L.A. extrait 2 - Le Web Pedagogique

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Lecture analytique extrait 2 « J’ai sorti mes cinq laissez-passer » à « Bienvenue à Chatila » Introduction (à rédiger) Problématique : Quels sont les enjeux de cette première confrontation avec la guerre ? Plan : I] La découverte de la guerre II] La découverte de sensations nouvelles III] L’aspect fascinant de la guerre

I] La découverte de la guerre 1) Un récit alerte Comme l’incipit, le texte relate un récit passé (alternance de passé composé et d’imparfait) à la première personne, où le personnage-narrateur (Georges), accompagné de son chauffeur et guide (Marwan) tente de franchir le barrage palestinien devant le camp de Chatila pour rencontrer Imane, palestinienne qui doit endosser le rôle d’Antigone. Les phrases courtes, les nombreuses asyndètes (absence de mot de liaison) et la simplicité de la syntaxe crée un rythme vif, propre à rendre compte d’une succession rapide des événements. 2) Le contexte : lieu et forces en présence Ce n’est qu’à la fin du texte que le lieu est explicitement désigné : « Bienvenue à Chatila » (ligne 36). Toutefois, la présence des noms « keffieh » l.3 (foulard porté par les Palestiniens), « Palestinien » (l.3), « Fatah » l. 7 (parti dont le laissez-passer est agité par le Palestinien comme un sésame) indique, dès le premier paragraphe, que Georges et Marwan sont confrontés à un barrage palestinien. 3) L’ingénuité de Georges La première phrase du passage, par la comparaison du personnage avec un « joueur de poker » suggère d’emblée son caractère naïf. En montrant tous ses laissez-passer, Georges commet un impair (que seul Marwan pourra rattraper) : il ne mesure par l’incongruité de son geste, et confond une guerre civile au Moyen Orient et le conflit entre gauchistes et droitistes d’une université occidentale… L’énumération des cinq laissez-passer (lignes 6 et 7), que le Palestinien étale sur le capot comme un trophée de guerre et qui provoque le rire de ses compatriotes, nous montre que Georges ignore tout des enjeux de ce conflit. Son innocence est telle qu’elle provoque le rire de ses ennemis. 4) Le jeu, comme une allégorie de la guerre Car, en se présentant comme un « joueur de poker », le personnage introduit l’idée que la guerre est un jeu, dans lequel chacun interprète un rôle. En effet, à travers le champ lexical du jeu (« cartes », « joueur », « poker », « hochet », « jeu », « a fait mine »), l’auteur instille l’analogie de la guerre à un divertissement (comme des enfants qui jouent à la guerre) dont l’enjeu est la vie même des protagonistes. En effet, Marwan et Georges, en pénétrant dans le camp de Chatila, mettent en jeu leur vie.

II] La découverte de sensations nouvelles 1) La perception du danger Dans ce jeu où personne n’est dupe, l’importance du sens de la vue rend compte de la tension de la scène. La présence de ce champ lexical (« yeux » l. 2 et 19, « regard » l. 11 et 24) appliqué surtout au personnage de Marwan, nous indique que, contrairement à Georges, le chauffeur a saisi immédiatement le danger de la situation. 2) La découverte de l’humiliation Familier du conflit qui anime son pays, Marwan n’hésite pas à s’humilier : « s’est excusé sans mot », « implorant le pardon », « les mains ouvertes ». Pour Georges, c’est la découverte d’un sentiment nouveau « J’étais en train de l’humilier ». Il sera confronté à ce sentiment de façon plus violente lorsqu’il rencontrera les miliciens chrétiens, qui le jetteront à terre et l’obligeront à manger son laissez-passer palestinien. 3) … et de la peur De même, si Marwan mesure rapidement les enjeux de cette confrontation (« Il tremblait », l.2), Georges ne ressent la peur qu’une fois le danger passé (« peur »l.29, « panique » l.34). Tout son corps est alors le théâtre d’une anatomie qui défaille : « mon cœur […] se remettait à battre », « J’avais les lèvres sèches », « celle du bas s’est craquelée ».

III] L’aspect fascinant de la guerre Parce qu’elle exacerbe des valeurs humaines puissantes, la guerre effraie autant qu’elle fascine. 1) Le pouvoir des mots Dans ce théâtre de la guerre, comme au tribunal, la parole est reine. Elle se déploie dans différents idiomes : d’abord l’anglais (lignes 10, 17 et 20), langue internationale pour communiquer avec l’étranger, puis l’arabe, langue qui intervient à a fin de la confrontation (lignes 26 et 35), comme signe de réconciliation et d’intégration dans la communauté palestinienne, « nouvelle famille » et « terre en plus ». Elle intervient également à différent degrés : elle est tantôt « murmuré(e) » (l. 19) par le chauffeur complice, « repris(e) » (l.22) par un Marwan inspiré, « prononcé(e) » (l.27) par le Palestinien, ou « chuchot(ée) » (l.29) par un cœur survivant. Et c’est par la parole seule que Marwan parvient à retourner la situation (« Il parlait, parlait ») en montrant « sa voiture, son passager, son cœur », énumération dont le rythme ternaire évoque, dans un même élan, le projet de Georges et l’engagement du chauffeur. La communauté palestinienne se laisse alors convaincre (« Il a hoché la tête » l. 24) car chacun voit dans la pièce ce qu’il souhaite y voir (comme en 1944, lorsque la censure allemande n’a perçu dans Antigone que la réussite du puissant Créon à imposes ses lois, alors qu’une partie du public français préférait y lire l’acte de rébellion d’une jeune fille assujettie). Chaque protagoniste de la pièce de Georges la lira et l’interprètera selon ses convictions « Antigone, dérobée par les uns, par les autres... » dira plus tard le narrateur, comme pour nous montrer le caractère éminemment politique du théâtre. 2) La valeur du respect L’expression antithétique « Il n’aimait pas Antigone, il la respectait » (l.14-15) suggère que, plus qu’un sentiment diffus, le Druze accorde une valeur supérieure au personnage d’Antigone. Il respecte celle qui, comme Georges, refusera la facilité et la fatalité, malgré le danger, au nom d’une mission symbolique. L’utilisation du plus-que-parfait (« m’avait reçu avec méfiance » l. 14) associé au présent du conditionnel (« tiendrait ») illustre le respect de Georges pour l’engagement tacite de Marwan à contribuer au projet de son ami Samuel. 3) La découverte de la loyauté et de l’amitié Le champ lexical de la proximité (« à mon côté », « aucune distance », « tout contre », « faisait corps ») évoque la prise de position physique de Marwan, engagé aux côtés de Georges. Une amitié indéfectible est scellée ce jour-là. Marwan se montrera loyal envers Samuel (dont il défend le projet, bien que le désapprouvant) et Georges (n’hésitant à braver pour lui tous les dangers) et respectera fidèlement son engagement jusqu’au bout. Parallèlement, l’amitié de Georges envers Marwan transparaît à travers l’expression « mon Druze », répétée à trois reprises (l.13, 22 et 27). Elle illustre le lien étroit qui le lie à lui. Conclusion Passage qui plonge le lecteur dans la première scène de confrontation du héros avec la guerre, dont la violence ira crescendo, jusqu’à la violence ultime : la mort. En effet, Georges suivra un chemin progressif dans la violence : de spectateur, il en deviendra acteur : « […] le Druze me proposait brusquement de prendre ma part à la guerre .».

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