Moliere - L`Etudiant

January 26, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Spectacle vivant, Théâtre
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Laura Guin



1ère 4

On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées,

et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre.

Molière



Le théâtre est avant tout un écrit dans lequel l’histoire est énoncée, mais cet écrit a la particularité de pouvoir également être mis en scène. C’est en lisant et en assistant à une pièce que l’on voit la difficulté du théâtre. En effet, le théâtre est un genre littéraire plutôt complexe. Ce terme comprend les œuvres écrites pour être jouées par des comédiens sur scène, mais entre texte et représentation, le terme se trouve partagé. La plupart des pièces sont écrites dans le but d'être jouées, cependant la représentation théâtrale est-elle nécessaire à la compréhension totale d’une pièce ? Molière a ainsi dit dans la préface de L’amour Médecin « On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. ». Une pièce est faite pour être jouée, mais l’écrit reste néanmoins complet sans avoir besoin d'assister à sa représentation. Pour une pièce de théâtre, est-il indispensable d’accéder à la scène et d’être représentée ? La lecture d’une pièce de théâtre porte-t-elle un intérêt ? Lecture et représentation sont-ils deux termes littéralement opposés ?

La plupart des pièces de théâtre sont écrites pour être jouées, à l’exception de certaines œuvres de Musset (« Spectacle dans un fauteuil »). Pour voir en quoi le texte de théâtre est avant tout écrit pour la représentation, nous verrons le réalisme de la représentation, la mise en scène, puis que le texte est un élément superflu. Dans le théâtre se trouve un ensemble de signes à interpréter. Lorsque le spectateur assiste à la représentation d’une pièce de théatre, celle-ci s’accompagne de décor, d’acteur, de costume, d’objet, de lumière et de son. Ces éléments donnent un effet de réalité à l’histoire ce qui permet d’apprécier pleinement le spectacle. Chaque acteur incarne un personnage différent ce qui permet de mieux percevoir chaque personnages et qui permet au spectateur d’associer un visage à chacun d’eux. Le caractère du personnage est mieux compris, celui-ci est perceptible par les mimiques ou les intonations que produisent chaque acteurs. Le costume est un élément des plus important de la représentation, il met en évidence leur milieu social, leur relation entre eux et leur statut. Dans On ne badine pas avec l’amour, on peut relever un changement de costumes chez Camille qui est non énoncé dans l’écrit. Au début de la pièce, celle-ci porte une robe noire, symbole de froideur et de raideur, puis, dans la scène 6 de l’acte III, elle change pour une robe rouge, couleur de l’amour et de la sensualité, afin de dévoiler ses sentiments à Perdican et de lui faire avouer son amour pour elle. Dans la lecture de cette œuvre de Musset, le changement de costume n’est pas clairement énoncé : « PERDICAN. -Quelle toilette Camille ! » (p.57). La représentation permet de montrer des éléments absents dans la pièce. Dans Don Juan de Molière, la mort du héros en fin de pièce n’est pas expliquée clairement. Ce n’est que lors de la représentation que le spectateur la perçoit. Quant au rang social, le Baron et Perdican portent des vêtements brodés tandis que Rosette et les habitants du village sont pauvrement vêtus. Le milieu social des personnages est alors clairement perçu tandis qu’à l’écrit il est moins évident. De même pour les relations entre les personnages, celles-ci sont plus claires lors de la représentation du fait de la mise en relief des points importants par la mise en scène. On peut également remarquer que lors de la représentation, les effets

comiques sont amplifiés alors qu’à l’écrit ils sont presque imperceptibles. Dans Badine, le comique de geste, de répétition et de langage n’est mis en relief que sur scène. Par exemple dans la scène 4 de l’acte II, on a un comique de langage. Maître Blazius se répète sans cesse et lors de la représentation sur scène, le comique est mis en évidence tandis que lors de la lecture, ce langage parait lourd et incompréhensible. Certains points implicites à l’écrit sont clairement mis en évidence lors de la mise en scène. Le rôle que les acteurs jouent prend alors vie et la présence de ceux-ci rend l’œuvre plus compréhensible. La mise en scène d’une pièce est très complexe. L’auteur donne des indications mais tout lecteur peut interpréter la pièce d’une manière différente. Dans chaque représentation, le metteur en scène peut choisir de mettre en valeur sa propre vision de la pièce. Dans toutes les œuvres de théâtre, ce sont les didascalies qui précisent la façon dont l’auteur veut que soit jouée l’action lors de la mise en scène. Dans Badine, on peut relever plusieurs didascalies telles que « Ils sortent chacun de leur coté » (p.18), « Elle se cache derrière un arbre », « Il lui pose sa chaine sur le cou » (p.52). Ces didascalies informent sur le décor, le ton employé par les personnages, les mouvements, les gestes. Elles facilitent la mise en scène et le metteur en scène est obligé d’en tenir compte. Mais cependant, un même texte de théâtre n’est jamais joué de la même façon du fait de la mise en valeur d’un point de vue de la pièce par le metteur en scène. Pour la mise en scène des Justes d’Albert Camus, par exemple, le metteur en scène peut choisir de mettre en avant l’aspect politique, l’époque, le contexte, Dans la mise en scène de Stanislas Nordey, l’œuvre a été modernisé en y montrant l’aspect actuel. Pour Badine, Gérard Gelas a mis l’accent sur un aspect moins marqué dans le texte : l’aspect social. On peut dire que la mise en scène dénature quelque peu le texte puisque chaque metteur en scène peut choisir de mettre en avant son point de vue sur la pièce. Une même scène peut être interprétée différemment selon les acteurs et le metteur en scène et c’est cette vision, qui vient à mener des conflits entre auteurs et metteurs en scène. Souvent, la vision de la pièce rendue par le metteur en scène peut ne pas plaire à l’auteur, le passage sur scène nécessite des metteurs en scène respectueux du texte. Dans le cas ou l’auteur est décédé, le metteur en scène possède donc un large choix de mise en scène. Mais le metteur en scène peut aussi modifier un aspect de la pièce afin d’échapper à la censure. En effet, lorsque la pièce vise l’opposition libérale, les offenses à l’ordre moral ou au culte catholique celle-ci peut être censurée. Dans le cas de Marion de Lorme de Victor Hugo, qui illustre un portrait de Louis XIII offensant, celle-ci se retrouve censurée pendant deux années. Badine se retrouve alors mutilée puisqu’elle critique la religion. La mise en scène est très différente de la simple lecture. Elle permet au metteur en scène de laisser libre court à leur imagination sans toutefois contredire le sens de la pièce. Son point de vue est donc transmis au spectateur alors que le point de vue du lecteur peut être très différent. Cette confrontation peut emmener à des discussions très intéressantes. Le texte n’est pas indispensable à la représentation. Le langage théâtral ne se cantonne pas a un langage verbal : on y ajoute les gestes, les intonations, les costumes, les décors, les acteurs... Le texte de théâtre est extrêmement réducteur. Le texte n’est pas indispensable à la mise en scène, et pour preuve, on peut prendre l’exemple de la Commedia dell’arte. La Commedia dell’arte est un théâtre sans texte fondé sur l’improvisation, les mouvements et le corps. Ce genre de théâtre a connu un franc succès au XVIème siècle et il prouve que le théâtre est avant tout un spectacle. La lecture quant à elle ne rend pas l’œuvre de théâtre à sa juste

valeur, la durée de l’histoire peut-être modifiée par le temps nécessaire à sa lecture, les intonations et les gestes ne sont énoncé que par les didascalies voire totalement absents. Ils restent imperceptibles et peuvent être mal interprétés. La multiplicité des personnages intervenant dans une même scène peut rendre l’identification de ceux-ci complexe pour le lecteur. Lors de la lecture, la difficulté à caractériser les personnages se fait sentir. De plus, la représentation transmet des émotions au spectateur qu’il ne ressent pas lors de la lecture grâce aux différents langages adoptés. L’histoire est mieux comprise, le spectateur est envouté par le spectacle, le temps qui s’écoule est mieux ressenti. La lecture et le texte théâtral ne sont pas nécessaires à la mise en scène, cependant, de nos jours la représentation est l’aboutissement de l’écriture. La représentation reste essentielle et est l’aboutissement du texte théâtral mais cependant, celui-ci n’est pas indispensable. Le théâtre est avant tout un spectacle, mais comment expliquer que certain lecteur ont écrit des pièces sans avoir un projet de représentation ? Ces œuvres ne pourront-elles jamais être représentées ? Si des auteurs ont écrit dans l’unique but de ne pas accéder à la représentation, c’est que la lecture apporte un intérêt.

Tout semble prédisposer le théâtre à être représenté sur scène. Cependant, la représentation d’une pièce de théâtre est réalisée par un metteur en scène qui a sa propre vision de la pièce et cela peut poser des limites à l’imagination du spectateur qui a déjà lu l’œuvre. La représentation fige la pièce et peut décevoir les attentes du lecteur. Pour montrer quel intérêt apporte la lecture d’une pièce de théâtre, nous allons prouver qu’un texte théâtral apporte une certaine liberté et un certain plaisir au niveau de la lecture et que celle-ci suffit à la compréhension. Une pièce de théâtre est avant tout un texte littéraire ce qui permet au lecteur d’imaginer la mise en scène qu’il veut tout en prenant en compte les indications données par les didascalies. La lecture procure un plaisir absent lors de la représentation puisque le lecteur peut laisser libre court à son imagination sans que le point de vue du metteur en scène ne lui soit imposé. Lire une pièce de théâtre, c’est imaginer la représentation avec son propre point de vue. Le lecteur peut avoir une vision très personnelle des personnages, des décors et des situations et la représentation peut être décevante selon la vision du metteur en scène et les acteurs. Au fil de la lecture, le lecteur peut même s’identifier à l’un des personnages alors que lors de la représentation, cette identification ne peut pas se faire du fait que les personnages paraissent réels. L’image que le lecteur a des personnages peut changer au fur et à mesure de la lecture. La représentation fixe les personnages, les décors, les situations et laisse peut de choix d’interprétation et d’imagination au spectateur. Seule la lecture offre une liberté d’imagination infinie. Par exemple dans Badine, l’aspect social n’est que peu visible, pourtant, Gérard Gelas a mis en avant le droit de cuissage du baron sur Rosette. Cette représentation peut aller à l’encontre de l’avis du lecteur voir même choquer ou décevoir le public. L’écriture garantit aussi une certaine liberté aux auteurs. Musset, publie un recueil de pièce « Spectacle dans un fauteuil » destiné à être lu et non à être joué. C’est le romantisme et la censure ne s’exerce plus. Musset pulvérise alors les règles classiques des trois unités. Il produit des pièces avant-gardistes pour son époque représentant plusieurs lieux, plusieurs mois et plusieurs actions et qui n’ont put être jouées à l’époque mais qui aujourd’hui connaissent le succès. C’est une période d’épanouissement qui

permet aux auteurs de diffuser leur opinion libérale. Ainsi, les idées de Musset sont transmises au lecteur. L’écrit a aussi l’avantage d’être lu et relu à l’infinie et offre la possibilité d’étudier l’œuvre plus précisément que lors de la représentation. De plus, le texte théâtral a souvent une dimension poétique qui sur scène parait lourde tandis qu’à l’écrit celle-ci est très significative. Dans l’exemple de Roméo et Juliette, le texte est écrit en vers, or il suffit qu’un seul vers soit mal prononcé lors de la représentation, et la compréhension du spectateur se trouble. Les rimes ont un sens caché, à l’oral la rime perd souvent son sens. A l’écrit, ce problème de prononciation ne se pose pas. L’avantage premier de la lecture d’une pièce est la liberté d’imagination du lecteur. Cette liberté procure un plaisir qui est absent sur scène. Mais la simple lecture suffit-elle à la compréhension totale de la pièce ? Si la représentation rend l’œuvre plus vivante et plus compréhensible, la lecture seule peut suffire à la compréhension. La simple lecture d’une pièce rend tout de même l’histoire compréhensible. Dans l’exemple de Cromwell de Victor Hugo, la pièce est divisée en une dizaine d’actes et la représentation n’est pas toujours facile à comprendre. Le spectateur a du mal à saisir les fins d’actes et il oublie parfois certains détails. La lecture n’a pas cette difficulté là, le lecteur à la possibilité de revenir en arrière afin de relire un détail qui lui aurait échappé. De plus, on accorde plus d’attention au texte qu’à la représentation, on peut ainsi y découvrir les jeux de mots lancés furtivement sur scène et le message caché de l’auteur. Dans l’œuvre de Musset, On ne badine pas avec l’amour, c’est l’étouffement de la jeunesse sous le poids de la religion et de l’autorité archaïque qui constitue le message caché par l’auteur. Dans la représentation de Gérard Gelas, d’autres messages sont transmis : celui du droit de cuissage du Baron. La pièce se retrouve transformée, modifiée et souvent l’auteur n’est pas en accord avec les ajouts et les transformations des metteurs en scène. Pour les pièces écrites en vers, la lecture est indispensable. Lors de la représentation, les vers peuvent être mal récités et par conséquent mal compris. Par exemple dans Roméo et Juliette de William Shakespeare, les vers sont difficiles à comprendre lorsqu’on les dit à l’oral tandis que lus, ils sont mieux interprétés. A son rythme, le lecteur comprend mieux la pièce, les formules et les procédés employés sont clairs tandis qu’à l’oral ils sont parfois moins compris et moins évidents. Les didascalies informent sur les décors, sur les intonations, le lecteur a toutes les informations nécessaires. Contenu des éléments présents dans le texte théâtral, la seule lecture de l’œuvre peut permettre la compréhension. La lecture d’une pièce apporte plaisir et intérêt de par l’imagination et la réflexion qu’elle procure. La lecture d’une pièce de théâtre est intéressante mais elle peut aussi compléter sa représentation. Lecture et représentation sont elles opposées ou complémentaires ?

Le but primaire de la naissance du théâtre et la représentation sur scène, pourtant la lecture de l’œuvre offre tout autant d’intérêt. Entre lecture et représentation, le sens du mot théâtre est divisé. Mais on peut remarquer que malgré la forte opposition de ces termes, ils sont également complémentaires. Dans certain cas, l’auteur écrit sans but d’accéder à la scène. Dans d’autre, l’improvisation sans texte connait un véritable succès. Pouvons-nous dire que la lecture et la représentation sont totalement opposées ? Sont-elles faites pour une même personne ? La lecture est consacrée seulement aux personnes qui ont de l’imagination tandis que pour étudier ou critiquer un point de vue, on choisira la représentation. La lecture, comme nous l’avons démontré, permet au lecteur de forger son propre point de vue, d’être son propre metteur en scène. Le lecteur peut donner une interprétation très différente de celles déjà émises lors des précédentes représentations. Ce point de vue peut porter sur un sujet d’actualité ce qui permet au lecteur de porter un nouvel avis sur l’époque ou la société actuelle. De plus, le lecteur imagine lui-même les décors, les personnages et la mise en scène et la représentation peut être décevante. Parfois, c’est l’auteur luimême qui tient à ce que son œuvre ne soit pas représentée sur scène. Dans ces cas là, la représentation est compliquée voire impossible à l’époque puisque les règles d’unités classiques ne sont plus respectées par l’auteur. Le texte contient alors tout l’essentiel. Contrairement à la lecture, la représentation permet au spectateur d’observer le point de vue du metteur en scène interprété par les acteurs. Ce point de vue permet une intéressante confrontation d’idée entre le metteur en scène et le spectateur qui a peut-être un avis différent de ce premier. Le spectateur peut juger le point de vue du metteur en scène et l’étudier afin de mieux comprendre l’aspect moral qui a été mis en évidence et ainsi comprendre le message caché du metteur en scène et par ailleurs celui du lecteur. La représentation fige les décors, les personnages, les situations et le spectateur comprend ainsi mieux l’histoire puisqu’elle lui est représentée sous ses yeux. Les metteurs en scène n’ont alors même plus besoin de texte, ce qui est prouvé par la Commedia dell’arte : ceux-ci donnent seulement quelque instruction aux acteurs qui improvisent tout au long du spectacle. On peut dire que la lecture et la représentation sont deux termes littéralement opposés. La lecture est consacrée aux personnes ayant assez d’imagination pour comprendre et le message de l’auteur alors que la représentation permet de voir le point de vue que porte le metteur en scène sur l’œuvre. Toutefois, la confrontation entre ce que l’on voit et ce que l’on avait imaginé peut être intéressant et peut permettre une meilleure compréhension. Si représentation et lecture sont contraires, le spectacle reste néanmoins l’aboutissement de l’écriture de la pièce. Il est le résultat d’un long travail de l’auteur, des metteurs en scène et des acteurs. C’est le célèbre Molière qui est l’exemple parfait de la complémentarité entre texte et spectacle. En effet, Molière était auteur, metteur en scène et même acteur. La représentation est dans la continuité de l’œuvre. Supprimer le texte de théâtre et interdire sa représentation serait condamner l’œuvre. Après avoir lu l’œuvre, il est important d’assister à sa représentation afin de confronter son opinion à celui d’un metteur en scène. Cela permet de mieux cerner l’œuvre et l’aspect mis en valeur. Le message caché de l’auteur et du metteur en scène devient alors évident, les jeux de mots et les effets comiques sont mieux compris. C’est la combinaison des termes lecture et représentation qui donne le véritable sens du mot théâtre. L’un sans l’autre, la pièce ne serai pas rendue à sa juste valeur.

La représentation est essentielle pour bien comprendre et apprécier une œuvre dans son intégralité. Le théâtre reste un spectacle et la représentation est dans la continuité de l’œuvre. Elle rend l’histoire plus vivante, plus réelle mais la lecture permet au lecteur d’être plus libre et de rêver. Enfin, on peut dire que lire et voir une pièce sont indispensables pour bien comprendre l’œuvre mais le plaisir passe surtout par le spectacle.

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