérieure semi-circulaire. Située au sommet d’une petite colline dominant le fjord de Roskilde, la cathédrale est un monument très célèbre. Autour, dans son environnement, on discerne toujours la structure de la ville médiévale où subsistent certains bâtiments du Moyen Âge et plusieurs belles maisons des XVIIe et XVIIIe siècles. Édifiée vers 1170, la structure originelle de la cathédrale était de style roman mais le plan a été modifié au milieu de la construction, sous l’influence du style gothique qui venait de faire son apparition en France. Au cours des siècles qui suivirent, des chapelles, porches et autres structures ont été ajoutés, chacun dans le style architectural de leur époque. La cathédrale est donc un condensé de l’histoire de l’architecture européenne dans un même édifice. Comme on le constate dans la plupart des monuments de cette époque, la taille et la couleur des briques des murs extérieurs varient. Les murs intérieurs étaient nus à l’origine, mis à part les voûtes et les intrados des arcs qui étaient enduits. Plus tard, l’intérieur a été totalement recouvert de stuc poli jaune-gris et la majorité des riches peintures murales originales ont disparu. Les monuments royaux de la cathédrale commémorent un ensemble exceptionnel de sépultures royales du Xe siècle à nos jours. À seulement une exception près, tous les rois et reines danois sont enterrés dans la cathédrale et leurs tombes montrent l’évolution de l’art funéraire monumental. La cathédrale de Roskilde est un exemple exceptionnel des premières utilisations de la brique dans de grands édifices religieux d’Europe du Nord. En raison de l’ajout successif de chapelles et de porches destinés à commémorer la royauté danoise depuis le XVIe siècle, c’est aussi un exemple exceptionnel de l’évolution des styles architecturaux européens dans un même édifice. Critère (ii) : La cathédrale de Roskilde est un exemple exceptionnel des premiers grands monuments ecclésiastiques construits en briques en Europe du Nord et elle a exercé une profonde influence dans toute la région sur la diffusion de la brique pour ce type d’édifice. Critère (iv) : À la fois par sa forme et son environnement, la cathédrale de Roskilde est un exemple exceptionnel de cathédrale du Nord de l’Europe, particulièrement remarquable par la succession des styles architecturaux utilisés dans les chapelles et porches ancillaires ajoutés au cours des siècles pendant lesquels la cathédrale a servi de mausolée à la famille royale de Danemark. Intégrité (2010) La cathédrale et toutes les chapelles plus tardives font partie du bien. Un extension de la zone tampon est prévue et mettra en exergue les relations entre le monument et son environnement, ce qui renforcera par là-même son intégrité générale. Dans l’ensemble, cette association permettra de protéger tous les éléments significatifs afin de pouvoir exprimer totalement la valeur de la cathédrale dans son cadre. Authenticité (2010) Comme un grand nombre de bâtiments religieux qui ont été continuellement utilisés depuis leur construction, la cathédrale de Roskilde a fait l’objet de nombreux changements. Des chapelles antérieures ont été démolies pour permettre la construction de chapelles funéraires royales, et des incendies périodiques ont conduit à des restaurations et des reconstructions souvent accompagnées de modifications stylistiques notables. La plus importante restauration – entreprise par le roi Christian IVe

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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au début du XVIIe siècle pour remédier à la dilapidation qui suivit la Réforme – a apporté des changements significatifs. À la fin du XIXe siècle, la totalité du bâtiment a été restaurée. Les travaux ont été dirigés par le très compétent bedeau d’alors, en collaboration avec d’éminents architectes et historiens d’art de l’époque. De nouveaux travaux de rénovation du toit et des flèches ont eu lieu entre 2006 et 2009. Des travaux de restauration des chapelles sont effectués en permanence, dans un profond respect du projet architectural et des matériaux d’origine. L’importante documentation sur les travaux de restauration est conservée aux Archives de la Cathédrale, et aux Archives du Musée National. Depuis le XVIe siècle, la cathédrale sert de mausolée à la famille royale du Danemark, les dernières funérailles ayant eu lieu en 2000. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La cathédrale est protégée par la Loi consolidée sur les églises et cimetières de 1992. Toute modification de cette loi doit être approuvée par les autorités diocésaines après consultation du Musée National et de l’Inspecteur royal des Monuments publics classés. La plupart des bâtiments situés dans le cadre dépassant la zone tampon entourant la cathédrale sont protégés par la Loi sur la préservation des bâtiments. Toute modification de cette loi doit être approuvée par l’Agence du Patrimoine du Danemark. Le Plan d’urbanisme régit les abords immédiats de la cathédrale en établissant des contrôles publics sur certains éléments comme les nouveaux immeubles, la circulation, l’éclairage, la signalisation et le pavage. Pour renforcer la protection du cadre du bien, le Conseil municipal de Roskilde, en concertation avec l’Agence du Patrimoine du Danemark, prévoit une extension de la zone tampon et compte intégrer au Plan d’urbanisme une protection des perspectives visuelles. La cathédrale de Roskilde doit revoir son plan de gestion en tant que bien du patrimoine mondial en 2010.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 47

ANNEXE II: Déclarations rétrospectives de valeur Décision: 33 COM 8E Le Comité du patrimoine mondial, 1.

Ayant examiné le document WHC-09/33.COM/8E,

2.

Adopte les déclarations de valeur rétrospectives, telles que présentées dans l’Annexe du document WHC-09/33.COM/8E, pour les biens du patrimoine mondial suivants : Pologne : Centre historique de Cracovie ; Mines de sel de Wieliczka ; Centre historique de Varsovie ; Vieille ville de Zamość ; Château de l’ordre Teutonique de Malbork ;

3.

Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle rétrospective, telle que présentée dans l’Annexe du document WHC-09/33.COM/8E, pour le bien du patrimoine mondial suivant: Bulgarie : Réserve naturelle de Srébarna ;

4.

Décide de remettre à sa prochaine session ordinaire l’examen du reste du document WHC-09/33.COM/8E.

Bien

Monuments médiévaux au Kosovo

Etat partie

Serbie

Id. N°

724 bis

Dates d’inscription

2004-2006

1

Les monuments médiévaux serbes au Kosovo constituent un groupe unifié d’églises construites dans le domaine spirituel byzantin mais qui reflètent fortement les autorités spirituelles et séculières unifiées de la Serbie médiévale qui se trouvait à la fois face à l’Orient orthodoxe et à l’Occident catholique, non seulement au sens géographique et au sens politique mais aussi au sens culturel. Deux styles se développèrent simultanément dans l’architecture médiévale serbe, et leur accomplissement final a été préservé au Kosovo. L’unité architecturale complexe des églises et des exonarthex de l’ensemble de Peć, servant les deux religions et de nombreuses fonctions séculi ères, illustre le style appelé Ras, représentant une synthèse particulière de l’architecture byzantine et de l’architecture de l’ouest de l’Europe, associant le plan et l’organisation spatiale de l’église orthodoxe et les ornementations extérieures romanes et gothiques. Les expressions de ce style les plus imposantes se manifestent dans l’église du monastère de De čani. Le second style, inspiré de l’art byzantin – plan cruciforme avec cinq dômes – caractéristique du style Renaissance des Paléologues, se manifeste dans sa première phase dans l’église de la Vierge de Ljeviša, tandis que dans le monastère de Gra čanica le style atteint son apogée, avec un rythme idéal des proportions et des volumes et une harmonie extraordinaire accomplie dans ses façades en cascade. Les fresques des quatre églises représentent un témoignage exceptionnel de la peinture byzantine tardive. Gračanica, le Patriarcat de Peć et Dečani manifestent toutes les tendances des styles principaux ; l’église de la Vierge de Ljeviša montre des exemples uniques de style Renaissance des Paléologues et le trésor le mieux préservé d’iconographies byzantines est àčani. De Les peintures murales et les éléments intérieurs largement conservés de ces églises (pavements de sol en pierres de

1

Note: Le Secrétariat a été informé par le conseiller juridique que «le Secrétariat de l’UNESCO suit la pratique des Nations Unies qui considère que la résolution du Conseil de sécurité 1244 (1999) continue d’être applicable au territoire du Kosovo jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise».

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 48

couleur, mobilier d’église) transmettent une information exceptionnelle sur tous les aspects de la vie médiévale à Byzance. Les églises étaient étroitement liées à nombre de personnages et d’événements parmi les plus importants dans les Balkans du XIVe siècle, et ces quatre monuments avaient une influence directe sur l’art et l’architecture dans cette partie de l’Europe pendant l’époque ottomane. Critère (ii) : Le monastère de Dečani, l’église monastique du Patriarcat de Peć, l’église monastique de Gračanica et l’église de la Vierge de Ljeviša ont joué un rôle décisif dans le développement de la construction ecclésiastique et de la peinture murale dans les Balkans entre le XIVe et le XVIe siècles, et reflètent, dans le style distinct Ras et le style architectural de la Renaissance des Paléologues des Balkans, une fusion des styles byzantin orthodoxe d’Orient et roman de l’Occident. Critère (iii) : Les peintures murales des quatre églises sont un témoignage exceptionnel des manifestations de la tradition culturelle de la Renaissance des Paléologues de l’art byzantin des Balkans. Elles montrent l’apogée du développement de l’art de la péninsule balkanique depuis la première moitié du XIVe siècle à Gračanica et Ljeviša, comparable uniquementà l’église des Saints Apôtres de Thessalonique et au monastère de Protaton au Mont Athos, tandis que les peintures des églises de Peć, datant d’environ 1300 jusqu’ à 1673 - 1674, sont une démonstration puissante de l’émergence de ce style et de sa suite. À čani, De les peintures sont le trésor le mieux préservé de l’iconographie byzantine. Critère (iv) : Le monastère de Dečani, l’église monastique du Patriarcat de Peć, l’église monastique de Gračanica et l’église de la Vierge de Ljeviša reflètent le développement d’un style architectural et d’ornementation murale distinct dans les Balkans au XIVe siècle, lorsque les forces ecclésiastiques et étatiques se sont alliées pour forger une forte identité à la Serbie, conformément aux orientations politiques.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E, p. 49

Patrimoine mondial Distribution limitée

34 COM WHC-10/34.COM/8E.Add Paris, 15 juillet 2010 Original: anglais/français

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

CONVENTION CONCERNANT LA PROTECTION DU PATRIMOINE MONDIAL, CULTUREL ET NATUREL COMITE DU PATRIMOINE MONDIAL Trente-quatrième session Brasilia, Brésil 25 juillet - 3 août 2010

Point 8 de l’ordre du jour provisoire: Établissement de la Liste du patrimoine mondial et de la Liste du patrimoine mondial en péril 8E.Add: Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

RESUME Ce document présente le projet de décision concernant l’adoption de quarante déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle soumises par douze Etats parties pour les biens n’ayant aucune déclaration approuvée à l’époque de leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Ce document devrait être lu conjointement avec le document WHC-10/34.COM/8E. L’Annexe I contient le texte intégral des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle concernées. Projet de décision : 34 COM 8E.Add, voir point II

I. Historique A la suite du premier cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques en Europe, et dans le cadre du deuxième cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques dans les régions des Etats arabes et de l’Afrique, de nombreux Etats parties ont rédigé des projets de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle pour les biens du patrimoine mondial situés sur leurs territoires. Ces projets de déclaration sont présentés au Comité du patrimoine mondial pour adoption.

II. Projet de décision Projet de décision 34 COM 8E.Add Le Comité du patrimoine mondial, 1.

Ayant examiné le Document WHC-10/34.COM/8E.Add,

2.

Adopte les déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle, telles que présentées dans l’Annexe I du Document WHC-10/34.COM/8E.Add, pour les biens du patrimoine mondial suivants: - Algérie : Tassili n’Ajjer ; Timgad ; Casbah d’Alger ; - Bulgarie : Église de Boyana ; Cavalier de Madara ; Tombe thrace de Kazanlak ; Églises rupestres d’Ivanovo ; Monastère de Rila ; Ancienne cité de Nessebar ; Tombeau thrace de Svechtari ; - Espagne : La Cathédrale, l’Alcázar et l’Archivo de Indias de Séville ; - Israel : Masada ; Vieille ville d’Acre ; Ville blanche de Tel-Aviv – le mouvement moderne ; Route de l’encens – Villes du désert du Néguev ; Tels bibliques – Megiddo, Hazor, Beer-Sheba ; - Jordanie : Petra ; Qusair Amra ; Um er-Rasas (Kastrom Mefa’a) ; - Liban : Baalbek; Tyr ; Ouadi Qadisha ou Vallée sainte et forêt des cèdres de Dieu (Horsh Arz el-Rab) ; - Maroc : Médina de Fès ; Médina de Marrakech ; Médina de Tétouan (ancienne Titawin) ; Ville portugaise de Mazagan (El Jadida) ; - Oman : Fort de Bahla ; - Ouganda : Tombes des rois du Buganda à Kasubi ; - République arabe syrienne : Ancienne ville de Bosra ; Ancienne ville d’Alep ; Crac des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din; - Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord : Saltaire ; Littoral du Dorset et de l’est du Devon ; Usines de la vallée de la Derwent ; Jardins botaniques royaux de Kew ; Liverpool – Port marchand ; Paysage minier des Cornouailles et de l’ouest du Devon ; - Tunisie : Médina de Tunis ; Cité punique de Kerkouane et sa nécropole ; Dougga/Thugga.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 2

ANNEXE I: Déclarations exceptionnelle

rétrospectives

de

valeur

universelle

A. BIENS NATURELS A.1 EUROPE ET AMERIQUE DU NORD Bien

Littoral du Dorset et de l’est du Devon

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1029

Date d’inscription

2001

Brève synthèse Le Littoral du Dorset et de l’est du Devon présente une combinaison exceptionnelle de caractéristiques géologiques et géomorphologiques d’importance mondiale. Le bien comprend huit sections s’égrenant sur 155 km de côtes en grande majorité sauvages. La géologie du bien représente environ 185 millions d’année de l’histoire de la Terre, avec plusieurs sites fossilifères d’importance internationale. Le bien comprend également plusieurs exemples exceptionnels de caractéristiques géomorphologiques, formations et processus côtiers ; il est renommé pour sa contribution à la recherche en sciences de la Terre depuis plus de 300 ans, suscitant des contributions majeures à de nombreux aspects de la géologie, de la paléontologie et de la géomorphologie. Ce littoral est considéré par les géologues et les géomorphologues comme l’un des sites les plus importants du monde pour l’enseignement et la recherche. Critère (viii) : Les affleurements côtiers le long du littoral du Dorset et de l’est du Devon offrent une séquence quasi continue de roches datant du trias, du jurassique et du crétacé qui représentent la presque totalité du mésozoïque, soit environ 185 millions d’années de l’histoire de la Terre. Le bien contient divers sites fossilifères d’importance mondiale – vertébrés et invertébrés marins et terrestres – qui ont produit pendant le mésozoïque des traces de vie diverses et bien préservées. Il contient aussi des exemples de caractéristiques géomorphologiques, de formations et processus côtiers qui constituent de véritables « cas d’école ». Réputé pour sa contribution depuis plus de 300 ans à la recherche dans le domaine des sciences de la Terre, le littoral du Dorset et de l’est du Devon a suscité des contributions majeures à de nombreux aspects de la géologie, de la paléontologie et de la géomorphologie ; il reste important comme ressource de qualité pour l’enseignement, la formation et la recherche dans le domaine des sciences de la Terre. Intégrité Le bien contient tous les éléments clés et interdépendants de la séquence géologique qui apparaît à nu sur le littoral. Il présente une série de formations côtières dont les processus et les conditions d’évolution ont peu subi l’impact des activités humaines ; le taux élevé d’érosion et de mouvement de masse dans la région produit un littoral extrêmement dynamique qui conserve ses affleurements rocheux et ses caractéristiques géomorphologiques, ainsi que sa productivité en termes de fossiles. Le bien comprend huit sections qui s’égrènent de façon quasi continue sur 155 km de littoral et dont les limites sont définies par des phénomènes naturels : du côté de la mer, le bien s’étend jusqu’à la laisse de basse mer moyenne et, du côté des terres, jusqu’au haut des falaises ou jusqu’au fond des plages. Ces limites correspondent en général aux limites des aires classées au niveau national et international qui protègent le bien et une grande partie de son environnement. Compte tenu du taux élevé d’érosion et du mouvement de masse, il est important de contrôler régulièrement les limites du bien pour enregistrer toute modification majeure du littoral. Besoins en matière de protection et de gestion Le bien jouit d’une protection juridique forte, d’un cadre de gestion clair et de la mobilisation de tous les acteurs responsables du bien et de son environnement. Un seul plan de gestion a été préparé ; il est coordonné par les conseils de comté du Dorset et du Devon. Aucune zone tampon n’a été définie dans la mesure où le cadre du bien est parfaitement protégé grâce aux classements existants et aux politiques d’aménagement du territoire nationales et locales. Outre son importance géologique, paléontologique et géomorphologique, le bien comprend des zones d’importance européenne pour les habitats et les espèces, lesquels sont une priorité supplémentaire des efforts de protection et de gestion. Les principaux problèmes de gestion posés par le bien sont notamment : les dispositifs de protection du littoral et la mauvaise gestion des visiteurs dans une région qui a une longue tradition de tourisme ; la gestion des activités permanentes de recherche, d’acquisition et de conservation de collections de fossiles. La principale exigence pour la gestion de ce bien est une coordination permanente avec une dotation en ressources suffisante et des accords de partenariat axés sur le bien du patrimoine mondial. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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B. BIENS MIXTES B.1 ETATS ARABES Bien

Tassili n’Ajjer

Etat partie

Algérie

Id. N°

179

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Le Tassili n’Ajjer est un immense plateau situé au Sud-est de l’Algérie aux confins de la Libye, du Niger et du Mali, couvrant une superficie de 72 000 km². La densité exceptionnelle des peintures et des gravures, et l’existence de nombreux vestiges préhistoriques sont des témoignages exceptionnels de la Préhistoire. Depuis 10 000 ans avant notre ère jusqu’aux premiers siècles, les populations qui se sont succédées ont laissé de nombreuses traces archéologiques, habitats, tumuli et enclos, qui ont livré un abondant matériel lithique et céramique. Toutefois c’est l’art rupestre (gravures et peintures) qui a fait la renommée mondiale du Tassili à partir de 1933, date de sa découverte. 15 000 gravures ont été répertoriées jusqu’à nos jours. Le bien est également d’un grand intérêt géologique et esthétique : le panorama des formations géologiques avec ses « forêts de rochers » de grès érodé offre l’image d’un étrange paysage lunaire. Critère (i) : L’ensemble remarquable de peintures et de gravures rupestres de diverses périodes confère une renommée mondiale au bien. Les représentations de la période des têtes rondes renvoient à d’éventuelles pratiques magico-religieuse vieilles de quelques 10 000 ans, alors que les représentations de la période des bovidés, marquant la vie quotidienne et sociale, présentent un réalisme esthétique naturaliste comptant parmi les plus célèbres de l’art pariétal préhistorique. Les dernières images montrent des représentations de la domestication des chevaux et des chameaux. Critère (iii) : Les images de l’art rupestre couvrent une période d’environ 10 000 ans et le patrimoine culturel du Tassili témoigne de traditions culturelles vivantes et disparues qui informent sur la succession et l’évolution des civilisations et des cultures préhistoriques très anciennes. Avec les restes archéologiques, ils témoignent de manière particulièrement vivante des changements climatiques, des changements de la faune et de la flore et plus particulièrement des possibilités offertes à l’élevage et à la vie pastorale liés à des sites défensifs inexpugnables à certaines périodes de la préhistoire. Critère (vii) : Avec des grés érodés qui constituent des « forêts de rochers », le bien est d’un intérêt esthétique remarquable. Les grès ont gardé intactes les traces et les empreintes des grands évènements géologiques et climatiques. L’eau d’abord et le vent ensuite, par les effets de la corrosion, ont contribué à la mise en place d’une morphologie particulière, celle d’un plateau découpé par les eaux et adouci par le vent. Critère (viii) : La conformation géologique du Tassili n’Ajjer présente des unités cristallines précambriennes et des successions sédimentaires gréseuses de grand intérêt paléogéographique et paléo écologique. Les hommes ont vécu dans cet espace en développant des comportements physiologiques et culturels adaptés à la rigueur du climat ; leurs témoignages remontent à plusieurs centaines de milliers d’années. L’art rupestre, justement tassilien, est l’expression la plus éloquente de relations entre l’homme et son environnement, où plus de 15 000 dessins et gravures témoignant des changements du climat, des migrations de la faune et de l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara. Cet art montre des espèces dépendantes de l’eau, telles l’hippopotame et des espèces éteintes dans la région depuis plusieurs milliers d’années. Cette combinaison d’éléments géologiques, écologiques et culturels constitue un exemple éminemment représentatif du témoignage de la vie. Intégrité (2009) Le bien contient l’ensemble des sites d’art rupestre et des paysages clés représentant sa beauté naturelle et tous les sites de la diversité biologique et écologique qui constituent les attributs de la valeur universelle exceptionnelle. Les limites et la taille (72 000 km²) du bien sont suffisantes pour maintenir le processus géologique et garantir l’intégrité de l’héritage culturel du site. Authenticité (2009) La richesse du patrimoine culturel - art rupestre et vestiges archéologiques - et la diversité naturelle écosystème, faune, flore et zones humides - reflètent pleinement la valeur universelle exceptionnelle. Ils sont vulnérables aux détériorations causées par les phénomènes climatiques et aux dommages occasionnés par les visiteurs. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Face aux enjeux géostratégiques contemporains, et devant les nouveaux schémas de développement et d’aménagement du territoire des régions sahariennes limitrophes, le ministère de la culture a introduit, dans le cadre de la loi sur le patrimoine culturel (loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel), une nouvelle catégorie de protection des valeurs culturelles et naturelles : le parc culturel- Une notion de protection des espaces géographiques où s’imbriquent et se juxtaposent, dans une configuration intelligible, les différentes valeurs culturelles et naturelles. C’est partant de cette identification qu’ont été déterminées les règles d’organisation et de gestion et précisés les structures et mécanismes qui gouvernent ces espaces, depuis la grotte préhistorique jusqu’aux actuels tissus urbains, à travers un plan général d’aménagement du territoire, instrument juridique et technique de planification et d’orientation qui associe les secteurs de la culture, de l’intérieur et des collectivités locales, de l’environnement, des forêts. Aussi, la gestion durable de l’héritage du Tassili est inscrite dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur le patrimoine culturel et de ses textes d’application portant création et organisation de l’Office du parc du Tassili, un établissement public à caractère administratif (EPA), dont les missions sont la protection, la conservation et la mise en valeur des patrimoines culturel et naturel. Cet établissement est dirigé par un directeur nommé par décret et administré par un Conseil d’orientation qui regroupe les représentants des différents départements ministériels et les élus locaux. Il est doté d’un budget annuel de fonctionnement, pour la mise en œuvre du plan d’action établi, dans le cadre d’une politique de gestion participative, intégrant les différents partenaires, et un budget d’équipement pour la réalisation de grands projets d’aménagements et d’infrastructures. Les programmes de recherche en cours dans le parc répondent, d’abord, aux grands défis de la conservation d’un patrimoine culturel et naturel fragile et vulnérable, soumis à des conditions climatiques extrêmes, ensuite à des impératifs de socialisation, d’éducation, et de promotion des bonnes pratiques en matière d’utilisation durable de la diversité culturelle et naturelle auprès des habitants du parc. La gestion du bien tient compte également de la forte valeur régionale du Tassili n’Ajjer comme l’un des éléments essentiels d’une ceinture écologique, qui réunit des espèces animales et végétales de type saharien, tropical et méditerranéen, adaptés aux rigueurs du climat. L’activité touristique génératrice de revenus et d’emplois au profit des populations locales est soumise à des conditions qui garantissent une meilleure exploitation des ressources naturelles et des biens culturels. Le tourisme est strictement contrôlé, les groupes de visiteurs sont toujours accompagnés par un guide officiel. Un des impératifs à long terme restera la gestion du tourisme dans ce bien immense.

C. BIENS CULTURELS C.1 AFRIQUE Bien

Tombes des rois du Buganda à Kasubi

Etat partie

Ouganda

Id. N°

1022

Date d’inscription

2001

Brève synthèse Le site des tombes des rois du Buganda couvre une superficie 26,8 hectares de collines à Kasubi, dans la ville de Kampala. Le site est un centre spirituel majeur pour les Bagandas, où les pratiques traditionnelles et culturelles ont été préservées. Les tombes de Kasubi sont le lieu religieux le plus actif du royaume, où des rituels sont encore fréquemment pratiqués. Demeure funéraire des quatre derniers Kabakas (rois), le site est aussi un centre religieux pour la famille royale, un lieu où le Kabaka et ses représentants accomplissent des rites importants de la culture du Buganda. C’est un lieu où les liens de communication avec le monde des esprits sont maintenus. Son organisation spatiale, commençant à la limite du site définie par la traditionnelle clôture d’arbres à écorce, en passant par la maison des gardes, la cour principale et atteignant son apogée avec l’imposant bâtiment au toit de chaume, abritant les tombes des quatre Kabakas, est le meilleur exemple existant de palais/ensemble funéraire des Bagandas.

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En son centre sur la colline se dresse le principal édifice funéraire, le “Muzibu-Azaala-Mpanga”, chefd’œuvre de cet ensemble. Un édifice funéraire a existé depuis le XIIIe siècle. Le bâtiment le plus récent est l’ancien palais des Kabakas des Bagandas, construit en 1882 et converti en sépulture royale en 1884. Le Muzibu-Azaala-Mpanga abrite désormais quatre tombes royales. Le principal édifice funéraire, de plan circulaire et surmonté d’un dôme, est un exemple majeur de réalisation architecturale érigée à l’aide de matériaux organiques composés de poteaux de bois, chaume, roseaux et clayonnage. Ses dimensions inhabituelles et les remarquables détails d’assemblage témoignent du génie créateur des Bagandas et en font un chef-d’œuvre dans la forme et la réalisation. Il s’agit d’un exemple intact exceptionnel du style architectural développé par le puissant royaume du Buganda à partir du XIIIe siècle. Les éléments bâtis et naturels du site des tombes de Kasubi sont chargés de valeurs historiques, traditionnelles et spirituelles. Le site est un centre spirituel majeur pour les Bagandas et le lieu de culte le plus actif du royaume. Les structures et les pratiques traditionnelles qui y sont associées sont une des représentations exceptionnelles de la culture africaine et décrivent la continuité d’une tradition vivante. La signification essentielle du site réside dans sa valeur immatérielle faite de croyances, spiritualité, continuité et identité du peuple Baganda. Le site est un important symbole historique et culturel pour l’Ouganda et l’Afrique de l’Est dans son ensemble. Critère (i) : Le site des tombes de Kasubi est un chef d'œuvre du génie créateur humain, tant par sa conception que par son exécution. Critère (iii) : Le site des tombes de Kasubi témoigne avec éloquence des traditions culturelles vivantes des Bagandas. Critère (iv) : L’organisation spatiale du site des tombes de Kasubi est le plus bel exemple de palais/ensemble architectural Baganda. Construit dans la plus pure tradition de l’architecture et de la conception palatiale Ganda, il atteste des techniques développées au fil des siècles. Critère (vi) : Les éléments bâtis et naturels du site des tombes de Kasubi sont chargés de valeurs historiques, traditionnelles et spirituelles. C’est un pôle spirituel majeur pour les Bagandas, et le lieu de culte le plus actif du royaume. Intégrité (2010) La limite du territoire sur lequel les tombes sont implantées est clairement définie par les traditionnels arbres à écorce (Ficus sp.) et coïncide avec la frontière traditionnelle de 1882. Ces marqueurs vivants ont été utiles pour éviter les empiètements à des fins de construction résidentielle et autres développements, préservant ainsi la taille originale du site. La conception architecturale du palais incluant la disposition des édifices et des tombes / sépultures des membres de la famille royale autour du Muzibu-Azaala- Mpanga, reflet de la structure palatiale traditionnelle, est maintenue dans son ensemble original. Bien que le récent incendie tragique, qui a détruit le principal édifice funéraire, ait entraîné la disparition d’un attribut clé, les traditions culturelles associées aux constructions en bois, chaume, roseaux et clayonnage sont toujours vivantes et en permettront la reconstruction. Les autres structures traditionnelles sont toujours en place et les principaux attributs se rapportant aux pratiques cérémoniales et religieuses traditionnelles ainsi qu’au régime foncier et à l’occupation des sols, sont toujours maintenus. Authenticité (2010) L’authenticité des tombes des rois du Buganda à Kasubi se reflète dans la continuité des pratiques traditionnelles et culturelles qui sont associées au site. Le système funéraire original des Kabakas du Buganda est toujours maintenu. Le Muzibu-Azaala- Mpanga disposé au milieu des autres édifices, avec une grande cour centrale (Olugya) et une avant-cour abritant la maison des tambours et la maison des gardes, sont un ensemble palatial typique du royaume du Buganda. L’utilisation du toit de chaume reposant sur des structures arrondies de feuilles de palmier est préservée, de même que les éléments intérieurs et les matériaux de finition tels que les poteaux de bois habillés d’écorces décoratives. Bien que l’authenticité du site ait été affaiblie par la perte, en raison de l’incendie, de la principale structure tombale, le savoir-faire architectural traditionnel de l’édifice et les compétences requises sont toujours disponibles pour en permettre la reconstruction. Un facteur qui, conjugué à l’importante documentation existant sur l’édifice, va permettre une authentique rénovation de ce principal attribut. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Géré par le royaume du Buganda, le bien a officiellement été promulgué site protégé par le texte réglementaire n° 163 de 1972 et la loi 22 de 1967 sur les monuments historiques. Ce statut légal a été Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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renforcé par la Constitution nationale (1995). La loi sur les monuments historiques protège les tombes de Kasubi des empiètements résidentiels et autres occupations incompatibles avec son caractère. Le sol qui accueille les tombes est régi par la loi agraire (1998). Le titre foncier est confié en dépôt au Kabaka (roi) pour le compte du royaume. La protection du site est renforcée par les diverses politiques de tourisme de l’Ouganda. Le site possède un plan de gestion général approuvé (2009 - 2015). Un gestionnaire de site est en place. La plus grande menace qui pèse sur le site est l’incendie. Il est nécessaire d’élaborer un plan de gestion des risques détaillé pour prendre en compte cette menace, en particulier, et de veiller à ce que la documentation sur le site soit aussi complète que possible et conservée en sécurité. Afin de garantir la préservation dans le temps des procédés de construction traditionnels associés au site, il est actuellement nécessaire de former des jeunes gens éduqués. Il est également nécessaire de veiller à ce que les principes guidant la reconstruction du principal édifice funéraire soient convenus par l’ensemble des parties prenantes clés – le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, le royaume du Buganda et le gouvernement de la République de l’Ouganda – et que le processus de recréation de l’édifice soit méthodique, basé sur des faits et convenablement consigné.

C.2 ETATS ARABES Bien

Timgad

Etat partie

Algérie

Id. N°

194

Date d’inscription

1982

Brève synthèse Dans un site montagneux d’une grande beauté, au nord du massif de l’Aurès, à 480 km au sud-est d’Alger, et à 110 km au sud de Constantine, Timgad offre l’exemple achevé d’une colonie militaire romaine créée ex nihilo. La Colonia Marciana Traiana Thamugadi fut fondée en l’an 100 de notre ère ème Légion Auguste qui, par la suite, fut par Trajan, probablement pour servir de campement à la 3 cantonnée à Lambèse. Le plan, d’une grande rigueur, illustre les principes de l’urbanisme romain à son apogée. La croissance rapide de la cité aboutit, dès le milieu du IIe siècle, à faire éclater le cadre étroit de la fondation primitive. Timgad s’agrandit hors des remparts et des édifices publics majeurs sont construits dans les quartiers neufs : capitole, temples, marchés, thermes. La plupart datent de l’époque des Sévères, où la ville connut son âge d’or dont témoignent aussi d’immenses résidences privées. Colonie forte et prospère, Timgad se devait de donner une image saisissante de la grandeur romaine en terre numide. Les édifices, entièrement construits en pierre, ont été fréquemment restaurés au cours de l’empire : l’arc de Trajan au milieu du IIe siècle, la porte est en 146, et la porte ouest sous Marc-Aurèle. Les rues ont été pavées de grandes dalles rectangulaires en calcaire et un soin particulier a été apporté aux aménagements édilitaires, comme en témoignent les 14 thermes identifiés jusqu’à ce jour. Les maisons, de dimensions variées, brillent par leur somptueux décor de mosaïque destiné à pallier l’absence de marbres précieux. À l’époque chrétienne, Timgad fut le siège d’un évêché célèbre. Après l’invasion vandale de 430, Timgad fut détruite à la fin du Ve siècle par les montagnards de l’Aurès. La reconquête byzantine rendit quelque activité à la cité, défendue par une forteresse construite en 539, au sud, en remployant des blocs arrachés aux monuments romains. L’invasion arabe ruina définitivement Thamugadi qui cessa d’être habitée dès le VIIIe siècle. Critère (ii) : Le site de Timgad, par son régime de camp militaire romain, son modèle urbanistique planifié et son type d’architecture civile et militaire particulier reflète un profond échange d’idées, de technologies et de traditions exercées par le pouvoir central de Rome sur la colonisation des hautes plaines de l’Algérie antique. Critère (iii) : Timgad reprend les préceptes de l’urbanisme planifié de la période romaine, régi par un remarquable plan orthogonal en damier. Timgad constitue ainsi un cas typique d’un modèle urbanistique, dont la permanence du plan initial du castrum militaire avait régi le développement du site à travers toutes les époques ultérieures et continue encore à témoigner du génie constructeur des ingénieurs militaires de la civilisation romaine aujourd’hui disparue. Critère (iv) : Timgad recèle un riche répertoire architectural formé de typologies nombreuses et diversifiées, se rapportant aux différentes phases historiques de sa construction : le système défensif,

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les édifices publics édilitaires et de spectacles, et un complexe épiscopal. Timgad présente une image vivante de la colonisation romaine en Afrique du Nord qui dura trois siècles. Intégrité (2009) La clarification des limites du bien a été soumise mais doit encore être revue. Le périmètre intégrera la totalité des vestiges de la cité. De plus, une zone tampon adéquate est envisagée. Aucune intervention n’a été effectuée sur le bien depuis son inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Les phénomènes naturels (tremblements de terre, intempéries…) n’ont jamais eu d’impact sur le site qui connaît une stabilité remarquable. L’organisation d’un festival culturel annuel entraîne un afflux de visiteurs et exerce des pressions sur la conservation du site dues à l’escalade et au piétinement des structures fragiles, aux passages répétés d’engins et de véhicules de service sur des structures vulnérables, aux graffiti, et à la gestion des déchets non-maîtrisée. Le Ministère de la culture a transféré les activités du Festival annuel de Timgad à l’extérieur du site, ce qui permettra de mitiger les impacts négatifs sur le bien. Les restaurations exécutées au fur et à mesure du déroulement des fouilles n’ont pas altéré l’intégrité des monuments qui est toutefois rendue vulnérable en raison du manque d’opérations de conservation et d’entretien et de la surexploitation. Authenticité (2009) L’ensemble des vestiges et des artéfacts archéologiques mis au jour témoignent de la Valeur universelle exceptionnelle qui a permis l’inscription du bien. L’abandon du site antique, même à une époque tardive, et la conduite de fouilles archéologiques presque sans discontinuité de 1881 à 1960 ont permis à la cité de Thamugadi d’être épargnée par les constructions récentes dont les moyens mécanisés d’implantation eussent bouleversé les anciens vestiges. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le site archéologique de Timgad est régi par un plan de protection et de mise en valeur (PPMVSA), un instrument juridique et technique qui détermine toutes les actions de conservation et de gestion du bien. L’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) est l’organisme de gestion de ce bien. Il réalise toutes les missions de service public de protection, d’entretien, d’inventaire et développe des programmes de valorisation et de promotion. L’OGEBC réalise son programme de protection et de gestion du site en collaboration avec la Direction de culture de la wilaya (province) qui est dotée d’un service chargé du patrimoine culturel. Le cadre juridique et de gestion comprend les lois 90-30 (loi domaniale), 98-04 (relative à la protection du patrimoine culturel), 90-29 (relative à l’aménagement et à l’urbanisme), et le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU) de la commune de Timgad, 1998. L’État partie considère néanmoins qu’il est nécessaire d’effectuer une révision des dispositions législatives et administratives relatives au bien afin de mieux assurer sa conservation et sa mise en valeur. Il serait nécessaire de traiter l’impact croissant de la régulation inappropriée du nombre de visiteurs et des véhicules sur des structures fragiles et leurs abords.

Bien

Casbah d’Alger

Etat partie

Algérie

Id. N°

565

Date d’inscription

1992

Brève synthèse La Casbah d’Alger apparaît comme un exemple significatif de ville historique maghrébine qui eut une grande influence sur l’urbanisme dans la partie occidentale de la Méditerranée et en Afrique subsaharienne. En effet, situé sur la côte méditerranéenne, le site fut habité au moins dès le VIe siècle avant notre ère quand un comptoir phénicien y fut installé. Le terme Casbah, qui désignait à l’origine le point culminant de la médina de l’époque ziride, s’applique aujourd’hui à l’ensemble de la vielle ville d’El Djazair, dans les limites marquées par les remparts d’époque ottomane édifiés dés la fin du XVIe siècle. Dans cet ensemble vivant où résident près de 50.000 personnes, se conservent encore de très intéressantes habitations traditionnelles, palais, hammams, mosquées et divers souks, dont la forme urbaine représente le témoignage d’une stratification de plusieurs tendances dans un système complexe et original qui s’est adapté, avec une remarquable souplesse, à un site fortement accidenté. Critère (ii) : La Casbah d’Alger a exercé une influence considérable sur l’architecture et la planification urbaine en Afrique du Nord, en Andalousie et en Afrique sub-saharienne durant les XVIe et XVIIe siècles. Ces échanges se manifestent par le caractère spécifique de son habitat et par la densité de sa

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stratification urbaine, un modèle d’établissement humain où le mode de vie ancestral et les habitudes musulmanes se sont harmonisés avec d’autres types de traditions. Critère (v) : La Casbah d’Alger est un exemple éminent d’un habitat humain traditionnel représentatif de la culture musulmane profondément méditerranéenne, synthèse de nombreuses traditions. Les vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans, ainsi qu’une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté sont les témoins de cette culture et le résultat de son interaction avec les diverses couches de peuplement. Intégrité (2009) Malgré les mutations et les aléas sismiques qu’elle a subis, la Casbah d’Alger conserve toujours son intégrité. Dans leur ensemble, les caractères esthétiques, les matériaux utilisés et les éléments architecturaux gardent leurs aspects originaux qui expriment les valeurs ayant prévalu au classement du site en 1992 sur la Liste du patrimoine mondial. Le maintien de la fonction d’habitation a permis de consolider la viabilité du site autant que l’intégrité de son image. Les opérations de restauration du patrimoine bâti de la Casbah engagées dans le cadre du Plan de sauvegarde et de mise en valeur satisfont les normes locales et nationales et contribuent à maintenir l’intégrité du site. Il existe néanmoins des menaces à l’intégrité qui sont liées à la sur densification et à des interventions non contrôlées. D’autres risques proviennent des séismes et des incendies, ainsi que des glissements de terrain et des inondations. Authenticité (2009) Les attributs de la Valeur universelle exceptionnelle qui avaient permis l’inscription sont maintenus. La Casbah témoigne d’une authenticité remarquable, aussi bien au niveau de la forme et de la conception (trame urbaine très dense), des matériaux de construction (briques en terre crue, enduits de terre et à la chaux, pierre et bois) que de l’utilisation (habitation, commerce, culte) et des traditions populaires. La survivance des savoir-faire architecturaux traditionnels, notamment en matière des métiers de la construction et du décor architectural, est un atout majeur pour soutenir la Valeur universelle exceptionnelle. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La Casbah d’Alger fut classée site historique national en novembre 1991 et secteur sauvegardé en 2003. Le cadre juridique qui assure sa protection comprend les lois 98.04 (relative à la protection du patrimoine culturel), 90.25, 90.29, 91.10 et les décrets exécutifs 90.78, 90.175, 91.176, 91.177 et 91.178. L’État partie considère cependant qu’il est nécessaire d’effectuer une révision des dispositions législatives et administratives relatives au bien pour mieux assurer sa protection et sa mise en valeur. La gestion du site est confiée à la Direction de culture de la wilaya (province) d’Alger. Il existe un besoin continu de conserver et réhabiliter le bien afin de prévenir la détérioration du tissu urbain. Les menaces dues aux séismes et aux incendies sont réelles alors que les glissements de terrain et les inondations constituent toujours des menaces possibles. Un plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS), codifié par le décret exécutif n° 324-2003 est en préparation. Le plan de gestion prendra en considération ces questions et tiendra compte d’une zone tampon et des actions de suivi régulier. La Direction de culture de la Wilaya, en concertation avec le ou les présidents d’Assemblées Populaires Communales concernés, est l’agent de mise en œuvre et de gestion du PPSMVSS. Pour renforcer cette action, un texte réglementaire est en voie d’adoption, celui des Agences des secteurs sauvegardés. L’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) est chargé, quant à lui, au titre du Ministère de la culture, de la gestion des monuments et sites archéologiques et historiques classés, y compris ceux situés à l’intérieur d’un secteur sauvegardé. Bien

Petra

Etat partie

Jordanie

Id. N°

326

Date d’inscription

1985

Brève synthèse Située entre la mer Rouge et la mer Morte et habitée depuis la préhistoire, la capitale des Nabatéens taillée dans le roc est devenue durant les périodes hellénistique et romaine un grand centre caravanier du commerce de l’encens d’Arabie, des soieries de Chine et des épices de l’Inde, un carrefour entre l’Arabie, l’Égypte et la Syrie-Phénicie. Petra est à moitié construite, à moitié sculptée dans la paroi rocheuse, entourée de montagnes criblées de défilés et de gorges. Un ingénieux système hydraulique a permis le vaste établissement humain d’une zone essentiellement aride durant les époques nabatéenne, romaine et byzantine. C’est l’un des plus riches et vastes sites archéologiques au monde dans un paysage dominant de grès rouge.

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La Valeur universelle exceptionnelle de Petra réside dans l’ampleur considérable de l’architecture de tombeaux et de temples ouvragés, les hauts lieux religieux, les canaux, tunnels et barrages de diversion restants qui se conjuguent avec un vaste réseau de citernes et de réservoirs qui contrôlaient et conservaient les eaux de pluie saisonnières, et quantité de vestiges archéologiques : mines de cuivre, temples, églises et autres édifices publics. La fusion des façades architecturales hellénistiques avec des temple/tombeaux nabatéens traditionnels taillés dans le rocher, comme le Khasneh, la Tombe à l’Urne, la Tombe Palais, le Tombeau Corinthien et El Deir (“monastère”), représente une réalisation artistique unique et un ensemble architectural remarquable depuis les premiers siècles av. J.-C. jusqu’à notre ère. La diversité des vestiges archéologiques et des monuments architecturaux depuis la préhistoire jusqu’à l’époque médiévale apporte un témoignage exceptionnel sur des civilisations aujourd’hui disparues, qui se sont succédé sur le site. Critère (i) : Les temples/tombeaux spectaculaires nabatéens/hellénistiques sculptés dans la paroi rocheuse face au Siq, entaille naturelle sinueuse dans la falaise et voie d’accès principale en venant de l’est à ce qui était jadis une grande cité marchande, représentent une réalisation artistique unique. Ce sont les chefs-d’œuvre d’une cité perdue qui ne cesse de fasciner les visiteurs depuis le début du XIXe siècle. La voie d’accès et l’établissement lui-même ont été rendus possibles par le génie créateur de l’impressionnant système de réserve et de distribution d’eau. Critère (iii) : Les rangées serrées d’innombrables tombes creusées dans le rocher évoquant les influences architecturales des Assyriens aux réalisations hellénistiques monumentales, les hauts lieux sacrificiels et autres lieux religieux, tels le sommet des Djebels Madbah, M’eisrah, Khubtha, Habis et Al Madras, les vestiges de l’important système hydraulique, les murailles de la cité et les temples isolés autoportants, les jardins en terrasse, les inscriptions et les stèles funéraires, ainsi que les anciennes haltes caravanières installées aux entrées nord (Barid ou Petit Petra) et sud (Sabra) qui renferment aussi des tombes, des temples, des citernes et des réservoirs d’eau, offrent un témoignage exceptionnel sur la civilisation nabatéenne aujourd’hui disparue et qui s’est illustrée du IVe siècle avant J.-C. au ler siècle après J.-C.. Les vestiges de l’établissement néolithique à Beidha, l’établissement de l’âge du Fer sur le mont Umm al Biyara, les sites miniers du chalcolithique à Umm al Amad, les traces de l’aménagement urbain gréco-romain avec la rue à colonnades, la porte d’entrée aux trois arches, le théâtre, le Nymphæum et les thermes, les vestiges de l’époque byzantine, comme la basilique à trois absides et l’église créée dans la Tombe à l’Urne, les anciennes forteresses des Croisés de Habis et Wueira, et les fondations de la mosquée coiffant le Djebel Haroun, traditionnellement désignée comme lieu d’enterrement du prophète Aaron, apportent tous un témoignage exceptionnel sur les anciennes civilisations dans la région de Petra. Critère (iv) : L’ensemble architectural comprenant lesdites “tombes royales” de Petra (le Khasneh, la Tombe à l’Urne, la Tombe Palais et la Tombe Corinthienne) et le Deir (“monastère”) démontre une extraordinaire fusion de l’architecture hellénistique avec la tradition orientale, qui marque une rencontre significative de l’Orient et de l’Occident au tournant du premier millénaire de notre ère. Les mines de cuivre et les galeries souterraines de Umm al Amad sont un exemple éminent de structures minières datant du quatrième millénaire av. J.-C. Les traces du barrage de diversion, le tunnel de Muthlim, les canaux d’irrigation, les aqueducs, les réservoirs et les citernes offrent autant d’exemples éminents d’une technologie hydraulique datant des premiers siècles av. J.-C. jusqu’à notre ère. Intégrité (2010) Tous les principaux monuments isolés autoportants, ceux taillés dans le roc et les importants vestiges archéologiques dans le paysage aride de falaises de grès rouge et de gorges se trouvent à l’intérieur des limites du bien qui coïncident avec celles du Parc national de Petra. Les monuments subissent une érosion permanente causée par le vent et la pluie, aggravée dans le passé par les grains de sable transportés par le vent suite au pâturage des animaux qui a réduit la couverture végétale. La réimplantation, il y a plus de vingt ans, de la tribu des Bdul (bédouins) et de leurs troupeaux, loin de leurs anciennes demeures saisonnières dans le bassin de Petra vers un nouveau village à Umm Sayhun, avait en partie pour but de mettre fin à ce processus. Ils sont aussi vulnérables aux crues subites du Wadi Musa qui inondent la gorge sinueuse (Siq) si le système de diversion nabatéen n’est pas maîtrisé, réparé et entretenu en permanence. Le bien subit la pression du tourisme qui s’est beaucoup développé depuis le moment de l’inscription, en particulier les points de congestion comme le Siq qui est la voie d’accès principale dans la cité en venant de l’est.

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Le bien est aussi vulnérable aux besoins d’infrastructure des communautés locales et des touristes. Une nouvelle usine de traitement des eaux usées a été installée dans le périmètre du bien au nord, l’eau recyclée servant à alimenter le système d’irrigation goutte à goutte d’un projet d’exploitation agricole situé à proximité. D’autres travaux d’aménagement prévus dans les limites du site concernent l’alimentation électrique et l’installation d’une sous-station, un centre d’accueil communautaire/des visiteurs, un théâtre en plein air pour les manifestations communautaires, des aires de pique-nique, un terrain de camping et un nouveau restaurant près du temple de Qasr al Bint, sont autant de menaces potentielles préjudiciables pour l’intégrité du bien. Authenticité (2010) Les attributs des monuments funéraires/temples, ainsi que leur situation et leur cadre expriment clairement la Valeur universelle exceptionnelle du bien. L’érosion naturelle de l’architecture gréseuse menace l’authenticité du bien à long terme. La stabilisation des monuments isolés autoportants, comme le temple de Qasr al Bint, et la voûte soutenant l’avant-cour byzantine menant à l’église de la Tombe à l’Urne, a été réalisée avant l‘inscription. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Selon la législation nationale jordanienne, la responsabilité de la protection des sites antiques incombe à la Direction des Antiquités, une entité autonome qui dépend du Ministère du Tourisme et des Antiquités. Le bien constitue une aire protégée à l’intérieur du Parc archéologique de Petra que gère le Ministère du tourisme et des antiquités. Cependant, la responsabilité de l’ensemble de la planification et de la mise en œuvre des projets d’infrastructure du site dépend largement de l’Autorité régionale de Petra (ARP) - initialement appelé Conseil régional pour la planification de Petra (CRPP) - mais s’étend désormais au bien-être social et économique des communautés locales. Les effectifs accrus de personnel ont permis de mener des campagnes d’inspection et de contrôle et des stratégies ont été mises au point pour gérer l’accès des touristes et l’engagement de la communauté locale, avec la création et l’installation de magasins/kiosques gérés par les membres de la communauté. La réglementation et les politiques élaborées dans le cadre du Plan d’exploitation du Parc archéologique de Petra couvriront les projets d’aménagement entrepris par l’ARP, comme l’électrification du Parc archéologique de Petra et les travaux associés aux projets de recyclage de l’eau pour l’agriculture, y compris la plantation d’arbres. Elles couvriront aussi les installations à l’usage des visiteurs : éclairage du parc, chemins et panneaux de signalisation pour les touristes, restaurants et boutiques, entreprises et zones récréatives, ainsi que les activités publiques et les manifestations à l’intérieur du Parc. Il faut prévoir à long terme une structure propice au développement durable et à des pratiques de gestion visant à protéger le bien contre les dégradations dues à la pression des visiteurs tout en augmentant les revenus du tourisme qui contribueront à la viabilité économique et sociale de la région.

Bien

Qusair Amra

Etat partie

Jordanie

Id. N°

327

Date d’inscription

1985

Brève synthèse Construit au début du VIIIe siècle près du Wadi Butm – cours d’eau saisonnier – cet établissement du désert était à la fois une forteresse avec une garnison et une résidence/château de plaisance des califes omeyyades. Le petit château de plaisance exceptionnellement bien préservé comporte une salle d’audience et un hammam (complexe balnéaire doté d’un vestiaire, de salles de bain tiède et de bain chaud), le tout richement décoré de peintures murales figuratives qui reflètent l’art profane de l’époque. L’ensemble des fresques du complexe balnéaire et de la salle d’audience sont uniques pour l’architecture islamique de l’époque omeyyade. Les peintures murales qui montrent les influences de thèmes païens classiques, des portraits et des scènes de chasse de style byzantin, des descriptions d’animaux et d’oiseaux, sont accompagnées d’inscriptions en grec et en arabe. La représentation du zodiaque sous la voûte du caldarium (salle du bain chaud) est l’une des plus anciennes représentations connues d’une carte du ciel subsistant sur un dôme.

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L’établissement du désert dont fait partie ce château de plaisance est l’un de ceux qui ont été créés dans la zone semi-aride à l’est d’Amman pour favoriser l’interaction avec la région tribale du Wadi Butm. Qusair Amra est à proprement parler un exemple éminent d’un type particulier d’ensemble architectural qui illustre précisément la stratégie administrative du premier califat islamique. Critère (i) : Les peintures de Qusair Amra constituent une réalisation artistique unique de l’époque omeyyade. L’ensemble des fresques de la salle d’audience et du complexe balnéaire, en créant un lieu de relaxation pour le Prince loin des soucis terrestres, fournit une nouvelle perception de l’art islamique précoce et de sa déviation par rapport aux styles antérieurs, classiques et Byzantins. La dôme du zodiaque, les portraits humains et les descriptions d’animaux et d’oiseaux dans des scènes de chasse ne sont présents que dans les débuts de cette période de l’art islamique. Critère (iii) : Qusair Amra apporte un témoignage exceptionnel sur la civilisation omeyyade qui est imprégnée d’une culture séculaire préislamique et dont le rigorisme des milieux religieux n’a laissé subsister que peu de traces dans les arts visuels. Critère (iv) : Avec les vestiges des bâtiments de la forteresse/garnison à plusieurs centaines de mètres au nord et les traces d’ouvrages de collecte d’eau pour l’agriculture, le complexe balnéaire orné de fresques avec sa salle d’audience et le puits adjacent, le réservoir et le système hydraulique d’adduction d’eau, les tuyaux d’écoulement et la fosse d’aisance représentent un exemple éminent d’établissement omeyyade dans le désert. Compte tenu du fait que les décorations en stuc de la façade frontale monumentale de Qasr el Mschatta ont été transportées au Musée de Berlin et que les ruines de Qasr al Khayr al-Sharqi et Qasr al-Khayr al-Gharbi comportent peu d’éléments décoratifs, Qusair Amra reste, avec Qasr Hisham et ses mosaïques, le mieux conservé des palais et châteaux omeyyades décorés de Jordanie et de Syrie. Intégrité (2010) Les éléments les plus remarquables du bien, comprenant le complexe balnéaire et la salle d’audience avec leurs fresques, restent intacts. Le monument est vulnérable à l’érosion due aux tempêtes de sable du désert et au débordement du cours d’eau saisonnier le long duquel il se trouve. Un projet d’exploitation forestière à l’est et au nord du bien est destiné à réduire l’impact du désert aride et un projet de lutte contre les inondations a entraîné la construction d’une digue de dérivation à l’ouest. Un énorme réservoir moderne a été construit pour récupérer l’eau des inondations et l’utiliser pour irriguer la zone forestière. Ces mesures ont été couronnées de succès. La situation et la condition du bâtiment font qu’il est exposé à la pénétration de l’humidité qui, à son tour, affecte l’intégrité des peintures murales, provoquant le dépôt de sels et le détachement de l’enduit au bas du mur. Les peintures murales sont vulnérables à l’humidité saisonnière et à la condensation due au nombre accru de visiteurs. Les peintures sont aussi vulnérables à cause du vieillissement de certains produits utilisés dans un chantier de restauration datant des années 1970, l’accumulation de nouvelles saletés, graffiti et dépôts provenant des oiseaux et des insectes. L’entourage du monument, qui constituait jadis un paisible refuge de gazelles et autres animaux sauvages qui venaient s’abreuver autour des mares saisonnières creusées dans le lit du wadi à l’ombre des bosquets de butm (térébinthe) qui ont donné son nom au cours d’eau, est maintenant exposé au bruit et à la pollution de la grande route construite à environ 150 mètres à l’est. Authenticité (2010) La Valeur universelle exceptionnelle du bien est exprimée par le complexe balnéaire et la salle d’audience avec leurs peintures murales et les vestiges des sols en mosaïque. Elle s’exprime aussi à travers le contexte de l’édifice qui inclut le puits adjacent, le réservoir et le système d’adduction d’eau, la forteresse/garnison au nord, les vestiges des structures de collecte d’eau pour l’agriculture et le désert environnant avec ses cours d’eau saisonniers. Ces attributs requièrent une conservation permanente et une gestion attentive des besoins liés à l’essor du tourisme. Les peintures ont fait l’objet de programmes de restauration dans les années 1970 et 1990 et un nouveau programme est envisagé. Le site est maintenant doté d’un centre de visiteurs en bordure nord de la zone tampon et d’une station de pompage de l’eau fonctionnant à l’énergie solaire, installée à 400 mètres au nord-est.

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Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le bien est une aire protégée en vertu de l’article 8 de la Loi sur les Antiquités de 1935 et de la Loi provisoire de 1976. Actuellement, il n’y a plan de gestion mais il existe une opération de gestion. La gestion du site est assurée par le Ministère du Tourisme et des Antiquités à travers son bureau local à Zarqa. Le personnel de la Direction des Antiquités à Amman, qui comprend un archéologue, un architecte, un contremaître et quatre ouvriers non qualifiés, assure des services réguliers de suivi et des petits travaux de réparation et d’entretien. Le bien est entièrement clôturé et la sécurité est maintenue par quatre gardiens permanents. La Direction des Antiquités est actuellement en discussion avec les départements concernés en ce qui concerne la surface de terrain envisagée pour l’expansion de la zone de protection du bien sur environ 2 000 dunums (2 millions de mètres carrés). Une réglementation sera mise en place en coopération avec la municipalité locale et le Ministère de l’agriculture pour contrôler le développement futur et la plantation d’arbres.

Bien

Um er-Rasas (Kastrom Mefa’a)

Etat partie

Jordanie

Id. N°

1093

Date d’inscription

2004

Brève synthèse Situé au sud-est de Madaba en bordure de la steppe semi-aride, ce site archéologique, qui fut d’abord un camp militaire romain et s’agrandit pour devenir une ville à partir du Ve siècle, n’a quasiment pas été fouillé. Il comprend des vestiges des époques romaine, byzantine et du début de l’Islam (de la fin du IIIe au IXe siècle apr. J.-C.), notamment un camp militaire romain fortifié et seize églises, dont certaines possèdent des sols en mosaïque bien conservés. Il convient de noter l’importance particulière que revêt le sol en mosaïque de l’église Saint-Etienne avec ses représentations de villes de la région. Une haute tour carrée et des bâtiments associés sont probablement les seuls vestiges de la pratique, très connue dans cette partie du monde, des anachorètes stylites (moines ascétiques assis au sommet d’une colonne ou d’une tour et isolés du reste du monde). Um er-Rasas est entouré et parsemé de traces d’activités agricoles telles que les cultures en terrasses, les canaux d’irrigation et les citernes. La Valeur universelle exceptionnelle du lieu réside dans le vaste établissement de l’époque byzantine/omeyyade. Ces vestiges occupent l’intérieur de l’ancienne forteresse romaine et s’étendent aussi à l’extérieur de ses murs au nord. Ils comprennent les églises dont les sols en mosaïque sont d’une grande valeur artistique. Plus au nord, dans un groupe de ruines distinct associé à des carrières et des citernes, s’élève la tour d’habitation complète des moines stylites, la seule en son genre. Les cartes dépeignant sur le sol en mosaïque de l’église Saint-Etienne plusieurs villes palestiniennes et égyptiennes de l’ancien empire byzantin sont identifiées par leurs noms de lieu en lettres grecques. Elles revêtent une importance particulière à la fois sur le plan artistique et en tant qu’élément d’information géographique. D’autres sols en mosaïque, comme celui de l’église des Lions, de l’église de l’évêque Serge, de l’église des Rivières, de l’église du Palmier, de l’église de l’évêque Paul et de l’église du prêtre Wa’il, représentent des oiseaux et des animaux, des pêcheurs et des chasseurs intégrés dans d’immenses tapis de mosaïque géométriques. Le mode de vie des moines stylites est évoqué par une tour en pierre de 14 mètres de haut construite au centre d’une cour qui jouxte une petite église (l’église de la Tour). Une pièce au sommet de la tour, accessible depuis une porte au sud que l’on atteignait apparemment au moyen d’une échelle amovible, était le quartier d’habitation du moine. L’archéologie et les inscriptions apportent la preuve que la chrétienté monastique était tolérée et a perduré pendant la période islamique des VIIe et VIIIe siècles, et offrent un témoignage de la propagation des croyances monothéistes dans la région. Critère (i) : Um er-Rasas est un chef-d’œuvre du génie créateur humain en raison des qualités artistiques et techniques du sol en mosaïque de l’église Saint-Etienne. Critère (iv) : Um er-Rasas offre un exemple unique et complet (donc exceptionnel) de colonnes stylites.

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WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 13

Critère (vi) : Um er-Rasas est étroitement lié au monachisme et à la propagation du monothéisme, y compris de l’Islam, dans l’ensemble de la région. Intégrité (2010) Les vestiges identifiés de l’établissement byzantin/omeyyade se trouvent à l’intérieur de deux zones centrales distinctes, entourées et reliées par la zone tampon. Leur intégrité est préservée. Les vestiges encore debout et les constructions mises au jour demeurent intacts et font partie d’un site archéologique qui renferme de nombreuses structures en ruine. Certaines parties du site sont dangereuses en raison d’un effondrement structurel lors des précédents séismes et de tranchées béantes. Les ruines ont fait l’objet dans le passé d’investigations et de fouilles non autorisées. Les structures de pierre calcaire, dont certaines présentent des traces d’enduit peint, et les sols en mosaïque mis au jour sont vulnérables aux phénomènes de dégradation générale due aux intempéries et à un mauvais drainage. Pour y remédier ont été prévus des travaux de consolidation/reconstruction des structures encore en place, le remblayage de certains lieux de fouilles et la construction d’abris de protection au-dessus de l’église Saint-Etienne et d’une partie de l’église des Lions. Le bien est vulnérable à l’augmentation du tourisme incontrôlé. Son cadre présente une vulnérabilité potentielle en raison du futur développement possible de la zone environnante qui est aujourd’hui une aire pastorale à l’habitat clairsemé. Authenticité (2010) La forme, la conception et les matériaux, la situation et le cadre des structures en ruine et mises au jour continuent d’exprimer la Valeur universelle exceptionnelle du bien. Leur authenticité a été altérée dans une certaine mesure par l’emploi de techniques de réparation et d’entretien incorrectes dans les travaux de consolidation et la protection des sols en mosaïque. Le cadre est vulnérable au tourisme et aux besoins de la communauté locale. Les routes d’accès à l’intérieur du site, les aires de stationnement, les chemins et les installations pour les visiteurs exigent tous une conception et une gestion attentives, au même titre que tout nouveau projet de fouilles et de stabilisation qui nécessite d’installer des abris. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le bien est protégé par la Loi sur les Antiquités administrée par la Direction des Antiquités (DoA) qui relève du Ministère du Tourisme et des Antiquités. Le gestionnaire du site et ses assistants, un architecte et un archéologue de la DoA se trouvent en permanence sur le site. Cinq gardiens issus de la communauté locale s’occupent des questions de sécurité et veillent à la protection des ouvriers et des visiteurs. Un plan de gestion (qui inclut un plan de conservation complet) a été mis au point par un groupe de travail composé de représentants de la DoA et du Ministère. Des commissions d’experts comprenant des personnels de la DoA, d’autres instances gouvernementales et d’universités ont étudié des problèmes particuliers et contribué au processus qui a été examiné selon les recommandations émises par les missions conjointes Centre du patrimoine mondial /ICOMOS en 2005 et 2006. Il intègre des orientations et des normes de pratique qui s’appliquent à l’entretien et la réparation, la conservation et la recherche archéologique, ainsi qu’un programme de surveillance et de maintenance. Une fois adopté, il sera mis en œuvre par le gestionnaire du site et le personnel qualifié sur le terrain. Une subvention a été accordée par la Commission européenne pour financer une stratégie de conservation et de mise en valeur du site de Um er-Rasas dans le cadre d’un plus vaste programme de « protection et de promotion du patrimoine culturel du Royaume hachémite de Jordanie », destinée à améliorer la qualité de la recherche, de la restauration et de la gestion du site, les installations à la disposition des visiteurs et l’information. Les travaux seront exécutés conformément aux révisions convenues avec le Centre du patrimoine mondial pour le centre des visiteurs, les barrières de sécurité autour de l’ensemble du site, les chemins empruntés par les visiteurs et un nouvel abri au-dessus de l’église Saint-Etienne. D’autres terrains ont été acquis par la DoA autour de la partie sud du bien qui renferme l’église SaintEtienne et d’autres églises et également entre cette dernière et la partie nord qui contient la tour du stylite et les structures associées, ce qui permet une meilleure protection du site. La DoA a négocié avec la municipalité d’Um er Rasas l’application de la réglementation spécifique aux terres qui jouxtent celles que possède la DoA de façon à anticiper et atténuer d’éventuels impacts négatifs d’une future modification de l’utilisation des sols. Une révision des limites du bien du patrimoine mondial pourrait être envisagée au vu de la plus grande surface de terrain que possède désormais la DoA. Le partenariat établi entre la DoA et la communauté locale continuera à impliquer la communauté dans la protection du bien en lui permettant de profiter du tourisme. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 14

Bien

Baalbek

Etat partie

Liban

Id. N°

294

Date d’inscription

1984

Brève synthèse L’ensemble de temples de Baalbek est situé au pied du versant sud occidental de l’Anti-Liban, en bordure de la fertile plaine de la Bekaa et à une altitude de 1150 m. La cité de Baalbek atteignit son apogée à l’époque romaine. Ses constructions colossales bâties pendant plus de deux siècles en font un des sanctuaires les plus célèbres du monde romain et un modèle de l’architecture romaine de la période impériale. Les pèlerins affluaient au sanctuaire pour vénérer les trois divinités, connues sous le nom de triade héliopolitaine, un culte essentiellement phénicien, romanisé (Jupiter, Vénus et Mercure). L’importance de cet amalgame de vestiges de l’époque gréco-romaine avec des traces plus anciennes de tradition phénicienne repose sur sa valeur artistique et architecturale exceptionnelle. L’acropole de Baalbek comprend plusieurs temples. La construction romaine fut édifiée au-dessus de ruines antérieures transformées en une place surélevée, formée de vingt-quatre monolithes, le plus lourd pesant plus de 800 tonnes. Le temple de Jupiter, principal temple de la triade de Baalbek, était remarquable par ses colonnes de 20 m de hauteur qui entouraient la cella, et les pierres gigantesques de sa terrasse. Le temple dédié à Bacchus qui se trouve à proximité possède une décoration riche et abondante et impressionne par son ampleur et son portail monumental orné de motifs bachiques. Le Temple rond, ou temple de Vénus, se singularise par l’originalité de son plan ainsi que par le raffinement et l’harmonie de ses formes, dans une cité où les autres sanctuaires sont marqués de gigantisme. Du temple de Mercure, situé sur la colline de Cheikh Abdallah, il ne reste que l’escalier taillé dans le roc. L’Odéon, situé au sud de l'acropole à un endroit connu sous le nom de Boustan el Khan, fait également partie du site de Baalbek, considéré parmi les sites archéologiques les plus spectaculaires du Proche-Orient. Baalbek devint un des sanctuaires les plus célébrés du monde antique, progressivement couvert de constructions monumentales édifiées durant plus de deux siècles. Son ensemble monumental est un des témoignages les plus impressionnants de l’architecture romaine à l’époque impériale. Critère (i) : Le site archéologique de Baalbek représente un complexe religieux d’une valeur artistique exceptionnelle. Son majestueux ensemble monumental, avec son exquis travail de sculpture décorative, est une création artistique unique qui reflète l’amalgame des croyances phéniciennes et des dieux du panthéon gréco-romain dans une étonnante métamorphose stylistique. Critère (iv) : L’ensemble monumental de Baalbek est un exemple éminent d’un sanctuaire romain et l’un des témoignages les plus imposants de l’époque romaine à son apogée exposant dans son intégralité la puissance et la richesse de l’empire romain. Il contient parmi les plus grands temples romains jamais construits et parmi les mieux préservés. Ces temples reflètent un extraordinaire amalgame de l’architecture romaine et des traditions locales de planification et de tracé. Intégrité (2009) Le bien en série est constitué des temples de Jupiter, Bacchus, Vénus et Mercure, ainsi que de l’Odéon – tous des attributs clés du sanctuaire. La ville entière à l’intérieur des murs arabes et le quartier extramuros au sud-ouest entre le Boustan el Khan, les ouvrages romains et la mosquée mamelouke de Ras al-Ain, représentent le contexte principal des attributs clés. Depuis 15 ans, la ville a souffert en raison du conflit armé et du manque d’outils de contrôle en résultant. Elle est toujours affectée par la pression urbaine qui rend vulnérables le cadre du sanctuaire et l’intégrité globale du bien. Authenticité (2009) Malgré des restaurations extensives dans les années 60 et 80, et l’impact du conflit armé ayant causé un développement incontrôlé, l’authenticité du site a pu être maintenue grâce aux efforts des organismes nationaux et internationaux. Pour sauvegarder les vestiges, la Direction Générale des Antiquités (DGA) a réalisé des travaux de consolidation et de restauration de divers monuments, surtout à l’intérieur du site de Qal’a qui comprend le temple de Jupiter et de Bacchus, ainsi que sur le site de Boustan el Khan. Toutefois, l’authenticité du bien est très vulnérable aux changements qui affectent ses structures et la majesté de son cadre.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La conservation et la gestion du bien sont assurées par la DGA qui contrôle tous les permis de construction et de restauration. La loi sur les Antiquités No 166/1933 offre plusieurs mesures de protection importante pour les vestiges qui se trouvent à l’intérieur de la zone protégée. La coopération entre la Direction générale de l’urbanisme et la DGA facilite le travail d’expropriation des terrains qui entourent la zone archéologique. Un plan de protection et de mise en valeur est en cours de préparation ayant pour objet d’assurer une meilleure mise en valeur de ces vestiges uniques et de développer un nouveau système de protection du bien qui respecte les chartes internationales. Une coopération avec des bureaux spécialisés dans la restauration des monuments historiques est essentielle. Le plan doit également aborder la question de l’amélioration des mécanismes de coordination entre les différents organismes qui sont impliqués dans le bien. Un autre schéma directeur pour la ville, sous étude, a pour objet de protéger l’entourage du site et de contrôler le développement urbain qui menace la zone archéologique, la zone urbanisée située à l’intérieur de l’enceinte arabe ainsi que le quartier Sud-ouest (extra-muros) situé entre Boustan el Khan et la carrière romaine (Hajjar el Hubla).

Bien

Tyre

Etat partie

Liban

Id. N°

299

Date d’inscription

1984

Brève synthèse Située sur la côte méridionale du Liban et à 83 km au sud de Beyrouth, la ville antique de Tyr fut la grande cité phénicienne qui régna sur les mers et fonda des colonies prospères comme Cadix et Carthage, et fut le lieu, selon la légende, de la découverte de la pourpre. Dès le Ve siècle av. J.-C., époque où la visita Hérodote d’Halicarnasse, Tyr, construite en grande partie sur une île réputée imprenable, passait déjà pour l’une des plus anciennes métropoles du monde, fondée selon la tradition en 2750 avant J.C. Tyr succomba à l’attaque d’Alexandre de Macédoine qui avait bloqué le détroit d’une digue. Une ville grecque d’abord, puis une ville romaine s’élevèrent successivement sur ce qui est maintenant devenu un promontoire. Tyr fut associée directement à quelques événements qui la lient aux grandes étapes de l’histoire de l’humanité, dont la production de la pourpre, pigment réservé aux souverains et à la noblesse, la construction du temple de Salomon à Jérusalem, grâce aux matériaux et à l’architecte envoyés par le roi de Tyr Hiram, et l’exploration des mers par de hardis navigateurs qui fondèrent, jusque sur les rivages de la Méditerranée occidentale, des comptoirs prospères, assurant un quasi-monopole du grand commerce maritime pour la cité phénicienne. Le rôle historique de Tyr déclina à la fin de la période des croisades. Dans la ville moderne de Soûr, le bien est constitué de deux sites distincts : celui de la ville, sur le promontoire, et celui de la nécropole d’El Bass sur la terre ferme. Le site de la ville comprend d’importants vestiges archéologiques, dont une grande partie est submergée. Les structures les plus notoires sont les vestiges des bains romains, les deux palestres, l’arène, la voie romaine à colonnade, le quartier résidentiel. Demeurent également les vestiges de la cathédrale construite en 1127 par les Vénitiens et quelques murailles de l’ancien château des Croisés. Le secteur de Tyr El Bass, qui constituait l'entrée principale de la ville dans l'antiquité, comprend les vestiges de la nécropole, de part et d’autre d’une large voie monumentale commandée par un arc de triomphe romain du IIe siècle après J.C. Parmi, les autres vestiges, on compte l’aqueduc et l’hippodrome du IIe siècle, l’un des plus grands du monde romain. Critère (iii) : Métropole de la Phénicie des temps passés, chantée pour sa grande beauté, Tyr devint rapidement le centre de commerce maritime et terrestre le plus important de la Méditerranée orientale. Les vestiges phéniciens reflètent le pouvoir, l’influence et la richesse des marchands de Tyr qui naviguaient sur la Méditerranée et remplissaient leurs entrepôts de biens venus de leurs nombreuses colonies sur les côtes méditerranéennes. Critère (vi) : Tyr est associée aux grandes étapes de l’humanité. Navigateurs et marchands habiles, les Phéniciens étaient réputés pour avoir donné naissance à de grandes figures de la mythologie dont Cadmos, crédité pour l'introduction de l'alphabet en Grèce, et Europe, sa sœur, qui a donné son nom au continent européen. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Intégrité (2009) Les limites précises du bien n’ayant pas été formellement approuvées, on doit présumer que les secteurs protégés par la législation nationale, tels que documentés par le plan d’urbanisme, sont assimilés au bien inscrit et comprennent les attributs essentiels de la Valeur universelle exceptionnelle du bien. Toutefois, les vestiges physiques de l’aqueduc et certaines parties de l’ancienne nécropole, non dégagées et toujours enfouies, situées à l’extérieur du secteur protégé sont également des attributs de la Valeur universelle exceptionnelle. Comme la prospection archéologique globale n’est toujours pas achevée, toute l’ampleur des attributs potentiels n’est pas définie. Dans la période de guerre civile (1975-1991), le développement urbain de Tyr a échappé au contrôle des autorités et, en conséquence, de nombreuses tours furent construites à proximité immédiate du bien. L’intégrité du bien est toujours menacée par l’urbanisation et la spéculation foncière. Authenticité (2009) Les attributs clés du bien – les ruines imposantes de la cite romaine et les constructions médiévales des croisades sur l’ancienne île, la nécropole sur le continent, la voie monumentale, l’aqueduc et l’hippodrome – reflètent l’ancienne gloire de Tyr. Ils sont néanmoins très vulnérables au manque de conservation et à la pression du développement qui pourraient affaiblir leur capacité à transmettre la signification de Tyr comme ville portuaire puissante. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est protégé par la Loi sur les antiquités No 166/1933, et celle sur la protection des biens culturels No 37/2008. La conservation et la gestion du bien inscrit est assurée par la Direction générale des Antiquités (DGA). Un plan de protection et de mise en valeur est en cours de préparation. Le but de ce projet est d’assurer une meilleure mise en valeur de ces vestiges uniques et de développer un nouveau système de protection pour le bien qui respecte les chartes internationales. Un schéma directeur pour la ville est déjà validé, dont le but est de protéger au maximum l’entourage du bien et de contrer le phénomène d’urbanisation qui a affecté sérieusement la zone archéologique classée. La DGA contrôle tous les permis de construction et de restaurations. Le projet de Patrimoine culturel et de développement urbain (CHUD) financé par la Banque mondiale couvre une grande partie des mesures nécessaires pour la protection et la gestion du bien. La définition de zones non aedificandi sur des terrains appartenant à l’Etat et l’interdiction de construire des bâtiments de plus de trois étages à proximité immédiate des vestiges monumentaux protégés sont des conditions à la sauvegarde du bien.

Bien Etat partie

Ouadi Qadisha ou Vallée sainte et foret des cèdres de Dieu (Horsh Arz el-Rab) Liban

Id. N°

850

Date d’inscription

1998

Brève synthèse La Vallée de la Qadisha est l’un des plus importants sites d’établissement des premiers monastères chrétiens au monde, et ses monastères, pour beaucoup très anciens, s’inscrivent dans un extraordinaire paysage accidenté. On trouve non loin les vestiges de la grande forêt de cèdres du Liban, très prisés jadis pour la construction de grands édifices religieux. Le site de la vallée de la Qadisha et de la Forêt des cèdres de Dieu (Horsh Arz el-Rab) est situé dans le nord du Liban, au nord de la chaîne du Mont-Liban, à la base du Mont al-Makmel et à l’ouest de la Forêt des cèdres de Dieu. Elle est arrosée par le saint fleuve Qadisha célébré dans les Écritures. La Forêt des cèdres de Dieu est située sur le Mont Makmel, entre 1900 et 2050 m d’altitude, à l’est du village de Bcharré. Les falaises rocheuses de la vallée de la Qadisha ont servi depuis longtemps de lieux de méditation et de refuge. La vallée renferme la plus forte concentration de monastères et d’ermitages remontant à la toute première phase de l’expansion du christianisme. Les principaux sont les monastères Saint-Antoine de Quzhayya, Notre-Dame de Hauqqa, Qannubin et Mar Lichaa. Cette vallée constitue un témoignage unique du centre vital de l’érémitisme maronite. Ses grottes naturelles creusées dans les collines quasi inaccessibles et décorées de fresques témoignent d’une architecture conçue spécifiquement pour les besoins spirituels et vitaux des anachorètes. Il existe également de nombreuses terrasses réalisées pour la culture des céréales par les moines, ermites et les paysans qui vivaient dans la région dont plusieurs sont toujours cultivées. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Liée à la Vallée de la Qadisha par des relations historiques et de contiguïté, la Forêt des cèdres de Dieu est le dernier vestige des forêts antiques et l’un des rares sites où pousse encore le Cedrus lebani, l’un des matériaux de construction très prisé dans le monde antique et cité 103 fois dans la Bible. Critère (iii) : La vallée de la Qadisha accueille depuis les premiers pas de la chrétienté les communautés monastiques. Quant aux arbres de la Forêt des cèdres, ils sont les survivants d’une forêt sacrée et de l’un des matériaux de construction jadis les plus prisés. Critère (iv) : La vallée abrupte est depuis longtemps un lieu de méditation et de refuge. Elle contient un nombre exceptionnel de fondations monastiques cénobitiques et érémitiques, certaines datant d’une période très ancienne de l’expansion du christianisme. Les monastères de la Vallée de la Qadisha sont parmi les exemples survivants les plus significatifs de la force de la foi chrétienne. Intégrité (2009) La vallée de la Qadisha englobe toutes les grottes, les monastères et les terrasses agricoles qui sont associés aux activités du début de l’ère chrétienne. Les éléments culturels du site sont pour la plupart existants, mais leur état de conservation est variable : certains édifices religieux sont dégradés, leur stabilité est précaire et, à quelques exceptions près, les fresques ont presque toutes disparu. L’intégrité visuelle de la vallée est perturbée par la croissance des établissements humains aux abords, spécialement sur les crêtes entourant la vallée, ainsi que par le flux incontrôlé des visiteurs. La réserve de la Forêt des cèdres de Dieu se trouve dans les limites du bien et elle est bien préservée. Toutefois, l’intégrité visuelle des environs est affectée par la présence de kiosques de souvenirs d’une part et, du côté est, par la présence d’une construction illicite. L’entrée de la Forêt du côté est devrait être contrôlée et la construction illégale devrait être démolie, d’autant plus qu’elle est sise dans une zone destinée à être reboisée. Authenticité (2009) Le caractère d’origine des anciens habitats monastiques troglodytes est toujours lisible.L’architecture monastique et les habitats agricoles de la Vallée n’ont pas encore été altérés par des modifications ou des interventions de substitution. De plus, ils n’ont pas été dénaturés par des activités incompatibles avec l’esprit des lieux. Avec le temps, quelques sites ont perdu certain de leurs éléments caractéristiques tels que fresques ou structures. L’authenticité globale des vestiges chrétiens est par conséquent rendue vulnérable. La Forêt des Cèdres de Dieu a conservé son authenticité en termes de survie des arbres. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La vallée sainte de la Qadisha est protégée par les arrêtés ministériels 13/1995 et 60/1997 édictés par le Ministère de la culture, par l’arrêté 151/95 édicté par le Ministère de l’environnement, et par la loi sur les Antiquités 166/1933. Un nouveau plan d’urbanisme et de l’organisation du bâti a été validé. Actuellement la Direction générale des antiquités (DGA) et le Ministère de l’environnement sont les instances officielles responsables du bien. La COSAQ, organisme constitué par les propriétaires des terrains (Patriarcat Maronite, Ordres religieux, etc.), par les municipalités de la région et les associations privées, s’occupe de la gestion du bien. Deux commissions de coordination, administrative et scientifique, devraient être crées pour aider à la gestion du bien et ceci dans le cadre du plan de gestion qui a été soumis au Centre du patrimoine mondial lors du classement du site. Ce plan de gestion a été mis à jour en 2007-2008. La création d’un parc régional et le développement d’un plan de gestion détaillé visant à assurer l’intégrité et l’authenticité du bien est recommandée par le Comité du patrimoine mondial. Un programme d’interventions permettra entre autres la réalisation de travaux sur le patrimoine bâti, l’amélioration du réseau routier et de celui qui a trait aux excursions, le renforcement du gardiennage et du contrôle dans la vallée, le soutien au tourisme écologique et à l’agriculture biologique et la rédaction d’études et la création de bases de données. La zone des cèdres est considérée comme un site naturel national et elle est soumise à des textes de protection spécifiques : la loi de 8/7/1939 concernant les paysages et les sites naturels au Liban ; le décret NI434 du 28/3/1942 qui précise les limites géographiques et les normes de la région des cèdres ; le décret K/836 du 9/1/1950 concernant l’organisation et l’aménagement de la région des cèdres ; le décret 52 du 7/11/2005 concernant l’organisation et l’aménagement de la région des cèdres ; le décret loi 558 du 24/7/1996 concernant la protection des forêts du Liban sous l’égide du Ministère de l’Agriculture. La protection de ce site est assurée par l’action conjointe du Patriarcat maronite, de la municipalité de Bcharré, de l’armée libanaise, et du Comité des Amis de la forêt des cèdres. Le Ministère de l’Agriculture et la DGA sont les administrations officielles responsables du site. Le Comité des Amis de la forêt des cèdres gère la forêt suivant un plan d’action. Certaines mesures de protection doivent être envisagées, notamment celle de dégager les environs de la forêt et d’éloigner les magasins de souvenirs. Un relevé écologique continuel est indispensable pour assurer un suivi et un contrôle.

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Bien

Médina de Fès

Etat partie

Maroc

Id. N°

170

Date d’inscription

1981

Brève synthèse La médina de Fès conserve, dans un parcellaire ancien à forte densité monumentale, le souvenir de la capitale fondée par la dynastie idriside entre 789 et 808 de notre ère. La ville primitive comportait deux grands quartiers fortifiés et séparés par l’oued Fès : la rive des Andalous et celle des Kaïrouanais. Au XIe siècle, les Almoravides réunirent la ville à l’intérieur d’un seul rempart et, sous la dynastie des Almohades (XIIe et XIIIe siècles), la ville primitive (Fès el-bali) prenait déjà ses dimensions actuelles. Sous les Mérinides (XIIIe- XVe siècle), une ville nouvelle (Fès Jedid) fut fondée (en 1276) à l’Ouest de l’ancienne (Fès El-Bali). Elle abrite le palais royal, le siège de l’armée, des fortifications et des quartiers résidentiels. Dès cette époque, les deux entités de la médina de Fès évoluent en symbiose constituant l’une des grandes métropoles islamiques incarnant une grande variété de formes architecturales et de paysages urbains. Elles comportent un nombre considérable de monuments à caractère religieux, civil et militaire qui matérialisent une culture aux multiples influences. Cette architecture est caractérisée par des techniques de construction et de décoration développées sur une période de plus de dix siècles, et où se sont mêlés les connaissances et savoirs-faire locaux et des inspirations extérieures diverses (andalouses, orientales, et africaines). La médina de Fès est considérée comme l’une des villes historiques les plus vastes et les mieux conservées du monde arabo-musulman. L’espace urbain non carrossable y conserve la majorité de ses fonctions et attributions d’origine. Elle ne représente pas seulement un patrimoine architectural, archéologique et urbain exceptionnel, mais elle véhicule aussi un mode de vie, des savoirs-faire et une culture qui persistent et se renouvellent malgré les divers effets des mutations des sociétés modernes. Critère (ii) : La médina de Fès constitue un témoignage vivant d’une cité florissante de l’Occident méditerranéen ayant exercé une influence considérable principalement du XIIe au XVe siècle, sur le développement de l’architecture, des arts monumentaux et de l’aménagement urbain, notamment en Afrique du Nord, en Andalousie et en Afrique sub-saharienne. Fès Jedid (la Neuve), s’est inspirée du modèle urbain antérieur de Marrakech. Critère (v) : La médina de Fès constitue un exemple éminent d’une ville médiévale créée aux tous premiers siècles de l’islamisation du Maroc et matérialisant un type original d’établissement humain et d’occupation du territoire traditionnel représentatifs de la culture citadine marocaine sur une longue période historique (du IXe au début du XXe siècle). Le parcellaire ancien avec sa haute densité de monuments à caractère religieux, civil et militaire de la médina sont les témoins de cette culture et le résultat de son interaction avec les diverses couches de peuplement qui ont déterminé la grande variété de formes architecturales et le paysage urbain. Intégrité (2009) La délimitation du bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial est claire et appropriée et elle inclue tout le tissu urbain et les murailles. La zone de protection définie par les arrêtés du 23 août 1923 et 29 octobre 1954 protège de manière adéquate l’intégrité visuelle. La médina de Fès comprend un tissu urbain qui est demeuré remarquablement homogène et intact au cours des siècles. Les principaux problèmes que l’on constate concernent la vétusté des édifices et la surdensité de l’occupation de l’espace. Les abords de la médina sont un élément indispensable à la qualité de l’aspect visuel de son environnement et doivent être maintenus zone non constructible. Ils sont vulnérables aux pressions du développement urbain incontrôlé. Authenticité (2009) Tous les éléments clés qui composent le bien reflètent de manière complète et claire la valeur universelle exceptionnelle. La survivance des savoir-faire architecturaux traditionnels, notamment en matière des métiers de la construction et du décor architectural, est un atout majeur dans le maintien des valeurs du bien. Le ministère de la Culture s’efforce non sans difficultés d’amener les différents intervenants à respecter l’authenticité du bien. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La médina de Fès est protégée par des textes législatifs locaux et nationaux visant sa protection et renforçant, au niveau local, son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, notamment le décret n°281-25 du 22 octobre 1981 pour l’application de la loi n°22-80 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité. Prenant compte de la vulnérabilité du bien, l’État a adopté un Plan d’aménagement de la médina en 2001. La périodicité de réévaluation du plan est de 10 ans. Il comporte des dispositions spécifiques pour

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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le secteur ancien, et il est appelé à rationaliser et à organiser les interventions urbaines demandées. Dans le cadre d’un programme de promotion touristique régionale, les autorités locales ont entrepris des actions de sauvegarde des maisons menaçant ruine et de réhabilitation des monuments remarquables de la médina. La mise en œuvre de ce programme est confiée à l’Agence de Dédensification et de Réhabilitation de la médina de Fès. L’inspection des monuments historiques relève du ministère de la culture et assure le suivi et l’encadrement de ces projets conformément aux normes nationales et internationales en matière de conservation des monuments historiques.

Bien

Médina de Marrakech

Etat partie

Maroc

Id. N°

331

Date d’inscription

1985

Brève synthèse Fondée en 1070-1072 par les Almoravides (1056-1147), capitale des Almohades (1147-1269), Marrakech fut longtemps un centre politique, économique et culturel majeur de l'Occident musulman, régnant sur l'Afrique du Nord et l'Andalousie. Des monuments grandioses remontent à cette période : la mosquée de la Koutoubia dont l’incomparable minaret de 77 mètres, monument essentiel de l’architecture musulmane, est l’un des grands repères du paysage urbain et le symbole même de la Cité, la Casbah, les remparts, les portes monumentales, et les jardins. Plus tard, la ville accueillera d'autres merveilles, tels le palais Badiâ, la medersa Ben Youssef, les tombeaux saâdiens, le palais Bahia, et de grandes demeures. La place Jamaâ El Fna, inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel, est un véritable théâtre de plein air qui émerveille toujours les visiteurs. Grâce à sa conception d’origine toujours conservée, ses matériaux de construction et de décoration perpétuellement utilisés et son environnement naturel (notamment les Jardins de l’Aguedal, de la Ménara et la Palmeraie dont la plantation est attribuée aux Almoravides) encore protégé, la médina de Marrakech jouit de toutes ses composantes initiales aussi bien culturelles que naturelles qui lui confèrent une Valeur universelle exceptionnelle. Critère (i) : Marrakech abrite un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre de l’architecture et de l’art (remparts et portes monumentales, mosquée de la Koutoubia, tombeaux saâdiens, ruines du palais Badiâ, palais Bahia, bassin et pavillon de la Ménara) dont chacun pourrait justifier, à lui seul, une reconnaissance de la Valeur universelle exceptionnelle. Critère (ii) : La capitale des Almoravides et des Almohades a joué un rôle décisif dans le développement de l’urbanisme médiéval. La capitale des Mérinides, Fès Jedid (la Nouvelle), partie intégrante de la médina de Fès, inscrite en 1981 sur la Liste du patrimoine mondial, est une adaptation du modèle urbain antérieur de Marrakech. Critère (iv) : Marrakech, qui a donné son nom à l’empire marocain, est l’exemple achevé d’une grande capitale islamique de l’Occident méditerranéen. Critère (v) : Dans les 700 hectares de la Médina, l’habitat ancien, devenu vulnérable du fait de l’évolution démographique, représente, avec son lacis de ruelles, ses maisons, ses souks, ses fondouks, ses activités artisanales et commerciales traditionnelles, un exemple éminent de ville historique vivante. Intégrité (2009) La délimitation du bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial est correctement définie par ses remparts d’origine qui renferment tous les attributs architecturaux et urbanistiques nécessaires à l’expression de sa Valeur universelle exceptionnelle. Une révision de ces limites est envisagée pour mieux assurer la protection de l’environnement du bien. L’intégrité est néanmoins rendue vulnérable en raison de pressions du développement urbain, d’altérations non maîtrisées portées aux élévations et aux matériaux de construction des maisons, de l’abandon des Khettaras (galeries souterraines de drainage) et de l’exploitation des palmeraies. Authenticité (2009) Les remparts, la mosquée de la Koutoubia, la Casbah, les tombeaux saâdiens, les ruines du palais Badiâ, le bassin et le pavillon de la Ménara sont des exemples des nombreux monuments qui reflètent clairement la Valeur universelle exceptionnelle du bien. L’authenticité de la structure urbaine interne et des monuments est restée intacte. Elle est assurée par une main-d’œuvre qualifiée effectuant des restaurations selon les normes en vigueur. Les reconstructions et les réaménagements qui se font au sein du centre historique respectent généralement la volumétrie et le style d’origine. L’emploi des matériaux traditionnels dans ces opérations de restauration a énormément réactivé les métiers de Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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l’artisanat liés à la construction (Zellige, enduit en tadallakt, bois peint et sculpté, plâtrerie, ferronnerie, ébénisterie, etc.) en plus des métiers liés à l’ameublement et à la décoration. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 relative au patrimoine. Outre cette législation, chacun des monuments les plus importants de la Médina de Marrakech est protégé par des textes réglementaires spécifiques. En plus des services locaux qui agissent en faveur de la protection de cette médina, l’Inspection Régionale des Monuments Historiques et des Sites (relevant du ministère de la culture) chargée spécialement de la gestion, de la restauration, de l’entretien et de la conservation des monuments historiques d’une part, et de l’autre de l’examen des demandes d’autorisation de construction et d’aménagement et le contrôle des chantiers au sein de la médina, constitue une garantie pour une protection durable du site. La Charte architecturale de la Médina de Marrakech, élaborée par l’Agence Urbaine de Marrakech en concertation avec l’Inspection régionale des monuments historiques et des sites, constitue un outil de gestion qui vise la sauvegarde du patrimoine architectural, urbanistique et paysager de la médina, par la mise en place d’une structure spécifique. Une convention pour la mise en œuvre de cette charte a été signée le 11 novembre 2008 entre les partenaires concernés.

Bien

Médina de Tétouan (ancienne Titawin)

Etat partie

Maroc

Id. N°

837

Date d’inscription

1997

Brève synthèse La médina de Tétouan s’est développée sur les pentes abruptes du Djébel Dersa. Elle a eu une importance particulière durant la période islamique, à partir du VIIIe siècle, comme principal point de jonction entre le Maroc et l'Andalousie. Après la Reconquête, la ville a été reconstruite par des réfugiés revenus dans cette région après avoir été chassés par les Espagnols. Cela est visible dans l'architecture et l'art qui témoignent de fortes influences andalouses. C'est l'une des plus petites médinas marocaines, mais sans aucun doute la plus complète, dont, ultérieurement, la majorité des bâtiments sont restés à l'écart des influences extérieures. La médina de Tétouan est ceinte d’une muraille historique d’environ 5 km de longueur et l’accès s’effectue à travers sept portes. La trame urbaine est caractérisée par des artères principales reliant les portes entre elles et donnant accès, d’une part à des espaces ouverts (places et placettes) et à des monuments d’intérêt collectif comme les fondouks, les mosquées, les zaouïas et les quartiers destinés à l’artisanat et au commerce et, d’autre part, aux voies secondaires qui mènent aux impasses et îlots résidentiels constituant des espaces semi privés. Véritable synthèse des cultures marocaine et andalouse, la ville historique de Tétouan présente des particularités urbanistiques et architecturales qui ont influencé le développement architectural et artistique de l’époque du protectorat espagnol. La ville de Tétouan est fort renommée par son École des arts et métiers (Dar Sanaa) et par son Institut National des Beaux-arts qui témoignent d’une tradition ancestrale et d’une ouverture sur le monde d’aujourd’hui. Critère (ii) : La médina de Tétouan témoigne d’influences considérables de la civilisation andalouse vers la fin de l’époque médiévale de l’Occident musulman. Cette influence se manifeste au niveau du développement de l’architecture, des arts monumentaux et de la planification des villes. Critère (iv) : La médina de Tétouan constitue un exemple remarquable de ville fortifiée sur la côte méditerranéenne, adossée à un paysage montagnard du nord marocain. Elle témoigne d’une occupation très ancienne et pendant la période islamique, elle revêt une importance considérable, puisqu’elle constitue l’unique passage entre la péninsule ibérique et l’intérieur du Maroc. Son essor à partir du début du XVIIe siècle se poursuivit jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et se reflète dans ses fortifications, son architecture, synthèse des cultures marocaine et andalouse, et son tissu urbain. Critère (v) : La position stratégique de la médina de Tétouan en face du détroit de Gibraltar a joué un rôle important comme point de jonction et de transition entre deux civilisations (espagnole et arabe) et deux continents (Europe et Afrique du Nord). Intégrité (2009) La délimitation du bien englobe tous les attributs qui sont nécessaires à exprimer sa Valeur universelle exceptionnelle. Quelques uns des attributs requièrent des mesures de conservation. La priorité en matière de travaux de conservation est donnée aux remparts, aux portes et aux borjs (tours de guet Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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fortifiées). La municipalité coopère avec le gouvernement d’Andalousie (Espagne) pour effectuer des travaux de réhabilitation au cœur de la médina. Authenticité (2009) L’authenticité de la médina est illustrée par sa trame urbaine originale pratiquement intacte et sa configuration initiale avec enceinte, portes et ouvrages fortifiés. Leur construction remonte au XVIIIe siècle et ils conservent encore leur forme et leurs matériaux d’origine. La médina est dotée d’un tissu urbain original qui se caractérise par la hiérarchie de voiries et la répartition des espaces résidentiels, commerciaux et artisanaux suivant un schéma bien déterminé. Le patrimoine immobilier dans son ensemble, tel que les zaouïas, les fontaines, les hammams, les fours, et les silos historiques, ont gardé leur authenticité, que se soit dans leur forme, leurs matériaux de construction, que dans leur ornementation ou même, pour certains, dans leur fonction. La majeure partie des maisons sont restées intactes même si quelques étages ont été rajoutés de manière illégale et des séparations intérieures ont été réalisées. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 (1981) relative à la conservation du patrimoine marocain. Il existe une volonté et une conviction fortes chez les services concernés, les autorités et les associations locales pour préserver et conserver le bien. La responsabilité de la gestion et de la conservation relève à la fois de la municipalité, du service de l’urbanisme, des autorités locales et du Ministère de la culture. Étant juridiquement responsable de la conservation du patrimoine culturel en général, ce dernier oriente et assiste les différents services dans leurs actions qui visent la préservation et la conservation de la médina. Les modalités et les priorités de cette conservation sont déterminées par les recommandations et directives prises dans le cadre de l’étude du schéma directeur de la ville de Tétouan. Les plans de développement régional et local concernant la médina se résument dans le Schéma Directeur de Tétouan, élaboré par le Ministère de l’habitat et de l’aménagement du territoire en 1982, qui donne une grande importance à la conservation et à la réhabilitation de la médina. Le Schéma de Développement et d’aménagement régional de la région nord-ouest réalisé par la Direction régionale de l’urbanisme, de l’architecture et de l’aménagement du territoire en février 1996 a parmi ses objectifs, l’obligation de conservation et réhabilitation des médinas. La création des Directions régionales de la culture depuis fin 2006 va dans le sens de la mise en place d’une politique de conservation intégrée à la politique de développement local. Le Plan d’aménagement de la médina de Tétouan comprend des dispositions pour la conservation et la gestion et prend en considération la valeur universelle du site.

Bien

Ville portugaise de Mazagan (El Jadida)

Etat partie

Maroc

Id. N°

1058 rev

Date d’inscription

2004

Brève synthèse La Ville portugaise de Mazagan (El-Jadida), un des premiers établissements créés en Afrique par les explorateurs portugais qui faisaient route vers l’Inde, offre un exemple exceptionnel des influences croisées entre les cultures européenne et marocaine du XVIe au XVIIIe siècle, qui apparaissent clairement dans l’architecture, la technologie et l’urbanisme. Mazagan fut édifiée comme colonie fortifiée sur la côte atlantique au début du XVIe siècle. Située à 90 km au sud de Casablanca, elle domine une baie naturelle d’une grande beauté. Les frères Francisco et Diogo de Arruda construisirent la première citadelle en 1514. Celle-ci fut agrandie en 1541– 1548 et transformée en forteresse en forme d’étoile par Joao Ribeiro et Juan Castillo selon les plans de l’architecte italien Benedetto da Ravenna. La forteresse de Mazagan avec son fossé et ses remparts infléchis est l’un des premiers témoins dans le monde lusitanien de l’application des nouvelles conceptions architecturales de la Renaissance adaptées à l’avènement de l’arme à feu par une technologie portugaise. Témoin intégral et unique au Maroc de l’avènement de ce nouveau style, Mazagan est mieux conservée que les autres fortifications portugaises du Maroc, alors que la plupart des comptoirs portugais dans le monde ont subi beaucoup de changements. Après le départ des Portugais en 1769 et l’abandon qui s’ensuivit, la forteresse fut réhabilitée au milieu du XIXe siècle et appelée El-Jadida (la nouvelle), devenant un centre commercial et une société multiculturelle comptant des habitants musulmans, juifs et chrétiens. La forme et la physionomie de la forteresse ont été bien préservées et représentent un exemple exceptionnel de cette catégorie de bâtiment. Le tissu historique à l’intérieur de la forteresse reflète les différents changements et influences au cours des siècles. Les monuments existants de la période Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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portugaise sont : les remparts et leurs bastions, la citerne, un exemple exceptionnel de ce type de structure, et l’église catholique de l’Assomption, représentant l’architecture gothique tardive, le style manuélin du début du XVIe siècle. Critère (ii) : La ville portugaise de Mazagan est un exemple exceptionnel de l’échange d’influences entre les cultures européennes et la culture marocaine du XVIe au XVIIIe siècle, et l’un des tout premiers peuplements des explorateurs portugais en Afrique de l’Ouest sur la route de l’Inde. Ces influences se reflètent clairement dans l’architecture, la technologie et l’urbanisme de la ville. Critère (iv) : La ville fortifiée portugaise de Mazagan est un exemple exceptionnel et l’un des premiers de la réalisation des idéaux de la Renaissance intégrés aux techniques de construction portugaises. Parmi les constructions les plus remarquables de la période portugaise figurent la citerne et l’église de l’Assomption, bâties dans le style manuélin du début du XVIe siècle. Intégrité (2009) La délimitation de la zone tampon et de la zone de protection de la ville portugaise de Mazagan telle que définie dans les documents soumis au Comité du patrimoine mondial renferme tous les éléments nécessaires à son intégrité. Les fortifications portugaises de Mazagan, construites en deux phases (1510-1514 et 1541-1548), sont imposantes par leur monumentalité et leurs styles. Elles ont conservé leur structure d’origine et leur homogénéité architecturale jusqu’à ce jour. Les monuments emblématiques (remparts, bastions, citerne, églises) sont bien conservés. La silhouette de la ville dominant les vues au-dessus de la zone portuaire est une caractéristique essentielle qu’il convient de préserver. La zone urbaine entourant la vieille ville de Mazagan doit être surveillée avec soin de manière à contrôler tout changement ou nouvelle construction. Authenticité (2009) Toujours habitée, la cité présente toutes les conditions d’authenticité qui ont justifié son inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Beaucoup de monuments ont été réhabilités en leur donnant une nouvelle fonction compatible dans l’esprit d’un programme intégré de sauvegarde mené par le Ministère de la Culture, la Province et l’Agence Urbaine. La population de la ville s’y sent très impliquée et s’approprie le souci de conservation et d’animation de ce haut lieu d’histoire maroco-portugaise, consciente que ce patrimoine appartient désormais à toute l’humanité. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Les mesures de protection relèvent essentiellement des différentes lois de classement des monuments historiques et des sites, particulièrement la loi 22-80 (1981) relative à la conservation du patrimoine marocain. La zone de l’ancien fossé des fortifications, aujourd’hui comblé, a été déclarée zone non aedificandi, sur une largeur de 50m. Depuis son inscription en 2004, le Cahier des prescriptions architecturales fut adopté pour renforcer la législation en vigueur. La cité a toujours connu des travaux de restauration selon un programme régulier. Les travaux d’aménagement du port commencés en octobre 2008 permettront son animation et une meilleure visibilité de la forteresse et de libérer le côté est des fortifications afin de révéler les douves. Le Centre d’Études et de Recherches du Patrimoine Maroco-Lusitanien (CERPML), première institution chargée de la gestion du bien, a déjà entrepris l’élaboration du plan de gestion et la constitution d’un comité de gestion en coordination avec ses partenaires. Le maintien de l’intégrité visuelle par rapport à la zone urbaine d’El-Jadida et la relation harmonieuse entre la ville portugaise et la ville moderne qui l’entoure sont un souci constant qui nécessite le contrôle de la hauteur des constructions à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone tampon. Bien

Fort de Bahla

Etat partie

Oman

Id. N°

433

Date d’inscription

1987

Brève synthèse Les ruines de l’immense fort de Bahla, avec ses murailles et ses tours en brique crue sur un soubassement de pierre, et la mosquée du Vendredi adjacente, avec sa niche (mihrab) de prière artistiquement sculptée, dominent l’établissement environnant en brique crue et la palmeraie. Le fort et l’établissement humain, oasis entourée d’un rempart dans le désert omanais, dut sa prospérité à la tribu des Banu Nabhan (Nabahina) qui dominèrent la région centrale d’Oman et firent de Bahla leur capitale du XIIe siècle jusqu’à la fin du XVe. À partir de là ils établirent des relations avec les autres tribus de l’intérieur. Bahla fut le centre de l’Ibadisme (une des branches de l’Islam) sur lequel se fondèrent les anciens imamates omanais et dont l’influence se retrouve à travers l’Arabie, l’Afrique et au-delà. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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L’imposante muraille (sur) avec le chemin de ronde et les tours de guet qui renferment le labyrinthe d’habitations en brique crue et de terres de culture a plusieurs entrées. L’oasis est irriguée par le falaj, système de puits et de canaux souterrains amenant les eaux souterraines de sources distantes, et par la gestion des flux d’eau saisonniers. Bahla offre un éminent exemple de place fortifiée oasienne de l’époque médiévale islamique, illustrant le savoir-faire des premiers habitants pour utiliser l’eau à des fins agricoles et domestiques. Le fort dans le style antérieur à la poudre à canon, avec ses tours arrondies et ses parapets crénelés, ainsi que le sur périphérique construit en pierre et en brique crue, démontre le statut et l’influence de l’élite dirigeante. Les vestiges de lotissements familiaux en brique crue avec leurs maisons vernaculaires traditionnelles (harats) comprenant al-Aqr, al-Ghuzeili, al-Hawulya et les mosquées associées, les salles d’audience (sablas), les thermes, ainsi que les demeures des gardiens du fort (askari), évoquent un modèle d’établissement humain distinct lié à l’emplacement du falaj. L’importance de l’implantation est mise en valeur par la mosquée du Vendredi avec son mihrab richement décoré et les vestiges du vieux marché (souq) à demi couvert, comprenant un ensemble d’échoppes à un étage ouvertes sur des allées étroites, le tout enclos derrière un rempart extérieur. L’emplacement du souq en facilitait la surveillance depuis le fort dressé sur son escarpement rocheux voisin. Les vestiges de portes, étagères et maillages de fenêtres en bois sculpté et artistiquement incisé témoignent d’une tradition artisanale riche et prospère. Critère (iv) : Le fort et l’établissement oasien de Bahla avec sa fortification offrent un exemple éminent d’un type d’ensemble architectural défensif qui a permis aux tribus dominantes d’obtenir la prospérité à Oman et dans la Péninsule arabique à la fin de l’époque médiévale. Intégrité (2010) Au moment de l’inscription, il a été noté que le fort de Bahla et la mosquée du Vendredi voisine sont indissociables de la petite ville oasienne qui l’entoure et la délimitation suit donc le tracé de la muraille (sur) qui renferme l’ensemble de l’établissement oasien. Une route traverse le bien. Les principales composantes de l’ensemble architectural de Bahla ont perduré et forment à la fois un établissement oasien historique intégral fortifié, quasiment complet, et un important complexe défensif. Comprenant essentiellement des structures en terre, elles sont cependant vulnérables à la dégradation et au mauvais drainage du site et, dans le cas du souq, sont vulnérables à une reconstruction dans des matériaux modernes. Le système du falaj et le cours d’eau dont dépend le village, tout comme les routes historiques le reliant aux autres villes de l’intérieur, s’étendent bien au-delà de son périmètre. Malgré un certain développement urbain à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, Bahla demeure un lieu proéminent dans le paysage désertique. Sa proéminence continue dans le paysage et les perspectives visuelles sont vulnérables aux impératifs du développement communautaire et du tourisme. Le maintien du rôle de surveillance du fort face au souq, du village alentour et des voies d’accès dépendront de même d’une gestion attentive du développement à l’intérieur du bien. Authenticité (2010) Au moment de l’inscription, le fort était délabré et se détériorait rapidement après chaque saison des pluies. Il a été mis sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1988. Des travaux de consolidation de certaines sections du fort, comme Bayt al-Jabal, le hall d’entrée (sabah) et les murailles nord-ouest et sud-ouest dont les matériaux sont inappropriés, ont été exécutés au début des années 1990 et une salle d’audience (sabla) dans la cour a été démolie en 1992. À partir de 1995, suivant une formation et des conseils sur les structures en terre, la conservation utilisant uniquement des matériaux à base de terre a été appliquée pour le drainage de la cour, les nouvelles toitures et la consolidation de murailles et de tours qui s’effondraient, y compris sur la citadelle (qasaba), la cour de la mosquée, Bayt al-Jabal, Bayt al-Hadith et les écuries, et l’application d’enduits sur le haut des murailles en ruine pour arrêter l’effondrement de la structure. La sabla a été reconstruite en 1999 dans la cour du fort. Des archives détaillées ont été conservées sur les travaux exécutés et une documentation complète du fort a été réalisée depuis avec une étude photogrammétrique. On peut dire que la forme, la conception et les matériaux qui confèrent la Valeur universelle exceptionnelle du bien ont largement gardé leur authenticité. Le bien a été retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril en 2004. Bahla reste un territoire prospère. Cependant, l’authenticité est vulnérable à l’abandon des maisons vernaculaires traditionnelles à l’intérieur des harats. Le souq est également vulnérable à l’absence de conservation et d’entretien et aux changements de matériaux et de méthodes de construction. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le bien que constitue le fort de Bahla et son oasis est protégé sur le plan administratif et juridique par la loi omanaise pour la protection du patrimoine national (1980). Le fort et ses environs sont placés sous le contrôle du Ministère du patrimoine et de la culture à Mascate, qui a un bureau régional dans la région de Dakhliyeh et un bureau local à Bahla. Le bien est doté d’un plan de gestion qui date de mars 2005, axé sur le soin à long terme, la conservation et l’usage des bâtiments historiques, des structures et de la forme spatiale du site. Le plan reconnaît aussi l’importance de conserver le site dans son intégralité et la nécessité de gérer les utilisations et le développement modernes afin de préserver l’intégrité de l’ensemble architectural et sa proéminence. Plusieurs des actions définies dans le plan de gestion ont été avancées et mises en œuvre, comme la conservation de la mosquée du Vendredi, la qasaba, le sur et les voies d’accès, l’élaboration de recommandations pour la réhabilitation des harats, la déviation de la circulation à travers le bien, l’électrification du fort et l’installation d’un musée de site à Bayt al-Hadith dans l’enceinte du fort. Le plan de gestion est en cours d’évaluation et sera mis à jour en 2009/2010 afin d’être officiellement adopté. Le plan de gestion revu et actualisé formera la base de la gestion du bien à long terme.

Bien

Ancienne ville de Bosra

Etat partie

République arabe syrienne

Id. N°

22

Date d’inscription

1980

Brève synthèse Le nom de Bosra est cité dans les précieuses tablettes de Tell el-Amarna en Égypte, qui datent du XIVe siècle av. J.-C. et représentent la correspondance royale échangée entre les pharaons et les rois phéniciens et amorites. Cette ville est devenue la capitale du Nord du royaume nabatéen. En 106, une nouvelle ère s’ouvrit pour la ville lorsqu’elle qui fut intégrée à l’Empire romain. Alexandre Sévère donna à Bosra le titre de Colonia Bostra, pour laquelle Philippe l’Arabe fit spécialement frapper monnaie. Au cours de la période byzantine, Bosra joua un grand rôle de marché frontalier où venaient s’approvisionner les caravanes arabes. Ses évêques prenaient part au Concile d’Antioche. Bosra est la première ville byzantine à tomber aux mains des Arabes en 634, lors de la phase de l’expansion islamique. Aujourd’hui, Bosra est un site archéologique majeur où se côtoient des ruines de l’époque romaine, byzantine et musulmane. La ville possède aussi des monuments nabatéens et romains, des églises chrétiennes, des mosquées et des madrasas. Son monument le plus caractéristique est le Théâtre romain du IIe siècle, bâti probablement sous Trajan, qui a été intégralement conservé. Il a été fortifié entre 481 et 1251. La mosquée d’Omar est l’une des plus anciennes et des plus célèbres mosquées de l’histoire islamique encore existantes et la madrasa Jâmi' Mabrak an-Nâqua, l’une des plus célèbres de l’Islam. Quant à la cathédrale de Bosra, c’est un monument d’une importance considérable dans les annales des débuts de l’architecture chrétienne. Bosra est restée environ 2500 ans habitée et presque intacte. Nabatéens, Romains, Byzantins et Omeyyades ont tous laissé des vestiges dans la ville, qui est un musée à ciel ouvert associé à des épisodes significatifs de l’histoire des idées et des croyances. Critère (i) : Le théâtre romain du IIe siècle, exceptionnellement intact et complet avec sa galerie supérieure, a été intégré à des fortifications plus tardives pour créer une puissante citadelle gardant la route de Damas, constituant ainsi une réalisation architecturale unique. Les vestiges de la basilique du VIe siècle, des martyrs Sergios, Bacchos et Leontios, devenue la cathédrale de Bosra, représentent un exemple extrêmement significatif d’église à plan centré qui a marqué l’évolution des premières formes architecturales d’églises. La mosquée d’Omar, restaurée en 1950, est l’une des rares constructions du 1er siècle de l’Hégire conservés en Syrie. Quant à la madrasa Jâmi' Mabrak an-Nâqua, c’est l’une des plus anciennes et des plus célèbres de l’Islam. Critère (iii) : De cette ville qui compta autrefois 80 000 habitants, il reste aujourd’hui d’importants vestiges de bâtiments nabatéens, romains, byzantins et omeyyades. Ces ruines, ainsi que les Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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principaux monuments mentionnés au titre du critère (i) ci-dessus, apportent un témoignage exceptionnel sur les civilisations passées qui les ont créés. Critère (vi) : Pour l’Islam, Bosra est associée à un épisode important de la vie du prophète Mahomet qui se serait rendu à Bosra par deux fois. C’est à la fin de son premier séjour que le moine Bahira aurait indiqué que Mahomet allait devenir prophète. Intégrité (2009) L’ancienne ville de Bosra est un site archéologique habité dont les vestiges ont beaucoup souffert à la fin du XIXe siècle. Néanmoins, l’importance du tissu urbain initial subsistant – notamment des monuments des périodes nabatéenne, romaine, byzantine et omeyyade –, confère au site un haut degré d’intégrité. Les habitants du village qui s’est développé parmi les ruines sont réinstallés à l’extérieur du bien. Il conviendrait de définir et de gérer une zone tampon pour protéger ce lieu. Authenticité (2009) Les monuments les plus caractéristiques qui subsistent à Bosra témoignent de la Valeur universelle exceptionnelle du site. Leur cadre pose cependant des problèmes car un village moderne s’est développé au milieu des ruines. Une politique de réinstallation mise en place par la Direction générale des Antiquités et des Musées (DGAM) permet à la plupart des familles d’emménager dans de nouvelles maisons à l’extérieur de l’enceinte de la vieille ville. À terme, la vieille ville sera à nouveau abandonnée pour devenir une ville morte qui renaîtra en musée de plein air. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est protégé par la loi 222 sur les Antiquités, telle qu’amendée en 1999. Il ne possède pas de plan de gestion et des problèmes de conservation se posent en raison de différends avec la communauté et d’absence de fonds et de ressources techniques ainsi que du manque de main-d’œuvre qualifiée. La Direction générale des Antiquités et des Musées tente de résoudre ces problèmes avec l’aide d’institutions nationales et internationales, et d’experts étrangers. Le gouvernement syrien a récemment lancé un projet de plan directeur pour faire reconnaître l’importance du site et superviser l’utilisation future de la ville de Bosra. Un Comité de protection a été établi en 2007 pour soutenir ce projet. La Direction générale des Antiquités prépare un cahier des charges pour la mise en œuvre d’un système d’information géographique (SIG) sur le site ; le projet a démarré en 2009 et durera un an. Il conviendrait de protéger le cadre du bien en créant une zone tampon définie et approuvée d’un commun accord.

Bien

Ancienne ville d’Alep

Etat partie

République arabe syrienne

Id. N°

21 rev

Date d’inscription

1986

Brève synthèse Au carrefour de plusieurs routes commerciales depuis le IIe millénaire av. J.-C., Alep a successivement subi la domination des Hittites, des Assyriens, des Akkadiens, des Grecs, des Romains, des Omeyyades, des Ayyoubides, des Mamelouks et des Ottomans qui ont laissé leur empreinte sur la ville. e La Citadelle, la Grande Mosquée du XII siècle et plusieurs madrasas, palais, khans et bains publics des XVIe et XVIIe siècles composent la trame urbaine cohésive et unique de la ville. La monumentale Citadelle d’Alep, qui s’élève au-dessus des souks, des mosquées et des madrasas de la vieille ville fortifiée, témoigne du pouvoir militaire arabe du XIIe au XIVe siècle. Rappel de l’occupation passée de civilisations remontant au Xe siècle av. J.-C., la Citadelle abrite les vestiges de mosquées, d’un palais et de thermes. La cité fortifiée qui s’est développée autour de la Citadelle conserve son e ancien quadrillage de rues gréco-romain, ainsi que des vestiges de bâtiments chrétiens du VI siècle, des murailles et des portes médiévales, des mosquées et des madrasas rappelant les aménagements ayyoubides et mamelouks de la ville, et des mosquées plus tardives de la période ottomane. À l’extérieur des murs d’enceinte, le quartier de Bab al-Faraj au nord-ouest, le quartier de Jdeïdé au nord, et d’autres quartiers au sud et à l’ouest, qui datent de ces périodes d’occupation de la ville fortifiée, contiennent d’importants monuments religieux et des belles demeures. Certaines parties de la ville ont subi des changements fondamentaux au cours des 30 ans qui ont précédé l’inscription : destruction de bâtiments, construction de nouveaux bâtiments en hauteur et élargissement des rues. Néanmoins, l’ensemble qui subsiste avec ses principaux bâtiments et la cohérence du caractère urbain des souks et des rues et ruelles résidentielles contribuent tous à la Valeur universelle exceptionnelle. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Critère (iii) : La vieille ville d’Alep témoigne de la richesse et de la diversité de ses occupants successifs. De nombreuses périodes de l’Histoire ont imprimé leur marque sur le tissu architectural de la ville. Des vestiges de constructions et d’éléments hittites, hellénistiques, romains, byzantins et ayyoubides sont intégrés dans la Citadelle massive qui subsiste. Le mélange de différents bâtiments –, e dont la Grande Mosquée fondée sous les Omeyyades et reconstruite au XII siècle, la madrasa e Halawiyé du XII siècle, intégrant des vestiges de la cathédrale chrétienne d’Alep, ainsi que d’autres mosquées et madrasas, des souks et des khans – témoigne de manière exceptionnelle des aspects sociaux, culturels et économiques de ce qui fut l’une des villes les plus riches de l’humanité. Critère (iv) : Alep est un exemple exceptionnel de ville ayyoubide du XIIe siècle avec ses fortifications militaires, élément essentiel édifié après la victoire de Saladin sur les Croisés. Les douves et le mur défensif surplombant un glacis massif pavé et escarpé, et la grande porte avec son système de mâchicoulis, constituent un ensemble de premier ordre d’architecture militaire, à l’apogée de la e e domination arabe. Des ouvrages des XIII et XIV siècles, dont les grandes tours et le pont d’entrée en pierre, renforcent la qualité architecturale de cet ensemble. Aux abords de la citadelle, à l’intérieur de la ville, on trouve de nombreuses mosquées de la même période, dont la madrasa el-Firdaws, construite par Daïfa Khatoun en 1235. Intégrité (2009) Les limites du bien suivent la ligne des murs d’enceinte de la vieille ville et de trois quartiers extramuros : le faubourg nord, et les quartiers nord-est et est. Certains attributs caractéristiques se trouvent en dehors des limites et devraient être protégés par une zone tampon. Bien que la Citadelle domine toujours la ville, l’aménagement hôtelier de huit étages du quartier de Bab al-Faraj a eu un impact négatif sur son intégrité visuelle, comme c’était déjà le cas pour de précédentes interventions réalisées avant l’inscription. Il importe de respecter ce qui subsiste de cohérence du tissu urbain, et de remédier en permanence à la fragilité de ce tissu et des vestiges archéologiques, malgré l’absence de conservation. Authenticité (2009) Depuis l’inscription, le plan de l’ancienne ville par rapport à la Citadelle qui la domine est demeuré dans l’ensemble inchangé. Les efforts de conservation menés dans la vieille ville ont en grande partie préservé les attributs de Valeur universelle exceptionnelle. Néanmoins, le cadre est particulièrement vulnérable en raison de l’absence de mécanismes de contrôle au sein des services d’urbanisme, et notamment de l’absence de zone tampon. Les activités historiques et traditionnelles liées au commerce et à l’artisanat se maintiennent et constituent un élément essentiel du maintien de la vie urbaine traditionnelle de l’endroit. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La ville est protégée par la législation sur les Antiquités contrôlée par la Direction générale des Antiquités et des Musées (DGAM). En 1992, le Projet de réhabilitation de la ville ancienne d’Alep a été mis en œuvre par la Municipalité d’Alep, en collaboration avec des organismes internationaux. En 1999, la Municipalité d’Alep a créé le Directoire de la vieille ville pour aider à la réhabilitation des vieux quartiers. Ses trois départements sont respectivement chargés des études et de la planification, des permis et du suivi, de la mise en œuvre et de l’entretien. Le bureau du Directoire de la vieille ville prépare actuellement un plan d’ensemble de l’évolution de la ville. L’aménagement de la ville est étudié dans le cadre du Programme pour l’aménagement urbain durable en Syrie (UDP), réalisation commune d’agences internationales, du Ministère syrien pour l’Administration locale et l’Environnement et d’autres institutions syriennes partenaires. Ce programme aide à la mise en valeur de compétences pour la gestion et l’aménagement urbains durables au niveau national et municipal ; il inclut également un volet de soutien à la réhabilitation de la vieille ville. Il importe d’encourager des démarches traditionnelles en matière de conservation, restauration, réparation et entretien du bâti. Il faut aussi mettre en place un plan de conservation d’ensemble incluant une réglementation d’urbanisme sur la hauteur du bâti et la densité des nouveaux aménagements dans des zones précises, ainsi qu’une politique générale de protection des vestiges archéologiques mis au jour lors de travaux infrastructurels et d’aménagements. Il faudrait aussi créer une zone tampon imposant des contraintes d’urbanisme appropriées.

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Bien

Crac des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din

Etat partie

République arabe syrienne

Id. N°

1229

Date d’inscription

2006

Brève synthèse Ces deux châteaux représentent les exemples les plus significatifs illustrant l’échange d’influences et l’évolution de l’architecture fortifiée au Proche-Orient durant les périodes byzantine, des Croisades et islamique. Le Crac des Chevaliers a été construit par l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de 1142 à 1271. Avec les nouvelles constructions ajoutées par les Mamelouks à la fin du XIIIe siècle, il figure parmi les châteaux les mieux préservés de l’époque des Croisades. Le Qal’at Salah El-Din (Forteresse de Saladin), bien que partiellement en ruine, conserve des éléments de sa création byzantine au Xe siècle, de transformations réalisées par les Francs à la fin du XIIe siècle et des fortifications ajoutées par la dynastie ayyoubide (fin du XIIe à la moitié du XIIIe siècle). Ces deux châteaux sont situés sur des hauteurs qui constituaient des positions défensives de premier ordre. Dominant le paysage environnant, les deux châteaux du Crac des Chevaliers et du Qal’at Salah El-Din sont des exemples exceptionnels d’architecture fortifiée associée à la période des Croisades. La qualité de leur construction et le maintien de la stratigraphie historique montrent la variété de la technique défensive à travers des caractéristiques de chaque phase d’occupation militaire. Critère (ii) : Les châteaux représentent un développement important de systèmes de fortifications, bien différents des systèmes défensifs européens plus passifs, et contribuèrent au développement des châteaux dans le Levant. Parmi les châteaux qui subsistent au Proche-Orient, le bien se distingue comme un des exemples les plus remarquables de cet échange d’influences et documente l’évolution en ce domaine, qui eut un impact en Orient comme en Occident. Critère (iv) : Dans l’histoire de l’architecture, le Crac des Chevaliers est considéré comme l’exemple le mieux préservé des châteaux de l’époque des Croisades, mais aussi comme un archétype de château médiéval, notamment dans le contexte des ordres militaires. De même, le Qal’at Salah El-Din, bien que partiellement en ruine, n’en demeure pas moins un exemple exceptionnel de ce type de fortification, que ce soit en termes de qualité de construction ou de maintien de la stratigraphie historique. Intégrité (2009) Les deux châteaux sont situés au sommet de collines et dominent le panorama du paysage avoisinant. Hormis quelques interventions indésirables dans les zones tampons, l’intégrité des environs est bien préservée. Les constructions illégales (quelques maisons, restaurants et hôtels) situées près des châteaux seront démolies. Il existe également des projets de construction de téléphériques et d’un théâtre en plein air, qui affecteraient l’intégrité du paysage. Authenticité (2009) Le Crac des Chevaliers a fait l’objet de travaux de restauration limités sous le mandat français, avec la démolition des ajouts relativement récents des villageois locaux et le déblaiement de la terre accumulée dans les structures médiévales. Dans l’ensemble, il a bien conservé son authenticité. Le Qal’at Salah El-Din est situé dans une région isolée et n’a subi aucun changement ces derniers siècles. Partiellement en ruine, c’est aujourd’hui un site archéologique. Il a fait l’objet de certains travaux de restauration. Ainsi, le portail principal du palais ayyoubide a été restauré en 1936, en imitant la structure d’origine. Ce type de restauration est maintenant abandonné, l’accent étant plutôt mis sur la consolidation et la conservation. Globalement, le château a conservé son caractère historique et son authenticité. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est protégé par la Loi syrienne sur les Antiquités (N° 222, révisée en 1999) et par la Loi du Ministère de l’Administration locale (15/1971). Le Ministère de l’Administration locale contribue à sa protection en coordination avec la Direction générale des Antiquités et des Musées (DGAM) et les autorités locales. La DGAM est l’institution responsable de la protection des sites du patrimoine et les fonds destinés à la maintenance et à l’entretien des châteaux sont garantis par son budget annuel. Les deux châteaux disposent chacun d’un système de gestion distinct, organisé conjointement par la DGAM en collaboration avec les autorités locales. Dans le cas du Crac des Chevaliers, le système de gestion implique le village de Al-Hosn, et pour le Qal’at Salah El-Din, la DGAM collabore avec le département situé dans la capitale régionale de Latakieh.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

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Lors de l’inscription, la DGAM était en passe d’adopter une nouvelle structure administrative, dotée de nouvelles réglementations qui seraient intégrées de façon à permettre l’unification du système de gestion des Châteaux de Syrie. Il y a un besoin permanent de protéger les pentes orientales du Crac de Chevaliers contre le développement de la ville moderne voisine. Les procédures administratives nécessaires ont été engagées pour assurer la démolition des constructions illégales à proximité des châteaux.

Bien

Médina de Tunis

Etat partie

Tunisie

Id. N°

36

Date d’inscription

1979

Brève synthèse Située dans une région de plaine fertile, au nord-est de la Tunisie et à quelques kilomètres de la mer, la Médina de Tunis fait partie des premières villes arabo-musulmanes du Maghreb (698 après J.-C.). Capitale de plusieurs dynasties à rayonnement universel, elle représente un établissement humain témoin de l'interaction entre l'architecture, l'urbanisme et les effets socioculturels et économiques des cultures antérieures. Sous les Almohades et les Hafsides, du XIIe au XVIe siècle, elle était considérée comme une des plus importantes et des plus riches villes du monde arabe. Il subsiste de nombreux témoignages de cette période et de périodes antérieures. Entre le XVIe et le XIXe siècle, les nouveaux pouvoirs lui ont donné de nombreux palais et résidences, de grandes mosquées, des zaouias et des médersas. Le bien inscrit couvre une superficie d'environ 280 ha et présente toutes les composantes d'une ville arabo- musulmane. Il est constitué de la médina centrale (VIIIe siècle) et des faubourgs Nord et Sud (XIIIe siècle). On y dénombre 700 monuments historiques, répartis sur sept zones, parmi lesquels les plus remarquables sont la mosquée de la Zitouna, la mosquée de la Casbah, la mosquée de Youssef Dey, la porte de Bab Jedid, la porte de Bab Bhar, le Souk el- Attarine, le Dar el-Bey, le Souk echChaouachia, la Tourbet (cimetière familial) el Bey, les demeures patriciennes telles que Dar Hussein, Dar Ben Abdallah, Dar Lasram, les Medrasa Es- Slimanya et El-Mouradia, la caserne d’El Attarine et la Zaouia de Sidi Mehrez. Par ses souks, son tissu urbain, ses quartiers résidentiels, ses monuments et ses portes, cet ensemble constitue un prototype parmi les mieux conservés du monde islamique. Critère (ii) : Le rôle de relais qu’a joué la Médina de Tunis entre le Maghreb, le Sud de l'Europe et l'Orient a favorisé les échanges d'influences dans le domaine des arts et de l'architecture, et ce pendant des siècles. Critère (iii) : En tant que ville importante et capitale de différentes dynasties (depuis les Banu Khurassan, jusqu'aux Husseinites), la Médina de Tunis offre un témoignage exceptionnel sur les civilisations de l'Ifriqiya (essentiellement à partir du Xe siècle). Critère (v) : La Médina de Tunis est un exemple d'établissement humain qui a conservé l'intégrité de son tissu urbain avec toutes ses composantes typo-morphologiques. Les effets des mutations socioéconomiques rendent vulnérable cet établissement traditionnel qui doit être intégralement protégé. Intégrité (2009) Les attributs qui expriment la Valeur universelle exceptionnelle incluent des bâtiments mais aussi le tissu urbain cohérent de la ville. Il est nécessaire de clarifier les délimitations précises du bien. Au moment de l’inscription du bien, 50% du patrimoine immobilier de Tunis était considéré comme étant en mauvais état de conservation ou menaçant ruine. Les monuments individuels et la cohésion de l’ensemble du tissu urbain sont restés en parties vulnérables aux effets des changements socioéconomiques. Une zone tampon est proposée pour améliorer la protection des environs du bien. Authenticité (2009) La Médina de Tunis (avec sa partie centrale et ses deux faubourgs Nord et Sud) a conservé, sans altérations significatives, son tissu urbain et sa morphologie, ainsi que ses composantes architecturales et architectoniques. L'impact de l'adaptation au nouveau mode de vie et ses exigences est relativement faible, et les différentes interventions de restauration et/ou réhabilitation n'ont pas affecté l'essentiel de

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son authenticité fonctionnelle et structurelle, même si les bâtiments restent vulnérables aux changements cumulés des matériaux et des techniques de construction. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) La Médina de Tunis bénéficie du classement national de 88 monuments historiques. Elle jouit également de la protection nationale de 5 monuments, 14 rues (dont 3 souks) et une place. Sa protection est aussi assurée par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels, et par le plan d'aménagement urbain de la Médina de Tunis. La Médina de Tunis est dotée d’une structure de sauvegarde et de gestion relevant de l’Institut National du Patrimoine et d’une Association de Sauvegarde de la Médina dépendant de la Municipalité de Tunis. Une zone tampon est proposée afin d’assurer une protection efficace du bien qui tienne compte de ses valeurs et de son intégration au contexte environnemental. Les mesures règlementaires pour assurer la gestion du site et de sa zone tampon ainsi que les mécanismes de mise en œuvre devraient êtres spécifiés.

Bien

Cité punique de Kerkouane et sa nécropole

Etat partie

Tunisie

Id. N°

332 bis

Dates d’inscription

1985-1986

Brève synthèse La Cité punique de Kerkouane, situé à l’extrémité du Cap Bon sur une falaise qui domine la mer, apporte un témoignage exceptionnel sur l’urbanisme phénico-punique. Contrairement à ce qui s’est passé à Carthage, Tyr ou Byblos, aucune agglomération romaine ne s’est surimposée à la ville phénicienne dont le port, les remparts, les quartiers d’habitation, les boutiques, les ateliers, les rues, les places, les temples et la nécropole se dessinent nettement dans leur état du IIIe siècle av. J.-C. Le site de la ville punique de Kerkouane a été repéré au cours de l’année 1952. Les fouilles ont été l’œuvre de l’institut national d’archéologie et d’art. Les témoignages les plus anciens reconnus sur le site remonteraient au VIe siècle av. J.-C.; quant aux vestiges, actuellement visibles sur le terrain, ils sont datés de la fin du IVe, première moitié du IIIe siècle av. J.-C. et ils attestent d’un urbanisme sophistiqué. La nécropole d’Arg El Ghazouani, qui est située sur une colline rocheuse à moins d’un kilomètre de la ville, offre par ailleurs un témoignage inestimable sur l’architecture funéraire punique de cette époque ; il s’agit du secteur le mieux conservé de la grande nécropole de Kerkouane dont les tombes s’éparpillent tout au long des collines côtières de l’extrémité du Cap Bon. Critère (iii) : La cité punique de Kerkouane, qui n’a jamais été réoccupée depuis son abandon vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C., apporte un témoignage exceptionnel sur l’urbanisme phénico-punique. Il s’agit de l’unique cité punique actuellement reconnue en Méditerranée et qui recèle une mine d’informations sur l’urbanisme (l’aménagement de l’espace respecte un plan général préétabli : des rues larges et relativement droites forment un réseau en damier dont les cases sont remplies par les insulae) et l’architecture (de défense, domestique, religieuse, structures artisanales, techniques et matériaux de construction). Sur la base des données mises au jour, l’archéologue est en mesure de tracer le profil d’une cité punique telle qu’elle était entre le VIe et le milieu du IIIe siècle av. J.-C. La découverte de Kerkouane constitue un apport considérable pour une meilleure connaissance des sites phénicopuniques en Méditerranée. Intégrité (2009) La cité punique de Kerkouane a préservé toutes ses composantes architecturales et urbanistiques et ces composantes sont situées dans la limite du bien. Après sa destruction par Regulus vers 255 av. J.C, la ville a été abandonnée et, contrairement aux autres cités puniques qui après la chute de la métropole carthaginoise ont été romanisées et ont perdu leur aspect punique, le sol de Kerkouane n’a jamais été réoccupé. L’intégrité est menacée par l’érosion de la mer. La présence d’un mur de soutènement moderne du côté de la falaise vise à ralentir l’érosion du site et à préserver son intégrité. Quant à la nécropole d’Arg El Ghazouani, les limites de ce secteur renferment la partie la mieux conservée de la grande nécropole de Kerkouane. Authenticité (2009) La « punicité » de Kerkouane se reflète parfaitement dans l’architecture, l’urbanisme, le genre de vie (il semble avoir été essentiellement citadin), la vie socio-économique (diversité et richesse des activités économiques), ainsi que certaines pratiques religieuses et funéraires. La relation fonctionnelle des deux parties du bien, la cité et la nécropole, doit être également perçue en termes visuels.

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Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est protégé par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et arts traditionnels. Propriété de l’État, il est géré par l’Institut National du Patrimoine (INP) qui est responsable de l’application du Code du patrimoine. La valorisation du site est sous la responsabilité de l’Agence de mise en valeur du patrimoine. Une équipe relevant de l’INP veille à sa sauvegarde et est chargée de sa gestion au quotidien. Un mur de soutènement a été bâti contre la falaise afin de contrer les méfaits du ressac sur les vestiges. La nécropole est clôturée et surveillée en permanence par un gardien. Des fouilles archéologiques ainsi que la sauvegarde (restauration) des monuments sont programmées. Une zone tampon qui serait soumise au contrôle de l’INP est à l’étude. Sa délimitation devrait permettre l’intégration des deux éléments du bien inscrit et des mesures administratives et réglementaires pour sa gestion devraient être définies.

Bien

Dougga/Thugga

Etat partie

Tunisie

Id. N°

794

Date d’inscription

1997

Brève synthèse Le site archéologique de Dougga est situé dans la région du nord-ouest de la Tunisie, perché sur le sommet d'une colline à 571 m d'altitude dominant la vallée fertile de l'oued Khalled. Avant l’annexion de la Numidie par Rome, Thugga avait plus de six siècles d’histoire et a été, selon toute vraisemblance, la première capitale du royaume numide. Elle prospéra à l’époque romaine mais elle connut un déclin à partir de la période byzantine et au cours de la période islamique. Les ruines impressionnantes qui sont visibles aujourd’hui donnent une idée des ressources dont disposait une ville numide romanisée. Le site archéologique couvre une superficie d’environ 75 ha. Ces vestiges d’une cité entière avec toutes ses composantes témoignent de plus de 17 siècles d’histoire. Ils constituent un ensemble exceptionnel qui illustre la synthèse entre différentes cultures : numide, punique, hellénistique et romaine. Les monuments romains furent intégrés au tissu urbain qui resta fondamentalement numide. En dépit de son importance relative dans la structure administrative de la province romaine d’Africa, Dougga possède un ensemble remarquable d’édifices publics, datant pour la plupart des IIe et IIIe siècles après J.-C. Dougga est considérée comme la ville africo-romaine la mieux conservée de toute l’Afrique du Nord. En tant que telle, elle illustre de manière exceptionnelle ce qu’était la vie quotidienne dans l’Antiquité. Critère (ii) : Le site de Dougga est un exemple exceptionnel permettant d’illustrer au mieux la naissance d’une cité autochtone, son développement et son histoire à partir du second millénaire avant J.-C. Le site de Dougga conserve dans son intégralité les vestiges d’une cité antique avec toutes ses composantes et offre le meilleur exemple connu de l’organisation d’une ville de fondation autochtone et de l’adaptation de son urbanisme au modèle romain. Critère (iii) : L’importante collection épigraphique (plus de 2000 inscriptions libyques, puniques, bilingues, grecques et surtout latines) est d'un apport décisif pour le déchiffrement de l'écriture libyque et la connaissance de l'organisation sociale de la vie municipale des Numides. Elle témoigne du niveau de développement atteint par la cité au cours des IIIe et IIe siècles avant J.-C. Pendant environ deux siècles et demi, deux communautés juridiquement distinctes, l’une composée des habitants autochtones et l’autre formée des colons qui étaient des citoyens romains, allaient coexister dans la même ville et sur un même territoire. Elles allaient participer toutes les deux au même titre au développement et à l’épanouissement de la cité. Tout en gardant un urbanisme foncièrement numide, Thugga s’est ainsi trouvée dotée d’une parure monumentale à la romaine. À cet égard, elle constitue un exemple représentatif d’une cité du Maghreb sous les rois numides et durant les premiers siècles de l’Empire romain. Comparativement à des sites semblables d'Afrique du Nord, les ruines de la cité romaine et préromaine de Dougga sont inhabituellement complètes et bien conservées. En conséquence, elles illustrent de façon exceptionnelle ce qu'était la vie quotidienne dans une petite ville de province à l’époque romaine. Intégrité (2009) Le site archéologique de Dougga conserve, à l’intérieur de sa délimitation, les vestiges de différentes époques de la cité antique avec toutes ses composantes : le centre monumental (capitole, forum,

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marché, place de la rose des vents…), les édifices de spectacles (théâtre, cirque) et les thermes publics reflètent clairement la façon dont une fondation autochtone a évolué durant la période romaine. Authenticité (2009) L’état de conservation de ces monuments est également exceptionnel. Le niveau d’authenticité des vestiges archéologiques est très élevé et n’a pas été affecté par les activités de restauration et de conservation entreprises au cours du siècle dernier car elles ont été minimales et ont été réalisés conformément aux principes de la Charte de Venise de 1964. Il existe pourtant quelques exceptions. L’authenticité du mausolée libyco-punique reconstruit de 1908 à 1910 demeura longtemps au cœur des débats (bien que l’on puisse soutenir que ce monument détient son historicité propre). Besoins en matière de protection et de gestion (2009) En plus des multiples monuments bénéficiant d’un classement spécifique au titre de monuments historiques, le site archéologique de Dougga est protégé par la loi 35-1994 du 24 février 1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels (Code du Patrimoine), ainsi que par la loi 83-87 du 11 novembre 1983 relative à la protection des terres agricoles, telle que modifiée et complétée par la loi 90-45 du 23 avril 1990 et par la loi 96-104 du 25 novembre 1996. Une proposition de délimitation du site de Dougga a été soumise à la Commission nationale du patrimoine pour la création du Site culturel de Dougga et de son paysage. L’étude pour l’élaboration du Plan de Protection et de Mise en Valeur (PPMV) du site, tel que défini par le Code du Patrimoine, est achevée. Cet outil permettra de réglementer toutes les actions à entreprendre sur le site et dans la zone tampon de 200 m qui l’entoure. Il définit, en plus des activités interdites ou autorisées sous conditions, les différents dispositifs de mise en œuvre. Le PPMV est l’outil de gestion qui garantira la préservation du site archéologique de Dougga et permettra de contrôler toute modification éventuelle à son environnement immédiat.

C.2 EUROPE ET AMERIQUE DU NORD Bien

Église de Boyana

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

42

Date d’inscription

1979

Brève synthèse On distingue à l’intérieur plusieurs couches de peintures murales des XIe, XIIIe, XVe-XVIIe et XIXe siècles, qui témoignent du haut degré de la peinture murale à ces différentes époques. Les peintures ayant la valeur artistique la plus exceptionnelle sont celles du XIIIe siècle. Alors même qu’elles donnent une interprétation des canons byzantins, ces images sont peintes avec une expressivité spirituelle et une vitalité particulière et une grande harmonie dans leurs proportions. Critère (ii) : D’un point de vue architectural, l’église de Boyana est un pur exemple d’église construite suivant un plan en croix grecque, avec une coupole, des façades richement ornées et une décoration utilisant des éléments en céramique. C’est l’un des monuments du Moyen Âge les plus remarquables, doté de peintures murales particulièrement achevées. Critère (iii) : L’église de Boyana se compose de trois parties, dont chacune fut édifiée à une époque différente, aux Xe, XIIIe et XIXe siècles, et qui forment une entité homogène. Intégrité (2010) L’intégrité de l’église de Boyana est totalement assurée. En 1917, un parc a été créé autour de l’église, sécurisant ainsi ses abords immédiats en leur évitant l’impact de la circulation moderne. Le bien est également resté intact lors des invasions au cours de l’histoire, et a échappé à d’autres menaces de destruction. Trois zones distinctes sont définies à l’intérieur des limites du bien et de la zone tampon, et des mesures de contrôle appropriées y sont appliquées. Authenticité (2010) Le projet, la forme et le développement des trois phases de construction du bien – Xe-XIe, XIIIe et XIXe siècle – sont clairement évidents. Les travaux de conservation et de restauration nécessaires ont été effectués. Là où cela était suffisamment évident, les enduits plus tardifs des façades ont été supprimés pour révéler l’apparence initiale des murs.

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Pour sauvegarder et mettre en valeur les fragments de fresques des XIe et XIIe siècles, du XIIIe siècle et les ajouts plus tardifs de 1882 dans le narthex, ils ont été nettoyés, les manques ont été comblés et l’ensemble a été conservé. Ces travaux se sont achevés en 2008. Le bien est maintenant climatisé et sous constante surveillance. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est assurée selon : - La loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel, n° 19, 2009) et la législation afférente. Cette loi réglemente la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ; - Les instructions sur la protection et la préservation de l’Église de Boyana et sa zone de protection, bien du patrimoine mondial, ont été adoptées par Lettre explicative officielle n° RD-91-00-17, signée par le Président du Comité de la Culture, datée du 10 août 1989. Ces instructions sont impératives et fixent les responsabilités des parties intéressées, notamment celles de l’État, des institutions locales et des propriétaires.

Bien

Cavalier de Madara

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

43

Date d’inscription

1979

Brève synthèse Le Cavalier de Madara est un relief unique, une œuvre d’art exceptionnelle, créée dans les premières années de formation de l’État bulgare, au début du VIIIe siècle. Il est le seul de son genre, sans aucun parallèle en Europe. Il subsiste à ce jour dans son état authentique, sans aucune altération passée ou actuelle. Il est exceptionnel, non seulement en tant qu’œuvre de la sculpture bulgare, avec ses tendances réalistes caractéristiques, mais aussi en tant que source historique remontant aux premières années de l’établissement de l’État bulgare. Les inscriptions qui entourent ce relief constituent en effet une chronique d’événements importants survenus sous les règnes de célèbres khans bulgares : Tervel, Kormisos et Omurtag. Critère (i) : Le Cavalier de Madara est une œuvre d’art exceptionnelle datant du début du VIIIe siècle. Il est le seul de son genre, sans aucun parallèle en Europe. Critère (iii) : Le Cavalier de Madara est exceptionnel, non seulement en sa qualité de sculpture réaliste bulgare, mais aussi en tant que source historique sur les premières années de l’État bulgare, car les inscriptions qui entourent le relief constituent une chronique d’événements survenus sous les règnes de célèbres khans. Intégrité (2010) Le relief sculpté dans le rocher représentant le Cavalier de Madara comprend à l’intérieur de ses limites suffisamment d’éléments de mise en valeur. Il se trouve dans une réserve archéologique qui abrite d’autres monuments archéologiques, dont certains datent de 2000 ans. Les limites définies, ainsi que la zone de protection, assurent la préservation des abords du bien. En raison d’une certaine instabilité du rocher qui le supporte, le relief a un sérieux et permanent problème de conservation, bien que les altérations de son intégrité ne soient pas notables. L’association de l’érosion causée par le vent et du ruissellement des eaux en surface dû aux fortes pluies et à la neige fondante provoque une érosion du rocher. Le bien a fait l’objet de nombreuses recherches archéologiques, géodésiques, géologiques, hydrologiques, statiques, sismographiques, physico-chimiques, et dernièrement, microbiologiques. Tous ces efforts exceptionnels de recherche ont été intégrés dans une base de données et leurs résultats ont permis de définir les paramètres des interventions immédiates de conservation. En 2007, un Projet international de recherche de solutions pour la conservation du relief a été réalisé et l’évaluation des interventions proposées est en attente. Authenticité (2010) La forme et la conception, l’emplacement et le cadre, les matériaux et la substance, l’esprit et le caractère du Cavalier de Madara ont conservé leur authenticité. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est assurée selon :

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- La Loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel, n° 19, 2009) et la législation afférente. Cette loi réglemente la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. De plus, une législation secondaire, publiée par le Gouvernement en 1981 (Ordonnance n° 22 intitulée « Protection des Réserves historiques et archéologiques de Pliska, Preslav et Madara », promulguée dans le Journal officiel, n° 14, 1981) s’applique également. Afin d’assurer la conservation du relief, il convient d’effectuer les interventions proposées lors du Projet international de 2007.

Bien

Tombe thrace de Kazanlak

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

44

Date d’inscription

1979

Brève synthèse La tombe thrace de Kazanlak est un ouvrage artistique et esthétique unique, un chef-d'œuvre de l'esprit créatif thrace. Ce monument est le seul de ce type dans le monde entier. Les fresques exceptionnellement bien conservées et la condition d’origine de la structure révèlent l'évolution remarquable et le haut degré de perfection de la culture et de l'art pictural de la Thrace hellénistique. Critère (i) : La tombe thrace de Kazanlak est un chef-d’œuvre de l’esprit créatif thrace. Critère (iii) : Les fresques de Kazanlak révèlent le haut degré de perfection de la culture et de l'art pictural thraces. Critère (iv) : Les fresques de Kazanlak représentent une étape significative dans le développement de l’art funéraire hellénistique. Intégrité (2010) L’intégrité du site est intacte. Les limites et la zone tampon définies, ainsi que l’emplacement de la tombe dans un parc, fournissent un environnement sûr à ce bien, qui possède à l’intérieur de ses limites tous les éléments nécessaires à la transmission de sa valeur universelle exceptionnelle. La Tombe est protégée des impacts négatifs des visiteurs : ceux-ci peuvent se rendre au musée voisin qui abrite une copie de l’architecture de la tombe et de sa décoration de fresques. Authenticité (2010) La Tombe répond aux exigences d’authenticité car la construction et ses murs sont restés dans leur état d’origine, sans modifications ni ajouts, et ses fresques sont très bien préservées. Lors de l’inscription, la Tombe a été mise en sécurité sous un bâtiment protecteur permanent, et sa principale valeur culturelle – sa décoration murale exclusive – a été totalement préservée. Lors de ce processus, les peintures murales ont été nettoyées et renforcées en utilisant des techniques non agressives pour leur authenticité : elles n’ont pas été retouchées et, qui plus est, leurs lacunes n’ont pas été comblées. La climatisation a été installée pour assurer une température constante. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est assurée selon : - La Loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel n° 19, 2009) et la législation afférente. Cette loi réglemente la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ; - Le régime de préservation et de visite de la Tombe, prescrit par l’Institut national pour la préservation des biens culturels immeubles.

Bien

Églises rupestres d’Ivanovo

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

45

Date d’inscription

1979

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 34

Brève synthèse Les fresques des églises d’Ivanovo révèlent un art exceptionnel et une sensibilité artistique remarquable des peintures du XIVe siècle et de l’art médiéval bulgare ; elles sont une importante réalisation de l’art chrétien du sud-est de l’Europe. Postérieures aux mosaïques du monastère de Khora (Karia Djami) datant de 1303-1310, ces fresques, par leur grande expressivité, surpassent tous les monuments historiques connus de style des Paléologues. Néoclassiques d’esprit et d’inspiration, les fresques s’éloignent des canons de l’iconographie byzantine. Elles affichent un lien étroit avec l’art hellénistique expressif et une préférence marquée pour le nu, le paysage, le décor architectural dans une composition, la théâtralité, une atmosphère émotionnelle – toutes qualités qui s’associent pour produire un chef-d’œuvre exceptionnel de l’école de peinture et d’art monumental de Tarnovo. Les cinq monuments historiques de ce groupe (chapelles, églises et autres) qui datent des XIIIe et XIVe siècles, servent d’exemples pour ouvrir la voie à la maîtrise, l’évolution, le caractère particulier de l’art du Second État bulgare (1187-1396). La richesse et la variété des cellules, chapelles, églises et ensembles monastiques, les solutions architecturales originales – toutes insérées dans un environnement naturel magnifique – attestent de la valeur de cet ensemble historique extraordinaire. Critère (ii) : Un grand nombre d’églises, chapelles, monastères et cellules ont été creusés dans la roche le long de la rivière Roussenski Lom aux XIIIe et XIVe siècles. Les fresques d’église révèlent un art exceptionnel et une sensibilité artistique remarquable des peintures du XIVe siècle et de l’art bulgare médiéval ; elles constituent une réalisation importante de l’art chrétien du sud-est de l’Europe. Néoclassiques d’esprit et d’inspiration, ces fresques s’éloignent des canons de l’iconographie byzantine. Elles affichent un lien étroit avec l’art hellénistique expressif et une préférence marquée pour le nu, le paysage, le décor architectural dans une composition, la théâtralité, une atmosphère émotionnelle – toutes qualités qui s’associent pour produire un chef-d’œuvre exceptionnel. Critère (iii) : Le vaste ensemble des monastères a été construit entre l’époque du Second État bulgare (11871396) et la conquête de la Bulgarie par l’Empire ottoman. Les cinq monuments historiques de ce groupe datant des XIIIe et XIVe siècles, la richesse et la variété des cellules, chapelles, églises et ensembles monastiques, et les solutions architecturales originales – attestent de la valeur de cet ensemble historique extraordinaire. Intégrité (2010) Le bien comporte à l’intérieur de ses limites tous les éléments nécessaires pour transmettre sa valeur universelle exceptionnelle. Toutefois, le massif rocheux qui abrite les églises présente de sérieux problèmes de stabilité. Au fil des années, un programme permanent de recherche et des projets scientifiques, techniques et de conception architecturale ont porté essentiellement sur le renforcement et la stabilisation de la formation rocheuse. Un programme a été mis en œuvre pour la « Recherche, définition, stabilisation et étanchéification du massif rocheux » pour l’église de la Sainte-Vierge. Toutes les analyses statistiques sont fondées sur le traitement de données météorologiques et instrumentales, et sur des études. Authenticité (2010) Leur création dans les cavités naturelles d’un massif karstique a permis de préserver l’authenticité de la forme, du matériau et du caractère des Églises creusées dans le roc d’Ivanovo. Des travaux urgents de conservation ont été menés sur les précieuses peintures murales des XIIIe et XIVe siècles, ainsi que des travaux de nettoyage, stabilisation et mise en valeur de l’église de la Sainte-Vierge. Cela a été effectué avec un minimum de retouches et en conservant au maximum l’original. e

À la suite d’un éboulement rocheux au début du XXe siècle, les fresques du XIII siècle du plafond de l’église des Saints-Archanges ont été sauvées et transférées sur un nouveau support. La première étape des travaux sur les peintures murales du XIVe siècle de l’église Saint-Todor, qui s’est effondrée, a également été menée à bien. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Selon la législation nationale, le bien est protégé en tant que « Réserve » depuis 1965 (Journal officiel, n° 84, 1965). La gestion est assurée selon la Loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel, n° 19, 2009) et la législation afférente. Cette loi réglemente la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. La protection est également assurée par l’Ordonnance n° 17 du Président du Comité de la Culture intitulée « Définition des limites et des régimes d’utilisation, et protection des monuments culturels immeubles en dehors des zones peuplées » (Journal officiel, n° 35, 1979) ; et par la Loi sur les Aires protégées (Journal officiel n° 133 du 11 novembre 1998), telle qu’amendée et complétée. Afin de renforcer et de stabiliser la formation rocheuse, il convient de poursuivre l’exécution des mesures de conservation. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 35

Bien

Monastère de Rila

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

216

Date d’inscription

1983

Brève synthèse Au cours de ses dix siècles d’histoire mouvementée, le monastère de Rila a été le centre d’une forte influence spirituelle et artistique qui a rayonné sur le monde orthodoxe oriental au cours du Moyen Âge (XIeXIVe siècle). À l’époque de l’occupation ottomane (1400-1878), le monastère a influencé le développement de la culture et des arts des nations chrétiennes placées sous la domination de l’Empire ottoman. Avec son architecture et ses fresques, il représente un chef-d’œuvre du génie créateur du peuple bulgare. Les styles architecturaux ont été préservés sur place en tant que monuments historiques sur une durée considérable (XIe-XIXe siècle). L’architecture de l’ensemble est aujourd’hui un des meilleurs exemples de l’art de la construction des peuples des Balkans au début du XIXe siècle. En tant que tel, cet ensemble a exercé une influence considérable sur l’architecture et l’esthétique dans la région des Balkans. Critère (vi) : Le monastère de Rila est considéré comme un symbole de la Renaissance bulgare du XIXe siècle qui a donné des valeurs culturelles slaves à Rila, de manière à rétablir une continuité historique ininterrompue. Intégrité (2010) Il n’y a pas eu de changements sensibles de l’intégrité du bien depuis son inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Les travaux de conservation prévus – qui concernent aussi les sculptures sur bois et les peintures murales médiévales et Renaissance des églises et chapelles de l’ensemble monastique –, se poursuivent pour assurer la préservation appropriée du bien. Il est également très important de protéger le monastère de « l’effet des forces ». Un ensemble d’observations de génie géologique se poursuit donc avec des recommandations préconisant un renforcement de la « structure du sol ». Ces résultats permettront de définir d’autres travaux de préservation et de restauration. Un plan d’aménagement est en préparation et va proposer des améliorations de la communication et de l’infrastructure technique pour mieux préserver le bien. Authenticité (2010) Le Monastère de Rila est le plus important centre spirituel et littéraire de la Renaissance nationale bulgare, à travers son histoire qui se poursuit sans interruption du Moyen Âge à nos jours. Des travaux de reconstruction ont été nécessaires après un incendie et certaines parties du monastère, une nouvelle église et d’autres constructions datent du XVIIIe siècle. Le bien répond totalement aux exigences de l’authenticité en matière d’emplacement, de contexte, d’usage, de fonction et de tradition. L’esprit et le génie du site sont également préservés comme il convient. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est assurée selon : - La Loi sur les Affaires religieuses – La Loi sur les biens ; - La Loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel, n° 19, 2009) et le règlement administratif normatif régissent la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ; - Les régimes législatifs de préservation du site et de sa zone tampon concordent avec une déclaration écrite du 7.05.1992 d’une Commission nommée par décret n° RD-19-132/24.03.1992 du Ministère de la Culture. En plus d’édicter des règles concernant les interdictions, cette déclaration définit également les activités autorisées à l’intérieur du bien et de sa zone tampon, et fixe les responsabilités des parties intéressées, dont l’État, les institutions locales et les propriétaires. - La Loi sur les Aires protégées (Journal officiel, n° 1333, 1998, avec amendements) – Parc national de Rila, Parc naturel « Monastère de Rila » ; la Forêt du Monastère de Rila a été proclamée Réserve naturelle en 1986 ; - Loi sur la Forêt (Journal officiel, n° 125, 1997, avec amendements) ; - Le plan de gestion du Parc naturel du Monastère de Rila est opérationnel depuis 2003. Afin de maintenir la bonne conservation du monastère, il convient de mettre en œuvre le plan d’aménagement du bien. Bien

Ancienne cité de Nessebar

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

217

Date d’inscription

1983

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 36

Brève synthèse L’ancienne cité de Nessebar est un exemple unique de synthèse de multiples activités menées, au fil des siècles, par les hommes dans le domaine de la culture ; c’est un site où de nombreuses civilisations ont laissé des traces tangibles formant un tout homogène, s’organisant harmonieusement avec la nature. Les différents stades de développement de ses maisons en bois reflètent les phases de développement du style architectural des Balkans et de l’ensemble de la Méditerranée orientale. On retrouve dans sa structure urbaine des éléments du second millénaire avant J.-C., de l’Antiquité et de la période médiévale. L’architecture religieuse médiévale, sous l’influence des formes byzantines traditionnelles, met en lumière l’art de la faïence décorative, ornement peint caractéristique de la période. La ville a été, pendant plus de mille ans, un remarquable foyer spirituel de la culture chrétienne. Critère (iii) : L’ancienne cité de Nessebar apporte le témoignage unique d’un patrimoine culturel et historique à multiples strates. C’est un site où de nombreuses civilisations ont laissé des traces tangibles : structures archéologiques du second millénaire avant J.-C., une colonie grecque de la mer Noire dont les vestiges des fortifications nous sont parvenus, une villa hellénistique et des édifices religieux de l’Antiquité, sept églises préservées du Moyen Âge. Nessebar a prouvé son importance historique en tant que ville frontière en de nombreuses occasions. Ayant été un remarquable centre spirituel de la chrétienté pendant mille ans, elle est aujourd’hui un organisme urbain vivant, en expansion. Critère (iv) : L’ancienne cité de Nessebar est un exemple unique d’un ensemble architectural ayant une structure renaissante bulgare préservée et forme une entité homogène harmonieuse avec la configuration naturelle exceptionnelle de la péninsule rocheuse, reliée au continent par une longue bande de terre étroite. Sa nature et son existence sont le fruit et la synthèse d’une activité humaine séculaire, qui a été le témoin d’importantes périodes historiques – une structure urbaine avec des éléments du second millénaire avant J.C., de l’Antiquité classique et du Moyen Âge ; le développement d’une architecture religieuse médiévale avec de riches ornementations plastiques et polychromes sur ses façades sous la forme de faïences décoratives caractéristiques de la période ; les différents stades du développement des maisons en bois typiques, qui prouvent la domination de l’architecture des Balkans et de la Méditerranée orientale. L’architecture vernaculaire de l’ensemble urbain, dominé par les églises médiévales et les éléments archéologiques, et le relief côtier unique qui se combinent pour produire un tissu urbain de grande qualité. Intégrité (2010) La petite péninsule rocheuse renferme, dans ses limites, toutes les preuves des différentes strates ème millénaire avant J.-C. jusqu’à nos jours. culturelles – du 3 Bien que les principaux éléments soient généralement restés inchangés, depuis 1986 quelques exceptions sont survenues avec un certain nombre d’interventions illégales sur des structures du XIXe siècle, et quelques nouvelles constructions réalisées en violation de la loi sur le patrimoine culturel. De plus, et en violation de la loi sur les monuments et les musées, des influences négatives sont également apparues avec la stabilisation d’urgence du littoral de la péninsule. Toutes ces modifications ont le potentiel de menacer l’extraordinaire cohérence du tissu urbain et l’intégrité visuelle générale du bien. Authenticité (2010) Seuls des travaux de conservation et de stabilisation sont effectués sur les églises médiévales, et l’ensemble des sites archéologiques étudiés sont exposés et préservés. Certaines églises médiévales ont désormais besoin d’une remise en état. Les modifications sans autorisation apportées à certains édifices vernaculaires en bois, les pressions constantes et accrues du tourisme, du public et des fonctions résidentielles, et les intérêts des investisseurs, associés à l’introduction d’unités de vente mobiles, commencent à menacer la structure urbaine traditionnelle de la ville, son apparence architecturale et son atmosphère. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est mise en œuvre en vertu de : 1) la loi sur le patrimoine culturel (Journal officiel n° 19 de 2009) et législation subdéléguée. Cette loi régit la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble en Bulgarie, et le développement de plans de gestion et de conservation pour ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. 2) Règlement n° 8 du Comité de la Culture et du Comité sur l’architecture et les travaux publics des réserves historiques et architecturales de Sozopol et Nessebar/SG 9/1981 ; ce règlement porte sur les questions d’aménagement général et détaillé du territoire, les projets, la réalisation des travaux de conservation et de restauration et les nouvelles constructions. Il détermine également les frontières et les zones de contact du site, les grands principes impliqués, et définit les règles en matière de protection et de mise en œuvre.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 37

3) Élaboré par l’Institut national pour les monuments de la culture, le plan directeur est un document conceptuel sur la préservation et le développement du patrimoine historique et culturel de la ville de Nessebar. Le plan offre une analyse et un pronostic professionnels intégrés du développement urbain sur un large éventail d’activités. Contribuant officiellement à la protection, à la promotion et au développement durable du bien, le document, malheureusement, ne reflète pas totalement les conditions actuelles et a besoin d’être mis à jour. 4) Le plan de construction et de réglementation actuel de l’Ancienne cité de Nessebar, adopté en 1981, et le projet de plan de construction et de réglementation (adopté le 30.07.1991 par le ministère de la Construction et de l’Urbanisme) régissent l’utilisation des sols, les types de construction, les parcs et les jardins, etc. 5) La loi d’aménagement du territoire – (Journal officiel, n° 1 de 2001 et amendements ultérieurs) et législation subdéléguée porte sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme, les projets d’investissement et les constructions en Bulgarie. Elle détermine également une protection territoriale et spatiale particulière, ainsi que les zones de patrimoine culturel. Afin d’apporter une réponse adéquate aux menaces émanant des développements non autorisés, des pressions dues au tourisme et aux utilisations nouvelles, il est nécessaire de mettre en place un plan de gestion général pour le bien proposant un cadre collaboratif à l’ensemble des parties prenantes. Bien

Tombeau thrace de Svechtari

Etat partie

Bulgarie

Id. N°

359

Date d’inscription

1985

Brève synthèse Le Tombeau thrace découvert près de Sveshtari est un monument extrêmement rare et très bien conservé d’une architecture funéraire contenant des sculptures et des peintures d’une qualité et d’un style remarquables. Le tombeau est également exceptionnel par le fait qu’il représente une expression locale de l’art hellénistique, un exemple rare d’un processus créatif interrompu, qui possède des caractéristiques particulières. Critère (i) : Le Tombeau thrace de Sveshtari est une réalisation artistique unique, avec ses cariatides mihumaines, mi-végétales, gainées dans un chiton qui se déploie en forme de palmette renversée. Le fait que la polychromie d’origine ait été conservée avec ses tons ocre, brun, bleu, rouge et lilas ajoute au charme envoûtant d’une composition expressive où les supports anthropomorphiques évoquent un chœur de pleureuses figé dans les attitudes abstraites d’une danse rituelle. Critère (iii) : Le Tombeau apporte un témoignage exceptionnel sur la culture des Gètes, population thrace vivant au nord de l’Hémus (l’actuelle Stara Planina), au contact du monde grec et du monde hyperboréen, selon les termes de la géographie antique. Le tombeau est également remarquable par le fait qu’il représente un art local inspiré de l’hellénisme, un exemple rare d’un processus créatif interrompu, qui possède des caractéristiques particulières. Ce monument est unique par son décor architectural et le caractère spécifique des rites funéraires révélés par les fouilles. Intégrité (2010) L’intégrité du site est compatible avec le caractère inchangé du bien et avec ses abords. Le monument est situé dans la Réserve archéologique de Sboryanovo qui abrite plus de 40 tumulus funéraires thraces, divers sanctuaires, des villages antiques et médiévaux, des bâtiments, une forteresse, un mausolée et un minaret de la période ottomane. Le bien possède à l’intérieur de ses limites tous les éléments nécessaires à la transmission de sa valeur universelle exceptionnelle. Authenticité (2010) Le bien conserve son authenticité car il a été préservé à son emplacement d’origine par une protection isolante contre l’humidité lors de la réinstallation du tumulus funéraire. Le talus qui l’entoure émerge également comme seul élément du paysage environnant. L’état général des personnages en pierre et des éléments picturaux de la construction est satisfaisant, et l’organisation spatiale du Tombeau est restée inchangée. Les travaux de conservation réalisés n’ont causé que des perturbations minimes et discrètes. Le Tombeau est ouvert à la visite tout en répondant aux exigences de conservation. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est assurée selon : - La Loi sur le Patrimoine culturel (Journal officiel, n° 19, 2009) et la législation afférente. Cette loi réglemente la recherche, l’étude, la protection et la promotion du patrimoine culturel immeuble de Bulgarie, ainsi que l’établissement de plans de conservation et de gestion de ses biens culturels immeubles inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ; - Les instructions du Ministère de la Culture, et du Ministère de la Construction, de l’Architecture et des Travaux publics sur la préservation des monuments culturels et l’usage du territoire de la Réserve historique et Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 38

archéologique de Sboryanovo et de sa zone de protection (Lettre n° RD-91-00 10/25.04.1990 du Ministère de la Culture) ; - La Loi sur l’Aménagement du territoire (Journal officiel, n° 1, 2001 avec amendements) et législation afférente sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme, les projets d’investissement et les monuments de Bulgarie. Cette législation définit la protection territoriale et spatiale particulière, ainsi que les territoires classés patrimoine culturel. Bien

La Cathédrale, l’Alcázar et l’Archivo de Indias de Séville

Etat partie

Espagne

Id. N°

383 rev

Date d’inscription

1987

Brève synthèse La Cathédrale, l’Alcázar et l’Archivo de Indias en tant que série, forment ensemble un complexe monumental remarquable au cœur de Séville. Ils résument parfaitement “l’Âge d’Or” espagnol en intégrant des vestiges de la culture islamique, des siècles de pouvoir ecclésiastique, de souveraineté royale et le pouvoir commercial qu’avait acquis l’Espagne grâce à ses colonies dans le Nouveau Monde. Fondée en 1403 à l’emplacement d’une ancienne mosquée, la Cathédrale, construite en style gothique et Renaissance, couvre sept siècles d’histoire. Avec ses cinq nefs c’est le plus grand édifice gothique d’Europe. Sa tour campanaire, la Giralda, était l’ancien minaret de la mosquée, un chef-d’œuvre de l’architecture almohade et est aujourd’hui un exemple important du syncrétisme culturel grâce à la section supérieure de la tour, conçue à l’époque de la Renaissance par Hernán Ruiz. Sa “salle capitulaire” est le premier exemple connu de l’utilisation d’un plan de sol elliptique dans le monde occidental. Depuis sa création, la Cathédrale continue d’être utilisée à des fins religieuses. Le noyau central de l’Alcázar a été construit au Xe siècle en tant que palais du gouverneur musulman et est utilisé aujourd’hui encore comme résidence de la famille royale espagnole dans cette ville, conservant ainsi la même fonction que celle pour laquelle elle avait été initialement prévue : celle de résidence de monarques et de chefs d’Etat. Construit et reconstruit depuis le début du Moyen Âge jusqu’à nos jours, il consiste en un groupe d’édifices somptueux et de grands jardins. L’Alcázar offre un rare condensé de cultures où coexistent les réalisations du palais almohade original – comme le “Patio del Yeso” ou les “Jardines del Crucero” – avec le Palacio de Pedro I représentant l’art mudéjar espagnol, ainsi que d’autres constructions illustrant tous les styles culturels depuis la Renaissance jusqu’au néoclassicisme. Le bâtiment de l’Archivo de Indias a été construit en 1585 pour abriter la Casa Lonja ou Consulado de Mercaderes de Sevilla (Consulat des marchands de Séville). Il est devenu l’Archivo General de Indias en 1785 et abrite depuis lors le plus important fonds d’archives concernant la découverte et les relations avec le Nouveau Monde. L’Archivo de Indias, dessiné par l’architecte à qui fut confiée la réalisation de l’Escorial, Juan de Herrera, est l’un des exemples les plus représentatifs de l’architecture espagnole de la Renaissance. Avec une énorme influence sur l’architecture baroque andalouse et sur le néoclassicisme espagnol, il symbolise le lien entre l’Ancien et le Nouveau Monde. Séville doit son importance aux XVIe et XVIIe siècles à sa désignation en tant que capitale de la Carrera de Indias (la Route des Indes : monopole du commerce espagnol avec l’Amérique latine). C’était la “Porte des Indes” et le seul port de commerce avec les Indes de 1503 à 1718. Le Conjunto Monumental ou groupe de bâtiments historiques comprenant la Cathédrale/Giralda, l’Alcázar et l’Archivo de Indias, constitue un remarquable témoignage des grandes périodes de l’histoire urbaine de la ville (islamique, chrétienne et l’histoire de Séville avec ses associations avec le Nouveau Monde), tout en étant le symbole d’une cité qui est devenue la capitale du commerce avec les Indes pendant deux siècles – époque durant laquelle Séville fut le pivot de la monarchie espagnole et joua un rôle majeur dans la colonisation de l’Amérique latine suite à sa découverte par Colomb. Chacun de ces monuments est associé au processus de la colonisation. Le tombeau de Colomb est conservé dans la Cathédrale. La Sala de los Almirantes (Salle des Amiraux) à l’Alcázar était le siège de la Casa de Contratación (Bourse de commerce), d’où s’effectuait le monopole avec les Indes et où, en tant que centre d’apprentissage, se sont forgées certaines des plus importantes expéditions d’exploration et de découverte de cette période. Et l’Archivo de Indias renferme, depuis le XVIIIe siècle, le fonds d’archives le plus précieux et important qui donne une vision de cet événement historique. Critère (i) : La Giralda constitue une réalisation artistique unique, un chef-d’œuvre de l’architecture almohade. L’immense cathédrale à cinq nefs qui a remplacé la mosquée est le plus grand édifice gothique d’Europe. L’espace elliptique du Cabildo, créé par Hernán Ruiz, est l’une des plus belles créations architecturales de la Renaissance. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 39

Critère (ii) : La Giralda a influencé la construction de nombreuses tours en Espagne et, après la conquête, en Amérique. Critère (iii) : La Cathédrale –le plus vaste édifice religieux gothique d’Europe– et l’Alcázar de Séville apportent un témoignage exceptionnel sur la civilisation des Almohades et sur celle de l’Andalousie chrétienne, toute pénétrée d’influences maures de la reconquête de 1248 au XVIe siècle. Critère (vi) : La Cathédrale, l’Alcázar et la Lonja sont directement et matériellement associés à un événement de portée universelle : la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492/1493 et la colonisation de l’Amérique latine. Le tombeau de Christophe Colomb est dans la Cathédrale. Les plans de quelques-unes des plus grandes explorations de l’histoire ont été dressés dans la Salle des Amiraux (Sala de los Almirantes), notamment la circumnavigation du globe par Magellan et Sebastián ElCano (1519-1522). C’est à la Lonja que sont conservées les archives les plus précieuses des colonies d’Amérique. Intégrité (2010) Le Conjunto Monumental garde dans sa configuration l’intégrité physique des bâtiments originels et la juxtaposition des diverses phases majeures de l’Histoire. La Cathédrale constitue un monument pleinement utilisé et complet : édifice religieux de style gothique dont la construction a commencé au début du XVe siècle sur l’ancienne Mezquita Mayor de Séville – bâtiment almohade dont le Patio de los Naranjos a été conservé et transformé en cour d’accès à la Cathédrale – et la Giralda – minaret réutilisé en tour campanaire. Elle illustre clairement la construction de l’ouvrage gothique originale. De même, les constructions plus tardives de la Renaissance telles que la Sala Capitular (Salle capitulaire) conservent leur tissu original. L’Alcázar est un autre monument qui conserve l’intégrité des phases des diverses périodes de sa construction. Les salles, patios et jardins du palais almohade original sont conservés dans leur état d’origine, tout comme les constructions mudéjar qui forment le Palacio de Pedro l et le reste des constructions et jardins plus tardifs qui englobent l’actuel Conjunto Monumental. Le bâtiment de l’Archivo de Indias est préservé dans son intégralité, ainsi que les précieux documents qu’il contient. Authenticité (2010) Chacun des trois bâtiments reflète clairement ses histoires architecturales et évoque leur rôle dans “l’Âge d’Or” espagnol en termes de pouvoir ecclésiastique, de souveraineté royale et de la puissance commerciale que l’Espagne avait acquise à travers ses colonies dans le Nouveau Monde. Dans le périmètre restreint couvert par le bien, les trois bâtiments sont les plus importantes manifestations de la puissance et de l’influence du commerce espagnol en Amérique. Cependant, ce ne sont pas les seules manifestations de la ville et pour renforcer leur capacité à exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien, il est indispensable de pouvoir les associer aux autres bâtiments restants. L’authenticité de la série de trois bâtiments est dans une certaine mesure vulnérable à la modification de leur cadre qui pourrait les isoler des autres bâtiments associés. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le maintien de la valeur universelle exceptionnelle reste garanti tant que des mécanismes de protection individuels sont en place pour chacun des biens inscrits. Les trois bâtiments bénéficient du plus haut degré de protection qui existe dans la législation patrimoniale, tant au niveau régional que national, puisqu’ils ont été déclarés ‘Biens d’intérêt culturel’ dans la catégorie des Monuments. Sont également garanties la conservation des bâtiments individuels aussi associés au commerce espagnol en Amérique dans le cœur historique de la ville qui sert de cadre urbain aux trois monuments, et les caractéristiques générales de cet environnement urbain. Répondant aux conditions légales requises concernant l’existence de plans urbains et de catalogues pour sa protection, l’ensemble de cette zone a été déclaré Bien d’intérêt culturel. Étant donné la surface imposante de ce Conjunto Histórico, les plans de protection ont été répartis en secteurs homogènes. Ces plans et catalogues spéciaux, conjugués au plan général entré en vigueur en 2006 (pour les secteurs dont le Catalogue n’est pas encore finalisé), établissent des mesures adéquates pour la protection des abords immédiats du bien. Il n’y a actuellement aucun plan d’action pour les trois bâtiments. Toutefois, il y a des dispositions visant à améliorer la zone comprise dans une zone tampon dont la délimitation est en cours d’examen.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 40

À moyen terme, les dispositions prises par le Conseil municipal prévoient l’achèvement des catalogues des bâtiments à protéger dans les deux secteurs du Conjunto Histórico qui n’ont pas encore été tracés (secteur 7, “Secteur Cathédrale” et secteur 8, “Secteur Encarnación-Magdalena”) pour remplacer les pré-catalogues existants. À moyen terme, il y a des plans de restauration de deux bâtiments dans la zone tampon proposée, qui évoquent la colonisation de l’Amérique latine, les Atarazanas (chantiers navals) et le palais San Telmo. Bien

Masada

Etat partie

Israel

Id. N°

1040

Date d’inscription

2001

Brève synthèse Dressée sur un éperon rocheux, Masada est une forteresse naturelle d'une beauté majestueuse qui domine la mer Morte en plein désert de Judée et sur laquelle le roi Hérode le Grand avait fait construire un palais somptueux dans le style romain classique. Après être devenue une province de l’empire romain, la Judée fut le refuge des derniers survivants de la révolte de patriotes juifs qui préférèrent la mort plutôt que l’esclavage quand les assiégeants romains réussirent à percer leurs défenses. En tant que telle, Masada a une valeur emblématique pour le peuple juif. C’est aussi un site archéologique de grande importance. Les vestiges du palais d’Hérode sont des exemples exceptionnels et parfaitement intacts de ce type d’architecture, tandis que les travaux de siège, intégralement conservés, sont les plus beaux et les plus complets du monde romain. Le palais-forteresse de Masada, construit par Hérode le Grand, roi de Judée qui régna de l’an 37 av. J.C. à l’an 4 de notre ère, et en particulier le palais « suspendu » avec ses trois terrasses, est un exemple exceptionnel d’architecture somptueuse, d’ingénierie élaborée et de construction dans des conditions extrêmes. Le palais construit dans la partie nord de ce site montagneux grandiose est composé d’un groupe exceptionnel de bâtiments impériaux de style romain classique. Le réseau d’alimentation en eau était particulièrement sophistiqué, les eaux de ruissellement recueillies au cours d’une seule journée de pluie suffisant à faire vivre un millier de personnes pendant deux à trois ans. Ce système a permis de transformer un rocher stérile et isolé au climat aride en une luxueuse retraite royale. Ce site défensif naturel, renforcé par des fortifications massives, fut occupé par les survivants de la révolte juive contre l’occupation romaine, avant de subir le siège d’une vaste armée romaine qui eut raison d’eux. Les camps militaires, le mur de circonvallation et la rampe d’attaque qui entourent le site, ainsi qu’un ensemble de forteresses légionnaires de plan quadrilatéral, sont les plus complets conservés dans le monde romain. Masada est un symbole poignant de la lutte perpétuelle de l’homme entre oppression et liberté. Critère (iii) : Massada est un symbole exceptionnel de l’ancien royaume juif d’Israël, de sa destruction violente à la fin du Ier siècle de notre ère, et de la Diaspora qui s’ensuivit. Critère (iv) : Le palais d’Hérode le Grand à Massada est un exemple remarquable des villas luxueuses du début de l’empire romain, alors que le camp et les fortifications autour du monument constituent les travaux de siège romains les plus beaux et les plus complets qui subsistent à ce jour. Critère (vi) : Les événements tragiques qui survinrent pendant les derniers jours des réfugiés juifs occupant la forteresse et le palais de Massada en font un symbole de l’identité culturelle juive mais aussi, plus universellement, du perpétuel combat de l’homme entre oppression et liberté. Intégrité (2010) Du fait de son isolement et de la rudesse du climat de l’extrême sud du désert de Judée, après la dissolution de l’établissement monastique byzantin aux VIe siècle le site de Masada est resté intact pendant plus de treize siècles jusqu’à sa redécouverte en 1828. Le bien comprend les vestiges du site sur sa forteresse naturelle et les travaux de siège qui l’entourent. Autre fait tout aussi important : l’environnement de Masada, le magnifique et grandiose paysage sauvage de la région n’a pas, lui non plus, changé depuis des millénaires. Les seules intrusions sont les infrastructures d’accueil des visiteurs et le téléphérique aménagés au niveau inférieur qui, dans leur nouvelle version, ont été conçus et réimplantés judicieusement pour limiter l’impact visuel ; l’emplacement de la station du sommet reste toutefois un sujet de controverse.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 41

Authenticité (2010) Il s’agit d’un site qui est demeuré inchangé pendant plus de treize siècles. Les bâtiments et autres preuves d’établissements humains se sont progressivement effondrés et ont été recouverts jusqu’à ce qu’ils soient mis au jour dans les années 1960. Il n’y a eu ni ajouts ni reconstructions, en dehors d’un niveau acceptable d’anastillose, et les matériaux inadéquats utilisés lors des premiers projets de conservation sont en cours de remplacement. Des travaux de restauration limités ont été effectués pour faciliter l’interprétation par les visiteurs, les niveaux archéologiques d’origine étant clairement définis par une ligne noire proéminente dans les nouveaux joints de mortier. Certains éléments archéologiques importants, tels que les camps et ouvrages de siège romains, sont pratiquement intacts. L’authenticité est par conséquent d’un niveau très élevé. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le désert de Judée reste une région inhospitalière, où la rudesse de l’environnement sert de barrière naturelle contre la pression du développement urbain et rural moderne. Le bien et sa zone tampon sont la propriété de l’État d’Israël et les sites archéologiques sont protégés par la loi de 1978 relative aux antiquités. Depuis 1966, la totalité du site de Masada et ses environs sont classés Parc national, ce qui a été entériné par la loi de 1998 relative aux parcs nationaux, aux réserves naturelles, aux sites nationaux et aux sites commémoratifs. Le parc national est en outre protégé dans le cadre de la Réserve naturelle de Judée qui l’entoure, elle aussi établie en vertu de la loi de 1998. Le bien est géré par la Direction israélienne de la nature et des parcs, en coopération avec la Direction des antiquités d’Israël. Un aspect important du plan de gestion actuel est la décision de ne plus effectuer de fouilles sur le site principal « au cours de la génération actuelle », bien que quelques fouilles puissent être autorisées, le cas échéant, pour les besoins de projets de conservation, d’entretien ou de restauration. Pratiquement invisible du sommet, un nouveau centre d’accueil des visiteurs a été ouvert en 2000 dans la plaine au pied du versant est de Masada. Abritant tous les aménagements anticipés, il était destiné à recevoir la foule de visiteurs (1,25 million) qui se rend chaque année sur le site. Le premier téléphérique installé dans les années 1970 a été remplacé par un nouveau système moins intrusif et très utilisé pour assurer la liaison entre le centre d’accueil des visiteurs et le sommet. Il reste cependant possible d’entreprendre l’ascension ardue du sommet par les deux routes piétonnes historiques. La politique d’interdiction des activités commerciales de toutes sortes et du pique-nique au sommet est rigoureusement appliquée. Bien

Vieille ville d’Acre

Etat partie

Israel

Id. N°

1042

Date d’inscription

2001

Brève synthèse Acre, où les établissements humains se sont succédés sans interruption depuis l’époque phénicienne, a eu une importance particulière pendant la période des croisades en Terre sainte. De par sa position sur une péninsule comprenant une baie naturelle, la ville a pris une importance internationale de 1104 à 1291 en tant que capitale du royaume des croisés de Jérusalem, après être devenue le principal port des croisés en Terre sainte. Si ce port est devenu, grâce à sa situation stratégique, un centre de commerce international, ses limites physiques, délimitées par les remparts et la mer, en ont fait une cité médiévale à l’habitat particulièrement dense. Après une longue période de déclin pendant laquelle la ville est néanmoins restée le principal port d’entrée pour les pèlerins chrétiens se rendant à Jérusalem, elle a connu un renouveau au XVIIIe siècle en tant que capitale de cette partie de l’empire ottoman. Elle doit son caractère unique aux nombreux vestiges de la ville des croisés demeurés jusqu’à aujourd’hui presque intacts sous la ville ottomane typique et mis au jour ces dernières années par des fouilles scientifiques. Le paysage urbain actuel de la ville portuaire fortifiée est caractéristique des perceptions musulmanes de l’urbanisme, avec des rues étroites qui serpentent et d’élégants bâtiments publics et résidentiels. Illustrant les échanges entre l’architecture médiévale européenne et moyen-orientale, la ville possède quelques édifices exceptionnels, notamment une citadelle, des mosquées, des khans et des bains publics.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 42

Critère (ii) : Acre est une ville portuaire historique exceptionnelle, en ce qu’elle préserve d’importants vestiges de ses édifices croisés médiévaux sous la ville fortifiée musulmane actuelle, qui date des XVIIIe et XIXe siècles. Critère (iii) : Les vestiges de l’Acre des croisés, à la fois au-dessus et en deçà du niveau actuel des rues, offrent un aperçu unique du tracé et des structures de la capitale du royaume croisé médiéval de Jérusalem. Critères (v) : L’Acre actuelle est un exemple important de ville ottomane fortifiée, avec des composantes urbaines typiques, telles la citadelle, les mosquées, les khans et les bains publics bien préservés, partiellement construits sur les structures sous-jacentes des croisés. Intégrité (2010) Les limites du bien incluent les principaux éléments de l’Acre des croisés qui, ayant été complètement enfouis lors de l’occupation des Mamelouks à la fin du XIIIe siècle, sont pour la plupart souterrains et n’ont commencé que récemment à être mis au jour. Ces vestiges bien préservés comprennent de larges portions du tissu urbain et des bâtiments parfaitement intacts : remparts, quartiers, rues, allées, forteresses, édifices publics, édifices religieux, habitations et échoppes, ainsi que l’infrastructure souterraine, les détails architecturaux, les enduits et plâtres d’origine et la maçonnerie. Les plans de construction sont clairement identifiables ; les techniques et matériaux de construction peuvent être déterminés avec précision. Le bien comprend également les vestiges de la ville ottomane qui a été construite sur la ville des croisés et a pris la forme d’un système urbain d’allées, de cours et de places, reflets des valeurs de la société musulmane. Les conditions géographiques qui ont déterminé son développement, de même que sa structure socioéconomique, ont préservé l’intégrité d’Acre en tant que ville portuaire essentiellement ottomane du VIIIe siècle, sans changements notables jusqu’à présent. La cohérence générale de la ville est vulnérable, en particulier là où des activités d’entretien et de conservation doivent être entreprises. Authenticité (2010) Deux périodes historiques ont façonné le visage d’Acre tel qu’on le connaît aujourd’hui : la période des croisades et la fin de la période ottomane. La nature particulière de l’évolution de la ville a permis de préserver son caractère de ville portuaire, avec son mélange d’édifices publics, de caravansérails (khans) et d’édifices religieux côtoyant des marchés, des petites échoppes et de grands quartiers résidentiels, avec également un port actif qui demeure une source de revenus et une porte d’entrée dans la ville. La plupart des bâtiments d’Acre ont conservé la forme qui était la leur à l’époque de leur construction, avec peu d’altérations sur les 150-300 dernières années. Certains bâtiments restent toutefois vulnérables aux changements en raison de l’utilisation de matériaux et de méthodes d’entretien et de réparation non traditionnels. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La vieille ville d’Acre est classée site antique aux termes des dispositions de la loi de 1978 relative aux antiquités. Entre 1993 et 2000, un plan directeur axé sur le patrimoine a été rédigé par un comité directeur chargé de l’urbanisme. Il couvrait la vieille ville et le port, et établissait une zone tampon tout autour. Le bien est géré conjointement par la municipalité d’Acre, l’entreprise publique Old Acre Development Company, une administration publique et l’Administration israélienne des antiquités. Conseillant les résidents sur toutes les questions d’aménagement, de permis de construire et de mesures de conservation, l’Administration israélienne des antiquités a ouvert un bureau dans la ville. Ce bureau supervise tous les travaux publics et privés entrepris dans l’enceinte du bien. Beaucoup d’efforts sont faits pour que la ville d’Acre reste vivante. En 2001, un quartier résidentiel a été choisi avec la population locale pour un projet pilote de réhabilitation. Ce projet, dont les travaux sont en cours et s’amplifient, vise à mettre au point des mesures permettant de préserver le tissu physique, tout en procédant aux adaptations requises par la vie moderne. Il a également pour but d’améliorer les conditions de vie sociales et économiques des résidents et de renforcer leur sentiment de fierté à l’égard du riche patrimoine de la ville. Il faut accroître l’engagement de la communauté locale dans l’entretien du tissu bâti de la ville. Bien

Ville blanche de Tel-Aviv – le mouvement moderne

Etat partie

Israel

Id. N°

1096

Date d’inscription

2003

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 43

Brève synthèse La ville de Tel Aviv a été fondée en 1909, au nord du port fortifié de Jaffa, sur les collines qui bordent la côte orientale de la Méditerranée. Sous le mandat britannique en Palestine (1917-1948), elle est devenue un centre urbain florissant, le plus grand centre économique et urbain d’Israël. Le bien en série se compose de trois zones distinctes : la Ville blanche au centre de la métropole ; Lev Hair et l’avenue Rothschild ; le quartier Bialik. Le tout est entouré d’une zone tampon commune. La Ville blanche de Tel Aviv peut être considérée comme un exemple exceptionnel et de grande ampleur des conceptions nouvelles de l’urbanisme dans la première partie du XXe siècle. L’architecture est une synthèse des principales tendances du Mouvement moderne, tel qu’il s’est développé en Europe. La Ville blanche est aussi un exemple exceptionnel d’application de ces tendances en tenant compte des traditions culturelles et des conditions climatiques locales. La ville de Tel Aviv a été fondée en 1909 et s’est développée rapidement sous le mandat britannique en Palestine. La Ville blanche, qui en constitue la partie centrale, a été construite selon le plan d’urbanisme de Sir Patrick Geddes (1925-27), l’un des principaux théoriciens du début de la période moderne. Tel Aviv est sa seule réalisation urbaine à grande échelle ; il ne s’agit pas d’une « cité-jardin », mais d’une entité urbaine de besoins physiques, économiques, sociaux et humains, fondée sur une démarche environnementale. Il est à l’origine de notions nouvelles telles que la conurbation et l’environnement, et a fait figure de pionnier par sa vision de la ville comme étant un organisme qui change constamment dans le temps et l’espace, comme un paysage urbain et rural homogène qui évolue. Ses principes scientifiques d’urbanisme basés sur une nouvelle vision du « site » et de la « région », ont influencé l’urbanisme du XXe siècle dans le monde entier. Ces notions transparaissent dans son plan directeur de Tel Aviv. Les bâtiments ont été conçus par de nombreux architectes qui s’étaient formés et avaient travaillé dans divers pays d’Europe. Leur travail à Tel Aviv illustre la pluralité des tendances créatrices du modernisme, mais en tenant compte de la qualité locale, culturelle du site. Aucune réalisation architecturale d’Europe ou d’Afrique du Nord ne réalise une telle synthèse du modernisme ni n’atteint la même échelle. Les bâtiments de Tel Aviv sont enrichis par les traditions locales ; l’architecture a été adaptée aux conditions climatiques spécifiques du lieu, conférant un caractère particulier aux édifices et à l’ensemble. Critère (ii) : La Ville blanche de Tel Aviv est la synthèse d’une valeur exceptionnelle des diverses tendances du Mouvement moderne en matière d’architecture et d’urbanisme au début du XXe siècle. Ces influences ont été adaptées aux conditions culturelles et climatiques du lieu, de même qu’intégrées aux traditions locales. Critère (iv) : La Ville blanche de Tel-Aviv est un exemple remarquable d’urbanisme et d’architecture des villes nouvelles du début du XXe siècle, adapté aux exigences d’un contexte culturel et géographique particulier. Intégrité (2010) L’esprit du plan directeur de Geddes est bien préservé dans les grandes lignes de la conception de la ville (morphologie, division en parcelles, hiérarchie et profil des rues, proportions des espaces ouverts et fermés, espaces verts. L’infrastructure urbaine est intacte, à l’exception de la place Dizengoff, où le trafic et la circulation piétonne ont été modifiés, bien que des efforts soient faits pour rétablir le plan d’origine. Des changements progressifs pourraient porter atteinte à l’intégrité de l’ensemble urbain dans le futur. Il y a quelques changements visibles dans la zone tampon à cause de nouvelles constructions et du développement commercial dans les années 1960-1990, notamment quelques immeubles de bureaux et d’habitation qui sont hors d’échelle. La Ville blanche est encerclée d’immeubles de grande hauteur qui, à l’évidence, ont changé le rapport qu’elle entretenait autrefois avec son environnement. Tout autre projet de construction pourrait avoir un impact sur son intégrité visuelle. Authenticité (2010) L’authenticité de la conception architecturale est relativement bien préservée, comme le montre la perception visuelle homogène du tissu urbain, l’intégrité du style, la typologie, le caractère des rues, les rapports entre espaces verts et éléments urbains, notamment les fontaines, les pergolas et les jardins. Les détails des entrées d’immeubles, les cages d’escaliers, les rampes d’escaliers, les boîtes à lettres en bois, les portes des immeubles et celles des appartements, les cadres de fenêtres n’ont dans l’ensemble pas changé, bien qu’il y ait eu quelques pertes, comme dans la plupart des villes historiques. La ligne de certains bâtiments a été modifiée par des extensions en toiture, même sur des bâtiments classés. Si ces « ajouts » pourraient dans une certaine limite être perçus comme une continuation de la tradition, pour conserver à Tel Aviv son caractère vivant et dynamique il faudra veiller à ce que la quantité de bâtiments modifiés ne devienne pas telle qu’elle modifie le profil urbain, l’échelle ou les paramètres d’origine du site.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 44

Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La gestion est couverte et intégrée dans les plans d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Ils incluent le Plan directeur national TaMA 35, avec la section 58 relative à l’« ensemble de conservation urbaine dans le centre de Tel Aviv – Jaffa », et le Plan directeur régional TMM 5 qui est l’instrument principal de planification pour la zone protégée de Tel Aviv. Les politiques de gestion incluent des programmes pour encourager les activités touristiques, fournir des informations en mettant l’accent sur la conservation. Il serait souhaitable d’envisager la possibilité d’assurer au niveau national la protection juridique du patrimoine récent. Déposé en 2002, le plan de conservation (2650B) a été approuvé en 2008. Parce que la majorité des quelque 1 000 bâtiments historiques identifiés dans ce document et d’autres plans locaux spécifiques sont propriété privée, une stratégie permettant le transfert des droits de construire a été mise en œuvre pour compenser la perte de ces droits. Elle prévoit notamment les conditions strictes applicables à 180 bâtiments auxquels aucune modification ne peut être apportée. Dans certaines limites bien définies, la construction d’étages supplémentaires sur les autres bâtiments classés a été autorisée. Un processus spécial a été mis en place pour l’évaluation, l’approbation et la supervision des permis de construire et des constructions dans la zone inscrite. Il est géré et contrôlé par les services de conservation de la municipalité qui emploient actuellement huit architectes qualifiés. Afin de prendre des mesures pour améliorer le contrôle des modifications de l’actuel tissu urbain et compte tenu des pressions immobilières actuelles, les tendances en matière de développement sont surveillées en permanence par la municipalité. En référence à l’Annexe 3 des Orientations (concernant les Villes nouvelles du XXe siècle), il est essentiel que la ville de Tel Aviv veille à une croissance modérée et maîtrisée dans le quartier historique du centre. Par conséquent, il faut proposer des limites de hauteur pour le bien et sa zone tampon.

Bien

Route de l’encens – Villes du désert du Néguev

Etat partie

Israel

Id. N°

1107 rev

Date d’inscription

2005

Brève synthèse La Route de l’encens était un réseau de routes marchandes couvrant plus de deux mille kilomètres, destiné à faciliter le transport de l’encens et de la myrrhe depuis le Yémen et le sultanat d’Oman, dans la péninsule Arabique, jusqu’à la Méditerranée. Les quatre villes nabatéennes d’Haluza, Mamshit, Avdat et Shivta, avec les forteresses associées et les paysages agricoles qui les reliaient à la Méditerranée, sont situées sur une portion de cette route, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. Elles se répartissent sur une centaine de kilomètres de désert, depuis Moa, le long de la frontière jordanienne à l’est, jusqu’à Haluza dans le nord-ouest. Ensemble, elles témoignent du commerce extrêmement lucratif de l’encens qui a prospéré entre le sud de l’Arabie et la Méditerranée du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au IIe siècle de notre ère, et de la façon dont le désert aride a été colonisé par l’agriculture grâce à des systèmes d’irrigation extrêmement sophistiqués. Dix des sites (quatre villes : Haluza, Mamshit, Avdat et Shivta ; quatre forteresses : Kazra, Nekarot, Makhmal et Grafon ; les deux caravansérails de Moa et Saharonim) sont répartis à proximité ou le long de la route principale qui mène de Pétra, capitale de l’empire nabatéen de Jordanie jusqu’aux ports de la Méditerranée. La ville de Mamshit est traversée par une route septentrionale parallèle. La route et les villes du désert qui la jalonnent témoignent de la prospérité du commerce nabatéen de l’encens pendant sept cents ans, du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au IVe siècle après J.-C. Les villes étaient desservies par des systèmes extrêmement sophistiqués d’irrigation et d’alimentation en eau qui permettaient une agriculture à grande échelle. Ils se composaient de barrages, de canalisations, de citernes et de réservoirs. On trouve de nombreux vestiges de tous ces éléments autour d’Avdat et dans le centre du Néguev, ainsi que de nombreux vestiges des anciens systèmes agraires construits le long du lit des rivières et sur le flanc des collines. Le bien donne une image complète de la technologie nabatéenne sur plus de cinq siècles d’urbanisme et de construction. La combinaison des villes et des paysages agricoles et pastoraux associés constitue un environnement culturel fossile complet.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 45

Les vestiges des établissements et paysages agricoles du désert nabatéen sont le témoignage du pouvoir économique de l’encens à l’origine d’une longue route allant de l’Arabie à la Méditerranée à l’époque hellénistique et romaine, laquelle a favorisé le développement de villes, de forts et de caravansérails pour contrôler et gérer cette route. Ils donnent également une image complète de la technologie nabatéenne sur plus de cinq siècles d’urbanisme et de construction, et témoignent des innovations et du travail nécessaires pour créer un système agricole complet et durable dans des conditions désertiques rudes, comme l’attestent en particulier les ouvrages sophistiqués de conservation de l’eau. Critère (iii) : Les villes nabatéennes et leurs routes marchandes apportent un témoignage éloquent de l’importance économique, sociale et culturelle de l’encens dans le monde hellénistique et romain. Les routes étaient également un moyen de passage non seulement pour l’encens et d’autres marchandises mais aussi pour les hommes et les idées. Critère (v) : Les vestiges presque fossilisés des villes, des forteresses, des caravansérails et des systèmes agricoles sophistiqués s’étendent le long de la Route de l’encens dans le désert du Néguev. Ils témoignent de la réponse remarquable apportée à un environnement désertique hostile qui s’est épanouie pendant cinq siècles. Intégrité (2010) Les villes et les forts combinés à leurs routes marchandes et à l’arrière-pays agricole, donnent une vue d’ensemble très complète d’une civilisation du désert s’étendant le long d’une route marchande. Les vestiges de tous les éléments qui composent les établissements – villes, forts, caravansérails et paysages agricoles – sont dans les limites du bien. Le développement limité de la région a fortement contribué à protéger les sites du développement. Aucun des attributs n’est menacé. Authenticité (2010) Pour l’essentiel, les vestiges des villes, des forteresses et des caravansérails ainsi que les paysages expriment parfaitement la valeur universelle exceptionnelle du bien en tant que témoignage et illustration de la prospérité du commerce de l’encens nabatéen. Il est reconnu que les villes de Mamshit et Haluza ont fait l’objet, dans le passé, d’interventions qui ont mis en péril leur authenticité. Dans le cadre des initiatives actuelles de gestion, les reconstructions effectuées à Mamshit et basées davantage sur une intention scénographique que sur une approche scientifique ont été supprimées en 2005. Les chantiers de fouilles effectués à Haluza, où les travaux de consolidation ont été en partie insuffisants, ont été comblés courant 2005 - 2006. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) La totalité du bien est la propriété de l’État. Il est protégé par la législation nationale, tous les éléments qui le composent se trouvant dans des parcs nationaux ou des réserves naturelles. La Direction israélienne de la nature et des parcs gère le bien au quotidien, tandis que la Direction israélienne des antiquités s’occupe des activités de conservation et de fouilles des structures classées. Toutes les finances proviennent du budget de la Direction israélienne de la nature et des parcs, luimême alimenté par les recettes du site, les ventes et une subvention de l’État. Les quatre villes ont chacune leur budget propre. Les années de faibles recettes, les fonds sont consacrés exclusivement à l’entretien et à la protection, la conservation n’étant assurée que lorsque des fonds extérieurs sont disponibles. Il faut mettre en place pour l’ensemble du bien, mais aussi pour chacune des villes importantes, une stratégie archéologique pour la recherche archéologique, l’inventaire non destructif et les approches de stabilisation et de réparation. Bien

Tels bibliques – Megiddo, Hazor, Beer-Sheba

Etat partie

Israel

Id. N°

1108

Date d’inscription

2005

Brève synthèse Les tels, tertres préhistoriques de peuplement, sont caractéristiques des plaines de la Méditerranée orientale, notamment du Liban, de la Syrie, d’Israël et de l’est de la Turquie. Sur les plus de 200 tels recensés en Israël, les trois sites de Megiddo, Hazor et Beer-Sheba sont représentatifs de ceux qui abritent d’importants vestiges de cités aux liens bibliques et sont étroitement associés à des événements décrits dans la bible. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 46

Les trois tels sont disséminés dans l’État d’Israël : le tel Hazor au nord, près de la mer de Galilée ; le tel Megiddo à 50 kilomètres au sud-ouest ; le tel Beer-Sheba près du désert du Néguev, dans le sud. Les trois sites témoignent de la richesse et de la puissance des villes de l’âge du bronze et de l’âge du fer sur les terres bibliques fertiles. Elles doivent cette prospérité à une autorité centralisée qui contrôlait les routes commerciales vers le nord-est et le sud qui reliaient l’Égypte à la Syrie, l’Anatolie à la Mésopotamie, ainsi qu’à la création et à la gestion de systèmes d’adduction d’eau complexes et techniquement avancés. Ensemble, ces tels témoignent des principales étapes du développement urbain dans la région. Ils sont également représentatifs de l’occupation du même site sur une grande étendue et sur plusieurs étages, occupation qui a duré plusieurs millénaires jusqu’au VIe siècle avant notre ère ; ils illustrent en particulier, dans leur épanouissement final, les étapes de gestation de l’histoire biblique, du XIIe au VIe siècle avant notre ère. Avec leurs vestiges impressionnants de palais, de fortifications et d’urbanisme, ils offrent des manifestations physiques clés de l’époque biblique. Le groupe de temples du début de l’âge du bronze, à Megiddo, est exceptionnel par le nombre de temples, la continuité de l’activité cultuelle et les traces de l’activité cultuelle. À Hazor, les remparts sont considérés comme le meilleur exemple du genre dans la région, du sud de la Turquie au nord du Néguev, en Israël. Le palais de la fin de l’âge du bronze est le plus élaboré d’Israël et l’un des plus beaux du Levant. En ce qui concerne les vestiges de l’âge du fer, le plan d’aménagement élaboré de Beer-Sheba et le plan orthogonal de Megiddo ont peu d’équivalents dans le Levant. Les trois tels conservent des vestiges impressionnants de leurs systèmes souterrains d’adduction d’eau, exemples complexes et parfaitement adaptés à la géographie des lieux de solutions techniques au problème du stockage de l’eau. Critère (ii) : Les trois tels représentent un échange de valeurs humaines à travers tout le Moyen-Orient grâce aux grandes routes commerciales et aux alliances avec d’autres États ; ces échanges se manifestent par les styles des constructions qui ont intégré des influences égyptiennes, syriennes et égéennes pour créer un style local particulier. Critère (iii) : Les trois tels témoignent d’une civilisation disparue – celle des villes cananéennes de l’âge du bronze et des villes bibliques de l’âge du fer – qui se manifeste par l’expression de leur créativité : urbanisme, fortifications, palais et technologie des systèmes d’adduction d’eau. Critère (iv) : Les villes bibliques témoignent des étapes clés du développement urbain du Levant qui a exercé une influence considérable sur l’histoire ultérieure de la région. Critère (vi) : Les trois tels, du fait qu’ils sont mentionnés dans la Bible, constituent un témoignage religieux et spirituel d’une valeur universelle exceptionnelle. Intégrité (2010) Toutes les composantes des tels sont incluses dans le bien. Les trois tels ont conservé des vestiges substantiels de villes de l’âge du bronze et de l’âge du fer ayant des liens avec la bible. Chaque tel a un rapport avec l’ensemble du bien à travers ses temples, ses fortifications et système de portes, ses palais, ses systèmes d’adduction d’eau, son urbanisme et son importance dans la Bible. Aucun de ces attributs n’est menacé. Authenticité (2010) Les trois tels sont globalement restés en l’état et intacts depuis leur déclin et leur abandon, entre le Xe et le IVe siècle avant notre ère. Ils ont au fil du temps conservé leur authenticité et pris l’apparence caractéristique d’un cône au sommet aplati qui domine le paysage environnant. Depuis le début du XXe siècle, le tel d’Hazor et celui de Megiddo font l’objet de fouilles archéologiques, le tel de Beer-Sheba ayant été fouillé pour la première fois dans les années 1960. Pour des raisons de sécurité et d’interprétation, quelques interventions ont été faites sur les systèmes d’adduction d’eau des trois sites, mais celles-ci ne portent pas atteinte à l’authenticité de l’ensemble du système. Pour le tel Hazor, une approche non conventionnelle a été adoptée : elle a consisté à démonter et reconstruire un entrepôt et un bâtiment résidentiel ailleurs sur le site. Ces deux édifices de l’âge du bronze avaient été fouillés dans les années 1950 et étaient restés exposés à la dégradation sur un « îlot » à mesure que les fouilles descendaient dans les couches archéologiques plus anciennes. Cette action a été considérée comme justifiée en ce qu’elle a permis de poursuivre et d’achever les fouilles du site et de regrouper les éléments antérieurs trouvés autour et sous les deux structures. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 47

Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Les trois tels appartiennent à l’État d’Israël qui les a classés parcs nationaux, sous l’administration de l’INPA (administration israélienne chargée de la nature et des parcs) ; ils sont protégés en vertu de la loi de 1998 relative aux parcs nationaux, aux réserves naturelles, aux sites nationaux et aux sites commémoratifs. Le tel Megiddo et le tel Hazor relèvent du district nord de l’INPA, le tel Beer-Sheba du district sud. Le Planning and Development Forum du directeur général de l’INPA approuve tous les projets majeurs d’activités dans les parcs nationaux. Il existe en outre un forum interne des sites du patrimoine mondial, placé sous la présidence du Directeur de l’archéologie et du patrimoine de l’INPA. Cet organe coordonne et contrôle les activités sur tous les sites inscrits. Il s’occupe également de leur gestion et de celle des sites inscrits sur la Liste indicative de l’État d’Israël. Afin d’instituer une norme de conservation comparable sur les trois sites qui constituent le bien, un plan de conservation intégré et un programme de suivi sont souhaitables. Bien

Saltaire

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1028

Date d’inscription

2001

Brève synthèse Saltaire est un village industriel exceptionnellement complet et bien préservé datant de la seconde moitié du XIXe siècle, situé au bord de l’Aire. Ses fabriques de textiles, ses édifices publics et ses logements ouvriers sont bâtis dans un style harmonieux, d'une grande qualité architecturale, et le plan urbain d'ensemble reste intact, offrant une image vivante de l’optique philanthropique de la gestion industrielle. Le village industriel de Saltaire est un exemple exceptionnel du paternalisme philanthropique du milieu du XIXe siècle, qui a eu une profonde influence sur les développements du bien-être social industriel et de l’urbanisme, au Royaume-Uni et au-delà. La qualité architecturale et d’ingénierie de l’ensemble complet, qui comprend les bâtiments de Salt’s Mill et de New Mill ; les logements ouvriers hiérarchisés, le réfectoire, l’église congrégationaliste, l’hospice, l’hôpital, l’école, l’institut et Roberts Park, lui donnent un caractère exceptionnel par rapport à d’autres ensembles de ce genre. Saltaire a fourni le modèle d’aménagements similaires au Royaume-Uni et ailleurs, plus particulièrement aux États-Unis et à Crespi d’Adda en Italie. L’urbanisme et les idées de bien-être social de Saltaire ont eu une grande influence sur le mouvement des cités-jardins du XIXe siècle au Royaume-Uni et plus tard au niveau international. Saltaire témoigne de la fierté et de la puissance des industries fondamentales comme celles du textile dans l’économie britannique et mondiale du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Critère (ii) : Saltaire est un exemple exceptionnel et bien préservé de ville industrielle du milieu du XIXe siècle, dont la disposition devait exercer une influence majeure sur le développement du mouvement des « cités-jardins ». Critère (iv) : La disposition et l’architecture de Saltaire reflètent admirablement le paternalisme philanthropique du milieu du XIXe siècle, ainsi que le rôle prépondérant que joua l’industrie textile dans le développement économique et social. Intégrité (2009) L’intégrité de Saltaire en tant que village industriel modèle est presque totale. La limite du bien coïncide avec la taille de l’aménagement initial de Titus Salt : le village modèle et ses bâtiments associés, la majeure partie de l’ensemble des fabriques et le parc. Certains bâtiments (représentant seulement 1 % des bâtiments d’origine) ont été démolis dans le passé, mais ceux qui restaient lors de l’inscription et le plan d’ensemble sont toujours intacts. Les machineries des fabriques ont été retirées après l’arrêt des activités industrielles au milieu des années 1980. Il existe peu de possibilités de nouveaux aménagements à l’intérieur du site. Au-delà des limites du site, les nouveaux aménagements entourent le bien à l’est, au sud et à l’ouest depuis un siècle mais le paysage et la vue sur la rivière subsistent vers le nord. Authenticité (2009) Un programme intensif de réhabilitation réfléchie de tout l’ensemble a permis à ses attributs – forme et conception, matériaux et substance, et fonction (en termes de communauté vivante) – de continuer à se développer et à témoigner de sa valeur universelle exceptionnelle. Le cadre original de la vallée rurale de l’Aire a peu à peu disparu depuis cent ans, mais des paysages significatifs sont toujours présents.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 48

Étant donné que Salt avait dès l’origine l’intention de situer Saltaire dans un environnement sain, la zone tampon est importante à cet égard. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Tout le bien est protégé par le système de planification britannique, et le statut de bien du patrimoine mondial constitue une considération essentielle dont les autorités chargées de la planification doivent tenir compte pour étudier les demandes de permis. Qui plus est, les autorités sont incitées à inclure des politiques générales de protection du patrimoine mondial dans leurs plans et structures statutaires. Le City of Bradford Metropolitan District Council’s Revised Unitary Development Plan (Plan unitaire révisé du district métropolitain de Bradford) contient une réglementation spécifique de protection du bien et de sa zone tampon. L’ensemble du bien est classé zone de conservation aux termes du Planning (Listed Buildings and Conservation Areas) Act de 1990. Presque tous les bâtiments et constructions de la zone concernée sont classés aux termes du Planning (Listed Buildings et Conservation Areas) Act de 1900, et Roberts Park est classé au niveau II dans le Registre des parcs et jardins d’intérêt historique spécial. Toutes ces formes complémentaires de protection légale impliquent la nécessité d’une autorisation de l’autorité locale d’urbanisme pour toute forme de développement. Il existe, au niveau gouvernemental, une procédure d’appel en cas de refus d’autorisation. Le City of Bradford Metropolitan District Council est l’autorité chargée de la gestion du bien, dont le plan de gestion est actuellement à l’étude. Depuis l’inscription, un Designed and Open Spaces Management Plan (plan de gestion des espaces construits et ouverts) a été établi et a guidé la restauration de Roberts Park. Il convient de s’assurer que le développement à l’intérieur de la zone tampon respecte le cadre paysager qui subsiste du bien. Bien

Usines de la vallée de la Derwent

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1030

Date d’inscription

2001

Brève synthèse La vallée de la Derwent, en amont de Derby, en bordure sud des Pennines, abrite une série de filatures de coton du XVIIIe et du XIXe siècles, et un paysage industriel d’une grande valeur historique et technologique. Cela a commencé avec la construction à Derby, en 1721, d’une filature à soie pour les frères John et Thomas Lombe, fabrique qui abritait des machineries de moulinage de la soie de conception italienne. La taille, la production et le nombre d’ouvriers employés étaient tous sans précédent. Toutefois, ce n’est que lorsque Richard Arkwright construisit une filature hydraulique à Cromford, en 1771, puis une seconde plus grande, en 1776-1777, que le « système Arkwright » s’établit réellement. Les logements ouvriers associés, ainsi que les autres filatures, sont intacts et s’étendent sur 24 km le long de la vallée de la Derwent, de l’orée de Matlock Bath au nord, jusqu’à près du centre de Derby au sud. Les quatre principaux peuplements industriels de Cromford, Belper, Milford et Darley Abbey, sont articulés autour de la rivière Derwent, dont les eaux fournissent l’énergie qui alimentait les filatures de coton. Une grande partie du paysage autour des usines et des communautés industrielles, très admiré au XVIIIe et au début du XIXe siècle, a subsisté. Pour ce qui est des bâtiments industriels, les fabriques de la vallée de la Derwent peuvent être considérées comme uniques en ce qu’elles ont été les premières de leur genre et allaient servir de modèle aux fabriques du monde entier au cours des siècles qui ont suivi. C’est dans le paysage culturel de la vallée de la Derwent qu’a été conçu et établi le système manufacturier moderne utilisant la nouvelle technologie de filature du coton mise au point par Richard Arkwright, ainsi que de nouveaux procédés permettant d’optimiser la production. L’insertion d’établissements industriels dans un paysage rural imposa la construction de logements pour les ouvriers des fabriques, et les peuplements qui s’ensuivirent donnèrent naissance à un paysage industriel exceptionnel. Le passage de l’énergie hydraulique à la machine à vapeur au XIXe siècle modifia les priorités de l’industrie et les principaux attributs de ce remarquable paysage culturel restèrent donc figés dans le temps. Critère (ii) : La vallée de la Derwent a vu la naissance du système manufacturier, lorsque de nouveaux types d'édifice ont été érigés pour abriter la nouvelle technologie de filature du coton mise au point par Richard Arkwright à la fin du XVIIIe siècle.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 49

Critère (iv) : C'est dans la vallée de la Derwent qu'est apparue pour la première fois une production industrielle à grande échelle dans un paysage jusque-là rural. La nécessité de fournir des logements et des installations aux ouvriers et aux responsables entraîna l'apparition des premières villes industrielles modernes. Intégrité (2010) La relation entre les installations industrielles et leurs peuplements urbains auxiliaires et, d’une part, la rivière et ses affluents et, d’autre part, la topographie du paysage rural environnant a été préservée, particulièrement dans les hauteurs de la vallée, quasiment intactes. De même, l’interdépendance entre les usines et les autres éléments industriels, comme les canaux et la voie de chemin de fer, et les logements ouvriers, demeure parfaitement visible. Tous les attributs essentiels du paysage culturel sont regroupés à l’intérieur des limites. La forme unique de ce paysage essentiellement industriel est vulnérable en certains endroits aux menaces du développement de grande envergure, qui aurait un impact négatif étant donné la taille des foyers de peuplement industriels. Authenticité (2010) Bien que certains des bâtiments industriels aient subi des altérations et des ajouts substantiels, en vue de l’adaptation aux nouvelles pratiques technologiques et sociales, leur forme, leurs matériaux de construction et leurs techniques structurelles d’origine sont toujours intacts et facilement discernables. Les travaux de restauration sur les bâtiments en mauvais état ont été effectués après des recherches détaillées sur la documentation disponible et les exemples d’architecture contemporaine, et tous les efforts ont été faits pour garantir l’utilisation de matériaux compatibles. Dans les cas où les bâtiments ont été détruits par le feu ou démolis, aucune reconstruction n’a été tentée. L’ensemble du paysage reflète bien son développement technologique, social et économique, ainsi que la manière dont le système manufacturier moderne s’est développé dans cette région rurale à partir de l’énergie hydraulique. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Les dispositions du Town and Country Planning Act (1990) et du Planning (Listed Buildings and Conservation Areas) Act (1990) définissent un système exhaustif de contrôle statutaire. Un ensemble de politiques générales de planification est également en place pour protéger le site. Il existe treize zones de conservation comprises, en tout ou en partie, dans le bien. Huit cent quarante-huit bâtiments du site sont inscrits sur la Liste des bâtiments d’intérêt architectural ou historique particulier. Neuf monuments sont classés monuments historiques (Scheduled Ancient Monuments). Les autorités locales et des organismes publics se partagent la responsabilité de la gestion. Le Derwent Valley Mills Partnership en assure la coordination, permettant ainsi d’établir d’étroites relations de travail entre les autorités locales ayant compétence sur le bien inscrit. Grâce à ce partenariat, un plan de gestion du bien a été établi et a été récemment révisé en janvier 2007. Bien

Jardins botaniques royaux de Kew

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1084

Date d’inscription

2003

Brève synthèse Situés au milieu d’un ensemble de parcs et de propriétés le long de la rive sud de la Tamise, au sudouest de Londres, ces jardins paysagers historiques contiennent des œuvres d’architectes paysagistes de renom international tels que Bridgeman, Kent, Chambers, Capability Brown et Nesfield, qui illustrent des périodes caractéristiques de l’art des jardins du XVIIIe au XXe siècle. Les jardins abritent de très importantes collections botaniques (plantes conservées, plantes vivantes et documents) qui ont été enrichies de manière considérable au cours des siècles. Depuis leur création en 1759, ces jardins ont contribué de manière significative et continue à l’étude de la diversité des plantes et de leur classification, ainsi que de la botanique économique. La conception paysagère des Jardins botaniques de Kew, leurs bâtiments et leurs collections de plantes forment ensemble un témoignage unique sur les différentes évolutions de l’art des jardins et de la botanique, et ont été diffusés par la suite à travers le monde. Le concept de jardin paysager anglais du XVIIIe siècle a été adopté en Europe, et l’influence de Kew sur l’horticulture, la classification des plantes et la botanique économique s’est répandue sur le plan international avec l’arrivée de Joseph Banks à la direction des Jardins vers 1770. Élément essentiel d’une activité croissante en botanique, le jardin du milieu du XIXe siècle, qui remplace l’ancien jardin paysager, est centré sur deux vastes serres à verrières et à charpente métallique – Palm House et Temperate House –, qui allaient servir de modèles aux jardins d’hiver à travers le monde. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 50

Des éléments des XVIIIe et XIXe siècles – dont l’Orangerie, le Queen Charlotte’s Cottage, les « folies » et temples, Rhododendron Dell, le saut-de-loup, les perspectives paysagères sur la Pagode de William Chambers et Sion Park House, les serres à verrières et à charpente métallique, les lacs et pièces d’eau d’ornement, l’Herbier et les collections botaniques –, témoignent de l’histoire du développement des Jardins : initialement jardin d’agrément royal, puis jardin national botanique et horticole, avant de devenir une institution moderne d’écologie et de protection de la nature au XXe siècle. Critère (ii) : Depuis le XVIIIe siècle, les Jardins botaniques royaux de Kew sont étroitement associés aux échanges scientifiques et économiques qui ont été établis à travers le monde en matière de botanique, comme en témoignent leurs riches collections. Les éléments paysagers et d’architecture des jardins témoignent d’influences artistiques considérables avec le continent européen et des régions plus lointaines. Critère (iii) : Les Jardins de Kew ont largement contribué à l’essor de nombreuses disciplines scientifiques, notamment la botanique et l’écologie. Critère (iv) : Les jardins paysagers et les édifices créés par des artistes de grand renom tels Charles Bridgeman, William Kent, Lancelot « Capability » Brown ou William Chambers témoignent du début de mouvements qui ont eu une portée internationale. Intégrité (2009) Le bien possède à l’intérieur de ses limites les éléments qui témoignent de l’histoire du développement des jardins paysagers et du rôle ininterrompu des Jardins de Kew en tant que jardin botanique national et centre de recherche de plantes. Ces éléments exprimant la valeur universelle exceptionnelle du lieu sont restés intacts. La zone tampon inclut l’élément central de l’une des perspectives des Jardins sur la rive opposée de la Tamise – Sion Park House –, ainsi que d’autres parties du paysage culturel adjacent (Old Deer Park, un domaine royal au sud des Jardins de Kew, Sion Park sur la rive opposée de la Tamise, la rivière de l’Isleworth Ferry Gate au pont de Kew, le centre historique de Kew Green avec les bâtiments adjacents et l’église, puis, à l’est, les secteurs bâtis de maisons des XIXe et XXe siècles). Le développement à l’extérieur de cette zone pourrait menacer le cadre du bien. Authenticité (2009) Depuis leur création, au XVIIIe siècle, les Jardins de Kew sont restés fidèles à leur raison d’être initiale, avec des botanistes qui continuent à collecter des spécimens et à échanger leurs connaissances spécialisées au niveau international. Les collections de plantes vivantes et de plantes conservées sont utilisées par des scientifiques du monde entier. Les quarante-quatre édifices classés sont des monuments du passé qui témoignent d’expressions stylistiques de différentes époques. Ils conservent leur authenticité pour ce qui est de la conception, des matériaux et des fonctions. Seuls quelques bâtiments ont été affectés à d’autres usages que ceux d’origine (comme l’Orangerie qui accueille maintenant un restaurant). À la différence des ouvrages d’architecture, dans chacun des espaces paysagers des jardins, le passé, le présent et le futur sont si imbriqués (exception faite de quelques vestiges de jardins créés par des artistes significatifs, comme les perspectives), qu’il est parfois difficile de séparer les réalisations artistiques du passé en termes de dessin paysager des différentes époques. De récents projets, comme celui de Nessfield’s Beds (derrière le Palm House), ont commencé à interpréter et à mieux faire connaître les anciens paysages créés par Capability Brown et Nesfield. D’autres projets sont proposés dans le plan de gestion général du paysage, sous condition de financement. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien comprend les Jardins botaniques de Kew, Kew Palace et Queen Charlotte's Cottage, qui sont les biens héréditaires de Sa Majesté la reine Élisabeth II et qui sont gérés en matière de conservation par les Jardins botaniques royaux de Kew et les Historic Royal Palaces. Le bien est inclus dans une zone de conservation classée par le London Borough (district) de Richmond sur Tamise. Une partie de la zone tampon est protégée par la zone de conservation du London Borough (district) de Hounslow. Quarante-quatre édifices et structures situés dans le site ont été classés comme bâtiments ayant un intérêt spécial du point de vue de l’architecture et de l’histoire selon la loi de 1990 sur les bâtiments classés et zones de conservation. L’ensemble du site est classé au niveau 1 sur le « Registre des Parcs et Jardins présentant un intérêt historique spécial en Angleterre » établi par English Heritage. Les permis pour réaliser des travaux ou changer de fonction sont soumis à l’approbation des autorités locales qui consultent English Heritage lorsqu’il s’agit de bâtiments classés et de zones de conservation.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 51

La protection du bien et de la zone tampon est assurée par les plans d’aménagement des systèmes de planification des London Boroughs de Richmond sur Tamise et d’Hounslow, et par le Plan de Londres (Regional Spatial Strategy) et par classement. Les travaux de conservation des Jardins de Kew se poursuivent au niveau international, notamment pour le catalogage des espèces, le soutien à des projets de conservation à travers le monde, la mise en œuvre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, 1975), et de la Convention sur la diversité biologique (CDB, 1992). Le bien possède un plan de gestion de site du patrimoine mondial, un plan de conservation et un plan directeur. La mise en œuvre du plan de gestion est coordonnée par les Jardins botaniques royaux de Kew. Le plan de gestion du site du patrimoine mondial est en cours de révision, ainsi qu’un plan directeur paysager spécifique. Lors de l’inscription, le Comité du patrimoine mondial a encouragé l’État partie à adjoindre au personnel des Jardins botaniques royaux un architecte-paysagiste ou autre spécialiste qualifié de l’histoire de l’art ou l’histoire en général, afin de coordonner sur place les activités de conservation de l’architecture. Des architectes-paysagistes ayant une expérience de travail dans les paysages historiques ont été recrutés pour fournir ce type de conseils. Bien

Liverpool – Port marchand

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1150

Date d’inscription

2004

Brève synthèse Situé à l’embouchure de la Mersey sur la mer d’Irlande, le Port marchand de Liverpool joua un rôle important dans l’essor de l’Empire britannique. Il devint le principal point de passage des mouvements migratoires, notamment des esclaves et des émigrants d’Europe du Nord vers l’Amérique. Liverpool fut la pionnière du développement de la technologie portuaire moderne, des systèmes de transport et de la gestion portuaire, et de la construction de bâtiments. Six zones dans le centre historique et des bassins du port marchand de Liverpool témoignent du développement de l’un des grands centres du commerce mondial aux XVIIIe et XIXe siècles, ainsi qu’au début du XXe siècle. Un grand nombre d’édifices commerciaux, civils et publics importants sont situés dans ces quartiers, notamment Pier Head et ses trois principaux bâtiments en front de mer – Royal Liver Building, Cunard Building et Port of Liverpool Building ; le quartier des Docks avec ses entrepôts, les murs d’enceinte du port, les restes d’un système de canaux, les docks et autres installations associées aux activités portuaires ; le quartier commercial, avec ses bureaux maritimes, bourses aux produits, bureaux d’assurances maritimes, banques, entrepôts dans la ville et maisons de marchands, ainsi que le quartier culturel de William Brown Street qui comprend notamment St. George’s Plateau et ses édifices culturels et civils monumentaux. Liverpool – Port marchand témoigne du rôle de Liverpool comme exemple suprême d’un port commercial à l’époque où la Grande-Bretagne était à l’apogée de son influence mondiale. Liverpool est e devenu un port commercial majeur au XVIII siècle, crucial également à l’époque pour l’organisation du commerce transatlantique des esclaves. Au XIXe siècle, Liverpool devint un pôle marchand d’envergure mondiale pour les marchandises et l’émigration européenne de masse vers le Nouveau Monde. Il a eu une influence essentielle sur le commerce mondial, en tant qu’un des principaux ports du Commonwealth britannique. Ses techniques et constructions novatrices d’installations portuaires et d’entrepôts devinrent des références dans le monde entier. Liverpool joua également un rôle essentiel dans le développement de canaux industriels dans les Îles Britanniques au XVIIIe siècle, ainsi que dans celui des transports ferroviaires au XIXe siècle. Tout au long de cette période, et particulièrement au XIXe siècle et au début du XXe siècle, Liverpool prêta une grande attention à la qualité et à l’innovation de son architecture et de ses activités culturelles, comme en témoignent ses édifices publics exceptionnels, tels St. George’s Hall, et ses musées. Même au XXe siècle, Liverpool a continué d’apporter une contribution durable, dont témoigne le succès des Beatles, qui ont été fortement influencés par le rôle de Liverpool en tant que ville portuaire internationale qui leur a fait découvrir les gens de mer, la culture et la musique du monde entier, et tout spécialement d’Amérique. Critère (ii) : Liverpool a été un pôle majeur, générant des technologies et des méthodes novatrices dans la construction des docks et la gestion portuaire aux XVIIIe et XIXe siècles, et a ainsi contribué à la mise en place des systèmes marchands internationaux dans tout le Commonwealth britannique.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 52

Critère (iii) : La ville et le port de Liverpool constituent un témoignage exceptionnel du développement d’une culture marchande maritime aux XVIIIe et XIXe siècles, ainsi qu’au début du XXe siècle, qui a contribué à l’essor de l’Empire britannique. C’était un centre du commerce d’esclaves, jusqu’à son abolition en 1807, et de l’émigration de l’Europe du Nord vers l’Amérique. Critère (iv) : Liverpool est un exemple exceptionnel de ville portuaire marchande d’envergure mondiale, représentant les premiers développements des liaisons marchandes et culturelles dans tout l’Empire britannique. Intégrité (2009) Les domaines essentiels qui attestent de la valeur universelle exceptionnelle en termes de technologies novatrices et de constructions portuaires du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, et de la qualité et de l’innovation de son architecture et de ses activités culturelles sont présents à l’intérieur des limites des six zones qui constituent le bien. Les constructions et bâtiments les plus importants qui se trouvent dans ces zones sont généralement intacts, bien que certains comme Stanley Dock et les entrepôts associés exigent des traitements de conservation et d’entretien. L’évolution historique du tracé des rues de Liverpool au travers des différentes périodes est toujours lisible malgré quelques altérations après les destructions de la Seconde guerre mondiale. Il y a eu des réaménagements de sites déjà modifiés à la fin du XXe siècle ou endommagés pendant la Seconde guerre mondiale, par exemple sur Mann Island et à Chavasse Park, au nord et à l’est de Canning Dock. Toute l’archéologie sur ces sites à réaménager a été totalement évaluée et enregistrée ; les vestiges archéologiques inventoriés ont été maintenus in situ dans la mesure du possible, et certaines caractéristiques significatives ont fait l’objet d’une interprétation dans le domaine public. Un nouveau centre d’accueil des visiteurs s’est ouvert au coin nord-est d’Old Dock, qui a été conservé et exposé après être resté enfoui près de 200 ans. La production et l’adoption d’orientations en matière de projets architecturaux réduit le risque d’un futur développement dans le périmètre du bien du patrimoine mondial et aux alentours, susceptible d’avoir un impact négatif sur la qualité architecturale et l’esprit des lieux, ou de réduire l’intégrité des docks. Authenticité (2009) À l’intérieur du bien, les principales constructions portuaires et les bâtiments commerciaux et culturels continuent à témoigner de la valeur universelle exceptionnelle en termes de forme et de conception, de matériaux et, dans une certaine mesure, d’usage et de fonction. Les entrepôts d’Albert Dock ont été bien adaptés à de nouveaux usages. Certains nouveaux aménagements ont été réalisés depuis l’inscription et ont contribué à la cohérence de la ville en remédiant à sa fragmentation antérieure. Aucune perte d’authenticité historique importante n’est à déplorer ; les preuves matérielles du grand passé de la ville restent évidentes et visibles, et dans certains cas ont même été renforcées. Les principaux docks subsistent en tant que bassins remplis d’eau à l’intérieur du bien et dans la zone tampon. L’impact éventuel de nouveaux aménagements de la zone des anciens docks sur les abords du bien est une considération fondamentale à prendre en compte. Il est essentiel que les nouveaux aménagements à l’intérieur du bien du patrimoine mondial et de son cadre, y compris dans la zone tampon, respectent et transmettent sa valeur universelle exceptionnelle. Besoins en matière de protection et de gestion (2009) Le bien est situé à l’intérieur des limites du Liverpool City Council et est protégé par le système de planification et le classement de plus de 380 bâtiments. Les six sections du bien sont protégées en tant que zones de conservation selon les dispositions du Planning (Listed Buildings and Conservation Areas) Act de 1990. Les biens immobiliers figurant à l’intérieur de la zone inscrite au patrimoine mondial sont en propriété mixte et leur gestion est confiée à plusieurs institutions. Le bien du patrimoine mondial est régi par différents plans et politiques générales, notamment le Liverpool Unitary Development Plan (2002) et le Strategic Regeneration Framework (juillet 2001). Il existe plusieurs plans directeurs pour certaines zones précises, ainsi que des plans de conservation pour certains bâtiments. Un Townscape Heritage Initiative for Buildings at Risk dans la zone classé au patrimoine mondial et sa zone tampon incite avec succès à la restauration de bâtiments dans les zones classées du bien, et fournit une aide à cet égard. Un plan de gestion complet a été établi pour le bien et sa mise en œuvre est supervisée par le Groupe de direction du site du patrimoine mondial de Liverpool, constitué de représentants de la plupart des organismes publics concernés. Lors de l’inscription, le Comité du patrimoine mondial a demandé que la hauteur de toute nouvelle construction dans le périmètre du bien ne dépasse pas celle des constructions situées dans un voisinage immédiat ; que le caractère de toute nouvelle construction respecte les qualités de la zone historique ; et que les nouvelles constructions à Pier Head ne dominent pas, mais complètent, les monuments historiques de Pier Head. Il convient de fonder la conservation et les aménagements sur une analyse des caractéristiques du paysage urbain, et de se soumettre à une réglementation claire établissant la hauteur prescrite pour les bâtiments. Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 53

Un Document supplémentaire de planification de l’aménagement et de la conservation dans le site du patrimoine mondial et à ses abords traite les questions de gestion soulevées par le Comité du patrimoine mondial en 2007 et 2008, et a été officiellement adopté par le Liverpool City Council en octobre 2009. Bien

Paysage minier des Cornouailles et de l’ouest du Devon

Etat partie

Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord

Id. N°

1215

Date d’inscription

2006

Brève synthèse Les paysages des Cornouailles et de l’ouest du Devon ont été radicalement transformés aux XVIIIe et XIXe siècles par l’exploitation minière en puits profonds, essentiellement du cuivre et de l’étain. Les vestiges des mines, des bâtiments des machines, des petites propriétés, des ports, des canaux, des chemins de fer et des tramways, et les industries associées à l’exploitation minière, ainsi que les nouvelles villes urbanisées et les nouveaux villages attestent d’une longue période d’expansion industrielle et d’innovation prolifique. Ils témoignent ensemble, avec des imbrications étroites et de façon hautement lisible, de la sophistication et du succès des débuts d'une exploitation minière à grande échelle et industrialisée de métaux non ferreux. La technologie et l’infrastructure mises en place dans les mines de Cornouailles et de l’ouest du Devon leur a permis de dominer la production mondiale de cuivre, d’étain et plus tard d’arsenic, et d’influencer grandement les pratiques minières du XIXe siècle au niveau international. Le vaste site comprend les éléments les plus authentiques et les plus importants sur le plan historique qui subsistent du paysage minier des Cornouailles et de l’ouest du Devon de 1700 à 1914, période des plus forts impacts industriels et sociaux. Les dix zones qui constituent le site forment un paysage culturel unifié et cohérent et partagent une identité commune en tant que parties intégrantes de l’exploitation massive des minerais métallifères du XVIIIe au XXe siècle. Le cuivre, et en particulier l’étain, étaient en effet demandés en quantités de plus en plus importantes pour les besoins croissants de l’industrie et du commerce britanniques. Le cuivre servait à protéger les coques des navires en bois qui traversaient l’océan, à l’usage domestique, et comme principal constituant d’importants alliages comme le laiton, et, allié à l’étain, le bronze. L’usage de l’étain a également beaucoup augmenté avec les demandes de la ferblanterie, notamment pour les boites de conserves, et des communications. Les nombreux vestiges à l’intérieur du site attestent à l’évidence de la contribution des Cornouailles et de l’ouest du Devon à la Révolution industrielle dans le reste de la Grande-Bretagne, et de l’influence fondamentale de cette région sur l’ensemble du monde minier au niveau mondial. La technologie innovante des Cornouailles, incarnée par les moteurs à vapeur à haute pression et autres équipements miniers, fut exportée dans le monde entier. Parallèlement, on assista à des mouvements migratoires de mineurs qui partirent travailler pour gagner leur vie vers des communautés minières bien souvent fondées sur les traditions des Cornouailles. Le transfert de technologie minière et de la culture associée a abouti à une reproduction de paysages facilement discernables à l’étranger, et de nombreuses communautés issues de migrants prospèrent à travers le monde et confirment l’ampleur de cette influence. Critère (ii) : L'essor d'une activité minière industrialisée en Cornouailles et dans l'ouest du Devon entre 1700 et 1914, et plus particulièrement l'usage novateur de la pompe à eaux d'exhaure, a conduit à l'évolution d'une société industrialisée, qui s'est manifestée dans la transformation du paysage par la création de nouvelles villes et de nouveaux villages, de petites propriétés, de chemins de fer, de canaux, de docks et de ports, avec un impact profond sur l'expansion de l'industrialisation au RoyaumeUni, puis sur l'activité minière industrialisée dans le monde entier. Critère (iii) : L'étendue et la portée des vestiges des mines de cuivre et d'étain et de la transformation associée des paysages urbains et ruraux, représentent un témoignage vivant et lisible du succès de l'activité minière industrialisée en Cornouailles et dans l'ouest du Devon, quand la région dominait la production mondiale de cuivre, d'étain et d'arsenic. Critère (iv) : Le paysage minier des Cornouailles et de l'ouest du Devon – et particulièrement ses bâtiments des machines et ses pompes à eaux d'exhaure caractéristiques – en tant qu'ensemble technologique au sein d'un paysage, illustre l'importante contribution de la région à la révolution industrielle et aux changements formateurs des pratiques minières dans le monde.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 54

Intégrité (2010) Les zones incluses dans le bien reflètent de façon satisfaisante la transformation du paysage apportée par la prospérité minière en zones urbaines comme rurales, et englobe bien en totalité ces changements. Certains des paysages miniers et des villes qui font partie du bien se trouvent dans des zones d’aménagement et pourraient être vulnérables à un possible développement incompatible. Authenticité (2010) Le bien dans son ensemble possède un fort degré d'authenticité en termes de formation, conception et matériaux, et en général, d’emplacement et de cadre des caractéristiques qui subsistent. Les mines, les bâtiments abritant des machines, les bâtiments associés et autres caractéristiques ont été consolidés ou sont en passe de l'être. Les villages et les villes ont perdu quelques détails architecturaux, particulièrement en ce qui concerne les maisons en mitoyenneté, mais on considère que cela est réversible. La capacité des caractéristiques du site à continuer à en exprimer la valeur universelle exceptionnelle pourrait cependant être réduite si l’on autorisait des aménagements sans tenir suffisamment compte de leur caractère historique en tant que parties intégrantes du site. La disposition spatiale de zones telles que le port de Hayle et les abords de Redruth et Camborne représente un enjeu particulier, et ces zones pourraient se révéler vulnérables à moins que des politiques générales de planification et une orientation ne soient rigoureusement et systématiquement mises en place. Besoins en matière de protection et de gestion (2010) Le Gouvernement britannique protège les sites du patrimoine mondial situés sur son territoire de deux façons. Tout d’abord, les bâtiments individuels, les monuments, jardins et paysages sont classés selon la Loi de Planification de 1990 (bâtiments classés et zones de conservation) et selon la Loi de 1979 sur les Monuments anciens et les Zones archéologiques, et ensuite selon le système britannique de Planification spatiale, suivant les dispositions de la loi de 1990 sur l’Urbanisme et la planification rurale. Une orientation nationale sur la protection de l’Environnement historique (Déclaration 5 de la Politique générale de planification) et le patrimoine mondial (Circulaire 07/09) et des conseils et explications associés ont été publiés dans le cadre de politiques générales gouvernementales pour protéger, promouvoir, conserver et mettre en valeur les sites du patrimoine mondial, leur cadre et leurs zones tampons, et figurent dans les plans régionaux et dans les plans et cadres de référence des autorités locales. Le Comité du patrimoine mondial a reconnu que le site est protégé comme il convient par les dispositions générales du système britannique de planification. Un plan de gestion détaillé et exhaustif a été élaboré et met l’accent sur la nécessité d’une gestion intégrée et globale de ce vaste site diversifié qui comprend de nombreuses zones différentes. Le point fort principal de ce plan est le réseau efficace d’autorités locales et autres partenaires concernés qui le sous-tend. La coordination de la gestion du bien est confiée à l’Office du site. Des accords de services avec d’autres départements du Cornwall Council’s Historic Environment Department (Service de l’Environnement historique des Cornouailles) fournit effectivement des conseils en matière de planification, et assure la gestion des documents des Sites et Monuments. Les Actions stratégiques pour 2005-2010 du plan de gestion ont été pour la plupart réalisées ; une évaluation des risques et un système de suivi sont en cours d’établissement et utiliseront des systèmes de saisie de données mis en place par le Conseil des Cornouailles. La formulation de définitions de valeur universelle exceptionnelle pour des paysages spécifiques du site va également être poursuivie, ainsi que la fourniture de conseils de planification.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add, p. 55

Patrimoine mondial Distribution limitée

34 COM WHC-10/34.COM/8E.Add.2 Brasilia, 1 août 2010 Original: anglais/français

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

CONVENTION CONCERNANT LA PROTECTION DU PATRIMOINE MONDIAL, CULTUREL ET NATUREL COMITE DU PATRIMOINE MONDIAL Trente-quatrième session Brasilia, Brésil 25 juillet - 3 août 2010

Point 8 de l’ordre du jour provisoire: Établissement de la Liste du patrimoine mondial et de la Liste du patrimoine mondial en péril 8E: Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

RESUME Ce document présente le projet de décision concernant l’adoption de deux déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle soumises par deux Etats parties pour les biens n’ayant aucune déclaration approuvée à l’époque de leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Ce document devrait être lu conjointement avec les documents WHC-10/34.COM/8E et WHC10/34.COM/8E.Add. L’Annexe I contient le texte intégral des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle concernées. Projet de décision : 34 COM 8E.Add.2, voir point II

I. Historique A la suite du premier cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques en Europe, et dans le cadre du deuxième cycle de l’exercice de soumission de rapports périodiques dans les régions des Etats arabes et de l’Afrique, de nombreux Etats parties ont rédigé des projets de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle pour les biens du patrimoine mondial situés sur leurs territoires. Ces projets de déclaration sont présentés au Comité du patrimoine mondial pour adoption.

II. Projet de décision Projet de décision 34 COM 8E.Add.2 Le Comité du patrimoine mondial, 1.

Ayant examiné le Document WHC-10/34.COM/8E.Add.2,

2.

Adopte les déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle, telles que présentées dans l’Annexe I du Document WHC10/34.COM/8E.Add.2, pour les biens du patrimoine mondial suivants: - Afrique du Sud : Sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et les environs ; - Sénégal : Île de Gorée.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add.2, p. 2

ANNEXE I: Déclarations exceptionnelle

rétrospectives

de

valeur

universelle

A. BIENS CULTURELS Bien

Île de Gorée

Etat partie

Sénégal

Id. N°

26

Date d’inscription

1978

Brève synthèse L’Île de Gorée témoigne d’une expérience humaine sans précédent dans l’histoire des peuples. En effet, cette « île mémoire » est pour la conscience universelle le symbole de la traite négrière avec son cortège de souffrance, de larmes et de mort. Cette petite île de 28 ha située à 3,5 km au large de Dakar cristallise les douloureuses mémoires de la Traite atlantique. Ce destin singulier, Gorée le doit à sa position géographique d’une extrême centralité entre le Nord et le Sud, et à son excellente position stratégique offrant un abri sûr pour le mouillage des navires, d’où son nom de « Good Rade ». De ce fait, elle a été, depuis le XVe siècle, un enjeu entre diverses nations européennes qui l’ont successivement utilisée comme escale ou comme marché d’esclaves. Premier point d’aboutissement des « homéoducs » qui drainaient les esclaves de l’arrière pays, Gorée a été au cœur des rivalités entre nations européennes pour le contrôle de la traite négrière. Jusqu’à l’abolition de celle-ci dans les colonies françaises, l’île a été un entrepôt constitué de plus d’une dizaine d’esclaveries. Parmi les éléments tangibles qui témoignent de la valeur universelle de Gorée on retrouve notamment le Castel, plateau rocheux recouvert de fortifications qui domine l’île ; le Relais de l’Espadon, ancienne résidence du gouverneur français ; etc…. L’île de Gorée est aujourd’hui une terre de pèlerinage pour toute la diaspora africaine, un foyer de contact entre l’Occident et l’Afrique et un espace d’échanges et de dialogue des cultures à travers la confrontation des idéaux de réconciliation et de pardon. Critère (vi) : L’Ile de Gorée apporte un témoignage exceptionnel sur l’une des plus grandes tragédies de l’histoire des sociétés humaines : la traite négrière. Les différentes unités de cette « île mémoire » — forts, bâtisses, rues, places, etc. — racontent, chacune à sa manière, l’histoire de Gorée qui a été du XVe au XIXe siècle le plus grand centre de commerce d’esclaves de la côte africaine. Intégrité Le caractère insulaire de Gorée et un arsenal de textes juridiques contribuent à l’intégrité physique du site. L’océan atlantique constitue une zone tampon naturelle de près de 4 km. Authenticité Classée site historique par l’administration coloniale dès 1944 avec des mesures de sauvegarde spécifiques, Gorée n’a enregistré depuis aucune construction majeure susceptible de porter atteinte à l’authenticité du site qui est resté presque intact dans ces composantes les plus fortes. Mieux, les réhabilitations et restaurations ont été effectuées, pour l’essentiel, dans le respect des principes de la Convention. Besoins en matière de protection et de gestion L’île de Gorée a été classée site historique en 1944 avec des mesures de sauvegarde en 1951 (sous l’époque coloniale). Elle a par la suite été inscrite sur la liste du patrimoine national en 1975 (Arrêté N°012771 du 17 novembre 1975) et sur celle du patrimoine mondial en 1978. Un Comité de sauvegarde a été créé par arrêté en 1979. Composé de toutes les parties prenantes, ce comité veille au respect de la Convention (conformité des ouvrages de réhabilitation, sécurité du bien, etc.). La nomination d’un gestionnaire du site a fait l’objet d’un arrêté qui est en cours d’adoption.. La réplique du « Mémorial de Gorée » sur le Castel est un exemple éloquent de ce qu’il ne faut pas faire pour la préservation de l’intégrité du site et d’un commun accord avec l’UNESCO, il a été convenu de procéder à la requalification de cet ouvrage.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add.2, p. 3

A.1 AFRIQUE Bien Etat partie

Sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et les environs Afrique du Sud

Id. N°

915 bis

Dates d’inscription

1999-2005

Brève synthèse Le paysage vallonné qui abrite les sites des hominidés fossiles d’Afrique du Sud comprend des crêtes de calcaire dolomitiques avec des affleurements rocheux et des prairies dans les vallées, des cours d’eau aux rives boisées et de nombreuses sources naturelles. La plupart des sites sont dans des grottes ou sont associés à des affleurements rocheux ou à des sources. L’inscription en série inclut les Sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et les environs, ainsi que la vallée de Makapan et le site du crâne fossile de Taung. Le crâne fossile de Taung, découvert dans une carrière de calcaire à Dart Pinnacle, parmi de nombreux sites archéologiques et paléontologiques au sud-ouest de la vallée de Sterkfontein, est un spécimen de l’espèce Australopithecus Africanus. Les fossiles mis au jour dans les nombreuses grottes de la vallée de Makapan ont permis l’identification de plusieurs spécimens des premiers hominidés, notamment du Paranthropus, vieux de 2,5 à 4,5 millions d’années, ainsi que des preuves de la domestication du feu il y a 1,8 à 1 million d’années. L’ensemble de ces sites a fourni d’abondantes informations scientifiques sur l’évolution de l’homme moderne depuis au moins 3,5 millions d’années. Ils constituent à eux tous une vaste réserve de données scientifiques au potentiel considérable. Ces sites contiennent dans leurs gisements tous les éléments clés indissociables et interdépendants dans leurs relations paléontologiques. Pendant et avant la période d’occupation des hominidés, on y trouve une séquence de mammifères, micromammifères et invertébrés fossiles qui éclairent l’évolution de la faune, la paléobiologie et la paléoécologie depuis le Pliocène. Ces données jouent un rôle fondamental pour mieux nous faire comprendre l’évolution humaine et l’apparition du comportement humain moderne. Les témoignages fossiles que renferment ces sites prouvent de façon indiscutable que le continent africain est à l’évidence le berceau de l’humanité. Critère (iii) : Ce site en série recèle des témoignages exceptionnels de quelques uns des plus importants spécimens d’australopithécidés remontant à plus de 3,5 millions d‘années ; c’est-à-dire un éclairage unique sur les origines, puis l’évolution de l’espèce humaine, à travers le processus d’hominisation. Critère (vi) : Ces sites en série sont situés dans des cadres naturels uniques qui ont créé un environnement favorable à la collecte et à la préservation de restes animaux et humains qui ont permis aux scientifiques de mieux comprendre le passé. Ce site constitue donc une vaste réserve de données scientifiques, de portée universelle et au potentiel considérable, liées à l’histoire des temps les plus anciens de l’humanité. Intégrité (2005) Les Sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et les environs, ainsi que la vallée de Makapan et le site du crâne fossile de Taung, comprennent cinq éléments distincts situés dans différentes provinces, et chacun comporte une zone tampon. Collectivement, ces éléments contiennent les témoignages nécessaires des sites qui ont révélé d’abondantes informations scientifiques sur l’évolution de l’humanité moderne depuis 3,5 millions d’années. En outre, le site classé en série couvre une superficie assez importante pour constituer une vaste réserve de données scientifiques au potentiel considérable. Authenticité (2005) S’agissant de l’authenticité, les sites renferment dans leurs gisements tous les éléments essentiels indissociables et interdépendants dans leurs relations paléontologiques naturelles. Ainsi, les brèches représentant les sédiments des caves contiennent les restes fossilisés d’hominidés, leurs vestiges lithiculturels (depuis environ 2 millions d’années), des fossiles d’autres animaux, de plantes et de pollen, ainsi que des traces géochimiques et sédimentologiques des conditions de dépôt de chacun de ces éléments qui représentent une succession de paléoécosystèmes. Les grottes, brèches et strates d’où ont été extraites des quantités de fossiles ou d’outils sont généralement intactes – tout comme le paysage –, mais sont vulnérables aux pressions du développement, à l’utilisation de l’environnement par les villageois, et au tourisme.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add.2, p. 4

Besoins en matière de protection et de gestion (2005) Les différents éléments des Sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et les environs, ainsi que ceux de la vallée de Makapan et du site du crâne fossile de Taung sont actuellement protégés en tant que Sites du patrimoine national selon la Loi sur les Ressources du patrimoine national, de 1999 (Loi n° 25 de 1999). En vertu de cette législation, personne ne peut détruire, endommager, défigurer, fouiller, modifier, retirer de son emplacement d’origine, subdiviser ou changer le statut d’aucun site du patrimoine sans autorisation fournie par l’organisme chargé des ressources du patrimoine, responsable de la protection de ce site. La gestion de chaque site est supervisée par la Loi sur la Convention du patrimoine mondial (Loi n° 49 de 1999) ; la Loi nationale sur l’environnement et les aires protégées (Loi n° 57 de 2003), la Loi nationale sur la gestion de l’environnement (Loi n°107 de 1998), la Loi nationale sur la gestion de l’environnement et la biodiversité (Loi n° 10 de 2004) et la Loi sur l’aménagement du territoire (Loi n° 88 de 1967). En vertu de ces différentes dispositions législatives, l’exploitation minière ou la prospection sont absolument interdites dans les sites du patrimoine mondial et tous les aménagements font l’objet d’études d’impact sur l’environnement. Un plan de gestion, un suivi et des programmes d’évaluation sont également en place pour chacun des sites. Les cinq éléments du bien sont situés dans différentes provinces d’Afrique du Sud et chacun d’eux dispose d’un ensemble différent de structures de gestion. Les aspects de la gestion diffèrent sensiblement sur les cinq sites inscrits en série. Lors de l’inscription des trois premiers sites, il avait été envisagé de créer un Comité commun de gestion des biens du patrimoine mondial, chaque province et organisme de gestion des sites nommant des membres au sein de ce Comité commun de gestion. Il était prévu de charger ce comité de rationaliser la gestion entre les sites, de discuter de problèmes de gestion communs et de fonctionner comme une tribune de communication pour les sites. Le partage équitable des avantages du développement touristique, les projets de financement commun et le partage des compétences en matière de patrimoine figuraient parmi les aspects à considérer.

Adoption des déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle

WHC-10/34.COM/8E.Add.2, p. 5

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