Lecture analytique de l`extrait des Misérables de Victor Hugo

March 6, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Écriture, Grammaire
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Lecture analytique de l’extrait des Misérables de Victor Hugo Introduction - Victor Hugo est un poète, un romancier et un dramaturge du 19 ème siècle. C’était aussi un homme engagé qui a dénoncé de nombreuses injustices. - Les Misérables est un grand roman historique et social publié en 1862, dans lequel il donne à des personnages du peuple la dimension de héros épiques. - Situation de l’extrait : Dans l’extrait que nous allons étudier, le personnage de Gavroche, un gamin de Paris, abandonné à lui-même participe, aux côtés des insurgés, aux émeutes de 1832 contre la monarchie de juillet. Il défend les barricades contre les soldats de la garde nationale. - Lecture du texte - Problématique : Nous allons nous demander comment, dans ce texte, le personnage de Gavroche prend un tel relief. - Plan : Nous verrons d’abord comment Hugo met en valeur l’agilité et l’espièglerie de l’enfant face à la brutalité des soldats, puis nous étudierons la manière dont il l’élève au statut de héros épique. Développement I) Un personnage qui a les qualités de l’enfance 1) Un petit être à l’agilité hors du commun - Victor Hugo nous rappelle sans cesse à quel point physiquement, Gavroche est vraiment un enfant. Le terme de gamin revient à trois reprises. Mais ce sont surtout les métaphores qui sont frappantes : Gavroche est assimilé à un moineau, puis à un nain et enfin à un pygmée. La métaphore du moineau est intéressante car elle évoque la fragilité mais aussi la liberté de mouvement. Dans un sens, il survole la barricade. - Son agilité est traduite essentiellement par l’accumulation de verbes de mouvements à l’imparfait dans les lignes 5 à 8. On relève 12 verbes. L’imparfait a ici la valeur d’un imparfait d’habitude qui suggère que tous ces mouvements se répètent plusieurs fois, et il donne l’impression d’actions imprévisibles car non ordonnées, presque simultanées. Gavroche ne cesse de surprendre ses adversaires. De plus, certains verbes sont assortis de compléments, d’autres non, certains sont reliés par une conjonction, d’autres non, ce qui donne l’impression qu’il y a des accélérations, des variations dans le rythme : « Il se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissaient, reparaissait, se sauvait… » - Cette agilité le rend presque « invulnérable » nous dit le texte ce que confirment certaines métaphores : il est en effet désigné comme un « gamin fée » puis comme un « enfant feu follet » : tout cela évoque une capacité à apparaître et à disparaître. Une formule souligne sa capacité à échapper aux tirs : « on le visait sans cesse, on le manquait toujours ». Le parallélisme syntaxique et rythmique (6 syllabes dans chacune des propositions) suggère bien que son agilité est une force aussi grande que la puissance de feu des soldats. 2) Un esprit d’enfance - L’esprit d’enfance de Gavroche est suggéré par tout un champ lexical du jeu : « taquinait », « s’amuser », « pied de nez », « jouait », « cache-cache ». - A cette idée de jeu est associée l’idée d’innocence : « Gavroche fusillé, taquinait la fusillade » : on sent ici le contraste entre les attaques qu’il subit (il est « fusillé », « ajusté »), et les coups qu’il rend : des taquineries. Le contraste est encore plus saisissant entre la brutalité des soldats et l’innocence de Gavroche à la ligne 3 : « il répondait à chaque décharge par un couplet » - On sent enfin chez Gavroche une gaieté, une insouciance qui sont propres à l’enfance. Il ne semble absolument pas se rendre compte du danger qu’il court ce que montre bien l’antithèse de la ligne 9 : « la barricade tremblait ; lui il chantait ». Le verbe « trembler » suggère la peur et correspond au sentiment de peur éprouvé par tous ses camarades insurgés. Le verbe « chanter » suggère l’insouciance. Le contraste entre les deux attitudes est renforcée par la mise en relief du pronom « lui ». 3) Un sens du spectacle - On a l’impression que, comme souvent les enfants, Gavroche se plait à avoir un public, à « faire le clown ». Le narrateur emploie d’ailleurs le terme de « spectacle » - En bon acteur, il donne des émotions à son public : angoisse, rire : « le spectacle était épouvantable et charmant », « les gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant », « les insurgés, haletants d’anxiété, le suivaient des yeux ». Ph. Campet / Lycée Louise Michel / Bobigny/

- La narration en focalisation externe met le lecteur lui-même en position de spectateur : « il avait l’air de s’amuser », « on vit Gavroche chanceler ». Transition : Si Gavroche est un personnage marquant c’est donc d’abord parce qu’il est le symbole de l’enfance, joyeuse, plein de vitalité, d’insouciance, d’énergie. C’est ce qui rend le spectacle « charmant ». Mais le spectacle n’est pas que « charmant », il est aussi « épouvantable » II) Un personnage élevé au rang de héros épique 1) Un géant au courage extraordinaire - Gavroche fait d’abord preuve de courage. Il n’est pas simplement en train de jouer, d’esquiver : il mène par ailleurs des actions utiles aux insurgés puisqu’il désarme les soldats : « il pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier » - Son courage et son agilité sont si extraordinaires qu’il s’élève à une condition bien supérieure à celle de l’enfant : « ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme » nous dit Victor Hugo. - Cette idée culmine lorsque Victor Hugo le compare à Antée. Antée était, dans la mythologie grecque, le fils de Gaia, un géant invincible tant qu’il restait en contact avec la Terre, sa mère. Tous ces éléments nous amènent à considérer Gavroche comme un véritable héros épique, c’est à dire qui s’élève au delà du commun des mortels par ses qualités morales et physiques et qui représente une communauté, ici celle des insurgés désignés par la métonymie « la barricade ». 2) Une situation et une destinée tragiques - Mais le jeu auquel joue ce héros magnifique est un jeu dangereux, ce que Hugo met en valeur par un oxymore : « un effrayant jeu de cache-cache avec la mort » et par une image : « chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette ». - Gavroche est dans une situation que l’on peut qualifier de tragique. Le lecteur et les « spectateurs » de la scène éprouvent bien de la terreur : les termes « épouvantable », « effrayant » soulignent cette dimension de la scène. - Le lecteur et les spectateurs sentent que Gavroche finira par succomber. Il ne pourra pas éternellement échapper aux balles qui semblent d’ailleurs devenir les outils de la fatalité car elles sont personnifiées : « les balles couraient après lui ». Tout au long du texte, il y a une forme d’ironie dramatique, d’ironie tragique. 3) Une mort héroïque - Le tragique et l’héroïsme culminent bien évidemment dans la mort de Gavroche. Comme les véritables héros il brave la mort : « Gavroche n’était tombé que pour se redresser…un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l’air, regarda du côté d’où était venu le coup et se mit à chanter - L’auteur le célèbre de manière très belle en utilisant un oxymore : « cette petite grande âme venait de s’envoler ». On observe que le terme de mort n’est pas employé. Hugo utilise une périphrase euphémistique. C’est parce que le héros par définition ne meurt pas. Comme Achille, comme Ulysse, Gavroche reste vivant pour l’éternité dans les consciences Conclusion Ce texte est donc charmant et bouleversant comme le dit Hugo lui-même. Gavroche incarne la vie, la liberté, l’innocence, les aspirations du « petit » peuple. Il en est le héros, le représentant, le symbole finalement. C’est la raison pour laquelle il est presque devenu un personnage mythique.

Ph. Campet / Lycée Louise Michel / Bobigny/

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