Restaurer sans dénaturer - Communauté d`Agglomération

January 13, 2018 | Author: Anonymous | Category: Arts et Lettres, Architecture
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C O N S TAT P R O B L E M AT I Q U E L’architecture traditionnelle du territoire présente des caractéristiques fortes étroitement liées aux usages agricoles. La hiérarchisation et l’organisation de la propriété dans le bocage bourbonnais se lisent dans les morphologies des bourgs et villages et dans les typologies bâties: les châteaux, les domaines, les locateries, la maison de journalier.

ARCHITECTURE Restaurer sans dénaturer

Tout comme l’évolution de Montluçon se lit à partir du centre ancien, ses faubourgs et ses quartiers résidentiels périphériques. La ville s’est développée, a évolué mais chaque quartier conserve les traces de son histoire. C’est cette mémoire des lieux qu’il est aujourd’hui important de reconnaître afin de maintenir une identité à chaque quartier et d’éviter toute standardisation. Le territoire de la Communauté d’Agglomération compte des communes rurales, des zones périurbaines et un centre ville historique. Malgré des contextes très différents, chacune de ses maisons a un vécu qu’il convient de connaître et de respecter, afin de bien maîtriser son évolution.

Et toujours penser que sa maison est vue par tous et qu’elle fait partie du paysage, qu’elle participe à l’identité du territoire.

OBJECTIFS ENJEUX Investir le bâti vacant, densifier le tissu existant Connaître et préserver les architecturales du bâti local .

caractéristiques

Respecter l’architecture locale et maîtriser les modifications de volumes, choisir les matériaux adaptés, créer des ouvertures en cohérence avec les façades existantes

P R E C O N I S AT I O N S Faire appel en amont aux services de conseil mis à disposition sur le secteur: CAUE... Consulter un architecte car chaque maison est un cas unique et mérite une étude . Les recettes type n’existent pas. Apprendre à connaître l’histoire de sa maison… Consulter des entreprises qualifiées

Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006

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Restaurer sans dénaturer

On ne saurait restreindre la notion de patrimoine bâti aux seuls monuments majeurs. Le bâti des bourgs et villages, les particularités de certains quartiers de Montluçon (résidentiels des années 30, industriels, ouvriers) constituent l’accompagnement, l’écrin et l’ancrage de ces éléments majeurs (ce qui justifierait déjà en soi l’intérêt que l’on peut y porter) et en outre cette architecture simple mais élégante est en ellemême une valeur certaine. Le bâti fait partie du paysage et conditionne l’image de ce territoire au même titre que les courbes du relief, la répartition des haies et des champs.. etc. Ce constat peut sembler banal, pourtant quand on restaure ou que l’on construit sa maison (ou son bâtiment d’activités) on se pose rarement le problème de «l’effet» induit sur le paysage : on raisonne sa maison comme un objet isolé, pensant à l’habitabilité, la forme, l’agrément de son environnement immédiat (le jardin, les vues sur l’extérieur.) Mais pas à la manière dont elle s’insère dans le paysage et les relations qu’elle entretient avec les maisons voisines. Il est urgent d’inverser cette tendance aussi bien pour les constructions neuves que les restaurations ou les rénovations. On constate que le bâti ancien, qui pendant longtemps a peu évolué est aujourd’hui recherché pour être restauré ou rénové. Il y a donc un risque d’altérations et de banalisation par des interventions mal maîtrisées. La nécessité de faire attention à ces évolutions est d’autant plus forte que «le bâti bourbonnais» est un élément fondamental de l’identité du territoire, porteur d’histoire, de valeurs et d’attachement. Le problème est de formuler un consensus sur les caractéristiques de ce bâti et de ses variations locales. En effet comme tout objet produit par des générations successives, les types et les formes ont évolué au cours des temps et aussi en fonction d’influences, de modes, d’évolution des techniques. En outre les maisons anciennes ont déjà fait l’objet de rénovations ou restaurations qui les ont modifiées...

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Les interventions sur le bâti ancien ont plusieurs objectifs : • L’entretien : refaire sa façade, sa toiture, changer les fenêtres, refaire la clôture, refaire un mur de clôture... Ces interventions si elles modifient peu les volumes et la structure du bâtiment peuvent tout de même en modifier fortement l’aspect : on a tous pu apprécier l’effet d’un changement de couleurs ou une mise à nu des pierres en façade par exemple. Ces modifications qui peuvent être spectaculaires ne sont en rien définitives; on peut toujours revenir en arrière.



Amélioration de l’habitabilité et du confort : apporter davantage de lumière en créant de nouveaux percements, aménager des combles qui exigent une rehausse du toit et/ ou de nouveaux percements en toiture… Ce type d’intervention fait courir le risque de changer l’ordonnancement des façades et de fragiliser un équilibre. Les mutations commencent à être plus définitives; il faudra davantage de moyens pour boucher la fenêtre que l’on a ouvert, modifier les lucarnes …



Augmenter la surface habitable. Une rénovation plus lourde avec des ajouts de volumes, les changements d’affectation et d’usage (convertir une grange en pièces habitables par exemple). Là les risques deviennent importants. Il devient très difficile de revenir en arrière.

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LES QUESTIONS QUI SE POSENT

LES APPROCHES ET LES RÉFLEXIONS AVANT D’AGIR Quand on entreprend d’intervenir sur un bâtiment ancien on devrait conserver à l’esprit que nous ne sommes qu’un moment dans la vie de celui-ci : il a «vécu» avant et «vivra» après. Cette notion devrait forcer à s’assurer la justesse des interventions envisagées par une bonne compréhension du bâtiment, de sa construction : Faire un relevé précis du bâtiment, des annexes et de son environnement proche : murets, cour, porche, appentis, perrons, marches, seuils... Apprécier ce qui en fait la valeur dans le contexte où il se trouve Apprécier également comment on le découvre en arrivant : est il vu de loin, sous quelle face... ? Analyser les matériaux employés; leur mise en œuvre, distinguer ce qui est d’origine de ce qui a été rapporté Si possible se renseigner sur son histoire : date de construction, usages anciens, évolutions Se poser les mêmes questions pour les maisons proches avec lesquelles il entre en relations visuelles et sur le bâti proche en général. Regarder autour de soi et dans les villages voisins les interventions qui paraissent “justes” et celles qui ne le paraissent pas.

RECHERCHER DES CONSEILS Intervenir sur des constructions anciennes n’est jamais simple. On a souvent besoin de s’entourer de conseils : • Auprès des architectes



De la part de services spécialisés comme le CAUE, le Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine



Auprès d’artisans qualifiés

A se procurer : Le CAUE 03 a édité une plaquette «la Maison Rurale en bocage bourbonnais» dont le but est de faire connaître les principes constructifs des maisons bourbonnaises

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LES INTERVENTIONS QUI MODIFIENT LES VOLUMES Quelque soit le type de maison : maison de bourg, locaterie, maison de ville des années 30 etc, il est nécessaire d’observer et de comprendre sa maison avant toute intervention. Lorsque l’on veut agrandir sa maison, il faut se poser les questions suivantes: • Quel sera le rapport des volumes entre l’ancien et ce qui est ajouté ; leur combinaison

• •

Quels matériaux employer et le rapport entre ceux-ci; les couleurs, les textures.. Est ce que les ouvertures qui sont ajoutées ne déséquilibrent pas la façade ? Il n’existe pas de solution type qui puisse s’appliquer même pour une typologie donnée. L’étude se fait au cas par cas. Pourtant certains principes permettent d’éviter les plus grosses erreurs. Chaque projet est un projet à part entière, il doit être étudié en tant que tel.

Réhausser un bâtiment ancien S’interdire toute rehausse sur les toits qui ont des formes particulières : par exemple les maison de vile des années 20/30. La complexité qui les caractérise est suffisante. Respecter la pente du toit préalable ou du moins respecter et retrouver les pentes de toits dominantes dans l’ensemble bâti.



Conserver la pente du toit originelle (sauf si elle a été manifestement déjà été bouleversée)



Retrouver les éléments de couverture : corniches, tuiles (qui peuvent être récupérées) noues, faîtages . Refaire les arêtiers à l’identique.



En particulier éviter de marier tuiles mécaniques et tuiles plates sur deux bâtiments proches ou sur deux corps d’un même bâtiment.



«Cicatriser» la rehausse du mur (généralement faite en parpaings) par une reprise de l’ensemble du crépi de la façade concernée.



Créer des ouvertures sous toiture dans la partie rehaussée est particulièrement délicat et risqué d’un point de vue esthétique mais aussi structurel. C’est l’ordonnancement de la façade existante qui donne le ton et oriente vers tel ou tel module d’ouverture.

Deux types de rehausse à éviter, même sur une maison «banale». Dans le premier cas les percements dans la partie rehaussée ne s’adaptent pas à ceux du rez de chaussée. Dans le second cas, la pente du toit perturbe complètement la volumétrie initiale.

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PLUTOT QUE

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Conserver ou créer des différences de volumes sur une maison peut dynamiser un front bâti. Mais il est nécessaire d’avoir une lecture globale de la silhouette.

Dans le cas d’un front bâti aux pentes de toit harmonieuses, ne pas créer de rupture de pentes. La silhouette prend alors un aspect désordonné.

Cicatriser les interventions par une reprise de la façade, s’éviter toute rehausse sur les constructions en pierres apparentes ou décrépies, à moins que l’on ne refasse un crépi ensuite, mais dans tous les cas veiller à conserver des proportions équilibrées.

Un cas ou la réhausse uniformise la volumétrie générale et donne une autre prestance à ce bâtiment. Il est nécessaire maintenant d’enduire la totalité du mur gouttereau pour valoriser l’ensemble bâti.

La rehausse doit s’accompagner d’une reprise de la façade pour «cicatriser» l’intervention

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Créer des ouvertures en toiture

Le problème se pose souvent lorsque l’on rend les combles habitables : il est nécessaire d’apporter de la lumière, que l’on ait rehaussé ou non.



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Privilégier la création de lucarnes, élément identitaire du bourbonnais par excellence: à bâtière (2 pans de toiture) ou à capucine (une croupe). Sinon adopter les fenêtres de toit à condition qu’ils soient posés au nu de la couverture et non en saillie S’interdire toute modification de lucarne quand celles-ci ont un caractère particulier

Ajouter un VOLUME à un bâtiment ancien Sur les bâtiments de forme allongée (locateries) Il est plus facile d’y accoler des volumes adjacents à condition de respecter certaines règles de bons sens Conserver une certaine cohérence des toitures : tuiles, arêtiers… Maintenir la même proportion des ouvertures, Réfléchir à l’harmonie des matériaux : - Si l’on construit avec les mêmes matériaux (pierres apparentes par exemple) il sera important de respecter les mêmes modes d’appareillages et de jointoyage. Il est parfois impossible de construire avec les mêmes matériaux. L’opposition entre les matériaux risque d’être importante et de mettre en évidence le rajout. Soit on joue la carte de l’élément ajouté clairement: bardage bois, enduit (de préférence de la teinte des joints de la maçonnerie voisine, soit on essaie de trouver un rappel sur une ou deux façades de la maison existante avec ce matériau ou cette finition particulière.

Sur les bâtiments à base carrée (maisons de maîtres ou de bourg isolées) Il est très difficile d’accoler un volume à ce type de bâtiment S’abstenir d’accoler un bâtiment surtout si le bâtiment de base a des ouvertures sur toutes les façades. On peut envisager éventuellement un ajout latéral sur une façade aveugle mais avec des conditions ; c’est la construction originelle qui doit rester l’élément fort de la nouvelle composition.

Sur les maisons de ville Que ce soit certaines maisons ouvrières ou certaines villas des années 30 dans les quartiers résidentiels, il est également très difficile d’accoler un volume à ce type de maison. On peut effectivement exploiter les combles en ajoutant des fenêtres de toit mais ces maisons n’offrent pas de perspectives d’évolution. D’autre part, si elles ne sont pas mitoyennes, la parcelle est généralement très étroite et n’offre pas de surface exploitable pour une extension. Ces maisons présentent une architecture particulière, dans tous les cas relativement dessinée et aboutie. Elles ne sont pas conçues pour être évolutives. Il faut accepter cette contrainte.

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L’extension ne doit pas écraser le bâtiment originel et doit en permettre la lecture. Elle ne doit pas dépasser 1/3 ou 1/2 de la plus grande longueur du bâtiment existant. Audelà elle prend trop d’importance.

Les extensions, même de petites dimensions, doivent être réfléchies pour ne pas dénaturer un ensemble bâti.

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Quelques règles de base qui n’excluent pas une étude cas par cas

Certaines maisons singulières sont des témoignages d’une époque: maisons des années 30, ou d’une fonction : maison ouvrière. Elles présentent des caractéristiques qui font leur force. Ce sont des projets aboutis qui souvent n’appellent aucune modification ou adaptation.

Respecter les pentes de toit pour refaire un ensemble cohérent

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LES TOITURES La ligne des toitures est souvent ce que l’on voit en premier quand on approche d’un village ou d’un hameau : les façades sont en partie masquées par la végétation alors que les toitures en émergent : leur cohérence est donc un point important pour les silhouettes de villages. De même lorsque l’on traverse les villages, on a toujours des toitures dans l’axe de vue. Certains villages en outre sont visibles depuis des points hauts, et ce sont alors les toits qui comptent dans la perception.

Les toitures jouent un rôle très important dans les paysages. La nature des couvertures, l’orientation des pentes.. créent –ou non- la cohérence et l’harmonie. Là encore il est important de penser à la manière dont sa toiture va s’insérer dans son contexte.

Une cohérence globale des toitures valorise la silhouette du village

La toiture

La charpente à ferme triangulée est le modèle référent sur ce territoire avec le plus souvent un entrait retroussé qui permettait de dégager un vaste espace utilisable sous la toiture. Le toit est le plus souvent composé de 2 pentes sauf pour les bâtiments plus nobles ou appartenant à une grande propriété qui présentaient de majestueux toits avec croupes. Les toits traditionnels sont le reflet chromatique du sol et du sous-sol : la tuile plate « bourbonnaise » (petit moule 15x25) a été le matériau le plus utilisé à partir du 19è siècle. Couvrant des pentes de 40 à 55°, elles facilitent la réalisation de croupes, lucarnes et autres noues. Elles présentent un léger galbe qui permet une ventilation naturelle. De couleur sombre, elles sont facilement identifiables . Ces toitures sont un élément d’identification du territoire d’autant plus lorsqu’elles sont couronnées d’un faîtage en pigeon : l’étanchéité des tuiles faîtières est réalisée par un bourrelet de mortier de chaux appelé «embarrure» sous la tuile et «pigeon ou crête» entre chaque tuile. L’emploi de la tuile plate engendre un traitement particulier de la rive en pignon : le dernier chevron est posé en léger débord de la maçonnerie, lequel est recouvert par la rangée de tuiles plates qui sont maçonnées pour éviter toute pénétration d’air et d’eau. Un traitement efficace et esthétique ou chaque matériau constituant la toiture est visible. La nature des bois de charpente joue un rôle déterminant dans l’aspect du toit. En effet les toitures anciennes étaient souvent faites avec des bois de brins (=non redressés), la planéité n’était pas absolue, d’où une certaine «vibration» des toitures, très sensible avec de la tuile plate. N’oublions pas que ces mouvements de toiture étaient avant tout réalisés pour faciliter l’évacuation des eaux de ruissellement vers le centre de la toiture . Aujourd’hui l’emploi de bois parfaitement calibrés fait perdre cet aspect. Sur les toits plus cossus à forte pente, un coyau était réalisé en bas de pente. Il s’agissait d’adoucir la pente en bas de versant, d’occasionner ainsi une rupture de pente dans le but de rejeter l’eau de ruissellement le plus loin possible de la maçonnerie.

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Avant le XIXème siècle, l’emploi du chaume était largement majoritaire, la paille de seigle était préférentiellement employée. Il a été peu a peu remplacé par d’autres types de matériaux de couverture :



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La tuile plate domine aujourd’hui. De nombreuses tuileries existaient dans le secteur (de nombreux hameaux en ont conservé le nom) ce qui a permis de développement de ce matériau. Elle offre des nuances de couleurs variables selon l’origine de la matière première mais aussi selon son âge (patine, présence de mousses et lichens…). La couleur rouge brun domine sur le territoire. L’emploi de l’ardoise ne s’est développé qu’à partir de la fin du XIXème siècle . Aujourd’hui son emploi subsiste sur quelques toits à la Mansard en centre ville La tuile mécanique plate remplace de plus en plus souvent les tuiles plates anciennes. On a souvent des toitures mixtes où les tuiles mécaniques remplacent les tuiles plates en bas de pente

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La nature des couvertures

Il est fondamental d’observer les matériaux de couverture du village, de l’îlot ou du front bâti dans lequel s’inscrit sa maison avant de débuter tous travaux de réhabilitation Il est très important de respecter la nature des couvertures présentes dans le contexte pour ne pas casser les cohérences et les harmonies.

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Couverture en tuiles : quelques règles générales • La dépose de la couverture se fait toujours dans le sens de la pente, c’est-à-dire du faîtage vers le bas du toit. • Lorsque beaucoup de tuiles sont à changer, il est souhaitable soit d’utiliser des tuiles de récupération de même modèle, soit de tout changer. • Lorsque les deux versants sont à reprendre, regrouper toutes les vieilles tuiles utilisables sur un même versant (côté exposé à la vue) et placer les nouvelles tuiles ou ardoises sur l’autre versant. (nord/nord-ouest, pour que la patine s’installe plus vite). • Conserver le même type de couverture sur l’ensemble bâti si celui-ci a plusieurs corps. C’est ce qui donne l’unité. Si l’on ne refait qu’une partie de la couverture choisir le type dominant; ne pas morceler un ensemble de bâtiments en changeant de type de couverture (même si cela a été souvent fait au cours de restaurations précédentes).

La structure de la charpente se lit au travers de la tuile plate qui ondule.

• En règle générale, on cherchera toujours à dissimuler les zingueries si leur utilisation est rendue nécessaire. •

Εviter les matériaux de substitution sur les bâtiments anciens.

• Dans le cas ou la tuile n’est pas récupérée mais remplacée, attention à la taille de la tuile retenue. Préférer une petite tuile plate vieillie, ou un rouge brun uni. Le choix peut aussi se porter sur une tuile à emboîtement petit moule à pureau plat. Mais il faut retenir que tant d’un point de vue esthétique qu’au niveau de la qualité du matériau, aucun de ces produits n’égalera la tuile plate traditionnelle.

Des exemples récurrents A EVITER.

Silhouette de village qui perd de son intérêt par la grande diversité des matériaux. Même si les faîtages règnent, il serait souhaitable de tendre vers une harmonisation des matériaux et valeurs colorées

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C’est un des éléments remarquables de l’architecture bourbonnaise et c’est un élément d’identification fort. Elles présentent une grande diversité dans : Les modes de construction : en bois et remplissage, ou maçonnées, Leur fonction : éclairer les combles par une lucarne fenêtre située sur le versant de la toiture, ou accéder au fenil par une lucarne porte située en prolongement du mur La toiture: à 2 pentes pour les lucarnes à bâtière ou avec une croupe pour les lucarnes à la capucine (3 pentes de toit) Les finitions : les jouées sont le plus souvent enduites mais elles sont parfois couvertes d’ardoises ou de bois

Hormis leur rôle fonctionnel, elles donnent une certaine noblesse à la construction à condition de rester dans des proportions justes, et de ne pas être trop multipliées. Elles participent largement au bon équilibre d’une façade. Elles font partie du paysage bourbonnais. A ce titre on doit veiller particulièrement à conserver une cohérence de ces ensembles bâtis qui comportent des lucarnes.

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Les lucarnes

En cas de réfection: refaire à l’identique et veiller à conserver les proportions.

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Les corniches et génoises Leur rôle est avant tout technique mais elles ont aussi une fonction décorative : elles sont d’autant plus travaillées et développées que le propriétaire est aisé. Elles sont souvent réservées aux maisons de bourg et de ville bien sûr. Les corniches en granite sont présentes sur l’ensemble du territoire mais elles restent assez rares. Les corniches de briques (quelques assemblages de modillons en terre cuite très décoratifs) sont les plus nombreuses. Quelques corniches en calcaire à Montluçon. Quelques génoises de tuiles rondes.

Il est parfois difficile de retrouver des modillons en terre anciens, car ils ne sont plus fabriqués à notre époque. La solution la plus intéressante est alors de les remplacer par une génoise.

La génoise et/ou la corniche sont vues en sous face lorsque l’on est au pied du bâtiment. Elles participent à la cohérence des ensembles bâtis comme la façade. On doit donc y porter une attention particulière.

On essaiera toutefois de s’interdire de rehausser une toiture qui comporte de tels décors. On évitera l’emploi de génoises «préfabriquées» en stuc que l’on applique sous les toitures. En effet leur forme et leur dessin est souvent assez pauvre et le traitement des angles est difficile .

Une règle de base : Reprendre le style des corniches et génoises existantes dans l’environnement immédiat

Les descentes d’eau Les gouttières n’existaient pas dans les maisons anciennes ; c’est le débord du toit, rangées de tuiles plates maçonnées ou coyau, qui protégeaient les façades en rejetant l’eau loin de cellesci. Il est souvent difficile de les rajouter sur une façade. On les rendra les plus discrètes possibles en les posant verticales et en évitant de recouper façades et pignons en biais.

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La cheminée est l’élément de confort minimum que l’on retrouve jusque dans la plus petite des maisons de journaliers. Elle participe aussi à la composition des façades. Sur le secteur elle est souvent réalisée en briques ou en pierres enduites. Le couronnement est sobre et discret. Elle est systématiquement accolée ou insérée à un mur pignon pour plusieurs raisons: elle prend appui sur un mur de refend ou mur porteur. la souche sort au plus près du faîtage, le point le plus haut du toit, de façon à le dépasser d’au moins 0.40m en conservant une hauteur raisonnable. Pour bénéficier d’un meilleur tirage, le conduit ne sera pas trop dévoyé. La cheminée sera construite sur le versant le plus exposé aux vents dominants

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Les souches de cheminées

Lors d’une réhabilitation de maison ancienne il ne faut pas hésiter à conserver la cheminée existante et prévoir un gainage (tubes isolés ou non adaptés au chauffage bois).

Pente de toit marquée, tuiles plates, corniche, cheminées, chacun de ces éléments constituent la toiture de ce bâtiment et lui apporte force et prestance.

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REFAIRE LA FAÇADE Au préalable: Il est nécessaire de bien analyser le bâtiment et son environnement afin de réaliser une façade harmonieuse dans le contexte général du village, du bourg, de la rue. Il s’agira alors, en fonction du support existant, c’est à dire la constitution du mur existant, de définir les conditions d’applications de l’enduit, de choisir une finition et une teinte.

Rappel du rôle de l’enduit sur une façade ancienne L’enduit est une matière appliquée sur un support bâti, il est destiné à revêtir, garnir, protéger et accessoirement décoré. Réaliser un enduit sur une façade ne se résume pas à appliquer une valeur colorée sur un mur: • Ιl représente la vêture du bâtiment face aux intempéries : pluie, soleil, vent, gel tout comme nous enfilons un vêtement pour nous protéger.



Dans tous les cas les maçonneries anciennes conservent un taux important d’humidité, il est donc indispensable de permettre au mur de respirer et de s’assécher naturellement. L’enduit doit avoir un rôle de régulateur et d’échange de la vapeur d’eau présente dans la paroi : - à l’extérieur: remontées par capillarité, infiltrations d’eau, - à l’intérieur : condensation due à une mauvaise ventilation, vapeur d’eau dégagée par les résidents etc... il doit permettre l’amélioration du confort intérieur.



Il habille la façade, il peut permettre de la redresser. Il permet aussi de cacher des assemblages souvent très médiocres parce que réalisés avec des moellons de gabarit et de nature différents : des murs bâtis avec les matériaux prélevés sur place, dans des conditions difficiles, avec la volonté initiale d’appliquer un enduit de protection.

L’enduit représente la peau qui protège le mur. Voilà pourquoi il est fortement déconseillé de décrépir et laisser à nu un mur initialement enduit. Même si aujourd’hui la tendance est aux «pierres apparentes», c’est mettre en danger la pérennité de sa maison et son confort de vie que de décrépir une façade. Sur les murs anciens, seuls les enduits à la chaux ont cette capacité à assainir: ils sont perméables à la vapeur d’eau et imperméables à l’eau, ils possèdent donc cette faculté de protéger le mur et le laisser respirer naturellement. Par opposition à la technique du mortier de chaux, saine et adaptée aux bâtiments anciens, qui va être développée ci-après , on constate que de nombreux bâtiments traditionnels ont été mis en péril par l’application de mortier bâtard composé de ciment et de chaux hydraulique artificielle. En effet ce type de mortier très dur et totalement étanche interdisait les échanges de vapeur d’eau vers l’extérieur. Une véritable asphyxie des parois, lesquelles se gorgeaient d’eau et sous l’effet répété du gel et dégel finissaient par se désolidariser et s’effondrer. C’est malheureusement une technique toujours employée, peut être par oubli et méconnaissance des caractéristiques de la chaux.

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En revanche traditionnellement les bâtiments liés à l’activité agricole étaient non pas enduits mais simplement jointoyés, sauf si les assemblages étaient de trop mauvaise qualité. C’est le cas ici et on peut penser que la présence de fours à chaux sur le secteur ont aussi permis une plus grande diffusion du matériau. C’est ainsi que de nombreuses granges ont été enduites (parfois uniquement sur la façade principale ou la façade la plus exposée aux intempéries)

Constitution d’un mortier de chaux Le mortier de chaux est constitué de plusieurs composants

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Les maisons étaient généralement toutes enduites . En revanche, les maisons de bourg et de ville recevaient plus facilement un badigeon coloré, ce qui animaient les fronts bâtis autour des espaces publics, par exemple.



Les agrégats Les sables peuvent être de provenances différentes : gravières ou rivière. Ces derniers érodés par l’eau présentent des formes plus douces et régulières, ils sont plus faciles à mettre en oeuvre. Ils peuvent être de natures différentes : siliceux (granites), calcaires, silico-calcaire (le cas des sables de rivière en général). Le choix du sable est fondamental : granulométrie (proportion gros grains, grains fins), taille de l’agrégat en fonction de la couche d’enduit, propreté du sable débarrassé d’argile ou autre impuretés, dosage du sable en fonction de l’humidité... Des agrégats d’autres natures peuvent être employés comme la pouzzolane, des poudres de pierres et de briques etc, mais il convient ici de s’en tenir au plus couramment utilisé. On peut évidemment ajouter des granulats de chanvre si l’on souhaite augmenter le pouvoir isolant du mortier et son élasticité.

• Les liants Les différents types de chaux qu’il est recommandé d’utiliser aujourd’hui dans le cadre d’une rénovation ou réhabilitation, conformes aux appellations et normes en vigueur : La chaux hydraulique naturelle NHL pour Natural Hydraulic Lime. On peut l’assimiler aux anciennes appellations de «chaux maigre». Elle est composée de chaux aérienne et de silicates. La chaux aérienne Ou chaux calcique CL pour Calcic Lime provient d’un calcaire très pur. On peut l’assimiler aux anciennes appellations de «chaux grasse». Utilisée de préférence dans la réalisation du badigeon. Le choix se fait en fonction du support, des conditions d’application et de la finition souhaitée.



L’eau de gâchage Il convient de choisir une eau potable (attention à la nature de l’eau qui peut engendrer des réactions nuisibles à la stabilité du mortier), de la doser en fonction de l’humidité du sable. Trop ou pas assez d’eau nuisent à la qualité de l’enduit.

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Les adjuvants Une gamme de produits complexes qui agissent sur les propriétés du mortier: stabilisant, souplesse du mélange, fixatif de pigments etc... ils sont à utiliser avec parcimonie et maîtrise parfaite de la technique. Une formation par des artisans qualifiés est conseillée pour acquérir la connaissance de ces adjuvants.



Les pigments Leur utilisation n’est pas obligatoire encore moins systématique. On peut tirer parti des valeurs colorées du sable utilisé et conserver ainsi une teinte naturelle au mélange. On peut aussi rectifier cette teinte par l’adjonction maîtrisée d’un lait de chaux (mélange d’eau et de chaux). Pour obtenir des valeurs colorées plus marquées, il est préférable d’utiliser la technique du badigeon à frais dite «à fresco». Lorsque la couche de finition commence sa prise, application à la brosse d’un badigeon (mélange d’eau, de pigments, de chaux aérienne et adjuvants divers) qui est ensuite serré à un instant précis entre l’application et le durcissement complet. Le serrage est effectué au galet ou surface dure afin de réaliser un aspect translucide proche d’un glacis. Il est bon de savoir que la mise en oeuvre des pigments dans un badigeon nécessite un savoir faire et une grande rigueur de dosage pour obtenir une homogénéité sur la totalité des façades. Une bonne technicité est nécessaire pour le mettre en oeuvre. Il existe des pigments naturels: teinte terres, ocres et des pigments artificiels: oxydes de fer (tons jaunes à rouge), de cuivre (tons vert et bleu). La couleur peut être abordée sous l’angle de l’architecture bio-climatique par exemple : une façade sombre va absorber le rayonnement du soleil, mais attention au risque de fissuration de l’enduit. Contrairement aux régions du Sud et Sud Est où les couleurs vives habillent les façades, on se contentera ici de rester sur des valeurs colorées certes, mais non saturées.

Une façade enduite à la chaux vibre au soleil. (Hors territoire)

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L’enduit est un système multicouche complexe. Nous nous attacherons ici à décrire l’essentiel. Des professionnels de la construction : Architectes, Architectes conseil du CAUE, Architectes des Bâtiments de France, Artisans qualifiés pourront vous apporter un complément d’information technique et des réponses adaptées à votre maison. La pratique courante aujourd’hui consiste à réaliser un enduit en 3 couches. Pour une bonne mise en oeuvre il est indispensable de prendre en compte les facteurs climatiques et les temps de séchage des différentes couches.



Le gobetis , d’une consistance liquide, il doit à la fois couvrir l’ensemble du support et présenter une surface rugueuse. Seuls les grains de sable apparaissent après absorption de l’eau par la paroi. Sert d’accroche à la couche suivante. • Le corps d’enduit : il imperméabilise et isole. Il a aussi pour fonction de redresser le support de base si nécessaire. Il est appliqué sur le gobetis humidifié et taloché. Sa surface sera également rugueuse pour permettre à la couche suivante de bien adhérer.



La couche de finition : elle participe à l’étanchéité, elle est moins épaisse que le corps d’enduit. Par l’application d’une couleur en surface et selon le type de parement fini, elle anime et valorise la façade.

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Réaliser aujourd’hui un enduit dans le cadre d’une réhabilitation

La finition la plus traditionnelle est talochée (taloche bois de préférence) et/ou serrée au galet dans le cas d’application d’un badigeon à frais. Une surface unie dans un premier temps, qui laissera apparaître peu à peu les grains de sable. Le fait de gratter un enduit accélère tout simplement son vieillissement , réduit son imperméabilité et favorise l’encrassement (micro moisissures, poussières etc..). L’amortissement de l’enduit sur les pierres d’angles ou d’encadrement doit absolument se faire en retrait ou dans le même plan que la pierre. L’enduit ne doit absolument pas venir en surépaisseur de la pierre même si aujourd’hui le complexe tricouche n’en facilite pas la réalisation.

Finition talochée.

Un exemple de finitions chaux. Source Strasserville.

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Rejointoyer un mur dans le cadre d’une réhabilitation Lors d’une opération de réhabilitation d’un bâtiment qui n’a jamais été enduit, on peut conserver cet aspect en façade. Il s’agit alors après piquage des joints existants, de remplir à nouveau les interstices entre chaque moellon. La technique à privilégier sera celle de la projection d’un mortier puis du brossage de la pierre pour ôter le surplus de mortier. Les joints seront ensuite lavés à l’éponge. Les pierres seront enfin lavées avec un mélange d’eau et d’acide chlorhydrique. L’effet obtenu ne sera jamais identique à l’effet initial puisqu’à l’origine, le joint était réalisé lors du dressement du mur. Désormais il va être rapporté sur l’existant, d’où la grande difficulté pour réaliser parfaitement ces joints «beurrés». D’autant qu’ils devront être réalisés de manière harmonieuse sur la totalité de la façade, en tenant compte de la diversité de l’assemblage des pierres, de la valeur colorée du mur, en évitant de trop marquer des horizontales et en équilibrant parfaitement le rapport enduit/pierres. Une tâche difficile à confier à un professionnel qualifié passionné de bâtiments traditionnels. La technique de l’enduit à «pierres vues» est inadaptée à l’extérieur (elle peut être selon les goûts retenue pour l’intérieur) et ne présente pas d’intérêt. Il s’agit en fait d’un vieillissement anticipé d’un enduit traditionnel couvrant. On couvre et on vient gratter à frais pour faire apparaître quelques pierres. Les joints beurrés apportent une certaine vibration intéressante sur ces murs parce qu’on a un bon rapport de couleurs entre pierre et mortier.

Les joints beurrés ne laissent visible qu’une partie de la pierre. L’effet dépend de la répartition pierres/mortier et du contraste de couleur entre ces 2 éléments On évitera les joints surcreusés qui détourent fortement la pierre : la façade devient confuse surtout si les appareillages sont médiocres.

Montrer les pierres d’angle

La pierre d’angle et les encadrements structurent la façade. Il est important de les valoriser pour conserver la composition de la façade. La tendance actuelle qui consiste à détourer de manière irrégulière les pierres d’angle apportent un détail superflus qui casse la rigueur et l’élégance de la composition. • Attention à ne pas sabler les pierres d’angles : en effet cette opération retire l’oxydation superficielle et entretien des phénomènes de « coulures » métalliques sur les façades

Arrête droite : la pierre est mise en valeur , l’enduit s’arrête au nu de la pierre, la composition garde son caractère

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La teinte des joints doit être adaptée à la valeur colorée globale du mur. Une appréciation difficile à faire, ici par exemple, les joints sont un peu blancs et brouillent la façade.

Arrête «molle» , l’enduit fait une surépaisseur le long de la pierre accentuant le caractère aléatoire et anecdotique ,

Sur épaisseur entre les pierres, une «complication» non nécessaire

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La Communauté d’Agglomération et les communes ne possèdent pas de chartes chromatiques. Or cet outil constitue une aide précieuse pour le propriétaire dans le choix de la teinte des façades de sa maison. Ce choix peut s’effectuer en tenant compte de l’implantation de la maison : • en alignement ou autour d’une place, tenir compte des couleurs déjà présentes en mitoyenneté et sur les maisons dans le même champ visuel que la maison concernée, éviter les contrastes ou les chocs dysharmonieux. On évitera par exemple d’avoir une couleur très foncée à coté d’une couleur claire



en façade sur le grand paysage, veiller à ne pas se singulariser et altérer une silhouette bâtie cohérente (une maison blanche dans une silhouette à dominante beige/gris clair par exemple)

• •

une maison claire peut illuminer une rue étroite



d’anciennes façades pouvaient présenter des décors en façades qui peuvent être refaits à l’identique.

une façade massive peut être redécoupée par des encadrements ou des bandeaux de couleurs différentes à condition qu’ils soient intégrés à la composition de la façade

On dissociera la palette principale constituée par les enduits en façade et les matériaux de couverture en toiture, de la palette secondaire qui concernent les huisseries, volets, ferronneries, marquises etc

Il est intéressant de jouer avec les valeurs colorés en façade pour animer les bourgs

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la couleur

Réhabilitation récente. La teinte du muret parait trop vive sur la photo mais reste satisfaisante dans la réalité. Hors territoire, mais commune voisine

Les références RAL (référencier universel de couleur) qui peuvent être conseillées en base de palette principale 1014 ivoire 1015 ivoire clair 1002 jaune sable 1001 beige 7032 gris silex 7044 gris soie

Ceci n’est pas une liste exhaustive. Les déclinaisons sont nombreuses car on peut ajouter des teintes colorées pour affiner la teinte finale: cendré, ocre clair, ocre rose grège, terre beige etc...

Ces références sont données à titre indicatif comme une orientation. Tout le travail s’effectue ensuite dans la nuance et le rapport aux maisons voisines, au front bâti de la place du village, de l’alignement bâti d’une avenue.

Les références RAL (référencier universel de couleur) qui peuvent être conseillées en base de palette secondaire Attention, les valeurs ne seront jamais saturées mais coupées avec du gris. C’est à cette seule condition que l’effet peut être réussi. 1001 beige

5014 bleu pigeon

7002 gris olive

1002 jaune sable

6011 vert réséda

7003 gris mousse

1011 beige brun

6021 vert pâle

7006 gris beige

1020 jaune olive

6025 vert fougère

7034 gris jaune

3004 rouge pourpre

8014 brun sépia

3005 rouge vin

8016 brun acajou

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Les modifications d’ouvertures Modifier une façade, créer des ouvertures est un exercice difficile tant d’un point de vue esthétique que structurel, que celle-ci soit ordonnancée ou non. Par exemple les petites maisons rurales présentent des façades relativement libres : 1 ou 2 fenêtres, 1 porte, 1 porte fenière. Créer des ouvertures organisées enlèverait tout leur charme . En revanche, désorganiser une façade de maisons de maître peut vite apparaître comme une catastrophe, puisque c’est la composition rigoureuse des façades qui lui donnent (en partie) sa prestance. Concernant les maisons de bourg et les maisons de maîtres, des règles d’ordonnancement existent, elles méritent d’être respectées: alignement des linteaux, travées d’ouvertures selon des axes verticaux, centralité de la porte d’entrée, bandeaux de ceinture, appareillage d’angles, proportion des ouvertures en hauteur, etc... Tout est question d’équilibre et de proportions. Une ouverture n’est pas créée en façade en seule réponse à un besoin fonctionnel à l’intérieur. De plus elle conserve un langage existant: la fenêtre créée a les mêmes proportions que les ouvertures existantes. Il en va de même avec les encadrements. Lors de la création d’une ouverture sur une façade ordonnancée, il conviendra de reprendre le même type d’encadrement: pierre de facture identique de récupération si possible, mise en oeuvre et calepinage similaires. Lors d’une même intervention sur une grange, on peut se permettre une définition toute autre, plus contemporaine réalisée en enduit de teinte appropriée: par exemple, un bandeau périphérique etc....

les menuiseries

La modification d’une façade est la résultante d’un compromis entre ce que l’on recherche à l’intérieur (qualité de vie, apport de lumière etc..) et ce qu’on donne à voir à l’extérieur : une façade équilibrée.

De nombreuses constructions n’avaient pas de volets. Ils ont été rajoutés après leur construction. Les volets des maisons rurales étaient faits de planches, assemblées par bouvetage et tenues par des barres horizontales, situées derrière le volet ouvert Ces barres n’étaient donc pas visibles le volet ouvert. Les barres métalliques, loquets et ferronneries diverses ne sont apparues que récemment. Pour les volets : préférer des volets bois à lames verticales avec ou sans écharpes. Les menuiseries peuvent être peintes, dans une nuance en harmonie avec la façade (==> se reporter aux conseils palette secondaire) d’une manière générale, éviter les menuiseries en PVC, matériau lisse et brillant peu adapté au bâti ancien. Une menuiserie PVC blanche est très perturbante en façade car elle génère des contrastes forts, au pire on doit lui préférer un gris clair ou ivoire teinté dans la masse. Eviter toutes les couleurs (bleu, vert, marron) qui se ternissent sous l’effet du soleil. Ces menuiseries PVC se révèlent également être nocives et risquent bien de voir leur utilisation fortement réglementée pour des mesures de santé publique. (Matériau qui n’est plus mis en oeuvre en Suède et Allemagne) La couleur des menuiseries s’harmonisera avec celle des façades. Les effets de contrastes trop forts singularisent la maison et peuvent «casser « l’harmonie le long d’une rue. La mode des volets bleus (bleus lavandes en référence à des images du Sud) voulant apporter de la couleur a rompu des harmonies basées sur des couleurs plus douces

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Les vignes grimpantes sur la façade y trouvent souvent les conditions climatiques optimum pour mûrir (abri, chaleur), en outre elles habillent la maison et lui donnent un charme particulier. On trouve ici également des façades agrémentées de glycines, vignes et rosiers fatals. Attention les travaux sont leur sont souvent fatals. Tailler les plantes grimpantes avant travaux Les “démonter” soigneusement en les protégeant sous des bâches dressées en “tente” rendues rigides par une armature métallique, bien matérialiser leur emplacement (chiffon rouge.. etc) ; protéger le pied Soigneusement ramasser les éléments de crépi tombés au pied (Ph trop basique) Pour les plantes à forte vivacité comme le lierre ou la vigne grimpante : les rabattre aux pieds : ils repousseront

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Les plantes grimpantes en façade

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CHANGEMENT D’USAGE: EXEMPLE DU TRAITEMENT DE LA PORTE DE GRANGE Les opérations de transformation de grange en maison d’habitation sont parfois des projets ambitieux qui s’étirent sur de nombreuses années. Des projets de fait décousus, réalisés parfois au coup par coup, au gré de l’évolution de la famille ou des possibilités financières. Transformer une grange en espace habitable nécessite souvent des créations ou des modifications d’ouvertures: - ouvrir des fenêtres en pignon par exemple, -

créer une porte de garage,

-

vitrer la porte de grange pour favoriser l’apport de lumière - prévoir l’occultation des ouvertures

Il est important de veiller à respecter un certain nombre de préconisations pour qualifier votre projet: -

Les nouvelles ouvertures auront les mêmes proportions que les ouvertures existantes du même ordre. En particulier, éviter les ouvertures plus larges que hautes ; il vaut mieux faire deux ouvertures qu’une seule.

-

La porte de garage sera de préférence située sur une façade latérale et non en façade principale

-

On cherchera à conserver “l’empreinte” de la porte de grange, les encadrements et les linteaux de celle-ci ; la menuiserie sera posée dans la feuillure existante Privilégier les panneaux menuisés et rechercher un équilibre entre parties bois et parties vitrées. Travailler dans la verticalité et éviter les découpages en petites parties.

-

Un exemple en porche pour protéger l’entrée de la maison. La solution est intéressante et s’adapte bien. (En revanche, les proportions des fenêtres auraient été préférables en hauteur)

Attention aux rajouts en parpaings qui devront être enduits. Vérifier si une partie enduite est cohérente avec le reste de la façade

Un exemple sur un territoire voisin : un traitement contemporain, les proportions sont bonnes, les linteaux alignés, la teinte ou le matériau qui va recouvrir le béton apportera la touche finale.

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Les maisons, les clochers des églises abritent une faune intéressante qui donne une vie aux ambiances des villages et bourgs. Il s’agit essentiellement de chouettes effraie, d’hirondelles et martinets, de chauves-souris… Les restaurations en occultant de nombreuses ouvertures condamnent si l’on n’y prend pas garde cette faune qui a son rôle à jouer dans l’équilibre des milieux et le charme des villages. Traitement des charpentes et chauves-souris : Le traitement des bois de charpente contre les insectes ou les champignons peut être fatal aux colonies de chauves-souris. Cette contamination souvent mortelle s’effectue par inhalation du produit ou par contact direct avec le pelage et l’épiderme. Pour éviter ce type d’empoisonnement, il est donc indispensable de programmer les travaux à une période où les chauves-souris sont absentes du comble et de sélectionner les produits les moins toxiques possible.

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Conserver la faune en restaurant les maisons anciennes



QUAND TRAITER? Dès la mi-novembre (date où les chauves-souris ont généralement gagné leurs gîtes d’hiver) pour s’achever avant la fin janvier, afin de permettre la dissipation des émanations toxiques avant le retour des chauves-souris. Avant tout traitement, il est impératif de vérifier à l’aide d’une lampe-torche qu’aucune chauve-souris ne reste cachée dans la charpente (dans les interstices des poutres, par exemple).



QUEL PRODUIT CHOISIR? A proscrire: le lindane, l’hexachloride, l’hexachlorocyclohexane, le benzène, le pentachlorophénol (PCP), le TBTN (ou tributylétain), le TBTO, les sels de chrome, le chlorothalonil, les composés fluorés, le furmecyclox. - Les produits acceptables : les composés du bore (sels de bore), les composés du cuivre ou du zinc, la perméthrine, la cyperméthrine. - Le seul traitement efficace, sans risque d’empoisonnement, est le traitement curatif à air chaud. Il peut être combiné en traitement préventif (par sels de bore).



QUELQUES CONSEILS PRATIQUES - Respecter rigoureusement les dosages et les précautions d’emploi prescrits par les fabricants. - Si vous connaissez les points d’accrochage des chauves-souris, préférez l’injection dans le bois à la pulvérisation. Dans les autres endroits, pratiquez celle-ci à basse pression, afin de ne pas envahir tout le volume du comble. - Si vous souhaitez traiter le bois (en curatif ou en préventif), il est préférable de n’utiliser qu’un insecticide sans fongicide. Insecticides et fongicides sont en effet souvent liés par des solvants chimiques nocifs et très persistants. Les fongicides ne sont utiles que s’il existe un gros problème d’humidité. - Préférer des formules hydrosolubles ou hydrodispersables aux formules avec solvants pétroliers. Suspendre des nichoirs pour les oiseaux et notamment les chouettes

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PRINCIPES DE RECONVERSION D’UNE MAISON VIGNERONNE Les projets peuvent être divers en fonction de l’occupation choisie : - résidence principale qui pourrait tirer parti de 2 ou 3 maisons selon les besoins en surface - résidence secondaire, chaque travée peut être aménagée indépendamment - gîte ou location de vacances, la modularité peut être intéressante à exploiter. Aménager un grand gîte et deux petits qui peuvent recevoir par exemple 2 ou 3 familles, lesquelles peuvent se préserver une certaine autonomie par rapport à un gîte 9/10 personnes.

En façade sur rue, un escalier extérieur (à 1 ou 2 volées) est construit parallèlement à la façade, il est parfois protégé des intempéries par une avancée de toit en continuité de la couverture. Le garde corps est constitué par un mur plein qui s’élève depuis le rez de chaussée et habille la façade dans toute sa largeur ou un garde corps métallique à barreaux droits. En l’absence d’auvent, la porte est parfois surmontée par une lucarne qui permet l’accès aux combles. Une fenêtre, parfois deux et une porte sont les seules ouvertures relevées. Une cheminée est toujours construite en pignon ou mur mitoyen. Si la partie habitation se développe à l’étage, le rez de chaussée est voué aux locaux d’exploitation : accès sous l’escalier aux cellier, cuvage, quelques rares fois logis pour animaux : mulet, vaches lorsqu’il n’y avait pas de bâtiment annexe à l’arrière… Parfois il existe une cave enterrée, on y accède depuis le cuvage par un escalier intérieur.

Un exemple d’évolution de façade de maisons vigneronnes accolées. Ordonnancement courant des maisons vigneronnes: trame verticale, escalier extérieur, accès au cuvage au rez de chaussée, quelques ouvertures, lucarnes. L’escalier peut être partagé entre 2 maisons

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Les maisons vigneronnes se sont développées dans les bourgs, principalement Désertines (Marmignolles) et Domérat, et plus marginalement à Saint Victor, présentant uniquement des unités d’habitation et cuvages ou cellier, sans construction de bâtiments annexes d’exploitation. Les maisons sont implantées le long des voies ou autour de petites cours communes. Ces maisons sont étroites, hautes (R+1) et accolées en bande. Un toit à 2 pans couvre l’ensemble bâti.

Exemple 1 : l’ordonnancement d’origine est préservé. Seules quelques ouvertures sont créées en toiture pour répondre aux besoins de lumière. Des vignes et/ou glycines sont plantées en pied de mur. Une tonnelle peut être installée sur une terrasse. Le charme traditionnel de la maison vigneronne fait toujours effet.

Un parcellaire étroit

Un exemple de transformation d’une ancienne maison de forgeron dans le Lot en gîte rural. La maisons est située au coeur d’un bourg, la façade sur rue a été soigneusement préservée. Une terrasse adaptée à un usage de vacances a été créée à l’arrière. Le projet associe à la restitution du caractère traditionnel, des aménagements adaptés aux personnes handicapées. Surface habitable 67m2 Architectes : Gaëlle Duchêne, Lhospitalet Logement labélisé «Tourisme et handicap»

Exemple 2 : la structure de la maison vigneronne est maintenue, les façades s’ouvrent en renforçant un effet de verticalité. Des éléments plus actuels sont apportés: garde corps métalliques avec câbles acier, ouvertures un vantail, panneaux bois coulissants etc... l’image de la maison est plus dynamique mais on conserve l’empreinte de la maison vigneronne.

Une intervention sur une fenêtre qui apporte une touche contemporaine sans dénaturer le bâti traditionnel

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