Comme un Bond...2 - Les Alentours Rêveurs

January 9, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Description

Comme un Bond en plein Ciel …à la mémoire de mon Père

Solo chorégraphié et interprété par Serge Ambert

Durée 35 mn

Production : Cie les alentours rêveurs 6 rue de l’Abbaye 58800 CORBIGNY 03 86 20 17 42 [email protected]

Comme un bond en plein ciel « le dernier saut de Nijinski ».

Le dernier acte de danse de ce grand artiste se déroula à l’occasion d’une rencontre organisée par sa femme et Serge Lifar au sanatorium suisse où le danseur russe se reposait en proie à des troubles psychotiques (schizophréniques ?) depuis plus de 20 ans. Durant cette visite, en juin 1939, Lifar pour tenter de réveiller l’âme endormie de Nijinski se mit à danser des extraits du Faune et du Spectre de la rose. La réponse de Nijinski à cette évocation de deux des grands rôles qu’il avait créés, fut un saut exceptionnel immortalisé par le photographe Jean Manzon. Ce saut comme un bond vers la résilience fut vraisemblablement le dernier, il meurt en 1950. Cette histoire que je connaissais depuis mon enfance sans savoir si elle était légende ou réalité m’est revenue lors de la confrontation aux réactions des patients psychotiques avec lesquels j’ai travaillé à l’Hôpital psychiatrique de Dijon pendant un an et demi. Ce solo a pour unique décor un lit en fer, lit d’hôpital, litbarreaux, lit-radeau… Espace refuge. Le corps partira de la nudité, fragilité, jusqu’au face-à-face avec le public, évocation du solo de la Suvreta House, ultime moment de danse. La pièce évoque le déroulement d’une journée ordinaire où l’extraordinaire de la danse vient redonner la vie. Elle vient prolonger et peut-être achever le travail sur la schizophrénie débuté il y a six ans avec la création de « la Fêlure du Papillon » et qui a trouvé une continuité dans mes ateliers en direction des patients du CHS de Dijon et la réalisation du film « Sur le fil du fil des Saisons ». S.A.

Note de travail :

Je souhaite mettre en parallèle pour l’écriture de ce solo trois moments de danse dans la vie de Nijinski : • La danse de l’élue dans « Le Sacre du Printemps », danse qui à posteriori pourrait se lire comme un cri de celui qui allait sombrer • Son dernier solo public à la Suvretta House à St Moritz le 19 janvier 1919, « Danse de la vie contre la mort », jour de son « mariage avec Dieu » • Son dernier saut, ultime moment de danse, temps suspendu…

L’Elu(e) « Nijinski aurait-il secrètement désiré interpréter lui-même le rôle de la vierge sacrifiée ? C’est la question que se posa Marie Rambert en l’observant pendant ses répétitions avec Piltz, et, compte tenu des liens étroits qui unissaient Vaslav à sa sœur, cette interrogation est tout à fait justifiée. S’entretenant avec Richard Buckle, Marie Rambert a même suggéré que la fin du Sacre sur un sacrifice masculin « aurait sans doute amené Nijinski à réussir la plus merveilleuse de ses créations ». Quelle remarquable occasion de sublimer sa terrible détresse Nijinski aurait-il pu trouver en effet dans cette scène finale ! » Peter Ostwald : « Vaslav Nijinski, un saut dans la folie »

La danse de la Vie contre la Mort « Ma femme m’aime beaucoup. Elle a peur pour moi, car j’ai joué d’une façon très nerveuse aujourd’hui. J’ai joué d’une façon nerveuse exprès, car le public me comprendra mieux si je suis nerveux. Ils ne comprennent pas les artistes qui ne sont pas nerveux. Il faut être nerveux… J’étais nerveux, car Dieu voulait exciter le public. Le public était venu pour s’amuser. Il pensait que je dansais pour l’amuser. J’ai dansé des choses effrayantes. Ils avaient peur de moi, c’est pourquoi ils ont cru que je voulais les tuer. Je ne voulais tuer personne. J’aimais tout le monde, mais personne ne m’aimait, c’est pourquoi je me suis énervé. J’étais nerveux, c’est pourquoi j’ai transmis ce sentiment au public. » Vaslav Nijinski : « Cahiers » (traduction du russe de Christian Dumais-Lvowski et Galina Pogojeva)

Serge AMBERT Le parcours de Serge Ambert se caractérise par une grande pluridisciplinarité. Après une formation en danse et en musique il débute sa carrière d’interprète en qualité de comédien auprès de Brigitte Mercier et Hans Peter Cloos, puis il est engagé en 1983 dans le ballet de l’Opéra de Lyon. Il travaille ensuite avec différents chorégraphes, se confrontant alors à des répertoires variés; néo-classique avec Christian Taulelle, contemporain avec Andy Degroat, Jean Guizerix et Wilfride Piollet, et baroque au sein de la Cie Ris et Danceries dans des chorégraphies de François Raffinot, Francine Lancelot, Beatrice Massin et Ana Yepes. Il interprètera le solo du Sommeil dans l’opéra « Athis ». En 1993, il intègre la Cie Christine Bastin pour plusieurs pièces (« Gueule de Loup », « la Polka du Roi », « Première Neige », « Be », « Out of Brad ») et travaille auprès d’elle en tant qu’assistant à la création de la pièce « Elle et Lui » dont il a par ailleurs réalisé l’univers sonore. Il poursuit aussi sa carrière d’interprète aux cotés de Jacques Fargearel et auprès de Frédéric Lescure pour la pièce« Vents Vivants ». Il retrouve le monde du théâtre en 1999 avec la création au Festival d’Avignon en tant que comédien du texte de Gilles Ribadeau-Dumas : « T’as tort Totor ». Débutant son travail de chorégraphe dès 2001 avec un solo « la Sentinelle », puis « Cestou s ni » (« Voyage avec Elle » ), pièce pour huit interprètes féminines créée a Prague, il fonde sa propre compagnie les alentours rêveurs en 2003. Rapidement les projets de la compagnie trouvent des soutiens dans la région Bourgogne et en République tchèque où son travail est reconnu depuis plusieurs années. Suivent quatre créations : « La Fêlure du Papillon » (2004), duo sur la schizophrénie et le duel intérieur intégrant un travail avec une vidéaste slovaque ; « Les âmes perdues » (2005), solo témoignant de l’exil et du déracinement ; « Signature(s) » (2006), déambulatoire chorégraphique mêlant comédien, musiciens et danseurs, et s’adaptant aux différents lieux (créée en République tchèque) ; « Desirata » (2007) traitant de la relation de désir et de séduction au travers des danses de bal et intégrant un quatuor de musique contemporaine. Depuis septembre 2006 la compagnie les alentours rêveurs est accueillie en résidenceimplantation à Corbigny dans la Nièvre. Serge Ambert poursuit sa collaboration avec la République tchèque avec un projet sur le thème des insectes qui se déclinera sur plusieurs années (premier volet « Ephémère » présenté au printemps 2007 à Prague). Sa dernière création « Fleurs sanglantes » (2009), duo pour deux hommes, évoque le Japon et la relation des hommes à leur féminité et à leur propre violence au travers des thèmes des Onnagata (rôles de femmes joués par des hommes dans le théâtre japonais) et du Seppuku (suicide ritualisé). Par ailleurs il développe un travail d’ateliers en hôpital psychiatrique auprès de patients et notamment au CHS de Dijon. Un film témoignage de cette expérience fut réalisé par Florent Jullien : « Sur le fil du fil des Saisons ». Afin d’achever son travail sur la schizophrénie commencé avec « la Fêlure du Papillon » il prépare un solo inspiré de la maladie de Nijinski et qui sera présenté en France au printemps 2010. Répondant à une commande, Serge Ambert a chorégraphié « Carnaval des animaux » pour le Ballet du duo/dijon en 2005. D’autre part il collabore régulièrement avec d’autres artistes : la compagnie de théâtre de rue Métalovoice, le duo de musiciens Mécanique acoustique, le musicien Patrice Bailly (Collectif Zazen), Jean Bojko et le TéATr'éPROUVèTe.

Le 24/03/2010

Photos J.M. Gourreau

L’enfermement « 0n ne voit bien qu’avec le cœur. » Saint Exupery Intéressante initiative que celle d’allier, à sa proposition chorégraphique, les sources et les éléments préparatoires, tant pour en donner les raisons que pour en montrer les différentes étapes de la création. Le cheminement de l’artiste est ainsi explicité, les différentes facettes de son œuvre décortiquées, son propos présenté sans équivoque et ses subtilités dévoilées. Ainsi la pièce devient-elle totalement accessible à tous les publics. Cela faisait des années que Serge Ambert était hanté par la vie de Nijinsky, son aura, l’essence de son art. Ce ressenti, il a souhaité le faire partager à son public à travers un parcours composé de trois volets, le premier étant une mini-conférence retraçant sa carrière, le second la lecture de certains passages soigneusement choisis de ses « cahiers » et le troisième, un solo mettant en gestes les émotions éprouvées à la lecture de certains de ses écrits ou de l’analyse de quelques images de ses œuvres parvenues jusqu’à nous. C’est fort judicieusement que le chorégraphe transporte le spectateur dans un univers nu, quasi carcéral, au centre duquel ne subsistent qu’une chaise et un lit. Evocation évidente à l’époque où Nijinsky vécut enfermé pendant plus de 20 ans dans une petite chambre de divers hôpitaux psychiatriques, notamment Kreuzlingen et Münsingen avec, pour seul compagnon, ses souvenirs. Et ceux-ci le hantent, parfois comme une fulgurance réitérée, parfois comme un véritable leitmotiv. Habitué à travailler avec des schizophrènes, Serge Ambert est parvenu à rentrer dans son monde, en en restituant non seulement son parfum mais aussi une part de la vérité. Et à faire sienne cette phrase qui revient à moult reprises dans ses cahiers (version non expurgée par Romola) : « Je veux danser parce que je sens, et pas parce qu’on m’attend… ». Les ateliers que le chorégraphe a pu mener en hôpital psychiatrique lui ont sans doute énormément servi : les attitudes issues de ces corps meurtris, recroquevillés, abîmés qui lui sont passés entre les mains ont resurgi naturellement dans son évocation du grand danseur ; elles étaient en parfaite adéquation avec lui ou, tout au moins, avec ce qu’il sentait de lui. C’était une petite part de lui qu’il nous livrait, sans doute intuitivement. Cette évocation très poétique, sensible et précieuse, avait en outre le mérite de montrer une des facettes expliquant peutêtre ce qui avait fasciné les spectateurs de l’époque, à savoir, outre sa puissance et sa féminité, cette manière si particulière de dissocier le bassin du haut du corps, tout comme le font les danseurs de hiphop aujourd’hui. Mais le plus émouvant était sans doute cette impression de fauve en cage, cette oppression qui le tenaillait sans cesse, cette impossibilité de communiquer que le chorégraphe avait déjà abordée dans une de ses œuvres précédentes, La fêlure du papillon*. J.M. Gourreau Comme un bond en plein ciel / Serge Ambert, Théâtre Paul Eluard, Choisy le Roi, Mars 2010.

« Serge Ambert a un don rare parmi les danseurs et les chorégraphes, celui d’exprimer le contenu et l’idée de l’œuvre par le mouvement, la danse. Il ne tombe pas dans les clichés, chaque mouvement fait sens, raconte quelque chose, il nous parle, il mène un dialogue avec le spectateur qui dépasse „le quatrième mur”. » Lucie Burešová (« Taneční aktuality ») (Photos : Laurent Paillier, répétitions de « Comme un Bond en plein Ciel »)

Pour aller plus loin

Afin d’éclairer la démarche artistique et apporter des clés de lecture plusieurs formes peuvent être proposées au public en complément de la représentation:

1. La conférence « Nijinski, de la danse à la folie » Cette conférence animée par Serge Ambert présente le parcours de Vaslav Nijinski, son parcours de danseur et de chorégraphe, son parcours d’homme. Elle met en regard son génie créatif et sa maladie qui l’envahira pendant la moitié de sa vie. Illustrée d’une riche iconographie ainsi que d’extraits vidéo de deux de ses chorégraphies reconstituées : « L’Après-midi d’un Faune » et « Le Sacre du Printemps » elle permet de mieux découvrir ce grand artiste écorché vif et d’offrir une autre lecture du solo « Comme un Bond en plein Ciel ».

2. La lecture des « Cahiers » Avant la présentation de la pièce un comédien lit trois extraits des « Cahiers » que Vaslav Nijinski a rédigé en Suisse au début de l’année 1919 juste avant de sombrer définitivement dans la folie. Ces « Cahiers » dans leur version non expurgée, sont une matière brute dans laquelle l’artiste livre ses doutes, ces certitudes. Ils sont un témoignage fort et émouvant d’un homme en quète d’amour et de compréhension. « La mort est venue à l’improviste, car je l’ai voulue. Je me suis dit que je ne voulais plus vivre. J’ai peu vécu. Je n’ai vécu que six mois. On m’a dit que j’étais fou. Je croyais que j’étais vivant. On ne me laissait pas tranquille. Je vivais dans la joie, mais les gens disaient que j’étais méchant. J’ai compris que les gens avaient besoin de la mort, et j’ai décidé de ne plus rien faire, mais je ne pouvais pas. J’ai décidé d’écrire sur la mort. Je pleure de chagrin. Je suis très affligé. Je m’ennuie, car tout est vide autour de moi. Je me suis vidé. Je sais que Louise, la servante, pleurera demain, car elle sera désolée de voir cette dévastation. J’ai enlevé tous les dessins et les tableaux que j’ai faits au cours de ces six mois. Je sais que ma femme cherchera mes tableaux et ne le trouvera pas. J’ai remis les meubles comme avant et le même abat-jour à la lampe. Je ne veux pas qu’on se moque de moi et j’ai décidé de ne rien faire. Dieu m’a commandé de ne rien faire. Il veut que je note mes impressions. Je vais écrire beaucoup. »

3. Atelier de danse Atelier pour danseur permettant d’explorer la matière et l’écriture du solo

© Photo Tomáš Boříl

Comme un Bond en plein Ciel Chorégraphie, scénographie et interprétation : Serge Ambert Création lumière : Vladimír Burian Réalisation décor et accessoires : Sophie Jacquemin Conception et Univers sonore : AltiM Régie générale : François Pelfrêne

Résidences de création à l’Abéïcité/Abbaye de Corbigny et au Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi,

Coproduction :

Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi, Le Théâtre/Scène Nationale de Mâcon, Experimentální prostor Roxy /Nod – Prague, l’Abéïcité/Abbaye de Corbigny.

Avec le soutien de :

Itinéraires Singuliers - Dijon, o.s. Terra Madoda et Divadlo 29 – Pardubice (République tchèque).

Répétitions : septembre à novembre 2009, février à avril 2010 Représentations : Prague : 11 et 12 mai 2010 (avant-première le 5 mai à Příbram en collaboration avec la Maison de Bourgogne de Prague et la région de Bohème centrale) Pardubice (République tchèque): 17 mai 2010 Corbigny : 15 et 16 octobre 2010 Corbigny : 17 et 18 mars 2011 (4 représentations) Choisy-le-Roi : 25 mars 2011 Dijon : 30 et 31 mars 2011 (festival « Itinéraires Singuliers », 3 représ.) Mâcon : 6 avril 2011

La Compagnie les alentours rêveurs est accueillie en résidenceimplantation par la ville de Corbigny. Elle est subventionnée par le Ministère de la culture/DRAC Bourgogne au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique, par le Conseil régional de Bourgogne dans le cadre d’une convention de projet de territoire et par le Conseil Général de la Nièvre.

« Je danserai quand tout sera calmé, et quand tout sera sorti de mon intestin. Je n’ai pas peur des railleries, c’est pourquoi je l’écris ouvertement. Je veux danser parce que je sens, et pas parce qu’on m’attend. » Vaslav Nijinski : « Cahiers » (traduction du russe de Christian Dumais-Lvowski et Galina Pogojeva)

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