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January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Science, Médecine
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Avril 2015

RSCA 5 : Cancer de vessie et annonce diagnostique.

I.

Récit : Je reçois pour la première fois au dispensaire Monsieur A. Il est âgé de 70 ans et consulte car il a une récidive d’hématurie. Le médecin vu lors de la première consultation lui avait prescrit un ECBU que je regarde et qui est négatif. Monsieur A me dit alors « Docteur cela fait plusieurs fois que j’ai du sang dans mes urines ». L’ECN s’éloignant petit à petit même si je connais les grandes lignes je regarde le collège de néphrologie qui me guide un peu dans l’interrogatoire et lui pose plusieurs questions : -

Avez-vous des antécédents familiaux ?

-

Fumez-vous ? Et si oui combien de cigarettes par jour et depuis combien de temps ?

-

Avec vous subi un traumatisme, des chirurgies (en particulier urologiques) ?

-

Avez-vous déjà fait des coliques néphrétiques (avez-vous des douleurs accompagnant votre hématurie ?)

-

Avez-vous des brûlures mictionnelles ?

Il me répond alors, effectivement Docteur mon père est décédé d’un cancer de la vessie, il était un grand fumeur comme moi (il a fumé 40 PA et continue…) Il n’a jamais été opéré, ni eu de colique néphrétique et n’ a aucun signe fonctionnel urinaire ( l’ECBU est je le rappelle négatif). Son examen physique est sans particularité. Je sens Monsieur A anxieux, je lui demande alors ce qu’il le travaille. Il me répond ainsi : Docteur « j’ai un cancer c’est ça », je lui réponds que je ne peux pas savoir avant d’avoir fait d’autres examens et qu’il y ‘ a de nombreuses causes de saignements dans les urines et que maintenant nous allons régler ce problème tranquillement en faisant tout ce qui est nécessaire. Je lui prescris alors un bilan biologique (que je détaillerai dans mon premier axe) ainsi que des examens urinaires et surtout une échographie rénale, vésicale et prostatique). Je lui touche tout de même un mot sur l’importance d’arrêter le tabac même si je sais que mon message ne sera pas entendu, Monsieur A étant un peu angoissé.

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Il me dit qu’il le sait et qu’il va essayer dans un premier temps de diminuer mais que cela est difficile car il fume depuis son adolescence. Je finis la consultation en lui disant que nous reparlerons de cela une prochaine fois mais qu’il garde cela en tête. Je revois mon patient la semaine d’après, son bilan biologique est normal. L’examen urinaire retrouve une hématurie importante comme attendue, l’ECBU de contrôle est négatif, l’échographie retrouve cependant une masse tissulaire au niveau de la vessie. J’explique au patient que je vais l’adresser à un urologue pour explorer cette masse car elle peut être aussi bien bégnine que maligne. Je lui dis également que nous avons déjà trouvé la cause du saignement ce qui est un bon point et que nous verrons les choses au fur et à mesure. Je vois son visage changeait d’apparence, je lui explique que maintenant tout est pris en charge et qu’il ne sert à rien pour lui de se rendre malade même si je comprends parfaitement son inquiétude, d’ailleurs je lui réponds que la masse est de petite taille ce qui est déjà plutôt bon signe. Cette consultation tout comme la première a duré 45 minutes, j’ai préféré prendre mon temps et tout lui expliqué pour que la suite de sa prise en charge avec l’urologue se passe au mieux et que si le diagnostic de cancer de la vessie s’avéré être confirmé, Monsieur A soit le mieux préparé pour y faire face. Je reçois 2 semaines après un courrier de l’urologue du dispensaire pour me confirmer la présence d’une tumeur maligne vésicale et le lancement du bilan d’extension. Un mois plus tard, j’aperçois Monsieur A qui allait consulter l’urologue, je le prends à part et lui demande si je peux lui parler dans le cabinet il accepte. Il me dit qu’il avait bien eu confirmation du diagnostic et que le bilan d’extension à ce jour était négatif. Il m’ a remercié pour tout, je lui ai dit que nous devrions de toute façon nous revoir pour l’aide à l’arrêt du tabac, le bilan des comorbidités du tabac mais également la prise en charge à 100%. Je ne l’aurais pas revu et j’avoue que cela me donne un petit pincement au cœur. En effet, la médecine générale a cette qualité de nous faire connaître nos patients et de nous y attacher, la détresse de cet homme m’a profondément touché,

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j’aurais aimé pouvoir encore l’aidé dans les étapes postérieures au diagnostic. Je me dis qu’au moins j’ai pu durant ce stage venir en aide à quelqu’un. J’aimerais revenir sur plusieurs points qui m’ont posé problème, tout d’abord revoir la conduite à tenir lors d’une hématurie, puis comment se comporter lors d’une annonce difficile, et pour finir je traiterai des différents mécanismes de défense du patient et comment le soignant doit y faire face. II.

LES AXES : 1. Conduite à tenir devant une hématurie : Tout d’abord, Les hématuries peuvent être soit d’origine urologique soit d’origine rénale. Les principales étiologies sont regroupées dans le tableau ci-dessous : Causes urologiques Causes fréquentes : -

Causes rénales -

Glomérulonéphrite à dépôts

Infections urinaires (cystite

mésangiaux d’IgA (maladie de

hématurique),

Berger),

Tumeurs vésicales bénignes ou

-

malignes,

Glomérulonéphrite aiguë postinfectieuse,

-

Cancer du rein,

-

Lithiase rénale (rarement vésical),

-

Cancer prostatique,

-

Glomérulonéphrite extra-capillaire

-

Prostatite aiguë

-

Syndrome d’Alport.

-

Traumatisme du rein ou des voies urinaires

Causes rares : -

Polykystose rénale,

-

Nécrose papillaire secondaire à une néphropathie aux analgésiques, au diabète, à la drépanocytose.

-

Tumeurs bénignes du rein,

-

Tuberculose rénale,

-

Exercice physique très important

-

Infarctus rénal,

-

Glomérulonéphrite membranoproliférative

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Malformation vasculaire

-

Bilharziose

-

Traitement anticoagulant.

Les causes d’hématuries néphrologies sont le plus souvent d’origine glomérulaire, parfois elles peuvent être causées par une néphrite interstitielle aiguë médicamenteuse. L’hématurie est définie par la présence de plus de 10 hématies/mm3 à l’examen cytologique urinaire quantitatif. En raison de la fréquence des faux positifs, une hématurie doit être confirmée par un examen cytologique quantitatif des urines. Cet examen permet en outre de préciser : -

La présence de cylindres hématiques, rarement mis en évidence, mais spécifiques de l’origine glomérulaire.

-

La présence de déformations des hématies qui oriente vers une hématurie glomérulaire.

-

Les fausses hématuries. En effet, une coloration rouge des urines peut être la conséquence d’une hémoglobinurie, d’une myoglobinurie, d’une porphyrie, d’une prise médicamenteuse (Métronidazole, Rifampicine), ou d’une consommation de betteraves, mais il n’y a pas, dans ces cas de globules rouges dans les urines. Quelles sont les éléments en faveur d’une origine parenchymateuse (rénale) ?

-

L’hématurie macroscopique est isolée, émise sans caillots, sans fièvre, sans douleurs lombaires. Mais cette présentation peut tout de même être retrouvée dans les hématuries d’origine urologique.

-

On retrouve en outre la présence de cylindres ou d’hématies déformées.

-

L’existence d’une protéinurie > 0,5 g/24 h qui doit être mesurée après l’épisode d’hématurie car elle fausse les résultats.

-

L’élévation de la créatininémie.

-

L’absence d’anomalie échographique.

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Quelle est la conduite à tenir devant cette hématurie, quelles sont les questions à poser systématiquement, quels sont les examens complémentaires à prescrire dans un premier temps ?

-

La recherche d’antécédents, personnels ou familiaux, d’affections urologiques.

-

Un examen clinique complet, comportant une mesure de la pression artérielle,

-

Une analyse qualitative du sédiment urinaire.

-

Le dosage de la protéinurie des 24 heures ou la mesure du rapport protéine/ créatinine urinaires. (La recommandation retenue (NICE) préconise de détecter l’excrétion urinaire de protéine par les rapports P/C ou A/C dans les unités du système international (mg/mmol) sur échantillon d’urine plutôt que le recueil des urines des 24 heures). 

Si le ratio albuminurie/créatininurie > 30 mg/mmol ou si le ratio protéinurie/créatininurie > 50 mg/mmol, on parle de protéinurie clinique.



Si le ratio albuminurie/créatininurie est compris entre 3 et 30 mg/mmol on parle de microalbuminurie.

-

Le dosage de la créatininémie permettant l’estimation du DFG.

-

La réalisation d’une échographie rénale (avec un temps vésical après 50 ans ou facteurs de risque, c’est-à-dire un temps ou la vessie est pleine pour bien apprécier ses contours ainsi que son contenu).

-

Nous avons vu ci-dessus les arguments qui orienté vers une cause néphrologique (protéinurie > 0,5/ 24 h, un DFG diminué…), une biopsie rénale pourra être demandée ( maladie de Berger, valeur pronostique, mais là ceci est déjà d’affaire du spécialiste).

-

La situation la plus fréquente au terme de l’enquête initiale est celle d’une hématurie microscopique strictement isolée. Elle doit faire rechercher une tumeur de l’urothélium (c’est le cas de mon patient). L’enquête étiologique comporte : 

Un examen cytopathologique du sédiment urinaire,



Une fibroscopie vésicale, avec éventuellement une ou des biopsies.

Le spécialiste pourra demander s’il a besoin d’autres investigations : une urographie intraveineuse voire un scanner rénal avec opacification des voies urinaires.

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Dans mon cas, après enquête biologique, du sédiment urinaire et échographie, j’avais adressé mon patient à l’urologue pour cystoscopie avec réalisation de biopsies. Ces examens avaient suffi pour faire le diagnostic et l’urologue devait réaliser dans un deuxième temps le bilan d’extension. Lorsque le patient vint lors de la deuxième consultation, il fallut aborder la question d’un (très) éventuel cancer de la vessie. Comment devais-je aborder ce sujet avec lui, dans quelles conditions ? 2. Annonce d’un diagnostic difficile : Les médecins sont régulièrement confrontés à la question de l’annonce d’un diagnostic grave. Ce temps de prise en charge est un moment particulièrement émotionnel que cela soit du côté du soignant ou du patient. Le lien qui unit patient et médecin peut être mis à mal. C’est pour cette raison que cette annonce doit se faire dans des conditions optimales. En effet une annonce faite avec empathie, en prenant son temps en accompagnant correctement le patient peut atténuer le choc, dans le cas contraire cela risque de renforcer ce dernier. Dans cette partie, je tiens à évoquer les modalités de l’annonce d’un diagnostic difficile et d’aborder les réactions possibles des patients. L’annonce d’un diagnostic grave est un évènement traumatique car il est brutal, le sujet se retrouve dans l’incapacité d’y répondre de manière adéquate, il provoque des bouleversements, des effets pathogènes durables dans l’organisation psychique du sujet. Pour le patient il y’ a clairement une vie avant et après l’annonce du diagnostic, le patient et ses proches se rappellent clairement le moment de cette annonce. Pour lui, pour eux, rien ne sera jamais plus pareil. L’impact traumatique de l’annonce intervient à deux niveaux : -

Un traumatisme direct dû à la crainte de la douleur, du handicap et de la mort.

-

Un traumatisme secondaire qui intervient dans un deuxième temps et qui correspond à une réactivation de sentiments douloureux (deuil, maladie, histoires familiales).

Quelles sont les répercussions psychologiques constatées au niveau du patient lors d’un évènement traumatique ?

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-

Sentiment d’arbitraire : Le patient se retrouve soudainement à une vie qu’il ne contrôle plus. Pourquoi tout cela m’arrive-t-il ? Je ne comprends pas, j’ai toujours eu une vie saine…

-

La culpabilité : C’est un mécanisme de défense très fréquent, le patient tente de lutter contre le sentiment d’arbitraire vu ci-dessus en se réappropriant une responsabilité face à ce qui vient de lui arriver. C’est de ma faute si je n’avais pas fait cela, je n’aurais pas été malade… C’est le seul lien d’humanité face à cet évènement, si j’admets mon erreur cela ne se reproduira pas. Il est important de reconnaître ce mécanisme de défense afin d’aider le patient à s’en dégager.

-

Altération du sentiment d’appartenance : L’annonce d’un diagnostic grave peut briser l’unité du sujet, le patient ne se reconnaît plus, de même, son entourage ne le reconnaît pas. « J’ai l’impression d’être devenu un étranger pour moi-même ». Ainsi l’annonce d’un diagnostic grave doit prendre en compte toutes ces dimensions, le médecin doit se rappeler que le patient n’est pas qu’un corps malade mais une personne avec sa complexité et sa personnalité. Quels sont les modalités de l’annonce d’un diagnostic grave ? 

Recommandations Législatives : La loi du 4 Mars 2002 précise que toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé… cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel. La volonté d’une personne d’être tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic doit être respectée, sauf lorsque les tiers sont exposés à un risque de transmission.



Le temps de l’annonce : Il faut dans un premier temps que cette annonce se fasse dans de bonnes conditions. Elle doit s’effectuer dans un lieu calme, une consultation dédiée doit être prévue, l’annonce peut se faire en plusieurs fois. Si le patient est d’accord, sa personne de confiance peut être présente. Même si cela est difficile, le nom de la maladie doit être cité, cela peut également se faire progressivement (maladie du cerveau, démence, Alzheimer ou masse puis cancer). Mettre un mot sur ses symptômes permet au patient de ne plus

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être dans l’incertitude, permet de contenir l’angoisse. Le médecin doit bien avoir en tête d’utiliser un langage approprié, il peut utiliser des illustrations pour montrer les zones atteintes et les gestes qui pourraient éventuellement être pratiqués. De plus, tout au long de l’entretien, il devra s’ajuster au patient, il vérifie à chaque étape que ses explications soient bien comprises du patient, il le rassure sur la qualité de la prise en charge. Le médecin doit évaluer l’état des connaissances du patient sur sa maladie : Depuis quand se sent il malade ? Que sait-il de sa maladie ? Comment se sent-il, Comment vit-il ? Il existe une asymétrie lors de cette consultation d’annonce, le malade n’a pas les mêmes représentations de la maladie que le médecin, de plus le patient a peut-être côtoyer des personnes malades, peut-être s’est-il renseigné sur internet, il existe de ce fait un décalage entre ce qui est compris par le patient et la réalité médicale et être source de malentendus voire d’incompréhension lors de l’annonce. Le pronostic ne doit pas figer l’avenir et s’effectuer dans un contexte d’espoir (mais si un traitement curatif est incertain). Lors de cette consultation, le patient s’attend à recevoir une information complète sur les modalités de prise en charge avec les différents soins leurs effets indésirables. Le médecin peut décider de ne pas tout donner du premier coup ( il peut craindre certaines réactions du patient) mais attention cela risque de rendre le patient méfiant : mon médecin me ment, il me cache des choses. Il est donc fondamental pour le médecin de bien connaître son patient et son environnement afin de lui apporter une information personnalisée, il doit pouvoir identifier les situations susceptibles de le fragiliser. 

A la fin de l’entretien : Les questions que le médecin doit se poser : - Ai-je laissé au patient la possibilité de poser toutes les questions ? Temps primordial pour pouvoir évaluer les connaissances du patient. On peut également fournir au patient des traces écrites qu’il pourra lire tranquillement dans un deuxième temps ainsi que les numéros des

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professionnels à joindre s’il a besoin d’informations ou tout simplement de soutien. - Suis-je en mesure de savoir ce qu’il a compris ? Qu’a-t-il retenu de la consultation ? Il est évident que le patient n’aura pas intégré l’ensemble des informations lors de cet entretien. D’ailleurs, le patient n’entend souvent plus grandchose après l’annonce du diagnostic, il faut laisser du temps au patient, respecter ses mécanismes de défense. Et pour la prochaine consultation : Que me reste-t-il à lui dire ? Je voulais ajouter que le médecin soit savoir respecter des silences lors de cet entretien, que cela soit pour permettre aux patients de comprendre les informations ou pour respecter ses mécanismes de défense. 3. Les réactions possibles du patient et de ses proches :  Réactions immédiates :  Le choc, l’incrédulité,  Le déni,  La peur, la confusion,  Désespoir, angoisse, agitation émotionnelle,  Colère accablement, résignation,  Culpabilité, résignation, déception  Soulagement. Tous ces mécanismes font partis du processus du travail d’acceptation de la maladie. C’est un processus douloureux qui va permettre d’assimiler les informations transmises et d’admettre petit à petit la réalité de la maladie.  Réactions différées : Voici les différentes réactions décrites par Elisabeth Kübler-Ross qui apparaissent dans les jours suivant le diagnostic.  La sidération : liée à l’état de choc, à l’annonce de la maladie. Cette phase de stupéfaction correspond à un état de choc avec une profonde sidération. Il n’y a plus de place pour les explications rationnelles. De plus, il y ‘ a une altération des fonctions instinctuelles (appétit, sommeil).  Le déni et la révolte : Le patient se considère non malade, Il ne supporte pas qu’on tente de le ramener à la réalité. Ce déni a pour

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rôle de protéger le patient face une réalité qu’il ne peut accepter. Cela lui permet de s’accorder du temps pour rendre cette réalité plus soutenable. Le soignant doit respecter cette phase, il doit établir une relation d’aide qui va lui permettre d’être accepté tel qu’il est.  La colère : Le sujet retrouve une énergie de désespoir afin de s’opposer à ce qu’il lui a été dit. La famille également peut ne pas croire le médecin et demander d’autres avis avec l’espoir d’un diagnostic différent. La colère peut se retourner contre le médecin (ou l’équipe soignante à l’hôpital), il peut être désigné comme responsable de ce diagnostic ! Cette irritabilité témoigne d'une grande anxiété. La personne peut ne pas se reconnaître elle-même et s’en veut de se comporter ainsi. La meilleure façon d’aider le patient ici est de reconnaître que cette période est effectivement difficile mais que le soignant est là, disponible pour passer cette phase difficile nécessaire pour arriver petit à petit à l’acceptation de la maladie.  Le marchandage : Le patient essaie de trouver un compromis, il négocie avec des personnes ou des entités abstraites (le temps : je dois tenir jusqu’au mariage de mon fils) avec toutes les personnes qu’il estime avoir un pouvoir sur sa mort et sur sa vie. C’est une période de grande vulnérabilité. Elle requiert de la part des soignants une attitude de discernement et de conseil afin d’éviter des décisions qui lui porteront tort.  La dépression : La douleur de la perte à venir se traduit par des symptômes dépressifs. C’est un mécanisme de défense qui témoigne de la mise à distance de la violence psychique que représente la maladie. Cette période peut se traduire par une sensibilité accrue, le patient peut se mettre à pleurer de manière incontrôlée, il peut également ressentir de la culpabilité, il peut présenter des troubles somatiques (perte d’appétit, insomnie…). Les soignants doivent comprendre que c'est une étape qui correspond à la recherche d'un sens à la vie. Surtout, lorsque les personnes n'ont jamais réfléchi au sens de leur vie. Les soignants

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doivent surtout écouter le patient sans juger. Il n’est pas nécessaire de donner de traitements antidépresseurs car on ne fait que masquer la réalité profonde et la personne peut se sentir incomprise, voire niée.  L’acceptation : C’est une période plus sereine ou le patient se centre sur lui-même. 

Les suites de l’annonce :  Du côté du patient et de ses proches : Il faut savoir que le Plan cancer 2003-2007 comporte une deuxième consultation réalisée par une infirmière dans les jours suivant la consultation d’annonce. Cette dernière permet de voir l’impact que l’annonce a eu sur le patient et sa famille et permet également de répondre aux questions que le patient et sa famille n’ont pu poser dans un premier temps, elle permet à nouveau de voir ce que le patient a compris de sa pathologie. Il faut savoir que la maladie va réorganiser toute la vie familiale, le patient se trouve au centre, ses hospitalisations, ses traitements vont la conditionner. Les autres membres ne sont plus prioritaires, dans certains cas, les autres enfants (cas de cancer dans une fratrie) n’osent plus s’exprimer et s’effacent. Ils peuvent se sentir coupables d’être en bonne santé ou au contraire craindre d’attraper cette maladie, ils peuvent présenter des signes de souffrance intenses et durables. Il est fondamental de parler avec ses enfants, de leur faire exprimer leurs craintes et leurs souffrances, une fois leurs inquiétudes entendues elles pourront être contenues. Il ne faut pas oublier de proposer un soutien au patient que cela soit un psychologue ou psychiatre. Ce n’est pas un signe de faiblesse, ces soutiens permettent au patient de faire face à l’ensemble des bouleversements qu’ont entraînés la maladie.  Du côté du soignant : Pour le médecin, côtoyer des personnes en souffrance n’est pas aisé, elles peuvent réactiver des épreuves professionnelles ou des douleurs personnelles. Lors de cette annonce, le médecin peut se sentir impuissant. En plus de gérer les émotions de son patient et de sa famille, il doit gérer également les siennes. Ils

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tentent de les minimiser et mettent en jeu tout comme le patient des mécanismes de défense :  L’identification projective : mécanisme le plus fréquemment utilisé qui vise à attribuer à l’autre ses propres sentiments, réactions, pensées ou émotions. Il permet au soignant de se donner l’illusion qu’il sait ce qui est bon pour le patient. Cela risque de culpabiliser le patient et de majorer son angoisse, ne tient pas compte de l’histoire du patient.  La rationalisation : discours hermétique et incompréhensible pour le patient qui induit un échange sans réel dialogue avec le patient. Le patient ne peut alors s’exprimer et garde ses inquiétudes.  La fausse réassurance : le soignant va optimiser les résultats médicaux en entretenant un espoir artificiel chez le patient.  La fuite en avant : le soignant, soumis à une angoisse imminente, ne trouve pas de solution d’attente et se libère de son savoir, « il dit tout, tout de suite et se décharge de son fardeau». La relation de confiance entre les 2 parties ne peut se mettre en place et cette annonce renforce le choc de la maladie et va altérer le cheminement psychique du patient.  La banalisation : Le soignant se focalise sur la maladie et met totalement de côté la souffrance psychique du patient.  Le mensonge : il a pour objectif de «préserver» le patient. En réalité, il préserve le médecin, et parfois la famille du malade, de la réaction du patient, telle qu’il l’imagine ou la redoute. Le soignant ne respecte pas la volonté du patient. Le patient devient méfiant voire devenir hostile à l’égard du corps médical. Il est donc primordial que le médecin connaisse ses mécanismes de défense. La gestion de ces situations stressantes et la prévention de l’épuisement professionnel passe par un travail régulier sur son propre ressenti. Je pense que les groupes Balint ici trouvent tout leur intérêt car ils peuvent permettre de mettre des mots sur des émotions, diminuer l’angoisse liée à cette situation et ainsi minimiser l’impact traumatique de l’annonce. En outre je pense qu’elles

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permettent de montrer au médecin ses limites et ainsi de savoir quand il doit à son tour demander de l’aide.

III.

CONCLUSION : Le temps d’annonce d’un diagnostic difficile est essentiel dans l’histoire du patient. Il va conditionner la qualité du lien de confiance avec les soignants. Cette annonce nécessite du temps voire plusieurs consultations afin de laisser le patient intégrer les différentes informations qui lui ont été données. Le médecin devra respecter les différents mécanismes de défense de son patient. Ces derniers mèneront le patient petit à petit à prendre conscience de la réalité de leur maladie et ainsi à devenir acteur de sa prise en charge. Pour se faire, les soignants devront s’adapter à chacun de leur patient ainsi qu’à leur famille, c’est cet accompagnement qui permettra au patient de se tourner vers l’avenir. Pour conclure, cette première expérience d’annonce d’un diagnostic difficile fut positive, avec du recul j’ai pu identifier certains mécanismes de défense de mon patient et m’adapter à lui. Tout est loin d’avoir été parfait il me faudra beaucoup plus d’expérience mais ce qui est certain c’est qu’une relation de confiance s’était établie et j’espère qu’elle pourra être pour lui bénéfique dans la poursuite de ses soins.

IV.

Bibliographies :

Collège français de néphrologie : http://cuen.fr/umvf/IMG/pdf/07_chapitre_nephrologie_6e_edition.pdf Société de néphrologie : http://www.soc-nephrologie.org/PDF/enephro/recommandations/SN/IRCproteinurie.pdf Evaluation du rapport albuminurie/créatininurie dans le diagnostic de la maladie rénale chronique chez l’adulte par la HAS : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201204/texte_court_dfg_creatininemie.pdf Revue de médecine interne 31 (2010) 626-630 : L’annonce d’un diagnostic grave. https://www-em--premium-com.frodon.univ-paris5.fr/showarticlefile/265376/main.pdf Annoncer une mauvaise nouvelle HAS :

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http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/200810/mauvaisenouvelle_vf.pdf COMMENT S'ACCOMPAGNER ET ACCOMPAGNER LES PERSONNES ÉPROUVÉES : http://www.infiressources.ca/fer/depotdocuments/Comment_s_accompagner_et_acc ompagner_les_personnes_en_fin_de_vie.pdf Plan cancer 2003-2007.

V.

Les compétences mises en jeu : -

Urgences premier recours : conduite à tenir devant une hématurie.

-

Approche centrée patient, relation, communication : le patient est au centre de la procédure d’annonce.

-

C’est une approche complexe devant prendre en compte l’ensemble des connaissances que le médecin possède sur son patient, son environnement, complexe également car devant tenir compte aussi bien des mécanismes de défense du patient que des mécanismes de défense des soignants.

-

Cette annonce s’inscrit dans un long processus ou les soignants devront surveiller le patient et sa famille aussi bien sur le plan physique que psychique, ils devront continuer de l’informer et de l’accompagner tout au long des soins : Continuité des soins/ Coordination des soins (dans ce cas avec l’urologue).

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