II Discordances entre valeurs Républicaines et Islam

January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Sciences des religions, Islam
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La place de la religion en France Introduction Il existe 3 grandes religions en France, le Christianisme qui est la religion traditionnelle, le Judaïsme et l’Islam. Les statistiques ethniques et religieuses étant interdites en France, il est difficile de déterminer la part exacte de chaque communauté. L’islam, religion émergente en France, occupe une part importante de l’espace médiatique. Les crispations semblent se cristalliser autour de cette religion et de ces rapports avec la laïcité. Paul Thibaud définit dans l'encyclopédia universalis la laïcité comme étant d'abord « un processus de rétrécissement de l'influence de l'église dans la sphère politique » La laïcité de l'État républicain a été peu à peu infléchie dans un sens qui fait sa part à une sorte d'identité chrétienne supposée commune à tous les Français. Elle est définie par la loi du 9 décembre 1905, qui garantie la liberté de culte, la liberté de conscience, et la neutralité de l'État. Un sondage Ipsos pour Le Monde datant de janvier 2013 indique que 74% des Français considèrent la religion musulmane comme intolérante et non compatible avec les valeurs de la société Française. Ce sondage très récent est représentatif à la fois d’un mal être, d’une peur de l’intégrisme religieux mais également, de manière plus générale, d'une crispation autour de la religion musulmane; et il nous invite à nous focaliser sur cette place qu'occupe l'islam en France afin de décrypter l'origine de ces tensions. Alors, qu’en est-il vraiment ? Nous tenterons de démontrer qu’en affirmant l’existence d’une incompatibilité entre laïcité française et religion musulmane, nous désignons par des termes réducteurs une réalité vaste et complexe qui mêle Islam modéré, extrémismes, indéterminations de la laïcité et de la législation française, et effet de loupe médiatique. Nous montrerons dans un premier temps qu'il y à un renouveau du sentiment religieux en France. Ensuite, nous analyserons les rapports entre Islam et valeurs républicaines.

I Renouveau du sentiment religieux en France A Rappel historique B L’Islam comme marqueur identitaire dans les banlieues C Développement de l'extrémisme religieux Depuis vingt ans, cet islam identitaire se fait plus vindicatif et prend parfois des formes extrémistes. Ses valeurs sont portées par des groupes radicaux qui veulent bouleverser l'ordre social. L'affaire Mérah relève d'autre chose que du simple terrorisme. Le parcours de ce djihadiste montre un rejet des valeurs occidentales qui prend sa source dans la religion. Ces crimes sont commis au nom de la religion en accord avec les préceptes salafistes (estimation :

10 à 25 milles salafistes en France selon le père Delorme), branche rigoriste de l'islam qui souhaite imposer la charia et la « paix d'Allah » (C'est à dire la paix une fois que tout le monde aura été converti à l'islam par n'importe quel moyen). L'exemple de l'artiste Marocain Mounir Fatmi est révélateur. Il a annoncé le 3 octobre 2012, renoncer à la présentation d'une de ces œuvres en raison de protestations de musulmans indignés de voir des passants marcher sur des calligraphies du coran projetées au sol. La projection a eu lieu sur le Pont-Neuf à Toulouse. L'installation s'est déclenchée par erreur, le dispositif prévu pour empêcher de marcher sur l’œuvre n'était donc pas en place. Une soixantaine de musulmans se sont réunis spontanément pour empêcher les nombreux passants de marcher sur l’œuvre. Une femme a été giflée pour avoir malencontreusement mis le pied sur les versets. L'artiste s'est défendu de toute volonté de provocation et croit à un malentendu. Il souligne que l’œuvre appartient au musée d'art moderne de Doha et regrette : « à quelques kilomètres de l'Arabie Saoudite, ça n'a pas choqué. Que ça choque à Toulouse, je suis consterné, je ne comprends pas vraiment ». Quelques jours après, l'Organisation de la conférence islamique a demandé la reconnaissance en droit international du crime de blasphème. Pour Rachid Azzouz spécialiste de l'islam interrogé par Le Monde, ce qui se joue au travers de ces actions parallèles, c'est une double guerre. La première est une guerre menée au sein du monde arabo-musulman par des minorités financées par l'islam le plus radical pour imposer par la force : « des dictatures islamistes à une majorité souvent indifférente et une minorité démocrate mais apeurée ». La seconde est une guerre d'intimidation menée par les mêmes contre l'occident et sa liberté d'expression. Ce type de radicalisme peut donc être vu comme une exacerbation du sentiment religieux qui se dresse contre les valeurs républicaines.

II Discordances entre valeurs Républicaines et Islam ? A Frontières floues et effet de loupe médiatique

B Le problème de la laïcité dans la fonction publique :

Le fondement majeur de la laïcité française est la loi de séparation de l’État et de l’Église du 9 décembre 1905 comportant des dispositions libérales comme le respect de la liberté de conscience, le libre exercice des cultes, et l'organisation interne des religions. La loi de 1905

privatise la religion : en effet, il ne doit pas être demandé de service public aux différents cultes et inversement les services publics de l’État ne doivent pas porter de marque à caractère religieux. Or, par le prisme des médias, l'islam nous apparaît comme un retour du religieux qui vient fragiliser les acquis de cette loi. Dans l'espace public, les crispations communautaires se ressentent esssentiellement à la cantine où par exemple des plats de substitution sont proposés les jours où le porc est au menu. Dans son rapport de 2010 intitulé Les défis de l'intégration à l'école, Caroline Bray déclare : « Avec l’adoption de menus sans porc, des tables séparées se sont créées et des groupes se sont formés ». Dans la même perspective, Hélios Privat, ancien proviseur du lycée Jean-Baptiste Carot à Savigny sur Orge (91), a favorisé les regroupement pour faciliter et optimiser le service. Mais, il avoue que ces distinctions ont alimenté un communautarisme de plus en plus marqué qui se dresse contre le vivre ensemble. Gilles Kepel affirme à ce propos : “ Apprendre à manger ensemble à la table de l'école est l'un des modes d'apprentissage de la convivialité future à la table de la république ”. Par conséquent, les revendications islamiques ne sont pas les seules fautives : les maires ne font pas suffisamment preuve de fermeté et favorisent ainsi un phénomène de ségrégation. Ce dernier renforce l'existence d'une zone grise religieuse dans le champs républicain allant à l'encontre de la laïcité. Ce phénomène atteint son paroxysme à Villeurbanne où le dispositif suivant a été mis en place sous prétexte d'éviter les stigmatisations : un jeton de couleur que chaque élève doit poser sur son plateau. Bleu pour un menu standard, vert pour un repas sans viande, jaune pour un plat sans porc. Claude Mollier responsable de la restauration scolaire déclare : « Cette solution pragmatique simplifie le service, , et engendre le minimum de distinction entre les enfants : à aucun moment nous leur demandons la raison de leur choix ». Cette forme d’identification des élèves par le repas est une reconnaissance implicite des religions, tout à fait contraire à l’esprit d’intégration de l’école publique et laïque. Pour ce qui est des hopitaux, le docteur Benbara gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Jean Verdier à Bondy (Seine Saint-Denis) affirme que le challenge consiste à s'adapter sans faire sauter les digues de la laïcité. En effet, le personnel soignant a fait face à une augmentation des revendications religieuses à partir des années 2000 : être examiné par un soignant du même sexe, refus d'enlever le voile dans la salle de travail etc. Pour pallier cela, des affiches sur la laïcité et la mixité du personnel ont été placardées dans l'hôpital Jean Verdier afin de transmettre le discours officiel de l'hôpital. Le docteur Chassaigna affirme à ce sujet : “ depuis cet affichage clair, il n’y a presque plus de problèmes “. Dans la même perspective, le Docteur benbara déclare : « Nous faisons signer aux couples en début de grossesse des papiers précisant que nous

ne pouvons pas garantir une prise en charge strictement féminine à l’accouchement et que nous pratiquons si nécessaire des épisiotomies, des délivrances artificielles, des révisions utérines et des césariennes, cela nous sauve, on ne voit pas de mari se cramponner à une femme qu’on tente d’emmener en urgence au bloc pour une césarienne : on les a prévenus, s’ils sont là c’est qu’ils ont accepté nos règles ». Ainsi en palliant les limites de la législation française par la mise en place d'un cadre rigoureusement défini, les hopitaux parviennent à désamorcer les tensions et à préserver les acquis de la laïcité. Les musulmans peuvent néanmoins objecter que la loi de 1905 est limitée dans la mesure où le calendrier traditionnel n'a pas été remplacé par le calendrier républicain, et où les principales fêtes catholiques ont été maintenues avec les jours fériés. Il subsiste en France un minimum de religion civile.

C La liberté d'expression : La valeur constitutionnelle de la liberté d'expression est définie par l'article 11 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « La libre communication des pensées et

des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire et imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». La France est doublement tenue de la respecter car elle figure aussi dans les traités de la Convention européenne des droits de l'homme et de l'Organisation des Nations unies. La liberté de la presse est une composante importante de la liberté d'expression reconnue par la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée le 10 décembre 1948 par l'Onu dans les termes suivants : « Toute personne a le droit à la liberté

d'expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir, et de répandre des informations et des idées de toutes espèces, sans considération de frontières, sous forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen que ce soit » (article 19). Les limites de la liberté d'expression sont des limites liées soit à la protection de l'individu, soit à la morale, soit à la protection de l'ordre public. Mais Charlie Hebdo ne trouble-t-il pas l'ordre public et moral en ayant publié les caricatures de Mahomet en septembre dernier car, après tout, il favorise une marginalisation de la religion musulmane. Christian Makarian, journaliste à l’express, déclare dans le numéro du 26 septembre 2012 : “Charlie Hebdo avait parfaitement le droit de publier des caricatures de Mahomet, cette entreprise est protégée par la liberté d’expression et les principes essentiels de la démocratie”. Néanmoins, cette démarche, nécessaire dans le sens où on n'est vraiment libre que dans l'exercice de sa liberté, manque cruellement de mesure. Charlie Hebdo, en répondant de manière si offensive aux 250 islamistes radicaux qui ont manifestés devant l’ambassade des Etats-Unis contre le film “ Innocence des musulmans”, les a définis comme le seuls et vrais porteurs de l’islam au mépris des millions de musulmans français qui s'opposent à leur action. Nous assistons à un détournement de cible : l’image heurte la sensibilité de ceux qui ne se sentent pas affiliés aux salafistes et qui souhaitent uniquement exercer leur religion dans un pays qui respecte leurs différences. Charlie Hebdo suit les traces du journal danois Jyllands-Posten qui publie une série de 12 caricatures de Mahomet en réponse à la terreur insupportable qui s’est installée après l’assassinat du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, égorgé par un islamiste et aux protestations de Kare Bluigten qui se plaint de ne trouver personne d’assez courageux pour illustrer sa biographie critique qu’il venait de consacrer à Mahomet . Il s’agit donc de 12 caricatures réalisées au nom de la liberté d’opinion et d’expression. La démarche de Charlie Hebdo s'inscrit dans un contexte radicalement différent : les caricatures paraissent juste après les émeutes engendrées par le film « Innocence des musulmans » et illustre le soutien de Charlie Hebdo pour ce court-métrage qui tient des propos agressifs contre la religion musulmane. Makarian s'interroge : “ D’ailleurs provoquer les extrémistes ne revient-il pas à rentrer dans leur jeu? Entretenir la nervosité sans tenir compte des sensibilités respectives consiste-t-il à consolider les libertés fondamentales? ”. La dérision ne contibue pas à l'évolution de l'islam mais au contraire elle fait d'elle une religion à part au sein de la république.

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