Républicain Lorrain 01/03/2016 - Centre Hospitalier Sarreguemines

March 7, 2018 | Author: Anonymous | Category: Science, Médecine
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Sarreguemines : « Un vrai réseau transfrontalier » Nathalie Bouring est directrice de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Sarreguemines depuis 8 ans. 01/03/2016 à 05:00

• ÉMULATION. « J’ai grand plaisir à apporter une plus-value aux étudiants, on travaille avec une équipe motivée et des partenaires qui sont vraiment impliqués. Il y a un ancrage dans un but d’employabilité. Cela donne un sens à l’action dans la mesure où les étudiants ont du mal à trouver un emploi. Les taux de réussite sont bons, mais le recrutement commence à diminuer, d’où la volonté spécifique de notre institut. » • FRONTIÈRES. « Ce cycle est intéressant, il permet de sortir des sentiers battus et d’être en adéquation avec le territoire, où nous formons beaucoup au bilinguisme. Chacun a bien compris les besoins des autres, avec une culture de travail et des ambitions. On se connaît bien et on a développé une réelle complémentarité. J’ai vraiment l’impression de faire partie d’un réseau transfrontalier. » • COMPÉTENCE. « On s’inscrit parfaitement dans la Frankreich Strategie souhaitée par le Land de Sarre. Nous avons l’intention de créer une compétence biculturelle. Cela avance dans le bon sens, c’est quelque chose qui fait sens et se veut pragmatique. Au départ, on ne faisait que des stages, puis nos partenaires allemands ont émis le projet de recruter des infirmiers français. On sentait qu’il manquait quelque chose à nos étudiants pour passer de l’étape de stagiaire à employés. Certes, le fait de postuler en Allemagne obéit à d’autres règles. Nous avons à l’Ifsi une aide méthodologique, nous accompagnons les élèves dans leurs demandes pour qu’ils se sentent bien. » • CONFIANCE. « Au plan professionnel, le niveau des infirmiers français est bon et les établissements allemands accueillent des patients français. Le milieu médical veut aussi de la mixité chez lui. Il trouve dans nos étudiants un vivier de recrutement. L’axe transfrontalier fait partie de notre politique de qualité et notre stratégie. » « Nous avons la chance de bien connaître nos partenaires allemands, et avons établi de bonnes relations de travail ensemble. »

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« Vocable technique dès le début » Infirmière diplômée en 1999, Christine Berwanger intervient à l’Ifsi depuis 2010, elle y est référente pour l’enseignement bilingue. 01/03/2016 à 05:00

• Qu’est-ce qui a incité à la création du parcours bilingue ? « Les stages se passaient bien, mais la principale difficulté des étudiants était la peur de la langue. Des craintes se faisaient jour avant de partir en stage, et lors des évaluations, c’est un thème qui revenait souvent. Il y avait aussi une demande de la part du milieu médical allemand. En stage, ils font preuve d’une grande curiosité, s’intéressent à tout et sont demandeurs, d’où l’intérêt de recruter des infirmiers français. Nous avons pris en compte tous ces éléments lors de la mise en place des cours d’allemand sur les trois ans. » • Quelle est la spécificité ? « Le vocabulaire est technique dès le début. Nous ne faisons pas de l’apprentissage de l’allemand. Les étudiants inscrits doivent avoir des bases dans la langue et tenir une conversation courante. En première année, j’axe beaucoup sur l’oral pour avoir une conversation avec le patient, en 2e année, c’est plutôt tout ce qui est écrit. Il faut qu’ils sachent quoi dire sans faute et que tout soit bien formulé. » • Qui intervient dans lors des cours en allemand ? « Deux cadres de santé et une infirmière en urologie de la clinique de Völklingen. Nous avons un planning précis des cours pour l’année et j’envoie le contenu des cours à un de mes collègues pour qu’il le corrige avant. Eux viennent parler de leur quotidien, comment ils exercent, et lors des exercices pratiques, ils simulent très bien le patient allemand et son esprit. Ce ne serait aussi intense les uns sans les autres. Nous allons un peu au-delà de ce qu’on voit dans les cours français. Les élèves ne font pas de stage en Allemagne la première année et cinq semaines les années suivantes. Nous faisons toujours un bilan pour savoir comment ils s’intègrent. » « Nous avons besoin d’un niveau, si les étudiants s’inscrivent, c’est pour suivre le dispositif bilingue sur les trois ans. »

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Cyrielle et Maxime : Auf Deutsch, natürlich ! 01/03/2016 à 05:00

Deux étudiants infirmiers de Völklingen font connaître leurs motivations sur leur formation et l’aspect franco-allemand. RENCONTRE

• Maxime Mottel, 21 ans, de Hombourg-Haut, est complètement bilingue. « J’ai fait divers stages en Allemagne et j’ai appris la langue comme ça, sur le tas. J’aurais voulu travailler dans un milieu social pour aider les gens », et le voici élève infirmier à l’institut de la clinique de Völklingen. « Il est toujours intéressant de voir comment les Allemands et les Français suivent leur cursus, ce n’est pas du tout les mêmes formations. En Allemagne, l’étudiant est salarié et bénéficie de cinq semaines de congés par an, on a beaucoup plus de pratiques et moins de vacances », dit-il, mesurant la chance qu’il a d’avoir été sélectionné. « Ils ont pris 20 élèves sur 500 candidats. Nous avons aussi un examen au bout de six mois, on ne doit pas le rater sinon c’est fini pour nous ». • Cyrielle Wegener, des cheveux abondants et un large sourire, est aussi en 2e année à Völklingen. La jeune femme est originaire de Sarrebruck, où elle a passé un bac pro en sciences économiques. Un bagage suffisant pour postuler au concours. « J’ai remarqué que j’ai un don pour l’aspect social », fait savoir l’étudiante, aussi à l’aise dans la langue de Molière que de celle de Goethe. « C’est intéressant d’entendre les autres élèves, d’avoir d’autres perspectives. L’infirmière en France a beaucoup plus de formation sur la médecine, alors qu’en Allemagne, c’est beaucoup plus porté sur les soins. »

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Paroles d’étudiants 01/03/2016 à 05:00

• Rémi Fedirkeil, de Grosbliederstroff : « Mon père est Allemand, je parle les deux langues depuis toujours et j’ai déjà fait un stage en chirurgie cardiaque à Völklingen. Il n’y pas de problème pour maîtriser le vocabulaire des deux langues. Je ne sais pas si je travaillerai en Allemagne, mais faire des stages me servira toujours parce que de nombreux patients parlent allemand du côté français. » • Mélanie Halter, de Weisslinger : « Je suis bilingue depuis toujours. Le fait d’apprendre le vocabulaire allemand nous sera utile dans notre métier en France. Pourquoi ne pas travailler en Allemagne plus tard ? J’ai fait un stage de cinq semaines en chirurgie cardiaque : les patients sont attentifs quand ils savent que nous sommes Français. » • Laure Lienhardt, de Niederaltdorf : « Je ne suis pas vraiment bilingue, mais je parle alsacien. La formation des soins ne se fait pas de la même manière en Allemagne, mais le fait d’apprendre d’autres techniques me permettra peut-être d’être embauché dans un autre pays. Cela représente un effort pour le vocabulaire, mais les enseignants prennent le temps de nous expliquer tout en détail. Ce sont des cours calmes et sérieux. »

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LE MESSAGE AU CŒUR 01/03/2016 à 05:00

Au sous-sol de l’institut, une salle où chacun prend place face à un écran de projection. A l’arrière des élèves de 2e année, figurent des lits sur lesquels sont installés des mannequins utiles aux exercices pratiques. « La dernière fois, nous avons travaillé sur l’éducation thérapeutique du patient », annonce Christine Berwanger, référente pour l’enseignement bilingue. A ses côtés, prend place le Dr Helmut Becker, cadre de santé en réanimation cardiaque à la clinique de Völklingen. « Aujourd’hui, nous allons aborder la préparation aux différents examens. Cette partie permet de développer le vocabulaire. Ensuite, nous ferons des simulations en vue de donner des explications sur les termes à utiliser avant et après les examens. » Les élèves écoutent avec attention, savent qu’ils ne doivent désormais penser qu’en allemand. « Hallo, Entschuldigung », lance un retardataire, qui se concentre aussitôt sur le sujet du jour. Questions-réponses « Que connaissez-vous en matière d’examens cardiaques ? » (Herzuntersuchungen), demande l’enseignante. « Il y a l’ECG », répond une infirmière en formation. L’électrocardiogramme, traduit dans la langue de Goethe par le terme de Ruhe EKG. « Qui peut expliquer en allemand avec des mots très simples ce qu’est un ECG à un patient qui arrive à l’hôpital et ne sait pas de quoi il s’agit ? », propose Christine Berwanger. Helmut Becker propose alors une description de cet examen courant. « Pouvez-vous répéter l’explication plus lentement ? » demande un étudiant. Le médecin, lui, sait qu’il s’adresse à des jeunes ayant un bon niveau. Il reformule ses propos sur le même ton, et le message passe. Le cours se poursuit avec l’approche d’un examen plus détaillé. « Comment peut-on traduire ECG d’effort (Belastungs EKG) pour ceux qui étaient en stage en Allemagne ? En avez-vous déjà pratiqué ? » L’enseignante pose ensuite une question sur les pathologies détectables lors des tests d’effort. « La coronopathie », répond une étudiante. « Voilà, c’est juste. Pouvez vous faire une phrase 5

qui correspond au moment où le patient demande combien de temps dure un ECG d’effort ? », suggère le professeur aux élèves. Les mots justes S’ensuivent l’approche d’autres examens comme l’échographie transœsophagienne ou la coronographie, ce dernier sujet étant illustré par une vidéo réalisée à la clinique de Völklingen. « Maintenant que vous savez tout, qu’allez-vous dire aux patients, quelles sont les particularités de la coronographie ? » A la fin du cours, tous les examens de recherche sont évoqués tour à tour (scanner, radiographie, scintigraphie, endoscopie…) avant de laisser place à des exercices de simulation visant à reproduire le dialogue entre un patient et le soignant. Exercices réels Dès lors, les lits d’hospitalisation sont utilisés à bon escient. « Un patient va passer une échographie, il faut aller lui expliquer en qui cela consiste et comment ça va se passer. Que revenez-vous dire à l’infirmière ? », ajoute l’enseignante, qui invite chacun à faire une transmission écrite sous l’œil avisé du cadre de santé sarrois. Une des simulations consiste à faire signer une feuille à un patient pour obtenir son consentement pour une coronographie. Ce dernier lui explique qu’il a peur, tous les aspects devant être pris en compte par le personnel soignant. « Vous avez désormais une bonne base pour expliquer ce qu’il se passe avant l’examen », complète Christine Berwanger, qui donne rendez-vous à chacun pour le prochain cours bilingue.

Psychiatrie et cardiologie 01/03/2016 à 05:00 Le nombre moyen d’élèves français qui participent chaque année à un stage d’approfondissement en cardiologie au HerZzentrum Saar est de 25 en moyenne, et le nombre d’étudiants allemands qui viennent améliorer leurs connaissances au centre hospitalier spécialisé (CHS) de Sarreguemines est d’environ une vingtaine par an. Les CHS de Sarreguemines est l’hôpital qui dispose de la plus grande capacité d’accueil en France avec 144 lits. Psychiatrie et cardiologie sont deux domaines d’échanges privilégiés, même si les étudiants français font aussi des stages en urologie.

Les cours bilingues sont supervisés par la référente en allemand et un cadre de santé de Völklingen 01/03/2016 à 05:00 Les cours bilingues sont supervisés par la référente en allemand et un cadre de santé de Völklingen. Exemple avec des élèves de 2e année, le cours di jour portant sur la nature des différents examens.

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La phrase : « Ce besoin d’ouverture et de découverte est désormais institutionnalisé dans le parcours de formation des étudiants.» 01/03/2016 à 05:00 Jean-Claude Kneib, directeur des hôpitaux de Sarreguemines, lors de la signature d’une convention entre l’Ifsi de Sarreguemines et l’hôpital SHF-Kliniken de Völklingen le 14 novembre 2014.

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