L`élargissement du monde (XVIe-XVIIe siècle)

January 27, 2018 | Author: Anonymous | Category: Histoire, Histoire globale, Aztec
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II – Révolutionner les savoirs de la science 1) Une autre connaissance du Ciel Le système de Ptolémée (IIe siècle après J.-C.), Andreas Cellarius, Atlas céleste, 1708

Le soleil tourne autour de la Terre

Le système de Copernic (1543), Cellarius, Atlas, 1708

Le soleil est le centre de l’Univers

Du géocentrisme à

l’héliocentrisme

L’héliocentrisme est la théorie selon laquelle le soleil est au centre de l’Univers.

Nicolas Copernic,

astronome polonais, publia en 1543 des hypothèses

qui rompaient avec le savoir antique : la Terre

n’est pas le centre de l’Univers mais toutes les

sphères tournent autour du Soleil, qui est le vrai centre de l’Univers.

Les conséquences du système de Copernic La fin du cercle parfait

L’orbite de Mars vue dans le système géocentrique (avant 1596) puis héliocentrique (après 1596) selon Johannes Kepler

Le monde est rempli d’une matière fluide universelle

La fin du monde fini Le système de Descartes, Claude Buy de Mornas, Atlas historique et géographique, 1761

Il existe un nombre infini de mondes

2) Une autre connaissance du corps humain La leçon d’anatomie, Rembrandt (1606-1669), 1632

L’anatomie au Moyen Âge Médecin pratiquant une dissection, Liber notabilium Philippi septimi francorum regis, a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345 L’anatomie est l’étude du corps humain et des organes qui le composent.

Localisation des organes – Le diaphragme, Liber notabilium Philippi septimi francorum regis, a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345

Paroi abdominale – L’utérus, Liber notabilium Philippi septimi francorum regis, a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345

Le péritoine – L’œsophage, Liber notabilium Philippi septimi francorum regis, a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345

André Vésale (1514-1564), Pierre Poncet, XVIe siècle Le projet de Vésale « L’anatomie était alors traitée de manière si superficielle que, m’étant entraîné tout seul, sans guide, à disséquer des animaux, […] je fis en public une dissection plus poussée que celle qui devait avoir lieu et qui devait concerner, comme le veut la coutume, presque exclusivement les seuls viscères. Mon propos était de mettre à jour les muscles de la main et de disséquer plus à fond les viscères : car, à l’exception de huit muscles de l’abdomen honteusement déchiquetés dans le mauvais ordre, personne ne nous avait montré un muscle, ou un os et encore moins un réseau nerveux, des veines et des artères. » Source : André Vésale, De humani corporis fabrica, 1543.

De humani corporis fabrica, André Vésale, 1543, réédité par J. Janssonium, Amsterdam, 1642

Planches anatomiques, Léonard de Vinci, Carnets, 1510-1511

L’anatomie humaine connut aussi des progrès considérables grâce aux dissections du flamand André Vésale. Fondées sur l’observation approfondie du corps, elles permirent de corriger les erreurs des savants grecs.

Soigner, de l’Antiquité à l’époque moderne Médecin grec pratiquant la saignée, vers 480-470 av. J.-C.

Médecin arabe pratiquant la saignée, Kashan, XIIIe siècle

Médecine et astrologie, Très riches heures du Duc de Berry, XVe siècle

Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens necessaires à icelle, Ambroise Paré, Paris, 1564

3) Une autre conception de la science Une nouvelle méthode pour les sciences « Mes idées sont nées de la pure et simple expérience qui est la vraie maîtresse. L’expérience est la seule interprète de la nature. Il faut donc la consulter toujours et la varier de mille façons. Aucune investigation humaine ne se peut appeler vraie science si elle ne passe par des démonstrations mathématiques. » Source : Paracelse, Liber paragraphorum, épître, vers 1527. Une nouvelle méthode en médecine « Qui donc ignore que la plupart des médecins de notre temps ont failli à leur mission de la manière la plus honteuse, en faisant courir les plus grands risques à leurs malades ? Ils se sont attachés, avec un pédantisme extrême, aux sentences d’Hippocrate, de Galien et d’Avicenne. Ce sont donc l’expérience et la raison, et non les autorités, qui me guideront lorsque je prouverai quelque chose. » Source : Paracelse, Liber paragraphorum, épître, vers 1527.

Le rôle de l’expérience dans les progrès de l’astronomie Galileo Galilei, dit Galilée (1564-1642), Leoni Ottavio, 1624

Lunettes astronomiques de Galilée, 1609-1610 Galilée observe Jupiter « Le 7 janvier de cette année 1610, à la première heure de la nuit, alors que je regardais les astres avec la lunette, Jupiter se présenta à moi, et j’aperçus près de la planète trois astres, petits certes, mais très brillants. […] Nous n’avons plus seulement une planète tournant autour d’une autre tandis que l’ensemble tourne autour du Soleil. Nous voyons de nos propres yeux quatre astres qui tournent autour de Jupiter, comme la Lune autour de la Terre, tandis que l’ensemble tourne autour du Soleil. » Source : Galilée, Le Messager des étoiles, 1610.

L’observation des lunes de Jupiter, Le Messager des étoiles, Galileo Galilei, 1610

Les satellites galiléens de nos jours, montage d’images obtenues par la sonde spatiale Voyager-1 lors de son survol de Jupiter, début mars 1976

III – Utiliser et diffuser les savoirs nouveaux 1) L’exploitation du Nouveau Monde Les grands empires précolombiens

La conquête espagnole du Mexique (1519-1521) Novembre 1518 Hernan Cortés part explorer les côtes du Yucatan.

Octobre 1519 Cortés fait brûler ses vaisseaux pour obliger ses soldats à le suivre dans la conquête de l’empire aztèque.

Portrait d’Hernan Cortés Cortés, La Malinche et son armée, fin XVIe siècle

L’empire aztèque à l’arrivée des conquistadors

L’empire aztèque s’est développé du XIVe siècle jusqu’à sa destruction en 1521. Sa capitale Tenochtitlan a été fondée en 1325 ou 1345. A l’arrivée des Espagnols, il comptait environ 25 millions d’habitants et était à l’apogée de sa puissance.

La fondation légendaire de Tenochtitlan, Codex Mendoza, 1535-1550 La légende veut qu’après des siècles d’errance les Aztèques aient fondé leur capitale à l’endroit où ils virent un aigle perché sur un figuier de Barbarie, comme le leur avait annoncé leur dieu tribal, Huitzilopochtli.

Pendentif représentant un chefguerrier en tenue rituelle, 1200-1521

Masque de turquoise pouvant représenter la divinité Xiuhtecuhtli, trouvé à Mexico, 1400-1521

Serpent à deux têtes, probablement porté comme pectoral lors des cérémonies, Mexique, 1400-1521

Dans la mythologie aztèque, le serpent était très important. Il était associé à plusieurs divinités : le serpent à plumes (Quetzalcoatl), le serpent de feu (Xiuhcoatl), le dieu de la chasse (Mixcoatl) et la déesse de la terre (Coatlicue)

Ornements de collier en forme de grenouille (symbole de la fertilité et de la pluie dans la culture Aztèque), XVe-début XVIe siècle

Jarre tripode en forme d’oiseau, XVe-début XVIe siècle

Novembre Cortés rentre sans combat dans la capitale aztèque, Tenochtitlan (200 000 habitants). 1519 Bien que reçu comme un demi-dieu, il prend l’empereur Moctezuma II en otage. Le marché de Tlatelolco, quartier commerçant de Tenochtitlan « En arrivant à la grand place, […] nous tombâmes en admiration devant l’immense quantité de monde et de marchandises qui s’y trouvait […]. Commençons par les marchands d’or, d’argent, de pierres précieuses, de plumes, d’étoffes, de broderies et autres produits ; puis les esclaves, hommes et femmes […]. D’autres marchands se trouvaient là, vendant des étoffes ordinaires en coton […]. On y voyait aussi des marchands de cacao. […] Il y avait encore le département de la poterie, faite de mille façons, depuis les jarres d’une taille gigantesque jusqu’aux plus petits pots. » Source : Bernard Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne, 1568.

Juin Les Aztèques se révoltent contre les Espagnols. 1520 Assiégés, ils s’enfuient de Tenochtitlan au cours de la « Nuit triste » (Noche Triste), où ils perdent de nombreux hommes.

La Noche triste du 30 juin 1520, Lienzo de Tlaxcala, XVIe siècle

Mai- Avec l’appui d’alliés indiens, Cortés assiège août Tenochtitlan. La ville prise, il est nommé 1521 gouverneur de la Nouvelle-Espagne par le roi.

La prise de Tenochtitlan, Lienzo de Tlaxcala, XVIe siècle

Tenochtitlan-Mexico lors de sa conquête, P. Savorgnano, Praeclara Ferdinadi Cortesii de Nova maris Oceani Hyspania Narratio, Nuremberg, 1524

Les causes de la victoire espagnole Les soldats espagnols face aux guerriers aztèques, Codex Duran, XVIe siècle

Arme à feu (arquebuse)

Arbalète

Les conséquences de la conquête « Comment pouvez-vous maintenir [ces Indiens] dans une telle oppression et un tel épuisement, sans leur donner à manger ni soigner leurs maladies, puisqu’à cause du travail excessif que vous leur imposez ils meurent, ou plutôt vous les tuez, pour avoir un peu plus d’or chaque jour ? […] Ne sont-ils pas des hommes ? » Source : Sermon d’Antonio Montesinos, cité par Bartolomé de Las Casas, Histoire des Indes, terminé en 1562.

Evolution de la population aztèque entre 1519 et 1605

Des missionnaires espagnols détruisent des statues d’idoles aztèques, copie du Manuscrit mexicain de Tlaxcala, 1585

Couteau de sacrifice, Mexico, 1400-1521

Sacrifices humains par les Aztèques, Codex mexicain

Les échanges de Séville avec l’Amérique en 1584 (% en valeur) Séville  Amérique

Amérique  Séville

Produits manufacturés : 78 % dont : - textiles (toiles, fils, habits…) : 80 % - autres (papier…) : 20 %

Métaux précieux : 80 % (or et argent)

Produits agricoles : 22 % (surtout vins et huile)

Denrées coloniales : 20 % (colorants, cuirs, plantes médicinales)

Les aventuriers avides de nouveaux savoirs sur la Terre laissèrent vite place à des hommes de guerre animés par la seule soif des richesses, comme Hernan

Cortés. Sa conquête de l’empire aztèque, rapide (deux ans seulement : 1519-1521) en raison de la supériorité militaire espagnole, aboutit ainsi au massacre de nombreux indigènes, à la réduction en esclavage de ce peuple amérindien, à sa christianisation et au pillage des ressources des terres nouvelles (or, argent…).

Les premiers empires coloniaux (XVe siècle-milieu du XVIIe siècle)

Suite aux conquêtes, grâce à leur supériorité en matière cartographique, Espagnols et Portugais constituèrent les deux plus grands empires coloniaux du monde. Une colonie est un territoire possédé et administré par un pouvoir étranger à ce territoire.

L’arrivée massive en Europe de l’or et de l’argent des colonies du Nouveau Monde ainsi que la diffusion de la

religion chrétienne et des langues européennes hors d’Europe expliquent la domination des puissances

européennes sur le reste du monde à partir du XVIe siècle.

2) Lieux et moyens de diffusion des savoirs nouveaux

Les hautslieux scientifiques en Europe aux XVIe et XVIIe siècles

Le soutien de mécènes

Les Académies : la science au service du pouvoir Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie Royale des Sciences créée en 1666, Henri Testelin, vers 1667

Science astronomique Carte du Canal royal des DeuxMers

Science géographique

Globe terrestre

Traités scientifiques publiés par les académiciens Globe céleste

Sextant

Science astronomique

Science vétérinaire

Squelette de girafe

Observatoire de Paris (1671)

Sphère armillaire Lunette astronomique

Squelettes d’animaux

Les scientifiques

Abbé Jean-Baptiste du Hamel, 1er secrétaire de l’Académie

Membres de la Cour

Le contrôle du pouvoir royal

Monsieur, frère du roi

Colbert, ministre du roi Louis XIV (roi)

Charles Perrault, haut fonctionnaire du roi

Dans toute l’Europe, à partir du XVe siècle, la confiance des savants dans le progrès des sciences les amena à

se regrouper hors des universités pour augmenter et diffuser leurs découvertes. Dans ce but et pour utiliser ces connaissances nouvelles à des fins politiques, des princes mécènes comme Louis XIV créèrent pour eux des Académies.

3) Des savoirs nouveaux difficiles à imposer Les systèmes du monde en balance, Giovanni Battista Riccioli, Almagestum novum astronomiam veterum novamque complectens, Bologne, 1651

Système de Copernic héliocentrique Système de Ptolémée géocentrique

Galilée, Sustermans Justus, vers 1635 Les idées de Galilée « Depuis plusieurs années déjà, je me suis converti à la doctrine de Copernic, grâce à laquelle j’ai découvert les causes d’un grand nombre d’effets naturels dont il est hors de doute que l’hypothèse commune ne peut rendre compte. J’ai écrit sur cette matière bien des considérations, des raisonnements et des réfutations que jusqu’à présent je n’ai pas osé publier épouvanté par le sort de Copernic lui-même, notre maître, qui, s’il s’est assuré une gloire immortelle auprès de quelques-uns, s’est exposé d’autre part (si grand est le nombre des sots) à la dérision et au mépris de beaucoup d’autres. » Source : Galilée, Lettre à Kepler, août 1597.

Cardinal Robert Bellarmin L’Eglise censure les idées de Copernic « Première proposition à étudier : le Soleil est au centre du monde et complètement immobile de mouvement local. A l’unanimité, cette proposition est déclarée insensée et absurde en philosophie, et formellement hérétique, en tant qu’elle s’oppose expressément aux sentences de la Sainte Ecriture, en plusieurs endroits, soit sur le sens littéral des mots, soit sur l’interprétation commune des Saints Pères de l’Eglise. » Source : Sentence du Saint-Office, 1616.

Frontispice du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Galilée, 1632

Urbain VIII, Le Bernin, 1632

Sagredo (l’homme naïf)

Salviati (idées de Copernic)

Simplicio (idées de Ptolémée)

Le procès de Galilée devant l’Inquisition à Rome (12 avril-22 juin 1633), peinture anonyme, Italie, 1680 7 cardinaux : le tribunal de l’Inquisition

Fra Fiorenzuola, commissaire général

Couvent Santa Maria sopra Minerva à Rome

La Terre au centre des sphères de l’univers, Gossuin de Metz, L’Image du monde, copie du XIIIe siècle Pour les hommes d’Eglise qui jugent Galilée, le géocentrisme est prouvé par la Bible. L’héliocentrisme lui est contraire : Galilée est donc un hérétique du point de vue de la foi et a tort du point de vue scientifique.

L’abjuration de Galilée (22 juin 1633) « Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici agenouillé devant les très éminents cardinaux inquisiteurs généraux jure que j’ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai tout ce que la Sainte Église Catholique affirme, présente et enseigne. J’ai été condamné d’abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas et que la Terre n’est pas au centre du monde et se déplace ; j'ai été condamné à ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée ; et j’ai été averti que cette doctrine n’est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures. […] J’abjure et je maudis d’un cœur sincère et d’une foi non feinte mes erreurs. » La réhabilitation de Galilée (31 octobre 1992) « Galilée, qui a pratiquement inventé la méthode expérimentale, avait compris, grâce à son intuition de physicien de génie et en s’appuyant sur divers arguments, pourquoi seul le soleil pouvait avoir fonction de centre du monde, tel qu’il était alors connu, c’est-a-dire comme système planétaire. L’erreur des théologiens d’alors, quand ils soutenaient la centralité de la terre, fut de penser que notre connaissance de la structure du monde physique était, d’une certaine manière, imposée par le sens littéral de l’Écriture Sainte. » Source : Jean-Paul II, Discours aux participants de l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences, § 12, AAS 85 [1993], p. 770.

Durant tout le Moyen Âge, soit plus de 1000 ans, les observations scientifiques du

monde étaient toujours liées aux vérités religieuses contenues dans la Bible. C’est pourquoi, en niant le géocentrisme qui était, selon

l’Eglise, prouvé par la Bible, des scientifiques comme

Galilée furent sanctionnés.

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