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January 8, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Philosophie
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La Société Médico-Chirurgicale de Liège

Regards croisés sur la conscience Marie-Elisabeth Faymonville Service d'Algologie – Soins Palliatifs, CHU Liège, Université de Liège Une des définitions communément acceptées de l’hypnose est celle proposée par The Executive

Committee of the American Psychological Association – Division of Psychological Hypnosis : « procédure durant laquelle un professionnel ou un chercheur suggère à un patient ou un sujet des changements de sensations, de perceptions, de pensées ou de comportements » 1. Le processus hypnotique se caractérise par trois composantes principales : l’absorption, la dissociation et la suggestibilité 2. L’absorption est définie comme la capacité à s’impliquer complètement dans une expérience imaginative, la dissociation est la séparation mentale de comportements qui ordinairement vont de pair, et la suggestibilité représente la capacité d’accepter et de suivre les instructions ou suggestions du professionnel utilisant les techniques hypnotiques. L’hypnose peut être considérée comme un talent que chaque individu possède à des degrés variables : les virtuoses de l’hypnose ont accès à ce talent de façon « spectaculaire » ; les autres doivent s’exercer pour vivre ce processus de façon satisfaisante. Dans le langage hypnotique, on utilise des techniques de communication spécifiques. Le sujet ou patient, qui est habituellement considéré comme le destinataire des messages, prend une position d’observateur passif, distant par rapport à lui-même. De récentes études comportementales ont permis de mettre en évidence que des sujets, lorsqu’ils sont en état d’hypnose, rapportent une phénoménologie similaire à un état de conscience modifiée : les sujets témoignent d’un niveau plus élevé d’absorption et de dissociation par rapport à ce qu’ils ressentent en état d’éveil normal 3. De plus, l’état d’hypnose semble être caractérisé par une modification de la conscience de soi : les sujets rapportent une facilitation des pensées spontanées, ainsi qu’une réduction de l’orientation de soi et une absence de volonté et d’effort pour produire des réponses 4. Les techniques de neuroimagerie restent une aide précieuse pour comprendre les mécanismes cérébraux de la conscience et, tout particulièrement, le processus de conscience altérée ou modifiée, comme l’hypnose. Ces travaux permettent d’objectiver une modification de l’activité des régions impliquées tant dans la conscience de soi que de la conscience du monde extérieur, de 1

l’environnement. Par ailleurs, l’utilisation clinique de l’hypnose dans la gestion des douleurs aiguës est actuellement démontrée comme bénéfique pour les patients. A nouveau, l’atténuation de la perception de la douleur lors du processus hypnotique est mieux comprise grâce aux diverses études réalisées en neuroimagerie, mettant en évidence une modulation de la connectivité fonctionnelle au sein du « réseau cérébral de la douleur » 5. Références 1.

The Executive Committee of the American Psychological Association - Division of Psychological Hypnosis, Definition and description of hypnosis. Contemp. Hypn., 1994. 11: p. 142–162.

2.

Spiegel, D., Neurophysiological correlates of hypnosis and dissociation. J Neuropsychiatry Clin Neurosci, 1991. 3(4): p. 440-5.

3.

Demertzi, A., et al., Hypnotic modulation of resting state fMRI default mode and extrinsic

network connectivity. Prog Brain Res, 2011. 193: p. 309-22. 4.

Rainville, P. and D.D. Price, Hypnosis phenomenology and the neurobiology of

consciousness. Int J Clin Exp Hypn, 2003. 51(2): p. 105-29. 5.

Faymonville, ME., et al., Increased cerebral functional connectivity underlying the

antinociceptive effects of hynosis, Cog Brain Research, 2003. 17: p.255-62.

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La conscience, présentation de la question Monsieur Ali JEDIDI Doctorat en philosophie de l’ULg La notion de conscience dans ses connotations scientifiques ou conceptuelles présentes, est un concept relativement récent pour la réflexion philosophique d’une manière générale. Elle ne s’est pas imposée immédiatement à la tradition philosophique. Pour ce faire, elle a dû faire l’objet de tout un détour historique, en passant d’abord par la réflexion métaphysique pour éclore, enfin, dans le champ des recherches neurologiques et psychanalytiques. Ce sont les recherches faites à la Salpêtrière par Charcot et ses élèves, au 19ème siècle, sur l’hystérie- lesquels débouchant sur le rôle déterminant de l’inconscient dans la construction de la conscience de soi- ont permis à la philosophie de se familiariser avec le nouveau concept qu’est la conscience. Et ce en premier temps au travers de la psychanalyse. Avec le développement des neurosciences et l’apport expérimental et clinique qu’elles ont insufflé à la question, la philosophie a repris à frais nouveaux la problématique de la conscience. Mais modeste, n’étant plus la reine des savoirs, elle se contenta de penser les résultats que ces sciences ont produit au niveau de l’épistémè. Ainsi que les conséquences qu’elles véhiculent quant à la représentation de soi et du monde. De Changeux aux approches du Coma Science Group, que de chemin parcouru, pourtant la question fondamentale que s’est posée, déjà, la philosophie- savoir comment l’idée se produitelle ? Quels rapports établir entre la matérialité du cerveau et l’immatérialité de l’idée ? - demeure toujours discutée et souvent avec passion. Attentive à cette évolution scientifique, la réflexion philosophique cherche à accompagner ces mutations relatives à l’approximation de la question de la conscience, en pensant les conséquences tant morales que philosophiques qu’introduisent ces sciences dans nos conceptions de l’homme et du monde. Qu’il s’agisse de métaphysique ou de psychologie, la conscience ne fut point approchée en tant que telle, elle a été au contraire étudiée ou définie conceptuellement à l’aide de concepts différents. Pour les anciens, penseurs de l’antiquité ou de l’époque médiévale ou encore de l’âge classique, elle est cette partie noble et sublime de l’âme. Celle qui permet l’abstraction et la généralisation, le passage du donné sensible au concept. Mais quelle que soit l’appellation que l’on octroyait à la conscience, force est de constater la fascination qu’exerçait le fonctionnement cognitif de cette partie sublime du corps sur ces penseurs. Leur questionnement allait de l’étonnement à l’émerveillement. Cette dimension sublime de l’âme serait-elle humaine, serait-elle divine ? La réponse est complexe et ambiguë. Comment fonctionne-t-elle ? Qu’elle est son origine ? Comment advient-elle dans les parties de l’âme ? Comment les concepts apparaissent-ils chez l’homme ? D’où tirons-nous l’intuition de notre propre existence et celle du monde ? C’est à ces questions fondamentales que s’employa l’effort réflexif des premiers philosophes pour rendre compte de la rationalité du fonctionnement cognitif des facultés de l’âme. De leurs réponses s’est formé progressivement tout un corpus philosophique, qui va de l’antiquité à nos jours. Pour notre causerie de ce soir, nous nous limitons à deux grands penseurs, qui ont contribué de façon significative à l’étude de ce que nous appelons actuellement « conscience ». Savoir Aristote 3

(384-322), philosophe grec de l’Antiquité et Ibn Rushd (Averroès 1126-1198), philosophe de l’Andalousie musulmane.

Cerveau, coma et conscience Nicolas Lejeune, GIGA, Coma Science Group, Université et CHU de Liège www.comascience.org Plusieurs états indiquent une perte de conscience : le coma, l'anesthésie, le sommeil. L'étude de l'état ‘végétatif’, un éveil sans signes de conscience, désormais appelé syndrome d'éveil non-répondant, souligne combien les limites de la conscience sont incertaines, mais aussi combien il est urgent de les explorer. L'objectif de notre équipe est d'accroître notre connaissance du fonctionnement cérébral résiduel des patients qui survivent à une atteinte traumatique ou hypoxiqueischémique sévère du cerveau mais restent en coma, en éveil non-répondant, en état de conscience minimale ou en locked-in syndrome. Ces patients posent en effet des problèmes diagnostiques, pronostiques, thérapeutiques et éthiques majeurs. L'étude de tels patients est aussi susceptible d'améliorer notre connaissance de la conscience humaine. L'utilisation croissante de la neuro-imagerie fonctionnelle (tomographie par émission de positons, électroencéphalographie à haute densité et imagerie par résonance magnétique structurelle et fonctionnelle) nous permet de mieux déchiffrer les lésions des patients dont le cerveau est gravement atteint et de mieux évaluer le fonctionnement résiduel des patients dits "inconscients".

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