Les garçons et Guillaume, à table !_Dossier de presse B

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Les Garçons et Guillaume, à table ! Avec ce film hilarant, Guillaume Gallienne adapte son one-man-show à succès lancé en 2008, dans lequel il évoquait son éducation très particulière. Un pari réussi pour ce sociétaire de la Comédie Française. 19/11/13 - 15 H 49

Thierry Valletoux / Gaumont - Rectangle Productions - LGM Cinéma

LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE *** de Guillaume Gallienne. Film français, 1 h 25 Ceux qui ont adoré le spectacle du même nom se demandent peut-être pourquoi l’adapter au cinéma – même histoire, mêmes dialogues. Et pourtant, si le film s’ouvre sur une scène de théâtre, il n’est en rien du théâtre filmé. Avec le long métrage, ce récit hilarant et parfois douloureux d’une quête d’identité prend une nouvelle ampleur. Guillaume Gallienne donne corps aux décors de son enfance et de son adolescence : les grandes demeures bourgeoises dans lesquelles il a grandi, l’Espagne des films d’Almodovar et l’Angleterre de James Ivory telles qu’il les voyait lors de ses séjours. Surtout, en confiant les rôles qu’il jouait sur scène à de magnifiques acteurs comme André Marcon et Françoise Fabian, il laisse davantage de place à l’émotion. Mais comme au théâtre, il passe en 1 h 30 de manière convaincante de ses 12 ans à ses 30 ans ; il interprète toujours sa mère, entre élégance racée, exaspération hautaine et humour assassin, avec une telle justesse qu’on en oublie le travestissement. On retrouve, enrichi, tout ce qu’on a tant aimé sur scène : l’autodérision réjouissante qui rappelle celle de Woody Allen à ses débuts, la confession émouvante et sensible, la générosité et la sincérité d’un comédien qui donne sans compter. Et pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le spectacle, c’est le moment d’une découverte euphorisante. CORINNE RENOU-NATIVEL, http://www.la-croix.com/Culture/Cinema/Les-Garcons-et-Guillaume-atable-!-2013-11-19-1062900 19/11/13 - 15 H 49

« Les garçons et Guillaume, à table ! » : étincelant*** Publié le 20.11.2013, http://www.leparisien.fr/cinema/critiques-cinema/les-garcons-et-guillaume-a-tableetincelant-20-11-2013-3332871.php

La comédie autobiographique de Guillaume Gallienne a déjà été récompensée dans plusieurs festivals.|

Vous avez bien ri avec « Neuf mois ferme », d'Abert Dupontel? Apprêtez-vous à remettre le couvert avec cette histoire d'adolescent qui ne sait plus très bien sur quel pied grandir. Dans une famille éminemment bourgeoise où l'on ne badine pas avec les codes, Guillaume ne ressemble en effet ni à son père ni à ses frères, icônes de la virilité. Résultat, il cherche refuge dans l'imitation de sa mère, laquelle, plus qu'agacée, envoie constamment aux fraises ce fiston atypique. Adaptation à l'écran d'une pièce autobiographique à succès, « Les garçons et Guillaume, à table! » est une comédie étincelante et, parfois, courageusement déculottée qui raconte la belle aventure d'un jeune homme et de ses amours flous. Certaines scènes, en équilibre instable entre la finesse et la Grosse Bertha, sont à hurler de rire. Quant à Gallienne, à la fois dans la peau de la mère et du fils, il gagne son ticket pour le César du meilleur acteur. On allait écrire : les doigts dans le nez. Mais ça ne se fait pas, à table. Comédie française de Guillaume Gallienne, avec Guillaume Gallienne, Françoise Fabian, André Marcon… Durée : 1h25. *Un peu **Beaucoup ***Passionnément °Pas du tout

Le Parisien

Guillaume Gallienne: «Jouer ma mère, c’est très schizo» CLÉMENT GHYS 20 MAI 2013 À 22:16 (MIS À JOUR : 21 MAI 2013 À 14:34), HTTP://NEXT.LIBERATION.FR/CINEMA/2013/05/20/JOUER-MA-MERE-C-EST-TRES-SCHIZO_904352

Guillaume Gallienne. Des planches de théâtre à la réalisation

Pourquoi cette envie d’adapter votre spectacle, les Garçons et Guillaume, à table ! au cinéma ? Au départ, je voulais en faire un film. Et puis, les choses se sont faites au théâtre. Je suis très cinéphile. Ado, je séchais les cours pour aller au cinéma. Pas pour voir Bergman ou Tarkovski, mais quand même. Sinon, je me souviens toujours de mes rêves de manière visuelle, de la lumière qui les habite. J’ai toujours eu ce côté proustien d’imaginer des choses, de broder, autour de ce qui n’est pas vrai. Un soir, au théâtre, après mon spectacle, Isabelle Adjani est venue me voir et m’a dit : «C’est impressionnant d’assister à la naissance d’un acteur.» Ça a été le déclic pour faire ce long métrage. J’avais pensé à faire un film à la Guitry avec des pages qui se tournent sur des épisodes de ma vie. Mais j’ai abandonné l’idée. Le cinéma permet aussi de recréer des souvenirs. Là, j’ai pu faire agir les autres, moins me concentrer sur ma personne, raconter cette grande bourgeoisie rarement décrite au cinéma. Quand j’étais en Espagne, je me croyais chez Almodóvar, en Angleterre chez Ivory et, enfant, quand je mettais mon édredon autour de la taille, je m’imaginais en crinoline à Schönbrunn [chez Sissi, ndlr] en Technicolor. Vous jouez deux rôles, celui de vous adolescent et celui de votre mère… Elle m’attendrit tellement que je savais que ma tendresse et mon humour allaient la défendre. J’aurais été très mal à l’aise de devoir expliquer à une actrice comment jouer ma mère. C’est pour l’équipe que c’était plus compliqué, très schizo même. Pendant trois semaines, ils me voyaient tous les matins sur le tournage habillé en dame de 50 ans autoritaire et, l’après-midi, ils se faisaient diriger par un ado ahuri. Faire ses premiers pas de mise en scène, après des années de théâtre, c’est compliqué ? Les acteurs étaient formidables, les figurants aussi. Et surtout l’équipe technique. N’ayant jamais réalisé un film, je ne connaissais pas grand-chose. Je leur jouais la scène. Et il y avait toujours quelqu’un qui disait «D’accord Guillaume, mais la caméra on la met où ?» ou «Guillaume, pense au champ-contrechamp». Photo Audoin Desforges

Gallienne à la colle maternelle OLIVIER SÉGURET 20 MAI 2013 À 22:16 (MIS À JOUR : 21 MAI 2013 À 10:48)

Guillaume Gallienne (à gauche) version mère couleur. (Photo Thierry Valletoux.) CANNES Fard. Le comédien réussit l’adaptation de son coming out hétéro théâtral. Quelle surprise : les gens ont envie de rire ; ils aiment ça ! On pouvait encore vérifier ce goût vieux comme le monde, hier à la Quinzaine des réalisateurs, oùles Garçons et Guillaume, à table ! a soulevé l’enthousiasme hilare de la salle et recueilli, sous la forme d’une ovation, cette gratitude unique que nous, genre humain, savons manifester à ceux qui nous font bien marrer. Premier film du charismatique et exorbitant acteur Guillaume Gallienne, les Garçons…reprend l’exacte matière d’un spectacle qu’il a écrit lui-même et copieusement joué, mais qu’il a fait bien mieux que transposer. Avant d’en arriver à la réussite proprement comique du film, c’est d’abord cette bonne surprise que l’on voudrait souligner : avec une appétence qui fait plaisir à voir, Gallienne empoigne sans mollir le volant de la machine cinéma, appuie sur tous ses klaxons et en pelote toutes les manettes. Tant de fantaisie atteste qu’il fait le cinéaste sérieusement, donc, mais évidemment sans se prendre au sérieux, puisque la sorte d’autobiographie qu’il nous livre est avant tout un monumental exercice d’autodérision. Triangulation. L’argument paradoxal des Garçons… tout entier dans son titre : comment un jeune homme de bonne famille bourgeoise, excentrique et cultivée, va-t-il s’y prendre pour négocier la place du fils un peu spécial et probablement homosexuel que tout le monde, sans le consulter, semble lui avoir assignée ? Va-t-il l’accepter, la refuser, la renverser ? Question subsidiaire avec queue de Mickey à la clé : le concept de coming out hétéro a-t-il un sens ?

L’acteur si talentueux du Français profite de son nouveau costume de cinéaste pour se reconstruire ici tout un petit théâtre dont les multiples scènes se jetteraient au-dessus des grands moments de sa vie. Essentiellement autobiographique, l’histoire du spectacle, puis du film, repose pourtant sur un personnage central qui n’est pas Guillaume, mais sa mère. C’est néanmoins Gallienne qui interprète les deux personnages, et cette triangulation, aussi folle que rarissime, entre le cinéaste, l’acteurpersonnage qu’il autodirige et la mère dragon qu’il incarne, donne auxGarçons… son statut étrange, sa définition assez unique et forcément troublante. Payant vraiment de sa personne dans les audaces comiques les plus extrêmes ou évidentes (un anthologique épisode Sissi pourrait trôner parmi de nombreux sommets), le frégolien Gallienne donne le sentiment d’une plasticité paradoxale, son ADN à lui toujours affleurant sous les métamorphoses, le corps galvanisé, rythmé par une jubilation vibrante (et même très émouvante dans un certain épisode de déception amoureuse). La mère excessive de Gallienne, folle et merveilleuse, finalement équanime dans sa déraison, se manifeste dans toutes les pièces du palais mental qu’habite l’enfant Guillaume, et il donne en retour diverses formes à ses interventions. Don de soi. Parfois, on a le sentiment que le film revisite des effets de dédoublements à la Henri Salvador, avec deux incarnations différentes du même acteur dans un même plan. Ailleurs, c’est à Woody Allen et aux intrusions psychanalytiques sauvages qui perturbent parfois ses films que l’on songe, le cinéaste new-yorkais ayant, lui aussi, plus d’une fois convoqué, pour en rire et pour s’en venger, l’envahissante figure de sa mère abusive. Sans doute Gallienne, tout en générosité, voire en don de soi, s’expose-t-il parfois avec ce premier film au fameux dicton pisse-froid «Qui trop embrasse mal étreint». Pour notre part, on préférera toujours être trop embrassé que pas assez.

Guillaume Gallienne : "Mon film n’est pas un coming out hétéro" CRÉÉ : 19-11-2013 14:31, http://www.metronews.fr/culture/guillaume-gallienne-mon-film-n-est-pas-un-coming-outhetero/mmks!OB0aR3VkVOqf6/

INTERVIEW - Acteur sociétaire de la Comédie Française, Guillaume Gallienne signe "Les garçons et Guillaume, à table !", une comédie autobiographique sur la quête d’identité. Rencontre avec un acteur-réalisateur à l’image de son premier film : drôle, élégant et touchant.

Guillaume Gallienne, un garçon comme les autres. Ou presque.

Photo : Gaumont

Le film est l’adaptation de votre spectacle. Pourquoi cette prolongation sur grand écran ? Je voulais en faire un film dès le début pour une raison simple : je me fais mon cinéma depuis tout petit. Ce film raconte d’ailleurs la naissance d’un acteur : mon premier rôle a été ma mère, à qui je voulais plaire et ressembler, et mon premier théâtre, la grande bourgeoisie. Mais quand j’ai écrit, je ne pouvais pas réunir le budget nécessaire pour le cinéma : je n’étais connu que chez moi à l’heure du repas. Et j’ai eu la chance qu’Olivier Meyer, le directeur du Théâtre de l’Ouest parisien, me propose de jouer sur scène à Boulogne. Il y a alors eu un buzz incroyable, Les Molière, la tournée province... Et, au même moment, un programme court sur Canal+. Tout ça m’a apporté une petite assise pour le cinéma. Votre film soulève des questions très intimes ... Et j’ai eu mon lot de Mireille Dumas en interview ! Mais, pire que les questions intrusives, je n’aime

pas qu’on résume mon histoire à un "coming in" ou un "coming out hétéro". Ce n’est pas un film sur un homme qui découvre qu’il n’est ni une fille, ni un homo : c’est un film sur les clichés, la quête d’identité, les femmes, le jeu... "Je suis constitué de 15 années de malentendus" Pourquoi avoir choisi de jouer votre mère ? D’abord parce que c’est un cadeau pour un acteur : elle est irrésistible. Mais aussi, parce qu’avec une actrice, j’aurais été obligé de déformer ma voix, ma gestuelle... Or, je suis constitué de ces 15 années de malentendu et de jeu et je ne voulais pas me "travestir". Jouer ma mère, c’est aussi souligner la schizophrénie latente de Guillaume et la subjectivité de l’histoire : c’est mon délire, ma vérité, pas LA vérité. Vous lui évitez aussi de sombrer dans la caricature. Ma mère est un personnage complexe : elle est comme l’archiduchesse Sophie, la mère de Sissi que j’imitais gamin dans ma chambre. Une femme qui, par devoir et pudeur, est corsetée dans une tenue et une retenue. Mais une femme aimante et attendrissante. Je n’aurais pas supporté de la voir trahie et je ne ferai jamais quoi que ce soit qui puisse la blesser, la gêner ou violer son intimité. Cette histoire aurait pu être tragique. Pourquoi en avoir fait une comédie ? Au cinéma, la différence est souvent réduite au drame ou à la caricature. Moi, je voulais en rire : parce que mes plaies ont été pansées mais surtout parce que mon comportement d’alors était parfois risible. Guillaume, c’est Bob l’éponge à qui l’on voudrait dire "arrête de tout gober, remue toi coco" !

NOTRE AVIS : Une comédie schizo menée avec brio Garçon sensible, Guillaume fut vite labellisé "fille manquée" ou homosexuel. Une étiquette si tenace qu’il s’y accrocha par erreur, devenant le mini clone de maman. Et Guillaume Gallienne de raconter sa vie, son métier et de renverser les clichés dans une comédie autobiographique dont la créativité (double rôle, intrusion de "théâtre filmé") n’a d’égale que l’intelligence. Avec, comble de l’élégance, un humour de politesse qui dissimule de réelles blessures qui, lorsqu’elles jaillissent malgré le rire, vous serrent la gorge.

Guillaume Gallienne, 5 César : son interview sur TéléObs http://cinema.nouvelobs.com/articles/25912-festival-cannes-2013-interviews-oscars-et-cesar-2014guillaume-gallienne-5-cesar-son-interview-sur-teleobs Sortie en salle mercredi 20 novembre 2013 Par Sophie Grassin et Marie-Elisabeth Rouchy 1 mars 2014

Sipa

TéléOb. – Comment décrire le Guillaume de votre film ? Guillaume Gallienne : Comme quelqu’un de très passif et de trop bien élevé. Avant l’écriture du scénario, j’ai expliqué à ma grand-mère (Françoise Fabian dans le film) que j’allais raconter l’histoire d’un jeune garçon, contraint de faire son coming-out hétérosexuel. Elle m’a aussitôt demandé : ‘’Quel est l’intérêt ?’’ Mais lorsque j’ai évoqué sa passivité, elle a immédiatement approuvé. A la façon d’Oblomov, que je joue actuellement au Français, l’apathie caractérise Guillaume. A cause d’elle, il accepte d’endosser une identité sexuelle qui n’est pas la sienne. Il n’aime pas le sport, il est complexé, un peu esthète aussi. Mais ressent-il vraiment de l’attirance pour les hommes ou son trouble naît-il seulement du fait qu’un garçon viril (un camarade, sosie de Ruppert Everett, rencontré dans un pensionnat anglais, NDLR) lui prête attention ? Ce qui est sûr, c’est que les filles de son âge ne l’intéressent pas. Il faut dire que, mère, grand-mère ou tantes, il a pour modèles de sacrées bonnes femmes. De quelle façon avez-vous procédé pour incarner votre mère? Il m’a suffi de doser sa préciosité. D’accentuer ma cambrure, d’adopter une certaine insouciance dans les gestes. Bref, de jouer la légèreté pour donner la sensation qu’un simple coup de vent suffirait à l’emporter. J’ai aussi travaillé les voix, un exercice que j’adore. Celle de Guillaume qui passe des aigus aux graves, celle de sa mère qui se tend et s’enraye à la fin du film. Je me suis même amusé

à commencer des phrases avec la voix de Guillaume et à la terminer avec la voix de ‘’Maman’’. « Guillaume et les garçons à table » est un film sur la transformation. La transformation du théâtre en cinéma, de Guillaume en acteur, de quelqu’un qui ne se fait pas confiance en quelqu’un qui acquiert de la confiance en soi, de la douleur en drôlerie et en émotion. Il n’était pas question pour moi de régler des comptes. Catherine Deneuve a, un moment, été pressentie au casting. Cela signifie-t-il que vous n’envisagiez pas, au départ, de jouer le rôle de votre mère ? Catherine était venue voir la pièce de théâtre et j’étais très impressionnée de la savoir dans la salle. Je lui ai dit : ‘’Vous me faites depuis toujours penser à ma mère’’. Elle a eu une réaction que je qualifierai de… mitigée. Elles partagent la même pudeur, elles sont toutes les deux franches du collier. J’ai songé à lui confier le personnage, mais Claude Mathieu, qui est ma marraine de théâtre, m’a poussé à l’interpréter moi-même. Elle me répétait : ‘’Tu poses un regard d’un tel humour et d’une telle tendresse sur elle que tu la défendras mieux que quiconque.’’ Et puis, j’ai répété le rôle quinze ans, j’ai donc quinze ans d’avance sur toute actrice potentielle. Je travaillais avec le maquilleur Dominique Colladant sur « les Trois Sœurs », de Tchékhov, et je l’ai interrogé pour savoir s’il pouvait faire de moi une femme de 45-50 ans. Il m’a scruté en silence deux minutes, puis il m’a répondu : ‘’Oui, il faudra juste agrandir la bouche pour réduire le nez.’’ Vous semblez vouer à votre mère une véritable adoration… Elle est spirituelle, assez passive, elle aussi – elle peut lire sur son lit toute la journée – mais n’a aucun snobisme. Ma mère tutoyait ses domestiques. Elle considérait qu’ils faisaient partie de la famille. Quand, par extraordinaire, nous dînions ensemble (mes parents sortaient beaucoup), les dits domestiques intervenaient dans la conversation. De même, lorsque mes parents ont acheté une maison en Dordogne, ma mère, qui voulait se faire des amis des fermiers des alentours, s’est mise à tuer le cochon et à gaver les oies. Elle a, en toute logique, fini par être élue au conseil municipal. Mes parents m’ont sans cesse incité à m’adapter, ce qui est très formateur pour l’intelligence. Ils m’ont même envoyé en « Summer Camp », aux Etats-Unis, dès l’âge de 7 ans. Je ne balbutiais que trois mots d’anglais : yes, no et swimming. Le film multiplie les clins d’œil… Ado, j’étais cinéphile. Bon, je n’allais pas voir les Tarkovski ou les Bergman, mais je séchais les cours pour aller au cinéma. Et puis, je me faisais mes films. Pendant un séjour en Espagne, je me croyais dans un Almodovar, en Angleterre dans un James Ivory, et dans un Woody Allen chez mes psy, autant de références que j’ai reproduites ici. « Guillaume et les garçons à table » est aussi un film sur les clichés : ceux que je m’inventais et ceux auxquels les autres voulaient que je corresponde.

"Les garçons et Guillaume, à table !" : une comédie folle-dingue extra http://cinema.nouvelobs.com/articles/25867-critique-avant-premiere-festivals-critiques-les-garcons-etguillaume-a-table-une-comedie-folle-dingue-extra Sortie en salle mercredi 20 novembre 2013 ♥♥♥Par Sophie Grassin et Marie-Elisabeth Rouchy 19 novembre 2013

Afp

C’est l’histoire de Guillaume Gallienne, en adoration devant sa mère, grande bourgeoise sarcastique et pète sec, élevé à l’écart de ses frères, concentrés de testostérone donc très "garçons", que tout le monde dans la famille assimile à une fille. Il s’applique, Guillaume, et sans efforts. Il adore Sissi l’impératrice et les mise en plis, déteste le rugby, l’aviron, l’équitation, ne jure que par les spas en Bavière sur les traces de Ludwig II, car quitte à tutoyer l’homosexualité qu’on lui prête, autant choisir un mentor digne de ce nom. Guillaume s’allonge sur les divans des psy, s’immerge dans les boites gay et ne s’y retrouve pas. Et pour cause, il est hétéro. En 2008, dix ans après être devenu pensionnaire de la Comédie française et trois après son mariage, Guillaume Gallienne écrit, met en scène et joue "Guillaume et les garçons à table". Il interprète tous les rôles, lui, sa mère, ses frères, ses tantes… Aujourd’hui, le film, que l’auteur avait déjà en tête avant le spectacle, reprend la pièce en fil rouge. Gallienne, toujours en scène, transporte ses souvenirs à l’écran, convoque des acteurs et des classiques ("Tootsie", de Sydney Pollack, "Maurice", de James Ivory, le théâtre kabuki) et s’identifie à Madame Gallienne mère, chœur antique à elle toute seule qui vient commenter chaque nouvelle blessure de son fils avec une ironie féroce et une verdeur glaçante. Sur un thème bouleversant- le malentendu identitaire -, "Guillaume et les garçons à table !", le film, totalement folledingue joue constamment sur la trivialité et l’équivoque en les élevant vers une drôlerie et une élégance extrêmes. On n’a jamais vu un réalisateur faire rire avec une séance de lavement. Gallienne y parvient sans la moindre trace de vulgarité, aligne les vignettes - Guillaume tête de turc au pensionnat, Guillaume à l’armée, Guillaume dans les backrooms-, comme il nous convie à accepter l’incroyable méprise collective dont il a été la victime et un peu l’artisan. Le tout est mis en scène avec une intelligence délicate. En voyant la pièce, Isabelle Adjanilui avait dit : "Tu racontes la naissance d’un acteur." Le film célèbre celle d’un réalisateur.

« Les Garçons et Guillaume, à table ! » : « J’étais le seul à pouvoir jouer ma mère » Olivier De Bruyn | Journaliste, http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2013/11/17/les-garcons-guillaume-a-table-jetais-seul-a-pouvoirjouer-mere-247543

Il s’appelle Guillaume et vit dans une grande demeure bourgeoise. Gamin puis adolescent, il avance cahin-caha dans son existence en faisant mine d’ignorer le machin qui l’encombre entre ses jambes. Incroyable, mais vrai : Guillaume est convaincu d’être une fille et il est convaincu itou que son destin d’adulte sera d’aimer les hommes. Ses deux frères, qui ne jurent que par les codes virils, se foutent de lui et de ses allures de « tapette ». Son père fait semblant de ne rien voir et fait semblant d’y arriver. Et sa mère ? Sa mère, excentrique et pourvue d’un ego surdimensionné, chérit son fils « pas comme les autres » et, sans forcément s’en apercevoir, entretient la confusion des genres dans laquelle Guillaume se débat. Attention : événement. Dans « Les Garçons et Guillaume, à table ! », Guillaume Gallienne reprend la trame autobiographique de son spectacle à succès et signe un film ultrasingulier (sur le fond comme sur la forme) qui s’impose comme l’un des plus convaincants de l’année 2013. Le passage de la scène au grand écran : l’éclectique Guillaume Gallienne s’explique : « J’ai toujours voulu que “Les Garçons et Guillaume, à table !” soit un film, mais j’ai d’abord eu l’opportunité de monter un spectacle et j’en ai profité. Aujourd’hui, j’en suis convaincu : le film parle mieux de mon sujet. Ce dernier n’est pas seulement moi, mais plus profondément l’identité. Sur scène, j’étais seul, je jouais tout le monde et cela me frustrait. Le film, grâce à la présence des autres, me permet d’évoquer plus subtilement mes thèmes. Et surtout, surtout, j’y défends mieux ma mère… »

Maman superstar Sa mère, son obsession : LE personnage qui, face au jeune héros dans tous ses états, occupe l’écran et ses esprits. Pour incarner celle qui fut si importante dans sa vie (euphémisme), Guillaume Gallienne n’a pas choisi n’importe qui, mais s’est choisi… lui-même. Le réalisateur se retrouve ainsi doublement acteur, puisque, non content d’interpréter Guillaume, il joue aussi sa génitrice, le look ultraféminin, les cheveux longs, les talons hauts et le verbe éloquent. Un travestissement aussi cocasse qu’existentiel. Il raconte : « J’étais le seul à pouvoir jouer ma mère. Je connais mieux que quiconque sa violence, mais aussi sa pudeur. Au tout départ, je pensais confier le rôle à une actrice, mais je lui aurais indiqué de façon si directive comment la jouer que cela aurait été insupportable pour elle. Du coup, l’idée de l’incarner moi-même s’est rapidement imposée. Il s’agissait pour moi de mieux la défendre... » Il poursuit : « Interpréter simultanément mon propre cas et celui de ma mère relève de l’évidence. Primo, j’illustre ainsi concrètement la confusion schizophrène de ma jeunesse. Secundo, je montre que je n’ai toujours pas réglé mon problème puisque aujourd’hui, à 41 ans, j’éprouve encore le besoin de jouer maman ! De toute façon, je ne crois pas que l’on règle ses problèmes. Au mieux on apprend à les apprivoiser, à ne plus les subir et à les poétiser. » Question inévitable : madame Gallienne a-t-elle vu « Les Garçons et Guillaume, à table ! » ? Et comment a-t-elle réagi ? Gallienne fils répond, sans faux semblants.

« Ma mère a bien sûr vu le film, comme elle avait vu le spectacle auparavant. Elle m’a dit “ c’est mieux que la pièce, c’est bien foutu ”. Les dossiers, on les connaît tous les deux, on en a beaucoup parlé et elle n’a pas été surprise. Elle avait finalement plus peur pour moi que pour elle. Elle redoutait que je tende un bâton pour me faire battre à nouveau. »

Rire, mais pas que Peut-on rire de soi en filmant ses douleurs les plus intimes ? Peut-on trousser une fiction délirante sur son identité sexuelle en lambeaux ? Oui, dix fois oui, répond le cinéaste qui entraîne dans une comédie où, d’un épisode espagnol où plane l’ombre d’Almodovar à un final inattendu où Guillaume se réconcilie avec Gallienne, chaque scène séduit et surprend. Comédie ? Oui, mais pas seulement. « Dans les avant-premières, je suis très surpris que les spectateurs rient à ce point. Je ne m’y attendais pas. Parfois, ces rires ne sont pas clairs. Intéressants mais pas clairs, comme s’il y avait une défense par rapport à certains enjeux du film. Je sais que “Guillaume et les garçons, à table !” est drôle, mais le fond de l’affaire, lui, ne l’est pas puisque le film évoque l’identité sexuelle et l’identité tout court. »

Du divan à l’écran Depuis sa présentation triomphale au dernier festival de Cannes (Quinzaine des réalisateurs), « Les Garçons et Guillaume, à table ! » fait beaucoup parler de lui. Gallienne le sait, apprécie et s’en amuse. Et si son film, hasard du calendrier, s’est retrouvé en mai dernier le contemporain des manifestations pro et anti « mariage pour tous », le cinéaste se refuse à toute forme de généralités. En racontant son itinéraire personnel agité, Guillaume Gallienne poursuit en images un travail introspectif de longue haleine, mené sur le divan. Il s’explique : « La psychanalyse m’a beaucoup appris et m’a sauvé la vie. Sans elle, je me serais probablement jeté par la fenêtre. L’analyse m’a appris à ne plus essayer de rectifier un malheur en m’en rajoutant un autre, à ne plus soigner le mal par le mal. Vous connaissez la phrase : “J’ai fait dix ans de psychanalyse car je faisais pipi au lit. Maintenant, je continue, mais je m’en fous.” Je n’aime pas l’idée de s’en foutre, mais je retiens l’idée d’arrêter de se faire systématiquement souffrir au même endroit. Maintenant, je sais localiser mon problème. »

L’après Guillaume Après le spectacle et son succès, après le film et son probable triomphe, Guillaume Gallienne s’apprête, sur le terrain artistique, à passer (enfin) à autre chose. Suractif, il enchaîne les prestations d’acteur au théâtre et au cinéma (on le retrouvera en janvier dans le « Yves Saint-Laurent », de Jalil Lespert où il incarne Pierre Bergé) et il écrit d’ores et déjà son second film en tant que réalisateur. « Je ne pense pas évoquer de nouveau ma vie après “Les Garçons et Guillaume, à table !”. Et une chose est sûre : je ne serai pas le sujet de mon prochain film. Je ne sais même pas s’il y aura un rôle pour moi. Pour l’instant, je n’écris pas en ce sens. » Il conclut : « Je fais beaucoup de choses : mes propres films, mon émission hebdomadaire sur France Inter [ “Ça peut pas faire de mal”, ndlr], mes rôles au cinéma et à la Comédie-Française… Je n’ai pas l’impression de me disperser, car il s’agit toujours de la même chose : raconter des histoires, mais, quantitativement, oui, c’est trop. Il va me falloir faire des choix. Tout en me méfiant car je peux sombrer facilement dans l’ivresse de la mélancolie quand je ne fais rien… »

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