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January 15, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Architecture
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Description

Diagnostic du patrimoine Pays Segréen / Communauté de communes du Canton de Segré

DGA Proximité / Ser vice départemental de l’Inventaire du patrimoine

Sommaire Avant-propos................................................................................................................................ p.1 Territoire et patrimoine....................................................................................................... p.2

Introduction........................................................................................................................... p.2 Un très riche patrimoine seigneurial : mottes féodales, manoirs et châteaux...... p.4 Les parcs et jardins.............................................................................................................. p.8 Le patrimoine rural des fermes............................................................................... p.9 Un patrimoine de territoire singulier : l’architecture industrielle. ............................. p.10 Patrimoine des villages : un cadre de vie à préserver. .......................................... p.11

Diagnostics par commune.................................................................................................p.13

Aviré...................................................................................................................................... p.14 Bourg-d’Iré. ......................................................................................................................... p.18 La Chapelle-sur-Oudon.................................................................................................... p.22 Châtelais.............................................................................................................................. p.26 La Ferrière-de-Flée............................................................................................................ p.30 L’Hôtellerie-de-Flée........................................................................................................... p.34 Louvaines............................................................................................................................ p.38 Marans. ................................................................................................................................ p.42 Montguillon......................................................................................................................... p.46 Noyant-la-Gravoyère......................................................................................................... p.50 Nyoiseau.............................................................................................................................. p.54 Saint-Martin-du-Bois......................................................................................................... p.58 Saint-Sauveur-de-Flée...................................................................................................... p.62 Sainte-Gemmes-d’Andigné............................................................................................ p.66 Segré. ................................................................................................................................... p.70

Contacts - Aides - Partenaires.............................................................................................. p.80

Avant-propos

L

e Conseil général de Maine-et-Loire, par l’action du service départemental de l’Inventaire du patrimoine, a réalisé en partenariat avec la DRAC des Pays de la Loire (service régional de l’Inventaire) - puis avec la Région des Pays de la Loire - et le Syndicat mixte du Pays Haut-Anjou Segréen, l’inventaire du patrimoine architectural des 67 communes de ce territoire. L’objectif de cette opération a été d’identifier et d’étudier les édifices les plus remarquables ou les plus représentatifs de l’architecture locale et d’en conserver la mémoire à travers une couverture photographique systématique : architecture rurale, seigneuriale, industrielle, religieuse…, l’ensemble du bâti a été pris en compte de manière à en restituer toutes les caractéristiques. Ce Diagnostic est une approche synthétique du patrimoine de la communauté de communes de Segré. Les spécificités de l’architecture sont présentées

dans une première partie, puis, dans un cahier technique établi commune par commune, des cartes et des tableaux localisent et identifient les éléments du patrimoine : les édifices déjà protégés au titre des Monuments historiques ; les bâtiments remarquables ou représentatifs d’un style, d’une famille typologique ; les édifices secondaires mais qui concourent à l’identité architecturale de la commune ; enfin le patrimoine d’accompagnement : puits, croix de chemin, oratoires, jardins... Ce document est donc un outil de connaissance, de sensibilisation et d’aide à la décision mis à la disposition des acteurs locaux (élus, aménageurs, associations…) afin qu’ils prennent en compte «  leur patrimoine  » dans les actions de gestion, d’aménagement et de valorisation du territoire communal et intercommunal.

Inventaire du patrimoine de la communauté de communes de Segré. Opération menée sous la direction de Thierry Pelloquet et Claire Steimer, conservateurs du patrimoine au service départemental de l’Inventaire du patrimoine de Maine-et-Loire. Études communales réalisées par Thierry Pelloquet, avec la collaboration de Guénaelle Bonenfant et Claire Borchiellini, stagiaires au service départemental de l’Inventaire du patrimoine.

Communauté de communes du Canton de Segré

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Territoire et patrimoine

Châtelais L'Hôtellerie-de-Flée

Saint-Sauveur-de-Flée

La Ferrière-de-Flée

Montguillon

Nyoiseau Aviré Saint-Martin-du-Bois Noyant-la-Gravoyère Bourg-d'Iré

Segré

Louvaines La Chapelle-sur-Oudon

Sainte-Gemmes-d'Andigné

Marans

Introduction Géographie et paysages Située au nord-ouest du département, pour partie frontalière avec la Mayenne, la communauté de commune de Segré comporte 15 communes qui couvrent un territoire d’environ 24 000 hectares. Ce dernier est traversé par l’Oudon, la Verzée, l’Argos et de nombreux autres ruisseaux dont la Sazée, la Queille, la Grée, Misengrain et la Richardais. Liés à l’hydrographie, plusieurs étangsréservoirs, difficilement datables, ont été repérés dans la partie nord du territoire où le relief accidenté se prête mieux à l’aménagement de ces réserves. Constituées de chaussées, érigées en moellons de schiste et en terre, elles devaient permettre par un système de vannes et de trop-pleins, de réguler le débit de l’eau afin d’irriguer les terres cultivées mais aussi les vergers et les jardins potagers (dans le cas de la chaussée du bourg de l’Hôtellerie-de-Flée). Ces étangs étaient également à usage de viviers à poissons et d’abreuvoirs naturels ; la vase récupérée à chaque curage était utilisée pour fertiliser les sols. On peut enfin penser qu’ils jouaient également un rôle de régulation des eaux en cas de pluviosité intense. Les chaussées qui les constituent ont probablement été restaurées au fil du temps en fonction des besoins ; leurs aménagements les plus récents (vanne, trop-plein) datent le plus souvent du 19e siècle.

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Communauté de communes du Canton de Segré

Le territoire offre un paysage bocager rythmé par des vallonnements réguliers aux courbes souples. Des lignes de crêtes sont toutefois présentes, principalement au nord, générant parfois un relief plus marqué que l’on retrouve le long du cours de l’Oudon. Le bois de la Ferrière-de-Flée est un témoignage des massifs forestiers importants couvrant autrefois la région. Fortement agricole, le territoire est un pays de bocage où dominent l’élevage, les cultures fourragère et céréalière. En 1992 une partie du canton a été labellisé par le Ministère de l’Environnement comme « Paysage de relance » afin de redynamiser la culture arboricole fruitière, notamment pour la production de cidre. L’industrie a également tenu une place importante dans l’économie locale. Les nombreux sites d’extraction de fer et d’ardoise et leurs aménagements architecturaux inhérents ont nettement marqué le paysage même si leur exploitation, commencée au cours des années 1870, fut stoppée au début des années 1980.

Paysage rural à Châtelais Communauté de communes du Canton de Segré

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Le patrimoine en quelques chiffres Si sur cette zone 20 édifices bénéficient d’une protection au titre des Monuments historiques (inscription ou classement) et 3 lieux sont protégés au titre des sites. Dans le domaine de l’architecture domestique ce statut concerne essentiellement des châteaux et des manoirs (12 édifices) auxquels on peut ajouter une maison à pans de bois et un presbytère. L’architecture religieuse est représentée par 2 ensembles religieux (l’ancien prieuré de la Jaillette à Louvaines et les vestiges de l’abbaye de Nyoiseau) ; seule 1 église (La Madeleine à Segré) a été récemment protégée. On signalera également 3 ensembles mégalithiques, 1 motte féodale et 1 enceinte fortifiée. Aucun élément de l’architecture rurale et industrielle ne bénéfice aujourd’hui d’une mesure de protection alors même que le territoire présente un important corpus d’éléments remarquables pour les 19e et 20e siècles. L’opération d’inventaire a quant à elle permis d’identifier plus de 700 édifices auxquels il faut ajouter de nombreux édicules d’accompagnement (croix de chemin, oratoires, monuments aux morts, lavoirs, puits…). 397 peuvent être considérés comme des éléments remarquables  ; plus de 330 comme des édifices qui concourent à l’identité architecturale du territoire. Le patrimoine architectural est principalement marqué par un maillage important d’architectures seigneuriales : on dénombre ainsi 26 châteaux, 52 manoirs mais aussi 1 très belle motte féodale encore conservée (Châtelais). En parallèle, l’architecture rurale est également très présente avec une vingtaine de maisons de maître et surtout plus de 70 fermes recensées parmi lesquelles les deux-tiers comprennent des campagnes de constructions du 19e siècle, illustrant ainsi le renouveau agricole dans le Haut Anjou tout au long de cette période. Dans les centres-bourgs, les 15 églises paroissiales ont été reconstruites ou remaniées au cours du 19e siècle. 94 maisons ont été également retenues pour leur intérêt architectural. La ville Segré, chef lieu de l’arrondissement, propose pour l’époque contemporaine un habitat diversifié : hôtels particuliers, demeures suburbaines, lotissements des années 30, une importante cité ouvrière et quelques exemples de collectifs de la Reconstruction. On signalera enfin plus d’une vingtaine de témoignages de l’activité industrielle, principalement minière (ardoise, minerai de fer), comprenant des bâtiments de production, des équipements annexes et de nombreux logements ouvriers qui contribuent à marquer l’identité architecturale du territoire.

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Saint-Sauveur-de-Flée

Un très riche patrimoine seigneurial : mottes féodales, manoirs et châteaux En raison d’une situation frontalière stratégique, aux confins du Maine et de la Bretagne, la région de Segré (notamment la partie nord de la communauté de communes) présente un réseau très dense d’édifices liés à une occupation militaire et/ou seigneuriale dont les vestiges les plus anciens remontent à la période protohistorique. C’est le cas notamment sur la commune de Châtelais où l’on trouve à la fois les traces d’un ancien oppidum, installé sur une cluse dominant la vallée de l’Oudon (Saint-Julien l’Ardent), un très bel exemple de motte féodale 1 (RougeÉcu), comprenant une enceinte circulaire de 50 mètres de diamètre et une grande basse cour d’un hectare, et les vestiges de l’enceinte fortifiée du village élevée Bouillé-Théval (Montguillon). dès le 13e siècle. Les implantations seigneuriales se sont probablement développées à partir du Haut Moyen Âge comme l’atteste notamment la toponymie. Si une majorité des manoirs repérés présente des phases de construction datant des 15e et 16e siècles, des exemples exceptionnels plus anciens ont été mis en évidence. À la Gortaie (Louvaines) 2 , l’édifice construit au tout début du 14e siècle proposait une grande salle montant sous charpente selon un type principalement connu en Bretagne, en Normandie et en Angleterre. Dans le centre-bourg de Saint-Martin-du-Bois, le profil singulier de la demeure située rue du Prieuré, avec sa façade pignon et ses longs pans de toiture, traduit l’organisation interne du bâtiment qui comprend là encore une salle sous charpente encadrée par des bas-côtés abritant des espaces de servitude 3 .

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Une analyse similaire de la charpente a permis de dater cet édifice de la fin du 14e siècle, même si l’ensemble a été profondément modifié par la suite. Trente-sept édifices comportent des campagnes des 15e et 16e siècles, indiquant ainsi la grande période de construction des demeures seigneuriales dont on conserve de très beaux exemples avec les manoirs du Grand Rossignol (Aviré), de la Bourgonnière (Montguillon), de la Cour, la Pézellière et Haute-Rivière (Saint-Gemmes-d’Andigné) ou de la Planchette (Segré). Le phénomène se poursuit aux 17e et 18e siècles avec des sites comme ceux de la Fleuriaie (Aviré) ou l’Aunay (Louvaines). Les châteaux, possédés par la haute aristocratie depuis le Moyen Âge, ont évolué tant dans leurs fonctions que dans leurs formes. Le château (castrum) de Segré dont l’énorme motte s’élevait au confluent de la Verzée et de

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l’Oudon, est rasé en 1433 par le comte d’Arundel. Beaucoup de ces édifices, édifiés pour contrôler un territoire au temps de leur construction, perdent tout intérêt stratégique et militaire à la fin de la guerre de Cent Ans. Au milieu du xve siècle, de nouvelles grandes demeures seigneuriales apparaissent, succédant sans doute à des habitats plus anciens (Bouillé Théval à Montguillon). Même si certaines gardent un aspect défensif très marqué, comme l’ancien château de la Bijottière (Bourg-d’Iré) reconstruit après 1454 avec un châtelet d’entrée, les logis s’ouvrent davantage sur l’extérieur : les baies sont plus nombreuses, plus larges, et composent des travées régulières, comme au château du Percher (Saint-Martin-du-Bois) 4 . Le décor des façades intègre alors nombre d’éléments italianisants : encadrements à crossettes, baies en plein cintre, corps de moulures à fasces, frontons triangulaires ou festonnés, comme au Percher de nouveau ou au château du Hardas (Louvaines). Les tours contenant l’esca-

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lier en vis, si fréquentes aux façades des logis gothiques, tendent à disparaître au profit d’une distribution verticale intérieure. Le Hardas en est une bonne illustration : bien que saillant encore au-dessus du mur gouttereau du corps principal et couverte d’un toit en pavillon, la cage de l’escalier se trouve ici intégrée dans l’œuvre et sert de liaison entre le gros pavillon d’entrée et la partie droite du logis. Le territoire compte enfin de très beaux exemples du château français classique des xviie et xviiie : le logis du château de la Faucille (L’Hôtellerie-de-Flée) 5 , présente deux pavillons latéraux de part d’autre du corps de logis central, tous couverts par des toitures brisées. Plus complexe, avec ses ailes et ses cours de communs symétriques par rapport à l’axe général de la composition, la Lorie (La Chapelle-sur-Oudon) a été agrandi et embelli de siècle en siècle. Comme dans les autres secteurs du Pays Segréen, le territoire

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voit une importante phase de construction / reconstruction / réaménagement de châteaux tout au long du 19e siècle. Les propriétaires fonciers, acteurs politiques et économiques du monde local, réaménagent leurs domaines, modernisent leurs exploitations agricoles et adaptent leurs châteaux aux modes architecturales. Le style néo-classique est adopté à Danne (Saint-Martin-du-Bois) 6 dans les années 1830 ; la Maboulière (Bourg-d’Iré) 7 , édifié pour le comte Alfred de Falloux, député et ministre de Louis-Napoléon Bonaparte, combine des influences de la fin de la Renaissance et de la première moitié du 17e siècle. Auguste Bibard multiplie d’imposantes constructions « brique et pierre », en référence à l’architecture du règne de Louis XIII à Saint-Julien (Châtelais) ou à la Douve (Bourg-d’Iré). Enfin Auguste Beignet propose le néogothique pour la restauration du château de la Ferrière (Ferrière-de-Flée).

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Les parcs et jardins À partir du 17e siècle se développent des jardins réguliers qui comprennent un ou plusieurs axes de composition et de symétrie ainsi que des parties constituantes traitées en surface ou en volume selon des formes géométriques simples : parterres, alignements, boulingrins. Le parc de la Faucille (L’Hôtellerie-deFlée) 8 présente encore une longue avenue rectiligne qui conduit au château. Vers le sud, des jardins s’étagent en terrasse sur trois niveaux : d’ouest en est on trouve un jardin fleuriste, deux pièces de gazon interrompues par une allée de front et un jardin d’agrément au bord de l’Oudon. Les compositions à la française, dans lesquelles les effets de perspective jouent un rôle majeur, s’organisent autour d’un jeu d’axes perpendiculaires qui utilisent l’entrée principale du château comme point de convergence. L’axe frontal, le plus important, conduit vers le logis, le traverse en son centre et se poursuit dans le jardin, parfois au-delà dans le parc boisé ou la campagne. Le parc de la Lorie reprend ces grands principes de l’époque classique. Aménagé au cours du 18e siècle, lors des grands travaux menés par la famille Constantin pour le château, on doit toutefois sa sauvegarde à l’intervention du paysagiste Edouard André qui entreprend au début du 20e siècle la restauration des jardins en respectant les caractères de la composition régulière. À partir des années 1830, la tradition du jardin régulier s’efface au profit de compositions paysagères et pittoresques qui jouent avec le relief du terrain, les pièces d’eaux naturelles (rivière, étangs), les allées courbes et les points de vue sur le château et la campagne. Ce sont de tels aménagements qui sont effectués autours des châteaux de la Roche (Noyant-la-Gravoyère), Danne (Saint-Martin-du-Bois), la Douve (Boug-d’Iré), ou encore Saint-Julien (Châtelais). Le parc du château d’Orveau (Nyoiseau) conserve pour sa part un rare embarcadère de jardin en bois, bel exemple de « fabrique » qui ponctuait « le tableau de paysage ». Deux exemples de jardins potagers méritent d’être signalés : à Danne, le jardin adopte une forme originale à redents, sans doute à usage de brise-vent 9  ; à la Devansaye (Marans) le potager aménagé vers 1875 conserve la plupart des ses aménagements d’origine dont son beau mur de clôture et son portail d’entrée avec dans l’axe, la maison du jardinier qui ouvre directement dans le jardin.

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Le patrimoine rural des fermes Les implantations seigneuriales ont favorisé depuis l’époque moderne l’établissement de nombreuses exploitations agricoles. Un tiers d’entre elles proposent des campagnes de constructions antérieures au 19e siècle. Elles sont marquées par l’emploi du type « bloc à terre allongé » appelé habituellement « longère ». Dans de nombreux cas, ce type est complété par une ou deux petites dépendances satellites (remise, grange, porcherie) élevées sans organisation précise autour de la cour. Le gros œuvre des murs est constitué pour l’essentiel de moellons de grès, de calcaire et de schiste liés à la terre le plus souvent, ou parfois à la chaux et au sable. On utilise par ailleurs le bois en second œuvre pour les linteaux des baies ou le cadre des lucarnes ; l’ardoise est systématiquement employée pour les toitures. Les deux autres tiers du corpus proposent des exploitations entièrement construites ou reconstruites au cours de la seconde moitié du 19e siècle 10 . Cet ensemble témoigne de l’intense mouvement de reconstruction des bâtiments ruraux lié à la modernisation de l’agriculture dans le Segréen au 19e siècle : agrandissement des domaines, chaulage des terres, introduction d’une nouvelle race bovine -la Durham-. Cette action appliquée au bâti est particulièrement visible dans les communes où sont installés les grands propriétaires terriens de l’époque : au Bourg-d’Iré où est présent le comte de Falloux, à Sainte-Gemmes-d’Andigné où réside la famille d’Andigné, 70 à 80 % des fermes sont reconstruites (parfois entièrement) à cette époque. Les constructions se structurent désormais selon un plan régulier, avec des bâtiments dissociés selon leurs différentes fonctions. Les étables prennent une importance particulière : elles font l’objet d’un traitement architectural recherché, marqué par l’écriture symétrique des élévations, en jouant notamment sur les pignons-lucarnes des avant-corps. L’utilisation de la brique, parfois en alternance avec le tuffeau, souligne de façon décorative les chaînes d’angle et les encadrements des baies. On signalera bien sûr la ferme modèle de la Maboulière (Bourgd’Iré) 11 construite à l’initiative du comte de Falloux, et encore les beaux exemples de la Grande-Noue 12 et la Chauffetière (Châtelais), la Roche (Noyantla-Gravoyère), l’Épine (la Ferrière-de-Flée), l’Englucherie et de l’Ébeaupinière

Le château de St-Julien et la ferme du domaine (Châtelais).

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(Sainte-Gemmes-d’Andigné) et du Bas-Tertre (Saint-Martin-du-Bois). Une vigilance particulière, notamment lors d’un changement d’affectation, doit donc être portée sur les bâtiments les plus remarquables afin d’en conserver la silhouette générale et les caractères architecturaux particuliers. Des extensions contemporaines (remises, stabulations, hangars) entreprises tout au long du 20e siècle sont visibles un peu partout  ; elles illustrent notamment les nouvelles orientations mises en œuvre après la seconde guerre mondiale (mécanisation, intensification de la production).

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Un patrimoine de territoire singulier : l’architecture industrielle Les moulins Vingt-huit moulins ont été repérés au cours de l’enquête. La plupart figurent sur la carte de Cassini et il est probable que leur construction remonte au Moyen Age ; les édifices ou les vestiges les plus anciens sont toutefois plus visibles le long de la Verzée où le gros-œuvre des bâtiments repérés est datable des 17e et 18e siècles ; ceux construits le long de l’Oudon ont été largement remaniés ou reconstruits au cours du 19e siècle (moulin de Quincampois (Sainte-Gemmes-d’Andigné). Peu de moulins à vent ont subsisté  ; ce sont tous des moulin-tours qui prenaient le relais des moulins de berge en cas de baisse du niveau des eaux (La Corbinière à Noyant-la-Gravoyère, La Bondrairie à Nyoiseau).

Les industries d’extraction Les principales activités industrielles qui se développent sont liées à l’extraction des produits du sous-sol : on signalera tout d’abord le calcaire utilisé pour obtenir de la chaux afin d’amender les terres ; plusieurs fours à chaux furent construits sur le territoire (La Chapelle-sur-Oudon, Louvaines) et des vestiges sont conservés notamment à Noyant-la-Gravoyère. À partir des années 1830, l’usage de la brique devenant à la mode dans la construction rurale, le nombre des briqueteries augmente : une existait à Noyant, une autre vient d’être restaurée à Louvaines (La Bodardière). C’est bien sûr l’exploitation des ardoisières (attestée à partir de l’époque médiévale) avec notamment les sites de Misengrain 13 et de la Gâtelière (Noyant-la-Gravoyère) et celle du minerai de fer à Segré et Nyoiseau (carreau du Bois) 14 qui présentent les témoignages patrimoniaux les plus remarquables. À Misengrain le puits principal (n°7) dispose encore de son chevalement en treillis métallique, avec ses deux molettes (grandes poulies), et du bâtiment de la machine d’extraction. Deux anciens ateliers de fabrication, à structures métalliques, sont également préservés dont l’un au sud est couvert par une toiture en sheds. Situé à côté de ce dernier,

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l’ancien puits n°6, avec son chevalement métallique, a été déclassé à partir des années 1930 pour servir de puits de secours et d’aérage. À la Gâtelière, on conserve quelques éléments bâtis en surface transformés pour certains lors de la réhabilitation des lieux en site d’interprétation. Concernant l’extraction du fer, outre le carreau de l’Oudon (Segré) où sont conservés un chevalement métallique, l’ancien bâtiment de la machine d’extraction et les arcs de soutènement de l’estacade supportant une voie ferrée, le site majeur est celui du carreau minier de Bois 2-Bois 3 à Nyoiseau avec ses deux chevalements (l’un métallique, l’autre en béton) et leurs bâtiments abritant les machines d’extraction mais aussi pour Bois 3 le bâtiment principal dit de « la recette ». La tour béton est un exemple exceptionnel de tour « Koepe » : elle comporte un treuil d’extraction installé en partie haute ; une simple poulie qui entraîne, en boucle, la cage et le contrepoids reliés au même câble. Implanté sur les hauteurs d’un plateau et visible de toutes parts à plusieurs kilomètres à la ronde, cet ensemble industriel forme un des points forts du paysage du Haut-Anjou. Liés aux différentes exploitations (mines d’ardoise et de fer) et à leurs sites de production, de nombreux types de logements ouvriers ont été répertoriés à Misengrain et Noyant-la-Gravoyère (cité jardin de la Promenade) mais aussi à Charmont, Nyoiseau 15 (Brèges, Bois II) ainsi qu’à Segré avec sa grande cité des mines de fer. Notons enfin parmi les équipements annexes le groupe scolaire et 15 le vélodrome de Noyant-laGravoyère. Ce patrimoine industriel doit donc être considéré comme une richesse singulière au Pays Segréen. Si sa valorisation doit être poursuivie, les enjeux majeurs sont liés aux possibilités de reconversion et/ou réhabilitation de certains bâtiments afin d’en assurer leur sauvegarde.

Patrimoine des villages : un cadre de vie à préserver L’architecture religieuse

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L’architecture religieuse est une composante marquante du paysage urbain et villageois tant par les édifices monumentaux (abbaye, prieurés, églises paroissiales, chapelles) que par les nombreux édicules (croix de chemin, oratoires) ou les lieux de dévotion modestes tel l’arbre du Petit Villechien à Noyant-laGravoyère ou le puits-chapelle de Sainte-Gemmes-d’Andigné ou encore les nombreuse niches pratiquées sur les façades des maisons à la dévotion du Christ ou de la Vierge (Saint-Martin-du-Bois). L’implantation religieuse remonte à la création des paroisses et à l’installation des abbayes et des prieurés entre le 10e et le 12e siècle 16 . Mais on notera surtout la prépondérance de l’architecture du 19e siècle dans le cas des églises paroissiales. Jugées vétustes ou trop exiguës, toutes les églises du territoire ont en effet été reconstruites (ou agrandies) au cours de cette période. Parmi les exemples les plus remarquables, on notera la Madeleine de Segré (protégée MH) 17 ainsi que les églises de Sainte-Gemmes-d’Andigné, Saint-Martin-du-Bois 18 , Marans, Châtelais et Saint-Sauveur-de-Flée. C’est toutefois l’ensemble de ce corpus d’édifices qui est aujourd’hui confronté à des enjeux importants en matière de conservation.

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Les centres-bourgs : un patrimoine de proximité Les bourgs se structurent autour d’éléments significatifs comme l’église, la mairie, le presbytère, le cimetière, le monument aux morts ou encore le lavoir. La rue principale et/ou la place sont des espaces essentiels : axe de passage et espace public, elles configurent le plan du village. Le territoire connaît aujourd’hui un développement lié à sa proximité avec Angers renforcée par l’aménagement de nouveaux axes de circulation. Les villes et villages, qui avaient subi une forte baisse de la population au cours du 20e siècle, sont à nouveau attractifs et en pleine expansion. Cette évolution se traduit toutefois par l’étalement des zones d’habitation et la naissance de nombreux lotissements en périphérie. Les centres-bourgs restant souvent à l’écart de programmes de rénovation ou de réhabilitation de l’habitat.

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Le traitement des façades constitue l’une des richesses de ces villages : l’emploi de la symétrie dans les élévations, la variété des encadrements de baies (matériaux, formes, décor), le dessin des lucarnes, des balcons ou des gardecorps sont autant de détails à préserver et à entretenir 19 20 21 . Les alignements opérés tout au long du 19e siècle ont contribué à créer une unité architecturale tant dans l’ordonnancement des façades que dans le gabarit des volumes. Les bâtiments de dépendance accompagnant les habitations (communs ou étables-granges), comme les jardins potagers, à l’arrière des maisons ou en bordure de rivière (Bourg-d’Iré), participent au caractère rural des bourgs. Les puits, les lavoirs, les fontaines 22 témoignent enfin d’un mode de vie aujourd’hui révolu. Si les croix de chemin et oratoires ponctuent toujours le territoire rural, on trouve également de nombreux édicules religieux dans les villages, évocation de la piété passée (rogations, missions, pèlerinages).

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