Arts et artistes à la Renaissance : aspects généraux Le Prince et les

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Histoire, Histoire de l'Europe, Renaissance (1330-1550)
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Arts et artistes à la Renaissance : aspects généraux Le Prince et les Arts

L’art et l’artiste se comprennent toujours autour de trois catégories :   

Une question sociale : le statut de l’artiste et de l’œuvre dans le contexte social général. Une question culturelle : grammaire et vocabulaire mobilisés par un système de représentation propre à une culture donnée. Une question esthétique : le style et le goût du temps.

Le statut de l’artiste et son rôle social, au-delà des problèmes de définition, intéresse le sujet car c’est probablement au cœur des cours européennes qu’est née la définition actuelle de l’artiste, grâce aux honneurs et charges qu’il a pu recevoir et qui l’élevèrent socialement, le dégageant ainsi des contraintes corporatistes (Martin Warnke, L’artiste et la cour. Aux origines de l’artiste moderne, Paris, MSH, 1989).

La commande :  





Contrat passé entre le commanditaire et l’artiste. Contient toujours : thème du tableau, délais d’exécution, condition de paiement. On voit ici comment l’initiative de l’œuvre revient largement au commanditaire, et l’on compte sur la qualité technique de l’artiste pour réaliser ce que son commanditaire a dans sa tête. Commanditaires : très varié, princes, potentats, papes, communautés religieuses, confrérie, magistrats urbains,… Dans ce contexte, le prince n’est qu’un commanditaire parmi d’autres et tout ce que l’on va voir cette année doit toujours être replacé dans un contexte plus large, avec de petits amateurs d’arts et des petits artistes, qui ont souvent des comportements similaires aux élites et artistes de renom. Par la redécouverte de l’Antiquité, la Renaissance va voir la commande continuer à être très importante. Renouvellement des thématiques (allégorie, mythologie, peinture historique), ascendant des lettrés humanistes dans les cours princières qui poussent les souverains à définir des programmes iconographiques, valorisation du goût du prince, tout cela joue en faveur d’un engouement pour l’art dès le XVe siècle et toujours au XVIe siècle qui conduit à une multiplication des commandes et à la circulation des artistes d’un lieu à l’autre grâce à la réputation qu’ils ont acquise.

Le marché de l’art : 



Apparition sur le théâtre italien d’un véritable marché de l’art dès le XIV e siècle, i.e. un marché sur lequel s’échangent les œuvres d’art, et donc une transaction financière autour de l’art qui ne passe pas par la commande. Et l’investissement financier dans le marché de l’art n’a cessé de croître tout au long de notre période. XVIe siècle : les princes comme les amateurs d’art ne renoncent pas à la commande, mais ont déjà l’habitude de surveiller le marché de l’art, en fonctionnant par courtiers ou négociants. Le développement de la gravure permet de faire circuler l’image d’une œuvre d’art et ainsi de vitaliser ce marché et donnant à voir ce qui existe ailleurs.



L’essor du marché a une conséquence majeure sur l’artiste : d’une part le prix d’une œuvre va se définir en fonction de l’offre et de la demande, de la côte de l’artiste et de sa réputation. Ici, l’individu quitte son seul rôle de technicien pour entrer dans celui d’individu autonome recherché pour ses qualités personnelles, pour son style, qui le distingue et lui permet de vendre sa production plus chère. Et ceci a nécessairement une influence sur la commande. Dans ce contexte, le thème de l’œuvre peut aussi être laissé libre à l’artiste, qui peint sans commande et s’appuie sur le marché de l’art pour écouler sa production. Ces mutations se mettent en place à la Renaissance, tout au long du XVe siècle, et sont achevées au XVIe.

Le statut de l’artiste : 

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L’artiste initialement appartenait aux arts mécaniques. Tous étaient regroupés selon les lieux dans des corporations [en Italie, les Arti], et rarement des corporations qui leur étaient propres (sauf Venise où depuis le XIIIe siècle existait une corporation des artistes : la plus ancienne et la plus prestigieuse). Ils étaient la plupart du temps associés aux doreurs, aux enlumineurs, aux fabricants de cartes à jouer, de masques. A Florence, ils étaient associés aux médecins et aux apothicaires. Pour la France, la première création de corporation d’artiste autonome, est celle des orfèvres, créée à Paris, Bordeaux, Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse, Troyes, Angers en 1506. Fonctionnement classique des corporations : piété, contrôle de l’accès au métier, privilège des familles en place, surveillance de la qualité de la production. Cadre d’apprentissage et conservation d’une mémoire. Evolution d’un savoir mécanique (reposant sur le savoir faire) à une conception plus libérale (reposant sur le savoir livresque) ; là aussi, en cours tout au long de la Renaissance et donc déjà bien implanté au XVIe siècle. Cadre de travail de l’artiste : l’atelier/boutique, lieu d’apprentissage, lieu de travail et lieu de vente. La forme même du lieu de travail est directement hérité de la période précédente. Dans l’atelier, il travaille à la demande et ne présente quasiment jamais d’œuvres déjà réalisées. Pour l’artiste principal, cela lui permet d’être secondé pour des tâches secondaires par ses assistants, et il se concentre alors sur l’invention, i.e. l’originalité de l’œuvre, sa singularité. Et c’est là que la notion d’artiste évolue vers celui de créateur, et non plus de simple technicien. Des choses qui se mettent en place dans les ateliers italiens du début du XVIe siècle, et les textes théoriques de Léonard de Vinci sont là-dessus très explicites. Les artistes qui travaillent seuls ou avec un nombre réduits d’artistes sont de fait rares au XVIe siècle et aux suivants (retenons Corrège, 1494-1534 et Pontormo, 1494-1557). Contexte dans lequel émerge la reconnaissance de l’artiste, au sens actuel du terme, i.e. créateur et non plus simplement excellent artisan. Comment cela se manifeste-t-il ?  Le passage aux arts libéraux (arts du savoir, propres à libérer l’esprit de la matière). Le premier théoricien à rendre compte de cette évolution est Léon Batista Alberti (1404-1472) qui associe la peinture à la géométrie, art libéral reconnu, grâce à l’usage de la perspective, des règles de figuration précises. Même logique avec l’architecture, qui se fonde sur l’art d’édifier ; même logique avec la musique, où poètes et musiciens commencent à assimiler leur art à un art de l’esprit. Ce qui veut dire que l’artiste ne va pas réclamer à être rétribué pour les heures passées à son ouvrage, mais pour la valeur symbolique de cet ouvrage.

 Attention, cela ne veut pas dire dévalorisation du savoir technique, au contraire, l’artiste est celui qui maîtrise une technique, qui sait travailler la matière, est minutieux et passionné par ses outils.  La conscience que les artistes ont d’eux-mêmes, notamment visible grâce à l’apparition d’une première histoire de l’art, qui a sa propre temporalité. Le premier auteur est le peintre Giorgio Vasari, qui publie à Florence en 1550 Vite de’ piu eccelenti pittori, scultori et architetti, où il dresse une galerie de portraits des individus qu’il considère comme des artistes. Il fonde ainsi l’unité de l’art, tous, architectes, peintres, sculpteurs, ont en commun de travailler pour le beau. Et tous ont leur originalité, leur « manière », leur style. La qualité de l’artiste se mesure à sa capacité à imiter la nature, sur le modèle grec et romain de l’époque antique, avant que cet art ne soit abâtardi par cet art barbare qu’est le gothique. Les artistes qu’il présente sont bien ceux de la Renaissance, qui se distinguent par leur manière et leur art d’imiter la nature. Et Michel Ange, pour Vasari, en est l’expression la plus parfaite.  Le souci des artistes d’affirmer la singularité de leur activité et la dignité de leur statut. Réflexions théoriques de Léonard de Vinci sur le rapport entre les arts, défendant la peinture contre la poésie, il pose la peinture comme un art libéral. Des artistes comme Raphael ou Parmigiano adoptent un genre vestimentaire qui les fait se rapproche des courtisans dans l’entourage du prince, et montre qu’ils ont le sentiment d’exercer une charge méritant d’être reconnue à la cour. Egalement, se développe à la Renaissance et au XVIIe siècle le genre de l’autoportrait, or dans ces représentations, l’artiste adopte les mêmes canons et les mêmes références que lorsqu’il peint pour ses commanditaires.  Tout un courant philosophique néoplatonicien, depuis Marsile Ficin, qui défend l’amour de la beauté comme une propédeutique à l’harmonie céleste. L’inspiration de l’artiste est une inspiration divine qui peut lui permettre d’espérer accéder au Beau. L’œuvre d’art devient l’expression subjective d’un individu particulier parvenu à une généralité philosophique. Ce qui compte, c’est le tempérament de l’artiste. C’est là qu’intervient la théorie humorale des hommes à cette époque, i.e. la théorie des humeurs qui règlent les affects. L’artiste revendique un tempérament mélancolique caractéristique de son génie. A la Renaissance, valorisation du tempérament « mélancolique » (sur les 4 : sanguin, flegmatique, colérique et mélancolique), comme étant marque du génie, i.e. de l’homme créateur.  Evolution du regard porté sur l’artiste, et ce dès le XVe siècle. Sur les textes des commandes, on voit des commanditaires affirmer le géni de leur artiste, ce qui en fait un personnage à part. Autre exemple : bref de Paul III en 1539 qui distingue artiste/artisan.  Mais le rôle capital, c’est le rôle des cours princières : c’est précisément la faveur du prince envers tel ou tel artiste qui induit son changement de position dans l’univers social. Et ce rang, l’artiste estime qu’il n’est dû qu’à son talent, mis au service du prince. Exemple : Botticelli (1444-1510) et Gozzoli (14201497) se font représenter sur leurs deux tableaux de l’Adoration des mages, à côté des Médicis  reconnaissance publique et fierté de son statut, mais qui est autorisée grâce à l’association avec les Médicis, alors famille toute puissante à Florence.  L’artiste devient ainsi l’artiste-prince : dans Le Courtisan de Castiglione, il établit des parallèles entre les qualités du parfait courtisan et celles de l’artiste,

ce qui débouche sur le fait que les hommes de cours, se doivent d’avoir une éducation artistique. Et le prince devient un également un artiste, avec le développement des figures princières, des mécènes, se piquant de pratiquer un art (jusqu’à Louis XIV et son amour de la danse).  Mais attention : quelque chose qui concerne essentiellement l’Italie. En plus, seule une poignée d’artistes est reconnue à ce niveau, ce qui entraîne des disparités très grandes entre artistes selon qu’ils bénéficient ou non de la protection du prince.

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