Réhabilitation d`une ferme en un lieu de vie multigénérationnel

January 16, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Architecture
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Réhabilitation d’une ferme en un lieu de vie multigénérationnel Conservation de son espace rural et intégration d’un espace communautaire. ( Vol 1) Etude.

Travail de thèse

Samuel Schaer

Joint Master of Architecture

Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg Prof. Florinel Radu, directeur de thèse Prof. Stéphanie Bender, expert interne Prof. Marianne Fornet, expert externe Juin 2012

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Table des matières 1. Introduction.......................................................................................................................... p.3 2. Site.......................................................................................................................................... p.4 2.1 La Vallée de Joux 2.2 Une population vieilissante 2.3 Un tourisme doux 2.4 Environnement, faunes, flores et géologie 2.5 L’histoire de la Vallée de Joux 2.6 L’horlogerie, le vecteur de l’évolution 2.7 L’agriculture en voie d’extinction 2.8 Une identité mal comprise 2.9 Les villages de la Vallée de Joux 2.10 Potentiel du site 2.11 le village du Solliat 3. Analyse Typologique........................................................................................................... p.14 3.1 La ferme Capt 4. Méthodologie normalisée................................................................................................. 5. La réhabilitation.................................................................................................................. 6. Etude pour un nouvel usage............................................................................................ 7. Analyses des matériaux et éléments constructifs....................................................... 8. Liste des éléments constructifs à sauvegarder / à s’inspirer..................................... 9. Etude de la spatilité du bâtiment.................................................................................... 9.1 Potentiel de la circulation 9.2 Flexibilité des espaces 9.3 Dimension des espaces 9.4 Ambiguité de la reconversion 9.5 Etude des données climatiques 9.6 Orientation des affectations selon les données climatiques

p.15 p.16 p.17 p.22 p.25 p.26

10. Proposition d’une nouvelle fonction............................................................................ p.32 10.1 Référence aux recherches de la préparation à la thèse 10.2 Essaies selon les affectations proposées 10.3 Résultats analyses 10.4 Un espace dédié aux associations proches 11. Réversibilité et Inter connection.................................................................................. p.35 11.1 La réversibilité de l’usage 11.2 Inter connectivité des usages Bibliographie............................................................................................................................ p.37

I. Introduction Le choix du thème de la thèse découle simplement d’une volonté de découvrir l’architecture rurale car c’est là où se trouve l’origine même de l’architecture. Ce qui amène une opportunité de découvrir la région de mon enfance et celle de toute ma famille, la Vallée de Joux. En effet, fort de son caractère rural, le lieu était propice à la recherche et à l’analyse temporelle de l’évolution de son architecture. Le plus curieux dans cette histoire c’est que le thème de ma thèse m’est parvenu en côtoyant la population et les autorités locales. En effet, leur inquiétude se base sur l’avenir des bâtiments ruraux désaffectés, abandonnés ou mal utilisés. Leur intérêt pour leur patrimoine bâti est soudainement devenu le mien, car effectivement, la réflexion n’était pas si mauvaise, voir même extrêmement pertinente. L’économie des terrains constructibles étant d’actualité, la question de la réhabilitation de bâtiments existants serait une des solutions efficaces à ce problème. L’histoire de la Vallée de Joux trouve ces marques dans le temps et souffre actuellement de l’évolution trop rapide du changement de mode de vie. L’architecture n’ayant pas pu suivre, la population a donc du s’adapter aux espaces qu’offrait la maison rurale à l’époque où la Vallée vivait encore de l’agriculture. Et pour cause, le changement radical et soudain de l’activité économique ainsi que la progression des moyens de transports ont permis la venue d’autres types de populations, de campagne ou de ville. Ces changements amènent à réfléchir sur l’adaptation optimale de ces espaces anciennement rural à la fonction qu’ils pourraient apporter aujourd’hui en considérant les besoins actuels. Après de multiples analyses historiques du lieu, le choix de mon intervention s’est porté sur une ferme située dans le village du Solliat. La ferme Capt, ancienne bâtisse agricole qui a su garder toute son identité architecturale mais dont les habitants ne vivent plus de cette activité économique. Le but de l’étude est de travailler sur une réflexion de l’espace qu’offre l’ architecture rurale et de se positionner sur la manière dont l’intervention doit se faire sur sa réhabilitation, tout en tenant compte de toute l’analyse qui aura été fait au préalable. Le travail se déroule donc sur différentes étapes : • • • • • • •

Analyse du site de la Vallée de Joux et son évolution dans le temps Le Solliat et son histoire Compréhension de l’architecture rurale, la ferme Capt Compréhension du terme de réhabilitation Analyse de l’espace architectural rural Proposition d’activités en lien avec l’analyse des espaces existants et des besoins actuels. Intervention

Ces différents éléments font parties intégrantes du processus de travail effectué pendant la recherche du thème choisi, c’est un travail parallèle où la théorie et la pratique se rejoignent pour s’intégrer au mieux dans une solution concrète. Ce document est un journal retraçant le parcours complet de l’étude qui a été fait ces six derniers mois intégrant le travail architectural apporté.

Figure 1, La Vallée de Joux vue du ciel, source laregion.ch

Figure 2, la ferme Capt, photo mai 2012

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2. Le site 2 .1La Vallée de Joux Pour pouvoir comprendre la ferme dans son village, il était primordial pour moi de connaître également la situation générale de la région. Pour ce faire, j’ai décidé de faire une première analyse générale sur la région de La Vallée de Joux, sous plusieurs points essentiels à la compréhension.

Le regard de la Confédération sur la zone Rural Pour comprendre l’espace rural, il est intéressant de comprendre le regard de la confédération et les cantons sur ses zones rurales. Pour eux les enjeux les plus importants sont le maintien et l’organisation des infrastructures régionales. La préservation d’une offre de places de travail intéressant et établir un bon réseau de transport à l’intérieur comme vers l’extérieur font partis aussi des points essentiels. Un problème majeur que l’on retrouve sur toute la Suisse, c’est le retour des terres en friche, l’agriculture n’étant plus si actif, le territoire redevient sauvage. Là-dessus, les autorités ont un regard important sur cette perte de terres cultivables et engendre l’extension des forêts. La tâche centrale de l’aménagement du territoire actuel est de ne plus gaspiller le sol. Les plans directeurs cantonaux sont une réponse à cette volonté de ne plus gaspiller le territoire. Le manque de logement étendu à tout la suisse se traduit par une pression des promoteurs permanents. Les Fermes actuelles sont d’ailleurs souvent reconverties en «simple» logement. La Vallée de Joux est une région protégée. Son paysage est sous protection. Il devient de plus en plus difficile de circuler et de faire des projets dans ses régions protégées. Un système administratif complexe La Vallée de Joux est découpée administrativement en trois communes. Ses communes, dites de montagne, sont caractérisées par de grandes surfaces de forêt et un habitat traditionnellement dispersés. Des regroupements de bâtiments en villages sont reconnaissables et un tissu de fermes ou hameaux dispersées dans le territoire est facile à distinguer. Ces grandes communes, composées principalement de forêt et de pâturage sont historiquement divisées en plusieurs fractions. Ses fractions, souvent des villages, sont rattachées administrativement à sa commune. Mais chaque fraction possède sa politique, chaque village possède son conseil, son comité et son président. Cette démultiplication du pouvoir était une façon de préserver la vie des villageois. C’était un moyen d’éviter un trop grand éloignement des administrations surtout quand il fallait parcourir des kilomètres sous la neige pour atteindre son bureau de vote. Encore de nos jours, les fractions de communes sont préservés, elles ont toutes une autonomie politique et financière. Elles possèdent chacune, des propriétés foncières, elles doivent s’occuper des certaines taches communales et certaines perçoivent un impôt. Le territoire de la vallée comporte 15 906 ha de terrain. La frontière administrative des communes est tracée sur des lignes naturelles. Comme par exemple, la frontière entre la commune du lieu et du chenit qui passe par un étranglement naturel. A cet endroit, l’exploitation des terres reste restreintes, entre les marais et la pente, ces contraintes naturelles marquent le territoire. La position des premiers bâtiments est liée à l’origine du défrichement des terres. Des éléments attractifs ou dissuasifs ont modifiés certaines positions des bâtiments. La qualité de la terre, la proximité d’un point d’eau, l’accès à une voie de communication ou encore la distance des cultures ont dicté l’implantation des fermes. Les positions des marécages ou certaines topographies trop prononcées ont dus également dissuadés certains colons.

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2.2 Une population vieillissante La Vallée a subit une incroyable croissance démographique. Les années 50 ont été prospères. L’horlogerie fonctionnant à plein régime, elle permet une hausse de la population qui atteint 8000 habitants. Les entrepreneurs en profitent en achetant beaucoup de terrain pour construire des unités d’habitation pour leurs employés. La crise économique des années 70 n’échappe pas à l’industrie horlogère. Malheureusement, cette industrie florissante s’écrasa dans les années 70 avec la crise pétrolière. La rationalisation et l’automatisation des entreprises ont contribués également à cette chute. Une baisse des coûts de production pour une amélioration de productivité. La Vallée est passée de 8000 habitants en 1976 à 4000 en 2000. Les 40 dernières années ont donc été difficiles. Ce déclin est caractéristique de La Vallée, d’autres régions périphériques n’ont pas ressenti la crise. Le dynamisme qui avait été trouvé dans les années 50 n’est jamais réapparu. Peu de familles s’établissent à La Vallée, l’industrie de luxe ne s’ouvre que vers l’extérieur mais pas régionalement. Les employés des entreprises horlogères proviennent souvent de la France voisine. Souvent les frontaliers ne voient pas l’intérêt de s’établir en Suisse amis surtout dans cette zone. La Vallée est donc influencée par le trafic et l’industrialisation des terres engendrée par l’expansion de l’économie horlogère. Mais la population ne change pas, elle est toujours composée de jeunes écoliers et moins jeunes faisant les allez retour sur Yverdon ou Lausanne. Certains restent à La Vallée pour établir leurs familles mais souvent la tranche d’âge 30-40 se dirige vers La Cote. La population de La Vallée est donc vieillissante.

2.3 Un tourisme doux La Vallée est en recherche de diversification. économique Le tourisme peut être un potentiel d’emplois et un potentiel d’intérêt pour que l’on puisse parler d’elle à l’extérieur. Une parallèle est souvent fait avec le Jura français. En effet, les Rousses, villages à proximité du Brassus, fonctionnent principalement grâce au tourisme. Mais la culture du tourisme n’est pas encrée dans les esprits helvétiques. La France met beaucoup de moyens et attend beaucoup de ces stations balnéaires. La Vallée agit d’une manière intéressante, elle exploite les beautés de sa nature pour attirer une clientèle touristique. Ce marché de niche attire une clientèle fidèle et respectueuse de l’environnement, elle peut parcourir la nature grâce à diverses offres d’excursion. C’est une image douce qui veut accueillir les familles et en aucun cas un tourisme de masse. Le tourisme fonctionne toute l’année mais l’été reste la période de plus forte. C’est un tourisme de passage qui pratique l’excursion, le vélo, le ski, le patin ou la raquette. Certaines fermes ont été reconverties en chambres d’hôtes, souvent dans les zones sauvages elles fonctionnent à bon régime. Dans mon processus je me suis posé la question de ce genre de reconversion, est-ce vraiment la fonction adéquate à un tel lieu, à une telle histoire, une telle identité?

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2.4 Environnement, faunes, flores et géologie Son bassin fermé crée une barrière psychologique aux voyageurs. Deux ouvertures sont du Jura Suisse. C’est une combe linéaire où un lac et ses marais occupent le fond. L’Orbe prend naissance en France, au Rousse plus précisément, elle se jette dans le Lac. Sur les deux flancs de la vallée, de l’habitat permanent atteint par endroits l’altitude de 1300 m. La vallée se trouve à la jonction de deux parcs naturels. Le parc naturel jurassien, Suisse, et le parc du Haut Jura, français. Le paysage de la vallée est très spécifique. Il est typique d’un paysage jurassien avec des alternances d’espaces ouverts et fermés. Les lisières très larges et des pâturages boisés sont également présents dans le relief de la vallée. La présence de l’eau est une caractéristique fondamentale de la région. L’Orbe alimente le lac. Nos ancêtres ont dégagés les espaces pour s’établir. Liés au lac, des marais et des rives sauvages sont des atouts de la région. Toutes ses qualités ont favorisés l’établissement des populations à La Vallée. La réintroduction du sanglier du lynx et du cerf est une réussite. Le coq de bruyère est également la fierté de la région. Pourtant certains couloirs sont connus par les gardes faunes qui rappellent que le contact avec l’humanité est souvent le début d’un problème. Sur les routes les animaux sont renversés ou les champs sont saccagés par ces derniers. Ainsi des rapports conflictuels sont souvent recensés entre les protecteurs d’une économie et les protecteurs de la nature. Les forêts sont l’une des plus grandes ressources de La Vallée. Elle est une ressource bien exploitée mais elle grandit de jour en jour et il faut la contrôler. Sur beaucoup d’images satellitaires on peut percevoir la progression des forêts. Les forêts sont découpées, divisés entre certains propriétaires, certaines communes et le canton. La forêt du Risou est la fierté de la région, c’est l’une des plus grandes de la Suisse. Il y a des milliers d’années, La Vallée n’a été qu’un glacier.Avec la fonte de ses glaces, un immense lac a couvert les terres. Ainsi des dépôts d’alluvions ont créé nos terres fertiles. La forêt était également gigantesque, nos ancêtres colonisateurs ont dû débroussailler les terres pour s’y installer. C’est un relief linéaire orienté sud-est nord ouest, facilement perceptible sur une longueur de 30 km. Cette combe qui a, au fond, un relief aux formes doux, a profité aux activités agro pastorales. Un sol doux et rocheux caractérise cette région. La végétation typique de la moyenne montagne accompagne le relief du paysage. Sur les cartes géologiques on retrouve les zones d’alluvions. Les zones défrichées par les humains se sont mises au lacustre en blanc, et les zones moraine en vert, en bleu la terre originale, en calcaire.

Figure 3, carte topographique, région nord-ouest vaudois, source geoplanet.vd.ch

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2.5 L’histoire de La Vallée de Joux Pour parler de l’histoire de la Vallée, il faut d’abord parler en premier de l’histoire du village du Lieu. Monsieur Gerald Dubois, ancien municipal du village du Lieu me raconte l’histoire du premier habitant du village du lieu. Dom Poncet, surement un passionné, qui a réussi à survivre dans cette Vallée si éloignée, dans une forêt glacial, habités par des prédateurs redoutables. Ce personnage avait découvert cette région grâce à ses pèlerinages. La progression du christianisme, était fulgurante, et des établissements religieux s’étaient installés sur les voies utilisées. La voie parcourue par Dom Poncet était c’elle reliant St-Claude a Romain-motier. Et c’est ainsi que vers les années 400 et 500, Dom Poncet décida d’implanter son monastère sur les hauteurs du village du lieu. Des indices confirment la réalité de cette histoire. Notamment des pierres percées retrouvées sur des points stratégiques de la Vallée, mais également, certains écrits recensés dans les archives du XIIe siècle par un certain Professeur Piguet. Suivant Dom Poncet, la première vague de colonisation se dirigea vers les hauteurs du village. L’emprise des marais au sud devait dissuader les intéressés. Quoique il fallait déjà être un sacré explorateur pour réussir à s’acclimater des conditions drastiques de la Vallée. Grâce aux écrits du juge Nicole on peut reconstituer l’histoire et trouver des clefs de lecture de l’évolution du territoire. Un juge qui vécu au XVIIIe et qui nous parle de cette lointaine époque qui était donc déjà mal connue en son temps. Suite à l’époque de Dom Poncet quelques particuliers commencèrent à s’écarter du village du lieu. Les premiers s’établissaient de l’autre côté du lac et constituèrent le monastère de l’Abbaye.
Des guerres religieuses étaient lancées entre les monastères. Les plus courageux continuèrent à coloniser le Vallon du Lieu, et s’approchèrent donc de l’actuelle commune du Chenit. Ces pionniers étaient d’ailleurs vus comme des sauvages, Jacques David Nicole nous dit dans son recueil historique « ils buvaient leurs soupes sans cuillères mais uniquement avec du pain dans un bol, comme des animaux ». L’on disait que les gens du Chenit étaient plongés dans une certaine ignorance, même celle de la religion et des arts, mais ils savaient quand même couper du bois et cultiver leurs terres. Jusqu’au XVIe siècle, nos ancêtres ont eu une vie difficile, il a fallu attendre longtemps avant d’obtenir un certain confort, bien que les contés voisins avaient un certain avancement. De grands malheurs, comme la sècheresse ou les incendies rendaient la vie encore plus difficile. Les traditions nous apprennent que certains feux donnaient tant de lumière pendant la nuit qu’on pensait qu’on était en plein jour. La trace de la construction de l’église du Sentier est une date marquante, suivant d’une année le tremblement de terre du jour de Pentecôte 1621, elle représente le début des séparations administratives des communes. La population grandissait, les villages se constituèrent et les communes se renforcèrent. Aujourd’hui on retrouve les trois communes principales : du lieu, de l’abbaye et du Chenit. La région est fière de parler de la forêt du Risou. En effet, cette forêt en bordure de frontière française a été le lieu de nombreuses histoires liées le plus souvent aux guerres. Conservée pour des raisons stratégiques, elle a servit de point de surveillance des envahisseurs. Cette forêt, si dense, a été également la ressource des villages avoisinants. Problématique et potentiel du village du Solliat La Ferme Capt se situe sur le périmètre de la Combe du Lieu, qui est resté à l’écart du développement industriel. Un développement qui a profondément perturbé la structure initiale de la Combe de La Vallée. La combe du Lieu est restée authentique.

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2.6 L’horlogerie le vecteur de l’évolution La Vallée de Joux est une zone rurale spécifique, une économie de luxe liée à l’horlogerie et une proximité des frontières avec la France a permit un développement inhabituel pour le type de zone. La tradition horlogère, qui était au début uniquement un moyen d’améliorer la qualité de vie des fermiers est devenu la principale source de revenus des familles. Les fermes ont été modifiées pour accueillir un atelier d’horlogerie. Depuis le début du XIXe avec l’arrivée du train et du transport de marchandises, l’industrie horlogère a eu une grande expansion. Venue d’Angleterre, l’horlogerie basique fut améliorée par l’ingéniosité de certains fermiers de la Vallée. Aujourd’hui, la confection de mouvement de hautes complications est le succès de l’horlogerie de la Vallée. L’exode rural incitait la population à travailler au centre des villages, des zones industrielles dédiées à l’horlogerie se sont développées, les espaces ateliers des fermes ont été abandonnés, comme beaucoup d’autre, la ferme Capt à garder son petit atelier d’horlogerie mais qui n’est plus utilisé de la sorte.

2.7 L’agriculture en voie d‘extinction Dès le début de mon travail j’ai pu ressentir l’ambiguïté du bâtiment par rapport à son temps. Depuis le milieu du XXème siècle, l’agriculture ne fonctionne plus à la même allure. Plus trop rentable il faut se concentrer sur un type de marché pour réussir à vivre. Cultiver des céréales, produire du lait ou élever des bêtes pour la viande. La ferme est donc plus aussi autonome qu’avant.

2.8 Une identité mal comprise L’identité du domaine construit de cette région est souvent mal comprise. On aime le paysage, mais les bâtiments font partis du paysage, sans eux les beautés de la nature ne seraient pas les mêmes. Les bâtiments de La Vallée de Joux sont caractéristiques de la montagne. Souvent reconnaissable par une maçonnerie recouverte d’un crépi à la chaux, toitures et certaines façades recouvertes de bardeaux. Les bâtiments dans les espaces urbains ont également leur identité ; l’ont peut encore voir que des toitures en bardeaux sont remplacés par de la tôle. Avant, de grands gabarits accueillaient une grande famille souvent en forme de voisinages, c’était un moyen simple et économique d’abriter la nouvelle population.

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2.9 Les villages de La Vallée de Joux Pour me rapprocher du sujet de ma thèse, j’ai également travaillé sur l’analyse typologique du village du Solliat, mais également des villages alentours. La région de La Vallée de Joux possède un patrimoine construit d’exception et unique. Pour faire l’analyse des villages il faut bien comprendre l’origine des premières bâtisses. La vallée a été colonisée, une dissémination de bâtiments a été faite sur l’ensemble du territoire cultivable. La structure de l’habitat est dite dispersée. La formation d’un village est souvent faite autour d’une première bâtisse, la ferme et la famille s’agrandissant, d’autres bâtiments furent construits. Encore aujourd’hui on retrouve autour des villages des fermes, seules, isolées mais également certaines cellules de petits hameaux constitués de quelques fermes. C’est l’origine de toute forme de village. On distingue deux types de forme d’habitation : • •

Des regroupements plus évolués en villages. Et un autre habitat « en périphérie » des villages, dispersé par unité d’exploitation ou par hameaux.

On peut retrouver plusieurs types de structures de villages. Des bâtiments regroupés linéairement, en épi ou en peigne. Le village du Lieu est un bon exemple d’habitat groupé linéairement compact. Premier village édifié sur le territoire de la vallée, construite sur des sources, il s’est développé au dessous de son monastère qui a brûlé lors d’un terrible incendie en 1858. La constitution de la structure des villages est souvent liée à un élément attractif proche.Également linéaire, le village du Brassus s’est construit successivement le long de la rivière. Proche de ce village un vallon nommé le Rocher s’est constitué perpendiculairement à l’axe de la Vallée. Contre le vent mais protégé par le Vallon. Le village du Sentier dans la commune du chenit s’est constitué depuis sa colonisation en hameaux. Les maisons sont isolées et dispersées sur l’ensemble du territoire cultivable. Le village s’est développé autour de son église, en 1850 il n’était composé que de 15 fermes. Les villages agglomérés sont un autre type de village, comme le village du Solliat, un peu plus important qu’un hameau. Constituée de 15 à 20 bâtiments, il a une entité communautaire. Sa position au centre de l’espace agricole demeure le seul élément organisateur commun à l’ensemble. Hors des villages nous trouvons l’habitat dispersé, nous avons la dispersion par unité d’exploitation qui est la trace encore visible de la colonisation. Elle se trouve répartie entre les villages et les zones de pâturage d’alpage. Ce type d’habitat est typique des zones. C’est une répartition régulière de volume sur les territoires cultivés. La dispersion en hameaux est la plus retrouvée à la Vallée. En quelques mots, c’est l’évolution de la colonisation. Evolution datant le plus souvent du XVIIe siècle, les hameaux portent souvent le nom de la famille d’origine de la colonisation. Le processus est simple, une ferme fut d’abord construite, la famille s’étant agrandit, une articulation s’est créée autour de la première unité pour agrandir l’habitation. C’est l’héritage des villages agglomérés, villages et villes

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Figure 4-5-6-7-8-9-10, carte Dufour (1845), source map.geo.admin.ch

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2.10 Potentiel du site La Ferme Capt se situe sur le périmètre de la Comble du Lieu, qui est resté à l’écart du développement industriel. Un développement qui a profondément perturbé la structure initiale de la Comble de La Vallée. La combe du Lieu est restée authentique.

L’histoire de cette combe, représente l’histoire de La Vallée de Joux entière.Tout a commencé au village du Lieu, ensuite le village de l’Abbaye s’est développé en face de la rive. Les habitants du Lieu ont commencé à exploiter les hauteurs, le patrimoine de La Frasse. Petit à petit les habitants colonisèrent l’ouest de La Combe, direction Derrière La Côte.Aujourd’hui, La Combe du Lieu reste l’une des zones les plus authentique de la région. Entre zone agricole et zone dite traditionnellement habitée, le canton ne sait pas comment gérer cette zone et a décidé de stopper toute évolution. Le village du Solliat est la zone la plus intéressante à analyser, en effet un fort développement, un village secondaire a prit place. Le village à deux vocabulaires et beaucoup de questions se pose sur l’évolution possible de ce village. La Ferme Capt, se trouvant dans le village du Solliat serait un bon projet pilote pour proposer une réhabilitation d’un espace rural en une activité en lien avec la vie actuelle.

Figure 11-12-13-14-15-16-17, schéma conceptuel, source maps.google.ch

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2.11 Le Village du Solliat Contrairement aux autres villages, le village du Solliat n’a pas d’élément organisateur fort, il n’a pas d’église ou de bâtiment de service publique. Le seul élément qui a organisé et insisté à une population à s’établir sur ce sol c’est la proximité et la qualité des champs. Le village du Solliat est un village dit aggloméré. Composé de plus de 15 bâtiments il se différencie d’un hameau qui a moins de bâtiment et qui porte souvent le nom propre de la famille colonisatrice.

Figure 18-19, carte Dufour (1845), source map.geo.admin.ch

La Ferme Capt se situe à l’entrée sud-est du village du Solliat, au bout de la rue Chez Grand-Jaques. En de bonne condition, « intacte », elle à subi divers modifications par les anciennes générations mais l’organisation interne des activités n’a pas changé. C’est ma base de travail. Comment et quel genre de reconversion peut on faire sur un bâtiment d’un tel type ? Projet qui se retrouve souvent dans la région, des fermes qui sont souvent reconverties en logements. L’intérêt du projet portera plus particulièrement sur la relation entre l’usage que propose cet ouvrage avec l’étude de la relation spatiale à l’intérieure comme à l’extérieure. Les villages et les implantations des bâtiments avaient une relation forte avec la vie sociale de la région. Cette reconversion a pour but d’amener une réflexion sur la fonction de l’architecture dans nos vies.

Figure 20, carte Siegfried (1870), source map.geo.admin.ch

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Implantation sur du bon terrain, plat, proche des champs fertiles. «Il en est ainsi quant à la façon dont les enfants placent leur monuments — comme en témoigne leur jeu d’hiver favori qui consiste à construire des bonshommes de neige. Ces bonshommes sont placés aux endroits précis où en d’autres circonstances, et conformément aux anciennes- méthodes, on s’attendrait que soient installés des monuments ou des fontaines.» Camillo Sitte

Figure 21, cadastre, source archive de la commune du Chenit

En rouge la parcelle du propriétaire. En vert les anciens champs accessibles. En bleu l’accès à l’eau de source du village. En jaune, ancienne route de l’entrée du village (modifiée pour des questions de sécurités) Le village du Solliat a une morphologie urbaine simple à comprendre. Une première zone « rural » qui s’est développée jusqu’au 18ème (en bleu) est composée de grand gabarits orientés et implantés le long de la rue du Village, des constructions typiques de la région en cohérence avec les contraintes sociales, climatiques et techniques du passé. Un zone plus récente du milieu du XXème (en rouge) constituée principalement de villas, des constructions qui se retrouvent dans tout le pays, détachées des contextes mais rationnelles en terme logique économique urbaine et sociale du mode de vie actuel

Figure 22, schéma conceptuel, le village du Solliat

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3. Analyse typologique 3.1 La Ferme Capt La Ferme Capt fait parti du patrimoine rural de La Vallée. Un patrimoine qui est lié à l’histoire des terres. On y retrouve toujours des caractéristiques esthétiques, sociales et économiques qui sont lisibles sur les bâtiments. À la Vallée, pendant longtemps l’agriculture était la principale source d’approvisionnement. Les fermes devaient accueillir la famille mais également abriter le bétail. Cette architecture est une trace intacte du passage et de l’organisation de nos ancêtres. La ferme, un bâtiment lié à exploitation agricole est le type bâtiment le plus retrouvé dans la région. Ils sont sous deux formes, la ferme rural qui regroupe une habitation, un écurie, une fourragère et certains espaces de stockages ou atelier. Le chalet d’alpage, dans les pâturages, intègre une production fromagère. L’implantation des fermes est fortement liée aux contraintes climatiques et constructives du lieu. Nos ancêtres ont étudiés certains facteurs pour déterminer l’implantation d’une ferme. Avec aucune priorité, l’ on retrouve souvent les mêmes caractéristiques : • • • • • •

L’influence de la topographie L’accès à la ferme devait être simple, souvent en relation avec les chemins et les courbes de niveau Le vent devait glisser et épouser la forme de la toiture Le soleil devait éclairer et réchauffer certains espaces L’eau devait être à proximité Les ressources en bois et pierre devaient être à proximité

Résultat de l’histoire du lieu, adaptées aux contraintes climatiques, économiques et sociales du territoire Elles marquent le paysage par leurs nombres, leurs singularités, leurs originalités et leurs diversités Elles avaient un usage mixte, l’habitat accompagnait le rural Elles abritaient sous le même toit ; l’homme, le bétail, les récoltes et les outils agricoles (survie fonction très flexible) Généralités • Forme • Orientation - Topographie Spécificité à la Vallée de Joux • • •

Lecture du paysage, linéaire Relation avec axe de la Vallée - Relation avec les vents Vent d’ouest (amène la pluie) - Bise d’est

Figure 23, schéma conceptuel, généralités de l’orientation

Figure 24, schéma conceptuel, généralité de la répartition des usages d’une ferme

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4 Méthodologie normalisée Suite à une première analyse du site et de la ferme, j’ai décidé d’utiliser les méthodologies standardisées, type SIA ou Bauwerken, en réalisant rapidement qu’elles ne sont pas adaptées à une réflexion plus théorique et subjective de l’architecture. En effet, ces méthodes très pragmatiques permettent de mettre en place des stratégies de projets très carrées, chiffrées et détaillées, avec le but et le pouvoir de faire des prévisions. Ma démarche étant une démarche plus tournée sur une approche sensible, de croisement de paramètres et non une démarche d’ingénieurs, je me suis vite arrêté à la notion de définition de l’état ciblé de ces méthodes.

Quel est le programme de ma réhabilitation ? C’est la où réside la question essentielle. En quelques mots, la méthode a quand même permit de bien me rendre compte que la construction d’un bâtiment neuf n’a rien de semblable à la rénovation d’un bâtiment. Simplement, il faut se poser la première question, dois je concevoir une enveloppe pour un programme donné ou dois je trouver un nouveau programme pour une enveloppe déjà existante ?

Figure 25, éssai, étue développée par une méthodologie normalisée

Certains éléments resteront purement théoriques, quelle est la cause de la transformation ? Mais certaines contraintes de bases amènent des potentiels cachés qui se retrouvent dans de nombreuses réhabilitations comme : • • • • • • • • •

la mutation et passage de l’ancien au moderne les conflits technologie avec les matériaux anciens le problème de luminosité le cloisonnement ou le décloisonnement les problèmes thermiques les espaces vacants la singularité des espaces la non conventionalité les vides

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5. La réhabilitation Avant de déterminer un état cible, ou de travailler sur les aspects constructifs ou sensitifs de la ferme, je me suis rendu compte qu’il fallait répondre à un questionnement sur la réhabilitation. Ce bâtiment est précieux, témoin de l’histoire, de l’histoire régionale, il peut permettre aux générations qui vont venir de comprendre le passée. Il faut donc lui faire un hommage et permettre cette utilité. A mon sens, il faut donc que la réhabilitation permette de garder certaines traces du passé, une lecture possible de la vie du bâtiment grâce à des indices. Il faut donc faire une recherche pour préserver les vérités première du bâtiment. Mais pour qu’il garde sa crédibilité, il faut intégrer de nouvelles fonctions, ainsi prouver que ce bâtiment a la capacité de répondre aux besoins actuels. Une réhabilitation implique donc le changement de fonction, et dans certains cas une perte du sens de la construction. Il faut donc étudier très profondément un bâtiment avant de pouvoir le toucher. Tous les paramètres doivent être prit en compte, et de cette faite, il faut étudier le bâtiment dans sa profondeur. Suite à certaines lectures de Loos ou Camilo Sitte, je peux me rendre compte que cette prise de conscience est très importante. Le but n’est pas de sauvegarder à l’extrême tout ou de « tout casser » sous le mot d’ordre de l’esprit contemporain. Il faut donc apporter un regard nouveau tout en ayant une prise de conscience pour ne pas négliger certains aspects. A mon sens beaucoup de choses sont à conserver et restaurer, mais il ne faut pas réhabiliter un bâtiment avec la seule volonté de préserver son état initial. Il faut donc réussir à conserver toute en faisant évoluer, là est la contradiction. Comment concilier le respect de son caractère original et les nécessités d’adaptations liées aux nouvelles fonctions ? Pour ce faire, j’ai décidé de faire une première recherche sur l’état initial du bâtiment et de ses spécifications et caractéristique. Ainsi retenir certains aspects que je veux conserver. Sur cette base, le but est d’engager de nouvelles fonctions qui seraient en adéquation avec ma première recherche toute en réfléchissant sur l’intérêt de telle ou telle fonction dans la région de l’implantation du bâtiment. Pour finir et réussir une réhabilitation d’un telle type, il faudra donc trouver:

Un programme adapté à l’organisation spatiale existante et compatible avec l’esprit du bâtiment.

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6. Etude pour un nouvel usage Recherche approfondie sur l’état initiale du bâtiment Typologie du bâtiment Quand on parle de typologie, dans la famille des fermes, à La Vallée de Joux, on retrouve certaines spécificités. Car pour se protéger du froid et des températures extrêmes en hiver, nos ancêtres ont eu recourt au Voisinage et au Neveau. Le Voisinage est en quelque mot l’association de bâtiments, de nos jours on les appellerait des fermes contiguës. A partir d’une famille de base, les bâtiments se sont accrochés les unes aux autres pour garantir une certaine proximité et un regroupement de l’énergie. La ferme Capt ne fait pas parti d’un voisinage, mais il est intéressant de reconnaître cette forme dans l’analyse typologique de mon bâtiment.

Figure 26, schéma conceptuel, généralité, divison des fermes par propiétaire

Le Neveau était un espace de travail, ou de stockage, au « sec ». Devant l’écurie se trouve la fourragère, cet espace étant abrité permettra au paysan de faire certains travaux, comme la coupe du bois ou d’entreposer du fourrage supplémentaire au sec. Mon bâtiment hérite d’un Neveau, de nos jours il n’est plus utilisé, il reste un espace tampon, une fonction à repenser.

Figure 27, schéma conceptuel, identité régionale, le Neveau

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Les gabarits des fermes ont évolués. En effet les premières fermes étaient construites sur un niveau, avec une énorme toiture et un énorme fumoir. Depuis 1759 et une convention fédérales, les propriétaires ont eu le droit de construire un deuxième étage au dessus du premier. Dès 1800 les fermes étant construite directement avec deux étages. La ferme Capt datent de 1805 à été construite directement avec deux niveaux.

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