Lecture analytique numéro 2 : Les Caractères, « De la société ».

January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Écriture, Grammaire
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Lecture analytique numéro 2 : Les Caractères, « De la société ». Ce portrait est extrait de la 5ème section des Caractères intitules « De la société et de la conversation ». Sur l’idée des convenances à respecter dans une société polissée, La Bruyère élabore une série de portraits de convenants a ses règles de savoir-vivre et surtout de savoir parler. Arrias est le type même du causeur perverti par l’orgueil et la fatuité. Il étonne une assemblée de gens courtois par l’insolence de ses propos. Mais le dénouement, qui ridiculise ce caractère outrancier, offre un idéal de bonnes manières. Remarque : L1 à 2 : jusqu'à « chose » : présentation générale d’Arrias le pédant. L2 à 6 : jusqu'à « éclater » : Arrias mis en situation au cours d’un repas. L6 à 11 jusqu'à « circonstance » : Arrias, interrompu, répond avec insolence. L11 à 13 : coup de théâtre qui fait taire arrias.

PLAN : I)

Un personnage suffisant :

a) Presentation du personnage b) La mise en scene du caractere II)

Une societe polissee :

a) Des convives polis b) Un interlocuteur courtois c) Le discredit du denouement

I)

Un personnage suffisant : a) Presentation du personnage 

Arrias est présenté selon 2 points de vue : le sien et celui ironique de La Bruyere. - La difference tient au decalage entre ce que le personnage peut offrir comme image de lui et ce qui en est percu : « arrias a tout lu, a tout vu, il veut le presenter ainsi, c’est un homme universel , et il se donne pour tel. »(l1-2), les verbes « vouloir » et le verbe pronominal « se donne » confirme les 2 points de vue .l’un du personnage et l’autre du portraiste. - La seconde partie de chaque element du personnage indique donc une appreciation ironique de La Bruyere. - Le trait de caractere developpe ici est la fausse généralisation, l’adj qual « universel » est une antiphrase et la repetition de l’adv « tout » marque cette insistance . b) La mise en scène du caractere :



Quand arrias a pris la parole , il exploite au maximum cet espace de discours : - Ses propos sont formulées en phrase longue pour mimer son debit ininterrompu.



Le discours : -

La mise en scène des récits d’arrias est au style indirect :  L’accumulation des verbes traduit le flot de paroles : « prend la parole, l’ote, s’oriente, etc .. »  L’anaphore du pronom personnel « il » devant chaque verbe renforce ce caractere d’abondance.

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Arrias est un causeur vif comme l’exprime la parataxe et la ponctuation abondante en particulier le [ ;] a de nombreuses occurrences. Quand arrias dans la 2ème moitie du texte, repond a son contradicteur, il est outrancier :  Ses paroles sont rapportes au style direct ce qui souligne sa demesure.  En effet, arrias abandonne toute lucidite et presente des propos dangeureux car il nomme ses sources : « je l’ai appris de Sethon » et confirme par le passe compose a valeur acheve, et par la litote « rien que je ne sache d’original », il est alors pretentieux.

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La phrase se gonfle comme le personnage est gonfle d’orgueil :  Une accumulation de sub relative (4 occurences)  La dernière sub relative est un alexandrin qui montre comment arrias gonfle d’impatience.

 C’est le langage qui perdra arrias 

Le contenu des propos :

Arrias donne lui-meme une version vivante de son recit : -

Il propose d’abord des considerations pseudo-savantes sur la vie profonde du pays, rappeles par les termes genériques : « mœurs , coutumes, lois, femmes » (l4-5)

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Puis revenant sur le sur le sujet des femmes , il se fait galant et se sent oblige de raconter des anecdotes piquantes : l’ironie de la Bruyere perd cependant a travers l’aspect du verbe « recite des historiettes »(l5), le suffixe –ette a valeur d’un diminutif, devalorise les propos.

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Lorsqu’il est contredit, il se defend au nom d’une absolue veritee : ce qu’il raconte est « original » l1



L’attitude : a la grossierte de ses paroles s’ajoute celle de son attitude : « il en rit le 1er jusqu'à eclater » L 6. Le verbe eclater ici , est outrancier et traduit le manque de manière d’arrias qui se laisse aller a un rire « gras » : -

L’enflure de toute sa personne est manifeste des le debut du texte ou il ote la parole aux convives : au moment ou il est contredit, son insolence le fait reprendre son discours sans mefiance comme le rappelle la metaphore l 11 « le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencee ».

Une societe polisse

II)

a) Des convives polis : 

L’assemblee qui subit les insolences d’arrias est compose de convives de choix : - L’ancrage spatial : « à la table d’un grand » - Il faut supposer le luxe du repas et la presence de personnes qui sont des relations flatteuses comme le rappele l’aspect du verbe : « on parle a la table d’un grand du nord ». - L’assemblee compte parmi elle au moins un personnage eminent designe par le substantif « ambassadeur ».



La discretion des invites est marque par leur anonymat, ce sont des personnages effaces : - Designes par le pronom indefini « on » l 2 - Designes par le pronom demonstratif « ce » l 3 - Ils observent un silence poli : personne n’interrompt arrias d’où le flux de paroles de celui-ci - Ce sont eux plutôt dont la conversation a été interrompu par arrias, ce qui provoque la stupeur, rappele par une alliteration en [s] « ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent » l 3  Les seuls qui auraient pu parler intelligement, vont ecouter de facon critique. 

L’auditoir n’a pas le loisir ou non d’ecouter les histoires d’arrias puisqu’il prend l’initiative de reagir avant comme le rappelle l’adj numeral substantive : « le premier ».  Si La Bruyere ne mentionne aucune reaction de l’assemblee, c’est qu’elle est genee. b) Un interlocuteur courtois 

Arrias est interrompu de facon tres prudente comme le rappelle le pronom indefini « quelqu’un » et le verbe pronominal de sens reflechi « se hasarde de le contredire » , il s’agit donc d’un personnage modeste qui a laisse parler arrias avant d’oser intervenir.



La rigueur de la contradiction s’opppose au verbiage d’arrias evoque par la litote « lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies » - La force du verbe « prouver » accompagne de l’adv « nettement » montre que l’accusation est grave : c’est celle du mensonge.  L’honnete homme doit tenir a l’integrite morale du discours ; arrias n’est donc pas un honnete homme, ce qui suggere courtoisement le convive.  C’est ici le triomphe de la raison contre le delire verbal, de la mesure contre l’exces, de l’ideal du XVIIème siecle classique contre les aberrations de certains courtisans. c) Le discredit du denouement : 

Le coup de theatre de la fin du passage, qui devoile l’etendue des mensonges d’arrias, creuse l’ecart entre celui-ci et ses interlocuteurs. - Le desequilibre de la situation apparait dans le desequilibre de la phrase :l’imparfait d’un fragment long s’oppose au passe simple d’une chute rapide.  Ce coup de theatre se fait en peu de mots, sobrement, ce qui contraste avec le manque de pudeur d’arrias : - En 3 temps, arrais est confondu :  Dans les 3 elements : le nom : Sethon ;  L’insistance sur l’individu en presence : « lui-meme »  Rappelle par la sub rel « qui arrive de son ambassade », designant la situation presente de ce personnage.  Le seul fait que l’interlocuteur decline son identite ruine la mise en scene d’arrias.  etre soit meme comme l’est Sethon qui peut affirmer une identite vraie, c’est s’assurer une place honorable dans la societe. 

Le silence de La Bruyere apres cette revelation, l’abscence de commentaire de l’assemblee, sont marques par le recours au discours direct de le fin du texte rapportant les propos du personnage.  La morale du denouement est laisse a l’apprecitaion du lecteur dont on espere qu’il connait les regles de la conversation pour apprecier pleinement cette chute.

Conclusion : Ainsi, le dénouement de ce portrait donne-t-il la raison à la discrétion et à l’authenticité contre le paraitre. Arrias est pris à son propre piège, celui du langage. La force du texte vient de la mise en scène qu’il propose et qui devient une mise en pièce sans que la morale soit énoncée. Le rythme soliloque d’Arrias, la lourdeur délibérée de ses interventions et la briéveté de la chute confère dela vie à ce portrait en acte. La fin, qui refuse d’appuyer la défaite d’Arrias rend ce passage encore plus méprisable et ridicule.

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