311 Eosinophilie

January 26, 2018 | Author: Anonymous | Category: Science, Médecine
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EOSINOPHILIE Item 311 Philippe ARLET

Objectif pédagogique : devant une éosinophilie argumentez les principales hypothèses diagnostiques et justifiez les examens complémentaires pertinents.

1. INTRODUCTION – DEFINITIONS L’éosinophilie (ou hyperéosinophilie) est une anomalie biologique fréquente, banale, dont la définition quantitative peut varier en fonction des auteurs. Nous choisirons par simplicité le chiffre de 500 éléments ce qui correspond donc à 5 % de 10 000 GB. Cette anomalie biologique, souvent de découverte fortuite sur l’hémogramme, a des significations étiologiques très variées. C’est de plus un paramètre quantitativement très variable dans le temps quelque soit l’étiologie.

2. LES PRINCIPALES HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES Une hyperéosinophilie doit toujours évoquer 3 domianes différents de la pathologie : - l’allergie - les pathologies parasitaires - des maladies rares : certaines vascularites et certaines hémopathies. 1.1 L’allergie : c’est probablement dans ce contexte que se retrouvent la plupart du temps les patients chez lesquels on retrouve une éosinophilie. Dans notre monde moderne où le médicament fait partie de la vie de beaucoup de personnes, c’est très probablement à ce niveau là qu’il faut chercher la cause d’une petite éosinophilie fluctuante, asymptomatique, de celles que l’on rencontre très volontiers quand on fait des prises de sang. La règle lorsqu’on découvre une éosinophilie sur une prise de sang sera donc, en l’absence de symptômes cliniques, de savoir si le malade prend un médicament et de suspecter ce médicament comme étant à l’origine de cette anomalie.

Dans des contextes plus rares, lorsque le patient présente une maladie allergique avérée, un syndrome de Lyell, une dermatose allergique, on peut observer des éosinophilies importantes dépassant 1000 éléments et persistant pendant plusieurs semaines. L’asthme hyperéosinophilique est une entité clinico-biologique connue. De ce fait trouver une hyperéosinophilie même importante chez un patient asthmatique ne doit pas faire entreprendre forcément une recherche étiologique autre. Certains praticiens pratiquent ou recommandent le dosage des IgE pour préciser le mécanisme allergique d’une éosinophilie. En fait ce dosage est très peu spécifique, et ne doit pas être pratiqué car il n’a pas de valeur diagnostique. Le dosage des IgE spécifiques peut par contre être utile dans l’arsenal diagnostique en allergologie. 1.2 Les maladies parasitaires : l’éosinophilie est fréquente au cours des maladies parasitaires, elle peut être modérée voire très modérée comme dans des maladies aussi banales que l’oxyurose, il n’est pas utile de la rechercher pour faire le diagnostic de ces pathologies bénignes qui s’expriment le plus souvent par un prurit anal. Toutes les parasitoses ne s’accompagnent pas d’éosinophilie. Ce sont des parasitoses avec passage tissulaire du parasite qui vont donner cette réaction responsable de l’éosinophilie qui peut être importante en particulier dans les parasitoses autochtones à vers ronds type larva migrans (toxocarose), distomatose, ascaridiose, anguillulose. Le kyste hydatique ne donne pas d’éosinophilie importante sauf en cas de rupture et là le tableau clinique est tout à fait particulier et grave. C’est surtout les parasitoses observées en milieu tropical en particulier les filarioses, la bilharziose qui donnent le plus souvent des éosinophilies majeures qui peuvent atteindre 10 ou 20 000 éléments par mm3. La trichinose est une maladie qui survient par petites épidémies d’origine alimentaire, qui peut ne se traduire chez certains malades que par l’éosinophilie alors que pour d’autres il y aura aussi des signes cliniques parfois intenses au niveau musculaire en particulier. 1.3 En l’absence de contexte clinique franchement évident, chez un sujet peu symptomatique, on ne recherchera les causes rares que lorsqu’on a un recul suffisant de la présence d’une éosinophilie importante supérieure à 1000 depuis plusieurs mois.

1.4 Certaines situations peuvent faire penser aux maladies rares que sont certaines vascularites telles que la maladie de Churg et Strauss. Cette maladie est en principe assez bruyante, et souvent reconstitue une histoire stéréotypée : c’est un asthmatique hyperéosinophilique qui nécessite une corticothérapie, et qui va développer une altération de l’état général avec des signes multisystémiques, alors même que l’asthme va mieux et est éventuellement sevré de corticoïdes. L’éosinophilie persiste et s’aggrave, et cet asthme hyperéosinophilique va se transformer en une maladie générale, une vascularite de Churg et Strauss. La fasciite avec éosinophilie est une forme rare de collagénose parfois induite par des toxiques, qui se caractérise par une infiltration oedémateuse cartonnée siégeant aux membres inférieurs. Le diagnostic se fait par la biopsie qui montre l’atteinte du fascia. 1.5 Dans d’autres situations l’éosinophilie pourra faire évoquer une maladie néoplasique soit un cancer, cela est exceptionnel, soit plutôt une hémopathie maligne et en particulier certains syndromes myéloprolifératifs, ou une maladie de HODGKIN. L’éosinophilie que l’on peut voir au cours de certaines hémopathies ou au cours de certaines thérapeutiques chimiothérapeutiques n’est qu’un épiphénomène qui ne doit pas faire entreprendre de recherche particulière.

2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES DIAGNOSTIC D’UNE EOSINOPHILIE

UTILES

DANS

LE

La démarche diagnostique est essentiellement clinique devant une éosinophilie. Si l’on évoque un problème allergique, c’est essentiellement par l’interrogatoire, par l’évolution des symptômes à l’arrêt de l’allergène que l’on va faire le diagnostic. Il n’y a quasiment pas besoin d’examens complémentaires. Si l’on évoque une maladie parasitaire, c’est là encore la clinique qui va orienter, en particulier le séjour en pays tropical, l’absorption de certains poissons ou de certains aliments tels que du gibier ou du sanglier (trichinose). C’est l’étude sérologique essentiellement, associée à l’examen parasitologique des selles qui va permettre de confirmer les diagnostics de maladie parasitaire. Il est important aussi de savoir si le patient a certains animaux présents à son domicile (toxocara canis, toxocara cati). Enfin si l’on s’oriente vers des maladies rares, la recherche d’une hypergammaglobulinémie, des anticorps anticytoplasmes des polynucléaires peut orienter vers une vascularite. Le myélogramme et la ponction biopsie

osseuse peuvent orienter vers le diagnostic d’une hémopathie maligne type syndrome myéloprolifératif.

3. CONCLUSIONS L’éosinophilie reste un symptôme biologique banal, variable. Les éosinophilies de faible importance entre 500 et 1000 ne doivent pas donner lieu forcément à une recherche étiologique s’il n’y a pas d’histoire clinique ou de symptômes particuliers. L’allergie et la parasitose sont les 2 processus pathologiques auxquels il faut penser systématiquement.

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