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January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Sciences des religions, Catholicisme
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Homélie du mardi saint - 15 avril 2014 - Lc 4,16-21 - « Être baptisés, devenir chrétiens » Lors de ma 43ème et dernière visite pastorale, un enfant de 8 ans est venu me voir à la fin de la rencontre du catéchisme. Il m’a timidement posé cette question surprenante : « Je suis qui pour Dieu ? » Je suis resté comme muet, un instant, devant le visage interrogatif de cet enfant. « Je suis qui pour Dieu ? » La question était tellement sérieuse. Elle attendait peutêtre depuis longtemps dans son cœur. Mais comment répondre pleinement à une question dont Dieu seul connaît la réponse ? Comment lui dire simplement qu’il est unique aux yeux de Dieu ? Comment lui dire qu’il est créé à un exemplaire unique et jamais reproduit depuis que le monde est monde ? Comment lui dire que son prénom a pris tout son sens au moment de son baptême « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » ? Comment lui dire enfin que Dieu l’aime et l’aimera toujours ? Et voilà que mercredi dernier, lors de l’audience pontificale sur la place Saint-Pierre, à Rome, un homme a hurlé au pape François : « Tu es unique ! » Le pape a alors répliqué : « Toi aussi, il n’y en a pas deux comme toi ! » Cette réponse s’adressait tout autant à ce jeune de 8 ans ou à chacun de nous : « Pour Dieu, il n’y en a pas deux comme toi ! » Et c’est bien ce que confirme le baptême : ce jour-là, publiquement, l’Église affirme que chacun est unique aux yeux de Dieu et qu’il commence une aventure unique dans ce monde. À l’occasion de cette Année jubilaire, en cette année où nous faisons mémoire, d’une certaine manière, du « baptême » du diocèse, il est bon de nous émerveiller de ce que chacun, dans son être même, est devenu par la grâce du baptême sur cette terre de l’Aisne. Plus nous serons reconnaissants pour le don de Dieu, de ce que nous sommes « pour Dieu », plus nous oserons dire qu’il est bon de devenir chrétien. Car le baptême n’est pas seulement un instant, pas seulement un moment sacramentel, pas seulement une fête de famille. Le baptême est un don qui exige un engagement à vie. Nous le disons souvent pour les catéchumènes. Ils demandent le baptême, mais ils doivent devenir chrétiens. Chaque baptisé doit devenir un disciple, et comme le désigne le pape François, un « disciple missionnaire ». Être chrétien, c’est vivre à la suite du Christ, comme le Christ. Devenir chrétien, cela se réalise par un cheminement. Il ne suffit donc pas d’être catholique, il faut vivre avec une attitude chrétienne. La posture des catholiques nous apparaît aujourd'hui plus diverse : attestation identitaire pour les uns, enfouissement et simple proximité pour d’autres, « dialogue de salut » en recevant et donnant pour les derniers. Chaque posture est légitime dans la mesure où elle est fondée en Christ : sel, levain, lumière. Mais cela peut conduire à des déchirements et des procès en catholicité. Ceci n’a rien de nouveau depuis deux mille ans. Les diversités ont toujours existé. Peut-être manque-t-il cette écoute mutuelle qui cherche à sauver le point de vue de l’autre ? Nos différentes postures ne doivent pas être fixées une fois pour toutes, mais elles doivent être ajustées à celle, unique, exemplaire, du Christ, lui qui a su s’enfouir, se cacher, se fâcher, dialoguer, avertir, tout en restant doux et humble de cœur. Dieu nous demande de ne pas vivre immobiles. Madeleine Delbrêl écrivait : « En face de l’Evangile, ce n’est pas d’être peu nombreux qui est grave, c’est d’être immobiles ou de marcher comme des vieillards. » Quant au pape François, il regrettait le 21 mars dernier : « Tant de chrétiens sont immobiles !… Le Seigneur ne peut pas s’appuyer sur eux car ils ne marchent pas. » Cette marche n’est pas seulement physique, elle est une « marche du regard » (Lumen Fidei), une marche du cœur, une marche derrière le Christ, car c’est bien Lui qui nous entraîne vers le Père. Dimanche dernier, improvisant l’homélie de la messe des Rameaux, le pape invitait les chrétiens à se poser quelques questions durant cette semaine sainte : « Qui suis-je devant Jésus ? Suis-je comme ces prêtres, pharisiens, docteurs de la loi ? Suis-je comme les disciples qui se sont endormis ? Suis-je comme cet autre disciple qui voulait tout solutionner par l’épée ? Suis-je comme Judas qui fit semblant d’aimer Jésus ? Suis-je comme la foule qui choisit Barabbas ? Suis-je comme les soldats qui se divertissent ? Suis-je comme Pilate qui se

lave les mains sans assumer ses responsabilités ? Ou suis-je comme Simon de Cyrène qui, fatigué, prend la croix de Jésus ? Suis-je comme ces femmes courageuses qui restent fidèles au pied de la croix ? Suis-je comme Joseph d'Arimathie, le disciple secret qui prend soin du corps de Jésus ? » Et je réentends alors comme en écho la voix de cet enfant : « Je suis qui pour Dieu ? » Judas ? Pierre ? Marie ? Car pour Dieu, tout est clair, j’ai reçu l’Esprit Saint qui m’invite à être saint. Nous sommes devenus enfants de Dieu, nous sommes devenus membres de l’Église. Nous avons aussi reçu le pardon. Nous avons reçu le don de la vie éternelle pour vivre une vie nouvelle. Le baptême constitue donc un sacrement mais surtout le fondement de toute la vie chrétienne, le porche de la vie dans l’Esprit et la porte qui donne l’accès aux autres sacrements : confirmation, eucharistie, mariage, ordination, pardon, onction des malades. Au cours de cette année, nous sommes donc appelés à marcher pour rajeunir notre foi. Je le dis souvent aux personnes les plus âgées : « Si vous avez la foi, vous êtes plus jeune que moi ! » En général, elles sourient, en y voyant un gentil message de l’évêque ! Et pourtant, la foi nous rajeunit. Saint Irénée l’affirme : « Cette foi, que nous avons reçue de l’Église, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous l’action de l’Esprit de Dieu, tel un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qui la contient » (AH III,24,1). Quand on est baptisé, on vit notre vie comme à l’envers ! Nous allons vers notre source, nous allons vers notre Créateur, vers Dieu lui-même. Notre corps vieillit, mais notre être baptisé rajeunit : « Si vous ne devenez comme des enfants » disait Jésus. Il ne s’agit pas de nous infantiliser ! Un adulte ne redevient pas enfant mais, si nous suivons le Christ, notre foi nous rajeunit. Comment, nous tous ici présents, être les « disciples missionnaires » de ce rajeunissement que donne le Christ, notre vie ? À la suite de tant de chrétiens qui nous ont précédés depuis 17 siècles, il nous revient aujourd'hui de nous convertir et de rendre grâce pour ce beau nom de chrétien. On ne peut porter un nom que si on l’aime. On ne peut porter l’évangile que si on le lit. On ne peut porter la vie que si la joie de l’évangile nous habite. Et cela commence dès le matin : « Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube ». Lors de mes visites pastorales, j’ai toujours pris le temps d’apprendre le signe de croix aux enfants. J’ai bien vu aussi que les catéchistes, et beaucoup de fidèles, ne savaient pas le faire (je l’ai même constaté chez quelques frères évêques !). Il manquait souvent ces deux petits « et » qui unissent le Père et le Fils et le SaintEsprit. Ce petit « et » qui exprime qu’on n’est pas chrétien tout seul, qu’un chrétien isolé est un chrétien en danger. Pourquoi ne pas nous habituer à faire plus souvent ce signe de croix, dès le lever, et en nous couchant ? Peut-être pourrions-nous aussi fêter notre anniversaire de baptême, à condition de retrouver sa date, comme nous y invite aussi le pape François. Ce signe de croix nous relie aux chrétiens de tous les temps et de tous les continents. Il unit le ciel et la terre. Il dessine l’amour du Christ sur la Croix et la fidélité du Père dans les deux nuits qui sauvèrent le monde, nuit de la croix et nuit de Pâques. Mais le signe qui fait encore plus signe, c’est bien l’option pour les pauvres, « cette forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Eglise » comme nous le dit le pape. L’évangile de la messe chrismale le rappelle chaque année : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». Les pauvres sont à nos portes. Et l’important n’est pas de vouloir changer les autres, l’Église ou le monde, mais bien de changer notre propre cœur, notre regard, nos pratiques. Là encore, l’immobilisme n’est pas de mise. Si par le baptême, Dieu forme en nous dès maintenant l’amour dont nous l’aimerons éternellement, il nous donne déjà de choisir cet amour de préférence. Le sacrement du pardon peut être l’occasion de « prendre la ferme résolution » de nous décentrer. Dieu nous envoie au cœur du monde avec la certitude que nous y serons déjà chez Lui. Marie a su qui elle était pour Dieu : sa servante, sa mère. Demandons à Notre Dame de Liesse de vivre joyeusement, par le baptême, ce qu’elle a vécu par sa plénitude de grâce.

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