Jésus-Christ, Sauveur du monde - Notre

February 15, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Sciences des religions, Catholicisme
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Dossier de Préparation des Chefs de Chapitre 2015

« Jésus-Christ, Sauveur du monde»

33e Pèlerinage de Pentecôte De Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres Association Notre Dame de Chrétienté

Association Notre Dame de Chrétienté

SOMMAIRE REMERCIEMENTS ........................................................................ 3 PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION............... 4 PRÉPARER VOTRE PROCHAIN PÈLERINAGE AVEC LES VIDÉOFORMATIONS .............................................. 11 CANEVAS & RECOMMANDATIONS....................................... 12 MOT DE L’AUMÔNIER............................................................... 15 1ÈRE PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES, CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE SAMEDI : L’INCARNATION

Saint Hilaire ..................................................................................... 17 « ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR » ................................................................. 21 «ET LE VERBE A HABITÉ PARMI NOUS» .......................................................... 27 «ET NOUS AVONS VU SA GLOIRE».................................................................... 32

DIMANCHE : LA RÉDEMPTION

Saint Louis ....................................................................................... 37 «POUR NOUS ET NOTRE SALUT» ...................................................................... 40 «ILS REGARDERONT VERS CELUI QU'ILS ONT TRANSPERCÉ» .................... 45 « DU HAUT DE LA CROIX, J’ATTIRERAI TOUT À MOI ». ................................ 50 « A CÔTÉ DE LA CROIX SE TENAIT MARIE SA MÈRE. » ................................. 56

LUNDI : LE RESSUSCITÉ, NOTRE ESPÉRANCE

Sainte Marie Madeleine................................................................... 62 « IL EST RESSUSCITÉ LE 3ÈME JOUR ................................................................. 66 « IL EST MONTÉ AUX CIEUX » ........................................................................... 71 « D’OÙ IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS » ......................... 76

2EME PARTIE : MÉDITATIONS GÉNÉRALES, CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE, LE ROSAIRE .......................................................................................................... 81 LE SACREMENT DE PÉNITENCE ....................................................................... 87 LA SAINTE MESSE ................................................................................................ 91 POURQUOI AIMER LA MESSE TRADITIONNELLE ? ....................................... 95 LA CONSÉCRATION À NOTRE-DAME.............................................................. 105 L’ADORATION DE L’EUCHARISTIE ................................................................ 108 LA TRADITION .................................................................................................... 112 LA CHRÉTIENTÉ ................................................................................................ 117 LA VOCATION..................................................................................................... 123 CONSTRUIRE SA VIE PAR UNE RÈGLE DE VIE PERSONNELLE .................. 127 Association Notre Dame de Chrétienté

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3ÈME PARTIE : LECTURES COMPLÉMENTAIRES A. LE PÈLERINAGE .............................................................................. 131 QU’EST-CE QU’UN PÈLERINAGE ? ................................................................ 131 AUX SOURCES DU PÈLERINAGE DE CHRÉTIENTÉ ..................................... 134 LES SYMBOLES AU PÈLERINAGE ................................................................... 143 ENGAGEMENTS DU PÈLERIN ......................................................................... 146

B. TRADITION - CHRÉTIENTÉ – MISSION ....................................... 147 CHARTE DE L’ASSOCIATION ........................................................................... 147 INSTRUCTION "UNIVERSAE ECCLESIAE" ..................................................... 149 SERMON DE DOM GÉRARD : CHRÉTIENTÉ .................................................. 157 L’ENGAGEMENT DES CATHOLIQUES EN POLITIQUE ................................ 162 LES AUTORITÉS DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE .................................................. 171

C. RÉSOLUTIONS PRATIQUES .......................................................... 175 LA PURETÉ AVANT LE MARIAGE .................................................................... 175 LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE ...................................................... 180 L’AUTORITÉ DANS LA SAGESSE ET L’AMOUR ............................................. 185 LE DEVOIR DE SE FORMER ............................................................................. 191 L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL ................................................................ 192

4EME PARTIE : INFORMATIONS DIVERSES ADRESSE AUX CHEFS DE CHAPITRE ............................................................. 195 CULTURE GÉNÉRALE ....................................................................................... 197 CHAPITRE DES « ANGES GARDIENS » ........................................................... 199

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REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier les communautés religieuses, les organismes et les personnalités amis ci-après, qui nous ont fourni des textes à partir desquels nous avons composé des méditations sur le thème et les sous-thèmes de cette année, et sur des thèmes d’ordre général, communs à tous nos pèlerinages. Sans leur précieux concours, la réalisation de ce dossier destiné aux chefs de chapitres eut été impossible. - Abbaye Notre-Dame de Fontgombault, - Abbaye Notre-Dame de Randol, - Abbaye Sainte Madeleine du Barroux, - Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu, - Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, - Fraternité Saint Vincent Ferrier, - Institut du Bon Pasteur, - Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, - Institut de la Sainte Croix de Riaumont, - Renaissance Catholique, - Serviteurs de Jésus et de Marie, Nous remercions également les communautés religieuses et les organismes amis ci-après, que nous n’avons pas sollicités cette année pour nous fournir un texte, mais qui nous soutiennent de leurs prières et de leur amitié et, pour certaines communautés, de leurs ministères pendant le pèlerinage. - Abbaye Notre-Dame de l’Annonciation, - Abbaye Notre-Dame de Triors, - Adoratrices du Cœur Royal de Jésus-Christ Souverain Prêtre, - Bénédictins de l’Immaculée, - Chanoinesses Régulières de la Mère de Dieu, - Dominicaines du Saint-Esprit, - Franciscains de l’Immaculée, - Fraternité Saint Thomas Becket, - Missionnaires de la Miséricorde Divine, - Monastère Sainte Marie de la Garde, - Petites sœurs de la consolation du Sacré Cœur et de la Sainte Face, - Rédemptoristes Transalpins, - Religieuses Victimes du Sacré-Cœur de Jésus, - Abbé Lucien, - Rémi Fontaine, - Action Familiale et Scolaire, - Ichtus. Association Notre Dame de Chrétienté

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PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION Mode d’emploi et recommandations importantes à lire attentivement. Chers amis pèlerins, chefs de chapitre et adjoints, Voici votre dossier de préparation au 33e pèlerinage de chrétienté, de NotreDame de Paris à Notre-Dame de Chartres. Il se compose de deux ensembles : PREMIER ENSEMBLE : LES MÉDITATIONS FINALISÉES - 13 méditations thématiques propres au thème du pèlerinage 2015 (numérotées de 1 à 13) constituant la première partie. - 10 méditations générales sur des thèmes communs à tous nos pèlerinages, constituant la deuxième partie. Un certain nombre de citations, ainsi qu’une notice bibliographique, ont été mises à la suite de chaque méditation thématique ou générale, afin de vous encourager à approfondir votre réflexion sur chacun des sous-thèmes. DEUXIÈME ENSEMBLE : LES LECTURES INDISPENSABLES Á L’APPROFONDISSEMENT DU THÈME ET DE L’ESPRIT DU PÈLERINAGE (textes fondamentaux et textes de références), constituant la troisième partie, ET INFORMATIONS DIVERSES, constituant la quatrième partie. Ce traditionnel dossier de préparation au pèlerinage a été élaboré dans le but de : 1. Favoriser votre travail personnel de chef de chapitre et celui de vos adjoints, en facilitant la compréhension et la maîtrise du thème. 2. Améliorer la qualité des méditations, afin de mieux frapper les intelligences et les cœurs. 3. Renforcer l’unité du pèlerinage, par la délivrance de méditations plus homogènes. 4. Raccourcir la durée de chaque méditation, et en augmenter globalement le nombre, afin d’aborder un plus large champ de doctrine. 5. Montrer l’actualité du thème, en l’inscrivant dans le contexte actuel. Comme à l’accoutumée, il a été demandé à quelques auteurs (prêtres, communautés religieuses, chapitres, mouvements et laïcs amis du pèlerinage) de rédiger un texte sur l’un des différents aspects du thème que nous aborderons au cours de nos trois jours de marche. Nous tenons à leur renouveler nos très chaleureux remerciements pour ce travail tellement vital à la bonne marche du pèlerinage. Association Notre Dame de Chrétienté

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De ces articles ont été ensuite tirées des méditations, présentées sous la forme simple et concise de propos « incarnés » et dans un style oral, de façon qu’elles puissent être lues sans difficulté, en marchant. Dans cette construction, un soin particulier a été porté sur la logique d’enchaînement des méditations et sur la cohérence et l’homogénéité de la trame générale du pèlerinage, afin d’être le plus clair possible et le plus compréhensible. En définitive, le dossier de préparation vous propose donc des méditations quasi finalisées, qui pourront être lues sur la route de Chartres (solution recommandée aux jeunes chefs de chapitres peu expérimentés, pour aborder certains points délicats. Dans ce cas, ils pourront s’abriter derrière l’autorité du rédacteur qui est un prêtre ou un père de famille). Cette approche du dossier doit être bien comprise. Il ne s’agit nullement de vous contraindre à l’uniformité, ou pire, de vous inciter à la paresse, en vous contentant d’une rapide lecture du dossier ; ce serait très dommageable pour la sanctification de vos pèlerins. Il s’agit, bien au contraire, de favoriser votre travail personnel, en facilitant l’accessibilité au thème 2015. Très concrètement, il vous est donc demandé un important travail de compréhension du thème et de son découpage, et une bonne appropriation des méditations finales. Cela vous sera facilité par la lecture des citations et des notices bibliographiques. Parmi celles-ci, vous aurez soin d’étudier attentivement les textes du Magistère et quelques manuels pratiques. Vous pourrez également trouver d’intéressantes références dans les dossiers de préparations des précédents pèlerinages que vous pourrez aisément consulter sur le site de Notre-Dame de Chrétienté. Vous mesurez, chers chefs de chapitres du pèlerinage, combien il est essentiel de ne pas vous contenter de la simple lecture des méditations finalisées, qui ne vous permettrait pas de maîtriser le thème de cette année et de répondre aux questions des pèlerins. Votre propre communication ne sera vraiment vivante et convaincante, que dans la mesure où vous serez imprégnés de ce que vous voulez dire. Que ce travail de préparation fasse grandir en vous l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ sans lequel votre apostolat n’est qu’illusion. Ainsi, après ce temps personnel de travail, de prière, de compréhension, d’appropriation et d’approfondissement, deux possibilités s’offrent à vous : - conserver in extenso les méditations proposées, - vous en inspirer très largement et, en reprenant tous les éléments essentiels, personnaliser et recomposer les méditations afin de mieux les adapter aux particularités des pèlerins de votre chapitre.

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À cet égard, des aménagements devront obligatoirement être apportés aux méditations pour les enfants, les pastoureaux et les familles. Particularités : 1. Les méditations des différents Mystères Joyeux, Douloureux, Glorieux et Lumineux des Rosaires récités tout au long du pèlerinage, ne vous sont pas fournies. Il vous appartient donc de les préparer très sérieusement, et de les faire préparer, en les personnalisant en fonction du thème du jour et de votre chapitre. Nous vous demandons de bien impliquer vos adjoints dans la préparation de ces méditations du rosaire. Celles-ci doivent être étroitement reliées au thème général « Jésus Christ, Sauveur du monde », pour ainsi mieux le méditer pendant les 3 jours. En outre, les méditations du rosaire doivent être l’occasion de porter très concrètement les intentions particulières des pèlerins de vos chapitres. Il vous est demandé de faire preuve d’une délicatesse particulière dans l’expression des méditations, dont certaines pourront toucher profondément les pèlerins qui se trouvent dans une situation spirituelle ou morale difficile (nuit de la foi, tension familiale…). 2. Des religieux, des religieuses et des séminaristes nous accompagnent, au sein des chapitres, tout au long de notre pèlerinage. En accord avec leurs supérieurs, nous leur avons demandé de préparer cinq thèmes: - La confession, - La prière et la vie d’oraison, - La vocation, - La Sainte Écriture, - Les fins dernières. À l’occasion de leur passage dans votre chapitre, il vous revient de les solliciter pour les faire intervenir sur l’un ou l’autre de ces cinq points. 3. Lorsqu’un prêtre rejoint votre chapitre, proposez-lui de se présenter et d’indiquer qu’il se tiendra en queue de chapitre pour s’entretenir avec ceux qui le désirent et, éventuellement les confesser. Il est recommandé que le prêtre puisse très brièvement dire quelques mots sur le sacrement de pénitence et sur le secret de la confession, avant de se placer à l’arrière du chapitre. (Précisez aux pèlerins qu’on distingue les prêtres par le port d’une étole). 4. Dans le canevas qui vous est proposé ci-après, il vous est demandé d’inviter les pèlerins à lire, immédiatement ou ultérieurement, quelques textes qui figurent à la fin du présent dossier et qu’ils trouveront également dans leur livret du pèlerin. Prenez le temps, en quelques mots, de leur indiquer l’intérêt de ces documents.

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Par exemple : - Pour le document sur "La Communication dans le couple ", vous soulignerez que 83 % des couples séparés, expliquent leur échec par une «mauvaise communication », et qu’il est indispensable, pour éduquer des enfants, que les parents s’accordent sur ce domaine très sensible. - Pour la "Note Doctrinale sur l’engagement des catholiques en politique", vous insisterez sur l’actualité de ce document et sur la personnalité de l’auteur. 5. Insistez auprès de vos pèlerins pour qu’ils conservent le livret qui leur a été remis. Ils y trouveront, non seulement les prières de la messe, assorties d’explications, mais aussi des prières usuelles, des chants, des textes choisis et toutes les méditations regroupées par centre d’intérêt. Qu’ils prennent le temps de les lire et d’en approfondir la compréhension, seuls ou avec l’aide d’un prêtre. Pour conclure, nous vous demandons, pendant la marche, d’être particulièrement attentifs à la charité fraternelle et au maintien du recueillement. Que votre degré d’exigence soit en rapport avec la soif des âmes dont vous avez la charge. À chaque instant, gardez bien à l’esprit que les plus beaux discours ne toucheront le cœur de vos pèlerins que dans la mesure où vous serez accueillants, humbles et charitables et que les silences de votre chapitre permettront à la grâce d’arriver jusqu’à eux. « Si je n’ai pas la Charité, je ne suis rien » nous dit Saint Paul. « Plus nous recevons dans le silence de la prière, plus nous donnerons dans la vie active » nous rappelle Mère Térésa. « Toujours prier comme si l’action était inutile, et agir comme si la prière était insuffisante ». Sainte Thérèse de Lisieux. En attendant la joie de nous retrouver, à l’occasion des différentes réunions préparatoires, messes, récollections, retrouvailles amicales ou spirituelles, et, enfin, sur la route de Chartres, que ce travail commun nous unisse profondément au Coeur de Jésus sous le regard de Notre Dame. Sursum corda, ad majorem Dei gloriam, Rémi Mancheron Directeur des pèlerins

Xavier Hennequart Directeur de la Formation

NOTA : Le canevas et les recommandations qui suivent, constituent un guide indispensable pour la conduite des Chapitres. Il est impératif d’en suivre le déroulement.

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COMMENT CONDUIRE LA MÉDITATION D'UNE DIZAINE DE CHAPELET Il est bien évident que chacun a sa méthode, souvent éprouvée. Il s’agit ici, simplement, de rappeler quelques principes directeurs, et de suggérer quelques pistes pédagogiques. 1. Aspect spirituel : Principe : c'est Dieu qu'on doit donner aux pèlerins, non pas nous-mêmes. Donc, laisser Dieu lui-même parler et agir avant, pendant, après, en récitant intérieurement une courte prière, par exemple : Avant : « Esprit-Saint, vous connaissez d'avance ceux qui vont m'entendre, quels sont leurs besoins, leurs blessures, ce que vous voulez leur donner par mes pauvres propos -quel honneur !- Alors, guidez mes lectures, ma réflexion et le choix de mes mots, afin que tout cela profite à ces âmes.... et à vous ! Peu importe ma gloire ou ma honte... » Pendant (juste avant de prendre le micro prendre son temps pour poser un regard sur chaque pèlerin): « Jésus, donnez-moi votre Sacré-Cœur pour les aimer. Et moi, je vous donne mes lèvres pour leur parler. » Après : « Merci Seigneur, pour cet honneur d'avoir été appelé à parler en votre Nom. Maintenant, c'est à Vous de jouer ! 'Vous pouvez laisser votre serviteur aller en paix'. Et faites que je vive ce que j'ai prêché ! » 2. Aspect doctrinal : Principe : Chaque dizaine a deux dimensions : le mystère, et son fruit. Ne pas oublier non plus cette recommandation du Bienheureux Jean-Paul II : « le centre de l’Ave Maria est le nom de Jésus ». Il faut donc mettre en valeur le nom de « Jésus », en marquant une légère pause. Le 'mystique' aura tendance à se perdre en contemplation, certes belle, mais en oubliant de rejoindre le pèlerin, et de lui proposer une conclusion pratique. C'est dommage, car un pèlerinage de Chrétienté entend incarner le spirituel dans le concret de la vie. À l'inverse, le diplomate ne cherchera qu'à amadouer son auditoire, quitte à édulcorer l'exigence de l’Évangile. Quant au moraliste, il se contentera de développer le fruit (par exemple en faisant un véritable sermon sur l'humilité). Tout cela est regrettable, car on perd de vue l'essentiel : Dieu et le Ciel ! En pratique donc, pour introduire une dizaine de chapelets, prenons le pèlerin par une petite accroche là où il en est, et, ce qui est essentiel, introduisons le en plein mystère, où il sera illuminé, réchauffé et fortifié.

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Et fort de tout cela, il pourra recevoir en conclusion, une brève exhortation pratique, et une intention concrète de prière. Exemple pour le 1er mystère Joyeux : l’Annonciation Présentation du mystère : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant Marie ! Qu'il est noble, l'archange fait humble messager ! Qu'elle est belle, la Mère de Dieu se proclamant 'servante du Seigneur' ! Qu'il est adorable celui qui gît tout petit dans son sein !... » Exhortation pratique : « Alors, mes amis, n'ayons pas peur de nous faire petit quand c'est pour la gloire de Dieu ; et si tout à l'heure au bivouac nous rendons un service, cherchons à le cacher aux yeux des hommes pour que notre action soit grande devant Dieu et ses anges ! » Intention de prière : « Nous prierons plus particulièrement dans cette dizaine, pour nos frères et sœurs chrétiens persécutés dans le monde, ces tout petits aux yeux de leurs bourreaux, ces géants aux yeux de Dieu. » 3. Aspect prudentiel : Principe : la prudence est l'art d'adapter l'idéal aux circonstances, le nécessaire au possible, en fonction : Des personnes : on ne parle pas de la même manière à des étudiants qu'à des adolescents ou qu'à des enfants, à des « tradis » d’origine qu'à un chapitre composé de nouveaux pèlerins peu ou pas pratiquants. Du temps : en général, 2mn ou 3mn de méditation suffisent pour jeter un rayon de lumière et mettre le feu. Marie fait le reste. Dépasser cette durée, c'est souvent s'écouter soi-même et lasser les autres. Par ailleurs, le samedi ou le dimanche matin, on peut être doctrinal ou mystique. Mais, le dimanche aprèsmidi, soyons hyper simple et concret, voire... comique ! Alors, le lundi, nous pourrons être enflammés !! Des lieux : pas de grand discours quand la colonne s'étire (côtes) ou s'étale (sous-bois). Mais une belle histoire peut à l'inverse rassembler le troupeau... À l'arrivée (pause ou bivouac), plutôt chanter sa dizaine de chapelet que la dire (pour la fierté !). Et comme Jésus, se servir des merveilleux paysages traversés pour illustrer le propos. Du thème : les mêmes mystères reviennent chaque année, au risque de lasser. Essayez donc de les contempler en lien avec le thème ou le saint du jour. Thème et mystère s'éclaireront ainsi mutuellement et les méditations ainsi seront variées. À titre d’exemple, reprenons le 1er mystère joyeux, en fonction du thème et du moment où se récite le chapelet : nous sommes le samedi matin, un peu avant d’arriver au Parc Henri Sellier, le thème du jour a été annoncé et la méditation sur le Saint Hilaire vient d’être faite. Association Notre Dame de Chrétienté

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Présentation du mystère : « : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant Marie, Lui le créateur, le Dieu Tout Puissant qui a fait le ciel et la terre.. » Exhortation pratique : « les méditations qui vont suivre nous feront découvrir l’insondable mystère de Dieu Un et Trine. Nous nous efforcerons de comprendre ce que Dieu attend de nous, pour qu’à notre tour nous sachions comme Marie dire un ‘Fiat’ à sa Volonté. » Intention de prière : nous prierons particulièrement pour les pèlerins qui ont le plus de difficultés à entrer humblement dans la compréhension des mystères divins. Demandons à Saint Thomas d’Aquin, de nous aider à mieux comprendre l’enseignement que l’Église nous donne sur ces mystères. Bonnes méditations ! Un converti du pèlerinage de Chartres.

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PRÉPARER VOTRE PROCHAIN PÈLERINAGE AVEC LES VIDÉOFORMATIONS Notre Dame de Chrétienté propose désormais des vidéoformations sur son site web www.nd-chretiente.com dans sa rubrique formation. Ces vidéoformations traitent de sujets spirituels portant sur le thème général choisi pour le prochain pèlerinage, elles sont mises en ligne à une fréquence régulière dans les mois précédant la Pentecôte : - En 2014 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » - En 2015 : « Jésus-Christ, Sauveur du monde. » Chaque vidéo dure, en moyenne, entre 5 et 9 minutes. Ce sont des entretiens filmés, réalisés avec des spécialistes appartenant à des communautés religieuses ou associations amies soutenant le pèlerinage Notre Dame de Chrétienté. Chaque vidéo est volontairement synthétique, et est accompagnée d’une fiche pédagogique (un recto ou un recto/verso) donnant un résumé des notions abordées et une bibliographie pour les personnes désireuses d’approfondir leurs connaissances.

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CANEVAS & RECOMMANDATIONS SAMEDI MESSE DANS LA CATHÉDRALE NOTRE DAME DE PARIS. Sermon : Sens du pèlerinage, chemin de conversion. Mot d’envoi : dans quel esprit pèleriner, le choix du thème et son importance. 2h45 de ND de Paris au Parc Henri Sellier (Plessis-Robinson) - Chants religieux dans Paris. - Mot de bienvenue, présentation du chapitre et du saint patron du chapitre - Présentation générale succincte du thème et des saints patrons des trois jours, - Simple énoncé du sous-thème du jour : « L’Incarnation». - Le Saint du jour : Saint Hilaire (méditation 1, page 17) - Présentation du Rosaire (page 81) - Récitation du Chapelet : mystères joyeux, à poursuivre tout au long de la matinée. 1h20 du Parc Henri Sellier à Amblainvilliers (IGNY) - Chapelet/chants (suite) - Sacrement de Pénitence : devenir un « miséricordié » (page 87). Inviter les pèlerins à lire pendant le pèlerinage le texte de l’examen de conscience page… PAUSE DÉJEUNER (messe pour les familles et les enfants) 2h40 d’Amblainvilliers à la halte de Billehou - « Engagements du pèlerin » faire les commentaires appropriés ; esprit (joie, pénitence, réparation), comportement (charité, entraide, respect des consignes) tenue (celle d’un chrétien témoin du Christ). - La Sainte Messe (page 91) - Récitation du Chapelet : mystères douloureux (profiter de la portion bruyante le long de la N118 pendant 40 mn) - « Et le verbe s’est fait chair.» (méditation 2, page 21) - Chants/Chapelet (suite) 1h40 de Billehou à la Roche Pointue St Rémy-les-Chevreuse - « Et le verbe a habité par nous» (méditation 3, page 27) - Récitation du Chapelet : mystères glorieux et chants - La Tradition (page 112). Présentation de l’Instruction « Universae Ecclesiae » 55mn de St Rémy Roche Pointue au bivouac de la Ferté-Choisel - « Et nous avons vu sa gloire» (méditation 4, page 32) - « Chants/Chapelet (suite) - Les symboles au pèlerinage (inviter les pèlerins à lire le texte ultérieurement dans le livret page 143) Association Notre Dame de Chrétienté

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DIMANCHE 1h35 de La Ferté-Choisel à la ferme « les Charmes » - Prière de départ en chapitre avec rappel (pourquoi faisons-nous le pèlerinage, esprit du pèlerinage, engagements du pèlerin) ; - Simple énoncé du sous-thème du jour : « La Rédemption » en resituant dans le thème général. - Saint du jour : Saint Louis (méditation 5, page 37) - Récitation du Chapelet : mystères joyeux 1h15 des Charmes au Parc Fougères - «Pour nous et notre salut » (méditation 6, page 40) - Chants/Chapelet (suite) - « Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé » (méditation 7, p. 45) 1h45 du Parc Fougères aux Courlis - « Du haut de la Croix, j’attirerai tout à moi » (méditation 8, p. 50) - Récitation du Chapelet : mystères douloureux - «La sainte Messe et la forme extraordinaire du rit romain » (page 95) MESSE AUX COURLIS : (sermon : le mystère de la Rédemption) PAUSE DÉJEUNER 1h35 des Courlis à Batonceau - « A côté de la Croix se tenait Marie, sa Mère » (méditation 9, p. 56) - Chants/Chapelet (suite) - La Chrétienté (page 117). Présentation du sermon de Dom Gérard (inviter les pèlerins à lire le texte ultérieurement dans le livret page 157). 1h15 de Batonceau à Emancé - Récitation du Chapelet : mystères glorieux - « La Consécration à Notre-Dame » (page 105) - Pour les chapitres pastoureaux et adultes «La pureté avant le mariage» (page 175) ; présentation succincte (inviter les pèlerins à lire le texte ultérieurement dans le livret) 1h20 d’Emancé au bivouac de Gas - Pour les chapitres familles « la communication dans le couple » (p. 180) ; présentation succincte (inviter les pèlerins à lire le texte ultérieurement dans le livret) - «L’Adoration de l’Eucharistie » (page 108) - Chants/Chapelet (suite) SALUT ET ADORATION DU TRÈS SAINT SACREMENT

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LUNDI 1h35 de Gas au Bois du Séminaire - Prière de départ par chapitre. - Simple énoncé du sous-thème du jour : « Le Ressuscité, notre Espérance». - Saint du jour: Sainte Marie Madeleine (Méditation 10, page 62) - Récitation du Chapelet : mystères lumineux - « Il est ressuscité le troisième jour » (méditation 11, page 66) - Chants/Chapelet (suite) 2 h du Bois du Séminaire à Saint Prest - « Tradition-Chrétienté-Mission : les 3 piliers de NDC ». Inviter les pèlerins à lire la Charte dans leur livret. - « Il est monté aux cieux» (méditation 12, page 71) «La vocation» (page 123) - Présentation de la note doctrinale « Sur l’engagement des catholiques en politique » de 2002 (page 162) - Chants/Chapelet (suite) PAUSE DÉJEUNER 1h55 de Saint Prest à Notre-Dame de Chartres - « D’où Il viendra juger les vivants et les morts» (méditation 13, p. 76). - Chants/Chapelet (suite) - « Une règle de Vie » (page 127) Inviter les pèlerins à lire ultérieurement le texte sur l’importance d’un accompagnement spirituel (page 192) - Chants religieux dans Chartres. MESSE À LA CATHÉDRALE NOTRE DAME DE CHARTRES (sermon : synthèse de l’ensemble du thème et envoi en mission).

Nota : les séminaristes, religieux et les religieuses au cours des 3 jours de pèlerinage peuvent sur votre demande traiter : le sacrement de pénitence, la vocation, l’Écriture Sainte, la prière et la vie d’oraison, les fins dernières ou d’autres thèmes. Inviter chaque jour les pèlerins à profiter de la présence des prêtres pour les rencontrer ou se confesser

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MOT DE L’AUMÔNIER « Les deux Testaments regardent Jésus-Christ : l’Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle, les deux comme leur centre ». Chers chefs de chapitres, Chers amis pèlerins, Cette phrase de Pascal dans ses Pensées (Br 740) nous rappelle la place centrale de la personne de Jésus-Christ dans la foi catholique : le Verbe Incarné est l’aboutissement et l’origine de toute l’Histoire du Salut. Comme le dit la liturgie romaine durant la veillée pascale, il est même « Principe et Fin, Alpha et Oméga » de tout l’univers créé. Le thème de notre pèlerinage 2015, « Jésus-Christ, Sauveur du monde », est donc d’une particulière densité puisqu’il condense l’essentiel de notre foi : l’acte rédempteur du Fils de Dieu. C’est l’épicentre du christianisme, le cœur même de notre religion. Ce thème sera décliné en trois moments qui correspondent aux 3 jours du pèlerinage : l’Incarnation, la Rédemption et la Résurrection. Comme vous pouvez le constater, ces trois moments coïncident avec les mystères Joyeux, Douloureux et Glorieux du rosaire, lequel est un « condensé de tout l’Évangile ». Il est manifeste aujourd’hui que la crise de l’Église est essentiellement une crise de la vertu de foi, en partie due à une transmission très défaillante des vérités chrétiennes depuis plus de quarante ans. Combien de personnes se plaignent régulièrement qu’elles n’ont pas eu de catéchisme et connaissent mal les vérités du Credo ?! En 1977, le cardinal Journet disait que « La liturgie et la catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la foi dans les âmes ». En effet, on ne peut aimer que ce que l’on connaît et il est difficile de rester attaché à ce que l’on ne connaît pas ou mal. La foi est la vertu de l’intelligence, aussi sa solidité est-elle intimement liée à la connaissance des vérités révélées. Le pèlerinage de chrétienté est né dans ce contexte de crise religieuse et, dès l’origine, il a eu pour ambition de délivrer aux âmes venant se ressourcer sur la route de Chartres, la pure doctrine catholique et non pas un substitut frelaté et amoindri comme on en trouve encore dans de nombreux endroits. Dans l’esprit de ses fondateurs, le pèlerinage de chrétienté n’est donc pas seulement une marche spirituelle : il est également un authentique lieu de formation religieuse à travers le rappel des grands mystères de la Révélation, lesquels sont l’aliment de notre foi et de notre contemplation. Association Notre Dame de Chrétienté

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Enseigner les vérités fondamentales du christianisme, pour juguler la crise traversée par l’Église, est une des convictions de Notre-Dame de Chrétienté. Aussi, chers amis, ne vous étonnez pas de la densité et de la richesse théologique du livret de préparation car cela appartient à la dimension missionnaire de notre pèlerinage et constitue son identité propre. Dans cette œuvre apostolique, votre rôle est évidemment déterminant : c’est par vous que les pèlerins auront accès à ce que Notre-Dame de Chrétienté veut leur donner. Certes, ultimement, seule la grâce de Dieu sanctifie les âmes, mais Dieu a pour habitude d’agir à travers des instruments, et plus ceux-ci sont adaptés, mieux les âmes sont disposées à recevoir les secours divins. Aussi nous comptons largement sur votre sérieux pour la préparation du pèlerinage 2015. Cette préparation est d’abord personnelle : vous devez vous approprier le livret en prenant connaissance des méditations principales qui développent le thème annuel (1ère partie). Pour les jeunes chefs de chapitre, il est important de connaître ensuite les « textes fondateurs » qui présentent les spécificités du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté et manifestent sa richesse propre (2e partie). Ensuite, il vous faudra transmettre aux pèlerins qui vous seront confiés les fruits de votre travail et de votre méditation. Chers amis, votre mission est belle et exigeante, il vous faut la prendre au sérieux en priant Notre-Dame de Chrétienté qu’elle vous assiste et vous guide. De mon côté je vous assure de ma prière à votre intention et demande à Dieu de vous bénir en attendant de vous retrouver à Notre-Dame de Paris le 23 mai 2015 !

Abbé Benoît Paul-Joseph Aumônier Général par intérim*

*L’abbé Denis Coëffet étant toujours hospitalisé, l’Abbé Paul-Joseph assure l’intérim.

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1ère PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES, CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE SAMEDI : L’INCARNATION

Saint Hilaire « Défenseurs de la Foi » Père et Docteur de l’Église

Chers pèlerins, pour nous accompagner dans cette première journée de notre pèlerinage, nous avons choisi Saint Hilaire, évêque de Poitiers, qui, au IVe siècle avec Saint Athanase, mena un combat pour la défense de la Foi contre l’Arianisme, ce qui lui valut le titre de Père et Docteur de l’Église. Dans les temps difficiles que nous vivons, où la foi de l’Église est si souvent attaquée, il est pour nous un exemple à suivre et un patronage à solliciter. I. QUELLE EST LA FOI DE L’ÉGLISE ? En récitant le Credo à la Messe, à propos de Notre Seigneur JésusChrist, vous prononcez ces mots « …Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père par qui tout a été fait … » Vous êtes-vous jamais interrogé sur la signification de ce terme « consubstantiel » ? L’Église a choisi ce mot, à dessein, pour bien signifier la totale union du Père et du Fils, qui n’ont pas seulement la même nature, mais ont la même substance, et qui, avec le Saint-Esprit (Troisième Personne de la Sainte Trinité), ne sont « qu’un seul Dieu ». Mais, L’Église a-t-elle autorité pour se prononcer ainsi ? Il n’est pas inutile, à cet égard de nous rappeler ces paroles que nous récitons dans l’Acte de Foi : « Mon Dieu, je crois fermement tout ce que vous nous avez révélé, et que la Sainte Église nous enseigne. Parce que vous êtes la vérité même et que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper. »

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Ainsi, « avoir la foi », c’est aimer la Vérité, celle enseignée par l’Église ; c’est croire de toute son intelligence ce que Dieu a révélé à la seule et unique Église : l’Église Sainte, Catholique Apostolique et Romaine. Si nous voulons mieux connaître la foi, il est important de savoir se protéger des erreurs (les hérésies). C’est tout le sens de cette méditation sur le Saint Patron de ce jour et sur l’Arianisme qu’il a combattu, afin de mieux approcher le mystère de la Sainte Trinité qui est au centre de notre foi. II. LA DOCTRINE ARIENNE Arius (256-336) était un prêtre d’Alexandrie qui, vers 320, commença à enseigner ouvertement que le Fils était un « intermédiaire entre Dieu et l’homme », ce qui, comme le soulignera Benoît XVI, « laissait ainsi le vrai Dieu toujours inaccessible pour nous ». Arius niait la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon lui n’était qu’un homme, certes supérieur aux autres, mais simplement un homme. Sa thèse rencontra un grand succès, même après qu’il eut été privé, par son évêque, de sa charge de prêtre. III. LA RÉPONSE DE L’ÉGLISE À NICÉE A Nicée en 325, l’empereur Constantin Ier, souhaitant éviter des désordres religieux, convoqua un concile œcuménique (c’est-à-dire universel) pour juger de l’arianisme. Dans une profession de foi solennelle, les pères du Concile (plus de 300 évêques) affirmèrent que le Fils de Dieu, engendré, non pas créé, est de la même substance que le Père, c’est-à-dire « consubstantiel » au Père. IV. LA RÉSISTANCE HÉROÏQUE D’ATHANASE ET D’HILAIRE Les empereurs qui succèderont à Constantin Ier alterneront leur soutien entre « les trinitaires » (les catholiques) et les ariens (hérétiques). Deux grands saints, Saint Athanase en Orient et Saint Hilaire en Occident, ont lutté avec vigueur contre l’arianisme et sont vénérés à ce titre comme docteurs de l’Église et défenseurs de la Foi. Dans ce combat, Athanase reçut le soutien d’Hilaire (315-367), l’évêque de Poitiers, « l’Athanase de l’Occident ». Né dans une famille probablement païenne, il reçut le baptême à l’âge adulte, vers 345, et fut élu évêque de Poitiers, environ 5 ans plus tard.

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Dès cette époque, il composa un éloge d’Athanase, alors que la Gaule restait assez éloignée des querelles doctrinales. En 355 il se sépara des évêques ariens, ce qui lui valut d’être condamné à l’exil, et le conduisit en Phrygie où il rédigea ses œuvres les plus importantes « sur la Trinité » et « sur les synodes ». Après qu’il eut sévèrement critiqué l’empereur Constance, qui avait fait proclamer, comme doctrine officielle, que « le Fils était semblable au Père », Hilaire reçu l’ordre de rentrer en Gaule où il se consacra à sa charge pastorale et à des travaux d’exégèse, tout en continuant à batailler pour la défense de « la foi de Nicée » auquel le Synode de Paris, s’inspirant de ses travaux, avait adhéré en 360, ce qui permit de pacifier la Gaule. V. LA VICTOIRE FINALE Sous l’empereur Julien en 362, un synode de réconciliation, fut réuni à Alexandrie et réussit à maintenir la foi de Nicée tout en reconnaissant la divinité du Saint-Esprit. Le deuxième Concile œcuménique, réuni à Constantinople en 381, conserva la formulation du Credo de Nicée " le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père ". Chers Pèlerins, Dans des temps particulièrement hostiles, Saint Hilaire fut un « héros » de la foi ; il sut garder « La Vérité » : Jésus est vraiment le Fils de Dieu ; avec le Père et le Saint-Esprit, Il est un seul être, et chacune des trois personnes divines est Dieu. C’est la foi que nous avons reçue des apôtres et que beaucoup de chrétiens ont défendue au prix du martyre. C’est la foi que nous défendons aujourd’hui face à l’Islam, qui nie la divinité du Christ et considère les chrétiens comme des polythéistes, parce que l’Islam refuse que Dieu ait pu se faire Homme, oubliant que « rien n’est impossible à Dieu ». Pour qu’à notre tour, à l’exemple d’Hilaire, nous soyons d’intrépides défenseurs de la Foi, faisons nôtre cette belle prière du grand évêque de Poitiers : « Donnez-moi, Seigneur Dieu, le vrai sens des mots, la lumière de l'intelligence et la foi en la Vérité, afin que ce que je crois, je sache le dire aux hommes. O, Seigneur, c'est par la beauté que vous révélez votre grandeur. Comme il est beau votre ciel tout clairsemé d'étoiles et splendides ces astres dont l'éternelle mouvance figure votre éternité. Association Notre Dame de Chrétienté

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Qu'elle est belle la terre aux changeantes parures. O Seigneur, c'est à travers l'homme que vous révélez votre amour. Seigneur, gonflez les voiles de ma foi pour que je puisse prêcher partout le nom de Dieu. Seigneur, déliez ma langue pour que je fasse honneur à votre saint nom. Seigneur, éclairez mon esprit pour que je révèle à tous ceux qui l'ignorent ce que vous êtes, vous le Père du Fils unique de Dieu ». Citation « Qui pourrait jamais tolérer l’opinion selon laquelle les formules dogmatiques appliquées par les conciles œcuméniques aux mystères de la sainte Trinité et de l’Incarnation ne seraient plus adaptées aux esprits de notre temps et devraient être témérairement remplacées par d’autres ? » Paul VI, Mystérium fidei, 3 septembre 1965.

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« ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR » Chers Pèlerins, l’année dernière nous avions médité sur la Création et Dieu le Père. Pour réparer le péché originel commis par nos premiers parents, Dieu infiniment bon va envoyer son propre fils unique, 2ème personne de la Sainte Trinité, pour sauver l’homme pêcheur et restaurer sa condition. Nous verrons ainsi successivement comment Notre Seigneur s’est incarné, est venu au monde, puis a vécu avant d’inaugurer sa vie publique. Commençons par le mystère de l’Incarnation. Le Prologue de l’évangile de saint Jean lu à la fin de la messe célébrée selon le rit extraordinaire, nous explique : le Fils éternel du Père, Lui qui est « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », a assumé notre nature humaine dans le sein de la Vierge Marie. Il reste ce qu’Il est de toute éternité (le Fils bien-aimé du Père) et Il devient ce qu’Il n’était pas (le Fils de l’homme, notre frère). S’Il réalise pareille œuvre, c’est « pour nous les hommes et pour notre salut ». I. L’ANNONCIATION Dans le récit de l’Annonciation nous trouvons en germe tout l’Évangile, tout ce que Jésus a fait et supporté pour notre salut et c’est aussi le point d’aboutissement de la longue préparation de l’Histoire Sainte et de l’Ancien Testament. En vue de l’Incarnation de son fils Dieu a préparé la Sainte Vierge Marie à sa mission, elle a été choisie et elle dispose de qualités incomparables : - Marie est comblée de la grâce divine, ce sont les premiers mots de la salutation de l’Ange Gabriel.

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Marie a été préservée du péché originel, ainsi, par son « Immaculée Conception », la grâce du salut qui sera obtenue, pour le genre humain, par le sacrifice de Jésus sur la croix. - Marie est d’une sainteté parfaite, conséquence de la grandeur divine de sa vocation qui est de donner au monde le Sauveur. Le récit biblique nous renseigne aussi sur Celui qui va naître de la Vierge Marie : - Jésus est de nature divine : C’est bien le Fils du Très-Haut, Fils de Dieu, conçu du Saint-Esprit. - Jésus est de nature humaine : « il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme » C’est Marie qui lui donne sa nature humaine. - La venue du Messie est marquée par une effusion sans précédent de l’Esprit de Dieu, que le roi messianique (Jésus) doit posséder en plénitude. C’est pourquoi, le Saint Esprit est le principe actif dans la conception de l’enfant : aucun homme n’y joue un rôle. - Cette conception est totalement inédite et unique, il s’agit bien d’une conception virginale : Marie garde éternellement la gloire de sa virginité. Si le mystère de l’Annonciation est d’abord le mystère de l’Incarnation (Dieu se fait homme ; Il devient l’un de nous), c’est aussi le mystère de la vocation humaine, c’est-à-dire de la coopération de la créature à son propre salut. N’oublions jamais que le salut du genre humain a dépendu du Fiat de la Vierge Marie. La Vierge Marie nous apparaît bien comme un modèle de vocation et un modèle de la foi. C’est avec toute son intelligence, toute sa volonté, toute sa liberté, de façon plénière et totale qu’elle cherche à correspondre à la volonté divine. Elle ne met aucune limite à l’action de Dieu en elle. En donnant son consentement la Vierge représente tout le genre humain. Aussi, suivant l’exemple de la très Sainte Vierge demandons la grâce de vouloir toujours mieux répondre à notre vocation, développons notre intelligence et notre volonté, mettons toutes nos forces, toutes nos capacités à y répondre du mieux que nous pouvons.

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II. LA NATIVITÉ La naissance de Jésus et l’ensemble des récits de l’enfance du Christ (cf. Lc, chap. 1 et 2, Mt, chap. 1 et 2) manifestent aux hommes le grand mystère de l’Incarnation et l’universalité du salut que symbolise la visite des bergers et des mages venus d’Orient. Les conditions extrêmes de pauvreté de la naissance du fils de Dieu doivent nous inviter à méditer le message du salut avec un cœur humble et croyant. N’oublions pas, en effet que : « si Dieu a daigné se revêtir de la bassesse et de l’infirmité de notre nature, c’est pour élever le genre humain au plus haut degré de gloire. Car le Verbe a assumé une nature humaine complète. C’est par son humanité qu’Il révèle Dieu qui, par nature, est invisible : nous voyons l’Enfant couché dans une crèche, et nous adorons notre Dieu et Seigneur. En prenant un corps, en se faisant chair, Dieu sanctifie notre condition. Au jour de notre baptême et de notre Confirmation, nous avons reçu du Christ le Saint-Esprit qui a fait de la totalité de notre être (corps et âme) le temple de la présence divine. L’ascèse chrétienne consiste à laisser la grâce sanctifiante nous envahir tout entier. Cela est pour nous l’occasion d’un véritable combat parce que nous restons blessés par les conséquences du péché originel et de nos péchés personnels. Lutter pour la pureté, par exemple, par la maîtrise de notre sensibilité, de notre affectivité et de notre sexualité, nous fait grandir et mûrir pour parvenir à une authentique liberté, celle du don et de la réponse à notre vocation. C’est un combat, mais c’est aussi une grâce à demander, avec persévérance et sans nous décourager en cas de chutes ou de lassitude. C’est pour nous libérer de l’idolâtrie et de l’esclavage des mauvais désirs que le Christ a pris une nature humaine en tout semblable à la nôtre à l’exception du péché. III. LA VIE CACHÉE À NAZARETH Nous ne savons pratiquement rien des trente premières années de la vie du Sauveur à Bethléem, en Égypte, puis à Nazareth. Le récit évangélique souligne simplement que Jésus « grandissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2, 52) et qu’ « Il leur était soumis » (Lc 2, 51). Association Notre Dame de Chrétienté

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Il était soumis à Marie, sa mère, et à Joseph, son père adoptif et nourricier. Et cependant sa vie cachée nous révèle la grandeur du quotidien, dans l’accomplissement des simples vertus et des humbles réalités de notre vie : - La nécessité du travail pour subvenir à nos besoins et à ceux dont nous avons la charge, - L’importance de la vie familiale et de la vie sociale sanctifiée par la prière et la vie liturgique, - La fidélité aux exigences évangéliques dans l’état de vie qui est le nôtre… Ainsi, chers pèlerins, tout est occasion pour nous sanctifier et pour évangéliser par notre exemple comme par notre parole. Au lieu de rêver à d’autres conditions de vie, accueillons la réalité de notre situation présente en étant sûr que Dieu nous donne la grâce pour accomplir au quotidien notre vocation, malgré les fatigues, les lassitudes, les découragements. C’est ainsi que, d’abord dans notre vie, puis dans le monde qui nous entoure, nous établissons la Chrétienté. C’est ainsi que nous devenons des saints. Citations Que signifie l’« Immaculée Conception » ? « De toute éternité et de façon toute gratuite, Dieu a choisi Marie pour être la Mère de son Fils. Pour accomplir cette mission, elle a été immaculée dès sa conception. Cela signifie que, par la grâce de Dieu et en vue des mérites de Jésus Christ, Marie a été préservée du péché originel dès sa conception.» (96. Compendium du catéchisme de l’église catholique) Quelle est l’importance du Fiat de Marie ?

« De votre parole dépendent le soulagement des malheureux, le rachat des captifs, la délivrance des condamnés, le salut enfin de tous les fils d’Adam, de la race entière, ne tardez plus, Vierge marie…vite, répondez à l’ange, ou plutôt par l’ange, répondez au Seigneur. » Saint Bernard de Clairvaux, les louanges de la Vierge Marie. Que signifie le mot « Incarnation » ? « L’Église appelle « Incarnation » le mystère de l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine en l’unique Personne divine du Verbe.

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Pour accomplir notre salut, le Fils de Dieu s’est fait « chair » (Jn 1, 14), devenant vraiment homme.» (86. Compendium du catéchisme de l’église catholique) « L’égalité que la Divinité du Fils possède inviolablement n’est pas altérée du fait qu’il est homme ; mais cette descente du Créateur vers la créature, c’est la montée des croyants vers les biens éternels.» (Saint Léon le Grand Sermon 25, 5e sur la Nativité) « Le Christ a pris l’état de serviteur sans la souillure du péché, relevant l’humanité sans diminuer la divinité…» (St Léon le Grand Tome à Flavien) « En effet, pour bien comprendre l’éminente dignité, même la supériorité que Dieu, dans sa bonté, a voulu accorder à l’homme, ne suffit-il pas de reconnaître que Jésus-Christ, qui est véritablement Dieu, est aussi véritablement homme ? » (Catéchisme romain, IV, § 2). Que signifie la conception virginale de Jésus ? « Elle signifie que Jésus a été conçu dans le sein de la Vierge par la seule puissance de l’Esprit Saint, sans intervention de l’homme. Il est Fils du Père céleste selon sa nature divine, Fils de Marie selon sa nature humaine, mais vraiment Fils de Dieu dans ses deux natures, étant en lui-même une seule Personne, qui est divine.» (98. Compendium du catéchisme de l’église catholique) « Mais si la conception du Sauveur est au-dessus de toutes les lois de la nature, sa naissance ne l’est pas moins ; elle est divine. Et ce qui est absolument prodigieux, ce qui dépasse toute pensée et toute parole, c’est qu’Il est né de sa mère qui est demeurée toujours vierge.» (Catéchisme du saint concile de Trente) Quels sont les fruits de l’Incarnation ? « Le fruit de l’œuvre de l’Esprit, c’est le salut de la chair : car que pourrait être le fruit visible de l’Esprit invisible, sinon de rendre la chair mûre et capable d’incorruptibilité ?» (St Irénée, IIème siècle, A.H. V, 12,4). « Dans la Sainte Famille de Nazareth, c’était Jésus qui enseignait à Marie et à Joseph quelque chose de la grandeur de l’amour de Dieu, son Père céleste, source première de tout amour, Père dont toute famille au ciel et sur terre tire son nom (cf. Ep 3, 14-15).»(Homélie du Pape Benoît XVI Mont du Précipice – Nazareth 14 mai 2009) « Baptisés dans le Christ et revêtus du Christ, vous êtes devenus conformes au Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a destinés à l'adoption nous a conformés au corps glorieux du Christ.» (Cyrille de Jérusalem Catéchèse III : De l'onction) « Si la famille prie, en effet, elle vit et, si elle prie unie, elle vit unie.» (Pie XII) Association Notre Dame de Chrétienté

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Bibliographie -

récit de l’Annonciation (Lc 1, 26-38) promesse d’un rédempteur (Gn 3,15) Magnificat (Lc 1, 46-55) L’annonce de la naissance du Sauveur aux bergers (Lc 2, 10-14) L’annonce aux Mages (Mt 2,1-12) La présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 34-35).

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«ET LE VERBE A HABITÉ PARMI NOUS» Chers pèlerins, si le Verbe de Dieu, le Fils de l’Homme a pris chair de la Vierge Marie, c’est d’abord pour accomplir notre salut mais c’est aussi pour devenir un exemple de perfection à suivre. Les saints ont tous pris le Christ pour modèle. Voilà l’objet de notre pèlerinage sur terre : nous mettre à la suite de JésusChrist, suivre son exemple et toujours davantage nous unir à Lui. Après avoir réfléchi et prié en évoquant l’annonciation, la nativité et la vie cachée à Nazareth, méditons à présent sur le baptême de Notre Seigneur et sur la tentation de Jésus au désert. I. LE BAPTÊME DE JÉSUS-CHRIST Par son baptême Jésus-Christ annonce déjà qu’Il vient purifier l’humanité qu’Il a librement voulu assumer en s’incarnant. Saint Grégoire de Naziance nous dit que Jésus-Christ se fait baptiser pour détruire le vieil homme tout entier, afin que cette humanité condamnée qu’il a voulu revêtir soit lavée du péché originel et de ses fautes. Jésus-Christ ne se fait pas baptiser pour Lui, puisqu’Il est Dieu et qu’Il ne peut avoir le moindre péché. C’est plutôt pour nous montrer l’exemple de ce que nous devons faire que Jésus se fait baptiser, car Il s’est toujours plu à rendre sa doctrine vivante et donc à nous enseigner non seulement par la parole, mais aussi par ses actes. Le baptême de Jésus-Christ est aussi ordonné à Sa Passion durant laquelle Il versera son sang, eau mystique qui lavera véritablement les péchés des hommes. Association Notre Dame de Chrétienté

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Lors de son baptême Jésus-Christ a transmis à l’eau la vertu purificatrice du baptême chrétien ; Saint Augustin nous dit : « l’eau a lavé le Christ et elle est sanctifiée.» Notons d’ailleurs, que : - N’importe quelle eau est utilisable pour conférer le baptême, car Dieu a soif de notre salut. Aussi met-il à notre disposition les moyens les plus simples. - N’importe quelle personne, même non catholique, peut baptiser une personne en danger de mort ; il lui suffit de faire ce que demande l’Église et de le faire volontairement, même si elle-même n’a pas la foi catholique, du moment qu’elle veut faire les gestes que demande l’Église (verser l’eau sur la tête du futur baptisé) et qu’elle prononce les paroles : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.» Voyez la bonté de Dieu, Il ne songe qu’à notre salut. Il rend le baptême si accessible, que c’est un véritable affront à son amour que de retarder le baptême des petits enfants sous le prétexte fallacieux de leur laisser le choix. Attendez-vous l’avis de vos enfants pour nourrir leur corps ? Savez-vous que le baptême est le seul moyen d’avoir accès au paradis ? Le baptême nous incorpore à l’humanité rachetée en Jésus-Christ. C’est en Jésus-Christ que nous sommes sauvés et que, nous sommes faits fils adoptifs de Dieu. Le baptême marque le baptisé du sceau éternel d’enfant de Dieu. Par cela nous sommes incorporés aussi à l’Église qui est le corps mystique du Christ. Le baptême du Fils de Dieu, révèle toute la Trinité. Le Père désigne son Fils, et L’Esprit-Saint vient se poser sur Lui. Le baptême nous ordonne à la vision béatifique de la Trinité. II. LA TENTATION DE JÉSUS AU DÉSERT Après son baptême, nous dit l’Évangile, le Christ « … fut conduit par l'Esprit dans le désert pour être tenté par le diable.» Le baptême nous lave du péché originel et de tout péché, et laisse place ensuite au combat spirituel. Même après le baptême, et ses rites d’exorcisme (qui nous ont permis de nous défaire de l’emprise du démon), notre nature humaine reste blessée. Association Notre Dame de Chrétienté

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Elle a toujours du mal à ne rechercher que Dieu seul et conserve toujours cette tendance désordonnée à se rechercher elle-même. C’est ce que l’on appelle la concupiscence, qui signifie « vif désir des biens terrestres» (qui sont immédiats et faciles d’accès) par opposition au désir de Dieu (qui est lointain et plus ardu). Saint Thomas d’Aquin nous indique que la concupiscence est le foyer du péché. Ce n’est pas le péché accompli, mais une tendance à vouloir satisfaire en priorité ses désirs égoïstes, avant de rechercher Dieu et tout ce qui peut nous unir à Lui, puisque c’est le but de la vie et la seule chose qui puisse nous satisfaire. Aussi, vous l’aurez compris, après le baptême le combat spirituel est une nécessité ; « l’imitation du Christ » nous rappelle que « cette vie fragile, n’est qu’une tentation et une guerre continuelle!» Jésus, pour nous apprendre à surmonter cette concupiscence, a voulu, comme tous les hommes, être soumis à la tentation.. Au désert, le démon cherchera à Le faire tomber par trois tentations successives : - l’appétit de posséder ou l’attachement désordonné aux biens terrestres, - la vaine gloire, - la soif du pouvoir ou l’ambition de dominer. Les temps n’ont pas changé, et ce sont ces mêmes trois tentations qui nous détournent aujourd’hui de notre finalité. Saint Chrysostome nous dit, « Notre Seigneur commence par jeûner, sans avoir besoin du jeûne, mais pour nous apprendre quel est son excellence contre les traits du démon, et aussi, qu’après le baptême, nous devons nous appliquer non pas aux plaisirs, mais à la mortification des sens.» Vivre en la présence de Dieu, vouloir toujours d’abord accomplir Sa volonté, ne rien préférer à Dieu, voilà, chers Pèlerins, ce qui doit être notre préoccupation permanente!

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Citations A PROPOS DU BAPTÊME : Jean-Baptiste dit à Jésus : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par vous.» Et il dit à ceux qui le suivaient, donc à nous : «Moi, je vous baptise avec de l'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu.» « Nous qui avons reçu, par le sacrement de baptême, la nouvelle naissance, nous éprouvons une grande joie lorsque nous ressentons en nous les premières avances de l'Esprit Saint, lorsque s'éveille en nous l'intelligence des mystères, la connaissance des prophéties, la parole de sagesse, les charismes de guérison et la domination sur les démons.» Hilaire de Poitiers,

Commentaire sur le Ps 64, 14-15 « Baptisés dans le Christ et revêtus du Christ, vous êtes devenus conformes au Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a destinés à l'adoption nous a conformés au corps glorieux du Christ.» Cyrille de Jérusalem Catéchèse III : De l'onction A PROPOS DU COMBAT SPIRITUEL : « Les tentations de Jésus au désert récapitulent celle d’Adam au paradis et celles d’Israël dans le désert. Satan tente Jésus dans son obéissance à la mission confiée par son Père. Le Christ, nouvel Adam, résiste et sa victoire annonce celle de la passion, obéissance suprême de son amour filial.» 106. Compendium du catéchisme de l’église catholique « Les baptisés ont-ils besoin de se convertir ? L’appel du Christ à la conversion retentit en permanence dans la vie des baptisés. La conversion est un combat continuel de toute l’Église, qui est sainte, mais qui, en son sein, comprend des pécheurs.» Compendium du catéchisme de l’église catholique N°299 « Tous ne peuvent vaincre que par l’exercice d’une continuelle vigilance. L’habitude du recueillement, l’amour de la retraite, une attention constante sur ses paroles, ses pensées, ses sentiments, la fidélité aux plus légers devoirs et aux plus humbles pratiques, préservent de grandes tentations et attirent les grâces du Ciel. Celui qui néglige les petites choses tombera peu à peu, dit l’Esprit-Saint.» Le Père Lamennais Quatre armes infaillibles existent : - la défiance de nous-mêmes - la confiance en Dieu - le bon usage de nos facultés - l’exercice de la prière, Lorenzo Scupoli – Le Combat spirituel Association Notre Dame de Chrétienté

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« On ne naît pas chrétien, on le devient.» Tertullien, Père de l’Église « Pourquoi y a-t-il un sacrement de la Réconciliation après le Baptême ? Parce que la vie nouvelle de la grâce, reçue au Baptême, n’a pas supprimé la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché (c’est-à-dire la concupiscence), le Christ a institué ce sacrement pour la conversion des baptisés qui se sont éloignés de lui par le péché.» 297. Compendium du catéchisme de l’église catholique N°297 « Aujourd’hui, Il t’exhorte à la conversion afin de n’avoir pas à te juger; Il te demandera plus tard un compte rigoureux, aujourd’hui Il se fait ton avocat. Saint Augustin « psaume 51, triomphe de Jésus-Christ », sermon au peuple. « N’attends pas, corrige-toi dès aujourd’hui, tu es coupable, Dieu est ton juge, efface tes fautes et l’approche de ton juge te remplira de joie…» Saint Augustin « psaume 51 triomphe de Jésus-Christ » sermon au peuple. Bibliographie - « Le combat spirituel » Lorenzo Scupoli (Editions Artège) - « L’imitation de Jésus Christ » Thomas A Kempis

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«ET NOUS AVONS VU SA GLOIRE» Chers pèlerins, nous avons précédemment médité sur le baptême de Jésus qui marque le début de son entrée dans la vie publique. Nous allons maintenant évoquer trois miracles accomplis par Notre Seigneur. Le mot miracle vient du mot admiration. Le miracle est un événement qui suscite pleinement l'admiration parce que sa cause est entièrement cachée à tous. Et cette cause, c'est Dieu. Ainsi lorsque Jésus réalise un miracle, c’est une manifestation de sa divinité, de sa puissance divine, et de sa gloire. Les miracles ne sont pas indispensables pour notre foi mais ils nous aident à croire, c’est aussi la raison pour laquelle ils sont appelés « signes de crédibilité.» I. AUX NOCES DE CANA EN GALILÉE Jésus va manifester pour la première fois sa divinité et sa mission. Il va se laisser entraîner par Marie sa mère, à réaliser un miracle. Personne n’a vu le moment du miracle, excepté les serviteurs qui sur l’ordre de Jésus ont rempli d’eau les jarres d’où coule maintenant un si bon vin. Et le repas continue. Puis Jésus s’en va avec sa Mère. L’Évangile nous dit qu’Il a manifesté sa gloire mais, en fait, seuls ses disciples ont vu le rayon de gloire, et « Ses disciples crurent en lui.» Ainsi, le moindre miracle est d’abord un signe : ce qui est donné à voir est ainsi donné à croire. La signification des noces de Cana dépasse le cadre limité et provincial de cette noce de campagne. : - Jésus fait commencer sa prédication au point précis où les prophètes de l’Ancien Testament avaient fait culminer la leur : les noces de Dieu avec son peuple.

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Avant la venue de Jésus, le vin manquait à l’humanité. Le vin qu’apporte Jésus est le vin de la grâce, celui qui soigne, désinfecte et guérit. Jésus n’a pas voulu faire du vin à partir de rien ; Il transforme l’eau dont Il fit remplir les jarres. De même, sa mission n’est pas de faire du neuf à partir de rien, mais de porter à sa perfection l’ancienne alliance et de ramener l’homme à Dieu. La nouvelle Alliance, puisée dans ce vin nouveau qu’est le Sang du Christ, est la bague de mariage de Dieu et de son peuple. Elle est le lien nuptial qui unit le Christ et son Église, et son nom est Charité. Regarder l’Église d’un autre regard que celui du Christ, c’est ne rien comprendre au vin de la charité, au mystère de l’Église. Mais ce miracle de Cana a une signification plus subtile : c’est le mariage du Christ et de l’âme, qui est offert à chacun d’entre nous et qui est la vocation de tout chrétien. Encore faut-il prendre soin de son âme, encore faut-il la rendre habitable, ne pas donner l’impression désagréable à l’époux qui en franchit le seuil qu’on a oublié qu’il est invité, que rien n’est prêt pour l’accueillir, alors que Lui nous offre ce qu’il y a de meilleur comme le fait observer l’intendant à qui il fait goûter l’eau transformée en vin. Le vin qu’il sert réconforte. Ce vin est le Sang de l’Agneau immolé sur l’autel de la Nouvelle Alliance. Enfin ce miracle met en lumière de façon remarquable le rôle de Marie si attentive à tous nos besoins (« Ils n’ont plus de vin ») et qui nous encourage à forcer la main de Jésus, même si son heure n’est pas encore venue, en nous disant « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Prions-la, chers pèlerins, et demandons lui d’intercéder pour nous ; n’est-elle pas honorée sous le nom de Marie Médiatrice ?

II. LA RÉSURRECTION DU FILS DE LA VEUVE DE NAÏM Lorsque Jésus opère un miracle, c’est pour montrer quelque chose, mais plus encore pour montrer qu’Il est la Vie, pour manifester qu’Il peut guérir. Seul Dieu est maître de la vie et de la mort. Chacun de ses miracles revêt un caractère théologique : la résurrection du fils de la veuve de Naïm est bien une réalité visible, elle a pour but de montrer la gloire du Seigneur. Association Notre Dame de Chrétienté

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Observez comme Jésus procède ici, - Il est tout d’abord pris de compassion pour cette mère d’un fils unique montrant par là sa nature humaine. Les Pères de l’Église ont vu en cette mère l’Église, l’Église qui accompagne l’humanité touchée par la mort du péché tout au long de cette existence terrestre. - Et puis le miracle se réalise dans une grande discrétion : l’enfant revient à la vie. Ainsi Jésus révèle ce qu'Il est, progressivement et montre que le salut est déjà à l'œuvre. Son moyen habituel, ce sont les miracles. Et le miracle est toujours concret. Jésus redonne la vie à l'âme par le corps. Et Il le fait d'autorité, Il dit : "Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi." Et aussitôt le mort se relève. Mais qui est capable de ressusciter un mort ? Personne, seul Dieu peut le faire, car Il est le maître de la vie et de la mort ! Ce miracle opéré redonne la foi. Tous disent : "Dieu a visité son peuple." Dieu n'est pas un Dieu distant, Il a le visage de Jésus, Il éprouve de la compassion. Chers pèlerins, si les miracles de Jésus sont si physiques, c'est aussi pour nous faire comprendre que vivre en chrétien ne saurait se concevoir sans une forte acceptation du monde et du corps. Lavés par l’eau du baptême, oints par le saint chrême de la Confirmation, nourris par la Sainte Eucharistie, instruits par la parole de Dieu, pardonnés par la voix du prêtre, nous sommes touchés par des signes, des symboles, des gestes, des paroles, toutes ces choses si physiques, mais tellement spirituelles que sont les sacrements de notre Sainte Mère l'Église. Ce sont des signes efficaces du salut, des réalités du salut. Ce n'est pas pour rien que Dieu nous a créés avec un corps qui vit et qui souffre, qui a faim, froid, aime et vibre. D'ailleurs au ciel notre salut sera complètement réalisé avec notre corps dûment ressuscité, glorifié, porté à ses capacités maximales. Telle est notre vocation à tous. III. UN AUTRE MIRACLE DE NOTRE SEIGNEUR LA TRANSFIGURATION Cette scène de la Transfiguration constitue un avant-goût du ciel. L’aimable colloque en haut du mont Thabor est une préfiguration de la sainte amitié qui nous unira tous en Dieu. « Il nous est bon d’être ici », déclare Saint Pierre qui avec Saint Jacques et Saint Jean, est témoin de ce miracle. Association Notre Dame de Chrétienté

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Qu’il nous sera bon d’être au ciel, pour échanger dans des dialogues inlassables avec Notre-Dame, avec les Apôtres, les saints Martyrs, Docteurs, Confesseurs et Vierges ! Et surtout avec le Christ ! Cette amitié éternelle du Ciel est le fruit du sacrifice de notre Sauveur. A nous d’y tendre chaque jour et chaque instant de notre vie ! Ainsi, la Transfiguration de Notre Seigneur est le modèle de notre propre transfiguration ; C’est notre propre « transfiguration » qu’Il a voulu nous enseigner. Le changement de notre cœur, voilà ce que Dieu attend de nous ! Il nous enverra sa grâce transformante à condition que nous la lui demandions. Notre transfiguration est l’œuvre conjointe de la nature et de la grâce. A nous de désirer cette transformation de nous-mêmes. Ne retardons pas sa mise en œuvre : on ne fait pas attendre le Bon Dieu! Au mont Thabor, Jésus manifeste ainsi sa gloire, et prépare ses trois apôtres choisis au drame de la Passion. Pas de joie sans la Croix. Chers pèlerins, Dieu prend soin de tout ce qu'on Lui abandonne. Alors, Donnons-Lui ce que nous lui refusons depuis trop longtemps : Aimer c'est tout donner. Citations A propos des noces de Cana « Le Christ s’est servi de son corps pour deux sortes d’œuvres bien différentes: pour opérer des miracles, et pour endurer des tourments. Les miracles venaient d’en haut: les souffrances venaient d’en bas.» Saint Augustin psaume 56: espérance en Dieu sermon au peuple « Jésus accompagne sa parole de signes et de miracles pour attester que le Royaume est présent en lui, le Messie. Bien qu’il guérisse certaines personnes, il n’est pas venu pour éliminer ici-bas tous les maux, mais avant tout pour libérer les hommes de l’esclavage du péché…» Compendium du catéchisme de l’église catholique N°108 « Cette heure n’est pas encore venue, et il fallait que ce soit tout d’abord précisé. Et pourtant, Jésus a le pouvoir d’anticiper cette « heure » par un signe mystérieux. Le miracle de Cana se caractérise ainsi comme une anticipation de l’heure ; il est donc intrinsèquement lié à celle-ci. Aujourd'hui, l'Eucharistie anticipe aussi l'heure.» Joseph Ratzinger - Benoît XVI, Jésus de Nazareth

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A propos de la résurrection du fils de la veuve de Naïm « La compassion de Jésus pour les pleurs de la veuve de Naïn (cf Lc 7.12-17) et pour la prière implorante de Jaïrus (cf Lc 8.41-56) constituent, entre autres, quelques points importants de référence pour apprendre à partager les moments de peine physique et morale de nombreuses familles éprouvées.» Du Vatican, de 2 Février 2009 - Benoît XVI A propos de la Transfiguration « Pierre désirait trois tentes (1 pour Jésus, 1 pour Moïse et 1 pour Elie): la réponse venue du ciel a montré que nous n'en avons qu'une : le Verbe de Dieu est le Christ, le Verbe de Dieu est dans la Loi, le Verbe de Dieu est dans les prophètes...» Saint Augustin (354-430), Sermon 78, 2-6 « Pour apprendre que tous ceux qui veulent contempler Dieu ne doivent pas s'arrêter dans les jouissances de la terre, mais aspirer aux choses d'en-haut ; qu'il faut chercher Dieu, non dans les bas-fonds de ce siècle, mais dans le royaume de Dieu.» Saint Rémi d'Auxerre.

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DIMANCHE : LA RÉDEMPTION

Saint Louis Roi de France “Le Christ crucifié portant la couronne” Chers pèlerins, cette deuxième journée de pèlerinage nous permet, en méditant les événements historiques de la Passion de Notre-Seigneur, de mieux comprendre l'enseignement de l'Église Catholique sur la Rédemption. Cet enseignement, nous en bénéficions à travers les sacrements, tout particulièrement à travers la Sainte Messe, renouvellement non-sanglant de l'Unique Sacrifice. C'est dire l'importance de notre journée! Pour nous aider dans notre méditation, nous nous placerons sous le patronage de Saint Louis, roi de France (1214-1270), dont le grand historien Jacques le Goff, auteur d'une puissante étude sur le saint roi, affirme qu'au 13ème siècle, “le roi, c'est le Christ crucifié portant la couronne”. Nous verrons combien ce jugement est exact. Nous savons que toutes les formes de sainteté coexistent dans l’Église, car la richesse de la grâce de Dieu est infinie. Mais, ce qui caractérise le mieux Saint Louis, c’est l'abandon à la volonté de Dieu et une grande vénération pour l’œuvre divine, à travers le Christ-Rédempteur et les instruments de Sa Passion. I. UN SOUVERAIN EXEMPLAIRE La piété de Saint Louis est bien connue, comme est connue sa volonté, manifestée dès son accession au trône en 1226 (alors qu’il n’a que 12 ans), de conformer son comportement aux exigences de l’évangile. Exemplaire dans sa vie privée (il avait épousé Marguerite de Provence, dont il eut 11 enfants), il fut un roi ferme et bon, particulièrement réputé pour son sens de la justice. Ces qualités lui seront reconnues par tous, y compris ses adversaires. Considéré de son vivant comme un saint, il sera canonisé en 1297. Association Notre Dame de Chrétienté

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II. UN HOMME DE DIEU 1. L’immense amour de Saint Louis pour le Christ et Sa passion C’est son immense amour pour le Christ, et sa dévotion pour tout ce qui touche à sa Passion, qui, en 1237, conduisirent saint Louis à acquérir la Sainte Couronne d’épines, la “Couronne des couronnes”, celle du Fils de Dieu fait homme, le “Roi des rois”, que Baudoin II, l’empereur latin de Constantinople, s’apprêtait à vendre, pour faire face à un cruel besoin d’argent. Accueilli en grande procession en 1239, après un voyage fort mouvementé, la sainte relique fut conservée quelques années au château de Vincennes, avant d’être déposée dans la Sainte Chapelle, ce monumental et splendide reliquaire, que le saint roi fit construire dans ce but à proximité de Notre-Dame de Paris. Plus tard, Saint Louis acquit encore d’autres reliques de la Passion: un morceau de la Sainte Croix, des clous et le fer de la lance qui transpercèrent le corps de Notre Seigneur, ainsi que l’éponge qui lui fut tendue au moment de son agonie. Ces saintes reliques, autrefois conservées dans la Sainte Chapelle, font aujourd’hui partie du trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Placée sous la responsabilité des chevaliers du Saint Sépulcre, la Sainte Couronne d’épines est offerte, chaque année, à la vénération des fidèles, dans la cathédrale, au cours de l’après-midi du Vendredi Saint. C’est un acte de dévotion qui aurait plu au saint roi et qu’on ne saurait assez recommander à tous les pèlerins de la région parisienne, mais aussi à ceux qu’un voyage pourrait conduire dans la capitale, à cette période où nous commémorons la mort du Christ en croix. 2. le sens supérieur de la justice du saint roi C’est son sens supérieur de la justice qui incita Saint Louis à mettre son épée au service du Christ, pour tenter d’arracher son tombeau à la domination des infidèles. Il entreprit deux croisades : - la première, qu’il fit en famille, tandis que sa mère, la reine Blanche de Castille, assurait la régence du royaume, dura près de 7 ans (1248 - 1254). Elle ne lui permit pas d’atteindre son but et il en fut très meurtri. Cependant, totalement soumis à la volonté de Dieu, il ne se révolta pas. Association Notre Dame de Chrétienté

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Bien au contraire, rentré en France, il reprit avec ardeur son métier de roi, faisant l’admiration de tous par sa piété, sa charité envers les pauvres et son immense sagesse. Organisée en 1270, après la prise d’Antioche par les musulmans, la seconde croisade, fut également un échec. Terrassé par la peste, devant Tunis, Saint Louis fit preuve, devant la mort, d’une grande force d’âme et d’un total abandon à la volonté du Seigneur qu’il avait si bien servi. Dans un dénuement volontaire, à l’image de son Seigneur, il mourut sur un lit de cendre, le 25 août 1270 ; il avait 56 ans.

III. UN MODÈLE POUR NOTRE TEMPS Dans les moments difficiles, il en est souvent ainsi, on se tourne vers le chef. On souhaite qu’il dispose de toutes les qualités intellectuelles nécessaires pour poser un juste diagnostic, de la force morale pour prendre les décisions qui s’imposent et d’un caractère bien trempé pour mettre en œuvre les solutions qui permettront de redresser la situation et de conduire au succès. Prions Saint Louis, notre patron de ce jour, pour qu’il donne à nos gouvernants une claire vision des problèmes à résoudre, la force de caractère et la sagesse dont il sut faire preuve, pour conduire notre pays dans le respect des lois divines. A l’époque de Saint Louis, le royaume de France vivait véritablement en Chrétienté parce que toutes les décisions du roi étaient ordonnées à Dieu. Cependant, rien ne sera possible si nous attendons tout des autres, sans que nous-même nous n’acceptions de nous remettre en cause. Sommesnous irréprochables dans notre comportement au travail, dans la cité comme à la maison? Prions Saint Louis, qui en ce jour nous accompagne, pour lui demander de nous faire partager, dans le regret de nos fautes, son immense amour pour le Christ-Rédempteur, et sa vénération pour les instruments de la Passion de Jésus notre Sauveur.

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«POUR NOUS ET NOTRE SALUT» Chers Pèlerins, en 1946, Pie XII constatait que « les hommes ne se souviennent plus du péché et en oublient pour ainsi dire l’existence.» Pourquoi cette diminution progressive du sens du péché est-elle grave ? Parce qu’en niant, ou en estompant sa condition pécheresse, l’être humain en vient à ne plus comprendre qu’il a besoin d’un Sauveur. Il vit alors, et meurt, loin de Jésus-Christ, dont il croit pouvoir se passer. Pour bien comprendre cela, il nous faut successivement revenir à l’histoire de nos origines, savoir pourquoi nous héritons du péché originel, et pourquoi Dieu nous a envoyé son fils unique pour nous sauver ? I. LE PÉCHÉ DES ORIGINES « La réalité du péché des origines ne s’éclaire qu’à la lumière de la Révélation divine », nous enseigne l’Église (CEC 387). 1. L’être humain avant la faute Tout avait bien commencé ! Un couple primitif, Adam et Ève, pourvu non seulement d’une nature sans défaut, mais encore de dons préternaturels (1), vivait en état de grâce très au-delà de leur condition naturelle, les rendant familiers de la Trinité Sainte. Le Créateur voulait faire entrer l’homme dans une relation d’amitié avec lui, et Il lui donna d’une formidable faculté : le libre arbitre. L’homme était ainsi capable et libre d’accepter ou de refuser le plan merveilleux que son Dieu avait sur lui. La seule interdiction qui lui était faite c’était de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,17), c’était aussi un moyen d’éprouver la confiance libre que l’homme devait témoigner au Créateur. (1) Les dons préternaturels sont des dons au-dessus de la nature, qui assuraient un

ordre parfait dans l’homme : − L’intelligence et la volonté étaient parfaitement soumises à Dieu
 − Nos sens et nos passions étaient soumis à l’intelligence et à la volonté: absence de concupiscence. − Le corps était soumis à l’âme : pas de souffrance, de maladie, et de mort − Toute la création inférieure était soumise à l’homme. 40 Association Notre Dame de Chrétienté

2. Le premier péché de l’homme Comme vous le savez, « L’homme, tenté par le diable (…), en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché » (CEC 397). Ce premier péché est donc d’abord un péché de désobéissance à la loi divine, dû à un mauvais usage par l’homme de la liberté que Dieu lui avait laissée. Deux facteurs conjoints peuvent expliquer cette infraction commise par Adam et Ève : la perte de confiance en Dieu, due à la calomnie de Satan, qui fit croire à Ève que le Créateur voulait les maintenir dans une dépendance infantilisante : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront » (Gn 3,5) - l’orgueil auquel les poussa le démon : « vous serez comme des dieux ». « Dans ce péché (originel), l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu ». (CEC 398). Saint Augustin décrit ainsi le double mouvement du péché : le rejet de Dieu et le recroquevillement sur soi-même et sur les autres réalités créées. Ceci va entraîner de funestes conséquences : - la rupture d’amitié avec Dieu : perte des dons préternaturels et de la grâce sanctifiante, - une relation faussée aux créatures (à soi-même et aux autres), due à un déferlement des passions, une nature dès lors inclinée au péché («concupiscence»). II. LE PÉCHÉ ORIGINEL TEL QU’IL SE COMMUNIQUE À TOUTE L’HUMANITÉ 1. Toute personne humaine est affectée par le péché d’Adam et Ève « Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse » (Rm 5,19). Pour bien comprendre cette vérité, chers pèlerins, il faut bien considérer : - la responsabilité authentique que Dieu a laissée à Adam et Ève à l’égard de toute la race humaine, en tant qu’ils en étaient la tête : « Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour lui seul, mais pour toute la nature humaine ; en cédant au tentateur, Association Notre Dame de Chrétienté

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Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu (cf. Cc Trente, DS 1511-1512) » (CEC 404). le fait que tout être humain descend de ce couple unique primitif (on parle de « monogénisme »). « Dieu a fait sortir d’une souche unique toute la descendance des hommes » (CEC n°360).

2. Le péché originel dans la descendance d’Adam Le péché originel n’est présent en nous que comme un état (CEC 404) : privée, par la désobéissance d’Adam et Ève, de la grâce et des dons préternaturels, la nature que nous recevons dès la conception est « déchue ». C’est à dire qu’il lui est plus facile de tendre au mal qu’au bien, comme par exemple de croire aussi, par orgueil, qu’on peut parvenir à sa fin sans l’aide de Dieu. III. LE PLAN DE SALUT : L’INCARNATION RÉDEMPTRICE 1. De quoi s’agit-il ? Dans son plan d’amour infini, Dieu a décidé d’envoyer son Fils éternel qui est venu payer lui-même la dette contractée par le péché. Jésus devint l’un d’entre nous, afin de partager notre condition, et il endura jusqu’à l’anéantissement de la croix (cf. Ph 2,6-8). L’incarnation rédemptrice permit non seulement à tout être humain de sortir de l’ornière du péché, mais encore de s’élever à un degré plus élevé que naguère : « la grâce ineffable du Christ nous a donné des biens, meilleurs que ceux que l’envie du démon nous avait ôtés ». explique Saint Léon le Grand. 2. L’alternative pour chaque être humain : Dieu a voulu que le salut en Jésus-Christ soit proposé à chacun, et qu’il soit laissé libre de choisir de l’accepter ou de le refuser. Telle est l’alternative qui s’offre à nous : opter pour la vie « selon la chair » ou celle « selon l’Esprit » (Saint Paul) ; pour les ténèbres ou la lumière (Prologue de Saint Jean) ; pour la Cité où « l’amour de Dieu est poussé jusqu’au mépris de soi », ou pour celle où « l’amour de soi est poussé jusqu’au mépris de Dieu » (Saint Augustin)… L’homme n’est pleinement homme que s’il accepte sa condition finie et pécheresse, et s’il comprend qu’il n’a pas été créé pour en rester là, mais pour, vivant en Jésus-Christ par la foi, se livrer à l’œuvre divine. Association Notre Dame de Chrétienté

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Ainsi, et ainsi seulement, peut-il atteindre sa pleine stature qui, selon le dessein du Créateur, n’est pas seulement humaine, mais divinohumaine. Saint Athanase nous dit : « Le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu ». Chers pèlerins, y a-t-il image plus parlante que celle du Sacré-Cœur transpercé, d’où s’écoulent l’eau et le sang, pour nous faire comprendre de manière très incarnée que l’être humain ne peut atteindre la plénitude de fécondité que Dieu veut pour lui que dans la mesure où son cœur de pierre se laisse transformer en un cœur de chair ouvert, semblable à celui de Jésus ? C’est tout le sens des apparitions dont bénéficièrent sainte Marguerite Marie Alacoque et saint Jean Eudes qui répandirent la dévotion au Sacré Cœur et aux Cœurs unis de Jésus et Marie. « Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre ! » Citations « Il faut réfléchir tout d’abord sur la vérité du péché (originel) afin de pouvoir donner son sens juste à la vérité de la Rédemption opérée par JésusChrist.» Jean-Paul II introduction aux Catéchèses sur le péché originel, Audience Générale du 27 août 1986 « Tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam. Saint Paul l’affirme: " Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse" (Rm 5, 19).» Catéchisme de l’Église Catholique 402 « Il n’y a rien, reconnaissait Pascal, qui choque plus notre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui, étant si éloignés de cette source, semblent incapables d’y participer. Cet écoulement ne nous paraît pas seulement impossible, il nous semble même très injuste.» Pascal - Pensée 261. «Le magistère de l'Église enseigne sur le péché originel, lequel procède d'un péché réellement commis par une seule personne Adam et, transmis à tous par génération, se trouve en chacun comme sien.» Humani généris – Pie XII. « Comme la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul (celle du Christ) procure à tous une justification qui donne la vie.» (Rm 5, 18). « Ôtez le surnaturel et il ne reste que ce qui n’est pas naturel.» G.K Chesterton

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« O bienheureuse faute qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur !» Chant de l’Exultet dans la nuit de Pâques. « Si vous aimez (seulement) la terre, vous êtes terrestres ; si vous aimez le ciel, vous êtes célestes ; et si vous aimez Dieu, vous êtes en quelque manière changés en Dieu.» Saint Augustin (Tract. 2 in Ep.1 Joannis) « Du côté du Christ a coulé l'eau du baptême pour nous laver et le sang de l'Eucharistie pour nous racheter.» (Saint Thomas) « Depuis que son Corps, revêtu de l'état de gloire éternelle s'est réuni à l'âme du divin Rédempteur, vainqueur de la mort, son Cœur très saint n'a jamais cessé et ne cessera de battre d'un mouvement paisible et imperturbable.» (Pie XII, "Haurietis aquas") « Mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendent cet honneur et propageront ce culte.» (Jésus à Sainte Marguerite-Marie Visitandine Paray-le-Monial) « Le culte du Sacré-Cœur est plus qu'une dévotion, c'est toute la religion dans ce qu'elle a de plus touchant, de plus efficace, de plus élevé. C'est tout l'évangile que deux mots résument : dilexit, il a aimé, diliges, tu aimeras.» (Cardinal Amette) « Aimer cordialement et fervemment ce Cœur tout aimable et l’aimer au nom de ceux qui ne l’aiment point, et Lui offrir tout l’amour de tous les cœurs qui lui appartiennent.» Saint Jean Eudes « La vie principale qui soit en l’homme, c’est la vie de son âme; c’est la vie qui applique cette âme à l’objet principal et le plus noble de l’âme qui est Dieu même; c’est la vie qui remplit et occupe sur cet unique objet toutes les facultés de cette âme, son entendement par connaissance, et sa volonté par amour.» (Cardinal Pierre de Bérulle) Bibliographie -

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Catéchisme de l’Eglise Catholique : Le péché originel (n°396-409) ; « Tu ne l’as pas abandonné au pouvoir de la mort » (n°410-412) St Jean-Paul II : « Catéchèses sur le péché originel », Audiences Générales 13 août- 17 déc. 1986 (http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1986/index_fr. htm) [en italien et en espagnol !] F. Hadjadj : « Brève réflexion sur le transhumain » "Parvis des Gentils", Paris, UNESCO, le 24 mars 2011 (http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1347313)

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«ILS REGARDERONT VERS CELUI QU'ILS ONT TRANSPERCÉ» Chers Pèlerins, ce n'est pas pour rien que le Christ nous a aimés. Il nous a montré dans sa Passion comment, et jusqu'où, Il nous aimait : jusqu'à verser tout son sang pour nous. Par la plaie du Sacré-Cœur, entrons dans cet amour de Dieu, donné à nous, mort pour nous, à cause de nous. Toute la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ est un appel à rendre amour pour amour. Le regard qu'il nous faut porter vers la croix est aussi un regard de vérité pour prendre conscience de notre condition de pécheur racheté, un regard plein de reconnaissance et d'amour vers notre Rédempteur ; un regard de compassion pour souffrir avec Lui. Partageons avec Lui, offrons-Lui la difficulté de notre marche, unissons notre souffrance aux siennes pour vivre avec le Christ, pour vivre du Christ, pour que le Christ vive en nous. La Passion commence au Jardin des Oliviers. Le Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, voit dans son esprit TOUS les péchés que TOUS les hommes, de TOUS les temps et en TOUT lieu, ont commis depuis Adam et Ève et jusqu'à la fin du monde. Le Christ prend sur Lui ce fleuve de boue pour nous en débarrasser. Indication pratique : Comme dans un chemin de croix « classique», on pourra avoir avantage à couper la méditation par des temps de silence et/ou des Ave. 1. L'arrestation et la condamnation de Jésus Avec l'arrestation de Jésus commence cette violence physique qui ne se terminera que sur la croix. Des coups portés gratuitement, par moquerie, par méchanceté !

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Aux cris de «Crucifie-Le ! Crucifie-Le !», Pilate choisit le politiquement correct, il n'ira pas contre la foule et le Sanhédrin. Jésus de Nazareth sera crucifié : la plus grande injustice de l'Histoire est en route. 2. Le portement de croix Alors le Christ, épuisé par une nuit sans sommeil, par la Flagellation et le Couronnement d'épines, porte le patibulum qui pèse sur ses épaules du poids des péchés commis, en train d'être rachetés. Cette croix portée, acceptée, embrassée, instrument d'infamie devient instrument de victoire mais nul ne le sait encore. 3. Les chutes Notre-Seigneur va tomber par trois fois sur le chemin qui le mène au Calvaire. Bien sûr il y a l'épuisement physique, mais le Christ veut surtout nous apprendre à nous relever de notre péché. Il veut nous dire que la Grâce sera toujours là pour nous permettre de reprendre notre marche vers le Ciel. 4. La rencontre avec Marie Plus que deux regards, ce sont deux âmes qui se parlent et se soutiennent. Rencontre pleine de la souffrance de l'autre : Marie prend sur Elle, autant que c'est possible, la souffrance de Jésus. Elle la partage avec Lui pour alléger le fardeau. Le Christ souffre en plus de faire souffrir sa Mère, mais Il reçoit ce soutien avec reconnaissance. 5. Les soutiens : Simon de Cyrène et Sainte Véronique Suivons donc le Christ souffrant, marchons sur cette route de Chartres dans un esprit de pénitence et d'union à la Rédemption. Il nous faut être Simon de Cyrène, celui qui a aidé Jésus à porter la Croix. Quel titre ! Quelle grâce ! Il a dû probablement aussi porter son regard sur cet homme à terre. Regards qui se croisent. Que de choses passent dans cet échange ! Un éclair qui convertit, qui renverse toutes les oppositions, toutes les réticences. Par ce regard Simon accepte et porte la croix de Jésus. Le Christ ne nous demande-t-Il pas la même chose ? Ne nous regarde-t-Il pas avec ce même amour pour mendier notre conversion ? Pour qu'à notre tour, nous Le regardions vraiment ? Notre Seigneur est encore consolé, au milieu de son épreuve terrible, par sainte Véronique, une femme forte dont la Foi bouscule la foule et pétrifie les gardes. Association Notre Dame de Chrétienté

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Une femme courageuse qui se moque de ce que l'on pensera ou dira d'elle. Ah ! Ce respect humain, ce respect mondain, qui nous empêche trop souvent de faire tout le bien que l'on devrait, d'agir pour la royauté du Christ en totale conformité avec notre Foi. Sainte Véronique est bien loin de tout cela. Elle essuie ce visage tuméfié avec le linge qu'elle porte. Elle aussi, comme Simon de Cyrène, participe à cette Passion et vient soutenir l'Agneau que l'on conduit à l'abattoir. Élan de générosité : ce n'est que forcé que Simon aide le Christ. C'est l'amour et la compassion qui donnent à Véronique ce courage et cette force. 6. Jésus console les femmes de Jérusalem Il trouve au milieu de ses épreuves la force de consoler les femmes de Jérusalem. Le Seigneur les appelle à la conversion : «Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants.» Si la Toute-Puissance du Christ est cachée pour le moment, Il donne librement sa vie pour nous sauver et ce don dépasse cet anéantissement. 7. Jésus est dépouillé de ses vêtements Le Christ arrive au sommet de la colline. Son épuisement est total, indicible. Et pourtant, ses peines ne sont pas encore terminées. Le Christ est dépouillé de sa tunique. Tout d'un coup, toutes les plaies de la Flagellation se rouvrent. Le sang séché collait à la tunique et voilà notre Seigneur non seulement tout sanglant mais aussi mis à nu, humilié. Jésus accepte tout, pour nous racheter. 8. La crucifixion Une fois dépouillé de ses vêtements, le Christ est attrapé et jeté sur le bois de la croix. Il va être cloué dessus. Leur connaissance du corps humain permettait aux Romains de savoir où placer les longs clous pour faire souffrir sans arracher les membres. Le supplicié mourrait ainsi asphyxié, lorsqu’épuisé et meurtri, il ne trouvait plus la force de tirer sur ses bras et de se soulever sur ses jambes pour tenter de respirer. Le Christ a les bras ouverts pour accueillir les pécheurs repentants comme le Bon larron. Dans ces heures d'agonie sur la Croix, Le Fils de Dieu nous laisse ses ultimes paroles. Marie est là, digne dans sa douleur. Cette fois, la parole accompagne le regard entre la Mère et le Fils. Jésus dépouillé de tout, nous donne Celle qui lui reste. Association Notre Dame de Chrétienté

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Il confie Marie à Saint Jean. Par cela le Fils du Père nous fait fils adoptifs et cohéritiers du Père. Par cela le Christ donne une nouvelle Maternité à Notre-Dame : «Fils voici ta Mère... Et le disciple la prit chez lui.» Accueillir Marie dans notre vie spirituelle, c'est aller vers le Christ avec un guide sûr, c'est aimer Jésus avec le Cœur de Marie. 9. La mort sur la Croix Au moment qu’Il a choisi, le Christ Sauveur du monde remet son Esprit à son Père. Oui, «tout est accompli, tout est consommé.» Le Verbe de la Trinité a connu l'abaissement de se faire homme. Sa mission terrestre s'achève et Celui qui est «la lumière du monde» est en train de vaincre les ténèbres de la mort et du péché par l'offrande d'amour de sa Vie sur la Croix. Alors que les ennemis de Jésus croyaient en avoir fini avec ce prophète par cette mort humiliante, la Croix marque la victoire du Christ, la victoire de la Vie sur la mort et le péché. N'oublions pas, amis pèlerins, que la croix est le but unique de l'Incarnation du Verbe. 10. Jésus est descendu de la Croix Jésus étant mort, le cadavre va être rendu à sa Mère. Avant cela le centurion perce le Sacré-Cœur «et il en sortit du sang et de l'eau.» La vie sacramentelle prend sa source à la Croix, et alors, effectivement, «ils regarderont vers celui qu'ils ont transpercé.» C'est ce corps transpercé qui est rendu à la Vierge des Douleurs. Au pied de la Croix Marie était restée figée dans sa douleur : son âme était transpercée comme le corps de son Dieu, mais Elle ne laissait pas le désespoir la submerger, ni le sentiment l’emporter sur la Foi. Car c'est bien la Foi qui soutient Notre-Dame ; Marie reçoit le cadavre de son Fils descendu de la Croix, mais, au fond d'elle-même, Elle attend la Résurrection du Verbe Incarné. 11. La mise au tombeau Il est temps maintenant d'ensevelir la dépouille avant la nuit. Un sépulcre neuf est offert par Joseph d'Arimathie, à quelques pas de là, pour enterrer Jésus. La pierre qui le ferme marque l'apparente victoire de l'Ennemi. Les gardes sont là pour empêcher que le corps puisse être enlevé. Les disciples ont fui et tout semble perdu…. Seigneur, Pardonnez-nous !

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Citations « Comme la nature divine ne pouvait recevoir le trait de la mort, le Christ a pourtant pris en naissant de nous ce qu’il pourrait offrir pour nous.» (le Grand Sermon 59, 8e sur la Passion, Saint Léon) « Il veut que Sa Divine Humanité, chargée de tous les péchés du monde, éprouve le poids de la justice et de l'expiation. Mais Il veut que nous l'aidions à porter Sa Croix. Simon nous représente tous, et c'est à nous tous que le Christ demande de partager ses souffrances : on n'est son disciple qu'à cette condition.» (Le Christ dans ses mystères, Dom Marmion) « Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là. Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi. (...) Je te suis plus ami que tel et tel ; car j’ai fait pour toi plus qu’eux, et ils ne souffriraient pas ce que j’ai souffert de toi et ne mourraient pas pour toi dans le temps de tes infidélités et cruautés.» (Pensées, BVII, 553, Blaise Pascal) « Heureux celui qui embrasse la croix pendant sa vie et y demeure attaché jusqu'à sa mort! Celui qui meurt en embrassant la croix a un gage assuré de la vie éternelle promise à tous ceux qui portent leur croix à la suite de JésusChrist.» (Considérations sur la Passion, Saint Alphonse-Marie de Liguori) « Cette immolation se reproduit à l'autel : le sacrifice de la Messe est le même que celui de la Croix.» (Le Christ vie de l'âme, Dom Marmion) « Recourons donc à Marie et comme ses petits enfants, jetons nous dans ses bras avec une confiance parfaite; et à tous moments, en toutes circonstances, réclamons cette douce Mère, invoquons son Amour, ayons pour Elle un vrai cœur filial.» (Saint François de sales) Bibliographie -

Hymne du 14 septembre Exaltation de la Sainte Croix «Lustris sex...» Stabat Mater dolorosa « La bienheureuse Passion », Henri Pourrat

Suppléments cinématographiques : - «La Passion» de Mel Gibson - «Son of God» (2014) de Christopher Spencer.

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« DU HAUT DE LA CROIX, J’ATTIRERAI TOUT À MOI ». Chers pèlerins, depuis ce matin, nous méditons sur le mystère de la Rédemption. Comme nous l’avons vu, L’homme, par le péché originel, a imposé à Dieu la violence d’un divorce. Il s’est proclamé auto-suffisant, et a prétendu devenir son propre dieu. Loin de se résoudre à cette rupture, Dieu, dès l’origine, a conçu un plan de salut pour les hommes. L’homme, comme nous l’explique Saint Thomas, par son statut de créature, est incapable d’apporter une réparation vraiment satisfaisante pour son péché : « la satisfaction offerte par un simple homme ne pouvait pas être suffisante, car elle ne pouvait compenser d’une façon équivalente le désastre de toute une nature. En outre, le péché commis contre Dieu reçoit une certaine infinité en raison de l’infinie majesté divine ; car l’offense est d’autant plus grave que l’offensé est de plus haut rang.» (1) Révélé dès l’origine, le plan de salut de Dieu est annoncé dans le livre de la Genèse, immédiatement après le récit de la Chute, comme la promesse d’un sauveur à venir qui naîtra d’une femme et qui vaincra Satan (2). L’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu fait homme, né de la Vierge Marie, est l’accomplissement de cette promesse. Chers pèlerins, le Nouveau Testament manifeste ainsi que le but de l’Incarnation, sa finalité profonde, est notre rédemption. Par l’offrande de son sacrifice, en effet, le Christ a manifesté l’immensité de son amour pour nous. Du haut de la Croix, Jésus attire tout à Lui. (1)

Somme de théologie, Troisième partie, Question 1, article 2 Genèse 3, 14-15 : « Alors Yahvé Dieu dit au serpent : (…) Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. »

(2)

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Le Sacrifice du Christ est l’oblation parfaite qui vient répondre au désordre du péché et qui rétablit l’homme dans l’amitié divine. La satisfaction apportée par le Christ dans l’offrande de son sacrifice sur la Croix est parfaite parce que : - en tant qu’il est vraiment homme, le Christ souffre dans son humanité et s’offre comme victime à la place des pauvres pécheurs ; - en tant qu’il est vraiment Dieu, cette satisfaction prend une valeur infinie ; elle a la puissance de réparer pour tous les péchés des hommes ; en effet, ce n’est pas un sacrifice limité par le statut de créature, comme ceux que nous-mêmes pouvons offrir ; mais c’est une oblation offerte par le Fils de Dieu, marquée par la dignité divine de celui qui l’accomplit : Jésus-Christ, Fils unique du Père, seconde personne de la Sainte Trinité. La puissance du sacrifice du Christ est telle que ses fruits peuvent être appliqués aux âmes des hommes de tous les lieux et de tous les temps : - les justes qui ont vécu avant l’entrée du Christ en ce monde sont arrachés aux enfers par le Christ qui leur ouvre la porte du ciel ; - nous-mêmes qui sommes nés après que le Christ ait consommé son sacrifice, nous bénéficions de la vertu salvifique de ce sacrifice qui rejaillit sur nos âmes et les lave de leurs péchés dans le sang du Christ. Les sacrements, qui découlent tous de la passion du Christ, ont ici un rôle décisif, car ils augmentent en nous la grâce sanctifiante, assurant notre croissance dans le Christ, jusqu’à ce que nous parvenions à la sainteté que Dieu veut pour nous. Ils apportent en outre à chacun une grâce sacramentelle qui leur est propre. Ainsi, si le baptême nous donne de naître comme enfants de Dieu, le sacrement de confirmation assure notre croissance et nous procure notre stature d’adulte, nous rendant capables par l’effusion des dons du Saint-Esprit de témoigner de la Foi jusqu’au martyr. Si nous venons à perdre l’amitié divine par le péché mortel, le sacrement de pénitence applique à notre âme les fruits du sacrifice du Christ pour nous guérir et restaurer en nous l’état de grâce.

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Le sacrement de pénitence efface aussi tous nos péchés véniels et nous procure une grâce spécifique en vue du combat spirituel. Le sacrement de l’Eucharistie est la nourriture substantielle qui soutient notre âme et l’empêche de défaillir. Le sacrement de mariage sanctifie les noces humaines. L’homme et la femme, indissolublement unis, puisent les grâces nécessaires à l’accomplissement de leurs devoirs d’époux et de parents. L’extrême onction, appelée également sacrement des malades, donne à nos âmes les secours nécessaires en cas de maladie nous exposant à la mort. Ce sacrement nous prépare à bien mourir et peut aussi, si telle est la volonté divine, nous rendre la santé. Enfin, le sacrement de l’ordre procure à l’Église des évêques et des prêtres chargés d’agir in persona Christi (en la personne du Christ) pour la sanctification du peuple chrétien. Ainsi, les prêtres offrent le Saint-Sacrifice de la Messe qui est le renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix sur l’Autel. C’est le cœur et le sommet de leur sacerdoce. Ils obéissent en cela à l’ordre donné par le Christ à ses apôtres : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22, 19). FAITES CECI : il ne s’agit pas seulement de se souvenir, mais bien d’accomplir en la personne du Christ les mêmes gestes et de prononcer les mêmes paroles qu’au soir du Jeudi Saint lorsque Jésus célébra la première Messe. Il s’agit comme Lui d’offrir le pain et le vin changés en son Corps et en son Sang pour la rémission des péchés. Ce changement est appelé transsubstantiation (3) pour signifier que c’est toute la substance du pain qui est changée en celle de son Corps et toute la substance du vin qui est changée en celle de son Sang : rien ne reste du pain et du vin si ce n’est les apparences sensibles, extérieures, que l’on appelle les « accidents » du pain et du vin pour bien les distinguer de leur substance qui a laissé place au Corps et au Sang du Christ. (3)

Concile de Trente, DS 1642, cité par le Catéchisme de l’Église Catholique au n°1375 : « par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang ; ce changement, l’Église catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation ».

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Pour qualifier cette présence du Christ, l’Église emploie le terme de Présence Réelle, afin de bien manifester qu’il ne s’agit pas d’une présence symbolique, mais bien de la présence de la Personne du Christ vivant et tout entier présent dans ce sacrement. La Présence Réelle distingue la Sainte Eucharistie de tous les autres sacrements, car si ces derniers nous procurent la grâce, seule l’Eucharistie donne à notre âme l’auteur même de la grâce, NotreSeigneur Jésus-Christ. La Messe, a été instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ au soir du Jeudi Saint, afin de rendre son sacrifice perpétuellement présent jusqu’à la fin des temps et de nous donner le Pain de Vie, Présence Réelle du Seigneur parmi nous et nourriture des âmes. La Messe, ne l’oublions jamais, permet à chacun d’entre nous d’entrer en contact personnel et immédiat avec le sacrifice rédempteur, source du Salut, et avec Jésus-Christ Lui-même. La double consécration du Corps et du Sang manifeste que le Christ, sur la Croix, est mort immolé pour nos péchés : son Corps et son Sang ont été séparés, car Il a versé jusqu’à la dernière goutte de son sang. Une seule consécration aurait suffi à nous procurer la Présence Réelle du Seigneur, puisque Jésus est tout entier présent en chacune des espèces consacrées, avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité. Pourtant il y a bien, à chaque Messe, une double consécration: celle du pain et celle du vin, car il s’agit de manifester, mystiquement, la séparation du Corps et du Sang qui s’est produite sur la Croix. Pour autant, la Messe n’est pas identique en tout au sacrifice du Calvaire, car si c’est bien la même victime qui est offerte (le Christ) le même prêtre qui offre (Jésus-Christ) à travers l’action d’un ministre agissant dans Sa Personne, cependant la manière d’offrir le Sacrifice diffère : alors que le Sacrifice de la Croix fut sanglant, le Sacrifice de la Messe est non sanglant : à la Messe, le Christ ne meurt pas, ne souffre pas. Dans la Sainte Eucharistie, Jésus est vivant, dans l’état glorieux qui est le sien depuis la Résurrection ; c’est bien parce que Jésus est vivant en Son Eucharistie que ce sacrement est vivifiant pour nos âmes et qu’il fait passer en nous la vie du Christ, de sorte que celui qui communie peut dire comme saint Paul : « ce n’est plus moi qui vit, c’est Jésus-Christ qui vit en moi ». Association Notre Dame de Chrétienté

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Citations « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle.» Jean 3, 6 « Le châtiment, prix de notre paix, est tombé sur lui, et par ses meurtrissures nous avons été guéris.» Isaïe 53, 5 « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.» Luc 19, 10 « Le Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.» Paul I Tim 1, 5 « Dieu, à la puissance de qui tout est également soumis, avait la possibilité d’employer un autre moyen, mais il n’y en a eu aucun plus adapté à notre misère et à notre guérison.» Saint Augustin « Rien n’était aussi nécessaire pour relever notre espérance que de nous montrer combien Dieu nous aimait.» Saint Augustin « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime.» Jean 15, 13 « Notre charité est réveillée au maximum par ce mystère (de l’Incarnation).» Saint Thomas d’Aquin - Somme de Théologie, Troisième partie, Question I, article 2 « Si nous avons tardé à l’aimer, maintenant au moins ne tardons pas à lui rendre amour pour amour.» Saint Augustin « C’est le même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le ministre tient le rôle. Si, en vérité, celui-ci est assimilé au Souverain Prêtre, à cause de la consécration sacerdotale qu’il a reçue, il jouit du pouvoir d’agir par la puissance du Christ Lui-même qu’il représente.» Pie XII, Encyclique Mediator Dei, cf. Catéchisme de l’Église Catholique n°1548 « Le Christ est la source de tout le sacerdoce : car le prêtre de l’ancienne loi était la figure du Christ et le prêtre de la loi nouvelle agit en la personne du Christ.» Saint Thomas d’Aquin - Somme de théologie, Troisième partie, Question 1, article 2 « Dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert Lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante.» Concile de Trente : DS 1743. Cité par le Catéchisme de l’Église Catholique au n°1367

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Bibliographie -

Grand Catéchisme de Saint Pie X – 4 ème partie : Chp 4 L’Eucharistie (§1 – 2) - Chp 5 Le saint sacrifice de la messe (§1)

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Catéchisme du Concile de Trente : Du sacrement de l’Eucharistie : Chp 18, 19 et 20 (§ I – VII)

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Catéchisme de l’Eglise Catholique : 2ème partie – 2ème section – Article 3 : Le sacrement de l’Eucharistie.

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« A CÔTÉ DE LA CROIX SE TENAIT MARIE SA MÈRE. » Chers Pèlerins, après avoir médité sur le Sacrifice de Jésus, mettons nous en la présence au calvaire de sa mère, la Sainte Vierge Marie, affirmée dans l’évangile : « Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voici ton fils." Ensuite il dit au disciple: "Voici ta mère." Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Saint Jean 19, 26) Nous vous proposons de méditer aujourd’hui sur le titre de Co rédemptrice donné à la Vierge Marie. Pourquoi est-elle appelée Corédemptrice ? I. « AU PIED DE LA CROIX » : LA CO RÉDEMPTION EST DÉJÀ LA RÉALITÉ DE LA PRÉSENCE DE MARIE AU SACRIFICE DE SON FILS Objection diront certains : Marie est sauvée, comme tous les hommes, par le Christ. Elle ne peut donc sauver avec lui. Réponse : Certes Marie est sauvée par le Christ, elle a besoin de la Croix pour obtenir l'amitié de Dieu. Mais le salut s'applique à la Vierge de façon différente de nous : nous sommes sauvés de manière curative (la grâce nous guérit), tandis que Marie est sauvée de manière préventive (la grâce la préserve). Notons qu’il y a toutefois un rapport entre les deux façons d'être sauvé : le Christ veut d'abord racheter Marie, (c'est la première sauvée), puis, avec elle, l’entraînant dans son activité, il la fait participer à son œuvre de salut. Prenons un exemple pour mieux comprendre : lorsqu’un guide de montagne va chercher des promeneurs égarés dans une tempête et qu’il trouve devant la porte quelqu'un qui n'est pas perdu mais l'attend, il l'emmène pour l'aider à retrouver les autres.

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C'est toujours le guide qui est l'unique sauveteur qui connaît le chemin et le montre, mais ils sont deux à le parcourir pour ramener à la maison les égarés. Dans le cas de La rédemption, le salut, c'est un seul acte du Christ : sauver tout le genre humain, c'est à dire Marie et les autres. Marie au pied de la Croix n'est pas en train de se sauver elle-même, ni de créer une rédemption alternative : son salut vient du Christ. Mais en l'assistant, elle mérite avec lui pour tous les autres. Ainsi la Co-rédemption montre combien le Bien qu'est Dieu se donne jusqu'à vouloir que d'autres le donnent avec lui. Chers pèlerins, Dieu nous appelle nous aussi au plus grand bien qu'est le salut de tous. Cherchons dans notre vie les lieux de Croix où son amour nous attend, pour transformer le monde là où nous sommes placés. II. « FEMME, VOICI TON FILS. FILS, VOICI TA MÈRE » : LE SENS DE LA CO RÉDEMPTION EST DONNÉ PAR LA MATERNITÉ DIVINE DE MARIE. ADMETTONS DONC LA RÉALITÉ DE CETTE CO RÉDEMPTION Autre objection diront à nouveau certains : Marie distribue les grâces mais elle ne les acquiert pas. Marie peut bien appliquer les grâces qu'elle reçoit en assistant à la Croix, elle n'en est jamais que la distributrice et non la cause ; elle joue un rôle dans la dispensation des grâces, mais elle n'a aucun pouvoir pour acquérir cette grâce. Réponse : C’est oublier que Dieu, dans sa grande bonté, veut non seulement donner le bien, mais aussi donner la capacité de faire le bien. Dieu n'est pas qu'apparemment généreux. Il l'est vraiment. Il donne le Bien et aussi la capacité de le faire par nous-mêmes. Cela signifie qu'il nous appelle à œuvrer au salut, comme il a demandé à l'homme de faire fructifier et d'embellir le monde par le travail. « Dieu t'a créé sans toi, mais il ne te sauve pas sans toi » dit Saint Augustin. Marie est vraiment cause dans la Rédemption, comme elle l'est dans l'Incarnation. Dans le cas de Marie, outre sa place éminente dans l'ordre de la grâce avec l'Immaculée Conception, c'est à la lumière de la maternité divine que nous comprenons sa place dans l’accomplissement du salut.

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La Maternité de Marie accompagne le Christ de sa conception jusqu'à la fin, car c'est une maternité divine. En effet, il y a plus grand amour encore, c'est de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Ce sacrifice de soi, le Christ l'a accompli d'une manière excellente sur la Croix ; les martyrs l'ont imité, apôtres, évêques, prêtres ayant donné leur vie pour les brebis confiées. Comment alors penser que la plus parfaite des saintes, la Vierge, n'ait pas cette couronne de l'offrande suprême ? Comment douter que ce soit au pied de la Croix qu'elle l’ait acquise ? Plus encore, puisqu'elle est Mère de Dieu et de l’Église, donnant la vie humaine au Fils de Dieu et portant la vie divine de l’Église, comment hésiter à croire que sa maternité s’accomplit dans cette Co rédemption où son Fils Jésus devient, par sa Passion, le premier né d'une multitude de frères ? Chers Pèlerins, suivons l’exemple de Marie, demandons à Marie Co rédemptrice de nous aider à disposer nos cœurs envers Dieu afin que nous soyons prêts à accomplir sa volonté. Une Nouvelle objection peut aussi être soulevée : si rien ne peut être ajouté à l’œuvre du Christ, qu'ajoute Marie au salut achevé par Jésus ? Réponse : l’œuvre du Christ est parfaite et achevée, néanmoins elle reçoit de la coopération de Marie. Marie n'ajoute rien à la Rédemption, ou du moins rien de réel, rien de plus... si ce n'est une qualité, une ambiance : celle d'une humanité compatissante. En effet, Jésus ne pouvait compatir pour lui-même ; il pâtissait, il souffrait. Une dimension de la souffrance humaine est donc apportée par Marie au pied de la Croix : souffrir de la souffrance de ceux qu'on aime. Par ailleurs, Marie accomplit au Calvaire le mystère de la nouvelle Ève, montrant combien le Christ est le nouvel Adam, le chef définitif et parfait de l'humanité. Auprès de lui, est une femme, de la même chair, et qui, paradoxalement, tient de lui sa vie surnaturelle (alors qu'Il lui doit sa vie naturelle). Marie nous montre ainsi une femme, fidèle, forte et sensible, qui est cette « moitié » de l'humanité qui est associée à l'unique sauveur, au chef des rachetés, à l'homme parfait mais pas solitaire, qui est le Premier-Né, de Dieu et des élus de la terre.

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III. « LE DISCIPLE LA PRIT CHEZ LUI » : LA RÉALISATION DE LA CO RÉDEMPTION EST L’ÉGLISE L’Évangile cité s'achève par la mention de l’accueil de Marie par saint Jean. Nous touchons là le dernier point de la Co rédemption : son aspect ecclésial. En effet, nous pouvons nous demander jusqu'où s'étend la Co rédemption ? Réponse : sur toute l’Église, et plus précisément sur tous les hommes sauvés. Dans sa déclaration Lumen Gentium, le concile Vatican II nous rappelle : « A partir du consentement qu'elle apporta par sa foi au jour de l'Annonciation et qu'elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel... C'est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliaire, de secourable, de médiatrice. » Ce texte nous parle clairement de tous les élus. Cela nous invite à nous réjouir : nous avons au ciel une Mère qui a connu la souffrance et qui n'est pas impuissante : reine du Ciel, elle étend sur tous les hommes de bonne volonté son regard et distribue largement les grâces qu'avec son Fils, elle nous a méritées. De même que le Christ est Sauveur de tous, Marie est Co rédemptrice de tous. L’Église est le lieu et le moyen privilégié du salut parce que Marie y est au cœur. Toutefois, la médiation de Marie, comme l'action du Christ, a lieu par et dans l’Église : Marie est d'ailleurs remise à un des apôtres, Saint Jean, prêtre et fidèle disciple de Jésus-Christ. Cet accueil de Marie, dans l’Église, nous montre aussi que c'est Marie qui est au cœur de l’Église pour la constituer et l'affermir. Cher pèlerins, persévérer dans la prière : en ce temps de Pentecôte, voilà l'invitation de Marie Co rédemptrice, voilà aussi son exemple, entourée des apôtres, dans les jours d'inquiétude et de doute qui suivaient l'Ascension. Pour notre pèlerinage, c'est une bonne résolution.

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Achevons par une prière de saint Ephrem à Marie, première des sauvées et co rédemptrice avec le Sauveur unique : « Vierge Souveraine, Génitrice de Dieu, salut de la famille unie des chrétiens, tu ne cesses de jeter sur nous le regard d'une tendre mère. Tu nous aimes comme si nous étions tes enfants, toujours disposée à nous chérir, tu répands sur nous d'ineffables bienfaits : tu nous protèges et tu nous sauves; veillant sur nous avec sollicitude, tu nous délivres du danger des tentations, et de la multitude des pécheurs qui nous environnent; pleins de reconnaissance, nous te remercions, nous célébrons ta munificence, nous publions tes bienfaits, nous chantons à haute voix tes merveilles, nous louons ta sollicitude, ta prévoyance, nous élevons dans nos hymnes ta puissance tutélaire, nous immortalisons ton inépuisable miséricorde. Souveraine Mère de Dieu qui enfanta le Christ Dieu notre Sauveur, je place toute mon espérance en toi qui es au-dessus de toutes les puissances du ciel. O Vierge, emblème de la pureté, fortifie-moi de ta sainte grâce; dans cette vie, sois mon guide, conduis-moi selon la Volonté de ton auguste Fils notre Dieu. Obtiens-moi la rémission de mes péchés, sois mon refuge, ma protection, ma délivrance, sois la main qui me dirige vers la vie éternelle. Que pour moi tes entrailles soient émues; n'es-tu pas la Mère d'un Dieu bienfaisant ? Jette un regard de bonté, accueille favorablement ma prière, réponds à mon désir, étanche ma soif; unis-moi à ma famille, à mes compagnons de service, dans la terre des hommes pacifiques, dans le sanctuaire des justes, dans le chœur des saints. »

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Citations « Quand vint l'heure dernière de son Fils, la Mère de Jésus se tient près de la Croix (...) Par la communion de douleur et de volonté qui l'unissait au Christ, Marie a mérité de devenir, d'une manière très haute, la réparatrice du monde déchu, et de ce fait, la dispensatrice de tous les dons que Jésus nous a acquis par sa mort sanglante (...) » (Pie X Enc. Ad diem illum). «Mère et Adjutrice (Ministra) du Roi des Martyrs dans l'œuvre ineffable de la Rédemption humaine, elle lui reste associée à jamais, nantie d'un pouvoir quasi illimité dans la distribution des grâces qui découlent de la Rédemption.» (Pie XII) « De l'Annonciation à la Croix, Marie est celle qui accueille la Parole faite chair en elle et qui va jusqu'à se taire dans le silence de la mort.» (Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du pape Benoît XVI § 33) « C'est Marie, enfin, qui reçoit dans ses bras le corps livré, désormais inanimé, de Celui qui vraiment a aimé les siens « jusqu'au bout » (Jn 13, 1).» (Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du pape Benoît XVI § 33) « C'est pourquoi, chaque fois que dans la liturgie eucharistique nous nous approchons du Corps et du Sang du Christ, nous nous tournons également vers elle qui a accueilli pour toute l'Église le sacrifice du Christ, en y adhérant pleinement.» (Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du pape Benoît XVI § 33)

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LUNDI : LE RESSUSCITÉ, NOTRE ESPÉRANCE

Sainte Marie Madeleine La pécheresse repentante “L’apôtre des apôtres”

Chers pèlerins, Aujourd'hui, nous marchons sous le patronage de Sainte Marie-Madeleine, la pécheresse repentante, mais aussi “l'Apôtre des apôtres” : Marie-Madeleine une figure bouleversante de la rencontre avec le Ressuscité ! Un cœur que le Christ vient blesser par Son Amour miséricordieux. Un apôtre de feu, pour porter au monde la bonnenouvelle de Son amour victorieux. Contemplons la donc et nous verrons que, pour nous aussi, être avec Jésus signifie d'abord se laisser séduire par sa personne, ensuite le suivre partout où il va, l'écouter, le toucher et enfin découvrir sa présence de ressuscité et en devenir l'apôtre. I. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST D'ABORD SE LAISSER SÉDUIRE PAR LUI Avec toute la tradition de l'Église latine, nous reconnaissons en MarieMadeleine la pécheresse repentante, qui surgit au milieu du repas chez Simon le Pharisien. Dans un geste fou elle passe par dessus toutes les règles de convenance sociales et religieuses pour dire son amour repentant à celui qu'elle a reconnu comme son sauveur. Jésus lui même explique au Pharisien scandalisé par cette audace : “ils ont été pardonnés, ses nombreux péchés, car elle a beaucoup aimé. Mais, celui à qui on pardonne peu aime peu”. Et alors il dit à la femme : “Tes péchés te sont pardonnés… Ta foi t’a sauvée. Va en paix”. (Luc 7, 36-50) Marie-Madeleine a saisi que Jésus est celui qui vient pour tout pardonner et nous permettre d'aimer sans mesure. Elle s'est laissée séduire par Jésus, par sa bonté miséricordieuse. Elle a laissé son cœur se faire prendre à l'amour de Jésus… Elle a décidé d'être avec lui ! Association Notre Dame de Chrétienté

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Quel enseignement pour nous, pèlerins de Chartres ! Écoutons bien ce que Notre Seigneur, marchant à nos côtés, pourrait nous dire, maintenant, en évoquant ce récit : Tu as du prix à mes yeux et moi, ton Seigneur et ton Dieu, je t'aime, comme j'ai aimé Marie-Madeleine. Laisse-toi attirer au désert, pour que je puisse te parler au cœur, te séduire et te combler de mon Amour. Tes péchés eux-mêmes ne sont pas un obstacle : pense à MarieMadeleine à qui j’ai tout pardonné… (Temps de silence) II. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST AUSSI LE SUIVRE PARTOUT OÙ IL VA Sûre du pardon de Jésus et libérée des sept démons que sa vie de péché avait attirés en son âme, Marie-Madeleine quitte sa vie confortable et voluptueuse pour se dévouer à Jésus et à sa mission. Avec quelques femmes de la haute société juive, elle met sa personne et ses richesses au service de la petite troupe évangélisatrice et partage tous les inconforts de leur vie itinérante. C'est dire sa passion pour le Seigneur. (Luc 8, 1-3) Cet exemple doit parler à notre cœur. Le Christ Jésus n’a-t-il pas affirmé “Si quelqu'un veux être mon disciple, qu'il se renonce, prenne sa croix et me suive”. Que pourrait-il nous dire, aujourd’hui, à nous qui prétendons être ses disciples ? Marcheras-tu dans mes pas tous les jours de ta vie ? Es-tu prêt à quitter ta vie tiède et superficielle et à mettre toute ta personne et tes biens au service de l'Évangile, au service de la Joie que mon Père me communique et que je veux répandre par toi sur le monde entier? (Temps de silence) III. ÊTRE AVEC JÉSUS: C'EST ENCORE L'ÉCOUTER ET ENTRER EN DIALOGUE AVEC LUI Aux pieds du Seigneur, pour écouter sa parole, se tenait Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, que la tradition latine identifie avec Marie-Madeleine. A Marthe qui se plaint, de l’inaction de sa sœur, Jésus répond : “ Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.” (Luc 10, 38-42)

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Cette parole nous concerne aussi, bien sûr. “Si quelqu'un m'aime, disait Jésus, il gardera ma parole…” S’adressant à nous sur cette route de Chartres, Notre Seigneur pourrait nous dire : Cher pèlerin, si tu savais comme je désire parler à ton cœur dans le silence de la prière et la lecture de ma parole… Que fais-tu de mon Évangile? Fais comme Marie-Madeleine, toute écoutante: c'est là ton vrai bonheur. Ne crains pas de m'interroger, même si tu es maladroit ; nous apprendrons à nous connaître, et alors tu m'entendras sans doute te répondre, comme je le fis aux apôtres : “Moi, je suis le chemin et la vérité et la vie. Nul ne vient au Père sinon par moi…” (Temps de silence) IV. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST AUSSI CHERCHER À LE TOUCHER Le plus frappant chez Marie-Madeleine, c'est ce contact si fréquent qu’elle a avec le corps du Sauveur : elle se jette à ses pieds et les tient embrassés, verse du parfum sur sa tête et ses pieds… Jésus mort, elle cherche encore son corps et, le voyant ressuscité, se jette une fois encore à ses pieds et les étreint. Marie-Madeleine, l'ancienne débauchée, a saisi que seul le corps du Christ peut la purifier, la sanctifier, la rendre plus femme et fille de Dieu. Sommes-nous aussi sensibles à sa présence ? Jésus ne pourrait-il pas nous reprocher notre indifférence ? Imaginons-Le à nos côtés. Ne pourrait-Il nous dire: Mon corps transpercé est offert pour toi chaque jour à la messe: viendras-tu me toucher souvent et avec autant d'ardeur que MarieMadeleine ? Feras-tu l'expérience de ma résurrection victorieuse par le contact avec mon corps transpercé ? A la messe, ou au moins au tabernacle, je t'attends chaque jour pour que tu puisses connaître la joie de me savoir ton Seigneur et ton Dieu. Viens à moi et tu seras comblé. (temps de silence) V. ÊTRE AVEC JÉSUS: C'EST ENFIN DÉCOUVRIR QU'IL EST TOUJOURS LÀ ET DEVENIR APÔTRE DE SA PRÉSENCE DE RESSUSCITÉ Au petit matin de la résurrection Marie-Madeleine court au tombeau, revient prévenir Pierre de la disparition du corps du Seigneur, puis revient au tombeau et cherche encore ce corps tant vénéré. Association Notre Dame de Chrétienté

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A celui qu'elle prend alors pour le jardinier, toute éplorée, elle demande: “Seigneur, si c'est toi qui l'a emporté, dis-moi où tu l'as déposé et moi je l'enlèverai.” Reconnaissant Jésus qui vient de l’interpeller par son nom “Marie!”, elle se jette à ses pieds et et reçoit de Lui sa mission : “Va vers mes frères et dis leur : ‘Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu’”, ce qui fait de Marie-Madeleine “l’Apôtre des apôtres” (Jn 20, 11-18). La tradition nous dit qu’elle fut aussi l’apôtre de la Provence, et donc le premier missionnaire de notre Patrie. Écoutez bien, maintenant, amis pèlerins, c'est votre Seigneur qui vous parle : Moi, le Bon Pasteur, je te connais comme chacune de mes brebis, je suis toujours là, proche de toi-même quand tu ne me reconnais pas, toujours là pour te servir, te faire du bien, te rendre meilleur…Là, aujourd'hui, sur cette route, dans ce chapitre. Je t'appelle par ton nom… Reconnais-moi et, à ton tour, deviens apôtre de ma présence aimante auprès de tous les hommes. (temps de silence et Acte de Charité) Bibliographie Les 4 évangiles : Ignorer les Évangiles, c’est ignorer Jésus. Sur Sainte Marie-Madeleine : l’onction du repentir : Lc 7,36-50, la collaboratrice de la mission: Lc 8,2 la femme qui écoute aux pieds de Jésus: Lc 10,42 lors de la résurrection de son frère Lazare: Jn 11,1-44 l'onction prophétique à Béthanie : Mt 26,6-13 Mc14,3-9 Jn 12,1-11 au pied de la croix : Mt 27,56, Mc 15,40, Jn 19,25, l'onction au sépulcre : Mt 281-8 Mc 16,1-8 Lc 24,1-10 Jn 20,1-2 l'apparition du Ressuscité: Mt 28,9-10 Mc 16,9-11 Jn 20,11-1 Audience générale sur l'Apôtre Saint Thomas, 2006 Pape Benoît XVI homélie sur l'apparition à Saint Thomas, dimanche de la miséricorde 27. IV. 2014. Pape François exhortation apostolique Gaudium Evangelii, (n°264) Pape François « Marie-Madeleine » R.P Bruckberger « Evangiles et traditions » Mgr Jean-Pierre Ravotti et Mireille Bœuf « Jésus et Marie-Madeleine » Roland Hureaux, Perrin, 2005 « Thomas l'Apôtre » Guy Bedouelle, o.p. : Nouvelle Cité, 1997

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« IL EST RESSUSCITÉ LE 3ÈME JOUR » Chers pèlerins, Voici que nous arrivons au 3ème jour de notre pèlerinage qui va nous conduire aujourd’hui à méditer sur « le Ressuscité, notre espérance ». Tandis qu’hier nous sommes montés jusqu’au calvaire et que notre âme est encore tout imprégnée de la Passion, de ce qu’ont éprouvé Jésus lui-même, Marie, Jean, les Saintes Femmes, nous pouvons aujourd’hui prononcer deux mots face au mystère de la Croix : - Pardon : pardon mon Dieu de vous avoir offensé par nos péchés et aidez nous à prendre la ferme résolution de ne plus vous offenser. - Merci : nous ne pouvons que manifester notre immense reconnaissance à ce même Dieu qui, par son Fils, a racheté toutes nos fautes. Aux yeux des hommes, il a pu sembler que les ennemis de Notre Seigneur avaient triomphé au moment où le Sauveur expirait sur la Croix. La mort de Jésus sur la Croix est au contraire une victoire du bien sur le mal, la réconciliation des hommes avec Dieu et le pivot central de toute l’histoire du monde. Comme Il l’avait annoncé, le 3ème jour, au matin de Pâques, le Christ ressuscite. Le corps glorieux de Jésus a jailli de son tombeau pour monter directement au ciel et se jeter dans les bras de son Père. L’ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre sur laquelle il s’assit. Il avait l’aspect de l’éclair sa robe était blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillirent d’effroi et devinrent comme morts, puis, après avoir constaté que le tombeau était vide, ils coururent prévenir en ville les grands prêtres de tout ce qui s’était passé. Arrêtons-nous un instant, pour partager quelques réflexions : - la résurrection de Jésus-Christ n’est pas une légende ou un fait mystique ou religieux, mais est un fait historique dont l’authenticité relève du témoignage. Association Notre Dame de Chrétienté

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D’ailleurs, curieusement, les ennemis de Jésus crurent à sa résurrection plus vite que les apôtres, car ils étaient plus à même de constater les faits, pour avoir posé les sceaux sur le tombeau ou avoir posté une garde. - Fait historique, la résurrection de Jésus-Christ n’en est pas moins un fait miraculeux, inexplicable par le seul jeu des forces naturelles. - Fait unique, la résurrection de Jésus Christ engage l’humanité entière dans une solidarité de fait universelle. - Jésus nous a mérités, à tous, la rémission de nos péchés et notre participation à la gloire du ciel auprès de Dieu, pour l’éternité. En effet, avant de rejoindre son Père, le Christ est descendu aux enfers, (le séjour des morts) et a ouvert aux justes qui L’avaient précédé les portes du ciel. Revenons au déroulement des faits en cette matinée de Pâques. Successivement le Christ ressuscité va apparaître à plusieurs personnes. - D’abord à Sa Mère ; la Très Sainte Vierge Marie, la seule à avoir gardé la Foi et l’Espérance le samedi saint. Comment douter qu’elle n’ait eu droit à la première apparition du ressuscité dès le petit matin de Pâques. - A Sainte Marie Madeleine et aux Saintes Femmes qui, à la demande de Jésus, courront annoncer aux apôtres qu’elles avaient vu le Seigneur et qu’Il était ressuscité. Ils ne les crurent pas. N’aurions-nous pas nous aussi, chers pèlerins, fait preuve de la même incrédulité ? - Jésus apparaît aussi à deux disciples sur la route d’Emmaüs. Témoins à Jérusalem de la mort du Maître ils sont désemparés. Le ressuscité a pitié d’eux et leur ouvre l’intelligence aux écritures. Ils le reconnaîtront à la fraction du pain lors du repas. Comment ne pas faire le rapprochement avec la Cène du Jeudi Saint. ! - Puis le Christ ressuscité apparaîtra une première fois à ses apôtres : « la paix soit avec vous » leur dit-Il. Après leur avoir reproché de ne pas avoir cru ceux qui l’avaient vu ressuscité d’entre les morts, Il prouve son identité et la réalité de son corps en se laissant toucher et en mangeant réellement avec eux, même si son corps se comporte de manière étrange, puisqu’il est rentré en passant à travers les portes closes. Association Notre Dame de Chrétienté

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Jésus leur ouvre l’esprit à l’intelligence des écritures et institue en ce soir de Pâque le sacrement de Pénitence : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Cela dit, Il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. » (St Jean, 20, 21). Il donne à ses apôtres (et à leurs successeurs) le pouvoir, le don inestimable de la miséricorde divine : le pardon entier des péchés, la remise absolue de toutes fautes. - Huit jours après, Jésus apparaît de nouveau à ses apôtres en présence de Thomas, absent la fois précédente, et qui avait déclaré qu’il ne pourrait croire en la résurrection du Christ s’il ne l’avait luimême touché de ses mains. C’est ce que Jésus lui commande de faire, provoquant chez Thomas un magnifique acte de Foi « mon Seigneur et mon Dieu » auquel Jésus répond par ces paroles : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui croiront sans avoir vu. » Effectivement, admettre la résurrection du Christ demande à chacun d’entre nous un acte de Foi qui est parfois difficile. C’est pourquoi, dans sa grande bonté, Dieu a voulu laisser des signes, tels celui du Saint Suaire qui témoigne de manière saisissante de la passion du Christ et de la disparition mystérieuse du corps qui l’enveloppait. La Résurrection du Christ est le point central de notre foi, parce qu’elle authentifie tout l’enseignement que Jésus nous a laissé. C’est pour en témoigner qu’Il a créé son Église : « l’Église c’est Jésus Christ répandu et communiqué » disait Bossuet. Jésus donne ses dernières instructions auprès de ses apôtres, Il leur demande d’être ses témoins. C’est clair, le fondement de l’Église, c’est le témoignage apostolique. Mais c’est aussi de notre responsabilité personnelle Nous sommes tous appelés chers pèlerins à porter et diffuser la Bonne Nouvelle du salut. Notre rôle, et pas seulement celui de l’Église, c’est la transmission de l’Évangile à tous les hommes, c’est d’étendre l’avènement du royaume de Dieu chaque jour jusqu’à son achèvement à la fin du monde, lorsque Jésus-Christ, définitivement triomphant, remettra le royaume de Dieu à son Père et que Dieu sera tout en tous.

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Nous devons aussi affirmer notre foi en notre propre résurrection. Tous les hommes, consciemment ou non, cherchent une source de pureté et de réconciliation qui « n’est pas de ce monde ». L’heure de la vérité finit toujours par venir, souvent à l’heure de la mort ; mais, mieux vaut que ce soit bien avant. Quelles seront les circonstances de notre propre résurrection ? Nul ne le sait, sinon Dieu, mais faisons Lui confiance. Chers pèlerins, ce qu’il faut croire c’est que tous nous ressusciterons, que nos âmes reprendront nos propres corps, que nous paraîtrons devant le Tribunal de Dieu pour y être jugés selon notre degré de charité, notre degré d’amour, dans la vérité. Le Sauveur est donc monté aux cieux pour faire de nous, par Lui et en Lui, des citoyens du ciel. Alors, « vivons en ressuscités ! » Citations « Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort Il a vaincu la mort, aux morts Il a donné la vie.» (Liturgie byzantine, tropaire de Pâques) « La compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche donc pas à comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas.» Saint Augustin (Homélies sur l'Évangile de Jean, Tract. XXIX) « Écoutez, écoutez ce que dit Jésus : “Je suis la résurrection et la vie.” Toute l'attente des Juifs était de voir revivre Lazare, ce mort de quatre jours. Écoutons, nous aussi, et ressuscitons avec lui. Il est la résurrection parce qu'il est la vie. “Celui qui croit en moi, même s'il est mort, vivra” ; même s'il est mort comme Lazare, il vivra ; parce que Dieu n'est pas le Dieu des morts mais des vivants.» (St Augustin) A propos de l’apparition aux pèlerins d’Emmaüs : « Ce superbe texte de l'évangile contient déjà la structure de la Sainte Messe : dans la première partie, l'écoute de la Parole à travers les Saintes Écritures ; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec le Christ présent dans le Sacrement de son Corps et de son Sang.» (Benoît XVI 06 avril 2008)

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Bibliographie -

Matthieu 27, 57 – 28, 15 ; Marc ch 16 ; Luc ch. 24 ; Jean ch. 20 S. Paul aux Colossiens, 1, 13-23 ; aux Romains, 8, 14-24 : aux Éphésiens 1, 17, jusqu’à 2,10 ; 3, 14-19 et 4, 7 « Histoire de Jésus-Christ », Père Bruckberger « La Passion de N.S.J.C. » selon le chirurgien Dr Barbet (le témoignage du Saint Suaire).

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« IL EST MONTÉ AUX CIEUX » Chers pèlerins, I. QUARANTE JOURS APRÈS PÂQUES LE CHRIST MONTE AUX CIEUX Dans son commentaire des Évangiles, don Delatte, abbé de Solesmes, nous résume la scène : « Avec ses apôtres et les disciples, le Seigneur se dirigea vers Béthanie et le sommet du mont des Oliviers. Là, il éleva les mains et les bénit ; et tandis qu’il les bénissait, il les quitta et fut élevé au ciel, en leur présence, puis bientôt un nuage le déroba à leur vue.» Cette Ascension est accompagnée de l’annonce de la venue du Saint-Esprit à la Pentecôte, mais aussi du retour du Christ à la fin des temps. « Alors que les apôtres restaient là les yeux fixés vers le ciel deux hommes vêtus de blanc apparurent et les interrogèrent : Gens de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui vient d’être enlevé du milieu de vous, il reviendra de la même manière que vous l’avez vu partir vers le ciel.» (Actes I, 10-11) Saint Matthieu conclut son Évangile par les ultimes recommandations de Jésus juste avant sa montée au ciel : « Toute autorité m’a été dévolue au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, baptisezles au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Matt XXVIII, 20) Chers pèlerins, ici sont réaffirmés : - l’origine divine de toute autorité - la vocation universelle (c'est-à-dire catholique) de l’Église. Tous les hommes, quelle que soit leur origine ethnique ou la civilisation à laquelle ils appartiennent sont appelés à être sauvés par les mérites de la Passion et de la Résurrection du Christ. Association Notre Dame de Chrétienté

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l’importance du baptême, au nom du Dieu un et trine, Père-Fils et Saint-Esprit, pour être sauvé. - le pouvoir d’enseigner et de gouverner les peuples du Christ et de ses successeurs. - l’assistance divine du Christ à son Église jusqu’à la fin des temps. En s’élevant aux cieux Jésus nous rappelle que la vocation de l’homme est d’abord surnaturelle et que sa vocation est de rejoindre les cieux. II. LE DÉSIR DU CIEL, C’EST PRÉCISÉMENT CE QUI DOIT ÊTRE LE MOTEUR DE LA VIE TERRESTRE D’UN CHRÉTIEN L’homme a été créé par Dieu pour s’associer à son bonheur éternel comme l’écrit saint Ignace de Loyola dans ses célèbres Exercices spirituels : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme. Et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant.» Dans la fable « Le renard et le bouc » La Fontaine propose comme morale à ses lecteurs : « En toute chose il faut considérer la fin. » Après avoir en le hissant sur ses cornes, permis au renard de sortir du puits dans lequel ils étaient descendus pour se désaltérer, le bouc se retrouve abandonné à son triste sort par son compère. La satisfaction d’un instant risque ainsi de se payer pour « celui qui ne voyait pas plus loin que son nez » par une mort tragique par inanition. N’oublions jamais la fin pour laquelle nous sommes sur terre, nous sommes sur terre pour mériter le ciel. La finalité de la vie terrestre est de permettre à chacun d’accéder au ciel. C’est pourquoi saint Ignace nous invite à « Désirer et choisir uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés.» Dieu qui nous a créés par amour et veut nous faire participer à sa vie d’amour trinitaire accorde à l’homme la vie terrestre afin qu’il puisse, librement, répondre à son amour pour lui. Cet amour, après souvent une bien nécessaire période de purification au purgatoire, se prolongera dans l’éternité.

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Cette vocation surnaturelle de l’homme explique que le simple assouvissement des besoins liés à sa nature d’animal social et politique le laisse toujours insatisfait. « Vous nous avez fait pour vous, ô mon Dieu, et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en vous » s’exclame saint Augustin qui avait expérimenté les dérèglements de la chair et de l’esprit. Un des paradoxes de ce séjour terrestre est cependant que, malgré sa brièveté, il engage le destin dans l’éternité de chaque homme. Donc, à chacun d’entre nous, il appartient de ne pas s’attacher de manière excessive à ce qui n’est qu’un lieu de passage éphémère. A nous de ne jamais perdre de vue que du déroulement de ce séjour dépend l’avenir éternel de chacun. Les 20, 30, 40 …90 ou 100 années de notre vie terrestre conditionnent notre vie dans une éternité. C’est dire l’importance de ce séjour terrestre et l’attention qui doit être portée à une organisation de la société civile, la Cité des hommes, qui prépare effectivement l’entrée dans la Cité de Dieu. III. CITÉ DES HOMMES ET CITÉ DE DIEU

Dieu qui aime chacun d’entre nous personnellement attend une réponse personnelle à son amour. L’organisation politique de la cité doit favoriser l’observation paisible de ce que le Christ a prescrit aux hommes et dont l’essentiel se trouve résumé dans le décalogue et les béatitudes. Le rôle des lois qui régissent la société civile est, à cet égard, essentiel, comme nous le rappelle Pie XII pour le cinquantenaire de l'encyclique Rerum Novarum le 1 juin 1941 : « De la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes. L’Église qui a en charge le salut des âmes ne peut se désintéresser de l’organisation de la société civile. Elle cherche à y réduire les « structures de péché.» (Jean-Paul II) qui détournent de l’observation de la loi naturelle et mettent ainsi gravement en péril le salut de chacun. Quand l’avortement est gratuit et la pilule du lendemain remboursée, il faut une grande générosité et une grande foi pour accueillir une naissance imprévue qui représente généralement une baisse de 20% du niveau de vie de chaque famille.

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A l’encontre de la société moderne et de la culture de mort actuelle, l’Église rappelle trois vérités essentielles : - « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Matt IV, 4) Réduire l’homme à une simple dimension de producteur et/ou de consommateur en niant sa dimension à la fois spirituelle et surnaturelle c’est mutiler le réel et s’exposer à de graves déconvenues. - Le salut est personnel et reste de la responsabilité de chacun. - Même animée par l’esprit de l’Évangile la cité des hommes, composée d’hommes pécheurs, reste inéluctablement marquée par les péchés originels et actuels. Même en chrétienté le mal existe. Cependant, nous ne devons jamais nous décourager. Face aux injustices, quelquefois promues ou encore protégées par la loi civile, qui condamnent ceux qui sont fidèles à leur vocation d’homme et de baptisé à l’humble héroïcité des vertus domestiques et quotidiennes, suivons la réflexion de saint Padre Pio de Pietrelcina qui eut beaucoup à souffrir de l’Église : « Fais en sorte que le triste spectacle de l’injustice humaine ne trouble pas ton âme ; elle aussi a sa raison d’être dans l’économie des choses. C’est sur elle que tu verras un jour s’élever le triomphe certain de la Justice de DIEU.» Restaurer la Chrétienté dans notre pays, c’est Construire une cité chrétienne pour mieux préparer les âmes à la vie éternelle. L’édification d’une société chrétienne repose sur trois fondements : - une volonté. Voulons-nous oui ou non que les lois civiles soient conformes à la loi naturelle qui est l’autre nom de la loi divine ? - une connaissance réelle de ce que nous cherchons à promouvoir ainsi que des doctrines, des organisations et des hommes qui s’opposent au bien commun réel de la société. Que savons-nous de la doctrine sociale de l’Église qui, si elle était appliquée, permettrait de « tout restaurer dans le Christ » pour reprendre la devise de Saint Pie X. - une véritable prudence politique qui, s’efforçant, selon la formule du cardinal de Richelieu, de « rendre possible ce qui est nécessaire », prendra en compte la réalité de la société contemporaine pour l’extraire progressivement des ornières dans lesquelles l’ont embourbée les idéologies modernes : libéralisme, Association Notre Dame de Chrétienté

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socialisme, écologisme, consumérisme…L’objectif du remède de cheval, parfois nécessaire, n’est pas de tuer le cheval ! Chers pèlerins, la conformité à la loi naturelle des lois et des institutions constitue pour la vie des hommes en société l’oxygène dont les poumons ont besoin pour accomplir leur fonction, le terreau sur lequel pourront s’épanouir les fleurs de chrétienté : familles chrétiennes, vocations sacerdotales et religieuses, œuvres de l’esprit (littérature, peinture, musique), œuvres charitables au service des plus pauvres et des plus faibles …, prospérité économique. C’est la tâche exaltante à laquelle sont appelés les laïcs à l’aube de ce XXIème siècle. Puissions-nous ne pas faire défaut à l’appel de l’Église et des papes pour que France continue et chrétienté ressuscite ! Citations « C’est méconnaître l’homme que de ne lui promettre que de l’humain.» Aristote « Prétendre faire de la cité des hommes un nouveau paradis est toujours une imposture et souvent la porte ouverte aux pires horreurs.» « La société devient un enfer dès qu’on veut en faire un paradis.» Gustave Thibon « Le principal moyen de rendre à Dieu son empire sur les âmes, c’est l’enseignement religieux. Combien sont hostiles ou prennent en horreur l’Église et l’Évangile, bien plus par ignorance que par malice.» Saint Pie X « E supremi apostolatus » du 4 octobre 1903 A propos de la Doctrine Sociale de l’Église : « Elle est claire en tous ses aspects ; elle est obligatoire ; nul ne peut s’en écarter sans danger pour la foi et l’ordre moral.» Pie XII (allocution à l’Action Catholique italienne du 29 avril 1945) « Je parlerai de tes prescriptions devant les rois, et n’en aurai point honte ; je mettrai mes délices en tes commandements : je les aime.» (Ps 118, v. 46-47) « Les places les plus brûlantes en enfer sont réservées à ceux qui, aux périodes de crises morales, se sont maintenus dans la neutralité.» Dante (auteur de la divine comédie). « La Chrétienté, c’est le corps charnel de l’Église, son rempart, son inscription temporelle.» (Dom Gérard Calvet. Lundi de Pentecôte 1985) Bibliographie - « Pour Qu’Il Règne » Jean Ousset - « La doctrine sociale de l’Église dans la crise doctrinale actuelle », Arnaud de Lassus Association Notre Dame de Chrétienté

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« D’OÙ IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS » Chers pèlerins, Notre pèlerinage est un formidable concentré sur 3 jours de ce à quoi nous devons nous employer durant toute notre vie terrestre : gagner notre ciel, tout ordonner à Dieu pour le rejoindre après notre existence ici-bas. Mais qu’adviendra t-il ensuite ? C’est précisément ce que nous allons voir maintenant. I. LE CHRIST RÈGNE DÉJÀ Que fait le Christ une fois remonté au ciel ? Il règne. - Du ciel, le Christ règne de façon invisible par sa grâce. - Il est établi dans les biens les meilleurs de Dieu : « Il est assis à la droite du Père », cela signifie pour Jésus, comme homme, une égalité avec Dieu, et sa participation à la puissance et à l’autorité de Dieu lui-même. Il a le plus haut degré de vision béatifique, la plus haute grâce comme tête de l’Église, la puissance de juger. - Il règne par les sacrements en nous donnant de nombreuses grâces. L’amour surnaturel est abondamment présent dans le monde par l’Église. Cette sainteté se manifeste de façon visible dans les grands saints et les signes miraculeux qui attestent aussi de la véracité du christianisme. - Il règne par sa royauté sociale. Ce règne de Jésus se manifeste aussi dans la paix du Christ. Remettre Dieu à la première place, restaurer la chrétienté c’est d’abord commencer par faire régner Jésus dans notre cœur et dans notre âme. Offrons-nous à lui, imitons Jésus en suivant ses enseignements, les dix commandements, à commencer par aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes. C’est précisément sur cet amour que nous serons jugés à la fin de notre vie.

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II. LE JUGEMENT PARTICULIER - À l’instant de la mort, tout homme est confronté à la vérité de sa vie et est jugé personnellement par le Christ. - Cette vérité est établie par le Nouveau Testament et enseignée par l’Église : « …La rétribution immédiate après la mort de chacun sera en fonction de ses œuvres et de sa foi » (CEC, 1021) - Le jugement sanctionne l’état de l’homme par rapport à l’amour véritable au moment de la mort - Ce n’est pas un jugement à la manière d’un procès humain. L’âme voit toute sa vie, elle a une pleine lucidité de ses actions passées en raison de la lumière divine qui lui permet de comprendre son mérite et son démérite. Le Christ, seul Juge, lui donne sa juste rétribution. Il révèle à l’âme son état : état de grâce ou état de péché mortel, ce qui détermine sa destinée : le paradis, immédiatement ou après un temps de purification, ou l’enfer. Nous voici désormais prévenus de ce qui nous attend. Employons-nous donc à faire le bien en nous et autour de nous, dès maintenant. Ce jugement particulier est un premier jugement, il concerne la personne. Un second jugement s’exercera à la fin des temps à l’égard de l’humanité tout entière prise dans son ensemble. III. LE JUGEMENT GÉNÉRAL -

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Jésus reviendra dans la gloire pour juger le monde entier. Ce jugement du dernier jour mettra en lumière la conduite de chacun et le secret des cœurs. L’attitude par rapport au prochain révèlera l’accueil ou le refus de la grâce et de l’amour divin. Le retour glorieux du Christ marquera le triomphe de l’ordre de la justice tel que Dieu l’a voulu aux origines. Si le jugement particulier rétablit l’ordre moral au niveau individuel, il revient au Christ de faire éclater la justice sur l’ensemble de l’histoire humaine. Ce jugement général intervient aussi à la fin des temps, pour mesurer les effets de nos actions humaines dont l’influence peut continuer après notre mort…, pour donner la rétribution due aux conséquences de nos actes.

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Le jugement général rétablira les réputations. Il proclamera aux yeux de tous, la part de mérite et de démérite qui est due véritablement à chacun. L’ordre de la justice sera rétabli : « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres » (Rm 2,6). La sentence apportée par le Christ sera irrévocable. Le premier jugement a un caractère individuel tandis que le deuxième jugement, vous l’avez compris, est universel, il a pour objet de manifester l’infinie justice de Dieu sur toute l’histoire. IV. LE RÈGNE ÉTERNEL DU CHRIST : LE CIEL -

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Le Christ règne par la vie éternelle des élus. La vie éternelle, c’est la communion avec la Trinité, par la vision « face à face » (1 Co 13, 12) du « seul vrai Dieu » (Jn 17, 3), « tel qu’il est » (1 Jn 3, 2), en son mystère intime. De la vision de Dieu découle un amour et une joie indescriptibles, Les élus, ressuscités, régneront dans un cosmos renouvelé. L’adaptation de tout l’univers à la gloire des enfants de Dieu, qui est sa finalité dans le plan d’amour divin, remise en cause par le péché originel, sera restaurée, au bénéfice des élus, sous la marque du Christ. Le paradis céleste sera plus merveilleux que ne l’était l’Éden primitif, le paradis terrestre. La béatitude des élus sera totale et leur plaisir incomparable. Tout désir de l’homme sera comblé. La vie éternelle sera la communion parfaite avec le Christ (Jn 17, 3) : « La vie c’est d’être avec le Christ : là où est le Christ, là est la vie, là est le royaume » (S. Ambroise). « Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a “ouvert” le ciel. La vie des bienheureux consiste dans la possession en plénitude des fruits de la rédemption opérée par le Christ… » (CEC 1026) avec la liturgie des anges et des hommes dans la Jérusalem céleste, avec au sommet de cette société des bienheureux, la Vierge Marie couronnée de gloire.

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Chers Pèlerins, gardons l’espérance même si notre monde en manque, et que nous sommes parfois tentés de sombrer dans le découragement. Nous l’avons vu, ce qui nous attend au ciel est merveilleux et dépasse tout ce que nous pouvons rêver. Le Christ règne déjà parmi nous de façon invisible par sa grâce et de façon visible par son Église dispensatrice des sacrements institués par Notre Seigneur. Gardons confiance, et n’oublions jamais cette promesse du Sacré Cœur à Sainte Marguerite-Marie : « Je règnerai malgré mes ennemis et malgré tous ceux qui voudront s’opposer à moi.» Citations « Vous verrez le Fils de l’Homme assis à la droite de la Puissance.» (Mc 14, 62) « Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l’Église, germe et commencement de ce Royaume sur la terre.» (CEC, 669) « Il y a plus de clarté dans l’âme de l’Église que n’en pourra jamais refléter son Corps.» (Cardinal Journet) « Le règne du Christ dans la paix du Christ.» (Devise de Pie XI) « Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2,7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. […] Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1,8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la détresse (1 Co 7,26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5,16).» (CEC, 671-672) « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour.» St. Jean de la Croix « Mes Pères, je me demande : “Qu’est-ce que l’enfer” ? Je le définis ainsi : “La souffrance de ne plus pouvoir aimer”.» (Dostoïevski) « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours.» (CEC, 1022) «Tout Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25,40).» (CEC, 678) « L’éternité […] c’est le moment de l’immersion dans l’océan de l’amour infini, dans lequel le temps – l’avant et après – n’existe plus […], une immersion toujours nouvelle dans l’immensité de l’être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie.» (Benoît XVI) Association Notre Dame de Chrétienté

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« De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maîtrede-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville peut se passer de l’éclat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau lui tient lieu de flambeau.» (cf. Ap 21, 22-23) « Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a “ouvert” le ciel. La vie des bienheureux consiste dans la possession en plénitude des fruits de la rédemption opérée par le Christ, qui associe à sa glorification céleste ceux qui ont cru en Lui et qui sont demeurés fidèles à sa volonté. Le ciel est la communauté bienheureuse de tous ceux qui sont parfaitement incorporés à Lui.» (CEC 1026) « Le Christ, à son tour, ne cesse d'appeler à l'éternelle béatitude de son royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de son royaume terrestre.» (Quas primas - Pape Pie XI) Bibliographie -

Encyclique Quas primas sur la royauté du Christ, 1925 (Téqui, 2005) Pape Pie XI Les fins dernières (DMM, 1994) - RP Louis-Marie de Blignières Entretiens sur les fins dernières (Ad Solem, 2011) - Cardinal Charles Journet Les Fins dernières (éd. Saint-Paul, 1999) - Romano Guardini Vivement le paradis ! (éd. L’Emmanuel, 2003) - Jean-Marc Bot Le temps du Purgatoire. La porte au seuil de diamant (éd. de L’Emmanuel, 2002) - Jean-Marc Bot Osons Reparler de l’Enfer (éd. L’Emmanuel, 2002) - Jean-Marc Bot Quelle prédication des fins dernières aujourd’hui ? (La Nef, 2011) Abbé Christian GOUYAUD (dir.)

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2EME PARTIE : MÉDITATIONS GÉNÉRALES, CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE,

LE ROSAIRE Méditation Chers pèlerins, Tout au long de notre pèlerinage, nous allons être invités à réciter le Rosaire ou à dire le Chapelet. De quoi s’agit-il ? Un rosaire, c’est une couronne de roses ; quant au chapelet, c’est un petit chapeau de fleurs. Dire son Chapelet ou réciter le Rosaire, c’est tresser à la Sainte Vierge une couronne de prières. Toutefois, comme nous le rappelle Jean-Paul II, dans la Lettre apostolique ‘Rosarium Virginis Mariae’, à laquelle nous ferons souvent référence dans le propos qui suit : «… tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est une prière dont le centre est christologique… Il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé ». I. DE QUOI SE COMPOSE LE ROSAIRE ? Traditionnellement, un Rosaire comprend trois Chapelets, chaque Chapelet comprenant lui-même cinq mystères, c'est-à-dire cinq méditations centrées sur les principaux évènements de la vie de Jésus et de Marie : - cinq mystères joyeux : ceux de l’enfance de Jésus ; - cinq mystères douloureux : ceux de la Passion du Christ ; - cinq mystères glorieux : ceux du triomphe de Dieu. À ces quinze mystères, qui constituent la trame traditionnelle du Rosaire, le Pape Jean-Paul II, reprenant un usage datant du Moyen-Âge, proposa (sans l’imposer) d’ajouter cinq « mystères lumineux » correspondant aux faits les plus marquants de la vie publique de Jésus, en sorte que, selon son expression, le Rosaire constitue un véritable « résumé de l’Évangile ». Association Notre Dame de Chrétienté

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II. COMMENT RÉCITE-T-ON LE CHAPELET ? Laissons parler Jean-Paul II : « Le Rosaire est à la fois méditation et supplication… Il est aussi un parcours d’annonce et d’approfondissement ». La récitation de chaque Chapelet commence par un ‘Je crois en Dieu’, « comme pour mettre la profession de foi au point de départ du chemin de contemplation que l’on entreprend » fait remarquer le Saint Père. Puis on récite (ou on chante) un ‘Notre Père’, suivi de trois ‘Je vous salue Marie’ et d’un ‘Gloire au Père’. Pour l’énoncé du premier mystère, qui servira de trame à la première méditation, le Pape fait observer que « pour donner un fondement biblique et une profondeur plus grande à la méditation, il est utile que l’énoncé du mystère soit suivi de la proclamation d’un passage biblique correspondant ». Par ailleurs, après cette lecture « il est opportun de s’arrêter pendant un temps significatif pour fixer le regard sur le mystère médité avant de commencer la prière vocale ». Cette prière vocale consiste en la récitation (ou le chant), en français ou en latin de : - un « Notre Père » (Pater), - dix « Je vous salue Marie » (Ave), - un « Gloire au Père » (Gloria), suivi de la courte prière que nous a appris la Sainte Vierge lors de l’une de ses apparitions à Fatima : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre sainte miséricorde ». Concernant la récitation de ces différentes prières, le pape nous fait quelques recommandations : « Le centre de l’Ave Maria … est le nom de Jésus. C’est justement par l’accent qu’on donne au nom de Jésus et à son mystère que l’on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse ». Ainsi, peut-on « donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une ‘clausule’ évocatrice du mystère que l’on est en train de méditer. C’est une pratique louable, spécialement dans la récitation publique ». Par ailleurs, nous dit-il, «il est important que le Gloria, sommet de la contemplation, soit bien mis en relief dans le Rosaire ». Enfin, il faut « faire en sorte que chaque mystère s’achève par une prière destinée à obtenir les fruits spécifiques de la méditation de ce mystère »…de façon à «imiter ce qu’ils contiennent et obtenir ce qu’ils promettent ». Deux remarques à propos de la récitation du Notre-Père : - Le vouvoiement : par respect pour Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre, nous le vouvoyons. Certes, quelques grands mystiques, parce qu’ils ont une grande intimité avec Jésus, se permettent parfois de le tutoyer ; mais ce sont de grands mystiques…. Association Notre Dame de Chrétienté

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L’emploi de la formule « ne nous laissez pas succomber à la tentation ». C’est la formule qui correspond le mieux à la formule de l’original grec, selon le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2846). « Dieu n’éprouve pas le mal ; Il n’éprouve non plus personne » (Jc I, 13) Il veut, au contraire, nous en libérer.

III. MÉDITATION ET GRÂCE À DEMANDER Ainsi donc, chaque méditation portera sur un moment de la vie du Christ, mais pour en tirer des conclusions pour notre vie présente et en liaison avec le thème qui nous est proposé chaque jour pendant le pèlerinage : ce seront les fruits du mystère et les grâces à demander. C’est ce que le pape Jean-Paul II exprimait par cette formule : « Chaque mystère du Rosaire, bien médité, éclaire le mystère de l’homme… Méditer le Rosaire consiste à confier nos fardeaux aux Cœurs miséricordieux du Christ et de sa Mère ». Quelles sont donc ces méditations et quelles peuvent être les grâces à demander comme fruit de ces mystères ? Nota : Ne pas lire la liste complète des mystères, mais illustrer par quelques exemples. 1.

Mystères Joyeux : - L’Annonciation ; fruit du mystère : « l’humilité » - La Visitation ; fruit du mystère : « la Charité fraternelle » - La Nativité ; fruit du mystère : « l’esprit de pauvreté » - La Présentation de l’Enfant Jésus au temple ; fruit du mystère : « l’obéissance et la pureté » - Le Recouvrement de Jésus au temple ; fruit du mystère : « la recherche de Dieu en toute chose ».

2.

Mystères Lumineux : - Le Baptême de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de pénitence » - Les Noces de Cana ; fruit du mystère : « la confiance dans la prière et l’intercession de Marie » - L’Appel à la conversion et la prédication du Royaume ; fruit du mystère : « le courage dans l’engagement et la persévérance » - La Transfiguration de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de prière et le don de sagesse » - L’Institution de l’Eucharistie ; fruit du mystère : « la dévotion eucharistique »

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3.

Mystères Douloureux : - L’Agonie au Jardin des Oliviers ; fruit du mystère : « la contrition de nos péchés » - La Flagellation ; fruit du mystère : « le regret des péchés des sens » - Le Couronnement d’épines ; fruit du mystère : « le regret des péchés d’orgueil » - Le Portement de Croix ; fruit du mystère : « le courage dans les épreuves » - La Crucifixion ; fruit du mystère : « un plus grand amour de Dieu »

4.

Mystères Glorieux : - La Résurrection de Jésus ; fruit du mystère : « la foi » - L’Ascension de Jésus au Ciel ; fruit du mystère : « un plus grand désir du Ciel » - La Pentecôte ; fruit du mystère : « le zèle pour les âmes » - L’Assomption de Notre Dame ; fruit du mystère : « la grâce d’une bonne mort » - Le Couronnement de Marie au Ciel ; fruit du mystère : « une plus grande dévotion à Marie ».

IV. LES BIENFAITS DU ROSAIRE Du Rosaire, le pape Jean-Paul II vantait ainsi les mérites : « Le Rosaire, grâce à Marie, fait descendre, pour ainsi dire, la lumière salvifique de tous les mystères du Christ dans les circonstances et les difficultés de la vie quotidienne normale, du travail, de la fatigue, du doute, de la souffrance, de la vie sociale et familiale, et transfigure tout, élève tout, purifie tout ». Il disait encore : « Le Rosaire est ma prière préférée. C’est une prière merveilleuse de simplicité et de profondeur…pour exhorter à la contemplation du visage du Christ en compagnie de sa Très Sainte Mère et à son école ». 1. Le Rosaire : une prière de la famille, pour l’unité et la paix a. Le Rosaire récité en famille est ferment d’union et de concorde. Voilà, ce que disait le pape Pie XII, à ce sujet : « en récitant le Chapelet, la famille prie unie … Si la famille prie, en effet, elle vit ; et si elle prie unie, elle vit unie. Peu de moyens nous semblent aussi efficaces, pour promouvoir et conserver l’union des esprits, que la prière en commun récitée en famille, sous le regard affectueux et souriant de Marie ». Et encore : « C’est surtout au sein des familles que nous désirons que la pratique du Rosaire soit répandue, religieusement conservée et sans cesse développée. C’est en vain qu’on s’efforce d’enrayer le déclin de la civilisation si on ne ramène pas à la loi de l’Évangile la famille, principe et fondement de la société ». Association Notre Dame de Chrétienté

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Quant au pape Jean-Paul II, il nous exhortait en ces termes : « Je répète aujourd’hui à tous, ce que j’ai dit aux familles : une grande prière pour la vie, qui parcourt le monde entier, est une urgence ». b. Le Rosaire est aussi un remède aux grands maux de notre temps. Le pape Paul VI en octobre 1969 s’exprimait ainsi : « Nous exhortons le clergé et les fidèles à demander instamment à Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, la paix et la réconciliation entre tous les peuples. La paix est certes l’affaire des hommes…, mais la paix est aussi l’affaire de Dieu. La prière (la récitation du Rosaire), par laquelle nous demandons le don de la paix, est donc une contribution irremplaçable à l’instauration de la paix ». Tandis que Jean-Paul II affirmait : « Le Rosaire est une prière orientée, par nature, vers la paix. En réalité, tandis qu’il nous conduit à fixer les yeux sur le Christ, le Rosaire nous rend aussi bâtisseur de la paix dans le monde ». 2. Le Rosaire : la prière recommandée par la Sainte Vierge Toutes les fois que la Vierge apparaît à Fatima en 1917, elle porte un Chapelet et elle ne manque pas de recommander la récitation du Rosaire : - « Récitez le Chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre » - « Je veux que… vous disiez le Chapelet tous les jours » - « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue à réciter le Chapelet tous les jours… ». Enfin, apparaissant à sœur Lucie, au couvent de Pontevedra, le 10 décembre 1925, la Sainte Mère de Dieu accompagné de l’Enfants Jésus, lui dit, en lui montrant son cœur : « Vois ma fille, mon cœur entouré d’épines, que les hommes ingrats y enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi au moins tâche de me consoler et dis qu’à tous ceux qui pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la Sainte Communion, réciteront un Chapelet, et passeront quinze minutes avec moi, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme ». Chers pèlerins, gardons le silence pendant quelques instants pour méditer ces dernières paroles de la Très sainte Vierge et prendre la résolution de suivre ses recommandations : pour la paix dans le monde et pour notre salut.

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Citations « Cette salutation angélique est infiniment agréable à la sainte Vierge, parce qu’il semble que par là on lui renouvelle la joie qu’elle ressentit quand saint Gabriel lui annonça qu’elle avait été choisie pour être la Mère de Dieu ; nous devons, dans cette intention, la saluer par l’Ave Maria… » Saint AlphonseMarie de Liguori « Je ferais la conquête du monde, si j’avais une armée qui dise le Chapelet » Bienheureux Pie IX « Après la Sainte Messe, il n’y a pas de prière plus puissante que le Rosaire » Saint Pie X « La prière du Rosaire est de toutes, la plus belle, la plus riche en Grâces, et celle qui touche le plus le Cœur de la Mère de Dieu, et si vous voulez que la paix règne dans vos foyers, récitez le Chapelet en commun.» Extrait du Testament de Saint Pie X Bibliographie -

Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae », Jean Paul II, éd. Téqui, 2002 Tu es Petrus, Revue des Amis de la Fraternité Saint-Pierre, numéro spécial 86-87, « LE ROSAIRE », Mars-Juin 2003. Catéchisme de l’Église Catholique : 971, 2673-2679, 2708. « Le secret admirable du Saint Rosaire », Saint Louis Marie Grignon de Montfort, ed. du Seuil.

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LE SACREMENT DE PÉNITENCE DEVENIR UN «MISÉRICORDIÉ» ! Méditation Chers pèlerins, Les avez-vous remarqués ? Oui, les avez-vous remarqués ces hommes vêtus de robes noires ou blanches qui marchent derrière les chapitres, le vôtre peut-être ? Pourquoi portent-ils une étole violette autour du cou ? Pourquoi certains pèlerins passent-ils un bon moment avec eux et rejoignent-ils le chapitre avec un large sourire ? Ces hommes en robe sont les distributeurs de la Miséricorde de Dieu ! Car Jésus a voulu, toujours et encore, nous attendre quand nous avons péché. Tout l’évangile est un appel à la conversion et à l’accueil des pécheurs : « Va, et ne pèche plus » dit-Il à la femme adultère ; et Il répète « Tes péchés te sont remis » à tous ceux qui s’approchent de Lui avec confiance. I. TOUS PÉCHEURS Pécheurs, l'êtes-vous ? Dans chaque « Je vous salue Marie », vous avez répondu à cette question : « Priez pour nous, pauvres pécheurs. » Oui, vous êtes pécheurs ! De pauvres pécheurs ! Peut-être n'avez-vous jamais osé vous approcher d’un de ces hommes « en robe » qui vous suivent ? Peut-être avezvous tout oublié de vos péchés ? Peut-être vous sentez-vous écrasés par vos péchés ? Peut-être ne savez-vous pas comment vous y prendre ? Alors, n’ayez pas peur, chers pèlerins ! Avant vous, sur cette route, des dizaines de milliers de personnes se sont approchées d’un prêtre et ont reçu le pardon de Dieu, qui a transformé leur vie et leur a rendu la paix et la joie.

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Préparez-vous, à l’aide du "livret du pèlerin", en faisant un bon examen de conscience ; n’hésitez pas à demander des conseils à votre chef de chapitre, aux séminaristes, religieux, religieuses qui marchent avec vous, et lancez-vous dans l’aventure de la Miséricorde du Cœur de Jésus qui vous attend… Pas demain, pas plus tard, mais maintenant. II. RECONNAÎTRE SA MISÈRE « Miséricorde », un mot, une réalité essentielle, celle du Cœur de Dieu qui vient à la rencontre de votre misère. Une seule condition : l’humilité ; être suffisamment humble, petit, pour reconnaître votre misère, pour reconnaître que vous avez besoin de Dieu. Ce n’est pas drôle d’aller avouer toutes ses turpitudes… C’est vrai ! La démarche est difficile, sauf pour les enfants ; mais quelle paix, quelle joie après cet effort! Peut-être redoutez-vous ce que va dire le prêtre, à qui vous allez dire vos péchés ? Mais il ne va que répéter avec Jésus : « va et ne pèche plus ! » Il va vous donner quelques bons conseils, qu'il serait difficile de trouver ailleurs. Il va vous aider, si vous avez du mal à tout dire, il va vous expliquer ce que vous ne comprenez pas, il va se réjouir avec vous, car « il y a plus de joie au Ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de Lui ». Écoutez cette histoire : c’est celle d’un trafiquant de drogue condamné à 13 ans de prison. Son compagnon de cellule lui a patiemment parlé de Dieu et lui a prêché les fameux « Exercices de Saint Ignace ». Oui, en prison ! Et cet homme s’est converti… Aujourd’hui il témoigne, et pour mieux faire comprendre son aventure, il a inventé un mot merveilleux : « je suis un miséricordié ». Jeunes, qui découvrez l’Amour de Dieu sur cette route, pères ou mères de famille accablés par une vie difficile, ou écrasés par le poids de la Croix, devenez des « miséricordiés » à votre tour ! Laissez-vous aimer par Celui qui a versé tout Son Sang pour vous. Et pour vous, pèlerins, qui avez l’habitude de vous confesser, saisissez l'occasion de tenter une meilleure confession que d’habitude. Sur cette route, vous avez le temps de vous préparer, de faire un bon examen de conscience, de réveiller dans votre âme une contrition sincère. Car, il est important pour tous, en s'aidant notamment du "livret du pèlerin", de bien rechercher en quoi vous avez pu offenser Dieu. La disposition principale de la confession, c'est la contrition. Ce n’est pas un plus ; c’est l’essentiel du retour à Dieu !

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III. REGRETTER SES FAUTES Ce que Jésus attend de chacun de vous, c’est surtout ce regret sincère et vrai d’avoir péché, d'avoir offensé Dieu. Sans ce regret, vos confessions ne valent rien. Et ce regret sincère comporte nécessairement un ferme propos de ne plus recommencer. Sinon, ce serait se moquer de Dieu ; ne pensez-vous pas ? C'est ce ferme propos qui va vous faire trouver les moyens concrets de ne plus recommencer. Par exemple, de renoncer à telle fréquentation, de ne plus regarder tel programme etc. Cependant, même avec ce ferme propos, il peut vous arriver de rechuter, et vous vous direz peut-être : « à quoi bon me confesser, puisque finalement je recommence toujours ! » Chers pèlerins, faites bien attention à ne pas confondre « vouloir recommencer » et « savoir que vous recommencerez probablement ». Par exemple, quelqu'un qui s’accuse de s'être mis en colère et qui ne veut plus recommencer fait bien de se confesser, même s'il sait que, vu son tempérament, il recommencera probablement. L'hypocrisie consisterait à dire "je m’accuse de m'être mis en colère" tout en voulant intérieurement recommencer. Avez-vous saisi ? Alors, revenons à notre Dieu, comme un fils revient vers son père après l’avoir offensé, avec une grande humilité et une confiance sans borne : comme l’Enfant prodigue. Chers pèlerins, Cette route entre Paris et Chartres est belle, très belle, car avant vous et bientôt avec vous, elle est celle du pardon, celle de la Miséricorde, celle de l’Amour de Jésus. Alors, ne tardez plus et allez trouver un des prêtres qui nous accompagnent : vous donnerez à Dieu la joie de faire de vous un nouveau « miséricordié » ! Et soyez sans crainte : - Le prêtre à qui vous vous adressez sait ce qu’il en coûte de faire cette démarche à laquelle lui-même se soumet en tant que pêcheur, - de plus il a déjà beaucoup entendu et rien ne saurait l’étonner, - enfin, en sa qualité de représentant du Christ, il est tenu au secret le plus absolu : le secret de la confession ne peut, en aucun cas, être révélé. Restons maintenant en silence pour réfléchir à la beauté de ce sacrement merveilleux et pour nous y préparer, en consultant notre "Livret du Pèlerin".

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Citations « Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » (Jn I, 1-9) « Il y en a qui disent : j'ai trop fait de mal, le Bon Dieu ne peut pas me pardonner. C'est un gros blasphème. C'est mettre une borne à la miséricorde de Dieu, et elle n'en a point : elle est infinie. (…) Nous avons bien besoin des lumières du Saint-Esprit pour connaître nos péchés, parce que notre cœur est le siège de l'orgueil, qui ne cherche que les moyens de nous les faire connaître moindres qu'ils ne sont. Vous voyez que nous avons absolument besoin des secours du Saint-Esprit pour connaître nos péchés tels qu'ils sont. (…) La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage. » Saint Curé d’Ars « Oh ! Si les pécheurs connaissaient ma Miséricorde, il n’en périrait pas un si grand nombre. Parle aux âmes des pécheurs, pour qu’elles ne craignent pas de s’approcher de moi, parle-leur de ma Miséricorde. » À Sainte Faustine « Il est beau de pouvoir confesser nos péchés, et d'entendre la parole qui est comme un baume, qui nous inonde de miséricorde et nous remet en chemin. » Saint Jean Paul II « Nous sommes en état de grâce dès que nous sommes délivrés du péché. En outre, chaque absolution sacramentelle est comme un bain de lumière solaire sur une plante. Chaque fois, celle-ci se colore, se développe et s’épanouit davantage. » Un Chartreux (École du Silence). Bibliographie - «La Miséricorde divine », encyclique de Jean-Paul II, 1980 - «Réconciliation et Pénitence », exhortation apostolique de Jean-Paul II, - Catéchisme de l’Église Catholique, 1420-1498. Pour adultes : - « Pourquoi et comment se confesser » du Père A. Roméro, éd. du Laurier, - « On demande des pécheurs » du Père Bernard Broo.p., éd. du Cerf, - « Les sacrements de la miséricorde » de J-C Sagne o.p., éd. Médiaspaul, - « Les merveilles de la confession » du R.P. Paul O'Sullivan o.p., - « La pénitence » de Dom Bernard Maréchaux o.s.b, éd. du sel de la Terre. Pour enfants : - « Mon carnet de confession » de Monique Berger, éditions Transmettre - « Petit guide pour la confession des enfants (de 7 à 10 ans) » de Jean-Paul Savignac, éditions du Laurier - « Mon guide de première communion, première confession » de Madeleine Russocka, éditions Transmettre. Association Notre Dame de Chrétienté

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LA SAINTE MESSE Méditation Chers pèlerins, Imaginez un voyageur dans le désert... Il fait chaud, très chaud et, depuis plusieurs jours, il n’a plus rien à boire ! Sa bouche est sèche, sa soif brûlante, sa fatigue écrasante ! Et voici que notre voyageur passe devant une source d'eau pure et fraîche. Que va-t-il faire ? Se précipiter pour boire et se baigner ? Et bien non, notre voyageur jette un regard distrait et indifférent à la source délicieuse et passe son chemin ! Ne serait-il pas fou ce voyageur ? Chers pèlerins, nous sommes à l'image de ce fou, quand nous considérons la messe avec un regard distrait ou indifférent. Écoutez plutôt : nous avons été créés par Dieu et pour Dieu. Aussi, nous dit Saint Augustin, « notre cœur est sans repos tant qu'il ne se repose en Dieu ». Tout notre être, que nous en soyons conscient ou non, aspire au bonheur de le connaître et de l'aimer. Mais le péché nous a séparés de Lui. Alors, Il est venu à nous. Il s'est fait homme, pour s'offrir gratuitement en sacrifice, afin de réparer nos fautes. Pour nous, Il s'est offert en victime sur la Croix. Vous me direz peut-être, chers pèlerins que la croix, le Golgotha, c'était il y a bien longtemps ! Et bien vous vous trompez. Le sacrifice de la croix est actuel : Il est renouvelé à chaque messe. À chaque fois que la messe est célébrée, nous sommes au pied de la croix, avec la Vierge Marie et Saint Jean et nous pouvons contempler le cœur de Jésus ouvert pour nous par la lance du soldat. C'est cela la messe : Jésus se rend réellement présent sous les apparences du pain et du vin pour renouveler son sacrifice. Association Notre Dame de Chrétienté

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« Jamais rien ne remplacera une messe pour le salut du monde ! » nous rappelait Benoit XVI à Paris. Alors, pourquoi pendant la messe, sommes-nous si distraits ? Certainement, parce que nous ne nous préparons pas assez à entrer dans ce mystère. Si nous cherchons à ressentir des émotions, alors nous risquons d'être déçus. Dieu vient à notre rencontre à un niveau plus profond et plus intime que l'émotion sensible. Pour nous rendre disponibles à la réalité cachée du mystère de la messe, l'Église met à notre disposition des moyens simples et concrets. Ce sont les rites de la liturgie. Pour aujourd’hui, nous en retiendrons trois : I. L’USAGE DU LATIN Pour bien nous faire comprendre que ce que nous allons faire et dire au cours de la messe n'est pas dans la continuité de nos actions et de nos paroles banales et quotidiennes, on utilisera une langue différente : le latin. Une langue différente de nos langues habituelles, une langue consacrée par un usage plus que millénaire, n’est-ce pas un langage sacré, plus apte à célébrer le culte divin qu‘une langue banalisée par l‘usage courant ? Le latin est notre langue maternelle, tout simplement. L‘Église romaine est notre mère, elle veut rassembler tous ses enfants dans l‘unité d‘une même langue, quelle que soit leur nationalité. Il y a ici des pèlerins de toute l‘Europe, et même d‘autres continents. Le latin est le signe de notre unité. C‘est ainsi depuis de nombreux siècles, et cela a été encore rappelé au concile Vatican II (Constitution sur la liturgie). Mais qui comprend le latin aujourd’hui ? Eh bien… Dieu tout d‘abord ! N‘estce pas l‘essentiel, puisque c‘est à Lui que l‘on s‘adresse ? Et, pour vous, dans votre livret du pèlerin, vous avez la traduction de toutes les prières de la messe. II. L’ORIENTATION DU PRÊTRE Vous avez déjà remarqué que le prêtre est tourné vers la croix de l'autel ; non pas face aux fidèles, mais dans le même sens qu'eux. Quelle en est la raison ? C‘est tout simple… et très beau : dès les origines, les chrétiens se sont tournés vers l‘Orient pour prier. Ils ont vu, en effet, dans le soleil levant, le symbole du Christ ressuscité et de son retour à la fin des temps. On a donc tout naturellement construit les églises de telle manière que les fidèles et le prêtre à l‘autel soient tournés vers Dieu. Conduits par le prêtre, nous voulons nous laisser emmener vers la Croix où se réalise le sacrifice qui nous sauve. Nous voulons nous tourner vers le Seigneur.

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III. LA COMMUNION À GENOUX ET SUR LA LANGUE Et pourquoi communie-t-on à genoux et sur la langue? Par la communion, nous recevons Dieu en nous : un Être immense que l‘univers ne saurait contenir, plus grand que tous les rois, créateur des galaxies et de l‘infiniment petit ! N‘est-ce pas la moindre des choses de lui marquer un peu de respect ? C‘est aussi pourquoi, seul le prêtre, dont les mains ont été consacrées, a le droit de toucher l’Hostie de ses mains. Chers pèlerins, vous avez tous reçu, au départ, un livret du pèlerin, que je vous invite à conserver. Pour mieux vous aider à retenir ce que nous venons d’évoquer, ne manquez pas de lire attentivement les commentaires que vous y trouverez en accompagnement des textes de l‘ordinaire de la messe. Que ceux qui n'ont pas l'habitude n'hésitent pas à demander de l'aide. Et sachons bien que l'essentiel n'est pas de tout comprendre mais plutôt de se laisser saisir par la réalité qui nous dépasse. Prenons maintenant un moment de silence, ouvrons notre cœur et tournons-nous dès maintenant vers la Croix, vers le Cœur ouvert de Jésus. Citations « "Faites ceci en mémoire de moi" : c’est-à-dire non seulement en mémoire de ce que j’ai fait, en mémoire de ma mort pour vous. » « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne » I.Cor.11, 26.3 « Le sacrifice que l’on voit est le sacrement, c’est-à-dire le signe sacré, d’un sacrifice invisible. Il est donc essentiel au sacrifice d’être une réalité intérieure : c’est le cas de toute bonne œuvre faite pour nous unir à Dieu. C’est une offrande de l’âme à Dieu comme à son principe et à sa fin : comme à son principe en totale soumission ; comme à sa fin pour l’apaiser et s’unir à Lui ». Saint Augustin (Cité de Dieu, X) « Bien que la Passion et la mort du Christ n’aient pas à être recommencées, cependant, la ‘vertu’ de cette hostie, offerte une fois, demeure à jamais. » Saint Thomas d’Aquin IIIa, Q. 22, a.5 « C’est le même et unique Sacrifice, parce que c’est le même Prêtre et la même Hostie, offerte d’une autre manière. La Messe est le sacrement du Sacrifice de la Croix en tant que celui-ci perdure. Elle en a toute la vertu ; elle en applique le fruit (…) Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son corps et son sang avec son âme et sa divinité» . Concile de Trente (Session XXII, ch. 2) rappelé dans CEC, 1413 Association Notre Dame de Chrétienté

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« Toutes les fois que le sacrifice de la Croix, par lequel le Christ notre Pâques a été immolé, se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’opère. » Lumen Gentium 3 «L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice (…) Dans le sens de l’Écriture Sainte, le mémorial n’est pas seulement le souvenir des évènements du passé (…) Dans la célébration liturgique de ces évènements, ceux-ci deviennent d’une certaine façon présents et actuels (…) Parce qu’elle est mémorial de la Pâque du Christ, l’Eucharistie est aussi un sacrifice (…) Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. » CEC, 1362-1367 Bibliographie -

Évangiles selon St. Matthieu, XXIV, 26-29 ; St. Marc, XIV, 225 ; St. Luc XXII, 14-20 ; St. Jean ch 13 à 17 Épitres de St. Paul : o 1ère aux Corinthiens XI, 17-34 ; o aux Hébreux, chp. 5 à 7 XXIIe session du Concile de Trente : exposition de la doctrine touchant le sacrifice de la messe, dans le « Bref examen critique du nouvel ordo Missae », édition Renaissance Catholique, Exhortation apostolique sur l’Eucharistie : « Sacramentum caritatis » : Benoît XVI, éd. Téqui. Constitution « Sacrosanctum Concilium » du Concile Vatican II, n° 47 Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1322-1419

On consultera aussi avec profit : - « Explication de la Sainte Messe », Dom Guéranger - « La Sainte Messe, hier, aujourd’hui et demain » et « La Messe commentée », Père Jean-Denis Chalufour, éditions Petrus a Stella, abbaye de Fontgombault. - « Une histoire de la Messe » par un moine de Fongombault - « La messe, une forêt de symboles », Abbé Claude Barthe

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POURQUOI AIMER LA MESSE TRADITIONNELLE ? Méditation « Le rite exprime la communion de prière et d’action de l’Église dans une forme qui transcende l’histoire. Il concrétise le lien entre la liturgie et l’Église, laquelle garde le dépôt de la foi transmis par la tradition apostolique. Ce lien avec l’Église admet différentes structurations, permet un développement, mais exclut absolument l’arbitraire ». Cardinal Ratzinger, 2000. Chers pèlerins, Vous le savez et vous l'avez probablement remarqué, les messes célébrées au cours du pèlerinage sont dites selon la forme extraordinaire du rite romain. Comme c’était la forme du rite partout en usage avant la réforme liturgique postconciliaire, ces messes sont souvent appelées « messe traditionnelles », ou « messe de Saint Pie V ». Peut-être que certains d'entre vous se demandent pourquoi ce choix. Pourquoi aimer ce rite ancien, dont l’ordonnance remonte pour l’essentiel au VIe siècle ? I. LES GRANDS PRINCIPES DE LA LITURGIE Pour répondre à cette question et trouver les raisons profondes de notre attachement à la messe traditionnelle, il faut absolument remonter au grand principe de la Liturgie. Le concile Vatican II (constitution « Sacrosanctum Concilium »), à la suite du concile de Trente, nous rappelle que « la Liturgie est avant tout un culte rendu à Dieu ». Bien sûr, à l’occasion de ce culte, il y aura tout un enseignement donné au peuple de Dieu. Mais avant tout, la Liturgie est un culte à la divine majesté. Un culte que les fidèles rendent à Notre Seigneur Jésus-Christ, mais aussi que Notre Seigneur Jésus-Christ, lui-même, rend à son Père. Aussi ce culte doit-il être sacré et tel que Dieu le désire.

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On ne va donc pas à la messe pour être agréable à un prêtre, ni parce que un tel ou une telle y va, ou pour je ne sais quelles autres raisons humaines, mais on va à la messe pour rendre un culte à Dieu, un culte qui soit vraiment digne de Lui. Autre point à souligner, c’est que la Liturgie n’est pas une leçon de catéchisme. N’attendez pas de trouver au détour d’une page de votre missel, une définition exhaustive et complète de la messe. En revanche, ce que vous trouverez en suivant la liturgie de la Sainte Messe, c’est un ensemble de prières, de paroles, de gestes, de vêtements et d’objets liturgiques qui vous feront connaître ce qu’est la messe, sa véritable nature. Ce sont tous ces signes extérieurs, visibles, qui nous indiquent clairement la nature et l’essence du mystère. D’où l’importance de tous ces signes sensibles et visibles qui nous conduisent à l’Invisible. Certes, ce n’est pas tel signe de croix, ou telle génuflexion, pris séparément qui est essentiel et indispensable, mais bien l’ensemble de tous ces signes extérieurs. Nous touchons là à un domaine très délicat, car vous connaissez sans aucun doute l’adage : « lex orandi, lex credendi », que l’on traduit par : « telle prière, telle croyance ». En effet, si la liturgie ne manifeste pas clairement, par tout ce qui doit la composer, la nature même du mystère, alors c’est la Foi elle-même qui peut être touchée. Si, par exemple, vous priez toujours avec des livres protestants, vous risquez fort de devenir protestant vous-même, car ces prières protestantes véhiculent forcément une doctrine protestante. Pie XII explique très bien tout cela dans sa magnifique encyclique sur la Liturgie "Mediator Dei". II. RAISONS PROFONDES DE NOTRE AMOUR DE LA LITURGIE TRADITIONNELLE Maintenant que nous avons rappelé quelques principes essentiels à la liturgie, voyons brièvement les raisons profondes de notre amour de la liturgie traditionnelle. Il y en a trois : théologique, liturgique et spirituelle. 1. Raison théologique Il existe trois aspects de la théologie de la messe, que la liturgie traditionnelle met particulièrement bien en valeur. 1er aspect théologique : Le caractère sacrificiel de la messe. Dans son encyclique sur l’Eucharistie « Ecclesia de Eucharistia », le pape saint Jean-Paul II rappelait avec force le caractère sacrificiel de la messe : « La messe, disait-il, est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au sang du Seigneur ». Association Notre Dame de Chrétienté

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Si un jour vous veniez à douter du caractère sacrificiel de la messe, alors étudiez cette encyclique ou, mieux encore, informez-vous sur la manière de célébrer la messe de Saint Padre Pio. Vous verrez alors que ce capucin stigmatisé revivait au cours de sa messe toute la passion du Christ : de l’agonie au Jardin des Oliviers, à la mise au tombeau. C’est vraiment impressionnant et même bouleversant. Signalons au passage que le Saint Padre Pio avait demandé et obtenu de Paul VI, le 17 février 1965, de garder la messe traditionnelle jusqu’à sa mort. Dans la messe traditionnelle, ce caractère sacrificiel est admirablement mis en valeur dans les prières de l’offertoire mais aussi dans bien d’autres prières. Il y a également tous les signes de croix faits par le prêtre, qui désignent la divine victime. Il y a aussi les baisers de l’autel où, précisément, le Christ va s’offrir lui-même, en victime à son Père. 2ème aspect théologique : La présence réelle. Tout catholique sait que dans une hostie consacrée, de par la transsubstantiation, Notre Seigneur est réellement présent avec toute son humanité et sa divinité. Cette présence réelle réclame de notre part un très grand respect et des gestes d’adoration. -

C’est pourquoi, à la messe traditionnelle, le prêtre fait une génuflexion avant et après avoir touché le corps du Christ ou le calice de son sang.

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C’est pourquoi aussi, le prêtre a l’obligation de garder le pouce et l’index de chaque main joints, de la consécration jusqu’à la purification de ses doigts, parce que ces doigts, qui ont tenu l’hostie consacrée, ont touché le corps du Christ et qu’il convient de ne pas risquer de les souiller ou de laisser échapper une parcelle de l’hostie.

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La communion sur la langue a également une grande importance. Ce n’est pas que la langue soit plus digne que les mains (on pèche autant, si ce n’est plus, par la parole que par le geste). Mais c’est en raison du fait que dans la moindre parcelle d’hostie, nous dit Saint Thomas d’Aquin, Notre Seigneur se trouve aussi présent que dans une hostie toute entière.

C’est donc pour éviter au maximum le risque de perdre des parcelles d’hostie, qu’à la messe traditionnelle, on donne toujours la communion dans la bouche et que l’on tient un plateau sous le menton de la personne qui la reçoit. La bienheureuse Mère Térésa a eu à ce sujet des paroles très vigoureuses : « La chose la plus horrible, disait-elle, dans notre monde aujourd’hui, c’est la communion dans la main » (23 mars 1989, The Wanderer, Pakistan). Voilà pourquoi Benoît XVI ne voulait donner la communion qu’à des fidèles se tenant à genoux et recevant l’hostie sur la langue. Association Notre Dame de Chrétienté

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3ème aspect théologique : le rôle du prêtre par rapport à celui des fidèles. Le prêtre, à la messe, a un rôle unique, car, pour reprendre la formule consacrée, il agit “in persona Christi”, c’est-à-dire que c’est le Christ qui agit à travers le prêtre. Le prêtre est alors un instrument au service du Christ, afin que ce dernier puisse réactualiser son sacrifice. Les fidèles, eux, ont pour rôle d’offrir la victime une fois immolée et non pas de réactualiser le sacrifice. Ils doivent aussi s’offrir eux-mêmes en union avec le Christ qui s’offre sur l’autel pour leur salut. Dans la messe traditionnelle ce rôle unique du prêtre est mis en valeur, en particulier, par le fait qu’à l’autel il est tourné vers le Seigneur et non pas vers les fidèles, sauf quand il les invite à prier. Le prêtre est alors le « pontife », celui qui fait justement le pont entre Dieu et les fidèles : il est tout à la fois celui qui prie Dieu au nom des fidèles et celui qui donne les dons de Dieu aux fidèles. 2. Raison liturgique Rassurez-vous, chers pèlerins, l’exposé sera beaucoup plus court. Benoît XVI, du temps où il était cardinal, a exprimé à de nombreuses reprises l’idée que la Liturgie est un don de Dieu que l’on doit recevoir et non pas que l’on peut fabriquer. Voici ce qu’il dit dans son livre "La célébration de la foi" : « Il faut constater que le nouveau missel, quels que soient tous ses avantages, a été publié comme un ouvrage réélaboré par des professeurs, et non comme une étape au cours d’une croissance continue. Rien de semblable, continue le cardinal, ne s’est jamais produit sous cette forme, cela est contraire au caractère propre de l’évolution liturgique ». D’où la grande idée de Benoît XVI de « la réforme de la réforme ». Pour lui, il faut libérer la messe traditionnelle, non seulement parce qu’elle est un rite vénérable qui doit avoir toute sa place dans l’Église, mais aussi pour qu’elle puisse servir de modèle à la réforme de la réforme. D'où son Motu Proprio "Summorum Pontificum" du 7 juillet 2007 sur l'usage du rite de la messe selon sa forme extraordinaire. 3. Raison spirituelle Là, il faudrait donner la parole à beaucoup d’entre vous, car nous sommes nombreux ici, à avoir été touchés et souvent retournés par cette messe traditionnelle. Non, le latin n’est pas un obstacle à la mission, bien au contraire, car il concourt à donner à la Liturgie un caractère sacré ! Et les gens, et surtout les jeunes, veulent du sacré, de l’authentique !

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La messe traditionnelle est véritablement un moyen extraordinaire pour toucher les âmes et les conduire à Dieu : - Combien de jeunes ont connu le catholicisme par la liturgie traditionnelle et ont reçu le baptême par la suite ; - Mais il y a aussi tous ceux, et ils sont nombreux, qui sont revenus à une vie franchement chrétienne et à une pratique fervente, en la découvrant. Tous pourraient témoigner des bienfaits spirituels de cette liturgie séculaire. Enfin, pour conclure, voici une anecdote : C’était il y a plusieurs années. Le Père Gy était venu au Barroux pour discuter avec Dom Gérard, alors abbé de cette Abbaye. Le père Gy était le grand spécialiste de la réforme liturgique, et il ne comprenait pas du tout notre attachement à l’ancienne liturgie. Il était persuadé que c’était pour des raisons purement intellectuelles, cérébrales. Alors Dom Gérard lui dit : « Mais, mon Père, notre attachement à la liturgie traditionnelle, ce n’est pas un mariage de raison, mais un mariage d’amour ! » Le Père Gy fut visiblement ému de cette réponse à laquelle il ne s’attendait pas, et déclara alors : « À cela, il n’y a plus rien à redire… » Chers pèlerins, gardons maintenant le silence pendant quelques instants, pour mieux réfléchir sur cette méditation. Citations « La tradition et l’expérience millénaire de l’église nous montrent que c’est la Foi, célébrée et vécue dans la liturgie, qui nourrit et fortifie la communauté des disciples du Seigneur.» Jean-Paul II, 11 mai 1991 « Je suis convaincu que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie. » Benoît XVI « Une ‘liberté’ sans frein, risquant de se perdre dans l’improvisation, n’est pas conciliable avec l’essence de la Foi de la liturgie. La grandeur de la liturgie, faut-il la répéter, tient justement au fait qu’elle échappe à l’arbitraire… Le repliement sur l’utilitaire n’a pas eu pour effet de rendre la liturgie plus ouverte, mais il l’a, au contraire, appauvrie. » Cardinal Ratzinger « On a voulu faire de la crise liturgique qui a sévi en Occident une crise de rite. Elle l’était, mais principalement comme le révélateur d’une crise plus profonde, plus grave, celle de l’intrusion de l’autonomie absolue de l’homme dans l’action liturgique. » Ph. Maxence (Introduction à "L’Enquête sur l’Esprit de la liturgie" du Cardinal Ratzinger)

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« Parce que les rites sont chargés d’une signification précise et profonde, un changement de rite peut déclencher une guerre, un schisme ou une hérésie (...) Le rite est une pensée en acte. Il est la pensée humaine incarnée dans un geste capable d’une intense force d’expression comme la plus exquise délicatesse mentale. » Un moine Bénédictin « S’il fallait résumer tous les bienfaits que nous apporte la fréquentation quotidienne de la prière publique de l’Église, on devrait la résumer à quatre points essentiels : - Le rappel incessant de la transcendance divine, - Le pouvoir attrayant de la beauté de la liturgie, - Le sens de l’Église, - L’éducation de l’homme intérieur. » Un moine bénédictin, dans les quatre bienfaits de la liturgie. « Si nous voulons saisir vraiment le secret de la liturgie, il nous faut voir avant tout en elle un chant du Ciel » Un moine bénédictin, dans "découvrir la Messe" Extraits des livres de Monseigneur Klaus Gamber, "la Réforme liturgique" (1978) et "Tournés vers le Seigneur" (1987) ed. Ste Madeleine : -

« On s’accorde en général à considérer que, d’une manière ou d’une autre, un renouvellement, mais surtout en enrichissement du rite romain, en grande partie figé depuis le Concile de Trente en une sorte de rubricisme, était devenue nécessaire. On s’accorde aussi largement que la Constitution sur la Sainte liturgie promulguée par le deuxième Concile du Vatican correspond, au bien des points, aux demandes légitimes de la pastorale actuelle. En revanche, le jugement porté sur les réformes effectivement réalisées ne fait, en aucune manière, l’unanimité, en particulier en ce qui concerne les nouveaux livres liturgiques élaborés à l’issu du Concile par un groupe des spécialistes. » « …il y a coïncidence entre la doctrine et certaines formes de la piété. Pour beaucoup, modifier les formes traditionnelles signifie modifier la foi. (…) Au lieu du renouvellement de l’Église et de la vie ecclésiale attendue, nous assistons à un démantèlement des valeurs de la foi et de la piété qui nous avaient été transmises » « S’y ajoute, sous le signe d’un œcuménisme mal compris, un effrayant rapprochement avec les conceptions du protestantisme et, de ce fait, un éloignement considérable des veilles Églises d’Orient. (…)

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On ne s’est pas contenté de quelques réformes judicieuses et nécessaires, on a négligé la recommandation du Concile en l’article 23 de la Constitution sur la liturgie : « On ne fera des innovations que si l’utilité de l’Église exige vraiment et certainement » On a voulu davantage : on a voulu se montrer ouvert à la nouvelle théologie si équivoque, ouvert au monde d’aujourd’hui. » « La langue est un élément de la patrie. La patrie liturgique possède elle aussi une langue déterminée, celle-ci n’est cependant jamais la langue de tous les jours. » -

« Il ne suffit pas de parler sans arrêt de ce que le sacrifice de la messe a de sublime, il faut bien plutôt tout faire pour mettre en évidence aux yeux des hommes la grandeur de ce sacrifice à travers la célébration ellemême, à travers l’agencement artistique de la maison du Seigneur, spécialement de l’autel. »

Qui est Monseigneur Klaus Gamber ? Docteur en philosophie et en théologie, membre d’honneur de l’Académie Pontificat de liturgie, Monseigneur Gamber fonda l’Institut liturgique de Ratisbonne et en resta le directeur jusqu’à sa mort. Le catalogue de ses écrits compte 361 titres. Le Cardinal Ratzinger disait de lui : « Gamber, avec la vigilance d’un authentique voyant et l’intrépidité d’un vrai témoin, s’est opposé à la falsification de la liturgie et nous a enseigné inlassablement la vivante plénitude d’une liturgie véritable ». Extraits des préfaces des deux livres cités : « Après plus de vingt ans d’après-concile, la publication en langue française des études scientifiques de Mgr. Klaus Gamber est un évènement de première importance. » Cardinal Oddi . « Ce qui fait l’importance de ce livre, c’est surtout le substrat théologique mis à jour par ses savantes recherches. Cette orientation de la prière exprime le caractère théocentrique de la liturgie » Cardinal Ratzinger. Extrait du livre de Monseigneur Nicola Bux, "la Réforme de Benoît XVI : la liturgie entre innovation et tradition". « Il est étrange que ceux qui ont fait de Jean XXIII le symbole du progressisme s’opposent au missel romain que ce pape a mis à jour, et qui est maintenant remis en vigueur. L’existence des deux missels montre que, au-delà des formes, l’identité de l’Église demeure la même » « On substitue, de nos jours, au rubricisme et au légalisme d’autrefois, l’anarchie et l’illégalité, qui sont bien pires. L’obéissance à la sainte liturgie est la mesure de notre humilité » Association Notre Dame de Chrétienté

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« L’effondrement de la liturgie commence lorsqu’elle n’est plus comprise et vécue comme un acte d’adoration de la Très Sainte Trinité en Jésus-Christ, ni comme la célébration de toute l’Église Catholique et pas seulement la célébration d’une communauté locale. Le phénomène de la créativité liturgique se cache derrière le relativisme doctrinal » « Pour comprendre correctement le motu proprio [Summorum Pontificum de 2007 libéralisant l’usage de la forme extraordinaire du rite romain], il faut le considérer comme un développement en continuité avec toute la tradition de l’Église » « Les abus dans le domaine de la liturgie, et donc sa dégradation, sont les symptômes du vide spirituel actuel, et nous voudrions indiquer la voie qui permettra à la fois de restaurer l’esprit de la liturgie, comme signe de l’unité de la foi apostolique et catholique, et aussi de promouvoir un débat sérieux et un chemin d’éducation » « Le culte catholique est passé de l’adoration de Dieu à l’exhibition du prêtre, des ministres et des fidèles. La piété a été abolie, y compris le mot lui-même » « Ratzinger souhaite qu’on retrouve "la tradition apostolique de l’orientation vers l’Est des édifices chrétiens et aussi de l’action liturgique là où c’est possible". » « Le prêtre doit avoir conscience que ce n’est pas lui-même, et encore moins ses idées qu’il doit mettre au premier plan, mais seulement le Christ » « On a réussi à imposer les applaudissements…Ratzinger a donc raison quand il dit : "Quand les applaudissements font irruption dans la liturgie, c’est un signe très sûr qu’on a perdu l’essence de la liturgie, et qu’on l’a substitué par une sorte de divertissement de type religieux". » « …la liturgie comporte le silence, qui est fondamental pour pouvoir se mettre à l’écoute de Dieu, qui parle à notre cœur. L’âme n’est pas faite pour le bruit et les discussions, mais pour le recueillement ; et il est vrai que le bruit nous gêne. » Qui est Monseigneur Nicola Bux ? Consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et de la Congrégation pour les causes des saints, Monseigneur Bux est professeur de liturgie et théologie sacramentaire à l’Institut de théologie de Bari (Italie) et, depuis septembre 2008, consulteur au Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife. Préface de son livre "La réforme de Benoît XVI" : « Le mérite de Nicola Bux est de fonder, sans détour et textes à l’appui, les convictions exprimées par le Saint-Père dans sa lettre accompagnant le motu proprio. » Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, 2009. Association Notre Dame de Chrétienté

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Extrait du livre de l’Abbé Claude Barthe, "La Messe à l’endroit : un nouveau mouvement liturgique". « Une grande extension de la liturgie tridentine, d’une part, et la réforme de la réforme, d’autre part, dont l’objet est d’opérer une transmutation de l’intérieur de la liturgie de Paul VI, ont partie liée. » « Comme le disait Nicola Bux [entretien avec l’Abbé Barthe le 28 avril 2008] : "Ce ne sera que par une large diffusion de l’ancienne Messe que cette ‘contagion’ de l’ancien sur le nouveau rite sera possible. C’est pour cela que réintroduire la Messe ‘classique’, si vous me permettez l’expression, peut constituer un facteur de grand enrichissement. Il faut donc mettre en œuvre une célébration festive régulière de la Messe traditionnelle, au moins dans chaque cathédrale du Monde, mais même dans chaque paroisse" ». « La réforme de la réforme suppose impérativement la présence de cet aiguillon [la liturgie tridentine] ; de même aussi que la liturgie ancienne ne peut espérer une réimplantation significative dans les paroisses ordinaires sans la disposition que peut créer la réforme de la réforme. » Qui est l’Abbé Barthe ? Auteur de nombreux ouvrages de réflexion et de chroniques religieuses sur la crise actuelle et sur la liturgie romaine, l’Abbé Barthe expose dans son livre "La Messe à l’endroit : un nouveau mouvement liturgique" sa conviction que le projet de la réforme de la réforme souhaitée par le Très Saint Père, ne peut se réaliser sans la colonne vertébrale que constitue la célébration la plus large possible selon le missel traditionnel, mais que cette dernière ne peut espérer se réinsérer massivement dans les paroisses ordinaires sans la recréation d’un milieu vital opéré par la réforme de la réforme qui pour lui tient en cinq points : - la réintroduction importante de l’usage de la langue liturgique latine - la distribution de la communion selon le mode traditionnel - l’usage de la première prière eucharistique - l’orientation de la célébration vers le Seigneur - l’usage, en silence, de l’offertoire traditionnel. Bibliographie -

« Mediator Dei », encyclique, Vénérable Pie XII, 1947 « Ecclesia de Eucharistia », encyclique, Bienheureux Jean-Paul II « Summorum Pontificum », motu proprio, Benoît XVI, 2007 Instruction « Universae Ecclesiae » de la Commission Ecclesia Dei, 2011(document joint page) Catéchisme de l’Église Catholique (CEC, 1066-1209) « La Célébration de la Foi », Cardinal Ratzinger, Téqui 1985 « Un Chant nouveau pour le Seigneur », Cardinal Ratzinger, Desclée 1995 « Introduction à la liturgie », Martimort, Desclée 1983-1984 Association Notre Dame de Chrétienté

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« Regards sur la liturgie et la modernité », Nicols O.P., Ad Salem 1998 « La réforme liturgique en question », Mgr. Gamber, Ste Madeleine-Le Barroux1992 « Tournés vers le Seigneur », Mgr. Gamber, Ste Madeleine-Le Barroux 1993 « L’Esprit de la liturgie », Cardinal Ratzinger, Ad Salem 2001 « Autour de la question liturgique », Actes des journées liturgiques de Fontgombault avec le Cardinal Ratzinger 2001 « Enquête sur l’Esprit de la liturgie », sous la direction de Ph. Maxence, l’Homme Nouveau 2002 « Bref examen critique du nouvel ordo missae » des cardinaux Ottaviani et Bacci (1969). Nelle édition préfacée par le Cardinal Stickler pour l’année de l’Eucharistie. Ed. Renaissance Catholique 2004. « La réforme de Benoît XVI : la liturgie entre innovation et tradition », Monseigneur Nicola Bux, Tempora 2008 « La Messe à l’endroit : un nouveau mouvement liturgique », Abbé Claude Barthe, L’Homme Nouveau 2010 « Réflexion sur la Messe traditionnelle », sous la direction d’Oremus 2001 « La liturgie », Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, Tu es Petrus 1998 « Quatre bienfaits de la liturgie », un moine bénédictin, Sainte MadeleineLe Barroux 1995 « Découvrir la Messe », un moine bénédictin, Sainte Madeleine-Le Barroux 1996 « La Sainte liturgie », un moine bénédictin, N-D de Fontgombault 2000 « La Messe commentée », Notre-Dame de Fontgombault 1992 « La communion dans la main », Monseigneur Laise « La Messe traditionnelle, pourquoi ?», Oremus « Le Sacrifice de la messe dans la nouvelle catéchèse », AFS « La nouvelle Messe », Louis Salleron « Padre Pio, le stigmatisé », Yves Chiron

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LA CONSÉCRATION À NOTRE-DAME Méditation Chers pèlerins, ce soir, ceux d'entre vous qui le désirent sont invités à se consacrer à Notre-Dame. I. MAIS QU'EST-CE QU'UNE CONSÉCRATION ? On consacre un calice, pour qu'il ne puisse plus être utilisé qu'à célébrer la Messe. Un bébé est consacré au Seigneur par les rites du baptême, qui chassent de son âme le péché originel et le libèrent de l'esclavage de Satan. II. POURQUOI UNE NOUVELLE CONSÉCRATION ? Mais, direz-vous, si notre âme a été consacrée à Dieu par le baptême, pourquoi effectuer une nouvelle consécration ? Parce que nous sommes rarement fidèles aux promesses de notre baptême. Nous tombons facilement dans les pièges et les traquenards du démon. Les tentations gardent pour nous un attrait certain. Nous ne fuyons pas les occasions, les lieux, les personnes dont nous savons pourtant qu'ils nous entraînent au mal. Nous tolérons les critiques trop faciles sur le prochain, les regards impurs. Nous négligeons nos devoirs de prière, etc… Ce qui nous manque le plus, c'est donc la ferme volonté de demeurer désormais fidèles à nos promesses. Or, en renouvelant notre consécration, nous raffermissons notre volonté. III. MAIS, POURQUOI SE CONSACRER À MARIE ? Nos fautes commises après le baptême, nous ont appris à nous défier de nousmêmes. Nous sommes faibles. Nous avons péché si souvent que nous n'osons nous présenter directement devant notre Père du ciel. Alors, nous faisons comme le petit enfant qui se blottit dans les jupes de sa mère. Car Marie est notre Mère, et une très bonne mère. Association Notre Dame de Chrétienté

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En effet, au moment de mourir, « Jésus, voyant sa mère et, se tenant près d'Elle, le disciple qu'Il aimait, dit à sa Mère: "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple: "Voici ta Mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne ». (Jn XIX, 26-27). Alors, pourquoi nous consacrer à Marie ? Eh bien, tout simplement, pour mieux appartenir à Dieu. IV. QUELS ENGAGEMENTS FAUT-IL PRENDRE ? Chers pèlerins, par la Consécration à Marie, vous imiterez saint Jean, et vous choisirez Marie pour votre Mère. Vous vous mettrez ainsi à son service, comme un chevalier servant. Pour sceller cet engagement, vous pourrez à l'avenir décider de réciter chaque jour le Chapelet ou au moins une dizaine. Excellente résolution ! Autres résolutions souhaitables : - Prenez Marie pour modèle et demandez-vous, chaque fois que vous devrez choisir : « Qu'aurait-Elle fait à ma place ? » - S'il vous arrive de trouver les épreuves de la vie trop dures, offrez-lui vos épreuves. Présentées à son Fils par ses mains, ces épreuves prendront de la valeur, et vous verrez combien elle saura vous rendre les croix plus légères à porter. - Enfin, confiez-lui souvent vos joies et vos peines dans un grand abandon. La devise fameuse ne ment pas : « Un serviteur de Marie ne périt jamais. Sa Mère a soin de lui ». Maintenant, chers pèlerins, lisons ensemble la consécration à Marie de Saint Maximilien Kolbe, qui sera faite ce soir au bivouac de Gas, afin que ceux qui veulent faire cette consécration ou la renouveler puissent bien s'y préparer (voir livret du pèlerin) : Acte de consécration de Saint Maximilien Kolbe «Daignez recevoir ma louange, Ô Vierge bénie ! Immaculée Conception, Reine du Ciel et de la terre, Refuge des pécheurs et Mère très aimante, à qui Dieu voulut confier l’ordre de la miséricorde. Je me prosterne devant Vous, moi, N… [Dire son nom silencieusement], pauvre pécheur que je suis, je vous supplie humblement d’accepter mon être tout entier, comme votre bien et votre propriété, et d’agir en moi et en toutes les facultés de mon âme et de mon corps, en toute ma vie, ma mort et mon éternité, comme il Vous plaira. Disposez de moi comme Vous le désirez, pour réaliser ce qui est écrit de Vous "Elle écrasera la tête du serpent ", et, encore, "Vous seule vaincrez les hérésies dans le monde entier. Association Notre Dame de Chrétienté

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Qu’en vos mains toutes pures et si riches de miséricorde, je sois un instrument docile, pour Vous faire connaître et aimer de tant d’âmes tièdes ou égarées. Ainsi s’étendra le Règne du divin Cœur de Jésus. En vérité, là seulement où vous venez, s’obtient la grâce de la conversion et de la sanctification des âmes, parce que toutes les grâces jaillissent du divin Cœur de Jésus et s’écoulent sur nous en passant par vos mains maternelles.» Prière de consécration à la Ste Vierge d’un enfant nouvellement baptisé « Sainte Vierge Marie, vous que Jésus nous a donnée comme mère au calvaire, nous vous présentons cet enfant que Dieu nous a confié. Par le baptême, il est devenu frère de Jésus-Christ : nous vous l’offrons, nous vous le consacrons, nous le confions à vos soins, à votre tendresse et à votre vigilance maternelles. Que par votre intercession Dieu le protège dans son corps et le défende dans son âme ; s’il venait à s’égarer, poursuivez-le de votre amour maternel, et ramenez-le pour qu’il obtienne de votre Fils le pardon et renaisse à la vie. Et nous, son père et sa mère, aidez-nous dans la tâche que nous aurons désormais à remplir auprès de lui. Aidez-nous à lui transmettre les enseignements de la foi, à lui apprendre à vivre selon la loi du Christ, afin qu’un jour nous soyons tous réunis dans la maison du Père, dans l’intimité de votre Fils, et dans la joie du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.» Et après cette lecture, nous garderons le silence, comme nous le faisons à la fin de chaque méditation. Citation « Voulons-nous devenir riches des biens du ciel ? Allons à Marie, nous trouverons auprès d'elle toutes les grâces que nous pouvons désirer : grâces d'humilité, de pureté, de chasteté, d'amour de Dieu et du prochain, de mépris de la terre et de désir du ciel.» Saint Curé d’Ars Bibliographie -

« Les Gloires de Marie » de Saint Alphonse de Liguori, éd. Saint Paul, 1989. « Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » de Saint Louis-Marie Grignion de Monfort, éditions du Seuil, 1966. « Mon idéal, Jésus fils de Marie », Père E. Neubert, éd. X. Mappus. « Contempler Marie », Dom Jean Roy. éd. du Cèdre, 1980. « Marie, Reine et Mère », Dom Édouard Roux. Abbaye de Fontgombault.

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L’ADORATION DE L’EUCHARISTIE Méditation Chers pèlerins, Ce soir, nous serons rassemblés pour une veillée d’adoration devant le Saint Sacrement exposé. Ce doit être, pour nous, un « temps fort » de ce pèlerinage. Et il le sera, si vous nous y préparons soigneusement. Nul n’irait à un rendezvous important sans s’être habillé en conséquence, sans avoir réfléchi à la conversation à tenir. Eh bien, Sainte Thérèse d’Avila nous enseigne que l’oraison est « un entretien d’amitié, seul à seul avec ce Dieu dont nous nous savons aimés » (Vie 8, 5)… On n’improvise jamais une rencontre avec le plus grand des amis… « On s’habille le cœur » comme dit Saint-Exupéry. I. MAIS QU’EST-CE IMPORTANT ?

QUE

L’ADORATION ?

EST-CE

SI

Oui ! C’est très important, car Dieu en a fait son premier commandement « C’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. » (Mt IV, 10) Adorer est un acte de l’esprit qui reconnaît en Dieu son Créateur, et donc le souverain Seigneur de sa vie. Cet acte ne peut s’adresser qu’à Dieu, car tout, absolument tout, lui appartient de droit : nos personnes, nos biens, le temps qu’Il nous donne à vivre… nous avons tout reçu, nous recevons tout de Dieu à chaque instant. Sans lui, nous ne serions rien ! Nous ne nous appartenons pas, nous rappelle Jésus : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien car je le suis » (Jn XIII, 13) L’homme moderne ne sait plus adorer ; il ne veut pas "perdre de temps" avec Dieu, car, à quoi cela sert-il ? Mais quand un enfant va se blottir auprès de sa maman, se demande-t-il à quoi cela sert ? Regrette-t-il de perdre du temps ? Non. C’est pour lui le plus doux des moments. Association Notre Dame de Chrétienté

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C’est un besoin de son cœur d’enfant et la plus grande joie qu’il puisse offrir à sa mère. Dans ces instants bénis, gratuits, se tissent des liens éternels. Dieu lui-même, dans la Bible, se compare à une mère : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux » (Isaïe LXVI, 13-12) Ou encore : « Une mère oublie-t-elle son petit enfant ? Est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » (Isaïe XLIX, 15) II. QUE FAIRE DEVANT LE SAINT SACREMENT EXPOSÉ ? Commençons notre adoration par un examen de conscience, sous le regard de Dieu. Demandez-vous loyalement si nous ne sacrifions pas aux idoles. Ne serions-nous pas esclave de l'un de ces faux dieux qui empêchent d'être totalement livrés au vrai Dieu : argent, télévision, internet, voiture, plaisirs défendus, loisirs effrénés (rallye sur rallye, soirée sur soirée), course au succès…etc. Chers pèlerins, faisons alors un bon acte de contrition : brisons notre cœur. Puis, dans le silence, laissez la parole au Seigneur Jésus réellement présent dans l'Hostie. Il nous parlera au cœur, comme il s’entretint avec Moïse au Buisson ardent « Comme un homme parle à son ami » (Ex. XXXIII, 11). III. QUE NOUS DIRA JÉSUS ? D’abord, il nous appellera par notre nom, car, nous avons beau être des milliards d’hommes, Il connaît chacun d’entre nous par son nom. Jésus est notre Bon Pasteur : «Il appelle ses brebis une à une» (Jn X.3). Oui, Dieu a quelque chose de particulier à dire à chacun d’entre nous. Oui, Jésus a quelque chose à nous dire, à nous personnellement, qui que nous soyons : enfant, adolescent, fiancé(e), époux ou épouse, parent ou célibataire, souffrant ou bien-portant, pécheur ou disciple fervent, heureux ou malheureux. Répondons-lui alors simplement : « Parle, Maître », et tenonsnous à ses pieds, comme Marie de Béthanie qui écoutait sa Parole. (Lc X, 39) Chers pèlerins, n'hésitons pas, à ce moment de l'adoration, à utiliser les textes qui nous sont proposés dans notre livret du pèlerin. Jésus s'y adresse à nous en des paroles simples et aimantes. IV. QUE POUVONS-NOUS LUI DONNER EN RETOUR ? S’adressant à la samaritaine, Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ! » (Jn IV, 7). Cette demande s’adresse aussi à nous. Mais, que veut dire par là le Seigneur ? Tout ne lui appartient-il pas déjà ? Ce que Jésus nous demande, c'est notre cœur : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Office du Sacré-Cœur / Prov. XXIII, 26). Association Notre Dame de Chrétienté

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Car Dieu désire, d’un désir infini, cette réponse libre de notre amour. Feronsnous la sourde oreille ? Refuserons-nous notre amour au Seigneur Jésus qui est mort sur la croix pour le conquérir ? Si pauvres que nous soyons, nous pouvons faire la joie de Dieu en lui donnant notre cœur. Dieu s'occupe du reste… Il purifie, Il sanctifie, Il verse sa Joie Divine dans nos âmes, parce que l’amitié est joie partagée. Par ce Cœur à cœur, nous entrons en effet dans cette intimité de l’amitié divine. « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » disait Notre-Seigneur à ses apôtres au soir du Jeudi-Saint (Jn XV, 15). Cette amitié nous est ouverte. En gage de quoi, Jésus nous fait le plus grand des dons : le don même de son Esprit-Saint, reçu par les apôtres au Cénacle, que l’Église fête en ce jour de Pentecôte. V. UNE DÉMARCHE TOUTE SIMPLE, QUI APPORTE BEAUCOUP Chers pèlerins, vous le voyez, une adoration est quelque chose de tout simple. Et soyez-en convaincus, on y reçoit beaucoup… Plus nous y ouvrirons notre âme, plus Jésus y versera. Montrons-nous donc très simples avec lui. Demandons-Lui tout ce dont nous avons besoin. Disons-lui, par exemple, comme l’Abbé Berto le conseillait à une petite fille: « Jésus, j’ai telle démarche à faire ; comment faut-il que je la fasse pour qu’elle soit selon vous ? J’ai tel sentiment dans le cœur, cela vous plaît-il ? J’ai tel projet ; pensez-vous qu’il soit bon ? » Et, comme l’Abbé Berto l'assurait avec raison, « Jésus répond toujours… » Et si nous ne savons vraiment quoi dire à Jésus, rappelons-nous l'histoire bouleversante de ce petit garçon philippin. C'était un de ces milliers d'enfants des rues qui vivent d'ordures ramassées dans les décharges ou de petits travaux. Un jour d'épouvantable épreuve où il avait été victime de violence, le père Thomas, missionnaire, entra dans la chapelle déserte. L'enfant, se croyant seul, était monté jusqu'à l'autel et il tenait l'ostensoir embrassé. Il savait que dans son malheur, un seul pouvait le secourir : Jésus, son Dieu et son ami. Nous aussi, tenons embrassés les pieds de Jésus, notre Sauveur. Chers pèlerins, méditons en silence cette histoire bien touchante et préparons notre cœur à cette rencontre de ce soir avec Jésus Hostie.

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Bibliographie - Catéchisme de l'Église Catholique (CEC) : Chapitre sur le 1er commandement - Lettre encyclique « Ecclesia de Eucharistia », Bx Jean-Paul II éd.Téqui, - « Sacramentum Caritatis », Benoît XVI, éd. Téqui - « Prières de Saint Thomas d’Aquin », Presses de Sainte Radegonde - « Imitation de Jésus-Christ » Livres III et IV éd. Foi Vivante - « La doctrine spirituelle de Sœur Élisabeth de la Trinité », Père Philipon o.p., éd. Desclée de Brouwer - « Chemin vers le silence intérieur », Edith Stein, éd. Parole et Silence - « De l’Eucharistie à la Trinité » Père Bernadot o.p., éd. Foi Vivante - « Les sept paroles du Christ en Croix » Cardinal Journet, éd. Foi Vivante - « Cent lettres sur la prière » Père Caffarel, éd. du Feu Nouveau

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LA TRADITION Méditation Chers pèlerins, Nous marchons vers Notre-Dame de Chartres et vous participez aujourd’hui au pèlerinage de Notre Dame de Chrétienté dont l’un des 3 piliers fondateurs est « la Tradition ».

I.

MAIS CONNAISSEZ-VOUS LA SIGNIFICATION DE CE MOT SI IMPORTANT DE TRADITION ?

La Tradition à laquelle nous nous référons ici s’écrit avec un grand T. Elle s’apparente aux traditions humaines, familiales, de notre terroir ou de notre patrie, qui correspondent à des manières d’être et d’agir, à des usages et des coutumes, transmis dans un groupe humain sur un long espace de temps. Ainsi, toute tradition comporte deux éléments fondamentaux : - à la fois un héritage, - et le fait qu’il soit transmis, génération après génération. Pour nous catholiques, la Tradition ne doit pas être comprise comme se suffisant à elle-même ou déconnectée du reste, bien au contraire. Dans la transmission du dépôt révélé, l’institution divine nous apprend que trois éléments étroitement liés, voir imbriqués et cependant distincts, interviennent: - la Tradition - l’Écriture Sainte - le Magistère de l’Église.

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II. QUE DÉSIGNE LE MOT « TRADITION » ? Il désigne d’abord la transmission continue dans l’Église de la doctrine divine achevée avec le Christ et les Apôtres, c’est à dire du dépôt révélé. Cette transmission s’accomplit par deux voies : - l’Écriture Sainte, - la prédication orale (dans laquelle le Magistère joue un rôle principal) et la foi de l’Église (2Th 2,15). C’est souvent cette seconde voie qui, dans un sens plus strict, est appelée « Tradition »: c’est-à-dire la transmission de la Révélation par un moyen distinct de la Sainte Écriture.

III. POURQUOI EXISTE-IL UN LIEN ÉTROIT ENTRE ÉCRITURE ET TRADITION ? La Tradition apostolique transmet en effet non seulement la prédication orale du Christ et des Apôtres, mais encore l’Écriture Sainte elle-même. C’est l’occasion de rappeler que les livres du Nouveau Testament furent écrits après l’institution de l’Église par Notre Seigneur : la Tradition courrait avant même la rédaction des épîtres ou des évangiles. Ce lien entre l’Écriture Sainte et la Tradition est essentiel. Il ne faut donc pas les opposer, ou choisir l’une au dépend de l’autre, comme le firent les protestants qui isolèrent la Sainte Écriture, au point de rejeter, par contrecoup, la Tradition ; cela devint chez eux comme un slogan : Sola Scriptura. En réalité, la Parole de Dieu écrite doit se comprendre en lien avec la Tradition divinement instituée, seule en mesure d’offrir les clefs de sa juste interprétation : elles sont ensemble les deux sources sacrées du dépôt de la foi. La transmission multiséculaire du dépôt révélé par la prédication et à travers toute la vie de l’Église a laissé certains témoins où nous pouvons toujours puiser : on a coutume d’appeler cela les monuments de la Tradition. Il s’agit en priorité des actes et écrits des Apôtres, des papes, des conciles et des évêques. Mais il faut encore mentionner les témoignages de l’archéologie et de l’histoire, de la littérature chrétienne et de l’art sacré. On remarquera que la liturgie, parce qu’elle est un signe permanent de l’apostolicité de l’Église et qu’elle rattache le culte chrétien aux rites apostoliques, est « un élément constituant de la sainte et divine Tradition » (Dei Verbum 8).

IV. QU’APPELLE T-ON « TRADITION VIVANTE » ? Cette expression est utilisée lorsque le Magistère, infailliblement assisté dans sa réception et son interprétation authentique des monuments de la Tradition, continue à transmettre de manière ininterrompue le dépôt révélé. 113 Association Notre Dame de Chrétienté

Cette transmission s’accompagne d’ailleurs d’un approfondissement de ce qui a toujours été contenu dans la Révélation elle-même, quoique de manière parfois implicite. On peut dire qu’il y a de nouveaux dogmes, de nouvelles définitions, mais pas de nouvelles vérités : car toute notre foi est contenue dans le dépôt révélé. Cette meilleure intelligence du dépôt a pu être décrite comme un développement progressif et homogène du dogme. On en a un exemple relativement récent avec la proclamation du dogme de l’Assomption de la Sainte Vierge en 1950, par le pape Pie XII. En revanche, l’expression « Tradition vivante » ne peut signifier ni l’évolution de la vérité elle-même, ni l’adjonction de vérités nouvelles au dépôt révélé : cela s’opposerait au caractère définitif de la Révélation divine, et à l’absoluité de la Parole de Dieu, qui est immuable, comme Dieu lui-même.

V. L’EXPRESSION « HERMÉNEUTIQUE DE LA RUPTURE » EST PARFOIS UTILISÉE, DE QUOI S’AGIT-IL ? Cette expression a été utilisée par le pape Benoît XVI au début de son pontificat dans un discours à la curie, il s’agit d’une interprétation des vérités de la foi catholique, rejetant la compréhension traditionnelle de la Révélation et de son enseignement doctrinal autant que moral. Le pape émérite fait référence à l’attitude de certains dans l’Église après la seconde guerre mondiale, et surtout à la suite du concile Vatican II qui voulaient « revenir » à une Sainte Écriture supposée pure et inaltérée, en sautant à pieds joints sur 2000 ans de transmission fidèle et féconde. Cette volonté de s’émanciper de la Tradition de l’Église et d’un Magistère jugé contraignant est à l’origine d’un vent de folie qui ne fut pas sans troubler de nombreux fidèles. Le cardinal Journet (1891-1975) écrivait d’ailleurs que « la liturgie et la catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la foi». Il rejoignait dans ce triste constat la demande qui, par la voix de Jean Madiran (1920-2013), s’était élevée dans le peuple chrétien : « Rendez-nous l’Écriture, le catéchisme, et la messe ». Combien d’expérimentations novatrices, tant au plan des traductions bibliques, de la rédaction des nouveaux parcours catéchétiques, que des célébrations liturgiques innovantes se multiplièrent en fait, dans une totale ignorance, voire un rejet assumé de la Tradition de l’Église.

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Il faut d’ailleurs saluer les efforts successifs : - du Cardinal Joseph Ratzinger, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, aura travaillé à la publication d’un catéchisme universel, puis entrepris la correction de la traduction fautive des textes sacrés ; - puis de Benoit XVI enfin, qui publiera le Motu Proprio Summorum Pontificum, destiné à libéraliser la célébration de la sainte messe selon le rite romain dans sa forme antique, cette « forme extraordinaire », mieux connue sous le nom de rite traditionnel. L’une des grandes raisons de notre attachement à ce rite, outre « l’usage vénérable et antique » d’une liturgie dont Benoît XVI a rappelé qu’elle ne fût jamais abrogée, témoignant ainsi d’une tradition ininterrompue, est sa réelle aptitude à exprimer très adéquatement le mystère de la messe. Nous voyons que cette aspiration à défendre la Tradition immémoriale de l’Église n’est autre que l’impérieux devoir de préserver cet héritage reçu des apôtres, conservé intact et approfondi sous l’assistance divine tout au long des siècles. La Tradition, c’est la vie même de la Sainte Église. C’est précisément en réaction à la crise de l’Église que le pèlerinage NotreDame de Chrétienté a été créé pour retrouver, conserver et continuer de transmettre l’héritage immémorial de la foi catholique et d’un agir, personnel et social, qui s’en réclame. La Tradition n’est pas l’attachement sclérosé au passé : elle est, dans l’Église, la source vivifiante d’une foi, authentique et fidèle, en Jésus-Christ. En manifestant notre attachement à la Tradition pérenne de l’Église, soyons conscients, chers pèlerins, qu’elle n’est pas notre propriété, que nous ne sommes pas là pour la « sauver » ; mais bien pour recevoir d’elle l’enseignement salutaire de Notre Seigneur Jésus-Christ. COMPENDIUM DU CATÉCHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE 11. Pourquoi et comment doit se transmettre la révélation divine ? Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Tm 2,4), c’est-à-dire de Jésus-Christ. C’est pourquoi il est nécessaire que le Christ soit annoncé à tous les hommes, selon son propre commandement : « Allez et enseignez toutes les nations » (Mt 28,19). Cela se réalise par la Tradition apostolique.

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12. En quoi consiste la Tradition apostolique ? La Tradition apostolique est la transmission du message du Christ, qui s’accomplit depuis les origines du christianisme, par la prédication, le témoignage, les institutions, le culte, les écrits inspirés. Les Apôtres ont transmis à leurs successeurs, les Évêques, et, à travers eux, à toutes les générations, jusqu’à la fin des temps, ce qu’ils ont reçu du Christ et qu’ils ont appris de l’Esprit-Saint. 13. Comment se réalise la Tradition apostolique ? La Tradition apostolique se réalise de deux manières : par la transmission vivante de la Parole de Dieu (appelée plus simplement Tradition) et par la Sainte Écriture, qui est la même annonce du salut, consignée par écrit. 14. Quel rapport existe-t-il entre la Tradition et la Sainte Écriture ? La Tradition et la Sainte Écriture sont liées et communiquent étroitement entre elles. En effet, l’une et l’autre rendent le mystère du Christ présent et fécond dans l’Église, et elles jaillissent d’une source divine identique. Elles constituent un seul dépôt sacré de la foi, où l’Église puise sa certitude concernant tout ce qui est révélé. 15. A qui est confié le dépôt de la foi ? Depuis les Apôtres, le dépôt de la foi est confié à l’ensemble de l’Église. Avec le sens surnaturel de la foi, le peuple de Dieu tout entier, assisté de l’EspritSaint et guidé par le Magistère de l’Église, accueille la Révélation divine, la comprend toujours plus profondément et s’attache à la vivre. Bibliographie -

Constitution « Dei Verbum » sur la révélation divine, Concile Vatican II Catéchisme de l’Église Catholique, § 75 à 83, 109 à 120, 174, 1124 à 1126, 2650 à 2651. Motu Proprio « Summorum Pontificum », 2007 Instruction « Universae Ecclesia », 2011 (document joint page …) Voir citations et bibliographie de la méditation : « Pourquoi aimer la messe traditionnelle ? ».

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LA CHRÉTIENTÉ Méditation Chers pèlerins, Sur la route de Chartres, on entend beaucoup parler de Chrétienté : pèlerinage de Chrétienté, Notre-Dame de Chrétienté… De quoi s’agit-il ? Pour répondre à cette question, plutôt qu’un exposé, je vous propose un bref dialogue sur la route, entre un nouveau pèlerin et un ancien pèlerin, par exemple son chef de chapitre. Nouveau pèlerin : - Pourquoi l’association N.D.C. insiste-t-elle tant sur la Chrétienté ? Ancien pèlerin : - Tout simplement, parce que la Chrétienté est le modèle de société qui permet à chaque individu, qui le veut, de faire le plus aisément possible son salut sur terre. - D’accord, mais qu’est-ce que la Chrétienté ? - C’est une question à la fois très simple et très compliquée. Néanmoins, pour être concis, on peut dire qu’une chrétienté, c’est une société qui vit ou, plus exactement, essaie de vivre selon l’Évangile.

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C'est-à-dire ? Eh bien, vivre selon l’Évangile, c’est appliquer les principes qui s’y trouvent. Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu "accomplir", au sens de rendre définitive, la loi qui nous vient de l’Ancien Testament. Et Il l’a complétée avec un commandement nouveau, celui de l’Amour. Donc, vivre selon l’Évangile, c’est vivre en appliquant les commandements de Dieu (Les dix commandements), à la lumière du commandement nouveau : la Charité. 117 Association Notre Dame de Chrétienté

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D’accord, mais alors ce n’est bon que pour les chrétiens ! Pas du tout ! Dieu a mis, dans l’âme de tout homme une loi qu’on appelle la loi naturelle. C’est la loi qui, naturellement, quelle que soit notre religion, nous fait, par exemple, protéger les faibles, aimer la beauté, vouloir la paix,…Et Dieu, Créateur de toute chose, ne pouvant vouloir une chose et son contraire, a donné à Moïse des commandements qui ne sont que la traduction de cette loi naturelle. C’est pourquoi, vivre selon la loi naturelle ou selon les commandements de Dieu, c’est équivalent.

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Mais ces sociétés qui vivent selon l’Évangile, elles existent déjà ! Par exemple, les familles (du moins certaines), les monastères, certaines écoles… C’est vrai, et on pourrait y ajouter aussi les troupes scoutes, le chapitre du pèlerinage dans lequel nous marchons, et encore beaucoup d’autres petits groupes. C’est bien, et il faut les encourager, mais ce n’est pas suffisant. En effet, ces sociétés qui forment comme des micro-chrétientés ne disposent que d’un pouvoir très limité dans le temps et dans l’espace. Ce qu’il faut, c’est que la société qui dispose de tous les pouvoirs, c'est-àdire la nation elle-même, soit une chrétienté. En effet, c’est elle qui exerce le plus d’influence sur notre vie de tous les jours, et c’est donc elle qui doit vivre selon l’Évangile.

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Alors ce qu’on veut, c’est une forme de société comparable aux sociétés musulmanes ! Pas du tout ! Nous ne voulons pas de confusion entre les pouvoirs temporels et les pouvoirs spirituels, comme dans les théocraties musulmanes. Mais nous ne voulons pas non plus de la séparation qu’essaient de nous imposer certains laïcistes. Nous voulons une distinction entre les deux pouvoirs, tout en demandant que le pouvoir temporel soit irrigué par le pouvoir spirituel. Nous voulons « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », sachant que César, lui-même, doit un culte à Dieu. En bref, ni confusion, ni séparation, mais distinction des pouvoirs et soumission de l’ensemble à Dieu : voilà ce qu’est que la Chrétienté. Bon d’accord. Mais moi, qu’est-ce je peux faire pour aboutir à la Chrétienté ? Ce qu’on présente comme l’âge d’or de la Chrétienté en France, c’est le 13ème siècle, le siècle de Saint Louis. Eh bien, Saint Louis n’a pas dit, un matin au réveil : « A partir d’aujourd’hui, je crée une chrétienté ! » 118 Association Notre Dame de Chrétienté

Il a, sa vie durant, essayé d’agir en chrétien. Et, comme il était roi, il a pu créer les conditions qui ont permis à la société de suivre son exemple. Même s’il manque actuellement un Saint Louis à la tête de la France, faisons comme les français du XIIIème siècle : agissons, dans le milieu où nous vivons, en chrétien, c'est-à-dire en respectant les lois de Dieu, et, petit à petit, nous arriverons à changer la face de la société. -

Eh bien, on n’est pas prêt d’y arriver ! Oui, et c’est pour cela qu’il faut s’y mettre tout de suite. Et puis, ne vous découragez pas en route ; compte tenu de la nature de l’homme, il n’y a pas de société parfaite. Cela n’empêche pas que nous avons tous le devoir d’agir pour que chacun puisse faire son salut. Notre salut, c’est notre « Bien Commun » ; la Chrétienté, c’est le moyen d’y parvenir. Tel est le but et l’un des trois piliers de notre pèlerinage.

Chers pèlerins, Restons maintenant en silence, pour méditer quelques instants sur ce que nous venons d’entendre, avant de réciter la « prière pour la chrétienté » que vous trouverez dans votre livret. Prière pour la Chrétienté « O Mon Dieu, permettez-moi maintenant de Vous prier, en forme de méditation, pour la chrétienté. Donnez-moi les mots pour toucher Votre Cœur ; sur ce chemin de Chartres, nous venons vous la demander, cette chrétienté qui nous rassemble et qui Vous ressemble. Autour de nous ce mot sonne mal ; pour beaucoup, il signifie un passé révolu ; plus grave, il résume tout ce que les chrétiens ont fait de pire au cours de l’histoire. Pour nous, la chrétienté c’est ce que les chrétiens peuvent faire de mieux, par l’imitation de Vos vertus et l’obéissance à ce que Vous nous commandez. Pour nous, la chrétienté c’est la société conforme à Votre volonté de sauver tous les hommes ; c’est la société où chacun peut orienter sa vie, s’il le veut, selon le Décalogue et les Béatitudes. Les docteurs, inspirés de Votre Église et Vos saints pontifes, nous ont appris, depuis l’origine, que l’amour du prochain est la porte d’entrée de Votre royaume éternel, que cet amour se traduit par des comportements précis et que l’organisation temporelle d’une société n’est pas indifférente au salut éternel de ses membres ; elle doit leur permettre de pratiquer sans obstacle le bien selon leurs dons et leur vocation. 119 Association Notre Dame de Chrétienté

Bien plus, le salut temporel d’une société est lié au respect de Vos commandements ; une loi morale supérieure, indépendante des fluctuations d’une majorité, s’impose à ses décrets et à ses institutions. Cette exemplaire doctrine sociale de Votre Église, aidez-nous à la connaître, à la faire aimer et à y être fidèles. Vous nous avez ainsi conduits à ne pas accepter l’état actuel de nos sociétés européennes ; elles s’avilissent dans le rejet de toute référence publique à Dieu et à leur histoire chrétienne. Aidez-nous à prendre conscience que ce rejet contredit Votre volonté formelle. Certes, Vous n’êtes pas venu dans notre histoire pour investir le pouvoir temporel et politique. Le tentateur Vous a montré les royaumes de la terre et leur gloire ; il en revendique la domination ; il la donne à qui il veut. Mais devant cette usurpation, Votre réponse oppose les droits absolus de Dieu sur le réel et sur la nature. Le pouvoir du mauvais sur les choses et les consciences lui vient de nos transgressions et il faut la puissance de Votre sacrifice pour lui ravir son empire. La réalité de ce pouvoir mauvais continue à nous paralyser, et peut être avons-nous peur de l’affronter dans son domaine; peur de perdre nos âmes dans le jeu politique, peur de la violence de la persécution. Ces dangers sont bien réels, et on ne manquera pas de nous tenir rigueur de nos dénonciations des ambiguïtés d’une laïcité trompeuse et d’une tolérance sans issue. Seule la vérité fait le lit de la charité. Aidez-nous à ne pas déserter le temporel ; c’est là que se joue notre éternité; aidez-nous à témoigner de l’Espérance qui nous habite. Si Vous avez dit à Pilate que Votre Royauté n’était pas de ce monde, Vous lui avez dit aussi que lui-même n’aurait aucun pouvoir sur Vous si son autorité ne lui avait pas été donnée d’en haut. Vous avez confirmé à Vos apôtres que Vous n’étiez pas de ce monde mais Vous avez prié Votre Père, non de nous retirer du monde, mais de nous protéger du mal. Vous leur avez recommandé aussi de ne pas exercer le pouvoir comme le font les puissants mais de servir, même en exerçant l’autorité. Il y a donc une façon chrétienne d’exercer la paternité et le pouvoir temporel. Vous nous avez dit de rendre des devoirs à la puissance publique, à César. Mais, en nous disant de rendre à Dieu ce qui lui est dû, Vous avez voulu nous signifier que César, lui aussi, est soumis à Dieu.

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Pour nous chrétiens, vivants de la dévotion au Christ-Roi, nous disons même que César Vous doit un culte public. Ce culte public nous le pratiquons nousmêmes dans les rassemblements de nos communautés. Pour nous, c’est ainsi que commence la chrétienté. Les promesses de bénédictions de Votre Sacré Cœur sont attachées à l’honneur que nous devons porter à Votre Amour, Vos plaies, Votre Passion et Votre Sacrifice de propitiation. Cette distinction du temporel (la nature, "César"), et du spirituel (la grâce, Dieu), constitue le secret du bon fonctionnement d’une société chrétienne. -

Aux laïcs revient le temporel, le lieu d’exercice de leurs responsabilités de parents, d’éducateurs, de gestionnaires ; le lieu où se réalisent les œuvres de miséricorde : nourrir, éduquer, loger, soigner, consoler, visiter et ensevelir ; le lieu où se pratiquent les vertus morales universelles : la prudence, la justice, la force et la tempérance.

-

À Vos prêtres est confié le pouvoir de donner la vie surnaturelle à nos âmes, le pouvoir de nous donner la grâce sacramentelle, grâce actuelle et grâce sanctifiante, le pouvoir du for interne, le pouvoir de gouverner l’Église en Votre nom.

C’est la fréquentation du « Notre Père » qui donnera à notre société chrétienne l’harmonie et la fécondité, par la distinction des ordres et la complémentarité des dons. Réapprenez-nous le «Notre Père », la prière de l’Espérance. Donnez à notre génération la lucidité et la force de bâtir la chrétienté car là est Votre volonté. Relevez nous et faites de nous des chrétiens selon Votre Cœur. Placez à notre tête ce signe grandiose qui apparaît dans le ciel : c’est une Femme, revêtue de soleil, la lune pour parure, couronnée d’étoiles ; c’est Notre Mère ; nous lui appartenons. O Seigneur, écoutez la prière du pauvre pèlerin que je suis, pour que Votre règne arrive. Que Votre volonté soit faite. Ainsi soit-il. » CHRISTUS IMPERAT

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Citations « On ne bâtira pas la société autrement que Dieu ne l’a bâtie » Saint Pie X « Vous ne m’avez pas accueilli ! Ce jugement lui aussi fait son chemin à travers l’histoire de nos familles ; il fait son chemin à travers l’histoire des nations et de l’humanité. Les paroles du Christ concernent aussi des institutions sociales, des gouvernements et des organisations internationales » Jean-Paul II, "Lettre aux familles" « D’autres nations attendent de votre exemple chrétien. Dans le contexte de la société européenne, les valeurs évangéliques, encore une fois, deviennent une contre-culture, tout comme elles l’étaient du temps de saint Paul. » Benoît XVI (aux membres de "l’exception culturelle" de Malte, rare micro-chrétienté à part dans le mondialisme de la culture de mort) « On est toujours capable de revenir au bien lorsqu’on n’a pas quitté le vrai » Mgr Freppel « Je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance de naître. (…) aujourd'hui, on tue des milliers d'enfants à naître (…) personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l'admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l'avortement ». Mère Térésa à Oslo en 1979, après avoir reçu le Prix Nobel de la Paix Bibliographie -

Catéchisme de l’Église Catholique § 2420, 2423 et 2442, « La doctrine sociale de l’Église », « Christifideles laici », Exhortation apostolique, Bienheureux Jean Paul II, la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, éd. Tequi, 1988, Note doctrinale sur « l’engagement des catholiques dans la vie politique », 2002, (document joint page 187) « Pour qu’Il règne », Jean Ousset « Demain la Chrétienté », Dom Gérard « Une civilisation blessée au cœur », Jean Madiran

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LA VOCATION Méditation Chers amis pèlerins, Un photographe faisait un jour le guet sur une pirogue avec son appareil. Un faux mouvement et le voilà qui chavire. Le fleuve était infesté de crocodiles. Sa seule chance de survie était de faire la planche sans bouger. Pendant les deux heures qu'il attendit ainsi, il eut le temps de penser à sa vie. Qu'en avait-il fait ? Il avait quarante ans et il n'avait rien construit, rien entrepris… Chers pèlerins, n'attendons pas de paraître devant Dieu pour songer à bien remplir notre existence. Rappelons-nous que nous ne repasserons pas deux fois par le chemin de la vie. Tout le bien que nous pouvons faire, faisons-le… I. VOCATION GÉNÉRALE : LA SAINTETÉ « La volonté de Dieu, c’est votre sanctification » nous dit Saint Paul. Nous devrions écrire cette petite phrase en lettres d’or à un endroit où nous puissions la lire tous les jours. - "Vous savez ce que je veux être plus tard ?" disait joyeusement Claire de Castelbajac à une amie. - "Oui, je le devine. Tu veux être religieuse. " - "Non, c'est plus fort que ça. " - "alors je ne devine pas…" - "Je veux être sainte. Voilà ! C'est plus fort que d'être religieuse, hein ?" Chers pèlerins, Dieu nous appelle à être des saints. C'est à cette condition que nous le verrons au ciel. Au ciel, il n'y a que des saints ! Pour devenir un saint, le grand moyen est de suivre la volonté de Dieu. Et là, intervient ce qu'on appelle plus ordinairement la vocation : à savoir l’état de vie dans lequel Dieu veut que nous effectuions notre pèlerinage sur terre, notre vocation personnelle, c'est-à-dire ce à quoi Dieu nous appelle. En effet, le mot vocation vient du latin "vocare" qui veut dire appeler. 123 Association Notre Dame de Chrétienté

En créant l'homme et la femme, au commencement du monde, Dieu leur a donné le commandement de s'unir pour donner la vie à des enfants qui rempliraient la terre. Jésus a sanctifié cette vocation par le sacrement de mariage : source de sainteté, de grandeur, de fécondité religieuse pour les époux et moyen de donner à Dieu des âmes qui Le glorifieront dans l’éternité. II. VOCATION PARTICULIÈRE : RELIGIEUSE

OU

SACERDOTALE

À côté de la voie commune du mariage, inscrite dès l'origine dans la nature complémentaire de l'homme et de la femme, il y a cet appel plus particulier de la vocation "religieuse" ou "sacerdotale". Dieu appelle un jeune homme ou une jeune fille, d'une façon spéciale, et lui dit : « Suis-moi ! ». Pour faire comprendre ce qu'est la vocation religieuse, Dom Marmion prend une très belle image. « Lorsqu'un homme et une femme se marient, remarque-til, ils quittent père et mère afin de s'attacher l'un à l'autre. Et aucune union ne surpasse celle-là en intimité, en tendresse, en fécondité ». Eh bien ! C’est à une telle union que Dieu, fait homme, invite l'âme du religieux ou de la religieuse. Rien n'est plus grand. On comprend que certaines âmes, comme la bienheureuse Anne-Marie Javouhey, ait pu dire : « Je crois qu'il faudrait m'arracher le cœur pour m'ôter le désir d'être religieuse ». Dans l’Évangile un jour, un jeune homme riche vint trouver Jésus et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? » Notre-Seigneur lui dit, « observe les commandements. » « Tout cela, je l’ai fait », lui répondit le jeune homme. L’évangéliste note alors que Jésus le regarda et l’aima et Il lui dit, « si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as et suis-moi. » C’était l'appel à la vocation religieuse lancé dans le regard d’amour de Jésus sur cette âme. C'était l'appel à suivre le Christ en embrassant les conseils évangéliques de l'obéissance, de la pauvreté et de la chasteté. Le sacerdoce, lui, est un appel de Jésus à devenir « ouvrier de la moisson ». Souvenez-vous comment Jésus disait à ses apôtres : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson ! » Il est bon qu'un garçon pose une fois au moins la question au Seigneur : "Voulez-vous de moi comme prêtre ?" Il n'y a pas à craindre d'être embrigadé. Le Seigneur n'embrigade pas : Il attire ou n'attire pas et, dans ce cas, rien ne se passe. 124 Association Notre Dame de Chrétienté

III. RÉPONDRE À SA VOCATION EST SOURCE DE JOIE Soyez en bien persuadés : vous ne serez heureux sur terre que là où le Seigneur vous appelle à être. Si les parents de Ste Thérèse avaient refusé leur belle vocation au mariage, nous n’aurions pas eu de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus…et si le Saint Curé d’Ars avait refusé la sienne, combien de milliers d’âmes, qui se sont plus tard converties à son contact, se seraient peutêtre perdues ! Alors, priez et demandez à Dieu, avec un cœur très sincère et très ouvert, qu’Il vous montre le chemin qu’Il a préparé pour vous. Puis n'hésitez pas à demander conseil à un prêtre qui vous aidera à discerner. Enfin, si possible, n'hésitez pas à faire une retraite : rien de tel qu'une bonne retraite pour voir clair sur sa vocation. C'est un puissant moyen de discernement. La vocation, notre vocation personnelle est une des plus grandes affaires de notre vie. Chers pèlerins, quand l’ange Gabriel annonça à la Sainte Vierge le dessein de Dieu sur elle ; elle avait 15 ans à peine et elle répondit simplement : « Qu’il me soit fait selon votre parole.» Sans ce fiat, elle n’aurait pas été la Sainte Vierge et nous n’aurions pas eu de Sauveur. Restons en silence quelques instants pour méditer tout cela et nous mettre sous l'inspiration du Saint Esprit. Citation « Nous sommes créés pour aimer Dieu et devenir des saints. Nous nous épouvantons à ce mot de saint et nous pensons que c’est une chose extraordinaire et impossible. Mais regardez bien ceci : les saints ordinaires ne sont pas devenus saints tout d’un coup. Non, ils y sont parvenus peu à peu par l’exercice des vertus : la patience, l’amour de Jésus, de la Vierge Marie. Ils avaient des défauts, mais ils les ont extirpés ; ils avaient des passions, mais ils les ont domptées ; ils vivaient dans un monde pervers, mais ils en ont triomphé. La grâce de Dieu ne manque à personne. Ce que les saints ont fait, essayons de le faire et nous deviendrons des saints. » Saint Benoît-Joseph Cottolengo.

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Bibliographie -

« La vie monastique à l'école de saint Benoît », Dom Paul Delatte, éd. de Solesmes « Lettre aux jeunes sur les vocations », Thierry-Dominique Humbrecht o.p., éd. Parole et silence « L'avenir des vocations », Thierry-Dominique Humbrecht o.p., éd. Parole et silence « La vie religieuse d'après saint Thomas d'Aquin », Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé, préface de Jean-Pierre Torrell o.p., éd. Téqui « L'appel du Seigneur : entretiens sur la vocation », Dom Guy Mesnard, éd. de Solesmes « Viens, suis-moi : à la source du sacerdoce ministériel », Mgr Patrick Chauvet, éditions Parole et silence. « Connaître et aimer sa vocation », Ludovis Lécuru, éd. Le SarmentJubilé

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CONSTRUIRE SA VIE PAR UNE RÈGLE DE VIE PERSONNELLE Méditation Chers pèlerins, Nous approchons du terme de notre pèlerinage, et vous avez probablement commencé à vous poser la question de savoir comment vous allez faire pour mettre en pratique toutes ces bonnes résolutions que vous avez prises au cours de ces trois jours Oui, il va vous falloir changer de vie, il va vous falloir aller au bout de votre conversion, pour que votre vie prenne tout son sens et que votre action, désormais mieux orientée, devienne ainsi plus efficace. Oui, vous le voulez ; mais seul, cela vous sera peut-être difficile. Nous retombons si facilement dans nos travers. Alors ! Pourquoi ne pas prendre la décision de mettre en place une règle de vie personnelle ? Elle vous aidera à répondre à votre vocation (quelle qu’elle soit) et vous fera vivre en conformité avec ces résolutions que vous avez prises, et, qu’avec la grâce de Dieu, vous tiendrez. I. TOUT D'ABORD, EN QUOI CONSISTE UNE RÈGLE DE VIE ? Elle consiste dans le choix de moyens précis pour tendre chaque jour à la sainteté, selon les exigences de l'état de vie qui est le nôtre. Or, adopter une telle règle est absolument nécessaire, sans quoi nos bonnes résolutions ne restent souvent que de pieuses velléités. Gustave Thibon le disait de façon lapidaire: « Là où la règle est brisée, l'amour avorte ».

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II. COMMENT METTRE EN PLACE UNE TELLE RÈGLE ? Voici d'abord trois présupposés qui en commanderont toute la mise en œuvre : - Votre règle reposera tout entière sur une prise de conscience, celle que seule la vie que Notre Seigneur vous propose est intéressante. Ainsi, loin de constituer un carcan, elle sera au contraire la marque d'une préférence, d'un désir authentique de vivre comme Dieu vous le demande. - Ensuite, elle doit être personnelle, donc taillée sur mesure pour chacun. Aussi, l'aide d'un père spirituel est indispensable, tant pour l'élaborer concrètement que pour la suivre ensuite fidèlement. - Enfin, sa réussite résidera dans son équilibre. III. COMMENT SERA-T-ELLE FRUCTUEUSE ? Pour être fructueuse, elle portera au moins sur ces quatre points principaux de vos vies que sont la vie spirituelle, le combat spirituel, la formation personnelle et vos devoirs d'état : 1.

La vie spirituelle

N'oubliez jamais en effet, chers pèlerins, que l'union personnelle à Notre Seigneur Jésus est le cœur de la vie chrétienne. Cultiver cette union sera donc la priorité absolue. Pour ce faire, vous devrez cultiver avec soin trois moyens principaux : -

une vie de prière quotidienne que rien ne saurait supprimer : prière du matin et du soir, un temps d'oraison, chapelet…, à vous de choisir ce que raisonnablement vous pouvez faire.

-

une vie sacramentelle régulière : confession (une fois par mois est une bonne moyenne) ; des communions bien préparées, suivies d'une action de grâce réelle.

-

une direction spirituelle vous sera d'un grand secours. Elle vous aidera à approfondir une vraie vie de prière, ainsi qu'à mener efficacement le combat spirituel sans lequel il ne peut y avoir de vie chrétienne.

2.

Le combat spirituel

Nul ne peut y échapper en raison de notre blessure par le péché originel. Il faut donc, chers pèlerins, l'affronter de face et ne pas se voiler les yeux.

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Voici les quatre points où vous pouvez faire porter vos efforts : - Supprimer les occasions de pécher : par exemple, en supprimant les fréquentations dangereuses, les sorties, spectacles et films douteux. - En organisant bien vos journées : par exemple, en veillant à ne pas perdre de temps sur l'ordinateur avec des jeux, ‘Facebook’, des sites etc. L'ordinateur est, pour beaucoup d’entre nous, la source la plus nuisible pour l'équilibre de vie. Il faut vraiment faire des choix et vous libérer de cette nouvelle drogue. Attention aussi à la dépendance vis-àvis des portables, des ‘iPod’… Rien de tel pour détruire de vraies communications et n’établir que des relations superficielles. - En combattant tels défauts : par exemple, l'orgueil, l'avarice, l'impureté, l'envie, la gourmandise, la colère, la paresse… - Enfin, en vous appliquant à acquérir telles vertus : par exemple, la prudence, la justice, la force, la tempérance etc. 3.

La formation personnelle

Si la question de la formation personnelle a toujours été importante, elle devient aujourd'hui d'une urgence absolument cruciale. Face au délabrement de la pensée et à l'affaissement inouï de la culture de masse, il est urgent, chers pèlerins, de réagir. Ce qui signifie concrètement que votre règle inclura le souci de structurer et nourrir votre vie spirituelle et votre vie intellectuelle en général. Une saine utilisation de votre temps vous permettra d'user des moyens adaptés qui sont abondants : lectures, conférences, sessions, universités d'été, groupes de formation etc. Prenez, par exemple, dix minutes tous les soirs pour lire sérieusement un livre de formation. En un mois vous aurez lu un livre entier ! 4.

Les devoirs d’état

Enfin, votre règle vous aidera à avoir un véritable culte pour vos devoirs d'état. N'oubliez pas que la sainteté que Dieu veut pour vous n'est pas éthérée, mais passe par un accomplissement très fidèle de vos devoirs d’état, dans un esprit surnaturel. Que l'étudiant prenne donc les moyens d'être sérieusement à ses études ; le père de famille de vivre sa profession en vrai chrétien, et sans négliger son épouse et sa vie de famille ; et que la mère de famille s'organise de manière à bien s'occuper de ses enfants et à avoir du temps pour son mari. 129 Association Notre Dame de Chrétienté

De plus, chacun se rappellera que le Bon Dieu attend de vous qu'ayant reçu gratuitement, vous sachiez donner gratuitement. Ainsi, une activité missionnaire adaptée à chacun (même très ponctuelle) est indispensable pour vous rappeler que vous n'êtes pas seul, et que bien des gens qui vous entourent ont besoin de vous. Chers pèlerins, Vous voyez donc, en définitive, qu'une règle de vie est la traduction pratique du désir de vivre authentiquement sa vie chrétienne à tous les niveaux. Il est donc essentiel d'adopter une règle de vie. Aussi, si ce n’est déjà fait, demandez à la très Sainte-Vierge Marie qu’elle vous obtienne la grâce de le faire, avant la fin de ce pèlerinage ; elle ne manquera pas de vous l'accorder. Et maintenant gardons donc le silence, afin de revoir ou de mettre en place notre Règle de vie personnelle. Citation « Le goût de la vérité dans tous les ordres, religieux, intellectuel, moral, politique, c'est cela essentiellement qui est l'armature d'une civilisation, c'est cela qui a fait la chrétienté, et c'est cela, dans le rayonnement de l'amour, qui sera le principe de sa renaissance ». Dom Gérard Calvet Bibliographie - « Une règle de vie », Dom Gérard Calvet, éd. Sainte-Madeleine. Ouvrage destiné à toute personne désireuse d'adopter une règle de vie. - « Manuel de survie d'une mère de famille. Comment tenir sa maison en ordre et son âme en paix », Holly Pierlot. éd. de l'Emmanuel. - « Lettre aux 18-20 ans de l'an 2000 », Dom Gérard Calvet, éd. SainteMadeleine. - « Lettre aux jeunes sur les vocations », Père Thierry-Dominique Humbrecht, éd. Parole et Silence.

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3ème PARTIE : LECTURES COMPLÉMENTAIRES

A. LE PÈLERINAGE

QU’EST-CE QU’UN PÈLERINAGE ? Pourquoi ? Un pèlerinage est une marche c'est une marche religieuse ; c'est la marche religieuse d'un peuple. « Chers Pèlerins de Chartres, Avant que le soleil ne monte à l'horizon et que vous ne posiez vos pas sur la route, vos aînés ont voulu que nous vous adressions quelques réflexions. Nous nous interrogeons donc: “ Qu'est-ce qu'un pèlerinage ? ” Et la tradition nous répond : “ un pèlerinage est une marche, c'est une marche religieuse, c’est la marche religieuse d'un peuple ”. I. LE PÈLERINAGE EST UNE MARCHE Pour ce qui est de se mettre en route, nous vous faisons confiance. Mais il faut qu'une marche aboutisse au terme désiré : très peu d'hommes vont jusqu'au bout de leurs idées, de leurs sentiments et de leurs projets. Et puisque vous mettez vos pas dans ceux de nos anciens, nous invoquerons le témoignage d'un homme qui avait pris l'habitude d'aller jusqu'au bout de lui-même, qui ne prenait son parti de rien. Pour Charles PÉGUY, la route était une règle et un rite ; écoutons-le : “ Vous nous voyez marcher sur cette route droite, Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents. Sur le large éventail ouvert à tous les vents, La route nationale est notre porte étroite. ” Aussi l'honneur du pèlerin est-il de ne pas revenir sur ses pas : “ D’ ici vers vous, O Reine, il n'est plus que la route. Celle-ci nous regarde, on en a fait bien d'autres. Vous avez votre gloire, et nous avons les nôtres. Nous l'avons entamée, on la mangera toute. ”

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Nous souhaitons que vous marchiez sur les traces de PÉGUY, d'un pas souple, alerte, régulier, parce que la vie est un combat, et que la marche est l'image de la vie. II. LE PÈLERINAGE EST UNE MARCHE RELIGIEUSE "Mais priez mes enfants !" disait la Très Sainte Vierge à Pontmain. À nous aujourd'hui, plus qu'hier, s'adresse ce reproche voilé, sous une ferme insistance, que les petits voyants purent lire jadis, inscrit dans le ciel autour de la célèbre apparition. Nous sommes malades d'une carence de prière. Il faudrait prier comme on respire. Vous verrez combien marcher sur les routes permet de prier instinctivement, presque sans le savoir ; d'un cœur libre, l’esprit et le corps rythmés par la cadence d'une prière litanique, qui stimule en même temps qu’elle apaise ; dans l'unité d'un acte qui vous résume tout entier, et vous relie à Dieu plus profondément que les raisonnements. Les grands pèlerinages – qui ne sont qu’une extension de la procession liturgique - expriment le mouvement essentiel de la créature retournant à Dieu dans l'effort de conversion laborieuse. Aujourd'hui vous marcherez en priant et en chantant, vers la Cathédrale de Marie, qui symbolise le ciel et le préfigure. Vous avez la marche et la halte avec sa méditation ; vous avez le chant, la charité fraternelle, l'Hostie et le Chapelet. Tout cela exprime excellemment la condition du Chrétien, qui est de mériter le ciel en le regardant et en se hâtant vers lui. III. LE PÈLERINAGE EST LA MARCHE RELIGIEUSE D'UN PEUPLE Charles PÉGUY s'était mis en route pour confier à la Sainte Vierge sa détresse de père de famille, ses enfants malades, “ Prenez-les, je n'en peux plus! ” disait-il, et la guérison d'une blessure secrète qu'il portait cachée au fond de son âme tourmentée. Vous autres, pèlerins, vous irez vers Marie pour confier à sa maternelle royauté l'immense infortune d'un peuple abandonné par ses chefs naturels. Car, nous aussi, nous n'en pouvons plus ! Nous mourons asphyxiés, dans une France aux discours menteurs qui ne parle que de l'homme, et qui abaisse l'homme. Nous vous chargeons d'une mission bien précise : nous vous demandons de représenter notre Pays pendant trois jours sur la route de Chartres : il faut que votre départ exprime un refus et un renoncement.

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Que la Jeunesse de France se lève et dise non à la turpitude, non à la médiocrité, non à ce qui souille les imaginations, non à ce qui amollit le cœur et qui fausse l'esprit. Non à la drogue, non au mensonge publicitaire, non au confort, à la vie facile, aux amours coupables, aux morales permissives, aux dogmes vidés de leur transcendance. Non aux écoles sans Dieu, non aux professeurs qui rayent le passé de la France, non aux lois iniques qui désintègrent la famille, tuent l'enfant et dévergondent la mère ; qui remplacent l'adoration de Dieu par les droits de l'Homme, le devoir par le caprice, les joies austères par les plaisirs sensuels. Et quand, fatigués par la marche, et purifiés par le sacrement, vous apercevrez au détour de la route, à ras du sol, plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois, « la flèche irremplaçable et qui ne peut faillir », que les vœux des pèlerins s'échappent alors comme un vol de colombes vers l'horizon, en faveur de cette terre ingrate, afin qu'elle retrouve sa vocation surnaturelle, son beau titre de fille aînée de l'Église, la pureté de sa Foi et la générosité de son élan missionnaire, sans lesquels nous serons toujours orphelins de sa vraie grandeur. Arrivés au sanctuaire de Marie, veuillez, chers pèlerins, déposer à ses pieds un peu de nos larmes, un peu du sang de notre cœur, et ce goût amer mêlé à notre tendresse pour l'ancien royaume de France. » Frère Gérard, moine bénédictin

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AUX SOURCES DU PÈLERINAGE DE CHRÉTIENTÉ I. SES PRINCIPES ET SA NATURE L’idée du pèlerinage est née au Mesnil-Saint-Loup à la troisième université du Centre Henri et André Charlier. Ces trois noms propres claquent déjà comme un drapeau qui en donne l’esprit. Mais il faut rappeler qu’à la première université du Centre Charlier (en 1980) était déjà née l’idée de « l’Amitié Française » (incarnée lors d’une fameuse journée à la Mutualité) et à la seconde (1981) celle du quotidien « Présent ». Après la fondation de l’Amitié française et la création de « Présent », il s’agissait aussi pour le Centre Charlier de placer ce nouvel élan militant sous la protection de Notre Dame. C’est donc au Mesnil-Saint-Loup que Bernard Antony, fondateur et président du Centre Charlier, nous a demandé de concevoir et organiser, pour les trois jours de la Pentecôte, ce pèlerinage à pied de Paris à Chartres, baptisé « de chrétienté », avec l’équipe du Centre. D’emblée le pèlerinage de chrétienté se présentait comme un pèlerinage de tradition organisé par des laïcs engagés dans le temporel, à la fois dans une volonté de résistance nationale et chrétienne (à l’exemple de Czestochowa) et dans un esprit missionnaire et de réconciliation. Le pèlerinage devait se nourrir de plusieurs inspirations : l’héritage des Charlier et de Péguy, bien sûr, avec la tradition étudiante (entretenue alors par le MJCF), mais aussi la tradition scoute (avec l’exemple du Puy notamment en 1942), celle des pèlerinages majeurs comme Compostelle et surtout l’exemple contemporain de Czestochowa en Pologne d’où quelquesuns d’entre nous revenaient, émerveillés par la ferveur d’un peuple qui associe sa marche religieuse au sort de la nation...

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II. CHRÉTIENTÉ ET DOCTRINE SOCIALE Notre pèlerinage est de chrétienté non comme un pèlerinage parmi d’autres dans une chrétienté qui, hélas, n’existe plus, mais comme un pèlerinage qui souhaite le retour, l’avènement d’une chrétienté nouvelle et qui agit, prie et combat en ce sens. La chrétienté, selon la définition de Gustave Thibon, c’est un « tissu social où la religion pénètre jusque dans les derniers replis de la vie temporelle (mœurs, usages, jeux et travaux...), une civilisation où le temporel est sans cesse irrigué par l’éternel» C’est une alliance du sol avec le Ciel, une alliance des nations avec la Sagesse éternelle. C’est le régime politique au sens large qui, inspiré spirituellement par l’Église, mais temporellement autonome, permet à la double et unique loi de Dieu de régner : celle du Décalogue (résumé de la loi naturelle) et celle de l’Évangile (avec sa loi d’Amour et sa charte des béatitudes). C’est la proclamation de la royauté de Jésus-Christ sur les âmes, sur les institutions et sur les mœurs. C’est le corps charnel de l’Église... Notre pèlerinage est en outre de chrétienté, comme « parabole vivante» (Dom Gérard), modèle de « micro-chrétienté », appliquant pro domo les principes de la chrétienté. Il ouvre en somme la voie, en commençant par lui... Outre la conversion indispensable des âmes, la finalité propre du pèlerinage de chrétienté est donc le bien commun temporel et surnaturel de la cité charnelle, dans une juste distinction et (sub)ordination du temporel et du spirituel. C’est un pèlerinage de laïcs responsables du temporel, militants du temporel chrétien dans l’Église militante et dans leur nation. Car la chrétienté et sa restauration passent par la nation - Jeanne d’Arc en témoigne - et particulièrement par la France, comme l’avait désiré Péguy : « II faut que France et chrétienté continuent ! ». Selon l’adage classique, si ce sont les prêtres qui prêchent la croisade, ce sont les fidèles qui la font avec des chefs laïcs pour la diriger. Ainsi en va-t-il du pèlerinage de chrétienté qui rompt, à cet égard, avec la mauvaise habitude d’une certaine Action catholique où les clercs, faute d’un pouvoir temporel chrétien du laïcat, s’arrogeaient abusivement ce pouvoir, mettant indûment les laïcs sous leur tutelle. « Il y a un aumônier sur chaque navire mais on ne lui demande pas de fixer la ration de vivres de l’équipage, ni de faire le point », résume à sa façon Jean Anouilh. Il en est de même dans nos chapitres et, en dehors du pèlerinage, dans nos combats de la cité. 135 Association Notre Dame de Chrétienté

À ce propos, notre pèlerinage s’inspire aussi beaucoup de l’œuvre de Jean Ousset, dont l’un des grands buts fut de rétablir le pouvoir temporel chrétien du laïcat. Selon le modèle de la chrétienté, l’ordre chrétien se divise en deux pouvoirs : à l’échelle du pèlerinage, le temporel revient d’abord aux chefs de chapitre (sous la direction du Président) dans une juste autonomie, quasiment une souveraineté même si elle est limitée, et le spirituel revient essentiellement aux aumôniers (sous la direction de l’aumônier national) soumis à l’autorité de l’Église. C’est la « sainte alliance » entre le clerc et le laïc dans ce binôme chef-aumônier qu’on retrouve aussi dans le (vrai) scoutisme catholique, non sans une commutativité possible des tâches par suppléance. Il y a, en outre, dans l’ordre temporel du pèlerinage une application pro domo de la doctrine sociale de l’Église avec le « système des chapitres » (analogue au système des patrouilles du scoutisme) qui applique admirablement le principe de totalité et le principe de subsidiarité. Ce « système des chapitres » (par affinité régionale et sans distinction de classes, d’âges et de mouvements), illustre bien la conception organique que se fait le pèlerinage de la société et de son ordre hiérarchique (conformément à la doctrine sociale de l’Église), aux antipodes d’une conception totalitaire, mécaniciste. Le rôle-pivot du chef de chapitre (qui a charge d’âmes) est à cet égard le rôle essentiel du pèlerinage (comme celui du chef de patrouille dans le scoutisme), entre les pèlerins et l’état-major qui oriente l’ensemble. Enfin, autre héritage de la Cité catholique : le pèlerinage de chrétienté est une œuvre auxiliaire, qui se refuse, depuis son origine, à être un mouvement parmi les autres. Limitant son organisation, son encadrement et son « suivi » à sa seule finalité de pèlerinage de chrétienté, il est en revanche au service des mouvements, des partis, des organisations militantes, de tous ceux qui, dans le respect de la diversité des initiatives, ont le souci de la complémentarité des forces. « Au-dessus des partis », par sa finalité temporelle et spirituelle, il propose, dans l’esprit de l’Amitié française, à tous ceux-là de venir se ressourcer, voire se réconcilier, dans une marche de chrétienté où les partis disparaissent justement et se fondent pour trois jours dans le cadre des provinces et des chapitres locaux et familiaux qui reproduisent ou plutôt représentent (sous leurs bannières avec leurs saints patrons) des corps intermédiaires naturels (fondés sur la géographie et un réseau social : villes, paroisses…), où est exclu toute dialectique artificielle. Cellule de base du pèlerinage, le chapitre est sensé reconstituer socialement, pour lui-même aussi, une micro-chrétienté (comme on dit analogiquement que la famille est une Église domestique). 136 Association Notre Dame de Chrétienté

D’où l’importance d’éviter précisément (dans la mesure du possible) les regroupements unitaires par âges (à l’exception du « chapitre enfants » pour des raisons évidentes), par mouvements, par secteurs professionnels (selon l’expérience malheureuse aussi de l’Action catholique…) pour susciter la solidarité des générations, des classes sociales, etc… C’est la chrétienté qui vient principalement spécifier notre pèlerinage. Si la tradition et la mission sont aussi des éléments essentiels, constitutifs de son être, ils peuvent en effet se retrouver dans d’autres pèlerinages qui ne sont pas de chrétienté. On voit mal en revanche comment un pèlerinage de chrétienté aujourd’hui, dans notre monde sécularisé et désorienté, pourrait ne pas être de tradition et de mission, de résistance et de reconquête... III. TRADITION ET ÉGLISE Né en 1982 dans une crise majeure de l’Église, le pèlerinage de chrétienté a été organisé par des catholiques de tradition (s’il est permis ce pléonasme) qui n’avaient pas besoin de « mandat » pour ce faire (et n’en demandaient pas), mais qui savaient (éclairés par des maîtres laïcs et religieux) ce qui dépendait d’eux et ce qui n’en dépendait pas. Dans la révolution culturelle qui touchait et que subit encore l’Église depuis le milieu du XXème siècle, ils faisaient leur ce résumé de Jean Madiran dans sa postface à la réédition de L’Hérésie du XXème siècle : « L’Église de Jésus-Christ est une, sainte, catholique et apostolique. À chaque époque. Cette apostolicité, cette catholicité, cette sainteté, cette unité animent ou désertent plus ou moins la structure de fondation divine sur laquelle repose temporellement sa continuité visible : la succession apostolique et la primauté du Siège romain. Cette succession, cette primauté ne sont pas exemptes de défaillances graves ; aujourd’hui universellement catastrophiques. Mais ce qu’elles font mal, ou ce qu’elles ne font pas, personne d’autre ne peut le faire à leur place. » Membres de l’Église enseignée, il dépendait néanmoins de nous, avec les moyens du bord, dans le courant de résistance où nous nous trouvions, de sauvegarder pour nous et nos enfants les points fixes du peuple chrétien : le missel, le catéchisme, la Bible, qui fondent précisément le temporel chrétien. Nous refusions dans les nouveautés obligatoires, les armes par destination qu’elles constituaient objectivement (par leurs décrets ambigus et leurs interdictions corollaires) contre ce qui avait fait jusque-là la nourriture spirituelle et sacramentelle des fidèles, y compris des saints. Comme Mgr Lefebvre et avec ses prêtres parmi d’autres, nous demandions respectueusement et légitimement qu’on nous laisse la faculté de « faire l’expérience de la tradition ». 137 Association Notre Dame de Chrétienté

Et quand cela nous était refusé, nous répondions : "Non licet ": ce n’est pas permis ! Non point par désobéissance obtuse, mais au contraire pour rappeler l’ordre, comme des (tout petits) disciples d’Antigone (ou plutôt de saint Thomas More) face au Créon ecclésial. Et nous passions outre, comme Jeanne d’Arc, en demandant en tant que laïcs, l’assistance spirituelle des prêtres qui comprenaient notre insurrection morale mais ne pouvaient, par leur état, organiser cette insurrection. On retrouve ici la distinction du temporel et du spirituel très bien résumée encore par Jean Madiran : « 1) D’une part, nous ne pouvons jamais, nous catholiques, avoir d’autres chefs religieux que le Pape, les évêques et les chefs nommés par eux. Quand ceux-ci s’abstiennent (en ne faisant rien contre la désintégration du catéchisme) ou bien commandent un péché (en imposant un faux catéchisme et un Évangile falsifié), c’est une catastrophe pour tous, il ne s’agit pas de s’en dissimuler l’étendue : mais aucun prêtre ne peut de lui-même les remplacer en tant que chefs religieux. 2) D’autre part, au contraire, les pouvoirs temporels du laïcat chrétien demeurent ce qu’ils sont, en fait et en droit, quelles que soient les défaillances, les manœuvres ou les impostures de divers représentants de l’Église hiérarchique. Nous pouvons avoir des chefs laïcs, cela ne regarde que nous ; rien ne nous empêche, tout nous presse de créer, dans la mesure où nous en sommes capables, des autorités [des institutions] temporelles. Elles n’ont bien sûr aucun pouvoir religieux…. » (Itinéraires, juillet 1969). Ainsi, est né le pèlerinage de chrétienté, organisation temporelle, non pour prendre une décision religieuse, trancher les questions religieuses, mais pour permettre aux fidèles laïcs de mieux survivre dans la crise religieuse, de ne pas demeurer isolés dans le malheur, de mieux remplir spirituellement leurs tâches temporelles. En nous en remettant (aujourd’hui comme hier) pour le jugement souverain à la succession apostolique et à la primauté du Siège romain, nous refusons de nous séparer de l’Église, mais nous refusons dans le même temps, par droit naturel et surnaturel, de suivre ceux qui s’en séparent, quel que soit leur rang hiérarchique, en nous imposant une nouvelle messe, un nouveau catéchisme, une nouvelle Bible qui servent à interdire la messe, le catéchisme et la Bible de tradition. Un tel pèlerinage, une telle organisation temporelle, a néanmoins besoin de prêtres ? Assurément : comme aumôniers. Et non comme chefs.

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Comme aumôniers pour distribuer les sacrements, pour éclairer, instruire et réconforter spirituellement nos pèlerins selon une autorité morale de conseil, de suppléance, mais qui ne peut prétendre à une autorité de décision, voire de juridiction, comme le curé dans sa paroisse ou l’évêque dans son diocèse... Il faut redire en effet que le « traditionalisme » n’est pas un parti avec son chef ou ses chefs de file. Il n’est pas un groupement hiérarchisé avec ses curés parallèles, voire ses évêques parallèles, comme une Église particulière, parallèle, voire dissidente. La tradition étant une des sources constitutives de l’Église, un pèlerinage de tradition ne peut être que d’Église. Le catholicisme étant forcément traditionnel, la tradition ne peut que respecter la structure de l’Église visible (malgré ses défaillances) et se mêler (malgré ses résistances) à cette Église. Aussi, dans cette révolution culturelle qu’a connu et connaît encore l’Église, s’est-il nécessairement constitué, dans l’Église, par suppléance (en dehors des rares paroisses traditionnelles), plusieurs demeures temporelles et spirituelles de la tradition, avec des prêtres et même des prieurés, mais sans se substituer néanmoins à la hiérarchie. Il y a plusieurs demeures spécifiques de et dans la tradition (d’importance inégale), mais il n’y a pas de monopole de la tradition, sinon celui (aujourd’hui défaillant) de l’Église ! Dès le début, le pèlerinage a voulu coopérer avec toutes ces « demeures » particulières dans un souci d’unité et de réconciliation pour le bien commun de la tradition et donc le bien commun de l’Église. Pour cela, les chefs laïcs du pèlerinage, en tant que tels, malgré certaines dérives, se sont toujours voulus et se veulent indépendants de toute société cléricale (y compris de la Fraternité Saint Pie X et de la Fraternité SaintPierre). Sans nier pour autant les liens de reconnaissance et d’amitié envers l’une ou envers l’autre (comme envers d’autres communautés religieuses ou d’aumôniers en particulier). Le pèlerinage, de par la liberté temporelle des laïcs, s’est toujours voulu un pont qu’il faut évidemment garnir de parapets. Il est un ambassadeur et un avocat de la tradition auprès de la hiérarchie. IV. MISSION ET NOUVELLE ÉVANGÉLISATION Le pèlerinage de chrétienté est un pèlerinage missionnaire avant tout, comme cause exemplaire, par la vérité de son message, par la beauté de sa liturgie, par la bonté de ses mœurs, par l’illustration d’une chrétienté en marche, même si cela reste un microcosme. 139 Association Notre Dame de Chrétienté

Mais enfin, il est malgré tout, missionnaire par mode d’appel et d’efficience, comme institution vivante et remarquable qui attire, forme, convertit puis envoie ses fidèles en mission dans le monde. Le bien demande en effet à se communiquer : il entraîne au bien. En termes imagés, « le pelé, c’est une station-service qui distribue du carburant, et quel carburant ! » Bref, le pèlerinage est missionnaire comme une « structure de bien », le contraire de ce que Jean-Paul II appelle une « structure de péché ». À ces autoroutes du mal que nous construit systématiquement la culture de mort, il convient d’opposer envers et contre tout, jusqu’au témoignage du martyre s’il le faut, les sentiers du bien et les structures de sainteté que balisent les béatitudes avec le Décalogue. C’est la nouvelle évangélisation face à la méta-tentation de la culture de mort qui conjugue toujours plus le péché d’Adam au pluriel : vouloir, comme des dieux, se donner à soi-même sa propre loi ! Mais l’erreur serait de réduire ces structures de bien à la seule morale en oubliant précisément la dimension politique de cette nouvelle évangélisation, indiquée aussi par Jean-Paul II. « Un régime absurde [pécheur] en sa structure, quelle que soit la vertu [morale] des citoyens et des gouvernants, risquera de manquer son but tout comme une mauvaise arme, même maniée par un homme adroit et bien intentionné, ne vaudra jamais une arme perfectionnée. », disait Louis Jugnet. Si celui qui dit qu’il aime Dieu et n’aime pas son prochain est un menteur, celui qui dit qu’il aime son prochain et ne croit pas à la vertu politique est un impie auquel il manque la charité politique. Car « de la forme donnée à la société dépend et découle le bien et le mal des âmes » (Pie XII). Une des originalités de notre pèlerinage est son souci fondamental de charité politique. Certes, il veut être missionnaire par la réforme intérieure, («commencer par soi»), mais il veut l’être aussi politiquement par la formation de ses pèlerins et de ses cadres qui agissent dans le monde. C’est aussi à cet égard une école de formation au bien commun, une école de chefs. Si les structures de péché s’appuient sur la Révolution et une politique très efficace pour mener leur œuvre de mort en décuplant les péchés personnels, les structures de vertu et de bien comme le pèlerinage doivent s’appuyer sur la Contre-Révolution et une politique du bien commun pour décupler les vertus et rebâtir un temporel chrétien.

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Politique d’abord et primauté du spirituel ne s’opposent pas si l’on comprend qu’il y a un ordre réciproque à des niveaux différents et que la charité doit respirer par ses deux poumons moral et politique, leur union faisant la force du bien pour souffler sur le mal et le refouler. Une chrétienté, en définitive, c’est la charité organisée de la morale à la politique, de la famille à la cité, pour qu’elle soit rayonnante et conquérante, avec la grâce de Dieu. Charité organisée : l’exemple vient de haut. Notre pèlerinage s’inspire de Notre Seigneur lui-même lors de la multiplication des pains. Devant cette foule nombreuse (cinq mille) dont il eut pitié, « parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger » (saint Marc), parce qu’ils avaient faim et soif, que fait Jésus ? : il ordonne de les faire tous asseoir « par carrés de cent et cinquante ». C’est comme une figure de nos chapitres. Il faut organiser notre charité, non seulement dans nos rassemblements, mais dans la société, pour mieux donner à manger le pain de vie, offrir à chacun le don du Christ... selon le but de la mission. En guise de conclusion, je voudrais dire que le pèlerinage de chrétienté est désormais notre précieux bien commun à tous, un bien commun particulier au service du bien commun national et ecclésial, temporel et surnaturel, de la société. II est aujourd’hui le plus grand pèlerinage à pied de France. II draine depuis sa naissance des dizaines de milliers de pèlerins et une jeunesse dont la ferveur et l’affluence sont forcément un gage d’espérance pour la première baptisée des nations, la fille aînée de l’Église. Les enfants du début sont devenus à leur tour chefs de chapitre, de nombreuses vocations sont nées : la "génération Chartres" commence à produire ses fruits que d’aucuns voudraient voir plus visibles sans doute. A tort, car dans cet ordre-là, ce qui importe vraiment, comme dit Henri Pourrat, vient silencieusement et se lève dans les âmes pour n’apparaître que peu à peu. Le rôle du pèlerinage de chrétienté est de semer, non de récolter. En outre, modestement, s’il a permis beaucoup de conversions, il ne signe pas, comme dans un parti, ses réussites. Cela se passe entre Dieu et chacun dans le secret des consciences et n’est évidemment pas quantifiable en cartes d’adhésion, ni immédiatement productif. Dieu aidant, le pèlerinage de chrétienté est devenu néanmoins un fer de lance de la tradition, « le symbole de la Chrétienté en France » (le Cardinal Gagnon en 1985), « notre Czestochowa national » (Dom Gérard en 1985).

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L’appel de Chartres, c’est chaque année cette invitation tonique, de dimension nationale (et maintenant internationale) à une véritable reconquête spirituelle, pour nous- mêmes, nos familles, nos communautés, nos patries… au cœur de l’Église une, sainte, catholique, apostolique et romaine. C’est un appel à remplir notre devoir de charité politique, à nous mettre ardemment au service de l’instauration du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, en pleine fidélité avec l’encyclique de Pie XI (Quas Primas) sur le Christ-Roi, et l’enseignement de la doctrine sociale de l’Église. Qui dit bien commun dit communauté dans l’espace et dans le temps dont les chefs de chapitre sont les gardiens essentiels sous l’autorité distincte du Président et de l’Aumônier : « Gardez le pèlerinage et le pèlerinage vous gardera ! » Pour bien garder le pèlerinage, outre la pratique d’une vie intérieure exigeante, il faut avoir l’intelligence des trois grands principes développés ici et de leur harmonie. L’intelligence implique une certaine souplesse dans la fidélité, la piété et l’audace. « Unité sur les choses nécessaires, liberté sur les choses qui ne le sont pas. Charité en toutes choses », disait saint Augustin. En dépit des querelles byzantines qui trop souvent divisent notre famille, la concorde régnera toujours sur le pèlerinage si tous ses responsables comprennent qu’ils tissent non seulement une amitié au service du Vrai et du Beau mais une amitié au service d’un Bien Commun qui les dépasse. Si le Vrai (ou ce qui apparaît tel) peut parfois opposer (on veut souvent avoir raison contre l’autre, en termes dialectiques de camps opposés, sur des questions qui nous semblent nécessaires mais sont souvent d’ordre prudentiel), le Bien est ce qui attire et réunit et permet souvent au vrai ‘Vrai’, si j’ose dire, d’assumer sa bonne place. Formons donc une véritable amitié au service du Bien Commun que constitue le pèlerinage de chrétienté. Et le reste viendra de surcroît... Avec la bienveillance de Notre-Dame de la Sainte Espérance. Rémi Fontaine (8 décembre 2001)

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LES SYMBOLES AU PÈLERINAGE Chers pèlerins, Voici maintenant quelques heures que nous marchons. En tête de chacun de nos chapitres, une croix portant sur sa branche transversale le nom d’un saint ou d’une sainte, d’un bienheureux, voire d’un personnage au nom prestigieux (Baudouin IV de Jérusalem, Tom Morel, Général de Sonis, Père Sevin…) connu pour ses fortes convictions religieuses et son intégrité intellectuelle et morale. À côté de cette croix, souvent, une bannière représentant ce même personnage avec parfois une devise, une prière… Tout autour de nous, comme ce matin devant la cathédrale, des drapeaux aux couleurs d’un pays ou d’une région, avec parfois en surcharge l’insigne du Sacré Cœur et une devise, et toutes ces oriflammes dont l’étamine bleue ou blanche est parsemée de fleurs de lys d’or. C’est beau, c’est émouvant… Mais tout cela a-t-il un sens ou n’est-ce que du folklore ? Regardons-y de plus près. I. UN SIGNE DE RALLIEMENT ET DE PIÉTÉ Nos croix et nos bannières, outre le fait qu’elles sont un signe de ralliement pour les pèlerins (vous entendrez souvent dire « serrez sur la bannière »), sont aussi un signe d’identification pour les organisateurs du Pèlerinage « voilà Sainte Claire qui arrive… nous sommes légèrement en avance sur l’horaire », ainsi qu’un témoignage pour toutes les personnes qui nous voient passer : « c’est une manifestation ?, non c’est un pèlerinage… » Mais, c’est surtout un rappel du lien qui nous unit, autour de notre saint patron, et qui nous relie au ciel, d’où il nous écoute et d’où il nous protège. Nos croix et nos bannières nous tracent le chemin vers le ciel.

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C’est pourquoi il est important pendant les 3 jours de pèlerinage de veiller à ce que bannières et croix, symboles de Jésus Christ et de ses saints et saintes, marchent devant le chapitre, ouvrant ainsi la route. Ces drapeaux aux couleurs nationales (françaises, mais aussi étrangères) nous rappellent que notre pèlerinage de Chrétienté est international, qu’il est un lieu de rencontre amical entre peuples unis par une même foi et une même espérance ; les drapeaux régionaux nous disent que cette espérance s’incarne dans la vie des nations, leurs terroirs, leurs histoires et leurs coutumes…. II. UNE PROCLAMATION DE LA ROYAUTÉ SOCIALE DU CHRIST Mais ce Sacré-Cœur, cette couronne d’épines sur le drapeau français, et cette devise « Espoir et Salut de la France », n’est-ce pas sacrilège ? Est-il convenable de surcharger ainsi l’emblème de notre pays ? En principe, non bien sûr !! Mais, quand il s’agit de la marque du « Christ, Roi de l’Univers »... !! D’ailleurs cette idée n’est pas venue de l’un d’entre nous. Elle est la réponse à une demande pressante du Christ Lui-même. Voyons cela. Nous sommes en 1689, Louis XIV règne sur la France, mais les nuages s’amoncellent : quelques revers militaires, des hivers rudes qui entraînent de mauvaises récoltes… : le mécontentement gronde. Dans son couvent, une religieuse reçoit depuis quinze ans la visite de Jésus. Elle s‘appelle Marguerite-Marie Alacoque. Au cours d’apparitions successives, le Christ lui montre ses plaies, se plaint de l’ingratitude des hommes vis-à-vis de son Cœur transpercé et lui demande de répandre la dévotion à son Sacré-Cœur. Et puis, en cette année 1689 (retenez bien cette date) Il lui fait cette demande extraordinaire d’aller dire au Roi de France qu’Il souhaite que l’effigie de son Sacré-Cœur figure sur les drapeaux. Marguerite-Marie confiera cette demande à son confesseur, afin qu’il la transmette au confesseur du Roi, le Père Lachaise. On ne sait pas si le message parvint à Louis XIV car il n’y eut pas de suite. La demande de Jésus fut renouvelée en 1917, auprès d’une jeune fille de Loublande (près de Cholet) appelée Claire Ferchaud. Le Christ lui demanda de faire apposer sur le drapeau français l’image de son Sacré-Cœur. Claire transmit la demande au Président de la République, Raymond Poincaré, qui la reçut en audience. Mais il ne fit rien. Les principaux généraux des Armées françaises auxquels elle s’adressa alors, ne l’écoutèrent pas davantage. 144 Association Notre Dame de Chrétienté

Cependant, des centaines de milliers de petits drapeaux tricolores portant l’insigne du Sacré-Cœur, avec la mention « Cœur Sacré de Jésus, Espoir et Salut de la France » furent confectionnés et portés par nos soldats… Il y eût de nombreux miracles… et ce fut la Victoire... ! » III. UN TÉMOIGNAGE DE NOTRE ABANDON À LA SAINTE PROVIDENCE Quant aux oriflammes bleues et blanches surchargées d’un semis de fleurs de lys d’or…, elles nous rappellent que la France a une longue histoire (le drapeau fleurdelisé fut pendant plus de mille ans l’emblème de la Patrie) et que nous souhaitons nous souvenir de nos racines. Le Blanc et le Bleu sont les couleurs de la Vierge et le lys, symbole de pureté, sa fleur préférée, celle que le Christ choisit pour faire l’éloge de la confiance et de l’abandon à la Sainte Providence : « Observez les lys des champs comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon, lui-même dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux... Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. À chaque jour suffit sa peine » (Mt VI, 28-34) Chers pèlerins, toutes ces raisons ne sont-elles pas suffisantes pour arborer nos drapeaux et nos emblèmes ? Prenons quelques instants en silence pour y réfléchir. Bibliographie -

"Au plus fort de la tourmente…Claire Ferchaud " de Claude Mouton, éd. Résiac 1983. Commentant en 1936, la demande du Christ, Claire Ferchaud disait : « Peindre son Cœur sur nos étendards, c’est dire au Christ : ‘je crois en votre Puissance’ »

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ENGAGEMENTS DU PÈLERIN

! vivre la spiritualité du pèlerinage dans son chapitre, ! accueillir et soutenir les nouveaux pèlerins et les pèlerins isolés, ! marcher jusqu’au terme de l’étape, sauf motif sérieux, ! adopter une tenue et une attitude correctes, conformes à l’esprit du pèlerin : les vêtements indécents sont à proscrire, tout spécialement jupes et shorts très courts, ainsi que les débardeurs très décolletés ; les effets paramilitaires sont également prohibés. L’usage des drogues est strictement interdit. La consommation d’alcool et de tabac est également interdite aux mineurs. Il est demandé aux adultes de s’abstenir de fumer au sein de la colonne et de faire preuve, en ce domaine et en tout lieu, de modération et de discrétion. ! respecter la règle du silence, lorsqu’elle est demandée ; s’interdire l’usage du téléphone portable pendant la marche ; réduire le volume sonore des porte-voix…. ! éviter tout gaspillage alimentaire et contribuer au maintien de la propreté : c’est un devoir élémentaire de ne pas jeter, sur l’itinéraire, bouteilles vides, papiers etc. ! apporter son aide aux équipes logistiques, selon leurs demandes, et respecter leurs consignes (notamment montage des tentes aux emplacements indiqués). L’organisation se réserve le droit d’exclure du pèlerinage toute personne qui ne respecterait pas ces consignes ou refuserait de les suivre. 146 Association Notre Dame de Chrétienté

B. TRADITION - CHRÉTIENTÉ – MISSION

CHARTE DE L’ASSOCIATION Notre-Dame de Chrétienté Tradition – Chrétienté - Mission

1.

L’association Notre-Dame de Chrétienté, régie par la loi de 1901, a pour objet de promouvoir la chrétienté entendue comme la réalisation, dans la vie de la cité, de la « royauté du Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines » (CEC N°2105). Son moyen d’action principal est l’organisation d’un pèlerinage vers Notre-Dame de Chartres, chaque année à la Pentecôte, selon la tradition reprise par Charles Péguy et réactivée depuis 1983 dans l’esprit d’Henri et André Charlier.

2.

L’association est catholique et dirigée par des laïcs assistés d’un aumônier. Elle est libre de toute appartenance politique.

3.

Le pèlerinage est marial et missionnaire. Il cherche à rassembler tous ceux qu’anime le désir de promouvoir le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, permettant ainsi à chaque homme de s’épanouir conformément à sa vocation d’enfant de Dieu. C’est dans cet esprit que chaque pèlerin est invité : - pendant le pèlerinage, à approfondir, découvrir ou redécouvrir toutes les dimensions de la foi Catholique et de son incarnation nécessaire dans la cité ; - au-delà du pèlerinage, à participer, selon ses capacités et sa propre situation, aux diverses initiatives temporelles visant à « tout instaurer dans le Christ » (Saint Pie X).

4.

Dans une fidélité totale au Saint Siège, les organisateurs du pèlerinage se réfèrent à l’enseignement constant de l’Église.

Ils traduisent leur attachement à la Tradition sous toutes ses formes, en particulier doctrinale, liturgique et sacramentelle, par l’utilisation 147 Association Notre Dame de Chrétienté

exclusive du rit tridentin, tel qu’il a été codifié dans les livres liturgiques de 1962, et à nouveau confirmé par le motu proprio « Summorum Pontificum » du 7 juillet 2007, comme étant la forme extraordinaire, jamais abrogée, de la liturgie du Saint Sacrifice de la Messe. Ils demandent aux prêtres, qui les accompagnent, de respecter ce choix dans le ministère qu’ils exercent pendant le pèlerinage et au cours des différentes activités préparatoires. 5.

La participation au pèlerinage se fait obligatoirement au sein de chapitres officiellement reconnus et autorisés. Ceux-ci sont encouragés à conserver une vie propre en dehors du pèlerinage. Ils doivent partager son élan missionnaire.

6.

Les organisateurs et les chefs de chapitre adhèrent à toutes les dispositions de la présente charte et préparent le pèlerinage par un travail approfondi. Celui-ci est pour eux l’occasion, par l’étude et la prière, de renforcer leur union et d’accroître leur amour de l’Église.

7.

Les membres de l’association Notre-Dame de Chrétienté savent qu’ils ne sont que des instruments entre les mains de la Providence. Ils déposent leurs efforts aux pieds de Notre-Dame et mettent en Elle toute leur espérance. C’est dans cet esprit qu’ils s’attachent à répandre la consécration à Marie et la récitation quotidienne du chapelet, afin que, par Elle, toutes les âmes, les familles et les nations soient gagnées à Jésus.

Mise à jour du 18 février 2010

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INSTRUCTION "UNIVERSAE ECCLESIAE" du 13 mai 2011 Sur les deux formes de la liturgie romaine De la commission Ecclesia Dei, sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum donnée motu proprio par Sa Sainteté le Pape émérite BENOÎT XVI, le 7 juillet 2007. I. INTRODUCTION La Lettre apostolique Summorum Pontificum, donnée motu proprio par le Souverain Pontife Benoît XVI le 7 juillet 2007 et entrée en vigueur le 14 septembre 2007, a rendu plus accessible la richesse de la liturgie romaine à l’Église universelle.

1.

2.

Par ce Motu Proprio, le Souverain Pontife Benoît XVI a promulgué une loi universelle pour l’Église, avec l’intention de donner un nouveau cadre normatif à l’usage de la liturgie romaine en vigueur en 1962.

3.

Après avoir rappelé la sollicitude des Souverains Pontifes pour la sainte liturgie et la révision des livres liturgiques, le Saint-Père reprend le principe traditionnel, reconnu depuis des temps immémoriaux et à maintenir nécessairement à l’avenir, selon lequel « chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement sur la doctrine de la foi et sur les signes sacramentels, mais aussi sur les usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue. On doit les observer non seulement pour éviter les erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, car la règle de la prière de l’Église correspond à sa règle de foi ». (BENOÎT XVI, Motu proprio Summorum Pontificum, art. 1 : AAS 99(2007), p. 777 ; La Documentation catholique 104 (2007), pp. 702-704 ; cf. Présentation générale du Missel romain, 3e éd., 2002, n. 397) 149

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4.

Le Souverain Pontife évoque en outre les Pontifes romains qui se sont particulièrement donnés à cette tâche, notamment saint Grégoire le Grand et saint Pie V. Le Pape souligne également que, parmi les livres liturgiques sacrés, le Missale Romanum a joué un rôle particulier dans l’histoire et qu’il a connu des mises à jour au cours des temps jusqu’au bienheureux Pape Jean XXIII. Puis, après la réforme liturgique qui suivit le Concile Vatican II, le Pape Paul VI approuva en 1970 pour l’Église de rite latin un nouveau Missel, qui fut ensuite traduit en différentes langues. Le Pape Jean Paul II en promulgua une troisième édition en l’an 2000.

5.

Plusieurs fidèles, formés à l’esprit des formes liturgiques antérieures au Concile Vatican II, ont exprimé le vif désir de conserver la tradition ancienne. C’est pourquoi, avec l’indult spécial "Quattuor abhinc annos" publié en 1984 par la Sacrée Congrégation pour le Culte divin, le Pape Jean Paul II concéda sous certaines conditions la faculté de reprendre l’usage du Missel romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII. En outre, avec le Motu Proprio Ecclesia Dei de 1988, le Pape Jean Paul II exhorta les Évêques à concéder généreusement cette faculté à tous les fidèles qui le demandaient. C’est dans la même ligne que se situe le Pape Benoît XVI avec le Motu Proprio Summorum Pontificum, où sont indiqués, pour l’"usus antiquior" du rite romain, quelques critères essentiels qu’il est opportun de rappeler ici.

6.

Les textes du Missel romain du Pape Paul VI et de la dernière édition de celui du Pape Jean XXIII sont deux formes de la liturgie romaine, respectivement appelées ordinaire et extraordinaire : il s’agit de deux mises en œuvre juxtaposées de l’unique rite romain. L’une et l’autre forme expriment la même "Lex Orandi" de l’Église. En raison de son usage antique et vénérable, la forme extraordinaire doit être conservée avec l’honneur qui lui est dû.

7.

Le Motu Proprio Summorum Pontificum s’accompagne d’une lettre du Saint-Père aux Évêques, publiée le même jour que lui (7 juillet 2007) et offrant de plus amples éclaircissements sur l’opportunité et la nécessité du Motu Proprio lui-même : il s’agissait effectivement de combler une lacune, en donnant un nouveau cadre normatif à l’usage de la liturgie romaine en vigueur en 1962. Ce cadre s’imposait particulièrement du fait qu’au moment de l’introduction du nouveau missel, il n’avait pas semblé 150 Association Notre Dame de Chrétienté

nécessaire de publier des dispositions destinées à régler l’usage de la liturgie en vigueur en 1962. En raison de l’augmentation du nombre de ceux qui demandent à pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de donner quelques normes à ce sujet. Le Pape Benoît XVI affirme notamment : « Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste». (BENOÎT XVI, Lettre aux Évêques qui accompagne la Lettre apostolique « motu proprio data » Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 798 ; La Documentation catholique 104 (2007), p. 707). 8.

Le Motu Proprio Summorum Pontificum constitue une expression remarquable du magistère du Pontife romain et de son "munus"propre régler et ordonner la sainte liturgie de l’Église (Cf. Code de droit canonique, c. 838, § 1 et § 2.) - et il manifeste sa sollicitude de Vicaire du Christ et de Pasteur de l’Église universelle (Cf. Code de droit canonique, c. 331.). Il se propose : - d’offrir à tous les fidèles la liturgie romaine dans l’"usus antiquior", comme un trésor à conserver précieusement ; - de garantir et d’assurer réellement l’usage de la forme extraordinaire à tous ceux qui le demandent, étant bien entendu que l’usage de la liturgie latine en vigueur en 1962 est une faculté donnée pour le bien des fidèles et donc à interpréter en un sens favorable aux fidèles qui en sont les principaux destinataires ; - de favoriser la réconciliation au sein de l’Église.

II. LES MISSIONS ECCLESIA DEI 9.

DE

LA

COMMISSION

PONTIFICALE

Le Souverain Pontife a doté la Commission pontificale Ecclesia Dei d’un pouvoir ordinaire vicaire dans son domaine de compétence, en particulier pour veiller sur l’observance et l’application des dispositions du Motu Proprio Summorum Pontificum (cf. art. 12). 151 Association Notre Dame de Chrétienté

10.

11.

III. 12.

§ 1. La Commission pontificale exerce ce pouvoir, non seulement grâce aux facultés précédemment concédées par le Pape Jean Paul II et confirmées par le Pape Benoît XVI (cf. Motu-Proprio Summorum Pontificum, art. 11-12), mais aussi grâce au pouvoir d’exprimer une décision, en tant que Supérieur hiérarchique, au sujet des recours qui lui sont légitimement présentés contre un acte administratif de l’Ordinaire qui semblerait contraire au Motu Proprio. § 2. Les décrets par lesquels la Commission pontificale exprime sa décision au sujet des recours pourront être attaqués "ad normam iuris"devant le Tribunal Suprême de la Signature Apostolique. Après approbation de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, il revient à la Commission pontificale Ecclesia Dei de veiller à l’édition éventuelle des textes liturgiques relatifs à la forme extraordinaire du rite romain. NORMES SPÉCIFIQUES À la suite de l’enquête réalisée auprès des Évêques du monde entier et en vue de garantir une interprétation correcte et une juste application du Motu Proprio Summorum Pontificum, cette Commission pontificale, en vertu de l’autorité qui lui a été attribuée et des facultés dont elle jouit, publie cette Instruction, conformément au canon 34 du Code de droit canonique.

La compétence des Évêques diocésains 13.

14.

D’après le Code de droit canonique (Cf. Code de droit canonique, c. 223 § 2 ; 838 § 1 et § 4.), les Évêques diocésains doivent veiller à garantir le bien commun en matière liturgique et à faire en sorte que tout se déroule dignement, pacifiquement et sereinement dans leur diocèse, toujours en accord avec la mens du Pontife romain clairement exprimée par le Motu Proprio Summorum Pontificum. (Cf. BENOÎT XVI, Lettre aux Évêques qui accompagne la Lettre apostolique « motu proprio data » Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 799 ; La Documentation catholique 104 (2007), p. 707.). En cas de litige ou de doute fondé au sujet de la célébration dans la forme extraordinaire, la Commission pontificale Ecclesia Dei jugera. Il revient à l’Évêque diocésain de prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect de la forme extraordinaire du rite romain, conformément au Motu Proprio Summorum Pontificum. 152 Association Notre Dame de Chrétienté

Le "coetus fidelium" (cf Motu Proprio Summorum Pontificum, art 5. §1) 15.

Un "coetus fidelium" pourra se dire stable (stabiliter exsistens), au sens où l’entend l’art. 5 § 1 de Summorum Pontificum, s’il est constitué de personnes issues d’une paroisse donnée qui, même après la publication du Motu Proprio, se sont réunies à cause de leur vénération pour la liturgie célébrée dans l’"usus antiquior" et qui demandent sa célébration dans l’église paroissiale, un oratoire ou une chapelle ; ce coetus peut aussi se composer de personnes issues de paroisses ou de diocèses différents qui se retrouvent à cette fin dans une église paroissiale donnée, un oratoire ou une chapelle.

16.

Si un prêtre se présente occasionnellement avec quelques personnes dans une église paroissiale ou un oratoire en souhaitant célébrer dans la forme extraordinaire, comme le prévoient les articles 2 et 4 du Motu Proprio Summorum Pontificum, le curé, le recteur ou le prêtre responsable de l’église acceptera cette célébration, tout en tenant compte des exigences liées aux horaires des célébrations liturgiques de l’église elle-même.

17.

§ 1. Dans chaque cas, le curé, le recteur ou le prêtre responsable de l’église prendra sa décision avec prudence, en se laissant guider par son zèle pastoral et par un esprit d’accueil généreux. § 2. Dans le cas de groupes numériquement moins importants, on s’adressera à l’Ordinaire du lieu pour trouver une église où ces fidèles puissent venir assister à ces célébrations, de manière à faciliter leur participation et une célébration plus digne de la Sainte Messe.

18.

Dans les sanctuaires et les lieux de pèlerinage, on offrira également la possibilité de célébrer selon la forme extraordinaire aux groupes de pèlerins qui le demanderaient (cf. Motu Proprio Summorum Pontificum, art. 5 § 3), s’il y a un prêtre idoine.

19.

Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle.

153 Association Notre Dame de Chrétienté

Le "sacerdos idoneus" (cf Motu Proprio Summorum Pontificum, art 5. §4) 20.

Les conditions requises pour considérer un prêtre comme « idoine » à la célébration dans la forme extraordinaire s’énoncent comme suit : - tout prêtre qui n’est pas empêché par le droit canonique (Cf. Code de droit canonique, c. 900 § 2.), doit être considéré comme idoine à la célébration de la Sainte Messe dans la forme extraordinaire ; - il doit avoir du latin une connaissance de base qui lui permette de prononcer correctement les mots et d’en comprendre le sens ; - la connaissance du déroulement du rite est présumée chez les prêtres qui se présentent spontanément pour célébrer dans la forme extraordinaire et qui l’ont déjà célébrée.

21.

On demande aux Ordinaires d’offrir au clergé la possibilité d’acquérir une préparation adéquate aux célébrations dans la forme extraordinaire. Cela vaut également pour les séminaires, où l’on devra pourvoir à la formation convenable des futurs prêtres par l’étude du latin (Cf. Code de droit canonique, c. 249; CONC. OECUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 36 ; Décr. Optatam totius, n. 13.), et, si les exigences pastorales le suggèrent, offrir la possibilité d’apprendre la forme extraordinaire du rite.

22.

Dans les diocèses sans prêtre idoine, les Évêques diocésains peuvent demander la collaboration des prêtres des Instituts érigés par la Commission pontificale Ecclesia Dei, soit pour célébrer, soit même pour enseigner à le faire.

23.

La faculté de célébrer la Messe "sine populo" (ou avec la participation du seul ministre) dans la forme extraordinaire du rite romain est donnée par le Motu Proprio à tout prêtre séculier ou religieux (cf. Motu Proprio Summorum Pontificum, art. 2). Pour ces célébrations, les prêtres n’ont donc besoin, selon le Motu Proprio Summorum Pontificum, d’aucun permis spécial de leur Ordinaire ou de leur supérieur.

La discipline liturgique et ecclésiastique 24.

Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels qu’ils sont. Tous ceux qui désirent célébrer selon la forme extraordinaire du rite romain doivent connaître les rubriques prévues et les suivre fidèlement dans les célébrations.

154 Association Notre Dame de Chrétienté

25.

De nouveaux saints et certaines des nouvelles préfaces pourront et devront être insérés dans le Missel de 1962 (Cf. BENOÎT XVI, Lettre aux Évêques qui accompagne la Lettre apostolique « motu proprio data » Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 797 ; La Documentation catholique 104, p. 706), selon les normes qui seront indiquées plus tard.

26.

Comme le prévoit le Motu Proprio Summorum Pontificum à l’article 6, les lectures de la Sainte Messe du Missel de 1962 peuvent être proclamées soit seulement en latin, soit en latin puis dans la langue du pays, soit même, dans le cas des Messes lues, seulement dans la langue du pays.

27.

En ce qui concerne les normes disciplinaires liées à la célébration, on appliquera la discipline ecclésiastique définie dans le Code de droit canonique de 1983.

28.

De plus, en vertu de son caractère de loi spéciale, le Motu Proprio Summorum Pontificum déroge, dans son domaine propre, aux mesures législatives sur les rites sacrés prises depuis 1962 et incompatibles avec les rubriques des livres liturgiques en vigueur en 1962.

La Confirmation et l’Ordre sacré 29.

La permission d’utiliser la formule ancienne pour le rite de la confirmation a été reprise par le Motu Proprio Summorum Pontificum (cf. art. 9 § 2). Dans la forme extraordinaire, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser la formule rénovée du Rituel de la confirmation promulgué par le Pape Paul VI.

30.

Pour la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat, le Motu Proprio Summorum Pontificum n’introduit aucun changement dans la discipline du Code de droit canonique de 1983 ; par conséquent, dans les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique qui dépendent de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le profès de voeux perpétuels ou celui qui a été définitivement incorporé dans une société cléricale de vie apostolique est, par l’ordination diaconale, incardiné comme clerc dans l’Institut ou dans la Société, conformément au canon 266 § 2 du Code de droit canonique.

155 Association Notre Dame de Chrétienté

31.

Seuls les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique qui dépendent de la Commission pontificale Ecclesia Dei ainsi que ceux dans lesquels se maintient l’usage des livres liturgiques de la forme extraordinaire peuvent utiliser le Pontifical romain en vigueur en 1962 pour conférer les ordres mineurs et majeurs.

Le Bréviaire romain 32.

Les clercs ont la faculté d’utiliser le Bréviaire romain en vigueur en 1962 dont il est question à l’article 9 § 3 du Motu Proprio Summorum Pontificum. Celui-ci doit être récité intégralement et en latin.

Le Triduum sacré 33.

S’il y a un prêtre idoine, le "coetus fidelium" qui adhère à la tradition liturgique précédente peut aussi célébrer le Triduum sacré dans la forme extraordinaire. Au cas où il n’y aurait pas d’église ou d’oratoire exclusivement prévu pour ces célébrations, le curé ou l’Ordinaire prendront les mesures les plus favorables au bien des âmes, en accord avec le prêtre, sans exclure la possibilité d’une répétition des célébrations du Triduum sacré dans la même église.

Les rites des Ordres religieux 34.

Il est permis d’utiliser les livres liturgiques propres aux Ordres religieux et en vigueur en 1962.

Pontifical romain et Rituel romain 35.

Conformément au n. 28 de cette Instruction et restant sauf ce qui est prescrit par le n. 31, l’usage du Pontifical romain et du Rituel romain, ainsi que celui du Cérémonial des Évêques en vigueur en 1962 sont permis.

Au cours de l’audience du 8 avril 2011 accordée au Cardinal Président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le Souverain Pontife Benoît XVI a approuvé la présente Instruction et en a ordonné la publication. Donné à Rome, au siège de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le 30 avril 2011, en la mémoire de saint Pie V. William Cardinal Levada, Président, Monseigneur Guido Pozzo secrétaire. 156 Association Notre Dame de Chrétienté

SERMON DE DOM GÉRARD : CHRÉTIENTÉ (Sermon prononcé par Dom Gérard, prieur du Barroux, en la cathédrale de Chartres, au cours de la Sainte Messe célébrée par le Révérend Père Lecareux, en clôture du IIIe pèlerinage organisé par le Centre Charlier à la Pentecôte 1985). " Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. Chers pèlerins de Notre-Dame, Vous voilà enfin rassemblés en compagnie de vos anges gardiens, présents eux aussi par milliers, que nous saluons avec affection et reconnaissance, au terme de cet ardent pèlerinage, plein de prières, de chants et de sacrifices, et déjà certains d’entre vous ont retrouvé la robe blanche de l’innocence baptismale. Quel bonheur! Vous voilà rassemblés par une grâce de Dieu dans l’enceinte de cette cathédrale bénie, sous le regard de Notre-Dame de la Belle Verrière, une des plus belles images de la Très Sainte Vierge. Image devant laquelle nous savons que Saint Louis est venu s’agenouiller après un pèlerinage accompli pieds nus. Est-ce que cela ne suffit pas à nous rendre le goût de nos racines chrétiennes et françaises ? Nous vous remercions, chers pèlerins, parce que, en l’honneur de cette Vierge Sainte, vous vous êtes mis en marche par milliers, et ce sont des milliers de voix, sortant de milliers de poitrines, de tous les âges et de toutes les conditions, qui nous donnent ce soir la plus belle et la plus vivante image de la chrétienté. Nous vous remercions de vous présenter ainsi chaque année comme une parabole vivante ; car lorsque vous vous avancez au cours de ces trois jours de marche vers le sanctuaire de Marie en priant et en chantant, vous exprimez la condition même de la vie chrétienne qui est d’être un long pèlerinage et une longue marche vers le paradis ! Et cette marche aboutit dans l’église, qui est l’image du sanctuaire céleste. 157 Association Notre Dame de Chrétienté

La vie chrétienne est une marche, souvent douloureuse, passant par le Golgotha, mais éclairée par les splendeurs de l’Esprit. Et qui débouche dans la gloire. Ah ! On peut bien nous persécuter, cependant j’interdis qu’on nous plaigne. Car nous appartenons une race d’exilés et de voyageurs, douée d’un prodigieux pouvoir d’invention, mais qui refuse (c’est sa religion) de laisser détourner son regard des choses du Ciel. N’est-ce pas ce que nous chanterons tout à l’heure à la fin du Credo : Et exspecto, (et j’attends), Vitam venturi saeculi (la vie du siècle à venir). Oh ! Non pas un âge d’or terrestre, fruit d’une évolution supposée, mais le vrai paradis de Dieu dont Jésus parlait en disant au bon larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ! » Si nous cherchons à pacifier la terre, à embellir la terre, ce n’est pas pour remplacer le Ciel, c’est pour lui servir d’escabeau. Et si un jour, face à la barbarie montante, nous devions prendre les armes en défense de nos cités charnelles, c’est parce qu’elles sont, comme le disait notre cher Péguy, « l’image et le commencement et le corps et l’essai de la maison de Dieu ». Mais avant même que ne sonne l’heure d’une reconquête militaire, n’est-il pas permis de parler de croisade, du moins lorsqu’une communauté se trouve menacée dans ses familles, dans ses écoles, dans ses sanctuaires, dans l’âme de ses enfants ? Aussi bien, chers amis, nous n’avons pas peur de la révolution nous craignons plutôt l’éventualité d’une contre-révolution sans Dieu ! Ce serait rester enfermés dans le cycle infernal du laïcisme et de la désacralisation ! Il n’y a pas de mot pour signifier l’horreur que doit nous inspirer l’absence de Dieu dans les institutions du monde moderne ! Voyez l’O.N.U, architecture soignée, aula gigantesque, drapeaux des nations qui claquent dans le ciel. Pas de crucifix ! Le monde s’organise sans Dieu, sans référence à son Créateur. Immense blasphème ! Entrez dans une école d’État : les enfants y sont instruits sur tout. Silence sur Dieu ! Scandale atroce ! Mutilation de l’intelligence, atrophie de l’âme sans parler des lois permettant le crime abominable de l’avortement. Ce qu’il y a de plus triste, mes chers frères, et de plus honteux, c’est que la masse des chrétiens finit par s’habituer à cet état de chose. Ils ne protestent pas ; ils ne réagissent pas. Ou bien, pour se donner une excuse, ils invoquent l’évolution des mœurs et des sociétés. Quelle honte ! 158 Association Notre Dame de Chrétienté

« Il y a quelque chose de pire que le reniement déclaré, disait l’un des nôtres, c’est l’abandon souriant des principes, le lent glissement avec des airs de fidélité ». Est-ce qu’une odeur putride ne se dégage pas de la civilisation moderne ? Eh bien! Contre cette apostasie de la civilisation et de l’État qui détruit nos familles et nos cités, nous proposons un grand remède, étendu au corps tout entier ; nous proposons ce qui est l’idée-force de toute civilisation digne de ce nom : la chrétienté ! Qu’est-ce qu’une chrétienté ? Chers pèlerins, vous le savez et vous venez d’en faire l’expérience : la chrétienté est une alliance du sol et du ciel ; un pacte, scellé par le sang des martyrs, entre la terre des hommes et le paradis de Dieu ; un jeu candide et sérieux, un humble commencement de la vie éternelle. La chrétienté, mes chers frères, c’est la lumière de l’Évangile projetée sur nos patries, sur nos familles, sur nos mœurs et sur nos métiers. La chrétienté, c’est le corps charnel de l’Église, son rempart, son inscription temporelle. La chrétienté, pour nous autres Français, c’est la France gallo-romaine, fille de ses évêques et de ses moines ; c’est la France de Clovis converti par Sainte Clotilde et baptisé par Saint Rémi ; c’est le pays de Charlemagne conseillé par le moine Alcuin, tous deux organisateurs des écoles chrétiennes, réformateurs du clergé, protecteurs des monastères. La chrétienté, pour nous, c’est la France du XIIème siècle, couverte d’un blanc manteau de monastères, où Cluny et Cîteaux rivalisaient en sainteté, où des milliers de mains jointes, consacrées à la prière, intercédaient nuit et jour pour les cités temporelles ! C’est la France du XIIIème siècle, gouvernée par un Saint roi, fils de Blanche de Castille, qui invitait à sa table Saint Thomas d’Aquin, tandis que les fils de Saint Dominique et de Saint François s’élançaient sur les routes et dans les cités, prêchant l’Évangile du Royaume. La chrétienté, en Espagne, c’est Saint Ferdinand, le roi catholique, c’est Isabelle de France, sœur de saint Louis, rivalisant avec son frère en piété, en courage et en intelligente bonté. La chrétienté, chers pèlerins, c’est le métier des armes, tempéré et consacré par la chevalerie, la plus haute incarnation de l’idée militaire ; c’est la croisade où l’épée est mise au service de la foi, où la charité s’exprime par le courage et le sacrifice. La chrétienté, c’est l’esprit laborieux, le goût du travail bien fait, l’effacement de l’artiste derrière son œuvre. Connaissez-vous le nom des auteurs de ces chapiteaux et de ces verrières ? 159 Association Notre Dame de Chrétienté

La chrétienté, c’est l’énergie intelligente et inventive, la prière traduite en action, l’utilisation de techniques neuves et hardies. C’est la cathédrale, élan vertigineux, image du ciel, immense vaisseau où le chant grégorien unanime s’élève, suppliant et radieux, jusqu’au sommet des voûtes pour redescendre en nappes silencieuses dans les cœurs pacifiés. La chrétienté, mes frères, (soyons véridiques), c’est aussi un monde menacé par les forces du mal ; un monde cruel où s’affrontent les passions, un pays en proie à l’anarchie, le royaume des lis saccagé par la guerre, les incendies, la famine, la peste qui sème la mort dans les campagnes et dans les cités. Une France malheureuse, privée de son roi, en pleine décadence, vouée à l’anarchie et au pillage. Et c’est dans cet univers de boue et de sang que l’humus de notre humanité pécheresse, arrosé par les larmes de la prière et de la pénitence, va faire germer la plus belle fleur de notre civilisation, la figure la plus pure et la plus noble, la tige la plus droite qui soit née sur notre sol de France : Jeanne de Domrémy ! Sainte Jeanne d’Arc achèvera de nous dire ce qu’est une chrétienté. Ce n’est pas seulement la cathédrale, la croisade et la chevalerie : ce n’est pas seulement l’art, la philosophie, la culture et les métiers des hommes montant vers le trône de Dieu comme une sainte liturgie. C’est aussi et surtout la proclamation de la royauté de Jésus-Christ sur les âmes, sur les institutions et sur les mœurs. C’est l’ordre temporel de l’intelligence et de l’amour soumis à la très haute et très sainte royauté du Seigneur Jésus. C’est l’affirmation que les souverains de la terre ne sont que les lieutenants du roi du Ciel. « Le royaume n’est pas à vous, dit Jeanne d’Arc au dauphin. Il est à Messire. Et quel est votre Sire ? demande-t-on à Jeanne. C’est le roi du Ciel, répond la jeune fille, et Il vous le confie afin que vous le gouverniez en son nom. » Quel élargissement de nos perspectives ! Quelle vision grandiose sur la dignité de l’ordre temporel ! En un trait saisissant, la bergère de Domrémy nous livre la pensée de Dieu sur le règne intérieur des nations. Car les nations, (et la nôtre en particulier), sont des familles aimées de Dieu, tellement aimées que Jésus-Christ, les ayant rachetées et lavées de son sang, veut encore régner sur elles d’une royauté toute de paix, de Justice et d’amour qui préfigure le Ciel. « France, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » interrogeait le pape il y a cinq ans. Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de France, Notre-Dame de Chartres, nous vous demandons de guérir ce peuple infirme, de lui rendre sa pureté d’enfant, son honneur de fils. 160 Association Notre Dame de Chrétienté

Nous vous demandons de lui rendre sa vocation terrienne, sa vocation paysanne, ses familles nombreuses penchées avec respect et amour sur la terre nourricière. Cette terre qui a su produire, au cours des siècles, un pain honnête et des fruits de sainteté. Très Sainte Vierge, rendez à ce peuple sa vocation de soldat, de laboureur, de poète, de héros et de saint. Rendez-nous l’âme de la France ! Délivrez-nous de ce fléau idéologique qui violente l’âme de ce peuple. Ils ont chassé les crucifix des écoles, des tribunaux et des hôpitaux. Ils font en sorte que l’homme soit éduqué sans Dieu, jugé sans Dieu et qu’il meure sans Dieu ! C’est donc à une croisade et à une reconquête que nous sommes conviés. Reconquérir nos écoles, nos églises, nos familles. Alors, un jour, si Dieu nous en fait la grâce, nous verrons, au terme de nos efforts, venir à nous le visage radieux et tant aimé de celle que nos anciens appelaient la douce France. La douce France, image de la douceur de Dieu. Nous sera-t-il permis, ce soir, devant quelques milliers de pèlerins de parler de la douceur de Dieu? C’est un moine qui vous parle. Et la douceur de Dieu, vous le savez, récompense au-delà de toute prévision les combats que ses serviteurs livrent pour le Royaume. Douceur paternelle de Dieu. Douceur du crucifié! Ô douce Vierge Marie, enveloppez d’un manteau de douceur et de paix nos âmes affrontées à de durs combats. L’an prochain, c’est à toute la chrétienté que nous donnons rendez-vous aux pieds de Notre-Dame de Chartres, qui sera désormais notre Czestochowa national. Que le Saint-Esprit vous illumine, que la Très Sainte Vierge vous garde et que l’armée des anges vous protège. Ainsi Soit-il. " Notre-Dame de Chartres, Pentecôte 1985.

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L’ENGAGEMENT DES CATHOLIQUES EN POLITIQUE Cardinal Ratzinger, 2002 Extraits La congrégation pour la Doctrine de la foi, après avoir pris, entre autres, l’avis du Conseil pontifical pour les Laïcs, a jugé opportun de publier la présente "Note doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement des catholiques dans la vie politique". Cette "Note" est adressée aux évêques de l’Église catholique et de manière spéciale aux hommes politiques catholiques ainsi qu’à tous les fidèles laïcs appelés à participer à la vie publique et politique dans les sociétés démocratiques. I.

UN ENSEIGNEMENT CONSTANT

En deux mille ans d’histoire, l’engagement des chrétiens dans le monde s’est réalisé sous des formes diverses. L’une d’entre elles a été la participation à l’action politique : les chrétiens, affirmait un écrivain ecclésiastique des premiers siècles, « participent à la vie publique comme citoyens ». Parmi ses saints, l’Église vénère beaucoup d’hommes et de femmes qui ont servi Dieu par leur engagement généreux dans les activités politiques et gouvernementales. L’un d’entre eux, Saint Thomas More, proclamé patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques, a su témoigner jusqu’à la mort de la « dignité inaliénable de la conscience ». Bien que soumis à diverses formes de pressions psychologiques, il a refusé tout compromis et, sans renier « sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes » qui l’avait distingué, il a affirmé par sa vie et par sa mort que l’ « on ne peut séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la morale ».

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En accomplissant leurs devoirs civils normaux, « guidés par leur conscience chrétienne » (Gaudium et spes n°76), selon les valeurs conformes à cette conscience, les fidèles réalisent aussi la tâche qui leur est propre d’animer chrétiennement l’ordre temporel, tout en en respectant la nature et la légitime autonomie, et en coopérant avec les autres citoyens, selon leur compétence spécifique et sous leur propre responsabilité. Il résulte de cet enseignement fondamental du concile Vatican II que « les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la "politique", à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun » (Christifideles laici n°42). Ce bien commun inclut la défense et la promotion de réalités telles que l’ordre public et la paix, la liberté et l’égalité, le respect de la vie humaine et de l’environnement, la justice, la solidarité, etc. La présente "Note" ne prétend pas proposer de nouveau l’intégralité de l’enseignement de l’Église en la matière, qui est d’ailleurs repris dans ses lignes essentielles dans le "Catéchisme de l’Église Catholique", mais elle veut simplement rappeler quelques principes propres à la conscience chrétienne, qui inspirent l’engagement social et politique des catholiques dans les sociétés démocratiques. Et cela parce que, ces derniers temps, souvent par suite du cours rapide des évènements, sont apparues des orientations ambiguës et des positions contestables, qui rendent utile la clarification de dimensions et d’aspects importants d’une telle question. II. QUELQUES POINTS CLÉS DANS LE DÉBAT CULTUREL ET POLITIQUE ACTUEL La société civile se trouve aujourd’hui dans un processus culturel complexe, qui signe la fin d’époque et l’incertitude pour celle qui se profile à l’horizon. Mais, en même temps, il n’est pas possible de passer sous silence les graves dangers vers lesquels certaines tendances culturelles voudraient orienter les législations, et par voie de conséquence, les comportements des futures générations. On constate, aujourd’hui, un certain relativisme culturel, qui se manifeste de manière évidente en érigeant en théorie et en défendant le pluralisme éthique, qui est la preuve de la décadence et de la dissolution de la raison et des principes de la loi morale naturelle.

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Il en résulte que, d’une part, les citoyens revendiquent la plus complète autonomie pour leurs choix moraux, tandis que, de l’autre, les législateurs pensent qu’il faut respecter cette liberté de choix, en formulant des lois qui font fi des principes de l’éthique naturelle, pour se montrer indulgent uniquement envers certaines orientations culturelles ou morales transitoires, comme si toutes les conceptions possibles de la vie avaient une égale valeur. En même temps, en s’appuyant de façon trompeuse sur la valeur de la tolérance, on demande à une bonne partie des citoyens (et notamment aux catholiques) de renoncer à participer à la vie sociale et politique de leur pays, selon la conception de la personne et du bien commun qu’ils pensent humainement vraie et juste, (…) Les citoyens qui ont raison, sont ceux qui jugent totalement fausse la thèse relativiste, selon laquelle il n’existe pas une norme morale enracinée dans la nature même de l’homme, au jugement de laquelle doit se soumettre toute conception de l’homme, du bien commun et de l’État. Cette conception relativiste du pluralisme n’a rien à voir avec la légitime liberté qu’ont les citoyens catholiques de choisir, parmi les opinions politiques compatibles avec la foi et la morale naturelle, celle qui, selon leur propre critère, correspond le mieux aux exigences du bien commun. La liberté politique n’est pas fondée, et ne peut pas l’être, sur l’idée relativiste selon laquelle toutes les conceptions du bien de l’homme ont la même vérité et la même valeur, mais sur le fait que les activités politiques visent, pour chaque cas, à la réalisation extrêmement concrète du vrai bien humain et social, dans un contexte historique, géographique, économique, technologique et culturel bien déterminé. La réalisation concrète et la diversité des circonstances engendrent généralement une pluralité d’orientations et de solutions, qui doivent toutefois être moralement acceptables. Il n’appartient pas à l’Église de formuler des solutions concrètes (et encore moins des solutions uniques) pour des questions temporelles que Dieu a laissées au jugement libre et responsable de chacun, bien qu’elle ait le droit et le devoir de prononcer des jugements moraux sur des jugements temporels, lorsque la foi et la morale le requièrent. Si les chrétiens sont tenus « de reconnaître la légitime multiplicité et diversité des options temporelles » (Gaudium et Spes, n.76), ils sont également appelés à s’opposer à une conception du pluralisme marquée par le relativisme moral, qui est nuisible pour la vie démocratique elle-même, celleci ayant besoin de fondements vrais et solides, c'est-à-dire de principes éthiques qui, en raison de leur nature et de leur rôle de fondement de la vie sociale, ne sont pas « négociables ». 164 Association Notre Dame de Chrétienté

En ce qui concerne le militantisme politique concret, il faut noter que : -

le caractère contingent de certains choix en matière sociale, les diverses stratégies souvent possibles pour réaliser ou garantir une même valeur substantielle de fond, la possibilité d’interpréter de manière différente certains principes fondamentaux de la théorie politique, la complexité technique d’une bonne partie des problèmes politiques,

tout cela explique le fait qu’il y ait en général une pluralité de partis à l’intérieur desquels, les catholiques puissent choisir de militer, pour exercer (surtout à travers la représentation parlementaire) leurs droits et leurs devoirs dans la construction de la vie civile de leur pays. Ce constat évident ne peut, cependant, se confondre avec un pluralisme indéterminé dans le choix des principes moraux et des valeurs fondamentales auxquels on se réfère. La légitime pluralité des options temporelles garde intacte la source d’où provient l’engagement des catholiques dans la politique, et cette dernière se réfère directement à la doctrine morale et sociale chrétienne. C’est à cet enseignement que les laïcs catholiques doivent toujours se conformer pour avoir la certitude que leur participation à la vie politique est empreinte d’une responsabilité cohérente à l’égard des réalités temporelles. L’Église a conscience que si, d’une part, le chemin de la démocratie exprime au mieux la participation directe des citoyens aux choix politiques, d’autre part, il n’est possible que dans la mesure où il est fondé sur une juste conception de la personne. Sur ce principe, l’engagement des catholiques ne peut tolérer aucun compromis, car, autrement, le témoignage de la foi chrétienne dans le monde, ainsi que l’unité et la cohérence interne des fidèles eux-mêmes, feraient défaut. La structure démocratique, sur laquelle entend se construire un état moderne, aurait une certaine fragilité, si elle ne prenait pas comme fondement le caractère central de la personne. C’est d’ailleurs, le respect de la personne qui rend possible la participation démocratique. Comme l’enseigne le concile Vatican II, « la sauvegarde des droits de la personne est en effet la condition indispensable pour que les citoyens, individuellement ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la gestion de la nation ». (Gaudium et spes, n.73). 165 Association Notre Dame de Chrétienté

À partir de là, s’étend le réseau complexe des problématiques actuelles, qui ne peuvent être comparées aux questions qui se posaient aux siècles passés. Les conquêtes scientifiques ont en effet permis d’atteindre des objectifs qui ébranlent les consciences et qui obligent à trouver des solutions susceptibles de respecter les principes éthiques d’une manière cohérente et solide. On assiste au contraire à des tentatives de législation qui visent à briser le caractère intangible de la vie humaine, sans tenir compte des conséquences qui en découlent pour l’existence et l’avenir des peuples, dans le domaine de la formation de la culture et des comportements sociaux. Dans une telle situation, les catholiques ont le droit et le devoir d’intervenir pour rappeler le sens le plus profond de la vie et des responsabilités qui incombent à tous en cette matière. Dans la droite ligne de l’enseignement constant de l’Église, Jean-Paul II a maintes fois répété que ceux qui sont engagés directement dans les instances législatives ont, « une obligation précise de s’opposer » à toute loi qui s’avère un attentat contre la vie humaine. Pour eux, comme pour tout catholique, il est impossible de participer à des campagnes d’opinion en faveur de telles lois, et il n’est permis à personne de les soutenir par son vote. Comme l’a enseigné Jean-Paul II dans l’encyclique "Evangelium vitae" à propos du cas où il ne serait pas possible d’éviter ou d’abroger totalement une loi permettant l’avortement déjà en vigueur ou mise au vote, cela ne m’empêche pas qu’ « un parlementaire, dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique ».(Evangelium vitae, n.73). Dans ce contexte, il faut ajouter que la conscience chrétienne bien formée ne permet à personne d’encourager par son vote la mise en œuvre d’un programme politique ou d’une loi dans lesquels le contenu fondamental de la foi et de la morale serait évincé par la présentation de propositions différentes de ce contenu ou opposées à lui. Parce que la foi est un tout indivisible, il n’est pas logique d’isoler un de ses éléments au détriment de la totalité de la doctrine catholique. L’engagement politique en faveur d’un aspect isolé de la doctrine sociale de l’Église ne suffit pas à répondre totalement à la responsabilité pour le bien commun. Les catholiques ne peuvent pas non plus songer à déléguer à d’autres l’engagement qu’ils ont reçu de l’évangile de Jésus-Christ, pour que la vérité sur l’homme et sur le monde puisse être annoncée et atteinte. 166 Association Notre Dame de Chrétienté

Quand l’action politique est confrontée à des principes moraux qui n’admettent ni dérogation, ni exception, ni aucun compromis, l’engagement des catholiques devient plus évident et se fait lourd de responsabilités. Face à ces exigences éthiques fondamentales, auxquelles on ne peut renoncer, les chrétiens doivent en effet savoir qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne. - Tel est le cas des lois civiles en matière d’avortement et d’euthanasie (à ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement thérapeutique qui, même du point de vue moral, est légitime), qui doivent protéger le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. De la même manière, il faut rappeler le devoir de respecter et de protéger les droits de l’embryon humain. - De même, il faut préserver la protection et la promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame entre personne de sexe différent, et protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le divorce : aucune autre forme de vie commune ne peut en aucune manière lui être juridiquement assimilable, ni ne peut recevoir, en tant que telle, une reconnaissance légale. - De même, la garantie de liberté d’éducation est un droit inaliénable des parents, reconnu entre autre par les déclarations internationales des droits humains. (…) Enfin, comment ne pas voir dans ces exemples le grand thème de la paix. Une vision irénique et idéologique tend parfois à donner un sens profane à la valeur de la paix, tandis que, dans d’autres cas, on se limite à un jugement éthique sommaire, oubliant la complexité des raisons en question. La paix est toujours « œuvre de la justice et effet de la charité » (CEC, n. 2304) ; elle exige le refus radical et absolue de la violence et du terrorisme, et elle requiert un engagement constant et vigilant de la part de ceux qui ont une responsabilité politique. III. PRINCIPES DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE SUR LA LAÏCITÉ ET LE PLURALISME. Face à ces questions, s’il est permis d’admettre une pluralité de méthodologies qui reflètent des sensibilités et des cultures différentes, aucun fidèle chrétien ne peut cependant en appeler au principe du pluralisme et de l’autonomie des laïcs en politique, pour favoriser les solutions qui compromettent ou qui atténuent la sauvegarde des exigences éthiques fondamentales pour le bien commun de la société. 167 Association Notre Dame de Chrétienté

En soi, il ne s’agit pas de « valeurs confessionnelles », car de telles exigences éthiques sont enracinées dans l’être humain et appartiennent à la loi morale naturelle. Elles n’exigent pas de ceux qui les défendent la profession de la foi chrétienne, même si la doctrine de l’Église les confirme et les protège toujours et partout, comme un service désintéressé de la vérité sur l’homme et sur le bien commun de la société civile. D’autre part, on ne peut nier que la politique doive aussi se référer à des principes qui possèdent une valeur absolue précisément parce qu’ils sont au service de la dignité de la personne et du vrai progrès humain. Le rappel qui est souvent fait, en ce qui concerne la "laïcité" et qui devrait guider l’engagement des catholiques, exige une clarification, et pas seulement d’ordre terminologique. La promotion en conscience du bien commun de la société politique n’a rien à voir avec le « confessionnalisme » ou l’intolérance religieuse. Pour la doctrine morale catholique, la laïcité, comprise comme autonomie de la sphère civile et politique par rapport à la sphère religieuse et ecclésiastique - mais pas par rapport à la sphère morale -, est d’une valeur acquise et reconnue par l’Église, et elle appartient au patrimoine de civilisation déjà atteint. (…) En effet, la "laïcité" désigne en premier lieu l’attitude de qui respecte les vérités procédant de la connaissance naturelle sur l’homme qui vit en société, même si ces vérités sont enseignées aussi par une religion particulière, car la vérité est UNE. Ce serait une erreur de confondre la juste autonomie que les catholiques doivent avoir en politique, avec la revendication d’un principe qui fait fi de l’enseignement moral et social de l’Église. Par son intervention dans ce domaine, le magistère de l’Église n’entend pas exercer un pouvoir politique, ni supprimer la liberté d’opinion des catholiques sur des questions contingentes. Il veut au contraire – conformément à sa mission – éduquer et éclairer la conscience des fidèles, surtout de ceux qui se consacrent à la vie politique, afin que leur action reste toujours au service de la promotion intégrale de la personne et du bien commun. L’enseignement social de l’Église n’est pas une ingérence dans le gouvernement des pays. Il établit assurément un devoir moral de cohérence pour les fidèles laïcs, intérieur à leur conscience, qui est unique et une. (…) Vivre et agir en politique, conformément à sa conscience, ne revient pas à se plier à des positions étrangères à l’engagement politique ou à une forme de confessionnalisme ; mais c’est l’expression par laquelle les chrétiens apportent une contribution cohérente pour que, à travers la politique, s’instaure un ordre social plus juste et conforme à la dignité de la personne humaine. 168 Association Notre Dame de Chrétienté

Dans les sociétés démocratiques, toutes les propositions sont soumises à discussion et évaluées librement. Les personnes qui, au nom du respect de la conscience individuelle, voudraient voir dans le devoir moral qu’ont les chrétiens d’être en harmonie avec leur conscience, un élément pour les disqualifier politiquement, leur refusant le droit d’agir en politique, conformément à leurs convictions sur le bien commun, tomberaient dans une forme de laïcisme intolérant. Dans une telle perspective en effet, on entend refuser à la foi chrétienne non seulement toute importance politique et culturelle, mais jusqu’à la possibilité même d’une éthique naturelle. S’il en était ainsi, la voie serait ouverte à une anarchie morale qui ne pourrait jamais être identifiée à une forme quelconque de pluralisme légitime. La domination du plus fort sur le faible serait la conséquence évidente d’une telle position. D’autre part, la marginalisation du christianisme ne pourrait servir à l’avenir envisagé d’une société, ni à la concorde entre les peuples. De plus, elle minerait les fondements culturels et spirituels de la civilisation. IV. CONSIDÉRATIONS SUR DES ASPECTS PARTICULIERS. Dans des circonstances récentes, il est arrivé que, même au sein de certaines associations ou organisations d’inspiration catholique, sont apparues des orientations en faveur de forces et de mouvements politiques qui, sur des questions éthiques fondamentales, ont exprimé des positions contraires à l’enseignement moral et social de l’Église. De tels choix et de telles connivences, parce qu’ils sont en contradiction avec des principes fondamentaux de la conscience chrétienne, ne sont pas compatibles avec l’appartenance à des associations ou à des organisations qui se définissent comme catholiques. De manière analogue, il faut noter que, dans certains pays, certaines revues et certains périodiques catholiques ont donné à leurs lecteurs, à l’occasion de choix politiques, une orientation ambiguë et incohérente, interprétant de manière équivoque le sens de l’autonomie des catholiques en politique, sans prendre en considération les principes auxquels on devrait se référer. La foi en Jésus-Christ, qui s’est présenté lui-même comme « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6) demande aux chrétiens un effort pour participer, avec un plus grand engagement à l’édification d’une culture qui, inspirée de l’Évangile, propose à nouveau le patrimoine de valeurs et de contenu de la tradition catholique.

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La nécessité de présenter en termes culturels modernes le fruit de l’héritage spirituel, intellectuel et moral du catholicisme apparait aujourd’hui marquée par une urgence qu’on ne peut différer, notamment pour éviter le risque d’une dispersion culturelle des catholiques. En outre, la densité culturelle acquise et la maturité d’expérience dans l’engagement politique que les catholiques ont su développer, dans divers pays, surtout dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, ne peuvent susciter en eux aucun complexe d’infériorité en regard d’autres propositions dont l’histoire récente a montré la faiblesse ou l’échec radical. Il ne suffit pas de penser, et ce serait réducteur, que l’engagement social des catholiques puisse se limiter à une simple transformation des structures, car, si à la base il n’y a pas une culture capable de recevoir, de justifier et d’envisager les exigences qui découlent de la foi et de la morale, les transformations reposeront sur des fondements fragiles. (…) En même temps, l’Église enseigne qu’il n’existe pas d’authentique liberté sans vérité. « La vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien elles périssent misérablement ensemble », a écrit Jean-Paul II (Fides et ration, n.90). Dans une société où la vérité n’est pas recherchée et où on ne recherche pas à l’atteindre, toute forme d’exercice authentique de la liberté est aussi affaiblie, ouvrant la voie à une attitude libertaire et à un individualisme qui nuisent à la protection du bien de la personne et de la société entière. V. CONCLUSION Les orientations données dans cette Note veulent éclairer un des aspects les plus importants de l’unité de la vie chrétienne : la cohérence entre la foi et la vie, entre l’Évangile et la culture, rappelée par le concile Vatican II. (…) Le Souverain Pontife Jean-Paul II, durant l’audience du 21 novembre 2002, a approuvé cette "Note", qui avait été décidée par la Session ordinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et il en a ordonné la publication. Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 24 novembre 2002, Solennité du Christ Roi de l’Univers. Joseph Cardinal Ratzinger, Préfet Tarcisio Bertone, S.D.B., archevêque émérite de Vercelli, Secrétaire.

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LES AUTORITÉS DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE Catéchisme de l’Église Catholique § 2234 à 2246 Extraits Le quatrième commandement de Dieu nous ordonne aussi d’honorer tous ceux qui, pour notre bien, ont reçu de Dieu une autorité dans la société. Il éclaire les devoirs de ceux qui exercent l’autorité comme de ceux à qui elle bénéficie. I. DEVOIRS DES AUTORITÉS CIVILES Ceux qui exercent une autorité doivent l’exercer comme un service. Nul ne peut commander ou instituer ce qui est contraire à la dignité des personnes et à la loi naturelle. L’exercice de l’autorité vise à rendre manifeste une juste hiérarchie des valeurs afin de faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous. Les pouvoirs politiques sont tenus de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine. Ils rendront humainement la justice dans le respect du droit de chacun, notamment des familles et des déshérités. Les droits politiques attachés à la citoyenneté peuvent et doivent être accordés selon les exigences du bien commun. Ils ne peuvent être suspendus par les pouvoirs publics sans motif légitime et proportionné. L’exercice des droits politiques est destiné au bien commun de la nation et de la communauté humaine. II. DEVOIRS DES CITOYENS Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons. Leur collaboration loyal comporte le droit, parfois le devoir d’exercer une juste remontrance sur ce qui leur paraîtrait nuisible à la dignité des personnes et au bien de la communauté. 171 Association Notre Dame de Chrétienté

Le devoir des citoyens est de contribuer avec les pouvoirs civils au bien de la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté. L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du bien commun exigent des citoyens qu’ils accomplissent leur rôle dans la vie de la communauté politique. La soumission à l’autorité et la coresponsabilité du bien commun exigent moralement le paiement des impôts, l’exercice du droit de vote, la défense du pays. Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à sa loi et de contribuer à ses charges. Le citoyen est obligé en conscience de ne pas vivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». (Mt XXII, 21). « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Ac V, 29). Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement demandé par le bien commun. Il leur cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle et la Loi évangélique.

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La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement aux armes, sauf si se trouvent réunies les conditions suivantes : -

En cas de violations certaines, graves et prolongées des droits fondamentaux, Après avoir épuisé tous les autres recours, Sans provoquer des désordres pires, Qu’il y ait un espoir fondé de réussite, S’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures.

III. LA COMMUNAUTÉ POLITIQUE DE L’ÉGLISE Il appartient à la mission de l’Église de « porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Évangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations ».

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Saint Thomas More : un exemple d'homme politique à suivre! "POUR LA PROCLAMATION DE SAINT THOMAS MORE COMME PATRON DES RESPONSABLES DE GOUVERNEMENT ET DES HOMMES POLITIQUES" Extrait du Motu Proprio : - 31 octobre 2000 - Jean Paul II " Il est bon de revenir à l’exemple de saint Thomas More, qui se distingua par sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes, précisément parce qu’il entendait servir en elles non le pouvoir mais l’idéal suprême de la justice. Sa vie nous enseigne que le gouvernement est avant tout un exercice de vertus. Fort de cette rigoureuse assise morale, cet homme d’État anglais mit son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse. Son profond détachement des honneurs et des richesses, son humilité sereine et joviale, sa connaissance équilibrée de la nature humaine et de la vanité du succès, sa sûreté de jugement enracinée dans la foi, lui donnèrent la force intérieure pleine de confiance qui le soutint dans l’adversité et face à la mort. Sa sainteté resplendit dans le martyre, mais elle fut préparée par une vie entière de travail dans le dévouement à Dieu et au prochain".

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C. RÉSOLUTIONS PRATIQUES

LA PURETÉ AVANT LE MARIAGE Méditation Partons d’une vérité : que vous le vouliez ou non, vous êtes faits pour aimer. Or, « la source de tout amour vient de Dieu, car Dieu est Amour » nous dit Saint Jean. De plus, cet amour en Dieu a un nom et vous le connaissez, car on ne cesse de parler de Lui en ce jour de la Pentecôte ! Mais oui, c’est le Saint-Esprit ! Il est, en effet cet amour mutuel entre le Père et le Fils, qui nous est donné le jour de la Pentecôte. C’est donc dans la mesure où vous vivrez sous l’emprise du Saint-Esprit que vous pourrez vraiment aimer Dieu, mais aussi vous aimer entre vous. Pour vous, chers pèlerins, qui dans la grande majorité n’êtes pas encore mariés, se pose la question récurrente : qu’est-ce que l’amour entre un garçon et une fille avant le mariage ? Si vous écoutez ce que vous disent la télévision, la radio, bien des revues et des personnes autour de vous, vous êtes sûrs d’aller droit dans le mur ! C’est pourquoi il ne faut pas jouer avec la grandeur de l’amour et bien connaître les lois qui y mènent. Ces lois peuvent se résumer en trois mots d’ordre : pas trop tôt, pas trop vite et donc pas trop près ! I. TOUT D’ABORD, PAS TROP TÔT : CONSTRUISEZ-VOUS D’ABORD Il est certain que l’on peut ressentir très jeune des sentiments pour un garçon ou pour une fille. Mais est-ce vraiment de l’amour ? 175 Association Notre Dame de Chrétienté

Vous réalisez bien que pour le savoir c’est trop tôt, car l’amour ce n’est pas que du sentiment ; c’est beaucoup plus profond, et pour l’analyser en toute vérité il faut une réelle maturité. Il faut donc du temps pour cela. Mais alors que faire entre-temps ? Eh bien, il faut respecter une étape essentielle : l’amitié. De belles amitiés entre garçons et filles, c’est possible ! L’expérience est là pour le prouver. De belles amitiés qui sont pures, où il n’y a pas de sousentendus. Des amitiés pures, c’est cela qui structure des personnes, c’est cela qui construit un futur amour. Chers pèlerins, construisez de vraies amitiés entre vous et autour de vous. Profitez, dans le bon sens du terme, de votre jeunesse, et ne commencez pas trop tôt une relation amoureuse. Chaque chose en son temps. Et puis retenez bien cette vérité : L’amour est le don de sa personne à l’autre. Attention donc à l’amour captatif qui consiste à s’aimer soi-même à travers l’autre. Ce n’est pas de l’amour, mais de l’égoïsme. Dans beaucoup de relations entre des garçons et des filles c’est cela qui prévaut aujourd’hui, aussi n’est-ce pas étonnant que cela finisse mal ! Oui, l’amour consiste à se donner véritablement et totalement à l’autre, mais pour cela il faut s’être déjà construit soi-même. Si la fille et le garçon sont immatures, pleins de défauts et imbus d’eux-mêmes, ils ne pourront rien construire ensemble dans le mariage. Car le mariage ne consiste pas à se regarder dans le blanc des yeux toute la vie, mais à construire à deux un foyer. Vous connaissez peut-être cette très belle phrase de Saint-Exupéry dans "Terre des hommes" : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. ». II. ENSUITE, PAS TROP VITE; SOYEZ PATIENT ET DISCRET Le temps ne respecte pas ce qu’on fait sans lui. Dans notre monde d’aujourd’hui, nous avons une formidable illusion du temps réel, on veut tout de suite ! On a des moyens de communication immédiats : Facebook, Twitter, Sms, , Mms, Msn… tout va très vite ! Un garçon et une fille qui se rencontrent à une soirée, et ça y est : c’est le grand amour. On commence les confidences, on a déjà noué des liens qu’on ne pourra plus défaire après… Même si vous avez déjà une réelle maturité et l’âge pour penser à des fiançailles : Pas trop vite ! Pas trop vite les confidences ! Un temps viendra pour les confidences. Les confidences, réservez-les à celle ou à celui qui sera le trésor de votre vie, et non pas au premier venu. 176 Association Notre Dame de Chrétienté

Il y a des garçons qui ont patienté plusieurs années avant de dire à une jeune fille ce qu’ils éprouvaient pour elle, parce qu’ils ne savaient pas encore comment orienter leur vie profondément ; ils se sont gardés, ils n’ont rien dit, ils n’ont rien fait qui aurait pu prêter à confusion ! Par contre, il y a aussi ceux qui, après une relation bien établie, repoussent sans cesse la date des fiançailles ou du mariage par peur de l’engagement ! Il faut que vous aussi, Mesdemoiselles, vous appreniez à patienter. Souvent les filles veulent se marier très vite, trop vite, et puis, du coup, elles s’en mordent les doigts après. Qu’elles ne tombent pas non plus dans le travers inverse qui consiste à attendre le prince charmant, car elles pourront attendre bien longtemps… ; les garçons auront toujours des défauts, c’est inévitable. Seules celles qui épouseront Notre-Seigneur dans la vie religieuse auront le privilège d’avoir un époux parfait. III. ENFIN, PAS TROP PRÈS : SOYEZ PRUDENT Jean-Paul II s’adressant à la jeunesse catholique, lors de JMJ, disait : « Vous avez tous une vocation au martyre ; ça ne sera plus le martyre sanglant des premiers chrétiens, ce sera le martyre à contre-courant. Je pense en particulier, précise-t-il aux jeunes, à la difficulté de rester pur dans les relations amicales, je pense aux fiancés et à la difficulté de vivre de vraies fiançailles. » Oui, chers pèlerins, vous le savez par expérience, le monde ne vous fera pas de cadeau en matière de pureté ; alors, faites-vous-en mutuellement ! Oui, il faudrait que l’attitude et les mœurs des chrétiens et des chrétiennes soient vraiment dignes de leur nom. Pour cela il faut que les garçons et les filles apprennent à s’entraider, et non pas à se faire tomber mutuellement, que ce soit dans l’amitié ou dans les fiançailles. -

La faiblesse de la fille : c’est son cœur ! En elle, prédominent les sentiments et l’imagination, d’où sa difficulté à maîtriser ses émotions. Aussi, jeunes gens, ne jouez pas avec le cœur des jeunes filles ; vous ne savez pas le mal que vous pouvez leur faire, quand vous vous amusez à leur faire croire que vous avez des sentiments pour elles. Gardez vos distances : pas trop près et pas trop souvent, s’il vous plaît !

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La faiblesse du garçon : c’est son corps ! En lui prédomine le besoin d’action, de se réaliser en faisant quelque chose ; c’est pour cela que le Bon Dieu a voulu que son amour pour la femme passe beaucoup par le corps. Mais le péché originel a tout détraqué, aussi l’homme a-t-il bien du mal maintenant à se maîtriser en matière de chasteté. 177 Association Notre Dame de Chrétienté

Donc, Mesdemoiselles, ne jouez pas avec le corps des garçons. Ne les provoquez pas, s’il vous plaît ! Vous avez la capacité soit de les purifier grandement par une attitude digne d’une chrétienne, soit de les faire chuter parfois gravement ! Ce n’est pas pour rien que l’on vous dit qu’il faut faire attention à la manière de vous tenir, à votre manière de vous habiller, à ne pas mettre en valeur telle ou telle partie de votre corps, à votre manière de vous comporter… De plus, sachez qu’un garçon bien vous fuira si vous ne savez pas vous tenir, et vous attirerez au contraire les mauvais qui espéreront obtenir de vous ce que vous affichez. Au contraire, si vous savez refléter extérieurement, par votre maintien, les qualités de votre âme, alors les garçons biens vous fréquenteront volontiers parce que vous leur ferez du bien, et les mauvais iront “chasser” ailleurs ! Le combat pour la pureté et la chasteté en vaut vraiment la peine, Claudel le montre superbement : « La chasteté, dit-il, vous rendra vigoureux, prompt, alerte, pénétrant, clair comme un coup de trompette et tout splendide comme le soleil du matin… vous vous priverez de quelques plaisirs avilissants et qui ne mènent à rien, mais vous connaîtrez le fer et l’acier, les joies salubres, martiales, athlétiques de la victoire sur soi-même. » Chers pèlerins, au terme de cette méditation, vous réalisez certainement toute la pertinence de cette sentence du Saint Padre Pio : « L’amour vrai ne peut être bon marché ; il est exigeant. » Vous réalisez aussi, probablement, qu’il va falloir prendre des décisions, faire des choix, et que vous ne pouvez peut-être pas continuer à vivre comme jusqu’à présent ! D’ailleurs beaucoup d’entre vous sont venus à ce pèlerinage précisément pour que quelque chose change dans leur vie ! Alors ayez le courage, pendant ces quelques minutes de silence, d’analyser avec l’aide du Saint-Esprit, source de tout amour, ce qui doit changer après le pèlerinage. Demandez-lui alors la force de le mettre en pratique. Et puis n’oubliez jamais ces quelques mots qu’André Charlier vous adresse : « Le plus grand honneur qu’on puisse faire à la jeunesse, c’est de lui dire qu’elle est vouée à la pureté et à la grandeur. » Citations « L’amour conjugal révèle sa vraie nature et sa vraie noblesse quand on le considère dans sa source suprême, Dieu, qui est amour (…) le Père de qui toute paternité tire son nom au ciel et sur la terre (…) Le mariage n’est donc pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution des forces naturelles inconscientes : c’est la sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité Son dessein d’amour. » Paul VI, "Humanae Vitae", 8 178 Association Notre Dame de Chrétienté

« L’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres puissent se dire l’un à l’autre (…) Un tel langage (…) exige qu’on n’accomplisse jamais les gestes de l’amour sans que les conditions d’une prise en charge totale et définitive de l’autre soient assurées, et que l’engagement en soit pris publiquement dans le mariage. ». Bx Jean-Paul II, France, "qu’as-tu fais des promesses de ton baptême?" « L’amour réalise notre aspiration la plus profonde ; et quand nous aimons, nous devenons plus pleinement nous-mêmes, nous devenons plus pleinement humains. Mais comme il est facile de transformer l’amour en une fausse divinité ! Souvent, les gens pensent aimer, alors qu’en réalité ils tendent à posséder l’autre et à le manipuler. Parfois, les gens traitent les autres comme des objets, pour satisfaire leurs propres besoins, plutôt que comme des personnes à apprécier et à aimer. Comme il est facile d’être trompé par les nombreuses voix qui, dans notre société, défendent une approche permissive de la sexualité, sans prêter attention à la pudeur, au respect de soi et aux valeurs morales qui confèrent aux relations humaines leurs qualités ! C’est là adorer une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, elle donne la mort », Benoît XVI, "Discours aux jeunes", JMJ 2008 « Pouvoir faire exister une personne unique au monde [donner la vie à un enfant], une personne qui ne va plus jamais cesser d’exister, qui est mise sur orbite de vie éternelle, qui reçoit une âme immortelle sur laquelle la mort n’aura jamais d’emprise : n’est-ce pas ce qu’il y a de plus fabuleux au monde, de plus passionnant à vivre ? Cela suppose chaque fois une intervention personnelle de Dieu lui-même, par Son Esprit-Saint, le donateur de vie par excellence ». Père Daniel Ange Bibliographie -

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« Divin iillius magistri », Pie XI, encyclique sur l’Éducation « Casti connubii », Pie XI, encyclique sur le mariage chrétien « Evangelium Vitae », Bienheureux Jean-Paul II, « Vérité et signification de la sexualité humaine des orientations pour l’éducation en famille », Conseil Pontifical pour la famille, 8 décembre 1995 (document très important quant au rôle primordial des parents en ce domaine). Catéchisme de l’Église Catholique, le Mariage n°1601-1658, l’Éducation n° 2221-2231, la Chasteté n° 2349, la Pureté n° 2520, « Chrétienté source de Vie », dossier du pèlerinage de Chartres 2001 « Les neuf fondamentaux de l’éducation », Yannick Bonnet, éd. Presses de la Renaissance, « Simples questions sur la vie », publié par la Conférence des Évêques de France, voir livres de référence. 179 Association Notre Dame de Chrétienté

LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE Méditation Le dialogue est nécessaire pendant toute la durée du mariage. Savoir écouter, mais également parler à l’autre est un élément essentiel d’un mariage qui dure. I. LE DÉFAUT DE COMMUNICATION, CAUSE PRINCIPALE D’ÉCHEC À la question : « Pourquoi notre mariage a-t-il échoué ? » 83% des couples séparés répondent « Mauvaise communication ». Un foyer est en état de crise quand les époux n’arrivent plus à communiquer. Il est donc de la plus haute importance de savoir ce qu’est une bonne communication dans le couple. Nous n’avons pas la prétention de traiter d’un si vaste sujet en un seul article, mais nous voudrions donner aujourd’hui quelques pistes basiques. Le but de la communication en couple, c’est de permettre la croissance de l’intimité entre les époux, pour arriver autant que possible à la communion des personnes. Communiquer en couple, c’est alternativement parler à son conjoint et écouter à son tour. Cela peut paraître une lapalissade ! II. APPRENDRE À ÉCOUTER SANS INTERROMPRE Et pourtant statistiquement, combien de temps sommes-nous capables d’écouter un interlocuteur sans le couper pour placer nos propres idées ? La réponse, consternante, est : 17 secondes en moyenne. Faites le test, amusez-vous à chronométrer deux personnes en train de discuter. À moins d’avoir appris les secrets d’une saine communication, ou d’avoir un tempérament qui soit très accommodant, on n’écoute l’autre que pour préparer les arguments contraires et on l’interrompt avant 17 secondes, avant qu’il ait pu expliquer convenablement sa pensée profonde. 180 Association Notre Dame de Chrétienté

Une bonne conversation n’est pas une joute oratoire ! Il faut donc apprendre à écouter sans interrompre ; mais il faut aller plus loin et s’entraîner à pratiquer une écoute active, qui manifeste, par l’attitude générale, par les traits du visage, l’intérêt que nous portons au sujet de la discussion. Nous devons aussi demander des précisions, nous assurer que nous avons bien compris en reformulant les propos de l’autre, qui confirmera que telle est bien sa pensée. Notre conjoint mérite toute notre attention et notre bienveillance quand il s’adresse à nous. Savoir écouter est donc essentiel. III. SAVOIR PARLER À L’AUTRE Il faut ensuite parler à son tour, répondre à notre interlocuteur : savoir parler de ce que nous pensons, de ce que nous ressentons, de ce que nous souhaitons, voilà qui n’est pas aisé pour tout le monde. La pudeur paralyse parfois certains qui n’ont jamais appris à parler d’eux-mêmes et cela est très dommageable pour la relation du couple. « Un couple qui ne se parle pas est un couple en danger » ; ne l’oublions pas ! Ce n’est pas en se taisant que les problèmes seront résolus. IV. PENDANT LE TEMPS DES FIANÇAILLES L’idéal est donc d’apprendre à communiquer correctement pendant le temps des fiançailles. De quoi faut-il donc se parler ? Il faut parler : -

du passé, de sa famille, du futur, des convictions auxquelles on tient, des lignes de conduites auxquelles on ne renoncera pas, des exigences de vie que l’on s’impose et que l’on voudrait partager, des convictions religieuses, de Dieu, des enfants à venir.

La joie des fiancés est de se parler. Ce domaine est le leur et ils n’ont d’ailleurs que celui-là. V. CONTINUER UNE FOIS MARIÉS Mais attention, il faudra continuer une fois mariés à se ménager régulièrement de vrais temps de dialogue réconfortant, où nous nous parlons de ce qui est essentiel pour chacun. Il apparaît trop souvent que les fiancés qui aimaient tant passer des heures à discuter, oublient après le mariage que ces temps de dialogues doivent se poursuivre.

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Car, lorsque les relations conjugales s’installent, c’est fréquemment au détriment des temps de véritables échanges verbaux et cela est un tort. La communication des corps est certes importante, mais elle ne remplace pas les échanges d’une communication orale, confiante et enrichissante. Nous imaginons parfois qu’au bout de quelque temps de vie commune, nous sommes capables de nous comprendre à demi-mot. Cela est un leurre ou plutôt cela n’arrive que de manière très ponctuelle, à cause des différences de perception entre homme et femme, des différences de logique et de jugement, des différences d’expression … A cela se rajoutent les différences de tempéraments, les différences d’habitudes familiales antérieures. Tout cela constitue des difficultés réelles à une communication aisée. L’homme est d’ailleurs malhabile à parler de lui. Mais, si nous avons le désir de faire croître l’intimité en nous, il faut apprendre l’art de l’autorévélation. L’intimité dans le couple est source de grande joie, d’une véritable complicité entre les époux. Elle est le fruit de beaucoup de travail de la part de chacun pour apprendre à mieux communiquer. Et si nous sommes convaincus qu’il faut apprendre cet art, nous serons bien récompensés de nos efforts. Car, Saint Thomas d’Aquin n’hésite pas à écrire que cette communion de personnes dans le mariage est « un avant-goût du Ciel ». Extrait d’un article paru dans "L’Homme nouveau", n°1508, du 31 décembre 2011, de Marc et Maryvonne PIERRE, animateurs des sessions sur les thèmes du mariage, des relations au sein du couple et de la famille et de l’éducation. (Association "Croître et progresser ensemble, Notre-Dame de Cana"). (Avec l’autorisation des auteurs et du journal "l’Homme Nouveau". Les soustitres sont de Notre-Dame de Chrétienté). Pour tous renseignements concernant les futures sessions, contacter les animateurs au 04 74 35 04 92 ou 06 03 28 96 82, courriel : [email protected].

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OBSERVATIONS TIRÉES DE LECTURES OU DE CONFÉRENCES I. LES PALIERS DE LA COMMUNICATION : - la conversation de couloir : « ça va ? Très bien et vous ? ». C’est mieux que rien ; - le discours du journaliste : « les faits et rien que les faits ». Le degré d’intimité intellectuelle, émotionnelle, spirituelle ou physique reste très limité ; - le discours rationnel : « Tu sais ce que je pense ? ». La probabilité de conflit ou de divergence s’élève ; le discours émotionnel : « je vais te dire ce que je ressens ». C’est beaucoup plus difficile, car nos sentiments appartiennent à notre vie privée et le risque de divergence s’accroit. Mais c’est essentiel pour faire grandir l’intimité ; - le discours de la vérité, dans l’amour et la sincérité : « soyons honnêtes ». nous sommes francs sans condamner et ouverts sans rien imposer : chacun jouit de la liberté de penser et de réagir différemment. À ce 5ème palier, la communication débouche sur un profond sentiment de complicité et d’intimité dans le mariage. L’exigence de ce palier est une attitude d’acceptation de l’autre. II. CONDITIONS REQUISES POUR POUVOIR DISCUTER : - SAVOIR PARLER : • ne pas s’imaginer que l’autre peut tout deviner, • ne pas accuser : le « tu » tue, -

: ne pas interpréter ce que dit l’autre, comme un jugement ou une accusation, essayer de comprendre ce que l’autre veut dire et ne pas essayer de se justifier immédiatement, être tout à son interlocuteur et ne pas faire autre chose en même temps, ni manifester son impatience par son attitude, ne pas essayer de trouver immédiatement des solutions. D’abord écouter et comprendre.

SAVOIR ÉCOUTER

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III. LES 10 COMMANDEMENTS DU DIALOGUE : - nous accepter tels que nous sommes, dans la joie, - considérer ce qu’on a reçu plutôt que ce qui nous manque, - remercier plutôt que se plaindre, 183 Association Notre Dame de Chrétienté

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dire du bien des autres ; ne pas se contenter de le penser, ne jamais se comparer aux autres, s’attacher à la Vérité : le bien est bien ; le mal est mal, résoudre les conflits par le dialogue et non par la force ; ne pas garder pour soi des rancœurs, commencer par évoquer ce qui rassemble avant d’aborder ce qui divise, faire le 1er pas de la réconciliation avant le soir, être persuadé que pardonner est plus important qu’avoir raison.

IV. LES PIÈGES À ÉVITER : - les malentendus de départ (les préjugés en bien et en mal), - la fusion (je n’admets pas qu’une partie de l’autre m’échappe), - les faux dialogues intérieurs (je sais ce qu’il va me dire), - la pauvreté des dialogues (lieu commun, répétition…), - l’imposition de son propre ressenti (pression morale, ordres…), - la mésestime de soi (je me sens jugé), - les fausses interprétations (je ne sais pas reformuler), - les blessures du passé (y compris dans l’enfance : susceptibilité), - le ressentiment (rancœurs accumulées, ruminations…), - les cercles vicieux (plus je parle, plus il se tait…), - les besoins en communication divergents, fonction du caractère et de l’éducation reçue, - les obstacles externes : fatigue, stress, manque de temps, TV, internet, - l’immobilisme : la non-envie de faire uneffort pour sortir des habitudes, pour trouver le temps et le courage de parler. Bibliographie -

«Couples et complices» et «les langages de l’amour» , Gary Chapman «la communication», «amour humain, amour chrétien», «réussir son couple», «conseils aux couples qui s’aiment… ou qui peinent», Père Denis Sonet «les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus», John Gray

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L’AUTORITÉ DANS LA SAGESSE ET L’AMOUR Pie XII aux Jeunes Époux… I. L’AUTORITÉ EFFICACE L’exercice normal de l’autorité ne dépend pas seulement de ceux qui doivent obéir, mais aussi, dans une large mesure, de ceux qui ont à commander. En d’autres termes : autre chose est le droit à détenir l’autorité, le droit de donner des ordres, et autre chose la supériorité morale qui constitue et rehausse l’autorité effective, opérante, efficace, qui réussit à s’imposer aux autres et obtient de fait l’obéissance. Le premier droit vous est conféré par Dieu lui-même, dans l’acte même qui vous rend père et mère ; la seconde, prérogative, il faut l’acquérir et la conserver ; elle peut se perdre comme elle peut s’accroître. Or le droit de commander à vos enfants obtiendra d’eux bien peu de chose, s’il n’est accompagné de ce pouvoir et de cette autorité personnelle sur eux, qui vous assurera une obéissance réelle. Comment, par quel art savant, pourrez-vous donc acquérir, conserver et faire grandir un tel pouvoir moral ? Dieu accorde à certains le don naturel de commandement, le don de savoir imposer à autrui sa propre volonté. C’est un don précieux : réside-t-il tout entier dans l’esprit, ou en grande partie dans la personne, le comportement, la parole, le regard, le visage ? Il est souvent difficile de le dire. Si vous le possédez, n’en abusez pas dans vos rapports avec vos enfants : vous risqueriez d’emprisonner leur âme dans la crainte, d’en faire des esclaves et non des fils aimants. Tempérez cette force par l’effusion d’un amour qui réponde à leur affection, par une bonté douce, patiente, empressée, encourageante. 185 Association Notre Dame de Chrétienté

Écoutez le grand apôtre Saint Paul qui vous exhorte : « Pères, ne provoquez pas vos enfants à la colère, de peur qu’ils ne perdent courage ». Parents, souvenez-vous que la rigueur mérite un éloge seulement lorsque le cœur est doux. II. LA MAÎTRISE DE SOI Joindre la douceur à l’autorité, c’est vaincre et triompher dans cette lutte où vous engage votre rôle de parent. Du reste, pour tous ceux qui commandent, la condition fondamentale d’une maîtrise bienfaisante sur la volonté d’autrui, c’est la maîtrise sur soi-même, sur ses propres passions et impressions. Une autorité, quelle qu’elle soit, n’est forte et respectée que lorsque les esprits des sujets la sentent dirigée dans ses mouvements par la raison, par la foi, par le sentiment du devoir : car alors, les sujets sentent pareillement que leur devoir doit répondre à celui de l’autorité. Si les ordres que vous donnerez à vos enfants, si les réprimandes que vous leur adresserez, procèdent des impressions du moment, de mouvements d’impatience, d’imaginations ou de sentiments aveugles ou irréfléchis, ces ordres ne pourront qu’être, la plupart du temps, arbitraires, incohérents, peut-être même injustes et inopportuns. Aujourd’hui vous serez pour ces pauvres petits d’une exigence déraisonnable, d’une sévérité inexorable ; demain, vous laisserez tout passer. Vous commencerez par leur refuser un rien, et le moment d’après, fatigués de leurs pleurs ou de leur bouderie, vous le leur accorderez avec des démonstrations de tendresse, pressés d’en finir une bonne fois avec une scène qui vous irrite les nerfs. Pourquoi donc ne savez-vous pas dominer les mouvements de votre humeur, mettre un frein à votre fantaisie, vous conduire vous-mêmes alors que vous entreprenez de conduire vos enfants ? Si, à un moment donné, vous croyez ne pas vous sentir parfaitement maîtres de vous-mêmes, remettez à un moment meilleur la réprimande que vous voulez faire, la punition que vous pensez devoir infliger. Dans la fermeté paisible et tranquille de votre esprit, votre parole et le châtiment trouveront une tout autre efficacité, plus de pouvoir éducateur et plus d’autorité, que n’en sauraient avoir les éclats d’une passion mal dominée.

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III. CE QUI AMOINDRIT L’AUTORITÉ Gardez-vous donc de tout ce qui pourrait amoindrir votre autorité auprès d’eux. Gardez-vous de gaspiller cette autorité en les habituant à de continuelles, insistantes recommandations et observations qui finissent par les lasser ; ils feront la sourde oreille et n’y attacheront plus aucune importance. Gardez-vous de jouer ou de tromper vos enfants avec des raisons ou explications fallacieuses et sans consistance, données au petit bonheur, pour vous tirer d’embarras et vous débarrasser de questions importunes. S’il ne vous paraît pas bon de leur donner les vraies raisons d’un ordre, mieux vaudra faire appel à leur confiance en vous, à leur amour pour vous. Ne faussez pas la vérité, au besoin taisez-la ; vous ne soupçonnez peut-être même pas quels troubles et quelles crises peuvent naître dans ces petites âmes le jour où elles viendront à constater qu’on a abusé de leur naturelle crédulité. Gardez-vous aussi de laisser transparaître le moindre signe de désunion entre vous, la moindre différence entre vous dans la façon de traiter vos enfants ; ils s’apercevraient bien vite qu’ils peuvent se servir de l’autorité de la mère contre celle du père, ou du père contre la mère, et ils résisteraient difficilement à la tentation d’employer cette divergence à satisfaire toutes leurs fantaisies. Gardez-vous enfin d’attendre que vos enfants aient grandi en âge pour exercer sur eux une autorité, bonne et calme, mais en même temps ferme et nette, qui ne cède à aucune scène de larmes ou de colère. IV. AUTORITÉ NÉE DE L’AMOUR Ce sera une autorité sans faiblesse que la vôtre, mais une autorité née de l’amour, toute imprégnée et soutenue par l’amour. Soyez les premiers maîtres et les premiers amis de vos enfants. Si vraiment c’est l’amour paternel et maternel qui inspire vos ordres –un amour chrétien à tous égards et non une complaisance égoïste plus ou moins inconsciente -, vos enfants en seront touchés et ils lui répondront au fond de leur âme sans que vous ayez besoin de beaucoup de paroles : car le langage de l’amour est plus éloquent par le silence de l’action que par les accents des lèvres. Mille petits signes, une inflexion de voix, un geste imperceptible, une légère expression du visage, un signe d’approbation leur découvriront, mieux que toutes les protestations, quelle affection inspire une défense qui les afflige, quelle bienveillance se cache dans une recommandation qui les ennuie : alors la parole de l’autorité apparaîtra à leur cœur non comme un fardeau pesant ou un joug odieux qu’il faut secouer le plus tôt possible, mais bien comme la suprême manifestation de votre amour. 187 Association Notre Dame de Chrétienté

V. L’EXEMPLE Et l’amour, ne s’accompagnera-t-il pas de l’exemple ? Comment les enfants, naturellement prompts à imiter, pourraient-ils apprendre à obéir s’ils voient en toute occasion leur mère ne faire aucun cas des ordres de leur père ou même se plaindre de lui ? S’ils n’entendent, entre les murs de la maison, que critiques irrespectueuses de toute autorité ? S’ils remarquent que leurs parents sont les premiers à ne pas accomplir les commandements de Dieu et de l’Église ? Faites qu’ils aient au contraire sous les yeux un père et une mère, qui dans leur façon de parler et d’agir, donnent l’exemple du respect des autorités légitimes, de la fidélité constante aux propres devoirs. Un exemple si édifiant leur apprendra, plus utilement que la plus étudiée des exhortations, ce qu’est la véritable obéissance chrétienne et comment ils devront la pratiquer eux-mêmes envers leurs parents. Soyez persuadés, chers nouveaux époux, que le bon exemple est le plus précieux patrimoine que vous puissiez donner et léguer à vos enfants. C’est la vision ineffaçable d’un trésor d’œuvres et de faits, de paroles et de conseils, d’actes pieux et de démarches vertueuses, qui restera toujours vivante, imprimée dans leur mémoire et leur esprit, comme un des souvenirs les plus émouvants et les plus chers, qui rappellera et ressuscitera pour eux vos personnes aux heures de doute et d’hésitation entre le bien et le mal, entre le danger et la victoire. Aux heures troubles, quand le ciel s’assombrira, vous leur réapparaîtrez comme à un horizon lumineux qui éclairera et dirigera leur chemin grâce au chemin déjà fait par vous, parcouru dans ce travail et ces peines qui sont le prix du bonheur d’ici-bas et du ciel. Est-ce là un rêve ? Non ! La vie que vous commencez avec votre nouvelle famille n’est pas un rêve : c’est un sentier où vous marchez, investis d’une dignité et d’une autorité qui veulent être une école et un apprentissage pour les enfants de votre sang qui y marcheront après vous. Que le Père céleste, qui, en vous appelant à participer à la grandeur de sa paternité, vous a communiqué aussi son autorité, daigne vous accorder de l’exercer, à son imitation, dans la sagesse et l’amour !

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Bibliographie I. Textes du Magistère sur l’éducation - Textes scripturaires cités : Luc 2, 42-51 ; Jn 4, 34 ; Jn 6,38 ; Jn 8, 29 ; Mt 26,39 ; Mt 28,18 ; Act 4,19 ; He 5, 7-8 ; He 10, 5-10 ; Phil 2, 8-10. - Somme théologique, Saint Thomas d’Aquin (en particulier le traité des vertus Ia IIae qu. 49 à 70). - Catéchisme du Concile de Trente. - Catéchisme de Saint-Pie X. - Catéchisme de l’Église Catholique (1992), CEC n°1701 et 1707 (le péché originel) ; n° 1716 et suivants (la béatitude) ; n° 1803 et suivants (les vertus). - Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n° 238-243. - Encyclique « Divini illius Magistri », Pie XI (1229), sur l’éducation chrétienne de la jeunesse (spécialement la condamnation du naturalisme pédagogique). - Déclaration « Gravissimum educationis », Vatican II (1965), sur l’éducation chrétienne (voir extraits dans ce dossier). - Exhortation apostolique « Familiaris consortio », Bx Jean-Paul II (1981), sur les tâches de la famille dans le monde d’aujourd’hui (spécialement n°36 à 40). - Discours « aux jeunes d’aujourd’hui », Bienheureux Jean-Paul II, Sarment /Fayard 1990. - Exhortation apostolique « Vita consecrata », Bx Jean-Paul II (1996), sur la vie consacrée (spécialement Ch I 1 Louange de la Trinité). - Discours au congrès ecclésial de Rome, Benoît XVI. II. Sur l’éducation : réflexions et guides pratiques - « L’Église et l’éducation », Jean de Viguerie, professeur émérite des Universités, éd. DMM 2010. Voir également, du même auteur : « Les pédagogues. Essai historique sur l’utopie pédagogique » 2011. - « Les 9 fondamentaux de l’éducation », Père Yannik Bonnet, éd. Petite renaissance, collection pratique 2007 - « Être heureux au travail » Père Yannik Bonnet, éd. Presses de la Renaissance 2006, - « Les hommes acteurs dans la stratégie de l’entreprise », Père Yannik Bonnet éd. Liaisons 1993 - « le défi éducatif », Père Yannik Bonnet, éd Fleurus 1989. - « Éduquer aujourd’hui pour demain », Père Jean-Marie Petitclerc, éd. Salvator 2010. - « Éduquer des êtres libres », Mgr Chauvet, éd. Paroles et silence, 2001. 189 Association Notre Dame de Chrétienté

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« La famille : héritage ou avenir ? » Conférences de carême 2011. Présentation par le Cardinal André Vingt-trois, Archevêque de Paris, éd. Paroles et silence, particulièrement la 3ème conférence sur « Paternité, maternité, fraternité » et la lettre pastorale du cardinal « la famille et la jeunesse » 2010, qui est jointe. « Au cœur de l’amour », Père Marie-Dominique Philippe, fondateur des frères de St-Jean. « Construire sa personnalité », Père Pascal Ide, docteur en médecine, docteur en philosophie, maître en théologie, édit Sarment/Fayard, 1991. « L’art d’être parents et grands-parents », Père Denis Sonet, conseiller conjugal et formateur au CLER, collection livre ouvert, 2001. « la volonté de Dieu, devoir et bonheur », chanoine Albert Pasteau. « Vers la maturité spirituelle », un Chartreux, Presses de la renaissance. « Le temps des forces vives chez l’adolescent », Père Thomas Philippe, éd. Saint-Paul. « Former la personnalité de l’enfant » James B. Stenson, collection Laurier 2000. « lettre aux 18-20 ans de l’an 2000 », un moine, éd. Sainte-Madeleine du Barroux. « la foi en famille », Christine Ponsard, éd. Edifa 2006. Huit tomes regroupant ses chroniques hebdomadaires dans « Famille Chrétienne ». Le tome titré « grandir dans la lumière de Dieu » est une mine d’idées et de conseils pour aider à l’éducation chrétienne des. enfants et des adolescents. « Éduquer pour le bonheur », Monique Berger, éd. Transmettre / communication et cité 2012. « La vie dans la Seigneurie du Christ », Raniero Cantalamesa, éd. Cerf. «L’esprit d’obéissance », A.M. Crignon, in revue « Sedes Sapientiae » Chéméré n°114. « Mon journal de sage-femme », Lisbeth Burger, éd. Chiré 2004. « Transmettre l’amour, une éducation à l’écoute de l’enfant », Dr Paul Lemoine, pédiatre, éd. Nouvelle cité, 11e édition 1997. « Lettres à mes petits-enfants sur des sujets qui fâchent », Général Delaunay, fondateur de l’association « France Valeurs » d’inspiration chrétienne éd. Tequi 2001.

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LE DEVOIR DE SE FORMER « La découverte et la réalisation de leur vocation et de leur mission personnelles comportent, pour les fidèles laïcs, l’exigence d’une formation à la vie dans l’UNITÉ. Dans leur existence, ils ne peuvent avoir deux vies parallèles : - D’un côté, la vie qu’on nomme « spirituelle », avec ses valeurs et ses exigences, - De l’autre côté, la vie dite « séculière », c'est-à-dire la vie de famille, de travail, de rapports sociaux, d’engagement politique, d’activités culturelles. Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps (cf décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Ad gentes 21) Il n’est pas douteux que la formation spirituelle ne doive occuper une place privilégiée dans la vie de chacun. La formation doctrinale des fidèles laïcs se révèle de nos jours, de plus en plus urgente…, du fait de la nécessité de « rendre raison à l’espérance » qui est en eux. Il est tout à fait indispensable, en particulier, que les fidèles laïcs, surtout ceux qui sont engagés de diverses façons sur le terrain social ou politique, aient une connaissance plus précise de la doctrine sociale de l’Église…qui renferme des principes de réflexion, des critères de jugement et des directives pour l’action. Cette doctrine doit se trouver dans le programme de base de la catéchèse. Il n’y a pas de formation véritable et efficace si chacun n’assume pas et ne développe pas par lui-même la responsabilité de sa formation : toute formation, en effet, est essentiellement « auto-formation »…Mieux nous nous formons, plus nous nous rendons capables de former les autres ». Exhortation Apostolique « Christifideles Laïci » Jean Paul II, 30 décembre 1988 191 Association Notre Dame de Chrétienté

L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL I. UN PÈRE SPIRITUEL POUR NOUS AIDER À GOUVERNER NOTRE VIE Gouverner sa vie n’est pas chose aisée et les réponses aux questions que celle-ci nous pose, ne nous paraissent pas toujours évidentes. Au-delà même du discernement entre le Bien et le Mal, il s’agit parfois de choisir le meilleur bien, dans les circonstances de la vie conjugale, familiale, professionnelle, sociale, le meilleur chemin pour progresser dans l’amour de Dieu et du prochain. L’histoire des saints, dûment reconnus comme tels par l’Église, montre qu’ils ont bénéficié des services d’un père spirituel. II. LE CHOIX DU PÈRE SPIRITUEL EST DÉLICAT Dans certains cas, c’est le Ciel, lui-même, qui a fait savoir à tel ou telle qu’Il lui ferait rencontrer en temps utile le guide adéquat. Le terme adéquat a son importance, car chaque âme est unique, comme chaque père spirituel l’est également, ce qui explique la nécessité d’une compréhension humaine mutuelle des deux sujets. L’expérience montre, en tout cas, que beaucoup ressentent un bienfait spirituel d’un tel accompagnement. III. DIVERS TYPES D’ACCOMPAGNEMENT L’accompagnement spirituel peut prendre des formes diverses, certains ressentent le besoin d’être dirigés, d’autres d’être guidés, d’autres d’être conseillés. Toutefois il y a des caractéristiques communes à ceux qui ont le charisme de l’accompagnement en question, et la plus importante est une saine humilité, car le père spirituel n’est qu’un médiateur et c’est le Saint-Esprit qui opère. 192 Association Notre Dame de Chrétienté

L’esprit de service et une vie de prière fervente lui sont donc indispensables pour faire du bien à ceux qui se confient à lui. Quant aux qualités humaines nécessaires, on peut citer : une bienveillance sans faiblesse, une rigueur intellectuelle sans rigidité, une fermeté sans dureté, une douceur sans complaisance. Tel prêtre, qui est un « lion » en chaire, peut se montrer sous un jour très différent dans cette mission. IV. DISTINGUER EXERCICE DE L’AUTORITÉ ET DIRECTION SPIRITUELLE Dans tous les cas, il faut que s’instaure un climat de confiance réciproque, car celui qui est guidé livre au guide les éléments clés de sa vie intérieure, son for interne selon la formule consacrée ; mais le guide n’a pas à vérifier si le « guidé » est, dans sa vie, en cohérence au for externe avec ce qu’il dit de lui. La confidentialité absolue est évidemment requise, ce qui est une règle familière aux prêtres, habitués à garder le secret de la confession. On peut également penser qu’une religieuse cloîtrée, à condition d’avoir été formée à ce rôle et d’en avoir le charisme, peut légitimement accompagner avec fruit des fidèles. Même avis pour des moines, qui ont souvent joué ce rôle dans l’histoire de l’Église. Pour ma part, je suis beaucoup plus réservé sur le fait que cette mission puisse être remplie en dehors de ces cas. Je pense que beaucoup de difficultés, survenues dans les communautés nouvelles, nées depuis une quarantaine d’années, ont été dues au « mélange » for interne-for externe et à la confusion entre l’exercice de l’autorité et la direction spirituelle. V. DISTINGUER DOMAINE PSYCHOLOGIQUE ET DOMAINE SPIRITUEL Il existe en outre un autre danger, à l’intérieur même de l’accompagnement spirituel, c’est la confusion entre le domaine psychologique et le domaine spirituel. Une bonne distinction : Dans la demande faite aux accompagnateurs potentiels intervient souvent en fait un besoin d’aide lié à psychisme perturbé par les évènements de la vie de la personne. Remettre de l’ordre à ce niveau peut être un préalable indispensable à un accompagnement spirituel fructueux, mais ce n’est pas de la compétence d’un guide spirituel. 193 Association Notre Dame de Chrétienté

En revanche, sa formation doit lui permettre de déceler les difficultés psychologiques pour éclairer le fidèle et lui conseiller de rencontrer, dans un autre cadre, une personne compétente et …chrétienne. De fait, l’être humain est complexe, son psychisme est à l’interface de ce qui vient « d’en haut », l’esprit fait à l’image de Dieu, et de ce qui vient « d’en bas», les émotions et pulsions sans oublier l’imaginaire, domaine où l’esprit du mal est dans son élément pour semer le trouble. L’écheveau n’est pas toujours facile à démêler et, sans la grâce de Dieu et le merveilleux don de conseil, c’est même mission impossible. Extrait d’un article paru dans "L’Homme nouveau", n°1508, du 31 décembre 2011, du Père Yannik Bonnet.

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4EME PARTIE : INFORMATIONS DIVERSES

ADRESSE AUX CHEFS DE CHAPITRE " Notre pèlerinage est catholique. Le Credo, les Commandements de Dieu et le Notre Père nous enseignent ce que nous devons Croire, Faire, Espérer et Demander. La prière et les sacrements nous procurent la Grâce, « don gratuit que Dieu nous fait de sa Vie infusée par l’Esprit Saint dans notre âme pour la guérir du péché et la sanctifier » (CEC N°1999). " Nous croyons que la Sainte Église Catholique et Apostolique gouvernée par le Pape et les évêques unis à lui est la seule et véritable Église. Répondant aux appels du bienheureux Jean Paul II, du pape émérite Benoit XVI et de notre Saint Père le Pape François, nous œuvrons résolument à la Nouvelle Évangélisation et mettons nos cœurs et toutes nos forces au service de Dieu. " La chrétienté, « lumière de l’Évangile projetée sur nos patries, sur nos familles, sur nos mœurs et sur nos métiers » (Dom Gérard) et entendue comme la réalisation dans la vie de la cité, de la « royauté du Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines » (CEC N°2105), est l’objet spécifique de notre pèlerinage, marche de prière et de pénitence soutenant la réalisation de notre devoir de charité politique. Nous voulons la restauration d’un ordre social-chrétien, ayant pour fondement le décalogue et pour finalité la Royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le souci du bien commun de la cité charnelle ne peut, en aucun cas, réduire la religion à une affaire privée. Le bien commun de la cité doit 195 Association Notre Dame de Chrétienté

être recherché, dans une juste distinction de l’ordre naturel et de l’ordre surnaturel (« distinguer pour unir »). " Nous sommes attachés à la forme extraordinaire du rite romain. Toutes les activités liturgiques du pèlerinage et des chapitres utilisent la forme extraordinaire du rite romain tel qu’il a été codifié dans les livres liturgiques de 1962 et à nouveau confirmé par le motu proprio « Summorum Pontificum » du 7.07.2007. " Conscients de la crise que traversent la société et l’Église, nous rejetons avec force les erreurs mortelles (relativisme, syncrétisme, matérialisme, libéralisme…) véhiculées par le modernisme condamnées dès 1907 par Saint Pie X (Encyclique Pascendi Dominici Gregis) et tant de fois dénoncées par le pape émérite Benoit XVI. " Le chef de chapitre fait siens les grands enjeux du pèlerinage. L’importance qu’il leur accorde sur le plan individuel et sur le plan de la cité, se traduit par une attitude convaincue et militante. " Le chef de chapitre s’efforce tout au long de l’année de faire vivre son chapitre dans un cadre amical de prière, d’apostolat, d’action et de formation. Le pèlerinage est le temps fort où chaque chapitre, qui en est la cellule de base, est l’image prometteuse de la chrétienté. " Le chef de chapitre est responsable de l’intégrité doctrinale de son chapitre. Il a donc le souci de sa formation personnelle, de celle de ses adjoints et exerce sa pédagogie avec la plus grande charité. Avant de quitter son chapitre, il anticipe et prépare sa succession. " Le chef de chapitre est responsable de l’équilibre matériel et spirituel de son chapitre. Il sait que l’unité exige concertation et transparence avec la direction du pèlerinage. Il consulte donc ses responsables pour toute décision importante liée au pèlerinage ou à sa préparation. "Sa vie intérieure s’accorde aux exigences de sa fonction. Il donne une âme à son chapitre en s’efforçant d’être un exemple des vertus naturelles et surnaturelles. Il prie pour son chapitre et dépose son œuvre entre les mains de la Très Sainte Vierge Marie.

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CULTURE GÉNÉRALE -

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« L’ordre social-chrétien », Jean Daujat, normalien, docteur ès lettres et théologien, fondateur en 1925 du Centre d’études religieuses. éd. Beauchesne, « La vie surnaturelle », Jean Daujat, éd Fayard, 1971. Traité de théologie et de spiritualité à l’usage des laïcs cultivés ; ouvrage couronné par l’Académie Française. Les ouvrages de Jean Ousset, fondateur de la Cité Catholique (dont Ichtus, l’A.F.S.) et notamment « Pour qu’il règne » 1957, «Fondements de la cité » 1963, « L’Action »1968, « À la découverte du Beau »1997 Les ouvrages de Marcel Clément, ancien professeur de l’enseignement supérieur, et directeur de « l’Homme Nouveau », notamment « Une histoire de l’intelligence » 1979, « Du Bien commun »1998. Les ouvrages de Gustave Thibon, philosophe autodidacte (il n’a que son certificat d’études), Grand prix de littérature de l’Académie Française. Ses « Entretiens avec Christian Chabanis » repris dans un livre éponyme paru chez Fayard 1975, sont une bonne approche de sa pensée. Les ouvrages de Jean Madiran, ancien professeur et directeur de la revue « Itinéraires », notamment « les droits de l’homme » 1988, « Une civilisation blessée au cœur » 2002, « La laïcité dans l’Église » 2005. Les ouvrages d’Henri Charlier, sculpteur, en particulier « Le martyre de l’art »1989, et de son frère André Charlier, ancien directeur de l’École des Roches, en particulier « Les lettres aux Capitaines (les grands élèves) » 1942-1960, « Que faut-il dire aux hommes ? » 1964. « Demain la Chrétienté », Dom Gérard, fondateur et 1er Père abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, (et ancien « capitaine » à l’École des Roche), éd. Dismas 1986, préface de Gustave Thibon. « Notre Dame de joie », correspondance de l’abbé V.A. Berto, (19001968), docteur en philosophie et en théologie, fondateur de l’Institut des Dominicaines du Saint-Esprit, ancien co-directeur de « la Pensée catholique ». Les ouvrages de Jean de Viguerie, historien, ancien professeur d’université, dont «Les deux patries», éd. DMM 1998 ; « l’Église et l’éducation » éd. DMM 2010 « Construire la civilisation de l’amour, synthèse de la doctrine sociale de l’Église », Marc-Antoine Fontenelle ob, éd. Téqui, 1997. « La mort de la culture chrétienne » et « la restauration de la culture chrétienne », John Senior, éd. DMM.

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Les ouvrages de Rémi Fontaine, professeur de philosophie et journaliste ; un des fondateurs du pèlerinage de Chrétienté, dont « Politique et morale » éd. DMM 2001 ; « La laïcité dans tous ses débats » éd. de Paris 2004 ; « Les enjeux du printemps français » 2013. «Socrate contre Antigone ? », Thierry de Vingt-Hanaps, éd. Tequi 2005. Le problème de l’obéissance à la loi inique en philosophie morale, selon Saint-thomas d’Aquin. Les ouvrages de Jean Sévillia : « L’Histoire passionnée de la France » éd. Perrin 2013, « Historiquement correct », « Moralement correct », « Politiquement incorrect » éd. Perrin collection Tempus, format poche. Les ouvrages de Michel De Jaeghere : « Enquête sur la Christianophobie », « La repentance : histoire d’une manipulation » éd. Renaissance Catholique 2006. Les ouvrages de Bernard Antony notamment sur l’Islam. L’ensemble des publications de l’A.F.S. (Action Familiale et scolaire) et d’Ichtus, qui, dans leurs domaines respectifs, poursuivent l’œuvre de Jean Ousset et de la Cité Catholique. (consulter leurs sites) Les publications de Renaissance Catholique, notamment les « Actes » de ses universités d’été, et celles du Centre Charlier et de Chrétienté Solidarité. (consulter leurs sites). D’intéressants articles dans « Sedes sapientiae », la revue de la Fraternité saint-Vincent Ferrier (Chéméré-le-roi), les magazines « L’Homme Nouveau » (et ses tirés à part), « la Nef » et « Famille chrétienne ». D’intéressantes émissions radiophoniques sur « Radio courtoisie » (en particulier les « journaux » de Daniel Hamiche et de Bernard Antony). D’intéressantes productions sur internet du « Salon Beige » et de la nouvelle chaîne « TV Libertés ».

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CHAPITRE DES « ANGES GARDIENS » du pèlerinage Paris à Chartres de Notre-Dame de Chrétienté « Les anges sont nos amis très chers, à la fois délicats et puissants : ils admirent nos combats, nos détresses, nos tristesses d'amour, ils voient dans nos souffrances de la terre quelque chose de mystérieux et de sacré qui leur rappelle la Passion et la Croix du Seigneur Jésus. » Dom Gérard Le chapitre des « anges gardiens » réunit tous ceux qui, ne pouvant être physiquement présents les trois jours de la Pentecôte, désirent accomplir spirituellement et non moins réellement le pèlerinage de Chartres. Ce chapitre reprend l’idée principale des non marcheurs en voulant l’étendre. Avant de le présenter plus précisément, nous tenons à rendre hommage à Christian et Catherine Chauvière qui ont créé et organisé pendant tant d’années, au prix d’un travail remarquable, ce beau chapitre des non marcheurs qui se transforme pour un plus grand rayonnement de l’œuvre de Notre-Dame de Chrétienté. I. COMMENT CELA EST-IL POSSIBLE, PEUT-ON AINSI RÉELLEMENT FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES ? L’Église nous enseigne que, dans la communion des saints « nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même » (Rm, 14, 7). « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres prennent part à sa joie. Or vous êtes le Corps du Christ, et membre chacun pour sa part » (1 Co 12, 26-27). Le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des saints (Catéchisme de l’Église catholique (CEC) n° 953). Unis au Christ, nous pouvons mériter les uns pour les autres les grâces utiles pour notre sanctification, pour la croissance de la grâce et de la charité, comme pour l’obtention de la vie éternelle (CEC n° 2010). Ainsi, par la communion des saints, les prières et les sacrifices effectués par les « anges gardiens », où qu’ils se trouvent, et unis par la charité à Notre Seigneur Jésus-Christ, mériteront de nouvelles grâces pour la colonne des pèlerins marcheurs tandis que réciproquement, ceux offerts par les marcheurs attireront les grâces du pèlerinage sur les « anges gardiens ». 199 Association Notre Dame de Chrétienté

Cette réciprocité fait des « anges gardiens » de véritables pèlerins de Chartres. Elle peut être comparée aux « coopérateurs » de sainte Mère Teresa qui adoptent une Sœur et offrent pour elle toutes leurs souffrances et prières ; la Sœur, elle, implique totalement le coopérateur dans tout ce qu’elle fait : ils deviennent comme un seul être et s’appellent l’un l’autre leur second moi. II. À QUI S’ADRESSE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES « ANGES GARDIENS » ? Le pèlerinage de Chartres des « anges gardiens » s’adresse à tous ceux qui ne peuvent être physiquement présents les trois jours de la Pentecôte ou qui ne peuvent pas marcher. Les « anges gardiens » concernent les religieuses et les religieux, les parents de jeunes enfants, les malades et les personnes trop âgées pour parcourir les 100 km du pèlerinage, les prisonniers, les expatriés, les marins et les militaires en opération, …. En résumé, tous ceux qui sont retenus par leur devoir d’état ou empêchés par leur condition physique. Nous voulons ainsi toucher le plus grand nombre en créant cette immense chaîne de prière. Le pèlerinage pour tous finalement ! III. POURQUOI FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES « ANGES GARDIENS » ? En ces temps où les valeurs chrétiennes sont très directement menacées, il y a urgence à élargir et intensifier le mouvement de prière et de pénitence que constitue le pèlerinage de Chartres. Nul ne doit être empêché de prendre part à ce mouvement. La prière des « anges gardiens » unis à la colonne montera vers le Père pour implorer sa Miséricorde, intercéder pour l’Église et pour notre société, convertir les cœurs et les âmes et les grâces du pèlerinage retomberont sur tous. IV. QUEL EST L’ESPRIT DU PÈLERINAGE DE CHARTRES DES « ANGES GARDIENS » ? Comme pour les marcheurs, le pèlerinage de Chartres des « anges gardiens » repose sur les trois piliers que sont : Tradition, Chrétienté, Mission. « Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants » disait Bernard de Chartres au XIIe siècle : appuyés ainsi sur la Tradition – doctrinale, liturgique et sacramentelle de l’Église, avec l’usage de la 200 Association Notre Dame de Chrétienté

forme extraordinaire du rit romain – nous pouvons à notre tour apporter notre pierre à l’édification du XXIe siècle. Cela passe notamment par la restauration de la Chrétienté. Il ne s’agit pas là d’une notion passéiste, de faire revivre un temps révolu : la chrétienté est entendue comme la réalisation de la « royauté du Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines » (CEC n° 2105). Le philosophe Gustave Thibon le traduisait comme « une civilisation où le temporel est sans cesse irrigué par l’éternel ». La Mission en découle, tout naturellement, comme étant la suprême charité faite à autrui. Le Pape François nous invite à « une nouvelle étape d’évangélisation dans la joie », avec « un vrai dynamisme ». Il ajoute : « La vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres » (Evangelii gaudium, n° 11) ; les « anges gardiens », par leur prière, en feront directement l’expérience. V. COMMENT FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES « ANGES GARDIENS » ? Les « anges gardiens » pèlerins de Chartres prendront des engagements simples, clairs et adaptés à leur situation : récitation quotidienne de la prière du pèlerinage, et, en fonction des possibilités de chacun, chapelet ou rosaire, messe, confession, œuvre de charité ou acte de pénitence. La prière du pèlerinage, récitée par tous, constituera un lien tangible entre les « anges gardiens » et la colonne. Les « anges gardiens » qui le désirent recevront le livret du pèlerinage et pourront ainsi en suivre les méditations, presque heure par heure. Ils prieront aux intentions du pèlerinage et, réciproquement, pourront confier aux chapitres de la colonne leurs intentions de prières. Localement, les « anges gardiens » pourront prendre l’initiative de se retrouver pour prier ensemble. VI. UN DERNIER MOT ? Dans le contexte actuel, l’urgence est à la prière. Celle-ci est à la portée de chacun, quelle que soit sa situation. Avis donc à tous les cadres et amis du pèlerinage pour recruter des « anges gardiens » dans leur entourage : tout le monde ne peut pas marcher mais tout le monde peut prier ! Responsables : Yves & Brigitte Guigueno ([email protected]) 201 Association Notre Dame de Chrétienté

NOTES PERSONNELLES ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… ……………………………………………………………………… 202 Association Notre Dame de Chrétienté

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