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January 10, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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LE THEATRE ORGANIC PRESENTE

JEAN-LUC LAGARCE

(FRAGMENTS)

E S I R REP

Mise en scène: Sophie Gazel

Avec: Laurence Guatarbes, Yves Buchin et Pablo Contestabile DU 26 NOVEMBRE AU 19 DECEMBRE 2009 DU JEUDI AU SAMEDI A 20H30 (RELÂCHE LE JEUDI 3 DECEMBRE) THEATRE DE LA BOUTONNIERE: 25 RUE POPINCOURT 75011 / PARIS Métros Voltaire / St Ambroise

Sur de vieux airs de tango argentin et quelques pas de milonga, la Fille et les deux Boys nous livrent leur histoire et témoignent des humiliations vécues lors des tournées pour gagner leur vie tant bien que mal…

THEATRE DE LA BOUTONNIERE: 25 RUE POPINCOURT 75011 / PARIS Métros Voltaire / St Ambroise DU 26 NOVEMBRE AU 19 DECEMBRE 2009 DU JEUDI AU SAMEDI A 20H30 (RELÂCHE LE JEUDI 3 DECEMBRE) Prix des places: Tarif plein 17 € - tarif réduit: 10 € - groupes: 13€ Réservation: 01 48 05 97 23 [email protected] / www.theatre-organic.com Le spectacle a reçu l’aide de l’ Chargée de diffusion: Gaëlle About Port: 06 07 48 68 43 / E-mail: [email protected]

A propos de «Comme tous les soirs, dans cette ville-là comme dans toutes les autres villes (…) la Fille jouera sa petite histoire, prendra des mines, habile à prendre des mines, fredonnera chansonnette et esquissera pas de danse. Comme tous les soirs, dans cette ville-là comme dans toutes les autres villes, elle racontera la journée terrible qui s’achève, la journée pénible qui s’achève, récit des diverses humiliations et aléas divers. » Jean-Luc Lagarce

Sur de vieux airs de tango argentin et quelques pas empruntés à la milonga, dans l'intimité d'un cabaret abîmé par les années, la Fille et les deux Boys vont faire leur numéro. Pourtant ce soir n'est pas un soir comme tous les autres; alors qu'ils se protègent derrière des pas de danse assez dignes, ils contemplent le manque absolu de contrôle de leur destinée… Ce soir, c'est leur vie d'artiste qu'ils racontent, leur vie à tout prix, avec ou sans public. «Une nuit, à la sortie de la gare de Besançon (Doubs), j'ai vu sous la neige, portant ses valises et renonçant aux taxis, s'éloigner le chanteur Ringo Willy Cat, celui-là qui épousa la chanteuse Sheila, qui fut une grande vedette, comme nous disions, qui chanta avec lorsqu'ils se marièrent, "Laisse les gondoles à Venise..." - mon frère et moi, nous reprenions le refrain en choeur - et qui venait pour deux soirs, un vendredi et un samedi, chanter ses anciens succès dans une boîte à striptease de cette froide ville de l'Est. Le plafond était si bas - je ne m'en souviens plus - le plafond était si bas que l'actrice décida de ne pas mettre ses souliers à hauts talons de peur de toucher les projecteurs avec son chignon alambiqué. Derrière un rideau, une fois, et cela parlait d'acteurs encore, une chanteuse fondit en larmes aussitôt le rideau baissé et toute la salle l'entendit et éclata de rire.» Jean-Luc Lagarce octobre 1989

Jean-Luc Lagarce (1957-1995)

Quand Jean-Luc Lagarce est mort (du sida) le 30 septembre 1995, c’était un metteur en scène connu mais un auteur encore méconnu. Certes, plusieurs de ses pièces avaient été jouées avec succès mais d’autres étaient restées dans le tiroir ou incomprises. Sa notoriété n’a cessé de croître depuis sa disparition. Il a écrit entre autres Derniers remords avant l’oubli, Les Prétendants, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, Juste la fin du monde, Le Pays lointain… Auteur et metteur en scène, il fonde le Théâtre de la Roulotte en 1978. Il met notamment en scène Marivaux, Labiche, Ionesco puis ses propres textes. Jean-Luc Lagarce a une maîtrise de philosophie, et l'œuvre qu'il a produite est immense, alors qu'il a si peu vécu: dix-neuf pièces, trois récits, un essai (Théâtre et Pouvoir en Occident), dix-neuf cahiers de journal intime, deux films vidéo… dont se dégage une grande pensée : une vision théorique du théâtre et du monde. Sa pièce Juste la fin du monde a été jouée à la Comédie Française en mars 2008. Lors d’une interview, François Berreur raconte: «Ce qui me fascine dans son œuvre, c'est qu'elle touche des endroits de l'indicible. Ce qui rend le public captif, c'est qu'il parle de choses qu'on ne peut pas écrire. Il y a chez lui un mystère de l'écriture théâtrale, dont il n'était pas tout à fait conscient. Les sens s'ouvrent au moment du jeu, dans une grande énergie de la parole.»

MUSIC-HALL OU LA VIE D’ARTISTE Pourquoi le tango? C’est vers 1880 que l’on s’accorde à situer la naissance du tango comme le produit de la culture du peuple très mélangé des taudis des villes portuaires de Buenos Aires, Rosario et Montevideo. C’est ensuite à Buenos Aires qu’il s’est particulièrement développé. On peut imaginer gueux locaux et émigrés, réunis par leur misère se réchauffant mutuellement autour d’un feu ou d’un poêle et se chantant les uns les autres des airs de leur pays d’origine. Les premières chansons évoquent des histoires de sexe, de règlement de compte … A partir de 1917, il évolue vers de nouvelles manières en exprimant, avec nettement plus de délicatesse, des sentiments mélancoliques ou même des considérations métaphysiques. Les personnages de Music-hall sont aussi en déracinement permanent, ils portent une parole proche des histoires de tango … qui racontent la vie des hommes avec ses accents dramatiques et passionnés, ses thèmes récurrents : l’amour et ses déchirements, les témoignages de la misère humaine. Cette création musicale donne à la pièce de Jean Luc Lagarce un corps et une esthétique artistique comme une continuité du texte. L’utilisation du tango illustre des contrastes qui servent la dramaturgie : une situation de plus en plus noire et désespérée, des corps qui gardent coûte que coûte leur dignité car le tango offre au corps maintien, allure, noblesse et arrogance de l’esprit humain qui apprend à supporter ses souffrances. L’art du griot L’art du griot offre un traitement du temps qui permet une proximité et une intimité avec le public,. Il y a le temps du conteur, incarné par l’un des deux boys, accompagné de son accordéon, où il donne au public certains épisodes intimes de leur existence et de leur déchéance pendant que les autres personnages sont dans un temps ralenti à la dimension onirique. Puis il y a le temps de l’action où les trois personnages vivent sous les yeux du public leurs obstacles à travers le tango. Il y a le temps de la confession, récit de leur existence, et le temps de l’action, de la relation et du spectacle musical, chanté et dansé. Un humour qui puise sa force dans la dérision Si les personnages de Music Hall sont drôles c’est parce que l’on rit nerveusement, fébrilement, face à leur tragédie qu’ils nous offrent avec pudeur, humour et dérision. La Fille, par exemple, va utiliser les obstacles rencontrés en même temps qu’elle en parle au public. Elle démontre en même temps qu’elle dénonce. Elle doit inventer un parcours lorsqu’il n’y a pas de porte au fond de la scène, elle mime ce qu’est un déplacement « lent et désinvolte », elle joue la difficulté rencontrée pour effectuer ses chorégraphies sur tout ce qui n’est pas son tabouret sur pied élevé. Les objets : tabouret sur pied élevé, chaise, tabouret à traire les vaches … sont de véritables partenaires de jeu qui participent au comique de dérision. «Comment faire un tour complet sur une chaise, je leur demandais, comment faire un tour complet, comme ça … Bon j’y arrivais ! Et je tournais, je faisais un tour complet…»

Un lieu décalé L’espace raconte déjà l’histoire par son aspect misérable, usé par le temps, des couleurs défraîchies, quelques reliques de mauvais goût qui viennent rappeler qu’il s’agit d’un cabaret. Un vieux comptoir de bar, un grand tabouret de bistrot, des rideaux de mauvais goût jouant sur des matières brillantes et de couleur, un vieux tournedisques, une lampe de bar avec de faux cristaux… Trois espaces symboliques: au centre, l’espace de la Fille sur son grand tabouret, puis deux petites scènes en bois verni côté cour et côté jardin : l’espace du conteur / griot et l’espace des deux boys qui partagent complicité et désillusion, le temps d’un maté (boisson typique argentine , herbe infusée qui se boit à l’aide d’une paille en métal ou en bois ). Au cours des tournées, chaque salle recevant Music Hall deviendra le décor original du drame vécu par nos trois artistes. Ce sera l’occasion de renouveler les dispositifs scéniques afin de coller à ce lieu, en privilégiant un rapport de proximité avec le public au cœur de l’espace dramatique . Un état des lieux du quotidien pour les petites compagnies Ce texte nous permet de faire face au mystère des artistes de la scène, prêts à tous les compromis et tous les sacrifices pour être, ne serait-ce que quelques instants sur scène, dans la lumière sous le regard d’autres… le public. Aujourd’hui, chaque artiste doit se positionner sur la remise en question de l’exception culturelle française dans sa forme et dans son système de fonctionnement. Que vont devenir «les petits» lieux et «les petites» compagnies déjà réduites à une existence de survie? Jusqu’où l’artiste est-il prêt à aller pour poursuivre le spectacle ? Must The Show go on? Sophie Gazel Paris le 06 Septembre 2008

L’EQUIPE ARTISTIQUE

SOPHIE GAZEL (mise en scène)

Née à Paris en 1969. Elle se forme au théâtre à l’université de Caen puis de Paris Censier pour acquérir les bases fondamentales des théories théâtrales, de la mise en scène et de la dramaturgie. En parallèle, elle se forme au jeu dans des cours privés qu’elle choisit en fonction d’une certaine ligne pédagogique. Ainsi, elle travaille avec les disciples de Jacques Lecoq et Peter Brook: Norman Taylor, Philippe Gaulier et John Wright à Londres, Tapa Sudana, Mas Soegeng… auprès de qui elle découvre l’importance du métissage culturel. Après avoir participé à différents spectacles en tant qu’actrice, elle s’oriente petit à petit vers la mise en scène et la pédagogie. Après un séjour à Londres à l’Ecole Internationale Philippe Gaulier, elle rentre à Paris et fonde conjointement avec Pablo Contestabile le Théâtre Organic qui partage ses activités entre la formation et la création théâtrale. Elle participe aux créations de Théâtre Organic en tant que metteur en scène et dramaturge. Elle donne des stages de théâtre en France, en Espagne et en Argentine, où elle donne aussi des conférences au Centre Culturel Rojas qui est le centre culturel rattaché à l’Université des Arts du Spectacle de Buenos Aires. Ses dernières mises en scène : - Où va la lumière quand il fait noir (dont elle est l’auteur) Avignon en 2002 puis plusieurs festivals en Espagne dont Madrid, Ibiza, Cangas et Pontevedra en Galice et à Barcelone. - L’Argentine dans le creux de l’oreille, spectacle musical, Avignon en 2002 - Je vais voir ailleurs parce que j’y suis (auteur également), France (2005 -2007). - Le Monte Plats (Harold Pinter), Paris et Argentine (Buenos Aires) entre 2006 et 2008.

PABLO CONTESTABILE

Né en 1976 à Buenos Aires en Argentine. Comédien et musicien argentin. Il a commencé sa formation avec Guillermo Angelelli en Argentine; Paul André Sagel, Carlo Boso, Tapa Sudana, Mas Soegeng, Patricia Jaïs, Norman Taylor, Haim Isaacs en France; Philippe Gaulier et les membres du Théâtre de complicité à Londres. Il crée avec Sophie Gazel le Théâtre Organic et organise tous les ans le Festival International de Formation de l’Acteur à Buenos Aires et en France. Il joue dans différentes compagnies en France, en Suisse et en Argentine et enseigne le théâtre avec un attachement particulier pour toutes les pratiques engageant le corps et la voix. Il chante et joue de l’accordéon.

LAURENCE GUATARBES

Elle s’est formée à l’Ecole Florent puis avec France Rousselle (professeur à l'ENSATT), Jack Waltzer (Actor studio), Jean-Claude Penchenat (Théâtre du Campagnol). Elle a découvert le masque avec Paul André Sagel et le clown avec Sophie Gazel et Pablo Contestabile. Au théâtre, elle a joué notamment sous la direction de Laurent Salsac (le Babour de Félicien Marceau), de Valérie Antonijevich (les Aveux de la dernière chance de David Caraty, Nuits d’amour éphémère de Paloma Pedrero, Vanves 14-18 , création collective, la Jalousie du Barbouillé de Molière) et de Alain Priou (L ’Intervention de Victor Hugo). Chanteuse, elle est deuxième voix du groupe pop rock Saint Sébastien. Chorégraphe pour, entre autres, Le Grand Guignol revient, mise en scène d’Elodie Cotin, Nuits d’amour éphémère et l’Intervention.

YVES BUCHIN

Il s’est formé avec Tsilla Chelton, Christian Benedetti, Xavier Brière, Anne Bérélovitch et Azize Kabouche. Il a découvert le masque avec Paul André Sagel et le clown avec Sophie Gazel et Pablo Contestabile. Il a joué au théâtre sous la direction de Tsilla Chelton dans Cupidon est-il un imposteur?; de Véronique Vellard dans Macbeth de William Shakespeare ; de Valérie Antonijevich dans Aztèques de Michel Azama, Qui est le véritable inspecteur Hound ? de Tom Stoppard, les Aveux de la dernière chance de David Caraty, Nuits d’amour éphémère de Paloma Pedrero, Vanves 14-18 création collective; de Cédric Prévost dans l’Ours et la Demande en mariage d’Anton Tchekhov; de Sophie Gazel dans le Monte-plats de Harold Pinter; de Alain Prioul dans la Vie à deux de Dorothy Parker, le Mariage de monsieur Mississippi de Friedrich Durenmatt et L’Intervention de Victor Hugo.

THEATRE ORGANIC

Le Théâtre Organic est une compagnie franco-argentine composée d'artistes français, européens et argentins. Les activités de Théâtre Organic s'articulent autour de la formation, la création et les échanges culturels entre la France et l’Argentine.

Formation

Depuis 2006, Théâtre Organic organise chaque année à Buenos Aires le Festival International des Traditions du jeu de l’Acteur dont le but est de réunir pendant trois mois des pédagogues, des metteurs en scène, des auteurs et des stagiaires d’Europe et d’Amérique Latine. Les intervenants sont sélectionnés pour leur activité théâtrale, représentative du paysage théâtral contemporain de leur pays. A travers la formation, l’intérêt est de tisser des correspondances entre différents registres et codes de jeu pour permettre à l'acteur, toutes origines confondues, d’apporter une nourriture à ses interrogations, ses attentes, ses aspirations dans la pratique quotidienne de son apprentissage et de son métier. Pour cela, nous défendons le métissage culturel qui participe à cet effort dans l’acte théâtral. Au-delà de son appartenance à une autre culture et une autre langue, l’acteur étranger apporte un autre corps et une autre relation aux mots, un engagement et une présence différents. Ces rencontres théâtrales permettent que, par delà l’aspect pédagogique, puisse naître un éclairage différent sur la pratique théâtrale à travers le monde.

Création

Chaque année, Theatre Organic tente aussi, par le biais de la création, de créer un pont permanent entre ses activités en France et en Argentine avec des temps de création en France et des tournées en France et en Argentine. En 2006, 2007 et 2008 la Compagnie a ainsi présenté le Monte-plats d’Harold Pinter, tout d’abord à Paris au Théâtre de la Boutonnière en 2006 puis à Buenos Aires en 2007 au Théâtre Puerta Roja sur deux mois où le spectacle a reçu un très bon accueil et de très bonnes critiques de la presse argentine puis, à nouveau, à Paris au Théâtre de la Boutonnière du 31 Janvier au 23 Février 2008.

L’équipe:

-les fondateurs -Sophie Gazel (France), metteur en scène et pédagogue et Pablo Contestabile (Argentine) comédien, musicien et pédagogue. -les artistes permanents Julien Barazer, communication et relation public. Yves Buchin (France), comédien. Laurence Guatarbes (France), comédienne, danseuse et chanteuse. Alfredo Iriarte ( Argentine / Grupo Catalinas sur), comédien, metteur en scène et facteur de masques. -les artistes occasionnels -Habib Naghmouchin ( Irak / Théâtre de la Boutonnière) -Paola Rizza (Italie / Lecoq)) -Haim Isaacs ( USA / Roy Art Théâtre) -Claire Heggen (France ) -Yves Marc (France ) -Jean Claude Cotillard (France ) -Javier Swedzky (Argentine) -Marcelo Subiotto (Argentine) -Norman Taylor (UK / Lecoq) -Ana Alvarado (Argentine /Periferico de objetos ) -Alejandro Catalan (Argentine) -Matias Chebel (Argentine) -Jos Houben (Belgique / Lecoq / Th de complicité et Peter Brook) -Lilo Baur (Suisse / Th de complicité et Peter Brook) -Tapa Sudana ( Indonésie / Peter Brook) -Mas Soegeng ( Indonésie / Footsbarn) -Jeremy James ( Canada / Théâtre du Soleil) -Sergi Estebanell ( Barcelone / Catalan) Vous pouvez retrouver leurs CV sur le site internet de Théâtre Organic: www.theatre-organic.com

LA PRESSE EN PARLE

Samedi 14 mars 2009

Music-hall (critique), Théâtre de la Boutonnière à Paris

SUBLIME ET DÉSINVOLTE

Hier soir, j’étais à Buenos Aires. Ou alors pas très loin, au Théâtre de la Boutonnière. On y jouait du Jean-Luc Lagarce, un peu après la bataille. Un «Music-hall» sensuel et renversant. L’histoire d’une passion folle sur un air de Tango.

comédiens et le public est amplifiée par la charmante promiscuité du Théâtre de la Boutonnière.

On ne pouvait rêver plus puissante lecture de ce fragment de l’auteur contemporain le plus joué au monde. La mise en scène de Sophie Gazel est plus Du béton brut au sol, aux fenêtres des rideaux de fil qu’à la hauteur. Ici, on questionne la fragilité de rouge. L’ambiance est tamisée. D’emblée on y est, l’artiste et la place de la culture dans la cité. Un dans cette milonga du fin fond argentin. Le tableau beau sujet d’actualité traité avec amour au fil d’un est complet. Un vieux Gramophone bâille sur le bar récital de boléro. On rompt avec la mythologie du et, là-bas endormi dans un coin, un accordéon dans music-hall. son étui. Puis, «la fille» fait son entrée, lente et Les strass et les paillettes se convertissent en désinvolte. Elle porte des talons hauts, une robe dentelle rouge, et les élans swing d’une Joséphine rouge et boit le maté en haranguant le public. Elle Baker sont troqués pour des interprétations nous raconte sa vie d’artiste. Et cette évocation déchirantes de lagrimas negras. Une transposition idéalisée de l’Argentine aux allures de carte osée qui semble évidente a posteriori. postale ancienne fait joliment écho à la nostalgie de son monologue. L’histoire est sublimée par la présence de trois comédiens de haut vol, qui semblent faire corps Entourée de ces deux partenaires à la scène, ses avec le texte. Laurence Guatarbes mène la danse «boys», elle déterre les souvenirs et retrace son avec brio, mi-lionne, mi-matador. Elle jongle parcours de chanteuse-danseuse de tango. Les entre les registres avec une aisance incroyable, débuts lumineux, le déclin, la solitude, la passion nous menant du rire aux larmes en un tour de pour son art. Elle évoque avec force détails la piste. Sa voix rauque et suave égrène des refrains tournée des bars minables dans des bleds perdus entêtants en espagnol. Ses deux acolytes, Yves de la pampa, les représentations devant un public Buchin et Pablo Contestabile, l’accompagnent à absent ou endormi, et chante son amour l’accordéon et à la voix, et jouent une partition indéfectible pour la scène. subtile et enjouée qui renoue avec l’intention comique du texte. Car, oui, Jean-Luc Lagarce La portée tragique de ce beau monologue est pensait avoir écrit une pièce drôle. Mais, ici, le contrebalancée par la joyeuse présence de ses rire est nerveux, presque anxieux et «l’œil fixé sur deux partenaires de passage et joliment ponctuée le trou noir», la fille dessine un dernier pas de par des intermèdes musicaux et dansés. Ainsi le danse, magnifique et habité, de ceux qui sondent soufflet de l’accordéon devient respiration, et les pas l’abîme et qui restent dans la rétine, à tout jamais. sensuels du tango découpent un espace suspendu où Ingrid Gasparini plus rien ne peut arriver, ni aux acteurs ni aux spectateurs. Cette forte connivence entre les Les Trois Coups http://www.lestroiscoups.com/article-29030506.html

Février 2009

Music Hall, de Jean-Luc Lagarce Music-hall, fragments, de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Sophie Gazel La Boutonnière est ce lieu étonnant au coeur du onzième arrondissement de Paris et jouxtant des ateliers de confection et tant d’autres boutiques d’artisans qui perdurent, Dieu soit loué, côté métro Voltaire . Au fond d’une cour et au premier étage d’un de ceux-ci auquel on accède par un escalier métallique il y a cet espace parfaitement transformable. L’équipe qui l’anime en a fait un lieu de culture et de rencontres et le réenvisage, le re-formule en fonction de ce qui s’y donne. Cette fois-ci c’est ce Music-Hall, signé Jean-Luc Lagarce, une de ses premières pièces, datant de 1988 et dont une autre version qui va s’achever se joue aux Bouffes du Nord. Concomitance?… Lagarce est parfait quand il s’agit de montrer que le parcours d’un artiste est forcément baroque, que son statut, de nos jours, l’est tout autant, et que ce qu’on prend pour un échec pourrait tout aussi bien être considéré

22.02.2009 On parle de la «petite musique» de Marguerite Duras. On peut parler ausi de celle de Lagarce. Elle nous prend au creux de l’estomac, elle ne nous lâche pas, comme un refrain mélancolique, longtemps après avoir quitté le théâtre. Mais est-ce un théâtre? «La Boutonnière» est une ancienne fabrique de boutons en nacre dont la dénomination a été conservée, en hommage à cet artisanat en perdition. Est-ce une salle de théâtre? Un grand espace, quelques banquettes pour accueillir un nombre restreint de spectateurs. Un lieu presque improbable mais idéal pour aller à la rencontre de «la Fille» et de ses deux boys. Pas de coulisses: ils entrent face à nous, ils nous regardent, nous les regardons: nous sommes déjà là, avec eux, complices, pour écouter les confessions de la Fille, les commentaires des boys. La Fille dans sa robe rouge, les longs cheveux bruns, le corps mince et gracile, un sourire aux lèvres, un peu narquois, un peu nostalgique aussi. Une vague ressemblance avec la Gréco de l’après-

comme une réussite ailleurs et en d’autres temps; bref que l’art, authentique, salvateur, pur, intemporel et hasardeux, mais re-fondateur du monde vrai, est fait pour nous donner du plaisir à tous et pas seulement ceux qui le pratiquent. Mais il y a des saboteurs-raboteurs partout, voyez nécessité de rentabilité –et les artistes peu connus, souvent obligés d’effectuer tournée après tournée comme on fait la manche, sont régulièrement traités avec un certain mépris. Deux hommes, une femme, tous étonnants, mais elle très physique avec de l’énergie à revendre. Eux plutôt subtils débordent d’humour et sont au deuxième degré. L’un à l’accent prononcé chante et joue d’un vrai accordéon au son de bandonéon. Les voila qui dansent des tangos musclés et autres milongas. La pièce est poignante et ces trois comédiens généreux émeuvent d’un bout à l’autre. MARIE ORDINIS

LE FIGARO guerre, surtout lorsqu’elle chante, la voix rauque. C’est du music-hall alors? Peut-être est-ce que ce fut du music-hall: aujourd’hui la Fille, nous voyant si proches d’elle, si attentifs aussi, peutêtre bienveillants, nous raconte son parcours. Peut-être a-t-elle eu du succès parfois, autrefois. Peut-être seulement dans ses rêves. Elle n’a qu’un accessoire, celui qui a permis à Marlène de devenir un ange bleu pour toujours: un tabouret. Elle sait en jouer du tabouret la Fille, y faire des pirouettes. Mais parfois, dans certains théâtres on n’en n'en veut pas. Le tabouret n’a pas de succès. Et les boys? Au début c’était son mari et son amant: l’un a tué l’autre. Elle en a changé, quinze se sont succédés . Ils chantent,dansent, font diversion quand elle pleure... «The show must go on»: la Fille, continuera d’aller de salle en salle, avec son tabouret, des boys. "Music-Hall", avec ces comédiens, dans ce lieu, c'est authentique! lefigaro.fr

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