Les bâtiments et leur décor - Bibliothèque Sainte

January 15, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Architecture
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Description

Détail de la structure métallique. Par Marie-Lan Nguyen (Travail personnel), CC-BY-2.0-fr, via Wikimedia Commons.

Les bâtiments et leur décor

La nouvelle construction dans son époque Au début du XIXe siècle l’usage du fer et de la fonte se généralise dans la construction des bâtiments, cette évolution aboutira à ce symbole qu’est la tour Eiffel érigée à l’occasion de l’exposition universelle de 1889. Labrouste, lorsqu’il reçoit mission d’élaborer la nouvelle Bibliothèque sainteGeneviève, a connaissance des réalisations entreprises depuis le début du siècle comme à l’époque précédente. Il fait néanmoins œuvre de novateur à tous les titres. Non seulement il laisse la fonte apparente en conciliant fonction et décor, mais plus largement la bibliothèque qu’il conçoit dans une autonomie spatiale inédite a sens de manifeste. Son œuvre donne le coup d’envoi de la modernité en architecture. Il repense les exemples du passé et invente des solutions nouvelles en adéquation à ce projet particulier. L’œuvre de Labrouste se situe dans un contexte historique local bien précis. Un conflit oppose la bibliothèque, restée sur place à la révolution sous les combles des anciens bâtiments de l’abbaye, et le lycée qui occupe depuis le début du siècle les étages inférieurs. Dès 1838, décision est prise de déplacer la bibliothèque et Labrouste reçoit la charge de l’opération. L’ancien collège de Montaigu, un temps prison, est partiellement transformé pour recevoir dès le mois d’octobre 1842 les collections les plus utilisées. Le reste de l’édifice est démoli afin de permettre la construction nouvelle. Ce projet s’inscrit dans le vaste plan d’urbanisme généré autour de l’église sainte-Geneviève de Soufflot, devenue le panthéon. La loi du 5 juillet 1844 prévoit notamment le percement de la rue Soufflot et la construction de la mairie, réplique de l’école de droit. La nouvelle bibliothèque est citée comme partie de l’ensemble alors que la face sud de la place est laissée à l’initiative privée. La première pierre du bâtiment fut posée en août 1844, les travaux se poursuivant pour le gros œuvre jusqu’en 1847. Le parti adopté pour la façade est celui d’une annonce de l’intérieur. Le rezde-chaussée, relativement fermé, donne une impression de puissance, il fait contraste avec l’étage largement ouvert. Cette distinction correspond à une réalité fonctionnelle. Le rez-de-chaussée, voué aux livres peu consultés ou précieux, s’orne d’une guirlande continue et mouvante. Les fenêtres comme la porte d’entrée semblent se découper dans la muraille, leur forme même est leur principal ornement. L’étage, destiné à recevoir la salle de lecture, s’éclaire de 41 fenêtres qui se succèdent presque en continu et ont pour soubassement un catalogue monumental gravé. La liste des 810 noms d’auteurs célèbres qui le composent commence avec Moïse et s’achève avec Berzélius, savant suédois mort en 1848. Les noms répondent sur la façade aux livres placés juste derrière dans la salle de lecture. Le caractère plan de cette façade est le signe de sa modernité, les frises, pilastres et gravures y ajoutent une discrète élégance.

Le vestibule d’entrée Labrouste aurait voulu aménager un jardin le long de la façade principale du bâtiment pour «  l’éloigner du bruit et de la voie publique et préparer au recueillement les personnes qui le fréquentent  ». Un tel projet ne put voir le jour faute de place. Ce jardin a été transposé par Alexandre Desgoffe dans les peintures du pourtour qui représentent des arbres et des végétations de tous les pays. La pièce, tamisée, se prête à une autre interprétation, en souvenir de Dante ou dans la proximité des convictions d’Auguste Comte. Le vestibule est alors la forêt obscure de l’ignorance, dont le lecteur s’arrache au fur et à mesure qu’il gravit l’escalier pour atteindre la salle de lecture, temple du savoir. Ce cheminement est encore accompagné par vingt bustes de personnages symbolisant les différentes disciplines représentées dans les collections de la Bibliothèque. Ils sont l’œuvre de Carle

Elshoecht, Louis-Parfait Merlieux et Nicolas Mallet, le plus expressif de tous. Plusieurs ont figuré au salon de 1849.

Les salles du rez-de-chaussée La partie gauche contenait autrefois les collections de théologie et les doubles. Elle a gardé ce rôle de stockage de masse, accentué, en 1931-1932, lors de l’installation d’un magasin métallique inspiré du fameux magasin des imprimés établi par Labrouste à la Bibliothèque nationale. Avant même la fin du XIXe siècle, il fallut se résoudre à y installer des bureaux absents des plans primitifs. La partie droite était destinée dès l’origine à conserver les fonds précieux. On la dénommait «  salles des manuscrits et estampes  ». Ce rôle lui reste en partie dévolu sous l’appellation de Réserve. Elle abrite également la direction et le Cabinet du conservateur, dans lequel figurent certains des objets les plus précieux de la Bibliothèque. Les boiseries et les armoires de chêne ont été établies pour l’essentiel du temps de Labrouste en deux étapes (1850 et 1866). Une restructuration importante a été entreprise en 1933. La salle de lecture actuelle remplaça deux vestibules abritant des collections d’objets d’art ; la salle de lecture ancienne fut divisée en trois pour permettre l’accueil de la bibliothèque littéraire de Jacques Doucet et la création de bureaux. Le mobilier et les objets d’art provenant de la bibliothèque de l’abbaye sont exposés dans ces divers espaces.

L’escalier d’honneur Cette partie du bâtiment, pleine d’ampleur et de noblesse, répond très exactement à sa vocation de montée initiatique vers la lumière. Sur des paliers intermédiaires, deux bustes rappellent les rôles de refondateurs joués par le cardinal de la Rochefoucauld au XVIIe siècle en ce qui concerne les collections d’ouvrages, et par Labrouste qui, deux siècles plus tard, a conçu un lieu si approprié à leur étude. Ils sont dus respectivement à Raymond Barthélémy (1878) et Eugène Guillaume (1881). Les peintures décoratives sont inspirées de relevés rapportés d’Italie. D’Italie aussi viennent les copies de Raphaël exécutées par les frères Paul et Raymond Balze. L’école d’Athènes (9,60 x 6 m) fait pendant aux baies vitrées donnant sur la salle de lecture, illustrant à l’avance l’enrichissement promis à ceux qui franchiront le seuil.

La grande salle de lecture Labrouste ne disposant pas de précédents adaptés eut besoin de longues réflexions pour établir cette partie du projet. On observera cependant que les grandes lignes sont fixées dès les premières esquisses qui nous sont parvenues. On peut penser que la disposition en deux nefs s’inspire du réfectoire de l’ancienne abbaye de Saint-Martin-des-Champs. Un grand nombre de proportions sont inspirées des observations faites dans l’ancienne bibliothèque pendant la courte période où il en assura l’entretien. Un plafond soutenu par des piliers avait été envisagé d’abord. Mais l’attitude ouverte du conseil général des bâtiments civils incita Labrouste, dès 1840, à le remplacer par une structure de fonte sur colonnes supportant dans un premier temps un plafond plat en pans brisés orné de caissons, puis finalement une voûte. L’architecte espérait par ce procédé accentuer la pénétration de la lumière largement dispensée par 41 fenêtres jusqu’au moindre recoin de sa salle. Le Conseil avait laissé le choix entre une voûte ou une structure de fer pour soutenir le plancher de l’étage. C’est cette dernière solution qui fut retenue. Cette partie ne présenta pas de difficulté majeure dans sa réalisation.

La fonte des grands arcs, considérés comme partie intégrante de la décoration de la salle, fut autrement plus délicate. Labrouste travailla aux dessins, aux modèles d’exécution avec le concours du serrurier Roussel et du fondeur Calla. Il y eut plusieurs prototypes dont la résistance fut testée avec des poids avant de s’arrêter sur le choix définitif. La structure en fer du comble repose directement sur chacun des grands arcs. Entre les arcs, un réseau de poutrelles et un maillage de fil de fer servent de support au lit de stuc. Le décor peint reste discret, juste présent pour mettre en valeur les livres qui doivent seuls retenir l’attention. Les grandes armoires de chêne concourent au même but. Certaines ont disparu qui meublaient en un épi central l’axe de la salle. De même, les tables ont changé de sens afin de gagner en capacité d’accueil. Subsistent encore plusieurs centaines de chaises réalisées d’après le dessin de l’architecte, à la fois classiques dans leur décor de bois tourné et modernes dans leurs proportions. Deux éléments en vis-à-vis marquent l’entrée : le sas établi autour de la tapisserie L’Étude surprise par la Nuit (terminée en 1853 aux Gobelins sur un carton des frères Balze) qui en détermina les proportions et le bureau du bibliothécaire significatif par son décorum et sa position en estrade. La force et le mystère de cette salle magnifique sont tels que les changements n’altèrent en rien l’esprit originel auquel ils doivent se soumettre.

Le bâtiment d’administration Sur ses plans primitifs, Labrouste avait prévu un logement pour l’administrateur et diverses dépendances à gauche de son bâtiment. De ce projet abandonné la façade a été conservée. Labrouste reporta de l’autre côté de la rue des Sept-Voies (aujourd’hui rue Valette) la construction d’un bâtiment de logements pour l’ensemble des personnels et services installés jusqu’alors audessus du lycée. La relative continuité des façades des trois corps de bâtiments successifs donne tout son sens à cette partie de la place.

Les nouveaux bâtiments Les prévisions de Labrouste se révélèrent très rapidement insuffisantes. Il n’en fallut pas moins attendre un siècle pour qu’un petit bâtiment de magasins fût enfin accolé à l’escalier d’honneur en 1954. La période étant faste, une seconde construction, réalisée elle aussi par André Leconte et reliée à l’ensemble par une passerelle, fut ajoutée en 1961. Non seulement des magasins et des bureaux, mais encore la Bibliothèque Nordique, l’une des spécificités de la Bibliothèque SainteGeneviève, y prirent place.

Restauration et restructuration Depuis septembre 2007 et jusqu’à la fin 2012, un certain nombre de rétablissements et de réaménagements ont permis à la Bibliothèque de mieux rayonner. Tout d’abord la façade principale a été restaurée et a retrouvé son éclat primitif. Ensuite, un certain nombre d’espaces ont été restructurés par Sylvain Dubuisson et délestés de tous ajouts superflus : le vestibule d’honneur notamment. Enfin, il a conçu un écrin pour le cabinet de curiosités qui a retrouvé un espace muséal digne de l’intérêt des objets qu’il renferme. Au-delà, un certain nombre de salles ont été affectées à de nouvelles fonctions : cafétéria et salle d’autoformation. Les partis de Labrouste se sont vus tout au long de ces travaux largement confortés et honorés. 10, place du panthéon - 75005 paris Tél. : 01 44 41 97 97 - Fax : 01 44 41 97 96 - E-mail : [email protected] - http://www-bsg.univ-paris1.fr

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