LE PETIT PRINCE - ia-prod

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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sont pas des enfants de cœur. Il reste cette figure particulière, celle d’une femme hantée, développée dans Exils et Transylvania, qui demeure intrigante. Par rapport aux autres longs métrages de ce réalisateur, Les Princes ne déroge pas à la règle ; il l’a fait même ressortir. La recherche de l’illustration qui sclérose la première partie fait contrepoint à la vitalité de la seconde, lorsque les personnages prennent la route. La force singulière des films de Tony Gatlif réside dans leur dimension poétique, quand celuici capte le voyage.

novembre 2010

LE PETIT PRINCE Auteur : Antoine de Saint-Exupéry Littérature, Gallimard, 1946

Face à un conte particulièrement connu, le lecteur s’engage avec appréhension, voir même avec méfiance. Souvent écorchés par de mauvaises adaptations ou réduits à quelques formules, on a tendance à oublier que ces contes sont des œuvres à part entière. Connaître leur histoire est une chose mais les lire leur rend leur dimension. Je crois n’avoir jamais lu Le Petit Prince, ou seulement des fragments. L’image d’un renard, celle du petit prince réclamant le dessin d’un mouton, mais j’aurai été incapable de résumer cette histoire que l’on réserve d’habitude aux enfants… A 23 ans, il était temps de réparer cette irrévérence à la littérature française ! Après avoir lu les premières pages, mon appréhension a été remplacée par une sorte de joie, le plaisir de découvrir la fraicheur de ce texte, très loin des mièvreries de certains livres jeunesse. Avec un langage très simple, Saint-Exupéry vient mettre en place un univers où il ouvre la réalité avec notre imagination. L’auteur, se faisant narrateur, donne au langage une dimension presque magique. Simplement énoncés, les personnages et les lieux prennent corps et on se surprend à contempler la fleur de l’astéroïde du petit prince. Les aquarelles de l’auteur viennent parfois perturber les résonnances que produit le texte. Le lecteur peut être tenté de réduire cet ouvrage à la parole du narrateur, par laquelle chaque chose prend forme. Cependant, les déplacements subtils qu’opère sa voix font osciller ce conte entre la

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tradition orale et la nouvelle. Dans un premier temps, le narrateur partage ses observations sur le monde et se fait médiateur en nous présentant le petit prince. Puis progressivement, il s’estompe pour laisser place aux aventures de l’enfant. Des aventures qui rejoignent l’aviateur. Au fil des chapitres, un glissement s’opère de la réalité vers un univers singulier. A partir de là, tout devient possible et l’on saute de planète en planète avec le petit prince à la rencontre de personnages étranges. Comme ce businessman s’appropriant « des petites choses dorées qui font rêvasser les fainéants ». En temps que lecteur, on s’étonne de se sentir proche des personnages lorsque le petit prince vient à rester suffisamment de temps avec eux. La distance entre notre monde et cet univers permet à l’auteur de proposer son point de vue. Les questions naïves du petit prince, adressées aux autres personnages, viennent parfois fissurer notre quotidien. Plusieurs phrases, prononcées par différents protagonistes résonnent comme des morales. Mais, comme pour les différents symboles que l’on peut reconnaître dans ce texte, ces morales restent légères en étant des sources d’inspiration et non pas des dogmes à imposer.

Vendredi 3 décembre 2010

OUASMOK ? La Compagnie des Gentils Mise en scène : Aurélien Villard Texte : Sylvain Levey Théâtre, Espace 600, Grenoble

C’est un jeu, ou presque. On se croise, on se rencontre, on se séduit puis on se marie. On s’installe, on découvre l’ivresse de vivre à deux et ses difficultés et on divorce. L’histoire de Ouasmok semble banale, autant que les lieux où elle se déroule : un quartier populaire où se mêlent plusieurs influences. Ouasmok ? « C’est de l’arabe, ça veut dire comment tu t’appelles ». Quant aux personnages, mademoiselle Léa et monsieur Pierre, on les a déjà croisés. Elle, maladroite sur ses talons, un brin trop maquillée ; et lui, la tête rentrée dans les épaules, un peu plus assuré. Ils ne sont plus vraiment des enfants et pas tout à fait des adolescents. Rien de bien nouveau et pourtant cet univers familier ne laisse pas indifférent. Le texte de Sylvain Levey, avec la mise en scène de la Compagnie des Gentils, nous amène à un plaisir simple : découvrir le quotidien des 6

personnages et de s’y reconnaître. De retrouver les détails qui donnent vie à notre environnement au travers les yeux de pré-ados, sans se perdre dans la niaiserie. Il est évident que l’on s’amuse avec mademoiselle Léa quand elle énumère les objets de l’appartement de sa grand-mère, loin du catalogue aseptisé d’Ikéa. De même, on sourit lorsque monsieur Pierre énonce, telle une règle d’arithmétique, les courants littéraires étudiés en français, de la 6e à la 3e. Mais cette proximité laisse une sensation douceamère. En imitant les adultes, les personnages empruntent leurs paroles. Et dans leurs bouches, les mots retrouvent leur sens que l’habitude estompe, avec leur gravité. Le serment du mariage résonne d’une façon particulière dans une salle de théâtre. Cette sensation persiste dans les jeux cruels de monsieur Pierre et mademoiselle Léa à la limite entre faire comme si et être, entre l’enfance et l’adolescence. Mais l’acidité de cette pièce prend sa source dans l’univers dépeint, banal. Celui-ci convoque en hors champs nos inquiétudes face à la réalité. Elles contrastent avec la naïveté et la fragilité des personnages. Traversant le rire, les larmes, la lassitude, la passion, perchés en haut d’un clocher choisi comme maison, les personnages emmènent le spectateur vers une certaine sympathie à leur égard. Un sentiment que l’on développe également pour la jeune compagnie interprétant ce spectacle. Les moyens financiers semblent avoir été limités et la scénographie le révèle particulièrement. C’est une boite pivotante construite de bric et de broc. Bien investie par la mise en scène, tour à tour, cette boite devient rue ou clocher, découvre un nouveau lieu ou tourbillonne dans la colère de mademoiselle Léa. Quant aux acteurs, leur plaisir interpréter la pièce est communicatif. Il fait oublier leurs quelques maladresses. Aussi, le nom de leur compagnie, les Gentils, se révèle moqueur. C’est un jeu, ou presque.

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Petites Utopies, en associant les membres du public à son travail et en faisant part des ces étapes de sa création, propose son regard, en équilibre. Jeudi 16 décembre 2010

MUE Compagnie La Manœuvre Mise en scène : Gaëlle Bisellach-Roig Cirque, danse & manipulation d’objets, Amphithéâtre de Pont-de-Claix

Est-ce du cirque ? Une corde, une technique de jongle particulière avec des massues et l’idée d’une prouesse. La filiation est présente, mais il y a autre chose. Est-ce de la manipulation d’objets ? Prothèses de bras et masques semblent prendre vie sous le contrôle des actrices mais cela serait trop réducteur. Est-ce de la danse ? Ces mouvements des corps dans l’espace, amplifiés par l’absence de paroles, tendent évidemment vers une chorégraphie mais… quelque chose d’autre subsiste, un ensemble difficile à circonscrire. Du ça. Au commencement, rien, puis un chaos sonore nous plonge dans l’obscurité. Un pied, des doigts palpent une chaine dans un trait de lumière. Peu à peu, une quiétude s’installe et trois silhouettes étranges se dessinent. Entremêlées, se fondant les unes dans les autres, s’hybridant avec des objets, une transformation s’opère. Mue nous parle du corps, à la fois chair et instinct, animal, parfois insecte mais aussi représentation. Un soin particulier a été apporté à l’esthétique et la mise en lumière très fine capte l’attention des spectateurs. L’environnement sonore soutient l’ensemble. Les chuchotements, le souffle des actrices, les chocs sur le plateau sont distordus, mis en boucle, mixés à d’autres sons. Dans cette texture, Gaëlle Bisellach-Roig expose une vision de l’évolution, débutant dans l’indéfini, rencontrant l’objet puis l’image pour atteindre l’individu. Alors que l’on se rapproche de l’Homme au fil de Mue, les disciplines artistiques, elles, restent enchevêtrées.

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Vendredi 4 mars 2011

UNE ANTIGONE DE PAPIER, TENTATIVE DE DEFROISSAGE DU MYTHE Compagnie Les Anges Au Plafond Texte & Mise en scène : Brice Berthoud Jeu et manipulation : Camille Trouvé Théâtre et marionnettes, Festival de la marionnette, salle Olivier Messian, Grenoble

De part et d’autre de la scène, les gradins, le public. Ça et là, quelques tas de vieux papiers. Une mélodie à quatre voix et deux violoncelles monte doucement et se stoppe nette, un couteau lancé au cœur d’une cible. Le papier frémit, tremble, se déchire ; les marionnettes virevoltent et se réenfouissent dans un froissement. Après 7 années passées sur les routes aux côtés de son père, Antigone revient à Thèbes. Elle ne reconnaît plus sa ville, coupée en deux par une frontière. D’abord simple trait à la craie puis mur infranchissable, c’est sur cette ligne, contre, à travers ce symbole de l’arbitraire de Créon que ce raconte Une Antigone de papier. Le jeu des comédiens et des marionnettes, la musique, la matière, élaborent des images d’une grande force. Une constellation de références se déssine comme ce mur s’élevant au fil des scènes. celui-ci devient la barrière entre l’Europe et le Maghreb avec le fort accent provençal de ses bâtisseurs ; le jeu des violoncelles face à lui rappelle Mstislav Rostropovitch au pied du mur de Berlin ; la lumière et la violence de ce spectacle évoquent le Moyen Orient, la frontière entre la Palestine et Israël. Des murs au Mur, le spectateur s’interroge et voyage, transporté, jusqu’à l’univers de la pièce. Dans ce monde de papier, les paroles et les gestes des personnages, insufflés par la marionnettiste Camille Trouvé sous la plume de Brice Berthoud, vibrent avec des thèmes actuels, universels. Face à Hémon cherchant à vivre heureux malgré le monde et Créon invoquant la paix pour imposer cette frontière, Antigone est la dernière à s’opposer. Adolescente fière, encore empreinte de l’enfance et de l’ailleurs, fragile comme une feuille de papier, elle tente d’ouvrir des brèches.

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Mars 2011

INCENDIES Réalisateur : Denis Villeneuve, Scénario adapté de la pièce Incendies de Wajdi Mouawad avec Lubna Azabal, Rémi Girard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette Cinéma, sortie le 12 janvier 2010

29 mars, Québec A toi qui lis cette lettre, Je dis qu’une promesse non tenue est une dette. Le monde La vie Rendent certaines vérités trop dures pour qu’elles soient écrites ou même prononcées. N’ayant honoré ma parole Murée dans le silence Je suis enterrée nue, sans cercueil, Tournée vers la terre, Sans pierre et sans nom. Ici Dans la grisaille et le froid J’étais la secrétaire du notaire Jean Lebel Mais là-bas Sur cette terre Frappée par le soleil Labourée par l’horreur, J’ai été tant d’autres. A mes enfants, Jeanne Simon Je confie deux enveloppes. La première doit être remise à leur père qu’ils croyaient mort, La seconde est destinée à leur frère dont je leur avais caché l’existence. Puissent-t-ils les retrouver, remonter le chemin calciné de ma vie. Nawal Marwan

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